Eau et géopolitique.
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Les eaux conflictuelles

du

Moyen Orient.

Georges MUTIN

Trinôme académique de Rouen

11 février 2003

 

l’eau conflictuelle du Moyen-Orient.

 

I   Les éléments d’une situation de crise.
   
l  Un contexte de pénurie d’eau

    l  Un avenir très préoccupant

    l  De très nombreuses situations de dépendance

    l  Un droit international pratiquement inexistant

 

II Quel avenir hydraulique pour l’Egypte ?

     l  Le barrage d’Assouan et ses effets

     l  Un barrage insuffisant

     l  L’Egypte face aux 8 autres Etats riverains


III Le Tigre et l’Euphrate de la discorde.

     l    Les aménagements successifs d’amont en aval

                ¡    L’eau est maîtrisée en Mésopotamie

                ¡    La Syrie et la vallée de l’Euphrate

                ¡    Le gigantesque programme du GAP turc

     l    Des positons antagonistes pour le partage des eaux

 

IV L’inégal partage de l’eau en Palestine.

     l     La ressource en eau douce de la Palestine mandataire

                               ¡    Les eaux du Jourdain

                               ¡    Les deux nappes souterraines

     l     La mobilisation des eaux par Israël

                               ¡    L’échec du Plan Johnson et la création du Grand conduit national

                               ¡    Conquêtes territoriales et contrôle des eaux après 1967

     l     La situation actuelle

                               ¡    En Israël

                               ¡    Dans les Territoires occupés

                               ¡    En Jordanie
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Droit international et partage des eaux.

 

            En droit international, jusqu’à ce jour, il n’existe pas de régime uniforme qui organise le partage de l’eau des fleuves  ou des nappes souterraines entre deux ou plusieurs Etats riverains. Les fleuves internationaux sont définis uniquement comme des cours d’eau qui, dans leur cours navigable, traversent des territoires dépendant de plusieurs Etats. Un fleuve international est régi par la Convention de Barcelone (1921). Ces règles sont aujourd’hui insuffisantes et inadaptées en raison de la multiplication des usages de l’eau, des nouvelles technologies, du développement économique, de la concentration urbaine.

 

                En 1966, l’Association du Droit international réunie à Helsinki publie les « Règles d’Helsinki » qui apparaissent comme la synthèse juridique de longs travaux menés par l’Association sur l’ensemble des problèmes hydrauliques qui se posent en Droit international. L’association définit la notion de « bassin de drainage international » comme une zone géographique s’étendant sur deux ou plusieurs Etats et déterminée par les limites de l’aire d’alimentation du système hydrographique, eaux de surface et eaux souterraines comprises, s’écoulant dans un collecteur commun. Le fondement de la théorie du bassin intégré repose sur l’utilisation complète et intégrale des ressources et des possibilités du bassin géographique à des fins multiples dans une perspective d’intégration économique. On recouvre ainsi l’ensemble des usages de l’eau. On s’accorde aujourd’hui à reconnaître que c’est le bassin hydrographique et non pas les entités administratives artificielles imposées par les considérations politiques qui constitue l’unité naturelle de gestion, de planification et d’aménagement.

 

                En 1970, l’Assemblée générale de l’ONU a chargé la Commission du Droit International (CDI) d’entreprendre « l’étude du droit relatif aux utilisations des voies d’eaux internationales à des fins autres que la navigation, en vue du développement progressif et de la codification de ce droit ». Les travaux sont difficiles. Un premier projet a été présenté en 1992 avec l’énoncé des principes suivants :

 

l       La définition du bassin de drainage : « un bassin de drainage international est une zone géographique s’étendant sur deux ou plusieurs Etats et déterminée  par les limites de l’aires d’alimentation du système hydrographique, eaux de surface et eaux souterraines comprises, s’écoulant dans un collecteur commun »

l       « Tous les Etats du bassin ont droit, sur leurs territoires, à une part raisonnable et équitable dans l’utilisation des eaux du bassin de drainage international »

l       « La détermination de ce qu’est une part raisonnable et équitable se fait à la lumière de tous les facteurs pertinents dans chaque cas particulier »

 
En 1997, les Nations Unies on adopté une convention fondée sur ces principes. Cette loi régira le partage international des eaux quand elle aura été ratifiée par 35 Etats au moins…..ce qui pourrait prendre au moins une dizaine d’années !
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 Le Nil et le barrage d’Assouan.

 

Données hydrologiques :
      
l    le plus long fleuve du monde (ou le 3e ?) draine un immense bassin de 2 870 000km2 partagé entre 9 pays (cf. carte).
      
l    volume moyen annuel : 84 milliard de m3 (km3) soit 2 700m3/s avec une importante irrégularité inter annuelle (rapport extrême enregistré de 1 à 4.4).
      
l    la crue du Nil  à Assouan intervient en été dès la fin juillet pour se terminer en novembre. Le débit, de 520 m3/s en mai s’élève à 8 500 m3 en septembre (1 à 16) avec une assez forte irrégularité inter annuelle
      
l    le Nil à Assouan est essentiellement alimenté par des affluents de rive droite venus d’Ethiopie (cf. carte). Les apports éthiopiens fournissent environs 86% du débit annuel et participent pur 95% à la crue !

 

Le haut Barrage d’Assouan. 

l    Gigantesque, il assure l’alimentation en eau d’un pays de 68 millions d’habitants en 2002 et se substitue en quelque sorte aux aménagements antérieurs. Construit au cours de la décennie 60, inauguration en 1971, entré en pleine capacité en 1975.

l    le volume de la retenue est impressionnant. La superficie du lac Nasser s’étire sur 6 500 km2 (11 fois le lac Léman). La retenue est une des plus importantes du Monde : 162 km3. On voulait pouvoir stocker au moins le double de la crue moyenne annuelle. Mais tout n’est pas utilisable : il faut compter avec la nécessité de stockage des crues (41 km3), l’envasement prévisible sur 500 ans (31 km3). Le volume utile se réduit donc à 90 km3. Si, dans de total, on tient compte de l’évaporation et des infiltrations, l’eau effectivement disponible n’est plus que de 74 km3 que se partagent, en vertu d’un accord international, le Soudan (1805km3) et l’Egypte (55.5 km3).

l   La présence  du barrage a permis une progression très nette des cultures irriguées tout en autorisant une navigation sur le Nil toute l’année (tourisme) et une production d’énergie électrique. On estime que les superficies récoltées ont doublé soit par la généralisation de l’irrigation pérenne (extension verticale avec deux ou trois récoltes/an) soit par l’extension horizontale avec la politique de bonification notamment dans le delta.
 

l    Le barrage est pourtant insuffisant.

 

¡       face à la croissance démographique. Le barrage a été un véritable « ballon d’oxygène » pour le pays. Mais au début de sa construction, l’Egypte était un pays de 30 millions d’habitants, aujourd’hui il en compte 68 ; il en comptera sans doute 86 en 2025 et les démographes estiment que la population pourrait se stabiliser vers 2040 à quelque 115/ 120 millions d’habitants. La ressource en eau qui est actuellement de 900 m3/hab./an descendra à 674 en 2025 ! Les gains du barrage  sont d’une certaine manière annihilés par la croissance démographique. Le pays doit recourir à de coûteuses importations de biens alimentaires de base et doit étendre encore ses superficies irriguées, sortir de la vallée du Nil (projet de la nouvelle vallée par irrigation du littoral du Sinaï).

 

¡       la retenue est jugée insuffisante, d’autant plus qu’il faut tenir compte de la succession d’années de sécheresse en Afrique orientale. De 1979 à 1988, les précipitations ont été inférieures à la moyenne et il a été nécessaire de puiser dans les réserves du lac Nasser : début 88 il ne restait plus que 8 km3 de réserves utiles ! En outre, on observe, semble-t-il, une baisse tendancielle de l’alimentation du Nil ! A terme, il faut envisager des ressources supplémentaires que l’on ne peut trouver que dans les pays riverains en amont. La position égyptienne est très ferme. Déjà, il y a 20 ans, en 1978, le président Anouar al Sadate déclarait : « Si quelqu’un fait quelque chose qui puisse nuire à notre environnement, nous n’hésiterions pas à entrer en guerre, car c’est une question de vie ou de mort ». Quelques années plus tard le ministre des Affaires Etrangères égyptien, Boutros-Ghali n’hésite pas à déclarer « la prochaine guerre dans notre région concernera l’eau, pas la politique ». Pour les Nations - Unies, «  la situation peut entraîner une série de catastrophes locales et régionales et des confrontations pouvant conduire à une crise mondiale. Comme le pétrole, l’eau pourrait devenir motif de guerre ou de paix ».

 

 

 

 

Terres irriguées en Egypte.

 

 

Le Nil.

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Le Tigre et l’Euphrate.

 

Données hydrologiques.

l    Ils prennent tout deux naissance en Turquie orientale (Kurdistan). L’Euphrate, long de 2 700 km, traverse en outre la Syrie et l’Irak. Le Tigre (1 899 km) est frontalier avec la Syrie et coule ensuite en Irak. En Basse Mésopotamie, les eaux mêlées des deux fleuves constituent, sur 170 km environ, le Chott el Arab qui débouche dans le golfe arabo - persique ; le régime des deux fleuves est très comparable, de type pluvio-naval, marqué par les pluies méditerranéennes d’hiver de l’Anatolie orientale et la fonte des neiges au printemps.

l    Les écoulements du Tigre et de l’Euphrate présentent trois grandes caractéristiques : 
   - Une très forte irrégularité à la fois inter-annuelle (rapport 1 à 4) et aussi  saisonnière (plus de la moitié des écoulements s’effectue en 3 mois (mars, avril, mai).

  -  L’ampleur et la brutalité des crues sont spectaculaires notamment dans la plaine alluviale de Mésopotamie.

  - Une diminution notable des débits d l’amont vers l’aval. Ainsi le débit moyen « naturel » de l’Euphrate à la frontière turco-syrienne est de 830 m3/s, 775 m3 à la frontière irakienne et 458 m3 à Nassiriya. Le débit moyen du Tigre de 1410 m3/s en aval de Bagdad tombe à 218 m3/s à Amara et 78 à Qalat Saleh en Basse Mésopotamie.

 

Les aménagements irakiens.

l  Ils sont, de très loin, les plus anciens et se sont échelonnés dès 1927 tout au long du dernier siècle écoulé (cf. carte) avec trois types d’ouvrages :
 - des barrages de dérivation de crues en premier lieu (Kut, Muqdadiya) entre les deux guerres.

      - puis à partir de 1950, des barrages qui protégent contre les inondations et orientent les eaux de crue vers des dépressions naturelles où elles sont stockées (barrage de Ramadi et dépressions d’Habaniya et Abu Didis, barrage de Samara et dépression du Tharthar).

      - plus récemment, construction de barrages de retenue sur les affluents du Tigre ou en Jéziré irakienne. Enfin, deux réalisations complètent la maîtrise des eaux : le canal Tharthar-Euphrate (1976) permet le déversement des eaux excédentaires du Tigre vers l’Euphrate ; en 1992 le pays a achevé un immense canal de drainage, le « 3e fleuve », long de 512 km, qui passe en siphon sur l’Euphrate et rejette dans le Golfe les eaux salées. Ce canal permettra de gagner par la désalinisation et l’assèchement des marais de nouvelles terres, il est aussi une opération politique dirigée contre la communauté chiite de Basse Mésopotamie (les Arabes des marais) dont le cadre de vie et les conditions d’existence sont déjà totalement transformées.

 

Les aménagements syriens.
    
l  Construction  du  barrage  Tabqa  sur  l’Euphrate terminé en 1976.  La  retenue  de  12  km3  devrait   permettre  la  mise  sous  irrigation  de 640 000 nouveaux hectares mais on est très loin du compte (sans doute pas plus de 100 à 150 000 hectares).

 

Le GAP (Giineydogu Anadolu Projesi).

    l  Le Programme Régional de Développement de l’Anatolie du Sud - Est, lancé en 1972, vise à un développement intégré d’une vaste zone de 75 000 km2 incluant 6 départements d’Anatolie orientale peuplés de 6 millions d’habitants. La phase de réalisation est déjà largement entamée. Cette gigantesque opération hydraulique se décompose en treize sous - projets : sept sur l’Euphrate et ses affluents et six dans bassin du Tigre. Une dizaine de centrales hydro-électriques produiront 27 milliards de kW/h, dont 8.1 pour Atatürk et 7.3 pour Karakaya. Le barrage Atatürk, la pièce essentielle, (48 milliards de m3, soit deux dois le débit moyen annuel du fleuve) est entré en service en 1992 et, depuis, ont été achevés les barrages de Karakaya sur l’Euphrate et d’Ilusu et de Sivan sur le Tigre. Actuellement entrent en phase terminale deux autres barrages : Birecik sur l’Euphrate et Battman sur le Tigre. L’eau ainsi mobilisée doit  allier  la  production  d’énergie  et l’irrigation. Sur une superficie cultivée de 3 000 000  hectares, 1 700 000 seront irrigués et consommeront 22 milliards de m3 d’eau/an. Actuellement, 120 000 hectares sont effectivement irrigués et 200 000 prêts à l’être. Quand tous les projets (22 barrages capables de stocker 60 milliards de m3 : 14 sur l’Euphrate, 9 sur le Tigre et 19 centrales) qui intéressent aussi bien la vallée de l’Euphrate que celle du Tigre viendront à terme, on estime qu’entre 17 et 34% du débit sera absorbé. Si tout se passe comme prévu le débit de l’Euphrate en Syrie devrait être réduit de 11 milliards de m3 et celui du Tigre de 6. En outre, les risques de pollution sont prévisibles. Les eaux usées du GAP vont de déverser dans la zone où se forme la source du Khabour, l’affluent syrien de l’Euphrate. On peut deviner la vigueur des réactions syrienne et irakienne.

 

L’arrangement de 1987 pour le partage des eaux.

      l   On  peut  simplement  relever  la signature d’accords bilatéraux faute d’accords tripartites. Un accord de coopération économique est signé entre la Turquie et  la Syrie en juillet 1987, il comporte un volet pour les eaux de l’Euphrate. Les syriens obtiennent qu’un débit minimal, un quota, leur soit assuré. La Turquie s’engage, en attendant un accord sur la répartition finale entre les 3 pays riverains,  à  laisser  couler  une  moyenne  annuelle  de 500 m3/sec  (soit 15,75 km3/an  alors que le « débit naturel » de l’Euphrate à l’entrée en Syrie est de 28 km3.
     
l    Un accord bilatéral syro-irakien d’avril 1990 prévoit une répartition proportionnelle des eaux de l’Euphrate entre les deux pays riverains arabes : 42% des 500 m3/s revient  à  la Syrie  (soit 6.6 km3)  et  58%  à  l’Irak  (9km3). Ce double  protocole  n’est  pas  un  « vrai traité »,  mais  il demeure la base de référence dans toutes les discussions. Il faut enfin remarquer qu’il est très incomplet puisque rien n’a été prévu pour la répartition des eaux du Tigre entre l’Irak et la Turquie.

 

 

 

 

Le Tigre et l’Euphrate.


 

 

Le GAP turc

 

 

 

  

L’irrigation en Syrie


 

 

 

 

L’eau dans l’ancienne Palestine mandataire.


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Israël / Territoires occupés.

 

Le jourdain.
Le Jourdain est un petit fleuve (360 km) dont le bassin est partagé entre le Liban, la Syrie, la Jordanie et Israël. Il résulte de la réunion dans la dépression de Houle de trois rivières alimentées à la fois par les résurgences karstiques et la couverture neigeuse du Mont Hermon (2 814 m) : le Hasbani, le Dan et le Banias. Le Hasbani s’écoule sur 21 km en territoire libanais et a un débit moyen annuel de 150 millions de m3 : le Dan (12 km et 260 millions de m3) prend naissance à l’intérieur du territoire israélien, tandis que le Banias (30 km et 160 millions de m3) prend sa source dans le Golan syrien. Le débit moyen annuel après leur confluence est de l’ordre de 560 millions de m3. Le haut Jourdain rejoint en un court trajet (17 km) à travers des gorges volcaniques, le lac de Tibériade, situé à 210 mètres au-dessous du niveau de la mer. Il y déverse un volume annuel de 560 millions de m3. Long de 21 km, large de 12 e profond de 45 m , le lac de Thibériade occupe une superficie de 160 km2. Des sources souterraines partiellement salées y déversent 230 millions de m3/an. Mais l’évaporation est intense, les eaux se chargent de sel et au sortir du lac, le « naturel » ne dépasse pas 500 millions de m3. Puis le Jourdain se dirige vers la Mer morte (à moins 410 mètres) à travers  une vallée encaissée. Au cours de ce trajet (320 kilomètres de méandres pour un tracé de 109 km à vol d’oiseau), le Jourdain reçoit des affluents de rive droite venant de Palestine mais surtout de rive gauche. Parmi eux, à 7 km au sud du lac de Thibériade, le Yarmouk, originaire de Syrie, a un débit abondant (500 millions de m3 annuels) et précieux car constitué d’eaux très peu salées. Les apports des sources et des oueds de rive gauche descendus de Jordanie sont de l’ordre de 600 millions de m3 : parmi eux l’oued Zarka (100 millions de m3) est le plus important. Au total, compte non tenu des prélèvements, le débit « naturel » à son arrivée dans la mer Morte serait de 1 450 millions de m3 (certains auteurs avancent 1 850 !) En réalité en raison de l’importance des prélèvements opérés en amont, le Jourdain, en étiage permanent, n’est qu’un mince filet d’eau aisément franchissable. Ainsi, au sortir du lac de Thibériade, le débit « naturel » du fleuve est estimé à 500 millions de m3/an ; il n’est en réalité que de 70 ! En aval, les faibles apports du Jourdain ne compensent plus l’évaporation et le niveau de la mer Morte baisse (7 mètres entre 1955 et 1980).

 

Le plan Johnson (1954).

 

en hm3

Liban

Syrie

Jordanie

Israël

Total

             Hasbani

35

 

 

 

35

      Banias

 

20

 

 

20

         Jourdain

 

22

100

375

497

Yarmouk

 

90

377

25

492

   Ghor

 

 

243

 

243


Total


35


132


720


400


1287

%

2.70

10.25

56

31.05

100


  Répartition des eaux du Jourdain et de ses affluents selon le plan Johnson.

 

 

 

en millions de m3

Potentiel

Prélèvements totaux

Israël et colonies

Palestiniens

Nappe de Cisjordanie

 

 

 

 

  • aquifère occidental

350

350

330

20

  • aquifère nord oriental

130

130

110

20

  • aquifère oriental

200*

110

30

80

s/Total Cisjordanie

680

590

470

120

%

 

100

80

20

Nappe de Gaza

60

120**

60

60

%

 

100

50

50

Total

740

710

530

180

%

 

100

75

25

* : 90 millions de m3 sont des eaux saumâtres

** : il y a surexploitation de la nappe (environ 60 millions de m3)

 

   L’exploitation des nappes souterraines de Cisjordanie et de Gaza.

 

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Bilan de l’eau en Israël .
 

Le constat chiffré.
Le total des ressources disponibles est évalué à environ 1 765 millions de m3/an. Il se répartit selon les diverses sources d’approvisionnement de la façon suivante :
l     Les ressources renouvelables fournissent 1 400 millions de m3 (76% du total) :

l   Les autres ressources dites non conventionnelles (21%).

 

Or, la consommation d’Israël dépasse ce volume : elle se situe à 1 900 ou 2 000 millions de m3. Le pays surexploite sa nappe littorale depuis longtemps, bien avant la mise en place du Grand Conduit. Depuis 1983, il a recours de façon constante à des eaux non renouvelables.

 

Aspects géopolitiques.
 

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L’eau en Jordanie

 La ressource d’eau douce renouvelable :

    1.    totale (y compris apports extérieurs) : 1,1 km3        soit 250 m3/h.

    2.    interne                                                0,7 km3        soit 159 m3/h.

 

Les prélèvements.

    1.    0.88 km3 donc surexploitation de la ressource interne.

    2.    L’eau consommée provient des origines suivantes :

 

Un avenir inquiétant.

 Il faut réduire l’exploitation des nappes et mobiliser de nouvelles ressources mais les possibilités se relèvent insuffisantes.
     1.     Lutter contre les déperditions de toute nature : récupération de 100 millions de m3 escomptée.

    2.    Recours aux eaux non conventionnelles : pour 2010, l’objectif est de réutiliser 200 millions de m3/an d’eaux et 32 millions de m3 d’eaux saumâtre (par dessalement).

    3.    Projet de construire le barrage de l’unité sur le Yarmouk (depuis 1987) mais hostilité d’Israël, réserve des bailleurs de fonds internationaux, mauvaises relations entre Amman et Damas qui a déjà construit de nombreuses retenues en amont du site projeté et de ses affluents. Au mieux rien  ne pourra être entrepris avant la paix entre Israël et la Syrie !!!

    4.    A tout cela s’ajoutent les déboires du traité de paix israélo-jordanien. Israël n’en honore pas toutes les clauses relatives au partage des eaux.

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Quelques repères bibliographiques

Ayeb H. (1998). L’eau au Proche-Orient. La guerre n’aura pas lieu, Pairs- Le Caire, Karthala-CEDEJ, 231 p.

Chesnot C. (1993). La bataille de l’eau au Proche-Orient, Paris, l’Harmattan, 22 p.

Margat J. et Tiercelin J-R (1998) : L’eau en questions , Paris, Romillat, 290 p

Mutin G. (2000) : L’eau dans le Monde Arabe, Enjeux et conflits, Paris, Ellipses, 156 p.

Mutin G. (2001) : géopolitique du monde arabe, Paris, Ellipses, 156 p.

Documentation française-Documentation photographique : De l’eau pour tous ? dossier 8014, avril 200

Maghreb-Machreq : N° 138 : La question de l’eau au Moyen-Orient. Discours et réalités, Paris, 1992 . Documentation française.

 

Sur le Web

Vision mondiale de l’eau :                  www.worldwatercouncil.org/

H20 :                                                 www.h20.net/

Office international de l’eau :              http : //eaudoc.oieau.fr

Eau au Maghreb et Moyen-Orient :    http : //medintelligence.free.fr

Eau au Moyen-Orient :                       http//waternet.rug.ac.be

 

 

Le Trinôme académique de Rouen vous communique les données suivantes :

Eau, de Michel Camdessus, Bertrand Debré, Ivan Chéret et Pierre-Frédéric Ténière-Buchet (Robert Laffont). En librairie le 9 septembre 2004.

Le sous-titre de l'ouvrage est très explicite : Le scandale de la soif dans le monde. Les auteurs, experts mondiaux dans le domaine de la gestion de l'eau, dressent un constat accablant : 10 millions de morts de soif par an, dont la moitié sont des enfants! Les autres chiffres font froid dans le dos : un milliard de personnes n'ont pas accès  à l'eau potable, et deux milliards et demi n'ont aucun moyen d'assainissement. Le pire,pourrait-on dire, c'est que le problème n'est pas d'ordre financier. C'est une "simple" question de bonne gouvernance et de mobilisation des bonnes volontés. Ces experts tentent d'apporter leurs solutions. A méditer.

Michel Camdessus a présidé le panel mondial sur le financement des infrastructures de l'eau (rapport publié au sommet de Kyoto en mars 2003). Il est aujourd'hui conseiller de Kofi Annan sur ce problème.

 


 

 

Document provenant du Figaro magazine du samedi 21 août 2004.

 

Document provenant du Figaro magazine du samedi 21 août 2004.

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Extraits tirés du magazine cité ci-dessus, écrits par Christophe Doré :

 

L'or bleu, un enjeu planétaire.

 

Quand le manque d'eau menace 1,4 milliard de personnes ...

Conflits et tensions se multiplient pour contrôler les réserves d'eau douce. Leur gestion devient une question stratégique majeure dans de nombreuses parties du monde.

Face à une surexploitation des systèmes hydriques et à leur pollution, le manque chronique d'eau potable se généralisera. Selon les prévisions des Nations unies et de l'Unesco, 2,5 milliards d'êtres humains manqueront d'eau potable en 2025, soit un tiers de l'humanité, si rien n'était entrepris pour inverser la tendance actuelle.

 

L'eau au coeur des conflits.

Une telle crise n'ira pas sans poser de graves problèmes politiques. Boutros Boutros-Ghali, ancien secrétaire général de l'ONU, comme Ismail serageldin, qui fut vice-président de la Banque mondiale, ont employé le terme de "guerre de l'eau" pour évoquer les risques de conflits futurs ayant comme cause principale l'eau.

"Au cours des cinquante dernières années, on s'est battu pour l'eau trente-sept fois, dont vingt-sept fois concernaient Israël et la Syrie, à propos du Jourdain et du Yarmouk" rappelle le géographe américain Aaron Wolf. C'est dans cette partie du monde, et plus globalement au Moyent-Orient, que le risque est le plus palpable, car l'eau y joue un rôle stratégique souvent négligé. L'occupation de la Cisjordanie par Israël ne peut pleinement se comprendre qu'en sachant qu'elle abrite un aquifère qui permet la survie des colonies et supplée au quart de la consommation d'eau du pays. Idem pour le plateau du Golan, véritable château d'eau de la région. La survie de l'Etat d'Israël passe, aux yeux de son gouvernement actuel, par le contrôle de l'eau. Ainsi, les Palestiniens ne peuvent creuser de puits sans autorisation. Aucun diplomate n'imagine une solution au conflit israélo-palestinien sans que le problème de l'eau ne soit réglé. Qu'il s'aggrave et toute la région pourrait à nouveau s'embraser!

La Turquie, la Syrie et l'Irak s'affrontent pour leur part autour des eaux du Tigre et de l'Euphrate. Ce conflit historique et géostratégique éclaire d'un jour nouveau tout l'intérêt que l'Occident porte aujourd'hui au berceau de l'ancien Empire ottoman.

La Turquie détient la clef de l'approvisionnement en eau de ses deux voisins. Si elle a refusé, malgré la demande des Etats-Unis, de fermer ses barrages pour assécher l'Irak pendant les guerres du Golfe, la Turquie ne voit pas d'un mauvais oeil  l'affaiblissement de ce voisin, riche en pétrole, ni la disgrâce de la Syrie, bastion du terrorisme international selon le président Bush.

 

Trois cents zones à risque.

Les Turcs peuvent poursuivre  sans encombre le développement du Sud-Est anatolien qui prévoit la construction d'une vingtaine de retenues d'eau. L'Etat turc justifie ce projet auprès de la communauté internationale en évoquant la valorisation d'une région pauvre. Mais cela ne sera pas sans conséquences sur le débit des cours d'eau en aval. En 1990, le remplissage du barrage Atatürk avait asséché le lit de l'Euphrate pendant presque un mois, avec des répercussions dramatiques pour les exploitations agricoles de la Syrie et de l'Irak. Les conséquences du nouveau projet hydraulique turc  sont encore méconnues...

 

Selon Jean-François Donzier, président de l'Office international de l'eau, pas moins de 1800 litiges ont été enregistrés autour des bassins fluviaux de la planète, et l'ONU a recensé trois cents zones de conflits potentiels à cause de l'eau. Certains restent particulièrement explosifs. C'est le cas entre le Soudan, l'Ethiopie et l'Egypte pour les eaux du Nil ou pour le contrôle du fleuve Sénégal le long duquel les incidents de frontière se multiplient entre la Mauritanie et le Sénégal. Il existe aussi des tensions très fortes autour de l'Amou-Daria et du Syr-Daria entre l'Ouzbékistan, le Tadjikistan, le Kirghizistan et le Kazakhstan. Dans une moindre mesure entre le Mexique et les Etats-Unis, qui s'opposent autour des eaux du Colorado, véritable fleuve fantôme  à force de surexploitation et de pollution.

 

Les ambitions pharaoniques de la Chine.

La Chine, toujours soucieuse de son indépendance, a lancé le projet le plus pharaonique du siècle, pour un montant estimé à 59 milliards de dollars. Il s'agit de détourner l'eau du Yangzi Jiang pour l'amener dans le Nord et le Nord-Ouest par trois canaux parallèles de 1300 kilomètres chacun. Ils transporteront l'équivalent en volume du débit du fleuve jaune. Ce projet, digne des bâtisseurs de la grande muraille, a pour vocation le développement économique des régions du Nord où 300 millions de personnes souffrent de la pénurie d'eau douce. Les travaux devraient durer dix ans.

 

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