Untel en est malade, l'autre veut vomir, le troisième énumère ses solutions… qui n'en sont pas… Fermons les portes, ouvrons les, entrouvrons… et la fenêtre ? Gaffe à la cheminée !
La faute à qui ? la colonisation… la décolonisation… l'infantilisme des populations… leurs leaders, ces imbéciles cupides et sanguinaires… les pays riches qui mettent l'Afrique en coupe réglé…

Et « nous autres » qui sommes des êtres intelligents, civilisés et surtout raisonnables (au sens doués de raison), bref, « nous autres » qui avons réussi à créer une société occidentale qu'elle est magnifique, « nous autres » qui détenons la vérité… de ressortir nos grandes théories du retour au pays, de l'aide au développement, des quotas, des chocs de civilisation, de l'intégration, des ghettos…
Et malgré toutes nos bonnes intentions, la conclusion est immuable : « Hélas, qu'est ce qu'on peut faire ? ». Car ne l'oublions pas, l'hypothèse de départ est qu'il faut raison garder et quoi qu'il nous en «coûte» nous devons nous interdire de sacrifier notre belle civilisation à l'amélioration des populations déshéritées. (Quand même !)

Heureusement les ONG sont là pour nous décharger d'un petit peu de ce gros poids qui pèse sur nos consciences.
Et puis nos gouvernements ne manquent pas d'envoyer quelques subsides à chaque cyclone, raz de marée ou tremblement de terre… Des sous prélevés sur nos impôts qui sont déjà si insupportables.
Et puis la télévision nous aide à supporter tous ces malheurs qui surviennent « à nos portes ». Quel bon vaccin le JT ! Un petite dose de malheur chaque soir et on supprime les problèmes de digestion. Bien sûr on continue à se dire écœuré ou malade mais c'est juste pour exprimer sa préoccupation et ça ne nous empêchera pas de reprendre deux fois du dessert : « elle est bonne ta tarte ma chérie… C'est quelque chose en Afrique ! Les pauv' gens ! Dans quel monde on vit…»
Et si le vaccin JT n'est pas complètement efficace, la thérapie peut se compléter en allant exprimer nos rancœurs sur le forum de libé voire même se montrer constructif en proposant ses « solutions »

Gageons que d'ici quelques années cette mauvaise conscience aura définitivement disparue et le problème africain sera alors définitivement réglé. Revers de la médaille, nous n'aurons plus ces discussions de salon, de forum ou de bistrot et nous n'entendrons plus toutes ces considérations sur la misère du monde « que c'est triste mais qu'est ce qu'on peut y faire ? …Mais quelque part ils y sont un peu pour quelque chose…non ? ».

Alors à défaut de nous pencher au-delà des mers, nous pourrons (si le JT s'y intéresse) voir ce qui se passe sur le trottoir d'en face… Un million d'enfants y vivent en dessous du seuil de pauvreté !
Encore faudra-t-il que nous autres « esprits supérieurs », « êtres civilisés », « donneurs de leçons » admettions cette réalité là… et en refusions la fatalité !


Mer'DeNiS

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