L'étude en langue anglaise
sur les oeuvres de Thomas qui a le plus d'autorité est celle de
I. T. Eschmann op, « A Catalogue
of St. Thomas's Works
Bibliographical Notes », dans
: É. Gilson, The Christian Philosophy of St. Thomas Aquinas (New
York, Random House 1956, p. 381-439). Le bref catalogue présenté
ici ne vise pas à remplacer le « catalogue » d'Eschmann
mais le présuppose. Le catalogue d'Eschmann représente le
meilleur de la recherche concernant Thomas jusqu'en 1955 ; il n'utilise
pas seulement les découvertes les plus récentes en Europe,
mais est le fruit aussi des propres recherches d'Eschmann menées
pendant plus de trente cinq ans.
là où Eschmann énumère
quatre-vingt-dix-huit oeuvres de Thomas, nous en énumérons
102
La classification des écrits
de Thomas a posé des problèmes dès les origines. Le
catalogue de Barthélemy de Capoue, qui dérive très
probablement de la liste établie par Réginald de Piperno,
divise les oeuvres de Thomas en trois groupes
1. Opuscula, c'est-à-dire
des écrits courts, sur des sujets divers, à des occasions
diverses et pour des personnes diverses, dont il se trouvait qu'il n'en
existait pas d'exemplaire chez le libraire de Paris.
2. Exemplaires parisiens, c'est-à-dire
des oeuvres de plus grande ampleur, dont il se trouvait qu'il en existait
des exemplaires dans la librairie de Paris au moment de l'établissement
du catalogue.
3. Reportationes, c'est-à-dire
des ceuvres transcrites par un secrétaire ou un ami lorsque Thomas
enseignait ou prêchait, et qui ne sont donc pas une ordinatio écrite
et établie par Thomas même, bien que l'ouvrage ait pu être
corrigé par Thomas lui-même, comme dans le cas de la Lectura
sur l'Évangile de jean.
Le catalogue de Prague MS 29 A XVII
1 divise les oeuvres en oeuvres théologiques, philosophiques et
reportationes ; les opuscula sont donc répartis entre les écrits
théologiques et philosophiques. D'un autre côté, le
catalogue de Prague MS 29 A XVII 2 présente les oeuvres en les répartissant
entre commentaires (en y incluant les deux summae, les disputes et tous
les commentaires, qu'ils portent sur l'Écriture, Pierre Lombard,
Boèce, Denys ou Aristote), opuscula et reportationes. Cette der-nière
classification, que suit Nicolas Trevet, sera la plus habituelle dans les
bibliographies ultérieures. Cependant cette division tripartite
des oeuvres de Thomas n'est guère satisfaisante. Eschmann considérait
la catégorie fourre-tout des « opuscula » comme très
contestable, notamment lorsque ces écrits sont subdivisés
en écrits philosophiques et théologiques. Pour ma part je
considère que la catégorie « reportationes »
est la moins utile de toutes pour l'établissement de la bibliographie,
même s'il est très important de savoir quelles sont les rouvres
de Thomas qui ont été transcrites durant son enseignement
ou sa prédication. En tant que caté-gorie, cependant, elle
est secondaire pour un classement bibliographique. Une classification plus
spécifique serait donc souhaitable.
Pour maintenir une certaine uniformité,
nous suivons la classification donnée par Eschmann, qui est suivie
également dans la New Catholic Encyclopedia, 1967 (art. «
Thomas Aquinas, St. »)
Synthèses théologiques
Disputes universitaires
Commentaires de l'Écriture
Commentaires d'Aristote
Autres commentaires
Écrits polémiques
Traités sur des sujets particuliers
Consultations
Lettres
Pièces liturgiques et sermons
Écrits d'authenticité
incertaine
Comme l'a fait remarquer Eschmann,
il peut y avoir un certain flou entre « traités sur des sujets
particuliers » et « Lettres », parce que la forme épistolaire
a souvent été supprimée par l'éditeur originel,
de manière à faire ressembler l'oeuvre à un traité.
Cela est vrai également du cycles des sermons de carême, dont
tous ont été édités de manière à
ressembler à des traités scolastiques. C'est pourquoi la
classification d'Eschmann n'est pas présentée ici comme idéale,
mais comme un instrument commode.
Il y a eu dix publications plus
ou moins complètes des Opera omnia de Thomas, en dehors de l'édition
Léonine toujours en cours. Les deux éditions les plus accessibles
antérieures à la Léonine sont
Parme Opera omnia (Parme, Fiaccadori,
1852-1873), en 25 vo-
lumes ; réimpression
: New York, Musurgia 1948-
1950.- Cette édition
contient l'inestimable Tabula aurea
de Pierre de Bergame (1473)
au volume XXV.
Vives Opera omnia (Paris, Vives,
1871-1882) en 34 volumes. La
Tabula aurea se trouve aux
volumes XXXIII-XXXIV.
Le texte définitif des écrits
de Thomas est en cours de publication par la Commission Léonine
établie par le pape Léon XIII en 1880. Une fois cette publication
achevée, les oeuvres complètes comprendront cinquante volumes
in folio. Entre-temps la plupart des écrits de Thomas ont été
publiés par la Casa Marietti (Turin-Rome) dans un format commode
; le plus souvent le texte de l'édition Marietti est la simple réimpression
d'un texte publié antérieurement, et ne prétend pas
être « critique ».
Dans notre bref catalogue nous indiquerons
chaque fois que possible l'édition Léonine, ainsi que le
texte de la « vulgate » de Parme, Vives et Marietti. Lorsqu'il
n'y a pas de texte de la Léonine, nous indiquerons le texte critique
le meilleur.
Pour comprendre la chronologie des
reuvres de Thomas, il faut avoir présentes à l'esprit les
dates suivantes de sa carrière universitaire (voir la chronologie
détaillée, p. 385 s.)
1252-1256 : Bachelier des Sentences
à Paris.
1256 (septembre)-1259 (iuillet)
: Maître régent à Paris.
1259-1268 (novembre) : Séjour
en Italie : Naples (1259-1261) ; Orvieto (1261-1265); Rome (1265-1268).
1269 (janvier)-1272 (avril) : Seconde
maîtrise à Paris.
1272 (septembre)-1273 (décembre)
: Maître régent à Naples.
SYNTHÈSES THÉOLOGIQUES
1. Scriptum super libros Sententiarum.
Quatre livres (Paris, 1252-
1256). - Autographe du livre III
dans Vatican MS Vat. lat. 9851,1° 11
i a-99 v° b (III, dist. 4, q.
2, a. 5 à dist. 34, q. 2, a. 2, sol. 2 ad 2), éd.
Mous, IIl, 170-1150. - Manuscrits
existants : 78 (livre I) ; 105
(livre III); autographe + 100 (livre
111) ; 167 (livre IV) ; et près de
100 fragments de l'ensemble des
livres. - Voir p. 82-97.
II ne s'agit pas à proprement
parler d'un « commentaire » des Sentences de Pierre Lombard,
mais plutôt d'« écrits » (scripta), ou d'élaborations
du texte, sous la forme de questions et de discussions portant sur des
sujets
qui se dégagent du texte.
Normalement au Moyen Âge les Sentences de Pierre Lombard en quatre
livres représentaient le texte officiel que les bacheliers en théologie
« lisaient a durant une période de un à quatre ans
avant d'être promus maîtres. Selon Guillaume de Tocco, Thomas
composa son Scriptum pendant qu'il était baccalaureus Sententiarum
(1252-1256). Cela ne signifie pas cependant que l'oeuvre écrite
est une trans-cription (reportatio) de son enseignement donné au
fil des jours dans la salle de cours. Il s'agit davantage d'une version
soigneusement élaborée et établie de questions discutées
au cours, mise au point après coup. Tocco affrme également
que Thomas a continué de rédiger son Scriptum « lorsqu'il
a commencé sa carrière de maître t>, c'est-à-dire
après sa pro-motion à la maîtrise au printemps 1256.
Selon Tolomeo de Lucques, Thomas
a rédigé une seconde version du livre I pendant qu'il enseignait
à Rome (1266-1269), mais abandonna ce projet lorsqu'il conçut
celui d'une summa theologiae. Tolomeo affirme également avoir vu
un jour cette version à Lucques, « mais quelqu'un l'a emportée,
et j'ai été transféré ailleurs t>. On admet
généralement aujour-d'hui que la seconde version du livre
I est perdue. (Cependant cette « seconde version » peut être
trouvée en entier ou en partie dans les marges d'Oxford, Lincoln
Collège MS 95 ; voir L. E. Boyle, « "Alia lectura fratris
Thomae" > Mediaeval Studies 45 [1983], p. 418-428 *.) L'ar-ticle sur les
attributs divins (I Sent. 2, 3) est une quaestio disputata authen-tique
insérée peut-être par Thomas lui-même à
ce moment-là ; et Sen-tences, I, prol. 3, 2, « Vel dicendum...
n, semble être également une interpolation ultérieure,
mais autorisée.
ÉDITIONS : Parme, t. VI-VIII
; Vivès, t. VII-XI ; Mandonnet (livres 1-11), 2 vol., Paris, 1929
; Moos (livres III-IV, dist. 22), 2 vol., Paris, 1933, 1947 ; le texte
de Moos est corrigé dans une certaine mesure par les manuscrits.
La version Léonine est en cours. Un texte critique de cet ouvrage
serait de grande nécessité pour l'étude de Thomas.
2. Summa contra gentiles. Quatre
livre (Paris, Naples et Orvieto, 1259-1264). Intitulée dans certains
manuscrits Liber de venture catholicaefideï contra errores infidelium,
mais mentionnée dans tous les catalogues anciens sous le nom de
Liber ou Summa contra gentiles. - Autographe du livre I, c. 13 au livre
III, c. 120 dans Vatican MS Vat. lat. 9850, f 2 i a-89 v° b. - Manuscrits
existants : autographe + 184 complets, et 20 fragments. - Voir p. 150-155
et 166-167.
Selon la Chronique de Pierre Marsilio
qui fut achevée à Barcelone en 1313, saint Raymond Penàfort,
ancien maître général des dominicains (1238-1240),
avait demandé à Thomas « d'écrire un ouvrage
contre les erreurs des infidèles at à l'usage des missionnaires
dominicains prêchant contre les musulmans, les juifs et les chrétiens
hérétiques en Espagne (Aragon) et en Afrique du Nord. Le
résultat fut cette Summa en quatre
livres « qui est considérée
comme n'ayant pas d'égale dans ce domaine >. Le témoignage
d'Antoine de Brescia produit à Naples en 1319 laisse entendre que
l'ouvrage a été commencé à Paris. L'opinion
commune aujourd'hui est que Thomas a commencé à le rédiger
vers la fin de sa troisième année d'enseignement comme maître
(1258-1259), mais on ne sait pas avec certitude quel a été
l'état d'avancement du traité à Paris. Mandonnet,
Chenu et Dondaine affirment que Thomas était parvenu à Paris
jusqu'au livre III, c. 53, parce que certains manuscrits s'arrêtent
là. A. Gauthier et Walz-Novarina affirment que la rédaction,
à Paris, n'est allée que jusqu'à I, c. 53, et que
le reste a été écrit à Naples (1259-1261) et
à Orvieto (1261-1265), et achevé en 1264 sous Urbain IV.
Dans II, c. 21, 88, 89, Thomas cite le De generatione animalium d'Aristote
dans la nouvelle traduction du grec en latin de Moerbeke qui fut achevée
peu avant le 23 décembre 1260. C'est pourquoi 1261 est la date la
plus ancienne possible de la rédaction du livre II. Il semble que
IV, c. 69 ait été achevé après le traité
Contra errores Graecorum (n 63), car Thomas résume dans cette Summa
les mêmes arguments concernant la consécra-tion du pain sans
levain que ceux qu'il a utilisés dans la Contra mores Graecorum
en été 1263.
Dom Peter Marc (1896-1967) a affirmé
que cette Summa a été écrite durant la seconde maîtrise
de Thomas à Paris (1269-1272), et qu'elle est donc contemporaine
de la deuxième partie de la Summa theologiae. Tout ce qui se rapporte
à Paris est compris comme se référant au second séjour
de Thomas plutôt qu'au premier; et le fait que Ramon Marti ne le
cite pas dans son Capistro ludaeorum de 1267 est considéré
comme une preuve d'une composition plus tardive que celle qui est généralement
admise. Cependant, non seulement la datation de Marc contredit tous les
faits connus, mais les arguments qu'il avance sont loin d'emporter la convic-tion.
ÉDITIONS : Léonine,
t. XIII-XV, Rome, 1918-1930 ; édition en format restreint du texte
de la Léonine, Rome, 1934 ; Liber de veritate catholicae ftdei contra
errores infdelium, t. II-III, Turin, Marietti, 1961, entièrement
annoté avec une introduction de P. Marc, t. I, 1967.
Traductions : Somme de la foi catholique
contre les gentils, trad. P.-F. Ecalle, Paris, Louis Vives, 1854-1856,
3 vol. ; Contra gentiles, trad. R. Bernier, M. Corvez, F. Kerouanton, L.-J.
Moreau, M.-J. Gerlaud, Paris, Lethielleux, 1950-1961.
3. Summa theologiae. Trois parties
; la deuxième divisée en deux (Rome, Paris, Naples, 1266-1273).
- Manuscrits existants : 246
(la pars) ; 220 (1-11) ; 280 (Il-II)
; 213 (IIIa pars) ; 42 (Suppl.) ; et plus
de 235 fragments des différentes
parties. - Voir p. 243-257, 285-292,
337-347.
Il s'agit de l'oeuvre la plus importante
de Thomas, du couronnement de son génie, entreprise pour les débutants
en théologie au studium
romain de Sainte-Sabine (1265-1268).
L'idée de composer une summa de la théologie pour les «
débutants » peut être venue à l'esprit de Thomas
dès 1265 ; mais il n'a commencé à travailler sur la
Summa qu'en 1266, lorsqu'il renonça à son projet de réélaborer
son commentaire des Sen-tences. La prima pars fut achevée en Italie,
avant que Thomas fût envoyé à Paris pour la seconde
fois. La première partie, q. 79, a. 4, fut achevée après
le 22 novembre 1267, car Thomas y utilise la paraphrase du De anima d'Aristote
par Themistius, traduite à ce moment-là par Guillaume de
Moerbeke. C'est pourquoi la totalité de la prima pars semble avoir
été écrite entre 1266 et le printemps 1268. Cependant
Thomas semble avoir commencé la prima secundae en Italie en 1268,
c'est-à-dire avant qu'il lui soit demandé de retourner à
Paris, mais nous ne savons pas jusqu'où il est allé dans
sa rédaction.
La totalité de la secunda
pars (à l'exception des quelques questions écrites en Italie)
fut rédigée durant la seconde maîtrise de Thomas à
Paris (1269-1272). La première partie de la deuxième partie
(I-II) fut achevée vers la fin de 1270 ; la dernière référence
à la Métaphysique Lambda sous la mension « livre XI
» se trouve en I-Il, q. 111, a. 5, tandis que la première
référence à Lambda sous la mention « livre XII
» se trouve en II-II, q. 1, a. 8, obi. 1. Bien que nous ne connaissions
pas la date exacte de la traduction du livre Kappa par Moerbeke, qui fait
du livre Lambda le livre XII, tout semble indiquer la fin de 1270 ou le
début de 1271. La prima secundae semble donc avoir été
achevée vers la fin de 1270, et la secunda secundae commencée
immédiatement après le début de 1271. La secunda secundae,
la plus longue de toutes les parties de la Summa, fut achevée vers
le printemps de 1272, lorsque furent écrites les premières
questions, peu nombreuses, de la tertia pars.
Mises à part ces premières
questions, la totalité de la tertia pars fut écrite à
Naples de septembre 1272 à décembre 1273. Après le
6 décembre 1273, Thomas ne put plus rien écrire. La Summa
theologiae s'interrompt à la question 90, article 4, sur le sacrement
de la pénitence. Le Supplément destiné à compléter
la Summa « est fabriqué à coups de ciseaux et avec
de la colle à partir de morceaux extraits des écrits de Thomas
sur les Sentences (en particulier livre IV) ». Cette compilation
est l'oeuvre, sans aucun doute, des premiers éditeurs de Thomas,
qui ont travaillé sous la direction de Réginald de Piperno
après la mort de Thomas le 7 mars 1274.
Bien que la Summa theologiae ait
été entreprise pour « ceux qui débutent en théologie
» (Prof), il semble que seule la prima pars corresponde à
cette descriptions ; le reste montre Thomas au meilleur de lui-même,
et la manière dont, muni des meilleures ressources de son temps,
il a cherché à proposer des solutions nouvelles à
des problèmes anciens et nouveaux.
ÉDITIONS: Léonine
la pars, t. IV-V, Rome, 1888-1889 ; I-II, t. VI-VII, 1891-1892 ; II-II,
t. VIII-X, 1895-1897 ; III, t. XI, 1903 ; Supplément, t. XII, 1906.
La hâte des éditeurs de la Léonine à publier
la Summa a eu pour résultat une qualité critique très
médiocre, excepté pour les derniers cinq volumes. Seuls quelques-uns
des manuscrits existants furent examinés, et les premiers volumes
reprennent pour l'essentiel l'édition Piana de 1570, l'édition
princeps de l'oeuvre complète. Marietti, Turin, 1948, 4 vol. (la
Léonine sans appareil critique). Biblioteca de Autores Cristianos,
5 vol., Madrid, 1941 (texte de la Léonine sans appareil) ; Ottawa,
5 vol., 1941 (texte de la Piana de 1570 avec quelques variantes de la Léonine
; notes et références excellentes de I. T. Eschmann).
Traductions: Somme théologique,
édition dirigée par Albert Raulin, directeur de la traduction
Aimon-Marie Roguet, Paris, Éd. du Cerf, 1984-1986, 4 vol.
DISPUTES UNIVERSITAIRES
4. De veritate. QQ. 1-29 (Paris 1256-1259).
- Manuscrits existants : 95 (63 contiennent le texte complet et 32 des
fragments importants). -
Voir p. 143-146.
Ces questions furent disputées
à Paris durant la première maîtrise de Thomas à
Paris et sont réparties sur trois années. Les questions 1-7
(en 67 articles) furent disputées durant la première année
(1256-1257), les questions 8-20 (en 99 articles) durant la deuxième
année (1257-1258) et les questions 21-29 (en 63 articles) durant
la troisième année (1258-1259). La tendance actuelle est
de suivre A. Dondaine et de penser que chaque « question »,
plutôt que l'« article », constitue l'unité de
base d'une dispute. Il en résulte que Thomas a disputé vingt-neuf
fois durant les trois années, plutôt que deux cent vingt-neuf
fois comme le pensaient Mandonnet et Synave.
ÉDITIONS : Léonine,
t. XXII en trois parties, Rome, Comm. Léon., 1970-1974 ; Parme,
t. IX ; Vives, t. XV ; Marietti, 1953 et rééditions, Quaestiones
disputatae, t. I.
Traductions partielles : Questions
disputées sur la vérité: Question XI, Le Maître
(De Magistro), trad. Bernadette jollès, Paris, Vrin, 1983 ; Trois
questions disputées du De veritate : Qu. XV, Raison supérieure
et raison infé-rieure. Qu. XVI, De la syndérèse. Qu.
XVII, De la conscience, trad. Jean Tonneau, Paris, Vrin, 1991.
5. De potentia. QQ. 1-10 (Rome, 1265-1266).
- Manuscrits existants
61 et 9 fragments. - Voir p. 223-237.
Ces questions furent disputées
à Rome (Subiaco MS 211, f 175 i ), très probablement durant
la première année d'enseignement de Thomas au studium romain
à Sainte-Sabine. Mandonnet pensait que ces ques-tions furent disputées
à Anagni et à Orvieto (1259-1263), mais cette position ne
peut plus être tenue.
ÉDITIONS: Léonine,
t. XXI, en préparation; Parme, t. VIII ; Vivès, t. XIII ;
Marietti, 1953 et rééditions, Quaestiones disputatae, t.
II.
6. De malo. QQ. 1-16 (Rome, 1266-1267).
- Manuscrits existants
70 complets et 13 fragments. - Voir
p. 237 s.
Les spécialistes ne s'accordent
pas sur la date de ces disputes. Man-donnet estimait qu'elles furent disputées
en Italie entre 1263 et 1268, qu'elles furent presque entièrement
achevées avant la première partie de la Summa (1267-1268)
et totalement achevées avant la deuxième (1269-1270). Walz
estime qu'elles furent disputées à Paris entre 1269 et 1270.
Lottin pense que l'ouvrage fut écrit après la première
partie de la Summa et avant la deuxième, et que De malo ainsi que
I-II sont postérieurs à Quodlibet 1 (carême 1269).
Pour Lottin, De malo fut disputé à Paris avant que Thomas
ait commencé à écrire I-II de la Summa. Gauthier estime,
de façon plus convaincante, que De malo fut commencé après
mars 1266 à Rome, et que la question 16 fut achevée à
Viterbe après le 22 novembre 1267 et avant 1269, lorsque Thomas
écrivait I-II. Il en conclut que De malo a dû être disputé
à Rome durant l'année universitaire 1266-1267.
De malo q. 6 (De libero arbitrio)
et q. 16 (De daemonibus) sont manifes-tement des disputes qui n'appartiennent
pas à la série, et qui ont été insérées
dans De malo dont elles ne font pas partie (Voir n° 11). Elles ont
été insérées sans aucun doute par les premiers
éditeurs des oeuvres de Thomas, parce qu'on les trouve en cet endroit
dans tous les manuscrits existants.
ÉDITIONS : Léonine,
t. XXXIII, Rome-Paris, 1982, 72°-383 ; Parme, t. VIII ; Vives, t. XIII
; Marietti, Quaestiones disputatae, t. II.
7. De spiritualibus creaturis. Art.
1-11 (Italie, 1267-1268). - Manus-
crits existants : 64. - Voir p.
238-240.
L'article 3 de cet ouvrage fut achevé
après mars 1266, après l'achève-ment de la traduction
par Moerbeke du commentaire de Simplicius sur les Catégories ; l'article
10 fut achevé après novembre 1267, après la tra-duction
par Moerbeke du commentaire de Themistius sur le De anima. Grabmann suggère
que cette question a pu être disputée entre 1266 et 1268 à
la cour de Clément IV à Viterbe. Nous avons suggéré
qu'elle a pu être disputée à Viterbe entre 1267 et
1268, peut-être à la curie pontificale, si effectivement Thomas
y a résidé avant d'aller à Paris pour sa seconde maîtrise.
ÉDITIONS : Parme, t. VIII
; Vives, t. XIII ; Marietti, Quaestiones dispu-tatae, t. II ; édition
critique par L. Keeler, Rome, Gregorianum, 1946.
8. De anima. Art. 1-21 (Paris, février-avril
1269). - Manuscrits exis-
tants : 81 complets et 13 fragments.
- Voir p. 278-283.
II n'y a pas d'accord concernant
la date et le lieu de cette dispute. Mandonnet la date de 1269-1270 à
Paris ; Walz la situe à Rome en 1266,
avant De spiritualibus creaturis.
Deux manuscrits fiables indiquent Paris comme le lieu de la dispute (Klosterneuburg,
Stiftsbibl. 274, et Angers 418). Glorieux et J. H. Robb estiment qu'elle
a dû être tenue à Paris au début de 1269 ; nous
avons suggéré que la dispute a dû avoir lieu à
Paris peu après l'arrivée de Thomas en janvier 1269 pour
sa seconde maîtrise. II est certain que la dispute a été
tenue après la prima pars de la Summa. Toute cette dispute traite
de problèmes qui étaient alors discutés dans les écoles
de Paris.
ÉDITIONS: Parme, t. VIII
; Vives, t. XIII ; Marietti, Quaestiones dispu-tatae, t. II ; édition
critique de la tradition non parisienne par J. H. Robb, Quaestiones de
anima, Toronto, PIMS, 1968.
9. De virtutibus in communi [13 articles]
; De caritate [13 articles];
De correctione fraterna [2 articles]
; De spe [4 articles] ; et De vir-
tutibus cardinalibus [4 articles]
(Paris 1269-1272). - Voir p. 283.
Tous les catalogues anciens affirment
explicitement que ces questions furent disputées à Paris
durant la seconde maîtrise de Thomas. Elles correspondent aux questions
de la deuxième partie de la Summa à laquelle Thomas travaillait
alors.
ÉDITIONS : Parme, t. VIII
; Vivès, t. XIII ; Marietti, Quaestiones dispu-tatae, t. II.
10. De unione Verbi incarnati. Art.
1-5 (Paris, début avril 1272). -Manuscrits existants : 53. - Voir
p. 338-344.
Mandonnet situe cette dispute à
Viterbe en 1268, tandis que Pelster et Walz estiment qu'elle doit avoir
lieu à Naples en 1272-1273. Nous avons suggéré que
cette question fut déterminée à Paris au début
du printemps 1272, au moment où Thomas écrivait III, q. 2
de la Summa et avant III, q. 17, a. 1-2, qui semble avoir été
écrit à Naples à la fin de l'été ou
au début de l'automne 1272.
ÉDITIONS : Parme, t. VIII
; Vives, t. XIII ; Mandonnet, Quaest. disp., Paris, Lethielleux, 1925,
t. III ; Marietti, Quaestiones disputatae, t. II.
11. Disputes hors série :
c'est-à-dire disputes qui ont été tenues de façon
séparée, hors de toute série, mais qui ont été
insérées dans des ouvrages plus importants par les premiers
éditeurs des écrits de Thomas ou par Thomas lui-même.
De libero arbitrio, inséré
dans De malo comme la question 6 (voir n 6). Cette question semble avoir
été disputée à Paris en 1270.
De daemonibus, inséré
dans De malo comme la question 16 (voir n° 6). Elle fut disputée
après le 22 novembre 1267, car dans l'article 12 ad 1 Thomas cite
la paraphrase de Themistius sur De anima traduite par Moerbeke à
cette date à Viterbe, mais avant l'introduction de Kappa dans la
Métaphysique (a. 2, obi. 1).
De sensibus Sacrae Scripturae, ajouté
à Quodlibet 7 comme question 6, articles 14-16. Nous avons montré
que cette question fut l'une des quatre questions disputées lors
de la promotion de Thomas à la maîtrise en théologie,
au printemps 1256 (voir p. 124-126).
De opere manuali, ajouté
à Quodlibet 7 comme question 7, articles 17-18. Nous avons montré
que ce fut la « question trois », la plus importante, qui fut
disputée le deuxième jour de la promotion au printemps 1256
(voir p. 126-128).
De pueris in religionem admittendis,
ajouté à Quodlibet 4 comme question 12, articles 23-24. Ce
quodlibet fut tenu à Paris, probablement durant le carême
1271. Vatican MS Vat. lat. 779, f° 20 v°, dit clairement que «
ces deux articles furent disputés par Frère Thomas contre
Gérard [d'Abbeville] au début du carême ». Ils
représentent une dispute tenue à Paris contre Quodlibet 11
de Gérard d'Abbeville, dont la dernière question est une
quaestio de oblatis. Thomas disputa cette question avant d'écrire
son Contra doctrinam retrahentium a religione contre Gérard d'Abbeville
pendant l'été 1271 (n 54).
De attributis divinis, inséré
dans Sent. 1, 2, 3, fut probablement disputé à Rome à
Sainte-Sabine, lorsque Thomas y était maître entre 1265-1267.
De immottalitate animae, qui se
trouve dans Vatican MS Vat. lat. 781, t° 47, r' -48 r', semble être
une ceuvre authentique de Thomas selon Frics, A. Dondaine et Eschmann.
Édité sur la base de trois manuscrits
Leonard A. Kennedy, « A New
Disputed Question of St. Thomas Aqui-nas on the Immortality of the Seul
», AHDLMA 45 (1978), p. 205-223.
Utrum anima coniuncta cognoscat
seipsam per essentiam, qui se trouve dans Oxford MS Bodl. Laud. Mise. 480,
f° 193 r°-195 r , semble être également une rouvre
authentique selon Pelster, A. Dondaine et Esch-mann. Éd. L. A. Kennedy,
« The Soul's Knowledge of Itself. An Unpu-blished Work Attributed
to Thomas Aquinas », Vivarium 15 (1977), p. 34-45.
12-24. Quaestiones de quodlibet 1-12
(Paris, 1256-1259 ; 1269-1272). - Manuscrits existants : 137 complets et
39 fragments. - Voir p. 147-148, 284.
Les catalogues anciens des rouvres
de Thomas ne mentionnent que onze quodlibets ; le douzième, découvert
après 1300 et ajouté aux onze premiers, est en fait une reportatio,
ou des notes en vue d'une détermi-nation. Ces quodlibets se répartissent
en deux groupes, dont le premier regroupe 7-11 selon un ordre qui ne varie
jamais, et le second 1-6 dont l'ordre varie souvent dans les manuscrits.
À Paris les quodlibets étaient disputés durant l'avent
et le carême ; c'est pourquoi on les appelait souvent quodlibets
de Noël ou de Pâques. Le groupe 7-11 appartient à la
première maîtrise de Thomas à Paris.
1256, Noël Quodl. 7
1257, Pâques manque
1257, Noël Quodl. 8
1258, Pâques Quodl.
9
1259, Noël Quodl. 10
1259, Pâques Quodl.
11
Le groupe 1-6, 12, appartient à
la seconde maîtrise de Thomas à Paris
1269, Pâques Quodl. 1
1269, Noël Quodl. 2
1270, Pâques Quodl. 3
1270, Noël Quodl. 12
1271, Pâques Quodl. 4
1271, Noël Quodl. 5
1272, Pâques Quodl. 6
Cependant, comme le montrent Gauthier
et Eschmann, dans Quodlibet 6,
disputé en carême 1272,
on trouve deux citations deMétaphysique Lambda
(a. 19) qui font référence
au livre XI. C'est pourquoi la date du second
groupe n'est pas entièrement
établie.
ÉDITIONS : Parme, t. IX ;
Vives, t. XV ; Mandonnet, Paris 1926 ; Marietti, Quaestiones quodlibetales,
1949 (avec une nouvelle numérotation).
COMMENTAIRES DE L'ÉCRITURE
25. Expositio in job « ad litteram
» (Orvieto, 1261-1264). - Manuscrits existants: 59. - Voir p. 176.
Tolomeo de Lucques situe ce commentaire
de Job sous le pontificat d'Urbain IV, lorsque, comme il dit, Thomas «
expliqua le Livre de job ». Le texte actuel est une édition
très élaborée de « lectures » données
au couvent dominicain de San Domenico à Orvieto. Il est contemporain
de la Summa contra gentiles, livres II-III, en ce sens que le commentaire
de Job et la Summa contra gentiles, III, 64-113 traitent du problème
de la providence divine, et que Job aussi bien que la Summa utilisent la
tra-duction nouvelle de Moerbeke de l'ouvrage d'Aristote sur les animaux.
Dans le commentaire de job, Thomas utilise expressément la nouvelle
traduction à huit reprises (c. 27, ligne 36 ; c. 40 [six fois] ;
et c. 41, ligne 204). La traduction de Moerbeke du De partibus animalium
fut achevée à Thèbes le 23 décembre 1260 ;
les autres parties de l'ouvrage d'Aristote sur les animaux furent traduites
immédiatement avant ou après cette date. C'est pourquoi Thomas
n'a pas pu avoir écrit ce commentaire de job avant 1261.
ÉDITIONS: Léonine,
t. XXVI, Rome, 1965 ; Parme, t. XIV ; Vives, t. XVIII.
Traduction : job, un homme pour
notre tempslExpositio in job, trad. J. Kreit, Paris, Téqui, 1982.
26. Postilla super Psalmos. Ps 1-54
(Naples, 1272-1273). - Manuscrits existants: 5 complets et 2 fragments.
- Voir p. 333-335.
Cette rouvre est une reportatio
faite par Réginald de Piperno lorsque Thomas « lisait »
à Naples. Barthélemy de Capoue la décrit comme por-tant
« sur quatre nocturnes du Psautier », mais Nicolas Trevet et
la plupart des bibliographes anciens qui la mentionnent la présentent
comme une postille « sur trois nocturnes du Psautier ». Les
Psaumes 1-51, qui se trouvent dans toutes les éditions publiées,
comprennent les nocturnes de l'ancien office de matines du dimanche, du
lundi et du mardi ; les Psaumes 52-54, qui réunissent les trois
premiers psaumes du mercredi, furent découverts par Uccelli à
Naples (Regio Archivio 25) et publiés par lui en 1880. Le texte
des Psaumes sur lequel le commentaire est fait est celui du Psautier gallican
de la Vulgate, bien que Thomas ait utilisé également le Psautier
romain et la traduction de l'hébreu faite également par saint
Jérôme. Les « lectures » des Psaumes furent inter-rompues
subitement le 5 décembre 1273.
ÉDITIONS : Parme, t. XIV
; Vivès, t. XVIII ; Uccelli, Rome, 1880.
27. Super Cantica Canticorum. Voir
p. 358.
Tous les catalogues anciens des
écrits de Thomas mentionnent un Super Cantica et Guillaume de Tocco
affirme que Thomas dicta « un bref commentaire du Cantique des Cantiques
» sur son lit de mort à Fossa-nova. À ce jour aucun
commentaire, long ou « bref », n'a été trouvé.
Les deux commentaires imprimés dans les éditions courantes
(Parme, t. XIV, p. 354-386 ; Vives, t. XVIII, p. 557-607, p. 608-667) sont
inauthen-tiques : le premier est de Hymon d'Auxerre, le second de Gilles
de Rome.
28. Expositio super Isaiam ad litteram
(Cologne, 1249-1252). - Auto-graphe Is 34, 1 - 50, 1 dans Vatican MS Vat.
lat. 9850,1° 105 r° a-11 v° b. - Manuscrits existants : autogr.
+ 16 complets et 2 fragments. - Voir p. 136 s.
Après la mort de Thomas
l'autographe de cette oeuvre, avec beaucoup
d'autres, fut laissé à
Réginald de Piperno et à la bibliothèque des domi-
nicains à Naples, où
il resta jusqu'en 1354. À un moment donné, entre
1290 et 1303, Frère Jacobino
de Asti « de la province de Lombardie, qui
étudiait alors au studium
général de Naples, transcrivit [l'autographe]
dans une écriture lisible
[ad litteram legibilem] avec une traduction plus
complète des autorités
(autoritatum...J pour le bénéfice des frères de notre
ordre, et de sorte que les copies
puissent être faites des écrits susdits »
(Bologne, Bibl. Univ. MS 1655, f
70 v° a). La transcription de Jacobino
a établi la tradition manuscrite.
Il n'y a pas d'unanimité
quant à la date de la composition. Certains auteurs comme Mandonnet
et Walz en font une oeuvre parisienne ancienne (1256-1257), d'autres, comme
Glorieux, la situent dans la seconde maîtrise à Paris (1269-1272),
tandis qu'Eschmann divise le texte en deux parties à peu près
égales : les premiers chapitres magistraux (1-11) et les chapitres
ultérieurs « cursifs t> (12-66), en y incluant le fragment
autographe (34, 1-50, 1). La première partie, magistrale, comporte
des développements théologiques fréquents et abondants.
Eschmann les considérait comme typiques d'un maître parisien,
les chapitres ultérieurs, cursifs, qui incluent l'autographe, ayant
dit être écrits lorsque Thomas n'avait pas de secrétaires,
probablement en Italie. À présent les éditeurs de
la Léonine affirment l'unité de l'ensemble du texte, et datent
l'auto-graphe après la reportatio des commentaires d'Albert sur
le Pseudo-Denys (avant 1248), et avant l'autographe du Scriptum super 111
Sententiarum (vers 1254-1255) ; ils ont montré que Super Isaiam
est l'oeuvre d'un cursor biblicus, et doit donc être daté
de 1252-1253 à Paris. Mais si, comme nous l'avons dit, Thomas était
cursor biblicus auprès d'Albert à Cologne et non à
Paris, la Postilla super Isaiam a été composée et
présentée à Cologne avant le départ pour Paris
en 1252. Il s'agit de la première oeuvre théologique de Thomas,
mais elle est celle d'un cursor qui dépend étroi-tement de
Hugues de Saint-Cher et d'autres sources habituelles. Voir mon compte rendu
du volume de la Léonine dans The nomist 43 (1979), p. 331-337 *.
ÉDITIONS : Léonine,
t. XXVIII, 1974 ; Parme, t. XIV, p. 427-576 ; Vives, t. XVIII, p. 688-821
; t. XIX, p. 1-65 ; Uccelli, Rome, 1880, p. 3-254.
29. Postilla super jeremiam. Inachevé,
s'interrompt à la fin du c. 42. -Manuscrits existants : 5. - Voir
p. 60.
Au xvi` siècle Sixte de Sienne
nia l'authenticité de l'ouvrage en raison de la « stérilité
de sa doctrine ». À la suite d'Eschmann nous avons suggéré
qu'elle pourrait provenir des années passées par Thomas à
Cologne auprès d'Albert comme cursor biblicus, mais il ne s'agit
que d'une possibilité. Le commentaire pourrait être aussi
le fruit de son enseignement comme lecteur dans un couvent dominicain.
Il faut noter cependant que le colophon d'un manuscrit, autrefois à
Cheltenham dans la bibliothèque de sir Thomas Phillips, 551, daté
de 1455, donne cette indication
« Usque huc Fratris Thomae
scriptum jeremiae translatum a fratre [Petto] de Andria in litteram legibilem
» (cité dans éd. Léonine, t. XXVIII, 10°
b). Pierre d'Andria était l'un des secrétaires de Thomas
durant la seconde maîtrise à Paris et à Naples où
il a transcrit les Collationes in decem preceptis.
ÉDITIONS : Parme, t. XIV,
p. 557-667 ; Vives, t. XIX, p. 66-198.
30. Postilla super Threnos. - Manuscrits
existants : 2. - Voir p. 60.
Le problème posé par
ce commentaire des Lamentations de Jérémie est le même
que pour l'oeuvre précédente. Il semble s'agir d'une lecture
« cursive » du texte, sans discussion ou développement
théologiques. A la suite d'Eschmann nous avons suggéré
que l'ouvrage peut avoir été l'un des textes que Thomas a
lus « publiquement » à Cologne en tant que cursor biblicus
auprès d'Albert, mais là encore il n'existe aucune preuve.
Il pourrait s'agir également de son enseignement comme lecteur dans
un couvent dominicain.
ÉDITIONS : Parme, t. XIV,
p. 668-685 ; Vives, :. XIX, p. 199-225.
31. Glossa continua super Evangelia
(Caréna aurea). Glose sur les
quatre Évangiles à
partir des écrits de Pères grecs et latins (Orvieto, Rome,
1262-1263 à 1267). - Manuscrits existants : Super Matthaeum (89
complets et 17 fragments) ; Super Marcum (73 complets et 7 fragments) ;
Super Lucam (82 complets et 11 fragments) ; Super johannem (88 complets
et 5 fragments). - Voir p. 195-197.
La glose sur les quatre Évangiles
fut demandée à Thomas par le pape Urbain IV à Orvieto,
dans les premières années de leur amitié, c'est-à-dire
à la fin de 1262 ou au début de 1263. La glose sur Matthieu
fut terminée et dédiée à Urbain en 1263 ; cette
date est établie par Parme MS Bibl. Palat. 1, écrit en 1263.
Les gloses sur les autres trois évangélistes furent dédiées
au cardinal Annibaldo d'Annibaldi, un proche ami de Thomas et son ancien
élève à Paris, en 1264. Pour cette glose continue,
en particulier à partir de la glose sur Marc, Thomas a eu recours
à un érudit grec inconnu pour traduire certains passages
du grec. La Catena aurea était achevée au moment où
Thomas quitta Rome pour Viterbe en 1267.
ÉDITIONS : Parme, t. XI-XII;
Vives, t. XVI-XVIII ; Marietti, 1953, 2 vol.
Traduction : Exposition suivie des
quatre Évangiles. La chaîne d'or (Catena aurea), trad. E.
Castan, Paris, Louis Vives, 1854-1855, 8 vol.
32. Lectura super Matthaeum. Reportatio
(Paris, 1256-1259). -
Manuscrits existants: 4 complets
et 1 fragment. - Voir p. 140-143. Il est presque certain que cette lectura
est d'origine parisienne, mais il n'est pas totalement certain qu'elle
ait été donnée lors de la première ou de la
seconde maîtrise de Thomas à Paris ; cependant on pense commu-nément
qu'elle relève de la première (1256-1259). Mandonnet affirme
qu'elle fut enseignée sur une période de deux ans, parce
que sa longueur est double de celle des commentaires d'Isaie, mais cet
argument repose sur un présupposé qui n'est pas prouvé.
La reportatio fut transcrite par Frère Pierre d'Andria (peut-être,
mais cela n'est pas certain, pour les quatorze premiers chapitres) et par
Ligier de Besançon (peut-être du chapitre XV à la fin,
chapitre XXVIII).
Les deux catalogues les plus anciens
signalent l'ouvrage comme étant « défectueux »
et « incomplet », se référant sans aucun doute
aux deux lacunes qui existent dans les trois manuscrits italiens connus,
et que l'on trouve dans toutes les éditions imprimées. La
première va de Matthieu 5,
11 à 6, 8, l'autre est Matthieu
6, 14-19. En d'autres termes, dans l'édition Marietti, les numéros
444-582 (lect. 13-17) et les numéros 603-610 (lect. 19) sont inauthentiques.
Dans l'édition imprimée de 1527 et dans toutes les éditions
suivantes, les lacunes furent comblées par le commen-taire de Frère
Pierre de Scala op (t 1295). Le texte authentique se trouve à Bâle,
Bibliothèque universitaire MS B. V. 12, comme l'a montré
H.-V. Shooner, < Notes sur les manuscrits des commentaires bibliques
de Thomas (à propos du « Repertorium biblicum » de F.
Stegmüller) », Bulletin thomiste 10 (1957-1959), p. 99-112 ;
également « La Date de la "Lectura super Matthaeum" de S.
Thomas », ibid., 153-157.
ÉDITIONS : Parme, t. X, 1-278
; Vives, t. XIX, p. 226-668 ; Marietti, 1951 et rééditions.
33. Lectura super johannem. Reportatio
(Paris, 1969-1973). - Manus-crits existants : 33 complets et 13 fragments.
- Voir p. 274-275.
Selon Tolomeo de Lucques, Thomas
a écrit lui-même le commentaire des cinq premiers chapitres
(expositio), tandis que Réginald a transcrit le reste. Tous les
catalogues anciens notent que Thomas a « corrigé » lui-même
la reportatio de Réginald. Cette « correction » et cette
« révision » sont dues sans aucun doute au désir
d'Adenulf d'Anagni, un étudiant séculier, de mettre le prix
pour disposer d'une bonne copie de la totalité de cette série
de « lectures ». Il n'est pas douteux que ces lectures furent
données durant le second séjour de Thomas à Paris
(1269-1272); C. Spicq a avancé des arguments en faveur de l'année
universitaire 1270-1272.
ÉDITIONS : Léonine,
t. XXXI en préparation ; Parme, t. X, p. 279-645 ; Vives, t. XIX,
p. 669 s. ; t. XX, p. 1-376 ; Marient, 1952 et rééditions.
Traduction : Commentaire sur l Évangile
de saint jean, 1, 2 et 3, trad. M.-D. Philippe et alii, Buxy, Les Amis
de Saint-Jean, 1985-1987.
34. Expositio et lectura super Epistolas
Pauli Apostoli. En partie repor-tatio de Réginald, en partie édité
par Thomas lui-même. - Manus-crits existants : 30 complets et 7 qui
contiennent seulement le commentaire de l'Épître aux Hébreux.
- Voir p. 275-278, 336.
Mandonnet et beaucoup d'autres pensent
que Thomas a commenté Paul deux fois, une fois en Italie entre 1259
et 1265, et à nouveau à Naples en 1272-1273, mais que cette
seconde fois il n'est allé que jusqu'à 1 Co 10, et sous la
forme d'une expositio. Étant donné qu'il est certain que
Thomas a commenté certaines épîtres de Paul à
Paris, Glorieux situe l'expositio à Paris, entre 1270 et 1272 plutôt
qu'à Naples, en avançant que cette partie est une rouvre
écrite et éditée par Thomas lui-même, et qu'il
n'aurait pas eu le temps de l'éditer à Naples avant de s'arrêter
brusque-ment le 6 décembre 1273. Cependant l'état du texte
«
courant » est plus complexe.
Ce texte courant est fait de cinq
morceaux hétérogènes : a) le texte édité,
écrit ou dicté par Thomas lui-même (expositio) qui
va de Romains
à 1 Corinthiens 7, 9 ; b)
un texte inséré qui provient de la postilla de Pierre de
Tarentaise à travers la version de Nicolas de Goran qui va de 1
Corinthiens 7, 10, à la fin du chapitre 10 ; c) une reportatio de
Réginald de Piperno d'une lectura plus ancienne (qui à l'origine
couvrait peut-être tout saint Paul et qui fut donnée en Italie),
qui va de 1 Corinthiens 11 à Hébreux ; d) un commentaire
soigneusement écrit de Hébreux « jusqu'au chapitre
11 » (Bernard Gui) ; e) le reste de Hébreux jusqu'à
la fin, 13, 25. Le commentaire sur l'Épître aux Hébreux
n'est pas seulement mentionné de façon distincte par Bernard
Gui, mais a également circulé de façon séparée
(7 manuscrits existants).
Le seul point que nous avons voulu
montrer est que Thomas n'a pas commenté Paul à Naples, mais
plutôt durant sa seconde maîtrise à Paris.
ÉDITIONS : Parme, t. XIII
; Vives, t. XX-XXI ; Marietti, 1953 et réé-ditions, 2 vol.
Traductions : Commentaires surlesÉpîtres
de saintPaul, trad. abbé Bralé, Paris, Louis Vives, 1869-1874,
6 vol.
35. Commendatio Sacrae Scripturae.
Deux principia (Paris, avril ou mai 1256). - Manuscrits existants : 2.
- Voir p. 115-122.
Ces deux sermones furent découverts
par Uccelli à Florence, Bibl. Cent. MS Conv. Soppr. G.4. 36 (Santa
Maria Novella), et aussitôt identifiés comme des principia
c'est-à-dire comme des « cours inauguraux ». La première
Commendatio Sacrae Scripturae s'appuie sur le texte : « Rigans montes
de superioribus », etc. (Ps 103, 13) et fut présentée
par Thomas le deuxième jour de sa promotion comme maître en
théologie au prin-temps 1256 (Tocco, Hystoria, c. 16). Le deuxième
sermo complète le pre-mier et représente une commendatio
plus traditionnelle. Il s'agit d'une division de tous les livres de l'Écriture
fondée sur le texte de Baruch 4, I : « Hic est liber mandatorum
» etc. Mandonnet, qui pense que Thomas était cursor biblicus
à Paris pendant deux ans avant de « lire » les Sentences,
affirme que le second sermo était le principium de Thomas lorsqu'il
commença la lecture cursive de l'Écriture en 1252. Cependant,
nous avons montré que Thomas n'a jamais été cursor
biblicus à Paris et que le sermo secundus fut donné par Thomas
le premier dies legibilis suivant la pro-motion, c'est-à-dire lors
de sa resumptio : « la leçon au cours de laquelle il acheva
sa leçon inaugurale incomplète donnée dans l'aula
».
ÉDITIONS : Parme, t. I, p.
xxvl-xxx ; Marietti, Opuscula theologica I, p. 435-443 ; Mandonnet, IV,
p. 481-490.
COMMENTAIRES D'ARISTOTE
36. Sententia super Peri hermeneias.
Inachevé, se termine à II ; 14, 19b26 [II, lect. 14] (Paris,
1270-1271). - Manuscrits existants
21 complets et 2 fragments.
La lettre dédicatoire (Epistola
nuncupatoria) donne à penser que Tho-mas a commenté le Peri
hermeneias d'Aristote à la requête de Guillaume Berthaut,
prévôt de Louvain à partir de 1270 ou, certainement,
à partir de 1271. Bien que le commentaire soit inachevé,
la lettre fut écrite après le commentaire (« expositionem
adhibere curavi »). Le texte d'Aristote utilisé est la version
gréco-latine qui apparut avec le commentaire d'Am-monius achevé
par Moerbeke à Viterbe en septembre 1268. Thomas a pu commencer
son commentaire à Viterbe et le continuer à Paris, le laissant
inachevé pour des raisons inconnues. Certains manuscrits affirment
que la mort empêcha Thomas d'achever l'ouvrage, mais cela ne paraît
pas vraisemblable. En 1, 1, lect. 3, n. 5, Thomas cite Métaphysique
Lambda comme le livre XI, ce qui suggère une date antérieure
au début de 1271. Les seules sources utilisées, mis à
part Aristote lui-même, sont Ammo-nius et Boèce dans son commentaire
plus long du De interpretatione (ed. secunda). Le commentaire de Thomas
est très important pour sa compré-hension de la vérité
et de la fausseté des propositions concernant le futur contingent
(I, lect. 13-15). Un exemplaire de ce commentaire était dis-ponible
dans la librairie de Paris en 1304. Le commentaire de Thomas fut «
achevé » ou « continué » par divers dominicains
dont Gratiadei d'Esculo (t 1341), Robert de Vulgarbia ( ?), Thomas de Vio
(Cajetan) et Thomas Sutton (1280-1300). La meilleure étude moderne
du commen-taire de Thomas est celle de J. Isaac, Le « Peri hermeneias
» en Occident, Paris, 1953. Voir Osmund Lewry, « Two Continuators
of Aquinas
Robertus de Vulgarbia and Thomas
Sutton on the Perihermeneias of Aristotle », Mediaeval Studies 43
(1981), p. 58-130.
ÉDITIONS : Léonine,
t.1, Rome, 1882 ; Marietti, 1955 et rééditions (texte de
la Léonine avec quelques notes). Léonine, t. I° I, ed.
altera retracta, 1989, 88°-109.
37. Sententia super Posteriora Analytica.
Deux livres (Paris, 1269-1272). - Manuscrits existants : 55 complets et
4 fragments.
Le texte de base sur lequel Thomas
a fait son commentaire semble avoir été la version commune
de Jacques de Venise (au milieu du xII` siècle), mais il a pu disposer
également de la nouvelle traduction de Guillaume de Moerbeke, comme
l'a montré Minio-Paluello en 1952. La date de cette nouvelle traduction
n'est pas connue, et la date du commen-taire de Thomas n'est pas certaine.
Mandonnet la situe à Viterbe « autour de 1268 ou après
», avant son commentaire du Peri hermeneias. Grabmann et Walz inclinent
à dater le commentaire de Paris, en 1269-1272. Cet écrit
aristotélicien sur la méthode scientifique a eu une influence
pro-fonde sur tous les écrits systématiques de Thomas.
ÉDITIONS : Léonine,
t. I, Rome, 1882 ; Marietti, 1955 et rééditions (texte de
la Léonine avec quelques notes). Léonine, t. I° 2, ed.
altera retractata, 1989, 77°-283.
38. Sententia super Physicam. Huit
livres (Paris 1270-1271). -Manuscrits existants : 64 complets et 10 fragments.
Thomas est passé de la Physica
veteris translationis (Jacques de Venise) à la Moerbekana (dont
la date est inconnue) au cours de l'élaboration de l'ouvrage. Mandonnet
date le commentaire de 1265 à Rome, avant la prima pars de la Summa.
Il est peu vraisemblable cependant que ce commentaire ait été
écrit avant la prima pars (voir n 3). Tout au long de l'ouvrage,
Métaphysique Lambda est cité comme livre XI et XII, ce qui
indique que Thomas travaillait déjà sur la Physique lorsque
la traduction de Kappa arriva à Paris vers la fin de 1270 et le
début de 1271. La source principale, tout au long du commentaire,
est le commentaire d'Averroès avec lequel Thomas est fréquemment
en désaccord.
ÉDITIONS : Léonine,
t. II (Rome, 1884) mais le texte latin d'Aristote dans cette édition
n'est pas fiable ; Marietti, 1954 (texte de la Léonine sans variantes
ou notes).
39. Sententia de caelo et mundo.
Inachevé, se termine à III, 3, 302b9 [III, lect. 81 (Naples,
1272-1273). - Manuscrits existants
38 complets et 5 fragments. - Voir
p. 347.
Le texte d'Aristote sur lequel s'appuie
ce commentaire est la nouvelle version gréco-latine de Moerbeke,
qui a traduit également le commen-taire important de Simplicius,
achevée le 15 juin 1271. Robert Grosseteste avait traduit le texte
grec jusqu'à III, 1, 299a11 ; Moerbeke en a fait la révision
et traduit III-IV avec le commentaire de Simplicius. Pour des raisons qu'il
n'a pas précisées, Eschmann affirme que le commentaire de
Thomas n'est pas un «ouvrage inachevé » comme on le
dit habituelle-ment, mais qu'il est «complet » tel qu'il est,
parce que Thomas « n'a pas connu davantage du texte d'Aristote du
De caelo que ce qu'il a expliqué » (« Catalogue »,
n. 31). Cependant, 1° Moerbeke a traduit les livres III-IV directement
du grec et Thomas a commenté III, 1-3 sur cette version ; 2°
dans le commentaire lui-même Thomas indique qu'il connaît l'exis-tence
de la partie qu'il ne commente pas, à savoir dans III, lect. 2,
n. 1
« in quarto libro ibi "De
gravi auteur et levi" » (IV, 1), et dans III, lect. 3, n. 2 : «
Partim auteur inferius in hoc eodem libro » (I1I, 5) ; dans d'autres
écrits, par exemple Summa, I, Thomas connaît les quatre livres
dans les versions de Gérard de Crémone (t1187) et Michel
Scot (vers 1235), toutes deux faites sur le texte arabe, et s'y réfère.
II semble que Thomas ait arrêté ce commentaire en 302b9 lorsqu'il
cessa d'écrire le 6 décembre 1273. Tout au long du texte,
la source principale de Thomas est le commentaire de Simplicius. Dans cet
ouvrage Thomas est bien plus familier de Simplicius qu'il ne l'a été
lorsqu'il a écrit Métaphysique Lambda, où il fait
certaines erreurs concernant Ptolémée et d'autres astronomes.
Voir J. A. Weisheipl, « The Commentary of St. Thomas on the De caelo
of Aristotle », Sapientia 29 (1974), p. 11-34.
ÉDITIONS : Léonine,
t. III, Rome, 1886 ; Marietti, 1952 (texte de la Léonine avec renvois).
40. Sententia super libros De generatione
et conuptione. Inachevé, se termine à I, 5, 322a33 [I, lect.
17] (Naples, 1272-1273). - Manuscrits existants : 4. - Voir p. 347.
Ce commentaire fut écrit
après l'exposition sur la Physique et le De caelo : « comme
nous l'avons montré (manifestavimus) dans VIII Physica et dans I
De caelo » (De gen., I, lect. 7, n. 1). II fut certainement composé
à Naples où Guillaume de Tocco a vu Thomas écrire
ce commentaire qu'il tenait pour son « dernier ouvrage philosophique
». La librairie de Paris ne le connaît pas encore en 1304 ;
c'est pourquoi il n'y a pas de tradition manuscrite parisienne et il existe
seulement quatre manuscrits. Tout au long du commentaire Thomas a le souci
de la sententia Aristotelis et il semble n'utiliser qu'Aristote et Averroès
: « ut dicit Averroes in expositione huius loci » (1, lect.
15, n. 2). Complété par Thomas Sutton (Oxford, Merton Collège
MS 274, f° 92 r° b-121 r° a), éd. par F. E. Kelley,
Expositionis D. Thomae Aquinatis in libros... continuatio per Thomam de
Sutona, Munich, Bay. Akad. d. Wissenschaften, t. VI, 1976.
ÉDITIONS: Léonine,
t. III, Rome, 1886 ; Marietti, 1952 (texte de la Léonine).
41. Sententia super Meteora. Inachevé,
se termine à II, 8, 369a9 (Paris ou Naples, 1269-1273). - Manuscrits
existants : 11 complets et 3 fragments. - Voir p. 347.
Dans l'édition Léonine
du texte, le commentaire de Thomas s'inter-rompt en II, 5, 363a20 (I, lect.
10). Dondaine cependant a montré de façon définitive
que Thomas a commenté les chapitres vit et viii, s'in-terrompant
en 369a9 (trois lectiones de plus) ; ce commentaire additionnel se trouve
dans six manuscrits (A. Dondaine, AFP 36 [1966], p. 81-152). Apparemment
le commentaire de Thomas du chapitre vi est complète-ment perdu.
Le texte qui sert de base est celui de Moerbeke, qui a fait une traduction
nouvelle du grec des livres I-III. Le commentaire fut « achevé
» par au moins trois maîtres parisiens avant la « continuation»
de Pierre d'Auvergne.
ÉDITIONS : Léonine,
t. III, Rome, 1886 ; Marietti, 1952 (avec renvois).
42. Sententia super De anima. Trois
livres (Italie, 1267-1269). -Manuscrits existants : 67 complets et 12 fragments.
- Voir p. 241 s.
Selon les catalogues les plus anciens,
le commentaire du livre I est une reportatio de Réginald de Piperno,
tandis que le commentaire des livres II-III est une expositio. Bien que
la même version du texte soit utilisée tout au long, à
savoir celle de Moerbeke faite à Viterbe en 1268, il est difficile
d'expliquer la reportatio du livre I. En II, lect. 7, n. 695, la formule
« que nous avons traitée avec soin ailleurs » semble
faire référence à Summa contra gentiles, II, c. 56
s. (voir n° 2). Eschmann pense que le commentaire a été
écrit avant II-II de la Summa et situe les livres II-III au moins
entre 1270 et 1271. Cependant Métaphysique Lambda est toujours cité
comme le livre XI, ainsi que l'a fait remarquer Gauthier. Celui-ci a montré
que le commentaire de Thomas du De anima a été composé
en Italie avant le second départ pour Paris en 1269 ; voir R: A.
Gauthier, a Quelques questions à propos du commentaire de S. Thomas
sur le De anima »,Angelicum 51 (1974), p. 419-472.
ÉDITIONS : Léonine
t. XLV, 1, 1984, 294°-313 ; Parme, t. XX, p. 1-144 ; Vivès,
t. XXIV, p. 1-195 ; Marietti (éd. Pirotta), 1925 et rééditions.
Traduction : Commentaire du a Traité
de l'âme » d Aristote, trad. A. Thiéry, Louvain, Institut
supérieur de philosophie, 1923.
43. Sententia de sensu et sensato.
Manuscrits existants : 41 complets et 3 fragments.
Ce commentaire de l'un des parva
naturalia utilise la traduction du grec en latin de Moerbeke et était
connu de la librairie de Paris en 1304. Il semble qu'il ait circulé
indépendamment du De memoria et reminiscentia qui l'accompagne.
On lui donne habituellement une date proche du commentaire du De anima.
II apparaît clairement que Thomas connaît la traduction faite
par Moerbeke du commentaire du De sensu d'Alexandre d'Aphrodise, mais on
en ignore la date.
ÉDITIONS: Léonine,
t. XLV, 2, 1985, 128°-154 ; Parme, t. XX, p. 145-196 ; Vives, t. XXIV,
p. 197-267 ; Marietti (cri. Pirotta), 1928 et réédi-tions.
44. Sententia de memoria et reminiscentia.
Manuscrits existants 48 complets et 1 fragment.
Ce commentaire de l'un des parva
naturalia est associé à l'ouvrage précédent
(n°43) et on lui donne une date proche de celui-ci et du commentaire
du De anima. Il n'est pas certain qu'il était inclus dans la liste
de la bibliothèque de 1304 sous le titre De sensu, a 10 pecias ».
Il s'appuie sur la version de Moerbeke. Il semblerait que pour Thomas De
memoria était le deuxième livre du De sensu, comme le suppose
Gauthier.
ÉDITIONS : Parme, t. XX,
p. 197-214 ; Vivès, t. XXIV, p. 269-92 ; Marietti (éd. Pirotta),
1928 et rééditions.
45. Sententia super Metaphysicam.
Douze livres (Paris, Naples [ ?], 1269-1272). - Manuscrits existants :
74 complets et 19 fragments.
En raison de sa longueur ce commentaire
est très difficile à dater par rapport à l'apparition
de la version de la Métaphysique de Moerbeke, et aussi parce que
plusieurs secrétaires ont travaillé au manuscrit de Naples
Bibl. Naz. VIII. F. 16. Il semble que Thomas n'ait pas composé le
commentaire selon l'ordre des livres d'Aristote. La version du texte utilisée
n'est pas partout celle de Moerbeke. D'une manière générale
le commentaire des livres II-III, où Métaphysique Lambda
est toujours cité comme livre XII, semble être postérieur
au commentaire qui va du livre V, lect. 7, au livre VII, lect. 16, où
Lambda est cité comme livre XI.
Sur cette base, les livres I et
IV seraient également antérieurs, tandis que du livre VII,
lect. 17, à la fin du livre XII, Lambda est toujours cité
comme livre XII. Dans ces conditions nous pouvons être certains seu-lement
que le commentaire sur Métaphysique, XII, est plus ancien que le
commentaire sur le De caelo (voir n° 39).
ÉDITIONS : Léonine,
t. XLVI en préparation ; Parme, t. XX ; Vives, t. XXIV-XXV ; Marietti
(Cathala et Spiazzi), 1950 et rééditions.
46. Sententia libri Ethicorum. Dix
livres (Paris, 1271). - Manuscrits existants : 86 complets, ou presque
complets, et 1 fragment. - Voir p. 313 s.
Des historiens plus anciens - et
certains auteurs contemporains -situent le commentaire à Rome ou
« aux environs de Rome» en 1265-1267, ou d'une manière
plus générale « autour de 1266 », au moins quant
à sa première rédaction. Cependant Gauthier a montré
que le commen-taire de l'Éthique est contemporain de la II-II de
la Summa : c'est ainsi que Ethicorum, I, lect. 6, correspond à II-II,
q. 80-81 ; Ethicorum, IV, lect. 8-9, un peu avant II-II, q. 129 ; et Ethicorum,
VII, lect. 10, corres-pond à II-II, q. 155. Le commentaire sur l'Éthique
a donc été écrit en 1271 et, peut-être, au début
de 1272. Gauthier a montré également que Thomas a eu connaissance
de l'existence de Métaphysique Kappa (XI) entre la rédaction
de Ethicorum, I, lect. 1, n. 1 (éd. Pirotta) et Ethicorum, I, lect.
6, n. 79. Cet intervalle correspond au temps entre la fin de I-II et le
commencement de II-II (voir n 3). Thomas semble donc avoir pris connaissance
de Métaphysique Kappa au début de 1271.
Le texte latin que Thomas a commenté
est une révision de la traduc-tion de Grosseteste (1246-1247). On
pensait communément que cette révision était l'oeuvre
de Moerbeke, mais il a été démontré qu'elle
ne provient pas de Moerbeke ; si cela avait été le cas le
texte dont disposait Thomas n'aurait pas été aussi corrompu.
Gauthier suggère que la révision utilisée par Thomas
date de 1270 environ.
ÉDITIONS : Léonine,
t. XLVII, Rome, 1969 ; Parme, t. XX ; Vives, t. XXV-XXVI ; Marietti, 1949.
47. Sententia libri Politicorum.
Inachevé, se termine à III, 6, 1280a6 [III, lect.6] (probablement
Paris, 1269-1272). - Manuscrits exis-tants : 27 complets et 2 fragments.
Le texte d'Aristote utilisé
pour ce commentaire est la révision par Moerbeke des livres 1 et
II (d'une traduction antérieure anonyme), et la traduction par Moerbeke
des livres III-VIII, achevée autour de 1260. Le commentaire de Thomas
ne va que jusqu'à III, 6, 1280b6, c'est-à-dire porte sur
« le premier, le deuxième et une partie du troisième,
avec le supplément de maître Pierre d'Auvergne pour tout le
reste » (Car. Bibl. Pont. 1317). La librairie de Paris cependant
n'a pas retenu le commentaire de Thomas des six premiers chapitres du livre
III, et lui a substitué le
commentaire de Pierre d'Auvergne
à partir du début du livre III jusqu'au livre VIII. C'est
pourquoi certains manuscrits contiennent les deux commentaires sur III,
1-6, tandis que d'autres substituent le commentaire de Pierre à
celui de Thomas à partir du début du livre III.
Il n'est pas possible de déterminer
la date du commentaire de Thomas
Mandonnet le situe u au voisinage
de 1268 » ; Grabmann suggère u vers 1272 », tandis que
Walz et Eschmann le datent de 1269-1272, du second séjour de Thomas
à Paris.
Bien que Thomas cite rarement des
parties de la Politique qu'il n'a pas commentées, il faut noter
qu'on trouve quatre passages de ce type dans la partie authentique du De
regno (n° 62), non mentionnés par les éditeurs de la
Léonine: Pol., V, 12 (I, 10, n. 82) ; Pol., VI, 4 (II, 7, n. 141)
; Pol., V, 3 (II, 7, n. 138) ; et Pol., VI, 4 (II, 7, n. 141). C'est pourquoi
Thomas connaissait la traduction entière faire par Moerbeke dès
1265, lorsqu'il rédigea le De regno.
ÉDITIONS : Léonine,
t. XLVIII, Rome, 1971 ; Marietti, 1951.
Traduction : a Ix libros Politicorum
Aristotelis expositio »/Préface à la a Politique»,
trad. Hughes Keraly, Paris, Nouvelles éditions latines, 1974.
AUTRES COMMENTAIRES
48. Expositio super librum Boethii
De trinitate. Inachevé, s'arrête au chapitre II [q. 6, a.
4] (Paris, 1252-1259). - Autographe, Vatican MS Vat. lat. 9850, f°
90 r° a-104 v° b, de la question 3, article 2, à la fin.
- Manuscrits existants : Autographe + 19. - Voir p. 155-159.
Le commentaire à proprement
parler du De trinitate est très bref et il est, pour l'essentiel,
une discussion portant sur différentes questions soulevées
par le texte. Thomas est le seul grand scolastique du xiii° siècle
à avoir commenté ce texte, qui l'a été amplement
au xit° siècle. Chenu a découvert qu'Annibaldo Annibaldi
cite implicitement l'oeuvre de Tho-mas (q. 2, a. 2 ad 7) dans son commentaire
des Sentences (I, q. 1, a. 1 ad 2), datant du temps où il était
bachelier auprès de Thomas (1258-1260). Si on admet avec B. Decker
(p. 44) que la discussion sur la méthode théo-logique et
la révélation est plus achevée dans cet ouvrage que
dans le Scriptum super I Sent., il semblerait que ce commentaire ait été
écrit peu de temps après 1252, lorsque Thomas avait achevé
le prologue des Sen-tences.
ÉDITIONS : texte définitif,
B. Decker, Expositio..., Leyde, Brill, 1955 ; Marietti, 1954, Opuscula
theologica Il, p. 313-389.
49. Expositio in librum Boethii De
hebdomadibus. Inachevé, s'arrête à n. 46 [lect. 5]
(Paris, 1256-1259). - Manuscrits existants : 32. -Voir p. 159.
Ce commentaire du troisième
traité de théologie de Boèce, inhabituel au xiii`
siècle, est généralement considéré comme
lié au précédent (n° 48)
et comme ayant été
écrit durant la première maîtrise à Paris (1256-1259).
On en ignore les circonstances.
ÉDITIONS: Parme, t. XVII,
p. 349-396 ; Vives, t. XXVIII, p. 468-481 ; Marietti, Opuscula theologica
II, p. 391-408.
50. Expositio super Dionysum De divinis
nominibus (Rome, 1265-1267). - Manuscrits existants : 26 complets et 1
fragment. - Voir p. 198 s., 222.
Il s'agit de la première
incursion importante de Thomas dans le domaine de la théologie grecque.
Mandonnet suggère que l'ouvrage a été écrit
« après 1260 », tandis que Walz le situe en 1261. Il
fut certainement écrit avant l'achèvement par Moerbeke de
la traduction de l'Elementatio Iheologica de Proclus le 18 mai 1268 à
Viterbe. Nous avons suggéré, mais sans raisons contraignantes,
que ces « lectures » ont pu être données aux étudiants
dominicains à Sainte-Sabine à Rome, en 1265-1267.
ÉDITIONS : Parme, t. XV,
p. 259-405 ; Vives, t. XXIX, p. 374-580 ; Marietti, 1950.
51. Expositio super librum De causis
(Paris 1271-1272). - Manuscrits existants : 55 complets et 7 fragments.
Le Liber de causis fut souvent considéré
comme un écrit authentique d'Aristote (In Boeth. De trin., q. 6,
a. 1, obi. 2) ; plus souvent cependant il était cité sans
indication d'auteur. Lorsque Moerbeke eut traduit l'Ele-mentatio theologica
de Proclus (achevé le 18 mai 1268 à Viterbe), le De causis
fut aussitôt reconnu comme étant constitué d'«
extraits » de Pro-clus, « en particulier parce que tout ce
qui est contenu dans ce livre (De causis) est contenu de façon plus
complète et plus élaborée dans l'autre » (Prol.).
Métaphysique Lambda y est constamment cité comme livre XII
; l'Expositio de Thomas a donc été écrite après
le début de 1271. Saffrey affirme qu'elle a dû être
écrite « dans la première moitié de 1272 ».
Un exemplaire de l'ouvrage se trouvait dans la librairie de Paris en 1304,
sous le titre Sententia De causis, 7 pecias.
ÉDITIONS: texte critique
établi par H. D. Saffrey, Fribourg, Soc. Phil., 1954.
ÉCRITS POLÉMIQUES
52. Contra impugnantes Dei cultum
et religionem (Paris, septembre-octobre 1256). - Manuscrits existants :
54 complets et 26 éditions imprimées - Voir p. 106-110.
Cette réfutation détaillée
du De periculis novissimorum temporum de Guillaume de Saint-Amour (cinquième
et dernière version achevée vers août 1256) fut écrite
avant la promotion de Thomas à la maîtrise (prin-temps 1256)
et avant qu'il ait eu connaissance de la condamnation de
l'ouvrage de Guillaume le 5 octobre
1256. Tolomeo de Lucques note de façon explicite qu'elle fut écrite
« infra autem magisterium >, entendant peut-être par là
avant de commencer l'année universitaire, ou avant d'être
admis dans le consortium magistrorum. L'ouvrage polémique de Thomas
n'a pas eu d'influence sur la condamnation du De periculis, et Thomas n'était
pas non plus à la curie pontificale avec Albert et Bonaventure pour
défendre la cause des mendiants. Thomas semble avoir achevé
son Contra impugnantes avant d'apprendre la condamnation du 5 octobre.
ÉDITIONS : Léonine,
t. XLI A, Rome, 1970 ; Parme, t. XV ; Vives, t. XXIX ; Marietti, 1954,
Opuscula theologica, II, p. 5-110.
Traduction : Contre ceux qui combattent
le culte de Dieu et la religion, dans : Opuscules théologiques,
5, Paris, Vrin, 1984.
53. De perfectione spiritualis vitae
(Paris fin 1269-début 1270). -Manuscrits existants : 114 complets
et 4 fragments. - Voir p. 296-297.
Les vingt-trois premiers chapitres
sont dirigés contre le Contra adver-sarium perfectionis christianae
de Gérard d'Abbeville, publié durant l'été
1269 ; les chapitres xxiv à xxx sont une réponse à
deux objections supplémentaires faites par Gérard. Bien que
les vingt-trois premiers chapitres constituent une réplique, Thomas
a essayé d'écrire un traité objectif sur la nature
de la vie religieuse et de la vie de perfection ; cependant les sept derniers
chapitres constituent à nouveau un écrit polémique.
ÉDITIONS: Léonine,
t. XLI B, Rome, 1963 ; Parme, t. XV ; Vives, t. XXIX ; Marietti, 1954,
Opuscula theologica, II, p. 115-153.
Traductions: Vers la perfection
de la vie spirituelle, trad. H. Maréchal, Paris, Lethielleux, 1932
; Sur la perfection de la vie spirituelle, dans . Opus-cules théologiques,
4, Paris, Vrin, 1984.
54. Contra doctrinam retrahentium
a religione [habituellement appelé Contra retrahentes] (Paris, été
1271). - Manuscrits existants
25 complets et 26 éditions
imprimées. - Voir p. 298-301.
Cet ouvrage est une réplique
à Gérard d'Abbeville et aux Geraldini qui entendaient empêcher
l'entrée de jeunes garçons dans la vie religieuse. Dans certains
manuscrits il est dirigé contre la « doctrine pestiférée
» de Gérard et de ses adeptes. Selon les éditeurs de
la Léonine, ce traité a été écrit entre
le carême 1271 (Q. disp. De ingressu puerorum in religione) et l'avent
1271 (Quodl. 5 et ll-Il, q. 189).
ÉDITIONS : Léonine,
t. XII C, Rome 1969 ; Marietti, 1954, Opuscula theologica, II, p. 159-190.
Traductions : L'Entrée en
religion (Contra retrahentes...), trad. H. Maréchal, Juvisy, Éd.
du Cerf, 1935 ; Contre l'erreur pestiférée de ceux qui empêchent
les hommes d'entrer en religion, dans : Opuscules théologiques,
4, Paris, Vrin, 1984.
55. De unitate intellectus contra
Averroistas (Paris, 1270). - Manus-crits existants : 56. - Voir p. 307-310.
Ce traité est une réplique
à une oeuvre inconnue de Siger de Brabant sur la nature de l'intellect,
que Siger considérait comme unique pour tous les hommes. Ce fait
et la date sont établis par Oxford, MS Corpus Christi Col lege 225
: < Thomas a écrit cet [ouvrage] contre maître Siger de
Brabant et de nombreux autres maîtres en philosophie à Paris
dans l'année de Notre Seigneur 1270. » Cependant le traité
précis que vise ce traité n'est pas connu ; il fut écrit
avant la condamnation de l'averroïsme le 10 décembre 1270.
ÉDITIONS : texte fiable établi
par L. W. Keeler, Rome, Gregorianum, 1936 ; Léonine, t. XLIII, Rome,
1976, Préface, p. 245-287, texte p. 291-314 ; Parme, t. XVI, p.
208-224 ; Vives, t. XXVII, p. 311-335 ; Marietti, 1954, Opuscula philosophica,
p. 63-90 (texte de Keeler, sans appareil).
Traduction : De l'unité de
l'intellect, Contre les disciples d Averroès, dans Opuscules théologiques,
3, Paris, Vrin, 1984.
56. De aeternitate mundi (Paris,
printemps 1271). - Manuscrits exis-tants : 89 complets.
À la suite de Mandonnet,
beaucoup de spécialistes ont considéré cet ouvrage
comme un traité philosophique s'inscrivant dans la crise aver-roïste
à Paris autour de 1270. Mais, comme l'a reconnu Chenu, le pro-blème
discuté est clairement un problème théologique, et
qui a été suscité par la réception des écrits
d'Aristote sur l'éternité du monde par des chrétiens
et des juifs croyant en la révélation au sujet de la création,
telle qu'elle est rapportée dans le livre de la Genèse. Suivant
Moïse Maïmo-nide, Thomas a toujours fait la distinction entre
le fait de la création, qui peut être connu par la raison
philosophique, et la « création dans le temps », qui
ne peut être connue que par la révélation (Scriptum
super II Sent., dist. 1, q. 1). Certains chercheurs modernes (Pelster,
Bukowski) considèrent ce traité comme un écrit ancien,
dirigé contre Bonaventure ; d'autres (Brady) le considèrent
comme un écrit parisien plus tardif, dirigé peut-être
contre une détermination faite par jean Pechham au début
de 1270. J'ai montré ailleurs que le De aeternitate mundi ne vise
pas une personne ou une détermination en particulier, mais la position
commune des maîtres parisiens (communitas Parisiensis), et qu'il
a été composé après que Thomas a commenté
Physique, 8, d'Aristote et au moment où il acquit la conviction
que, contrairement à la position de Moïse Maïmo-nide (et
à sa propre conviction antérieure), Aristote avait réellement
pensé avoir « démontré » l'éternité
du mouvement, du temps et du monde. C'est pourquoi ce traité doit
être daté du printemps 1271 au plus tôt. Voir mon étude
« The Date and Contexte of Thomas' De aeternitate mundi »,
Graceful Reasons (Essays in Honour of joseph Owens), éd. Lloyd Gerson,
Toronto, PIMS, 1983
ÉDITIONS: Léonine,
t. XLIII, Rome, 1976, Préface, p. 33-81 ; texte, p. 85-89 ; Parme,
t. XVI, p. 318-320 ; Vivès, t. XXVII, p. 450-453 ; Marietti, 1954,
Opuscula philosophica, p. 105-109.
Traduction: De l'éternité
du monde, dans: Opuscules théologiques, 6, Paris, Vrin, 1984.
TRAITÉS SUR DES SUJETS PARTICULIERS
57. De fallaciis ad quosdam nobiles
artistas (Roccasecca, 1244-1245). - Manuscrits existants : 66 complets.
- Voir p. 47-48.
Cet écrit de jeunesse consacré
à l'explication de quatorze sortes de raisonnements fallacieux semble
s'appuyer sur les Fallaciae maiores de Pierre d'Espagne plutôt que
sur le texte réel des Sophistici elenchi d'Aris-tote. Les spécialistes
sont divisés quant à la date de ce traité ; certains,
comme Grabmann et Walz, le situent au début de la carrière
de Thomas, le plaçant dans les années 1268-1272 ; Mandonnet
nia tout d'abord son authenticité parce qu'il ne figure pas dans
le « catalogue officiel» présenté par Barthélemy
de Capoue (1319), mais a admis plus tard qu'il a pu être écrit
en 1244-1245. Michelitsch le date sans réserve de 1244. Notre propre
conviction est qu'il fut écrit pour d'anciens compagnons d'étude
ès arts à l'université de Naples au moment où
Thomas était retenu à Roccasecca en 1244-1245.
ÉDITIONS : L°1,nine,
_. XLI-1, Rou=e, 1976, Préface, p. 383-40Ù , texte, p. 403-418
; Vives, t. X >WII, p. 533-548 ; Perrier (OpuseultË, l'ans _949
p. 430-461 ; Marietti, 1954, Opuscula
philosophica, p. 225-240.
58. De ente et essentia ad fratres
et socios suos (Paris, 1252-1256). -Manuscrits existants : 181 complets.
- Voir p. 95 s.
Il s'agit de l'un des premiers traités
écrits par Thomas. Tolomeo de Lucques note que Thomas l'a écrit
avant de devenir maître en théologie (« nondum existens
magister n), c'est-à-dire avant mars 1256. Il est clair qu'il a
été écrit à l'usage de ses confrères
à Saint-Jacques. La source principale de Thomas est Avicenne.
ÉDITIONS : Roland-Gosselin
sur la base de 8 manuscrits parisiens, Le Saulchoir, 1926 ; Paris, 1948
; L. Baur sur la base du texte a commun n et de 11 manuscrits italiens
et allemands, Münster, 1926 ; Léonine, t. XLIII, Rome, 1976,
Préface, p. 317-361, texte p. 369-381 ; C. Boyer a corrigé
l'édition de la Piana sur la base de Roland-Gosselin et de Baur
lorsqu'ils s'accordent : Marietti, 1954, Opuscula philosophica, p. 5-18
(repr, de Boyer) ; Perrier sur deux manuscrits de Paris, en particulier
Bibi. Nat. lai. 14546: Opuscula, Paris, 1949.
Traduction : L'Être et l'Essence
(De ente et essentia), trad. Cathérint Capelle, Paris, Vrin, 1947
(5` éd. 1979).
59. De principiis naturae ad fratrem
Sylvestrvm (Paris, 1252-1256). -Manuscrits existants: 82 complets. - Voir
p. 96 s.
II n'est pas douteux que cette oeuvre
ait été écrite à la requête d'un Frère
Sylvestre de Saint-Jacques, autrement inconnu, durant les années
où Thomas fut baccalarius Sententiarum (1252-1256). Tolomeo de Lucques
affirme de façon explicite qu'elle fut écrite avant que Thomas
soit devenu maître (a infra magisterium »). Elle traite des
principes du changement, à savoir de la matière, de la forme,
de la privation, ainsi que des quatre causes du changement dans la nature
; la doctrine est plus explicite que dans Aristote, Physique, I-II.
ÉDITIONS : Léonine,
t. XLIII, Rome, 1976, Préface, p. 3-32, texte, p. 39-47 ; Parme,
t. XVI, p. 338-342 ; Vivès, t. XXVII, p. 480-486 ; Marietti, 1954,
Opuscula philosophica, p. 121-128 ; J.-J. Pauson (texte cri-tique), Fribourg-Louvain,
1950.
Traductions : Les Principes de la
réalité naturelle (De principiis naturae), trad. Jean Madiran,
Paris, Nouvelles éditions latines, 1963 ; Les Principes de la mature,
trad. Roger Bernier, Montréal, Éditions du Centre de psy-chologie
et de pédagogie, 1962 ; Sur les principes de la nature, dans Opus-cules
théologiques, 6, Paris, Vrin, 1984.
60. Compendium theologiae ad fratrem
Reginaldum socium suum. Inachevé, se termine à la deuxième
partie, De spe, c. 10 (Paris ou Naples 1269-1273). - Manuscrits existants
: 82, dont 38 contiennent seulement la première partie (De fide),
et 3 seulement la deuxième partie (De spe) ; et 13 fragments. -
Voir p. 348-349.
Divisé en trois parties -
foi, espérance et charité - ce traité s'inter-rompt
brusquement dans le c. 10 de la deuxième partie. De fade couvre
brièvement l'ensemble de la doctrine catholique, à l'exception
des sacre-ments, en deux cent quarante-six chapitres. Bologne, Archiginnasio
MS a 209 (fin du xlli° siècle) se termine avec cette remarque:
< Frère Thomas d'Aquin a écrit jusqu'ici, mais hélas,
empêché par la mort, il l'a laissé inachevé.
» Malgré cette affirmation, certains spécialistes situent
le Compendium plus tôt : Lottin place Compendium, c. 202, avant Summa
theologiae, I-II, q. 81, et De malo, q. 4, a. 1 ; Chenu considère
qu'il est contemporain de la Summa contra geutiles. Les deux hytothèses
s'appuient sur des comparaisons de la doctrine. C'est pourquoi J. Perrier
et d'autres donneraient une date distincte pour les deux parties de l'ouvrage
: plus tôt pour De file (1259-1265) et plus tard pour De spe (1272-1273).
Van Steenbergen cependant considère que De fade est contemporain
de De potentia (1265-1267).
ÉDITIONS : Léonine,
t. XLIII, Rome, 1976, préface, p. 3-32, texte p. 39-47 ; Parme,
t. XVI, p. 1-85 ; Vives, t. XXVII, p. 1-127 ; Marietti, 1954, Opuscules
theologica, I, p. 13-138.
Traductions : Bref résumé
de la foi chrétienne (Compendium theologiae), trad. Jean Kreit,
Paris, Nouvelles éditions latines, 1985 ; Compendium de la rhéologie,
dans Opuscules théologiques, 1, Paris, Vrin, 1984.
61. De substantiis separatis (ou
De angelis) ad fratrem Reginaldum socium suum. Inachevé, se termine
au c. 20 (Paris ou Naples, 1271-1273). - Manuscrits existants : 29. - Voir
p. 349 s.
Cet ouvrage important sur la nature
des substances séparées que cer-tains, dont Thomas, appellent
anges, fut écrit après le 18 mai 1268, puisque Thomas cite
deux fois l'Elementatio theologica de Proclus, et après le commencement
de 1271, puisqu'il se réfère à deux reprises à
Méta-physique Lambda comme au livre XII. Certains manuscrits affirment
que la mort a empêché Thomas de l'achever; de façon
plus précise le terminus ante quem serait le 6 décembre 1273.
ÉDITIONS : Léonine,
t. XL D, Rome, 1968 ; Parme, t. XVI, p. 183-207 ; Vivès, t. XXVII,
p. 273-310 ; Marietti, 1954, Opuscula philosophica, 21-58 ; texte critique
établi sur 12 manuscrits : F. J. Lesce, West Hart-ford, Conn. 1959.
Traduction : Sur la nature des anges,
dans Opuscules théologiques, 3, Paris, Vrin, 1984.
62. De regno (ou De regimine principum)
ad regem Cypri. Inachevé, se termine à II, c. 4 (les 21 premiers
chapitres); « achevé > par Tolo-meo de Lucques en quatre livres
(Rome, 1265-1267). - Manuscrits existants : 86. - Voir p. 213-219.
Ce traité sur le gouvernement
par les souverains temporels devait être un cadeau à Hugues
II de Lusignan, roi de Chypre (t décembre 1267). Le fait que Thomas
a écrit un traité De regno ressort clairement de tous les
catalogues existants, et la fin de l'ouvrage en II, 4, « ut animi
hominum recreentur », est établie à partir de tous
les manuscrits existants. Cepen-dant Eschmann affirme que les vingt et
un chapitres existants ont été corrompus par Tolomeo de Lucques
qui soutenait de façon décidée les revendications
guelfes, ou papalistes. Nous avons expliqué que le texte est authentique
jusqu'à II, 4, et qu'il ne contredit aucun autre passage des écrits
de Thomas. Voir en particuliers L. P. Fitzgerald, « St. Thomas Aquinas
and thé Two Powers », Angelicum 56 (1979), p. 515-556 ; Jeremy
Catto, « Ideas and Expérience in thé Political Thought
of Aquinas », Past and Present71 (1976), p. 3-21.
ÉDITIONS : Léonine,
t. XLII, Rome, 1979, Préface, p. 419-444 ; texte, p. 449-471 ; Parme,
t. XVI, p. 225-291 ; Vives, t. XXVII, p. 336-412 ; Marietti, 1954, Opuscula
philosophica, p. 257-358 (tous les quatre livres) ; Perrier, Opuscula,
Paris, Lethielleux, 1947, p. 223-267.
Traduction : Du Royaume (De Regno),
trad. Marie Martin-Cottier, Fribourg, Éditions universitaires, 1946.
CONSULTATIONS
63. Contra errores Graecorum, ad
Urbanum IV Pontificem Maximum. Deux parties (Orvieto, été
1263). - Manuscrits existants: 57. -Voir p. 192-195.
Au début de 1263 Urbain IV
demanda à Thomas son opinion d'expert à propos d'un Libellus
de processione Spiritus Sancti et de fide trinitatis contra errores Graecorum,
compilé par Nicolas de Durazzo, évêque de Cotrone en
Italie du Sud, et qui visait à prouver que les Pères grecs
enseignaient la doctrine du filioque. Thomas fut très circonspect
quant aux autorités mises en avant, et « mal à l'aise
» devant le Libellus. Cependant, avec le temps, le Libellus fut oublié
et l'ouvrage de Thomas fut considéré comme un arsenal d'arguments
contre les Grecs. Le traité était achevé avant la
composition du Contra gentiles IV, c. 69, sur la consécration du
pain sans levain (n° 2).
ÉDITIONS: Léonine,
t. XL A, avec le Libellus de ftde trinitatis, Rome, 1967 ; Parme, t. XV,
p. 239-258 ; Vives, t. XXIX, p. 344-373 ; Marietti, 1954, Opuscula theologica,
I, p. 315-346, avec le Libellus (Uccelli), p. 347-412.
Traduction : Contre les erreurs
des Grecs, contre les Grecs, les Arméniens et les Sarrasins, dans
Opuscules théologiques, 2, Paris, Vrin, 1984.
64. Responsio ad fr. Joannem Vercellensem
de articulis 108 ex opere Petri de Tarentasia (Rome, 1265-1266). - Manuscrits
existants : 4.
Cette oeuvre n'est mentionnée
dans aucun des catalogues anciens, mais son authenticité est établie
par 4 manuscrits et par le contenu de la réponse de Thomas. Un critique,
ou détracteur, anonyme avait tiré cent huit propositions
du commentaire de Pierre de Tarentaise sur les Sen-tences, I-II, comme
l'a montré B. Smeraldo. Ces propositions furent sou-mises à
Thomas par le maître général jean de Verceil (1264-1283)
qui lui demanda son avis d'expert. D'une manière générale
Thomas disculpe Pierre et blâme le « détracteur »
d'avoir soupçonné le pire. Pierre devint archevêque
de Lyon en 1272, cardinal d'Ostie en 1273, et pape sous le nom d'Innocent
V en 1276.
ÉDITIONS : Léonine,
t. XLII, Rome, 1979, Préface, p. 263-273, texte, p. 279-294 ; Parme,
t. XVI, p. 152-162 ; Vivès, t. XXVII, p. 230-247 ; Marietti, Opuscula
theologica, I, p. 223-240 ; les propositions de correction du texte proposées
par R.-J. Martin (« Notes critiques au sujet de l'Opuscule IX »,
Mélanges Auguste Pelaer, Louvain, 1947, p. 302-323) devraient être
prises en considération.
65. Responsio ad fr. Joannem Vercellensem
de articulis 42 [43] (Paris, 2 avril 1271). - Manuscrits existants : 34.
- Voir p. 321 s.
Le 1" avril 1271, Thomas reçut
une liste de quarante-trois questions du maître général
jean de Verceil, qui lui demanda son avis d'expert. Le
même questionnaire fut envoyé
à Albert le Grand à Cologne et à Robert Kilwardby
en Angleterre. Dans sa réponse, Thomas réunit en une les
questions 8 et 9, peut-être par inadvertance, ramenant ainsi la liste
à quarante-deux ou lieu de quarante-trois questions. Cette liste
du maître général combine les listes précédentes
envoyées à Thomas par Frère Bassiano de Lodi, lecteur
de Venise, et par ses étudiants pour qu'il en juge (n° 75-76).
ÉDITIONS : Léonine,
t. XLII, Rome, 1979, Préface, p. 299-320, texte, p. 327-335 ; Parme,
t. XVI, p. 163-168 ; Vivès, t. XXVII, p. 248-255 ; Marietti, 1954,
Opuscula theologica, I, p.211-218. La réponse de Kil-wardby a été
éditée par Chenu, Mélanges Mandonnet, Paris, 1930,
t. I, p. 191-222; la réponse d'Albert a été éditée
par Weisheipl, Mediaeval Studies 22 (1960), p. 316-354.
66. De forma absolutionis sacramentalis
ad generalem magistrum Ordinis (Paris, « fête de la Chaire
de Saint-Pierre », le 22 février, probablement 1269). - Manuscrits
existants : 43 complets et 2 fragments.
Le Libellus envoyé par le
maître général, jean de Verceil, affirmait que la forme
indicative de l'absolution sacramentelle : « Je t'absous »,
ne devait pas être employée, et qu'il fallait employer au
contraire la forme déprécative : « Que Dieu t'absolve
». Thomas argumenta en faveur de la forme indicative, parce que exprimant
mieux le pouvoir donné par le Christ aux apôtres et à
l'Église, et affirmant qu'il serait présomptueux de nier
la validité de la forme indicative qui était alors utilisée
dans l'Église latine.
ÉDITIONS : Léonine,
t. XL C, Rome, 1969 ; P. Castagnoli, L'Opuscole « De forma absolutionis
» di San Tommaso d Aquino, 2` éd., Plaisance, Col-legio Alberoni,
1933 ; Marietti, 1954, Opuscula theologica, 1, p. 173-180 (texte de Castagnoli
sans appareil).
67. De secreto (Paris, 1269). - Manuscrits
existants : 43.
Il s'agit du rapport d'une commission
de sept maîtres établie par le chapitre général
à Paris en 1269 en vue d'examiner qui était l'auteur d'un
commentaire des Sentences que revendiquaient deux dominicains, Joan-nina
de Colonia, un Italien, et Jean de Cologne, un Allemand. L'objet des six
questions soumises à la commission était de déterminer
si un supérieur ou un juge peut ordonner qu'un sujet révèle
un secret, que ce secret soit couvert par le sceau de la confession, ou
que le frère ait écrit une lettre à son confesseur
hors de la commission, mais sous le sceau du secret. Tous les membres de
cette commission, à l'exception de Thomas, répondirent que
le supérieur n'avait aucune autorité pour contraindre ce
sujet de révéler le secret. Dans son avis minoritaire, Thomas
affirme que le supérieur peut ordonner au sujet de révéler
le secret. Le principe auquel il se réfère est que, si un
juge séculier peut exiger une réponse
sous serment, un supérieur
religieux le peut aussi. Aujourd'hui les sym-pathies iraient sans doute
du côté de l'avis de la majorité, pour estimer que
personne ne peut être contraint de s'accuser lui-même sous
serment.
Il apparaît ainsi clairement
que De secreto est simplement l'avis d'une commission, et non un traité
écrit par Thomas. Cependant le texte a été compté
parmi les opuscula dès la fin du xIII` siècle dans Paris
MS Bibl. Nat. lot. 14546.
ÉDITIONS : Léonine,
t. XLII, Rome, 1976, Préface, p. 475-483, texte, p. 487-488 ; Mandonnet,
t. IV, p. 497-501 (à partir du manuscrit de Paris) ; Marietti, 1954,
Opuscula theologica, I, p. 447-448 (texte de Mandonnet).
LETTRES
68. De propositionibus modalibus
(probablement Roccasecca, 1244-1245). - Manuscrits existants: au moins
32. - Voir p. 48.
Ce bref texte est sans doute extrait
d'une lettre écrite par Thomas à un ou plusieurs de ses condisciples
de l'université de Naples lorsqu'il était retenu à
Roccasecca. Même I. M. Bochenski, qui a édité l'oeuvre
sur la base de quatre manuscrits et dont le jugement, au départ,
était sévère, en affirme l'authenticité, mais
le date tôt dans la vie de Thomas.
ÉDITIONS : Léonine,
t. XLIII, Rome, 1976, Préface, p. 385-400, texte, p. 421-422 ; Bochefiski,
Angelicum 17 (1940), p. 180-221 ; Marietti, 1954, Opuscula philosopkica,
p. 243-244.
69. De articulis fidei et Ecclesiae
sacramentis ad archiepiscopum Panormitanum (Palerme). Deux courtes parties
: De articulis fidei et De ecclesiae sacramentis (Orvieto, 1261-1265).
- Manuscrits exis-tants : 277.
La popularité de ce résumé
remarquable des articles de la foi et des hérésies contre
chacun d'entre eux est attestée par le grand nombre des manuscrits
existants. L'archevêque de Palerme, probablement Leonardo a de Comitibus
», demanda à Thomas d'écrire un bref ouvrage pouvant
être appris par coeur, et traitant des articles de la foi < tirés
du Credo des Pères », c'est-à-dire du symbole des Apôtres,
et de toutes les erreurs fondamentales les concernant; l'archevêque,
apparemment, demanda la même présentation pour l'ensemble
des sacrements de l'Église. Les six articles qui concernent la divinité
du Christ et les six concernant son humanité sont présentés,
et toutes les erreurs concernant les douze articles sont brièvement
indiquées et réfutées. Bien que les sacrements de
l'Église soient inclus dans le quatrième article du Credo,
ils font l'objet d'une discussion séparée dans la deuxième
partie, l'archevêque ayant demandé de façon explicite
qu'il y ait une discussion particulière portant sur les sacrements
et les hérésies qui s'y rapportent. Thomas manifeste une
connaissance très remarquable des diverses hérésies
de l'histoire de l'Église. La liste des erreurs et des hérésies
devrait être comparée avec celle qu'on trouve dans Super I-II
Decreralem (n° 71).
Mandonnet affirme que cette lettre
a été écrite en 1261-1262 ; Walz la date entre 1260
et 1268.
ÉDITIONS : Léonine,
t. XLII, Rome, 1979, Préface, p. 211-241, texte, p. 245-257 ; Parme,
t. XVI, p. 115-122 ; Vives, t. XXVII, p. 171-183 ; Marietti, 1954, Opuscula
theologica, I, p. 141-151.
70. Responsio ad Bernardum (Ayglier)
Abbatem Casinensem (peut-être pendant le voyage à Lyon, 1274).
- Manuscrit existant : 1.
Le texte de cette lettre est écrit
dans la marge du MS 82 du Mont-Cassin qui contient les Moralia de Grégoire
le Grand. Il fut découvert et rendu public en 1875 par dont Luigi
Tosti, qui estimait que le texte est un autographe de la littera illegibilis
de Thomas ; cette opinion cependant n'est plus soutenue par personne. Cette
lettre traite d'un point difficile de Grégoire, concernant la prédestination.
ÉDITIONS : Léonine,
t. XLII, Rome, 1979, Préface, p. 399-409, texte, p. 413-415 ; A.
Dondaine, u La Lettre de saint Thomas à l'abbé du Mont-Cassin
u, Comm. Studies, Toronto, PIMS, 1974 ; Mandonnet, Opuscula, t. III, p.
249-251 (une phrase et un passage important manquent à la fin) ;
Marietti, 1954, Opuscula theologica, I, p. 249-250 (repr. de Mandonnet).
71. Expositio super primant et secundam
Decretalem ad Archidiaco-num Tudertinum (Todi). (Très vraisemblablement
adressée à Gif-fredus d'Anagni, socius du prêvot de
Saint-Omer, Adenulf d'Anagni, et archidiacre de Todi dans les années
1260). - Manuscrits exis-tants : 28.
Les decretales en question sont
la première, Firmiter, et la deuxième, Damnamus, formulées
au IV` concile du Latran en 1215, et incorporées aux decretales
de Grégoire IX comme une partie du droit canonique médiéval.
Le premier chapitre, Firmiter, est une profession de foi en Dieu qui est
un et trine ; la deuxième est une condamnation du rejet par Joachim
de Flore de la doctrine de Pierre Lombard sur la Trinité. L'oeuvre
de Thomas est un commentaire des deux chapitres d'un point de vue théologique.
Cet ouvrage devrait être étudié en lien avec De articulis
fidei (n 69).
ÉDITIONS : Léonine,
t. XL E, Rome, 1968 ; Marietti, 1954, Opuscula theologica, I, p. 417-426.
72. De rationibus fidei contra Saracenos,
Graecos et Armenos ad Cantorem Antiochiae (Orvieto, 1264). - Manuscrits
existants 71 complets, 6 presque complets et 4 fragments. - Voir p. 199-200.
Cette réponse à un
chantre inconnu d'Antioche porte sur cinq objec-tions soulevées
par les musulmans, les Grecs et les Arméniens. Thomas met le chantre
en garde de vouloir prouver les vérités de la foi par la
seule raison et fait référence à trois reprises à
un « autre » ouvrage « qui traite le même sujet
plus amplement ». II s'agit sans aucun doute de la Summa contra gentiles,
IV, qui fut achevée à Orvieto en 1264 (n 2). Walz donne la
date de 1261-1264 et suggère que le chantre d'Antioche a écrit
à Thomas sur la suggestion de son évêque, un dominicain
du nom de Christian Elias ( ?).
ÉDITIONS: Léonine,
t. XL B, Rome, 1969 ; Parme, t. XVI, p. 86-96 ; Vives, t. XXVII, p. 128-143
; Marietti, 1954, Opuscula theologica, I, p. 416-417.
Traduction : Contre les erreurs
des Grecs, contre les Grecs, les Arméniens et les Sarrasins dans
Opuscules théologiques, 2, Paris, Vrin, 1984.
73. De motu cordis ad Magristrum
Philippum de Castrocaeli (Paris, 1270-1271). - Manuscrits existants: 119.
Selon le catalogue de Barthélemy
de Capoue, cette lettre et une autre, sur le mélange des éléments
(n" 74), furent adressées toutes deux à un certain «
maître Philippe de Castrocaeli », par ailleurs inconnu. Mandon-net
suggère que le maître Philippe a pu être un médecin
tout d'abord professeur à Bologne, puis à Naples ; mais il
n'y a pas de preuves. L'objet de cette lettre est de montrer que le mouvement
du sang et du coeur est produit par la « nature » et non pas
par l'« âme » ou par une force exté-rieure. Mandonnet
et Walz la datent tous deux de Naples en 1273 ; Eschmann suggère
Paris, en 1270-1271. Il s'agit d'un des traités conservés
par Geoffroy de Fontaines (Paris MS Bibl. Nat. lat. 16297) comme gardant
un intérêt particulier.
ÉDITIONS : Léonine,
t. XLIII, Rome, 1976, Préface, p. 95-122, texte, p. 127-130 ; Perrier,
Opuscula, I, p. 63-69 (texte de base : le manuscrit de Paris); Parme, t.
XVI, p. 358-360 ; Vives, t. XXVII p. 507-511 ; Marietti, 1954, Opuscula
phiiosophica, p. 165-168.
74. De mixtione elementorum ad Magistrum
Philippum de Castro-caeli (probablement Paris, 1270-1271). - Manuscrits
existants : 110.
Dans le catalogue de Barthélemy
de Capoue, cette lettre et celle appelée De motu cordis (n°
73) furent adressées toutes deux à « maître Philippe
de Castrocaeli ». L'objet de cette lettre est de montrer que les
éléments demeurent dans les composés de façon
virtuelle, mais non formelle, et que la nouvelle forme du composé
opère à travers des pouvoirs qui demeurent. Ce bref extrait
a été ajouté à la « continuation »
anonyme du commentaire de Thomas du De generatione et corruptione comme
une partie du n° 7 dans I, lect. 24 (voir Léonine, III, Appendice
I, p. xtx-xx : « Circa secundum auteur diversi... » ), avec-
beaucoup de variantes du texte « commun ».
ÉDITIONS : Léonine,
t. XLIII, Rome, 1976, Préface, p. 135-151, texte, p. 155-157 ; Perrier,
Opuscula, I, p. 19-22 (texte du manuscrit de Paris);
Parme, t. XVI, p. 353-354 ; Vives,
t. XXVII, p. 502-503 ; Marietti, 1954, Opuscula philosophica, p. 155-156.
75. Responsio ad lectorem Venetum
de articulis XXX (Paris, avant le 1' avril 1271). - Manuscrits existants:
5. Texte A (voir n° 76).
Le destinataire de cette lettre
était Frère Bassiano de Lodi, lecteur du couvent dominicain
de SS. Giovanni e Paolo à Venise. Il s'agit de la première
d'une série de lettres portant sur des sujets particuliers, la plupart
sans importance, qui conduiront le maître général,
jean de Ver-ceil, à intervenir, et qui donneront lieu aux réponses
de trois maîtres en théologie (voir n° 65). Selon l'étude
de J. Destrez, Frère Bassiano envoya une liste de 30 questions en
mars 1271, auxquelles Thomas donna une réponse (texte A) ; cette
lettre se trouve seulement dans cinq manuscrits dont Destrez connaissait
quatre. Peu après, quelques étudiants de Venise envoyèrent
à Thomas une série de six autres questions (« articuli
iterum remissi > ). Plus tard le lecteur envoya une autre liste de trente-six
articles qui incluait trois sujets de la liste des étudiants. Thomas
répondit à cette liste plus longue, que Destrez appelle le
texte B (n° 76) avant avril, date à laquelle une liste de quarante-deux
questions lui fut envoyée par jean de Verceil (n° 65).
ÉDITIONS : Léonine,
t. XLII, Rome, 1979, Préface, p. 299-320, texte, p. 321-324 ; texte
établi par Destrez à partir de 4 manuscrits dans Mélanges
Mandonnet, Paris, 1930, p. 174a-198a ; Marietti, 1954, Opuscula theologica,
I, p. 193-197.
76. Responsio ad lectorem Venetum
de articulis XXXVI (Paris, avant avril 1271). - Manuscrits existants: 34.
Texte B (voir n° 75).
Il s'agit de la réponse plus
longue et plus élaborée à la liste de trente-six questions
de Frère Bassiano, dont la plupart sont identiques à celles
de la liste antérieure, et qui se trouvent également dans
la réponse à jean de Verceil (n° 65). Aucune de ces questions
et de ces réponses n'a trait à l'averroïsme latin qui
préoccupait alors les savants de Paris, ni au néo-augustinisme
qui avait alors le soutien de nombreux franciscains, domi-nicains et séculiers
de Paris.
ÉDITIONS : Léonine,
t. XLII, Rome, 1979, Préface, p. 299-320, texte, p. 339-346 ; Vives,
t. XXVII, p. 256-263 ; Marietti, 1954, Opuscula theo-logica, I, p. 199-209
(à partir du texte établi par Destrez, 174b-189b). Les <
articuli iterum remissi a quibusdam scolaribus », extraits du texte
B, se trouvent dans Vives, t. XXXII, p. 832-833 (d'après Uccelli).
77. Responsio ad lectorem Bisuntinum
(Besançon) de articulis VI. -Manuscrits 53.
Frère Gérard de Besançon,
lecteur du couvent dominicain du lieu, envoya à Thomas six questions
lui demandant si certaines idées parti-culières pouvaient
être prêchées en chaire, par exemple l'étoile
qui est apparue aux mages avait-elle la forme d'une croix; la croix comportait-elle
une figure humaine; avait-elle la forme d'un crucifix; les petites mains
de l'Enfant jésus ont-elles créé les étoiles;
la Vierge Marie a-t-elle pensé à la prophétie de Siméon
selon laquelle, sept fois par jour, jusqu'à la résurrection
du Christ, un glaive percerait son caeur ; et les circonstances entourant
un péché véniel doivent-elles être confessées
dans le sacrement de la pénitence. D'une manière générale,
Thomas conseilla que de telles choses ne devaient pas être prêchées
en chaire.
ÉDITIONS : Léonine,
t. XLII, Rome, 1979, Préface, p. 383-390, texte, p. 393-394 ; Parme,
t. XVI, p. 175-176 ; Vives, t. XXVII, p. 264-265 ; Marietti, 1954, Opuscula
theologica, I, p. 243-244.
78. De emptione et venditione ad
tempus. Adressée à Frère Jacques de Viterbe, lecteur
de Florence (Orvieto, vers 1262). - Manuscrits exis-tants: 17.
Cette oeuvre n'est mentionnée
par aucun des catalogues antérieurs à 1400, mais son authenticité
est admise par tous les spécialistes modernes. Cette brève
lettre, qui traite de l'achat et de la vente à crédit, doit
être vue à la lumière de la doctrine de Thomas concernant
l'usure, et du développement rapide de la vie commerciale à
Florence au xIII' siècle. Jacques de Viterbe, lecteur au couvent
dominicain Santa Maria Novella, fut nommé procureur général
de l'Ordre dominicain en 1265, et plus tard archevêque de Tarente,
de 1270 à 1273. Frère Jacques note qu'il sollicite l'avis
de l'« archevêque élu de Capoue > aussi bien que celui
de Thomas dans ce difficile cas de conscience. Marino d'Éboli, un
ancien étudiant de Thomas, était archevêque élu
du 13 janvier 1252 au 28 mai 1266 lorsqu'il fut réélu. Thomas
déclare au début de sa réponse qu'il a consulté
le cardinal Hugues de Saint-Cher sur ce point. Hugues mourut à Orvieto,
où séjournait Thomas, le 19 mars 1263. Hugues semble être
venu à Orvieto lorsque la curie pontificale y arriva en octobre
1262 ; c'est pour-quoi la réponse de Thomas doit avoir été
écrite entre octobre 1262 et mars 1263.
ÉDITIONS : Léonine,
t. XLII, Rome, 1979, Préface, p. 383-390, texte, p. 393-394 ; texte
critique établi par A. O'Rahilly dans Irish Ecclesiastical Record
31 (1928), p. 162-164 ; Marietti, 1954, Opuscula theologica, I, p. 185-186
(texte de A. O'Rahilly).
79. Epistola exhortaria de modo studendi
ad fratrem joannem. Pro-bablement authentique. - Manuscrits existants :
au moins 9.
Cette oeuvre n'est citée
par aucun des catalogues anciens ; la première mention se trouve
dans une lettre du bienheureux Venturino de Bergame (t 1346) à Frère
Eginolf d'Ehenheim. Cette courte lettre de trente-cinq à quarante
lignes énumère seize règles à suivre, si l'on
veut étudier avec profit. Bien que son authenticité soit
admise avec des réserves par tous les savants depuis Quétif-Échard
(Scriptores Ord. Praed., Paris, 1719, 1,
622), les fondements historiques
sont faibles, comme l'a montré Grab-mann. Mandonnet la qualifie
d'a aeuvre quelque peu douteuse ».
ÉDITIONS: Parme, t. XVII,
p. 338 ; Vives, t. XXVIII, p. 467 ; Marietti, 1954, Opuscula theologica,
I, p. 451.
80. Epistola ad comitissam Flandriae
[de regimine Judaeorum] (Paris, 1271). - Manuscrits existants: 83 complets.
Cette courte réponse à
huit questions est habituellement considérée comme une réponse
à la duchesse de Brabant au sujet du gouvernement des juifs, et
la duchesse est habituellement considérée comme étant
Alice de Bourgogne, femme de Henri III, duc de Brabant (t 26 février
1261). En fait la lettre est adressée à la plus célèbre
Marguerite de Constanti-nople, fille du roi Louis IX de France, qui était
comtesse de Flandres de 1244 à février 1286. Pendant plus
de quatre décades Marguerite fut une bienfaitrice généreuse
de l'ordre des Dominicains (et des Franciscains)
un fait que Thomas note dès
les premiers mots ; la comtesse et Thomas se sont probablement rencontrés
lors du chapitre général des Domini-cains à Valenciennes,
sur son teritoire (juin 1259). Apparemment Mar-guerite soumit huit questions
de conscience à Thomas ainsi qu'à un autre maître en
théologie, au mois, en 1271. Étant donné que les quatre
pre-mières questions et la dernière ont trait aux juifs dans
son royaume (la dernière concernant le vêtement particulier
imposé par le concile du Latran en 1215), cette lettre est souvent
intitulée De regimineJudaeorum, mais le plus souvent, comme dans
la Léonine, elle est appelée Responsio ad Ducissiman Brabantiae
- ce qui est une erreur, comme l'a montré amplement L. Boyle, «
Thomas and the Duchess of Brabant, Proceedings of the Patristic »,
Mediaeval and Renaissance Conference, t. VIII, Villanova (Pennsylvania),
1983, p. 25-35 *.
ÉDITIONS : Léonine,
t. XLII, Rome, 1979, Préface, p. 361-371, texte, p. 375-378 ; Perrier,
Opuscula, I, p. 213-219 (sur la base de Paris, Bibl. Nat. lai. 14546) ;
Parme, t. XVI, p. 292-294 ; Vives, t. XXVII, p. 413-416 ; Marietti, 1954,
Opuscula philosophica, p. 249-252.
81. De sortibus ad Dominus Jacobum
de Tonenga [ ?] (Paris, <c vacances d'été » vers
1271). - Manuscrits existants: 51.
Apparemment le destinataire de cette
lettre, « Seigneur Jacques », avait demandé des éclaircissements
sur toute la question des sorts et du recours aux sorts pour décider
d'une chose. Thomas divise sa réponse en cinq parties : la matière
dont il s'agit lorsqu'on recourt aux sorts, le but du recours aux sorts,
les différentes manières de faire, la source de leur efficacité
et la moralité du recours aux sorts. Le destinataire aussi bien
que la date de cette lettre sont inconnus, mais Eschmann signale le parallélisme
entre cette lettre et la Summa, II-II 95, 3-8 (écrit en 1271), et
Quodlibet 12, 35 (disputé à l'avent 1270).
ÉDITIONS: Léonine, t. XLIII, Rome, 1976, Préface, p. 207-224, texte long, p. 229-238, texte court, p. 239-241, Parme, t. XVI, p. 310-316 ; Vives, t. XXVII, p. 439-448 ; Marietti, 1954, Opuscula theologica, I, p. 159-167.
82. De occultis operationibus naturae,
ad quandam militent ultramon-tanum. - Manuscrits existants : 82.
Selon le catalogue de Barthélemy
de Capoue, le destinataire de cette lettre est le même que pour la
lettre suivante (n 83), mais nous ne connaissons pas son nom. Mandonnet
suggère que cette lettre fut écrite à Paris en 1269-1272,
et dans ce cas le chevalier ultramontain aurait été un Italien.
Le problème a trait à certaines activités, dans les
corps natu-rels, qui semblent ne pas avoir une origine naturelle, comme
dans le cas des aimants qui attirent le fer. Pour Thomas toutes ces activités
sont naturelles, soit en vertu d'un principe intrinsèque qui est
dans la forme substantielle, soit en vertu de pouvoirs instillés
par des corps célestes ; dans les deux cas l'activité est
naturelle. Mandonnet, de façon arbitraire, date la lettre de 1269-1272,
lors du second séjour de Thomas à Paris.
ÉDITIONS : Léonine,
t. XLIII, Rome, 1976, Préface, p. 163-178, texte, p. 183-186 ; Perrier,
Opuscula, I, p. 203-210 (d'après le manuscrit de Paris MS Bibl.
Nat. lat. 14546) ; Parme, t. XVI, p. 355-356 ; Vives, t. XXVII, p. 504-507
; Marietti, 1954, Opuscula philosophica, p. 159-162.
83. De iudiciis astrorum, ad quandam
militent ultramontanum. -Manuscrits existants : 85.
Tolomeo de Lucques et Bernard Gui
affirment tous deux que l'écrit fut adressé à Réginald
de Piperno, mais cette affirmation est peu vrai-semblable, comme l'a montré
Eschmann. Barthélemy de Capoue soutient de façon explicite
que cette lettre et la précédente (n 82) furent adressées
au même chevalier ultramontain. La brève réponse de
Thomas traite de la moralité de consulter des astrologues pour ses
propres affaires. Il fait la distinction entre les choses qui dépendent
des étoiles de façon directe, comme le temps, les dispositions
du corps, l'agriculture et autres, et les activités qui dépendent
de la volonté libre mais d'aucune manière des étoiles.
C'est pourquoi se serait un < péché grave » de consulter
les étoiles en ces matières, car le démon peut utiliser
de telles superstitions à ses propres fins.
ÉDITIONS : Léonine,
t. XLIII, Rome, 1976, Préface, p. 189-199, texte (20 lignes), p.
201 ; Parme, t. XVI, p. 317 ; Vives, t. XXVII, p. 449 ; Marietti, 1954,
Opuscula theologica, I, p. 155.
PIÈCES LITURGIQUES ET SERMONS
84. Oftcium de festo Corporis Christi,
ad mandatum Urbani Papae IV (Orvieto, juillet-août 1264). - Voir
p. 200-209.
Nous avons montré que la
liturgie romaine originelle de la fête du Corps du Christ, promulguée
par Urbain IV le 11 août 1264 par la bulle Transiturus était
l'oeuvre de Thomas en ce sens qu'il a révisé des liturgies
plus anciennes et écrit de nouvelles hymnes et de nouvelles prières
à cette occasion. Bien que Tolomeo de Lucques soit le premier à
témoigner de ce fait, il n'y a pas de raisons suffisantes pour en
nier la véracité. Le texte original de la messe («
Cibavit cos ,») et de l'office (« Sacerdos in aeternum »)
n'a pas encore été reconstitué. Le texte qui figure
dans le bréviaire moderne et dans les éditions « communes
» est la version du xv` siècle, publiée pour la première
fois par Antonio Pizzamano dans son édition des opuscula en 1497.
Le peu d'empressement de l'Ordre domi-nicain à introduire la fête
dans son Ordinarium en 1265 a été avancé comme une
preuve que Thomas n'en était pas l'auteur. - Voir P: M. Gy, «
L'Office du Corpus Christi et S. Thomas d'Aquin : état d'une recherche
», Revue des sciences philosophiques et théologiques 64 (1980)
481-507 ; id., « Le texte original de la tertio pars de la Somme
Théologique de S. Thomas d'Aquin dans l'apparat critique de l'édition
Léonine : le cas de l'eucharistie » , Revue des sciences philosophiques
et théologiques, 65 (1981), p. 608-616.
ÈDITIONS : Parme, L XV, p.
233-238 ; V ivès, t. XXIX, p. 335-34_ Marietti, 1954, Opuscula theologica,
II, p. 275-281.
85. Orationes : Adore te, Gratias
tibi ago, Omnipotens sempiterne Deus, etc.
L'édition Vives donne une
liste de douze prières traditionnellement attribuées à
Thomas, et dont certaines figurent toujours dans le missel et le bréviaire
romains. Dom. A. Wilmart a étudié la tradition manuscrite
du « Adoro te devote », et avance des arguments faibles en
faveur de son authenticité thomasienne. F. J. E. Raby a montré
que l'hymne « Adoro te devote » a dû avoir été
écrite avant 1280-1294, lorsque Jacopone de Todi a écrit
un de ses poèmes sur le même sujet (Speculum 20 [19451, p.
236-238), mais ce fait n'atteste pas l'authenticité thomasienne.
Esch-mann souligne qu'il n'y a aucune preuve manuscrite de cette authenticité
durant les cinquante premières années, au moins, après
la mort de Tho-mas. C'est pourquoi, si la tradition admet avec force que
Thomas en est l'auteur, il n'existe toujours pas de preuves historiques.
ÉDITIONS : Parme, t. XXIV,
p. 241-244 ; Vives, t. XXXII, p. 819-823 ; Marietti, 1954, Opuscula theologica,
II, p. 285-289 ; forme plus ancienne de « Adoro te », éd.
Wilmart, Auteurs spirituels, Paris, 1932, p. 393 ; texte de « Concede
mihi » et traduction anglaise ancienne de A. 1. Doyle, « A
Prayer Attributed to St. Thomas Aquinas », Dominican Studies 1 (1948),
p. 229-238.
86. Collationes super Credo in Deum
(sermons de carême; Naples, 1273). - Manuscrits existants : 141 complets
; 28 autres contiennent une forme révisée par Henri de Hassia.
Ces sermons sur le credo des Apôtres
furent prêchés en langue popu-laire durant le carême
1273 à San Domenico à Naples. La version latine de ces sermons
fut rapidement transformée en un commentaire scolas-tique du Credo,
peu après la mort de Thomas. II semblerait que chacun des douze
articles de la foi ait à l'origine fait l'objet d'un sermon unique.
Voir De articulis fidei, n° 69.
ÉDITIONS : Parme, t. XVI,
p. 135-151 ; Vives, t. XXVII, p. 203-229 ; Marietti, 1954, Opuscula theologica,
II, p. 193-217.
Traduction: Le Credo, Paris, Nouvelles
éditions latines, 1982.
87. Collationes super Pater Noster
(sermons de carême, Naples, 1273). - Manuscrits existants : 85.
Ces sermons sur le «Notre
Père » reçurent une forme qui les f2it ressembler à
un traité scolastique, divisé en une introduction, une adresse
au Père et sept demandes.
EDITIONS : Parme, t. XVI, p. 123-152
; Vives, t. XXVII, p. 183-19, Marietti, 1954, Opuscula theologica, II,
p. 221-235.
Traduction : Le Pater et l Ave,
Paris, Nouvelles éditions latines, 1967,
88. Collationes super Ave Maria (probablement
sermons de carémP Naples, 1273). - Manuscrits existants : 84.
II n'est pas certain que ces sermons
sur la salutation angélique aient été prêchés
à Naples ou, plus tôt, à Rome. Ils ont toujours intéressé
les prédicateurs et les théologiens dominicains (en particulier
lors de la Renaissance) à qui il était interdit d'affirmer
l'immaculée conception de la Vierge Marie parce qu'elle était
contraire à l'enseignement commu-nément reçu de Thomas.
Dans un passage cependant Thomas semble dire que la bienheureuse Vierge
« n'a encouru aucun péché, ni originel, ni mortel,
ni véniel » : « [nec originale] nec mortale nec veniale
peccatum incurrit » (non corrigé dans Marietti, n. 1120).
Eschmann et Rossi affir-ment que ce passage, avec la correction, «
résiste à l'examen paléogra-phique le plus consciencieux
». Un autre passage cependant (Marietti, n. 116) dit que «
la bienheureuse Vierge fut conçue mais n'est pas née dans
le péché originel ». Voir G. F. Rossi, Divus Thomas
(Plaisance) 57 (1954), p. 442-466.
ÉDITIONS : Rossi, Divus Thomas
(Plaisance) 34 (1931), p. 465-476 ; Marietti, 1954, Opuscula theologica,
II, p. 234-241.
Traduction : Le Pater et l Ave,
Paris, Nouvelles éditions latines, 1967.
89. Collationes de decem praeceptis.
Souvent intitulé De duobus prae-ceptis caritatis et decem legis
praeceptis dans des manuscrits et des catalogues plus tardifs (sermons
de carême, Naples, 1273). - Manus-crits existants : 79 complets et
13 fragments.
Bien que Tolomeo de Lucques et Bernard
Gui ne mentionnent pas cette oeuvrè, elle figure dans les catalogues
de Barthélemy de Capoue et Nicolas Trevet, ainsi que dans les deux
manuscrits du catalogue de Prague, parmi les reportant « recueillis
» par Pierre d'Andria ; ce qui veut dire que les différents
points du sermon en langue populaire furent transcrits, et plus tard rédigés
en latin « après que Thomas eut prêché ».
Comme les autres sermons de ce cycle de carême (n° 86-88), les
Colla-tiones de décent praeceptis étaient à l'origine
une reportatio, remaniée plus tard de manière à les
faire ressembler à un traité scolastique, ce que ces sermons
n'étaient pas.
ÉDITIONS: Parme, t. XVI,
p. 97-114 ; Vives, t. XXVII, p. 144-170 ; Marietti, 1954, Opuscula theologica,
II, p. 245-271. J.-P. Torrel, « Les Col-lationes in décent
preceptis de saint Thomas d'Aquin. Édition critique avec introduction
et notes », Revue des sciences philosophiques et théologiques,
69 (1985), p. 5-40, p. 227-263.
90. Sermons. - La recherche sur les
sermons de Thomas n'a pas encore progressé suffisamment pour permettre
de déterminer quels sermons publiés sous son nom sont authentiques.
Ces sermons authentiques ne peuvent pas être déterminés
à partir des catalogues, mais seule-ment à partir des manuscrits
- une aeuvre qui est entreprise par Bertrand Guyot op pour la Commission
Léonine.
Les éditeurs de l'édition
Piana (1570-1571, t. XVI) et ceux des éditions suivantes ont publié
un nombre important de sermons tirés de Vatican MS Vat. lot. 3804,
dont tous sont inauthentiques. Dans l'édition de Paris de 1660,
deux cent dix sermons inauthentiques furent attribués à Thomas.
Des quarante-neuf sermons publiés dans l'édition Vives (t.
XXXII, p.663-815), neuf seulement peuvent être considérés
comme authen-tiques. Dans le « Catalogue » d'Eschmann (n. 80-89),
quinze sermons et trois exordia sont présentés comme authentiques.
Cependant Eschmann qualifie de « sermons » deux principia qui
ont été présentés ici comme des cours inauguraux
(voir n 35), donnés dans le cadre de la promotion de Thomas en théologie.
Voir L: J. Bataillon, « Un sermon de Thomas sur la parabole du festin
», Revue des sciences philosophiques et théologiques 58 (1974)
451-456, et id., « Le Sermon inédit de saint Thomas Homo quidam
fecit cenam magnam. Introduction et édition », ibid., 67 (1983),
p. 353-369.
ÉCRITS D'AUTHENTICITÉ INCERTAINE
91-97. De instantibus ; De natura
verbi intellectus ; De principio indi-viduationis ; De natura generis ;
De natura accidentium ; De natura materiae ; De quatuor oppositis.
L'authenticité de ces sept
opuscula a fait l'objet de vifs débats pendant plus d'un demi-siècle,
sans compter les doutes exprimés au sujet de certains d'entre eux
par Capreolus et Cajetan. Ils sont considérés comme formant
un ensemble, parce qu'ils sont absents d'un groupe de catalogues (Barthélemy
de Capoue, Nicolas Trevet,les deux catalogues de Prague) et qu'ils sont
mentionnés dans une autre tradition (Tolomeo de Lucques, Bernard
Gui et la Tabula de Stams). Mandonnet, qui considérait le catalogue
de Barthélemy comme une « liste officielle », rejette
l'authen-ticité de l'ensemble, tandis que Grabmann, Rossi et beaucoup
d'autres qui rejettent la priorité du catalogue de Barthélemy
affirment leur authenticité. Eschmann considérait avec raison
que leur authenticité ne peut pas être établie ou rejetée
sans qu'on en sache davantage sur l'origine des deux traditions manuscrites
représentées par les deux groupes de catalogues.
ÉDITIONS : Parme, t. XV ;
Vivès, t. XXVII-XXVIII ; Marietti, 1954, Opuscula philosophica.
Voir Index.
Traduction partielle dans Opuscules
théologiques, 3 et 6, Paris, Vrin, 1984.
98. De demonstratione. Cette oeuvre
fut également rejeté par Mandon-net sur la base du catalogue
de Barthélemy, mais admise par Grab-mann et Rossi sur la base de
Vatican MS Vat. lot. 807.
ÉDITIONS: Parme, t. XVI,
p. 375-376 ; Vivès, t. XXVII, p. 531-532 ; Perrier, Opuscula, I,
p. 465 ; Marietti, 1954, Opuscula philosophica, p. 221-222.
99. De différentia verbi divini
et humani. - Manuscrits existants : 3 1.
II ne s'agit que d'un extrait de
la lectura de Thomas sur jean (n° 33), lect. 1, qui a circulé
indépendamment de la lectura.
Traduction : Sur la différence
du Verbe divin et du verbe humain, dans Opuscules théologiques,
3, Paris, Vrin, 1984.
100. De sensu singularium. - Manuscrits
existants : 7.
II s'agit d'un extrait du commentaire
de Thomas du De anima d'Aris-tote, livre II, lect. 12, qui a circulé
indépendamment du commentaire complet (n 42).
101. De natura luminis. - Manuscrits
existants : 7.
Cet écrit est également
un extrait du commentaire du De anima d'Aris-tote, II, lect. 14, qui a
circulé de façon indépendante. Cette pièce
et les deux précédentes (n 100-101) sont authentiques en
ce sens que le texte est un extrait d'une oeuvre authentique, mais elles
ne sont pas authen-tiques au sens où Thomas les aurait écrites
comme des ct;uvres distinctes.
Si l'on excepte les deux oeuvres de logique composées à Roccasecca, Thomas a consacré vingt et un ans à l'apostolat de la plume : de 1252 à 1273. Bien que Thomas « ait toujours eu quatre secrétaires avec lui » pour l'aider à composer et à répartir ses travaux, il « eut toujours recours à la prière » lorsque le travail était difficile (Madrid, Bibl. Nac. Ms 8979). Thomas a vécu une longue vie en peu de temps, et parce que Dieu l'aimait, il l'a pris auprès de lui le 7 mars 1274, à l'âge de quarante-neuf ans.
Frère Thomas d'Aquin
Sa vie, sa pensée, ses œuvres
auteur(s): James Athanasius
Weisheipl
Traduit de l'anglais (États-Unis)
par Christian Lotte et Joseph Hoffmann
Paru en : 1993 aux éditions
du Cerf, Paris
464 pages - Dimensions: 235 x 145
x 34 - Poids 660 grammes
37 Euros / 242,7 Francs
ISBN : 2204046256