Expertise collective suite aux dégâts en forêt lors des tempêtes de décembre 1999

Fin décembre 1999, les tempêtes Lothar et Martin traversent la France et dévastent tout sur leur passage. Jamais en France, autant d’arbres n’avaient été abattus par une tempête. Pour répondre aux questions des forestiers mais aussi à celles de la société, le ministère de l’ Agriculture et de la pêche charge l’ INRA et le Cemagref de réaliser une expertise collective.

Un véritable bilan des connaissances est dressé pour comprendre ce qui s’est passé. La reconstitution de la forêt dans le cadre d’une gestion durable en dépend.

En quelques heures, les tempêtes de décembre 1999 ont mutilé la France d’une partie de son patrimoine forestier. Près de quarante départements ont été touchés et 140 millions de m³de bois sont tombés au sol. La violence des vents qui ont balayé les grandes régions forestières françaises explique l’importance des dégâts. Les volumes abattus par la tempête représentent à peu près 8% du volume des bois sur pied. L’ensemble de la filière bois est affecté et le préjudice est estimé à 40 milliards de francs.

Un débat de société

Après la tempête de 1990, l’ Allemagne et la Suisse ont connu un débat social très vif concernant la gestion forestière. Les règles sylvicoles fortement détractées ont alors été modifiées afin de privilégier systématiquement la forêt irrégulière au détriment de la futaie régulière. Après la tempête de 1999, les autorités forestières françaises craignent une réaction similaire. Mais en tant que relais de l’opinion publique, les médias révèlent plutôt des interrogations sur la fréquence de retour de ce type d’événement, l’évolution possible de cette fréquence, la vulnérabilité et la localisation des enjeux. Pour répondre à toutes ces interrogations et à l’inquiétude des professionnels, le ministère de l’ Agriculture et de la pêche charge l’ INRA et le Cemagref de conduire conjointement une expertise collective sur l’aléa tempête et la sensibilité de la forêt. Les enseignements tirés permettront de proposer des orientations pour la reconstitution des forêts endommagées..

De nouvelles voies pour la recherche

L’expertise a apporté des enseignements à trois niveaux. Tout d’abord, elle a permis de rassembler les connaissances existantes. Par ce bilan, elle a mis en évidence dans un deuxième temps, des lacunes permettant de dégager des priorités de recherche dans les années à venir. Une fois définies, ces priorités ont permis de constituer le cadre d’un appel à propositions de recherche. Enfin, l’expertise commune a permis une réflexion plus prospective sur les conséquences à long terme d’un tel événement sur la forêt française. L’appel d’offres mis en place pour les " Recherches forestières à conduire à court terme suite aux tempêtes de fin décembre 1999 DERF-BRT " a retenu trois projets de recherche proposés par le Cemagref.
Ils portent sur :

les conséquences des tempêtes sur les équilibres entre populations de chevreuils et forêts caducifoliées de plaine en collaboration avec le CNRS,
les réponses de la biodiversité aux chablis en brie : interactions avec le type d’exploitation et la taille des trouées en partenariat avec la chambre d’agriculture de Seine-et-Marne,
la sylviculture et stabilité des peuplements de Douglas en collaboration avec le GIS " Coopérative de données croissance " et avec l’IDF, l’INRA et l’ONF.