Les frégates type La Fayette ont été conçues principalement pour préserver et faire respecter les intérêts de l'Etat sur les espaces maritimes d'outre-mer et pour participer au règlement de crises hors Europe. Ce bâtiment de combat de premier rang est également susceptible d'être intégré à une force aéronavale. C'est pourquoi, il est aujourd'hui intégré à la composante toulonnaise de la force d'action navale. Il peut aussi être amené à assurer le soutien d'une force d'intervention ou la protection du trafic commercial, et à effectuer des opérations spéciales ou des missions humanitaires. L'importance accordée à la réduction de sa signature radar et acoustique, sa conception modulaire et son degré élevé d'automatisation le désignent comme un bâtiment du XXle siècle, innovant à plus d'un titre.
La frégate La Fayette est la première d'une série de cinq bâtiments, à avoir été admis au service actif le 22 mars 1996 au sein de la marine nationale.
Description
La construction des frégates La Fayette a fait appel à des procédés inédits et novateurs avec une architecture en anneaux (11) et modules (environ 70) fabriqués séparément, le but étant de maximiser leur pré-armement (matériels, auxiliaires, tuyauterie, etc.). L'objectif est double : gagner en productivité, et faciliter les évolutions. Un effort considérable a été accompli dans trois domaines essentiels :
- la discrétion. Cette furtivité résulte entre autre de ses formes extérieures qui réduisent considérablement la surface equivalente radar (SER) et de l'emploi de massif de composite absorbant (CVR) pour les structures exposées qui a permis de réduire la signature infrarouge (SIR)
- la réduction de la vulnérabilité qui découle de la conception intérieure et des aménagements
- la stabilisation de la plate-forme obtenue par un concept de gestion de deux ailerons et des deux safrans qui permet le décollage et l'appontage d'hélicoptère par mer de force 6 tout en conservant la furtivité du bâtiment.
Le système de combat est conçu autour du triptyque : détecter, analyser, agir. Pour ce faire, le système de traitement de l'information (STI) recueille toutes les informations des senseurs, détecte et analyse les menaces en temps réel, afin de présenter une situation tactique et de permettre un engagement des armes adapté à la menace. Le système est capable de traiter un nombre élevé et varié de menace telles que : bâtiments rapides dotés de missiles ou d'artillerie à grand débit, raids d'avions guidés par un avion ou un bâtiment pisteur, hélicoptères armés, missiles air-mer, missiles anti-navires, torpilles, mines et épandage d'armes chimiques.
Le bâtiment est prédisposé pour recevoir le SAAM (missiles Aster 15) et l'hélicoptère NH 90.
Fiche technique
Déplacement : 3200 tonnes (3600 pc).
Dimensions :
- longueur (hors tout) : 125 mètres
- largeur : 15,4 mètres
- tirant d'eau : 4,1 mètres.
Vitesse :
- de patrouille : 15 noeuds
- de pointe : 25 noeuds.
Propulsion de type Codad avec deux groupes de deux moteurs Diesel, deux hélices à pas variable.
Usine électrique : 2250 kW (3 Diesels alternateurs de 750 kW).
Puissance : 21000 ch. (15400 kW), un propulseur d'étrave.
Autonomie :
- 50 jours en vivre
- 7 000 nautiques à 15 noeuds.
Equipage : douze officiers, 68 officiers mariniers, 61 QMM.
Capacité de logement : 164 personnes (dont 24 passagers).
Détection :
- deux radars Racal Decca 20V90 dédiés à la navigation et à l'appontage de l'hélicoptère
- un radar de veille air-surface et d'autodéfense DRBV 15 C.
Guerre électronique :
- un détecteur radio Saigon ARBG 1
- deux lance leurres Dagaie Mk2
- un détecteur de radar ARBR 21.
Armement :
- huit missiles anti-navire Exocet MM40
- une batterie antiaérienne Crotale CN2 avec 18 missile en soute
- une tourelle canon 100 mm rénové CADAM
- un CTM de CT : conduite de tir modulaire pour le système de 100 mm
- deux canons antiaérien de 20 mm modèle F2.
Mise en oeuvre d'un hélicoptère embarqué type Panther ou NH90 par mer force 6.3.
Architecture industrielle
Sur le programme des frégates type La Fayette, DCN Industries assure le rôle d'architecte industriel.
Les principaux partenaires :
- Euromissile : missiles MM40
- GIAT Industries : tourelle de 100 mm
- Thales et Matra Baé Dynamics : batterie Crotale
- EDIR Thales : radar et détecteur
- SEMT Pielstick : moteur.
Equipement et munitions
Moteurs diesel 12 PA6V280 STC fabriqué par SEMT Pielstick qui est spécialisé dans les moteurs diesels pour applications navales. Le 12 PA6V280 STC intègre 12 cylindres et il fournit une puissance de 3880 kW à 1050 tours/minute. Ses dimensions sont 3,055 m x 5,05 m x 3,27 m x 2,2 m pour une masse de 23 tonnes.
Radar DRBV 15 C fabriqué par Thales. Il s'agit d'un radar veille air-surface et d'autodéfense bande S pulse intégrant un doppler avec antenne stabilisée qui assure la veille combinée air et surface et la désignation d'objectif.
Le détecteur ARBR 21 fabriqué par Thales. Ce détecteur de radar permet à l'utilisateur d'être informé en temps réel de la situation tactique par l'identification et le relèvement précis des émissions électromagnétique dans l'environnement du navire.
Le système de leurage Dagaie MK 2 fabriqué par Matra Système & Informations est destiné à tromper les missiles assaillants en créant des nuages de leurres électromagnétique et infrarouge.
La tourelle navale de 100 mm Compact Mark 2 fabriquée par GIAT Industries est destinée à la défense des bâtiments de surface contre les objectifs aériens ainsi qu'au tir contre des buts marins et contre la terre. Sa masse réduite permet son installation sur des bâtiments de faible tonnage. Le matériel est entièrement automatique et peut être mis en oeuvre par un seul opérateur. Le système est caractérisé par une grande cadence de tir, la possibilité de tirer 3 types de munitions par sélection instantanée.
Le Crotale Edir (écartométrie différentielle infrarouge) est un système de défense antiaérien tout temps à courte portée mis au point par la Division des Systèmes électroniques de Thales en collaboration avec Matra responsable du missile. Le Crotale Edir met en oeuvre un missile surface-air qui a une capacité contre les missiles à vol rasant et manoeuvrant. Le système est composé d'installations électroniques traitant les informations provenant des radars du bâtiment ainsi que du télépointeur de sa tourelle. Celle-ci est équipée de 8 missiles en conteneurs prêts au tir. Une installation de stockage sur l'arrière de la tourelle contient 18 missiles en réserve.
L'Exocet MM40 est un missile anti-navire trans-horizon (70 km) fabriqué par la société Euromissile. Sa présentation en tube cylindrique en fibre de verre qui le rend beaucoup plus léger, permet d'embarquer plus d'engins à bord, d'où l'accroissement de la puissance de feu. C'est un missile à mode d'engagement " tire et oublie " et vol rasant avec un guidage central inertiel puis autodirecteur électromagnétique actif. Sa charge explosive détonante est de 165 kg. Pour utiliser la portée du MM40 dans sa totalité, il est nécessaire de disposer d'un relais participant à la désignation de l'objectif. Ce relais peut être un aéronef (Atlantique, Alizé, Lynx WG13) ou un bâtiment. La version Block II pèse 870 kg et a une portée de 75 km.
L'hélicoptère Panther AS 565 SA est un hélicoptère biturbine de classe moyenne fabriqué par la société Eurocopter. Principalement conçu pour assurer au profit du bâtiment porteur des missions de lutte contre les sous-marins et les navires de surfaces de jour et de nuit. Le Panther AS 565 SA peut aussi être utilisé pour des missions de transports logistique et de personnel, de liaisons et sauvetage en mer.
L'hélicoptère NH90-NFH est un hélicoptère biturbine de la classe des 9 à 10 tonnes, réalisée par la société européenne NHIndustries implantée à Aix-en-Provence (France). Sa masse et de ses dimensions lui permettent d'opérer à partir de frégates légères. Il est principalement conçu pour assurer de façon autonome (ou en liaison avec son navire de base) de jour comme de nuit et par tous les temps des missions de lutte contre les sous marins et les navires de surfaces. Le NH90-NFH peut aussi être utilisé pour des missions contre des installations aériennes, de réapprovisionnement en vol stationnaire, de recherche et récupération (Resco) et pour des transports de troupes.
Pays équipés
La marine nationale a commandé 5 frégates (Le La Fayette, le Surcouf, le Courbet, l'Aconit, le Guépratte).
Six exemplaires en version anti-sous-marine ont été commandés en 1992 et livrés à une marine asiatique, qui a choisi de l'équiper de systèmes d'armes américains dont elle était déjà familière. Ces frégates sont dotées de senseurs sonars, l'un sous bulbe d'étrave et l'autre remorqué, et de moyens de lutte sous-marine.
Une version antiaérienne est en cours de développement, au profit de la marine saoudienne, qui souhaite se doter de bâtiments de premier rang, d'un tonnage plus élevé que les précédentes. Le contrat Sawari 2 prévoit la fourniture de trois unités, dotées de moyens anti-aériens importants (système SAAM).