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JARDIN SAUVAGE - Impressions et Expériences

Par Raymonde-Monette BEAUMONT

 


Il y a quelques années déjà, pour préparer une retraite paisible, pour retrouver les charmes d'antan après une longue vie citadine, mon mari et moi-même partîmes à la recherche de la maison de nos rêves cachée au fond des bois ou bordant une rivière où s'ébattraient tanches, carpes et gardons argentés. La quête fût longue. Pas moins de trois ans furent nécessaires pour découvrir au détour d'un hameau celle qui semblait de tout temps nous attendre : cheminée au parfum de bois, fenêtre tamisant la crudité du jour par l'ombre d'un tilleul, le Rêve !

Après l'exploration de la maison vint celle du jardin. Il s'agissait en fait d'une ancienne vigne abandonnée, défrichée, située sur un coteau plein sud et couronnée d'un petit bosquet de chênes rabougris par l'aridité du terrain et la brûlance de l'exposition. Sables, cailloux, cailloux et sables, telle est quelque peu la terre de ce jardin que des automnes successifs de tapis de feuilles n'arrivent pas à rendre véritablement fertile. Pas d'eau, plein sud, sables et cailloux !...

LES MILLE ET UNE FACETTES DE L’ORTIE

L’ortie, véritable panacée des jardins, fait un excellent purin, elle donne force, santé, vigueur et couleurs vives aux fleurs. Elle les rend plus résistantes aux maladies et aux ravageurs. En insecticide, elle chasse, par pulvérisation de son purin dilué, les pucerons, la mouche de la carotte, et bien d’autres hôtes indésirables des plantes potagères ou horticoles. Associé au purin de consoude, celui d’ortie forme la nourriture la plus complète qui soit pour les plantes potagères et les autres. Car l’ortie contient du potassium, du magnésium, du calcium, du phosphore, du soufre, etc. ainsi qu’une substance qui les rend très assimilables par les plantes. Tous ces composants sont complémentaires de ceux de la consoude.
L’ortie est un activateur du compost. Ses racines contiennent une substance très efficace contre la cloque du pêcher. Elle apporte des éléments nutritifs importants aux plants de petits fruits rouges (framboisiers, groseilliers…) lorsqu’elle pousse au milieu d’eux : les fruits sont plus beaux, plus parfumés, plus nombreux, plus colorés et mieux protégés de la convoitise des oiseaux qui les voient avec plus de difficulté.
L’ortie est également une grande dévoreuse de nitrates, de phosphates, elle débarrasse des excédents de ces produits tous les coins où elle pousse. C’est ainsi que nous la trouvons en masse auprès des bergeries ou autour des poulaillers peu entretenus, sur des tas de détritus divers. Elle contribue donc à un assainissement du sol très bénéfique.
Les soupes d’orties sont conseillées depuis des lustres aux anémiques. L’ortie est aussi la santé des volailles et celle des porcs auxquels autrefois on en donnait dans la nourriture. Elle est aussi pouponnière de merveilleux papillons dont la petite tortue et le paon du jour. Bien d’autres vertus que je ne connais pas encore, n’étant pas spécialiste, lui sont aussi peut-être attribuées… Voilà qui fait changer notre regard sur cette plante honnie des jardiniers non informés. La méconnaissance est souvent cause de sentiments semblables envers bien des choses, envers bien des Etres porteurs de vertus bienfaisantes que nous ignorons.
L’ortie, à son palmarès, devrait-elle ajouter la vertu d’être Maître de Sagesse ? Pourquoi pas !

À l’époque de cette première visite nous n'avions aucune idée de l'existence de ces données de base. Pour nous "espace vert" valait "espace vert". Seule nous apparaissait la dimension de cet espace. Ici, ma foi, pour des citadins, nous étions gâtés. Il mesurait environ 2500 m2, tout en longueur, dont environ 200 m2, devant la maison, étaient "paysagés" : haie de thuyas, pelouse rase, quelques rosiers et hortensias, une rocaille coiffée de petits sapins bleus, cour de grenaille errante au reflet de miel. Quelques vieux pruniers se partageaient de façon anarchique la frontière des deux propriétés avoisinantes. Mais l’arrière ! L’arrière du jardin était bordé, sur plus de 100 m de longueur, de haies sauvages s’élargissant chez l’un des deux voisins en un sous-bois inextricable de grande dimension composé de lilas simples, prunelliers, ronces, sureaux, genêts à balai, églantiers, fusains d’Europe, aubépines, pommiers sauvages, noisetiers, merisiers, le tout enchevêtré d’arbustes incertains. Je découvrirai ultérieurement la valeur faunistique remarquable de cet environnement.
Au centre de ce jardin, quelques jeunes fruitiers lançaient leur houppe plein vent, et partout des orties…encore des orties… toujours des orties. Orties brûlantes, envahissantes, dévorant les pieds de framboisiers, étouffant les deux cassis anciens, grimpant à travers les arbustes, se hissant au cœur des ronciers… l’horreur ! J’apprendrai à les connaître à travers livres et revues et à bénir cette panacée des jardins qui, depuis, a réalisé chez nous des miracles.
En juin, période de notre premier contact avec le jardin, le petit bois était impénétrable, hérissé d’un bataillon d’herbes de plus d’un mètre de hauteur, dressé en rangs serrés, sans caractère autre (à première vue !) que celui d’être barrière infranchissable pour nos « nu-pieds » et repaire certain à serpents et autres bestioles indésirables.
Nous n’avions aucune idée de ce que représentait l’entretien de ces espaces. Bien nous en a valu, jamais nous n’aurions pris cela, mon mari ayant des problèmes de dos, moi peu de résistance, nos finances quelques fléchissements.

Vint un temps de réflexion, puis l’achat de la propriété, puis l’hiver. Accompagnée d’une amie, je pris possession du jardin, je plantais et plantais encore : dos courbatu, genoux raides, épaules douloureuses, outils brisés par mon ardeur, attendant avec jubilation le printemps pour découvrir les petites merveilles enturbannées de couleurs vives.
Il vint enfin… Me surprenant beaucoup par d’autres découvertes : splendeur des givres nacrés qui irradient sous le soleil, splendeur des premières fleurs courtisées par les bourdons terrestres au ventre de velours maculé d’or…
Un monde s’ouvrait, m’inondant d’un bonheur que je ne sais traduire, vivant la féerie.
D’un vieux pommier aux branches dénudées lourdes de lierre fusait un sourd murmure. Quel était ce chant bizarre émanant de l’inexistence du feuillage ?… Je levais les yeux, le soleil révéla une danse dorée. Les premières abeilles butinaient dos-à-dos, aile contre aile, l’inflorescence d’une touffe de gui… Dans un recoin encore inexploré, la floraison d’un tapis de lierre terrestre dressait ses minarets bleus dégageant sous nos pas une senteur âcre et poivrée. Les ficaires, les violettes puis les pâquerettes et les boutons d’or déployaient sur la pelouse leur tapis d’orient. Contre un muret, la dentelle hérissée de l’herbe-à-robert pointait ses fleurettes roses, constellation terrestre sur feuillage arachnéen… Crocus, tulipes, jonquilles s’épanouirent.
Je fus très surprise de constater que je ne savais pas nommer toutes les fleurs sauvages si jolies que je voyais s’ouvrir, ni les insectes que je rencontrais, surprise aussi de constater que je ne comprenais pas pourquoi telle plante venait ici et non là. Je ne comprenais pas non plus pourquoi dans ce printemps lumineux tant d’oiseaux, connus jadis dans mon jardin, puis disparus depuis des lustres des jardins citadins, ressurgissaient dans les arbres, les taillis, sur le toit, sur la terrasse. Pourquoi des grenouilles jaillissaient dans l’herbe, à qui appartenait tel chant, tel chuintement, telle stridulation. Confrontée à ces nouvelles réalités insoupçonnées jusqu’alors, je suis allée interroger les cassettes naturalistes, les livres, les revues, les jardiniers, les voisins, diversifiant les sources du Savoir sur la Nature pour m’informer, connaître, comprendre, allant jusqu’à frapper aux portes des laboratoires de spécialistes. Je désirais en effet, en créant mon jardin, conserver tout cela, tout en introduisant les plantes de mes rêves et en gardant « civilisée » la partie paysagée de ce jardin. Les informations n’arrivant qu’en vagues successives et parfois différées, des erreurs regrettables furent commises. Celles que bien des gens font, poussés par les modes lancées par certaines revues et par le « bon goût » ambiant : réaménagement uniforme de la haie de thuyas en véritable « béton vert » taillé au carré, pelouse-moquette désherbée de ses soi-disant mauvaises herbes… herbicide, pesticide, et j’en passe.
Mes erreurs ont été terribles. Dévoreuses de temps, d’argent, pompeuses d’énergie, engendreuses de courbatures, destructrices de biotopes, de vies sous bien des formes animales et végétales, pour des résultats bien médiocres. Ainsi, pour « régénérer » l’herbe sauvage du verger, j’ai semé à la volée de l’engrais chimique en granules. L’herbe devint superbe, haute, drue, verte… impossible, contrairement à l’habitude, de faire avancer la tondeuse dans ce bond de vigueur.
Les grillons, nombreux, qui donnaient habituellement un concert magnifique en juin déguerpirent, ainsi que les scarabées et une multitude d’insectes superbes. Sur une pente herbeuse, un peu raide pour la tondeuse, couverte en mélange de violettes et de gazon, j’ai répandu du désherbant, souhaitant la garnir d’un couvre sol “ définitif ”. Des thuyas de la haie voisine crevèrent, un hérisson est mort ainsi qu’un lérot et bien d’autres animaux et plantes. Le couvre sol planté ne fut jamais définitif.
À grand renfort de terre de bruyère, d’arrosages intempestifs, de soins de toutes sortes, j’ai eu quelques azalées, quelques rhododendrons ou hortensias souffreteux qui m’ont épuisée, dégoûtée du jardinage alors que les plantes spontanées croissaient à qui mieux mieux : aubépines, prunelliers, guirlandes d’églantines, liserons des haies, digitales, genets à balai, etc. bien adaptées au terrain, à son exposition, au climat, explosaient littéralement de santé, de force, de beauté sans soin aucun.

Au printemps, le sous-bois était couvert de la neige des stellaires holostées, parfumé en certains espaces de l’eau bleue des jacinthes sauvages, enguirlandé sur les clôtures à moutons de chèvrefeuille odorant, tapissé de véroniques au port dressé, de casse-pierre élégants, d’orchidées roses dont les grappes élégantes s’enchâssent dans un feuillage tigré… Tout ceci explosait de couleurs entremêlées, de vitalité, d’élégance, de parfums sur lesquels dansaient les mille corolles ailées de nombreux papillons liés à ce cortège floristique. Tels que l’aurore aux pointes de safran sur robe immaculée, les argus bleus, les argus bruns, les citrons et mille petites merveilles ailées, grimpantes, rampantes, crissantes, volantes sous le concert joyeux de quantité d’oiseaux tels que les mésanges bleues ou charbonnières, les pinsons, les accenteurs mouchets, les sittelles, les grimpereaux, les pics épeiches aux tambourinements si caractéristiques, les coucous, les rossignols, les loriots enfin, dont la population dense, une année, me donna l’impression d’être, par leur chant exotique, en forêt tropicale.
Je constatais que dans cet environnement sauvage et respecté qu’était le sous-bois et les haies, de très nombreuses espèces d’oiseaux venaient nicher, trouvant calme, nourriture et logis sous forme de ronciers, houppes d’arbustes, etc. transformant par voie de conséquence le jardin en volière enchantée.
Selon les saisons, et au cœur même des saisons, cette partie du jardin bougeait en permanence, illuminant tel coin de l’explosion d’une floraison particulière ou de l’arrivée subite d’une cohorte de papillons, d’oiseaux… Le paysage sensible où nous étions plongés réagissait à la moindre pluie ou période de sécheresse, ou à l’intervention humaine. Tous ces facteurs, agissant en synergie, modifiaient les réactions de ce jardin, lié lui-même en cela à l’ensemble beaucoup plus vaste de l’environnement global. Je m’explique : les loriots, dont je viens de parler, jadis si nombreux chez nous, ne reviennent plus, ces deux dernières années, qu’un à un dans nos sous-bois. Un défrichement intempestif et généralisé dans la commune en est, je crois, la cause. Cet oiseau très farouche ne trouve plus de couvert assez épais pour le sécuriser. Les geais ont disparu ainsi que les pics épeiches, peut-être pour des raisons similaires. Le pic vert quant à lui est resté fidèle à notre jardin, adorant fouiller les pelouses découvertes pour en extraire les vers. Mais les écureuils sont moins nombreux… Des stères de rondins sillonnent les sous-bois comme des tombes monumentales. La flore, selon les nouveaux espaces et les agressions subies par le sol, s’est modifiée, appauvrie, les cohortes printanières de papillons aussi.

À cause de quatre années de sécheresse, un petit étang sauvage au cœur de ces bois a disparu, ainsi qu’une rivière, non loin de là. Les chevreuils venaient se désaltérer à ces points d’eau, les hérons cendrés s’y reproduire, les grenouilles y donnaient en juin leur concert nocturne, ponctué du chant du chant du rossignol. Les libellules aussi ont quitté le hameau. Les minuscules grenouilles ne viennent plus sauter sous nos mains, au creux des plantes printanières, ou autour de la tondeuse à gazon. Les trous abandonnés par les mulots ne laissent plus apparaître, sous les arrosages estivaux, les frimousses rousses de leurs locataires. Les grillons se sont enfuis, à cause de l’engrais, certes, mais aussi un peu certainement à cause de cette longue aridité car leurs femelles ont besoin d’humidité pour mûrir leurs œufs. Reviendront-ils par temps plus cléments, ces merveilleux amis du jardin ?

Dans le bosquet, j’ai constaté ces dernières années un très net appauvrissement de la faune d’insectes. Est-ce dû aux coupes d’herbe trop précoces que nous faisons qui détruiraient les œufs suspendus au revers des feuilles, qui empêchent l’arrivée à maturité des inflorescences source de nectar, qui annihilent la production de verdure, de fructifications diverses, de céréales sauvages ? Nous allons veiller à cela, accepter de laisser faire les choses, de changer nos exigences, notre esthétique, notre approche, de remplacer la tondeuse printanière par la débroussailleuse tardive, tout en se ménageant quelques chemins “ propres ” pour circuler. Nous observerons ce qui va se produire, découvrir les graminées sauvages, revoir les insectes et les oiseaux qui en sont friands égayer les branches des vieux chênes.
Un peu de fantaisie ne fait jamais de mal, un peu de laisser faire non plus. Bien au contraire, ils favorisent la vie dans sa plénitude et nous délivrent de bien des contraintes pénibles.

La règle d’or d’un jardin sauvage est de canaliser son exubérance, non de la tuer. Pour quelques herbes folles laissées à l’état spontané sur les bordures du jardin et dans le sous-bois, pour quelques asters et cosmos restés sur pied en automne après la floraison afin que leurs graines servent de buffet campagnard aux oiseaux, que de joies j’ai reçues dans les visites acrobatiques et répétées de chardonnerets, mésanges et autres visiteurs ailés jusqu’au cœur de l’hiver ! Que de gratitude envers ces plantes flétries, “ rouillées ”, bonnes à brûler pour faire propre et pourtant maintenues en l’état. Mon regard sur elles a changé, je les respecte et les aime maintenant dans le cycle complet de leur vécu, sachant que chacun de leur aspect est nécessaire, utile, comme peut-être en notre propre vie le temps de l’exubérance suivi du Silence et de la Réflexion.

Un crissement de branches, deux chevreuils glissent entre champ et bosquet, si la clôture du jardin était absente, ils seraient là, chez nous… Un cri rauque casse la brillance du ciel, les hérons cendrés d’un vol lent et lourd filent vers les méandres du Loir…
Août étend sa chape de feu... Un écureuil, de branche en branche, s’approche de moi. Il guette l’abreuvoir que je viens de remplir sous les chênes… Les pies, effrontées, viennent s’y baigner…
J’ai mis des abreuvoirs partout dans mon jardin, larges et peu profonds pour les ablutions. Les insectes s’y désaltèrent, les oiseaux font sur leur bord une ronde serrée et avide d’eau fraîche. Des chats viennent discrètement laper ce breuvage apprécié de tous. Un hérisson fourbu, en plein après-midi, vient de loin, très loin, y boire et s’y endort, épuisé, contre les parois de terre cuite du mini-bassin, repartant de là lorsque le jour décline afin que son semblable, maître des lieux, ne le trouve pas, lors de son réveil nocturne, sur son territoire. La nuit, une famille de hérissons s’y retrouve, grosses et petites boules grognantes aux lampées gloutonnes. Un chat, très très gros chat, chat sauvage sans doute, a stoppé net en me voyant dans la pénombre. Mon voisin a vu deux renards dans mon jardin cette semaine. Nuits d’août, pleines de sonnailles de criquets, de chants de courtilières, d’insectes incertains qui s’éveillent selon les familles, en fonction des strates du déclin du jour. Par vagues successives, les chants montent, se fondent, se confondent pour bercer la nuit veloutée de stridulations chorales. Une chouette hulule au loin, les pipistrelles ourlent leurs rondes brisées dans le ciel, un lucane arrive, toujours par le même chemin, sillonnant de son vol lourd et vrombissant un courant de vent tiède. Des frôlements, des craquements, des bruissements signalent la présence de vies multiples en pleine activité. Sur les buddleias que j’ai plantés pour leur rusticité, les papillons de nuit, de leur frénésie saccadée s’enivrent du nectar laissé par les vanesses.
Je ne peux plus dormir, tant me ravissent ces instants précieux vécus dans la lumière opale de la lune, tant me presse l’aurore avec la danse des écureuils sur la terrasse et la ronde des petits chats…
Malgré tant de réjouissances vécues, je sais que bien d’autres encore m’attendent… Je ne sais pas lire le ciel dans lequel les étoiles éclatent. Je ne sais pas non plus lire la terre où les cailloux magiques aux feux cristallisés me font signe, ni comprendre ces pierres polies, ces pierres taillées qui ressemblent à d’anciens outils surgis du Paléolithique, ni comprendre non plus, bien que je les pressente, les vertus des plantes et la douceur des bêtes, pudiques, discrètes, sensibles qui croisent sans violence ma vie dans le jardin.

Tant de bonheurs dans ces contemplations m’éclaboussent de joie de vivre, d’envie de partager ce paradis terrestre que je souhaite dire à chacun de vous qui me faites la grâce de me lire : “ Devenez l’artisan de votre propre Plénitude ! ” Il faut si peu :
1/ Pondérer notre ardeur à vouloir tout dominer, tout soumettre à notre bon vouloir.
2/ Canaliser simplement l’exubérance de la Nature pour nous la rendre agréable et conviviale tout en la respectant.
3/ Essayer de comprendre ses lois qui sont source de bien-être, de beauté, d’équilibre et de sagesse.

Choisir de conserver le “ Sauvage ” en son jardin, c’est accueillir l’Abondance du Vivant et avec lui la surprise de vivre mille bonheurs avec comme corollaires :
1/ Moins d’investissement financier : plantes résistantes, spontanées, etc.
2/ Moins de travail : arrosages inutiles, laisser pousser, lutte équilibrées entre les déprédateurs et leurs prédateurs, etc.
3/ Moins de soucis : en cas de départ en vacances, etc.
4/ Moins de fatigue : canaliser et non tout bouleverser, avec l’investissement très léger que cela représente pour le suivi
5/ Moins de pollution : pas de produits nocifs et satisfaction de contribuer à la protection de la Nature

et plus de temps vraiment libre pour les loisirs et le farniente !

Toutefois le jardin sauvage n’exclut en rien le plaisir d’y introduire avec discernement les plantes de son choix, selon le terrain, le climat, la logique du lieu. Au long des années, elles se fondront aux autres, donnant un air champêtre au jardin. Chez nous, un parterre de tulipes envahi d’orties blanches rend l’ensemble superbe. Des violettes en tapis compact au pied des rosiers les protègent en été du dessèchement. Quelques pieds de seringat, buddleia, boule-de-neige, rosiers grimpants anciens au cœur de la haie sauvage relèvent celle-ci sans heurt, apportant d’autres senteurs et d’autres points florifères étagés dans le temps. Quelques narcisses, jonquilles, tulipes et muscaris plantés ici et là au fond du bois au milieu des fleurs sauvages sont du plus bel effet au printemps.
Voilà proposées quelques pratiques légères qui peuvent être suivies facilement. Elles sont toutes très gratifiantes à bien des niveaux. Mais dans ce domaine, l’imagination est reine et les ressources inventives innombrables.

On peut aussi, converti à ce nouveau regard, faire l’inverse et introduire dans un jardin très léché quelques plantes sauvages pour lui donner quelques touches champêtres et attirer une petite faune sympathique. Par exemple, en remplaçant dans une haie quelques thuyas déficients par des arbustes florifères, des rosiers anciens grimpants, un noisetier, etc., en laissant s’installer sur les pelouses violettes et pâquerettes, primevères sauvages et quelques pissenlits, en laissant un vieux muret se recouvrir de lierre dont la floraison très tardive ravira abeilles, syrphes et autres insectes et dont les baies feront en hiver le bonheur des oiseaux, en laissant sur pied quelques plantes en graines, en introduisant un petit carré de fleurs champêtres, etc.

À travers ces quelques lignes, j’espère vous avoir convaincus de la pertinence de cette approche. C’est mon souhait le plus cher. Si cela est, j’en serais très heureuse et mon expérience, bien que balbutiante, aura fait, à sa façon, œuvre utile.

 
  




Il y a 4 contribution(s) au forum.

> JARDIN SAUVAGE - Impressions et Expériences
(1/3) 9 novembre 2002, par dresch
> JARDIN SAUVAGE - Impressions et Expériences
(2/3) 5 novembre 2002, par Stéphane
> JARDIN SAUVAGE - Impressions et Expériences
(3/3) 19 août 2002, par Jean-Marc




> JARDIN SAUVAGE - Impressions et Expériences
9 novembre 2002, par dresch   [retour au début des forums]

bravo tout simplement bravo et continuer

> JARDIN SAUVAGE - Impressions et Expériences
5 novembre 2002, par Stéphane   [retour au début des forums]

Très interessant, j'ai pu lir avec plaisir les ecrits de passionnés de la nature. Cependant, personnellemnt, je recherche une façon d'attirer et maintenir les différentes espèces de fourmis sur mon terrain. Avez vous un article pour cela ?

Félicitations.

Stéphane.

  • > JARDIN SAUVAGE - Impressions et Expériences
    3 janvier 2003, par
    BERNARD   [retour au début des forums]
    Bonjour et bonne année ! Je n'ai vraiment pas de recette pour attirer les fourmis...j'en ai deux ou trois espèces dans mon jardin, dont une colonie qui niche depuis 12 ans sous les tuiles du toit de mon garage (certainement dans une brique creuse). Ce sont des fourmis qui vont et qui viennent sans jamais rien transporter, ce qui m'étonne fort ! Elles vont dans la haie.Comme elles traversent une allée, j'ai fait une rigole pour ne pas les écraser, et elles passent dedans ! De temps en temps, à l'arrivée de l'automne,elles essaiment et le spectacle est grandiose. Ce qui attire les oiseaux du coin et principalement des...mouettes ! cordialement. pjbernard37@aol.com

> JARDIN SAUVAGE - Impressions et Expériences
19 août 2002, par Jean-Marc   [retour au début des forums]
Un texte passionné et convaincant

Vous ne m'avez pas convaincu... Car...

...je l'était déjà, mais votre texte est passionné et n'a fait qu'ajouter à ma conviction d'essayer de créer dans mon jardin campagnard de 3500 m2 en Champagnes Ardennes, un équilibre entre la nature et mes arbres fruitiers...

Je sélectionne donc des arbustes locaux pour installer des haies et des bosquets, et conserver une faune riche dans ce petit bout de terrain.

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