Programme sur le refroidissement éolien

J'étais un cobaye pour le refroidissement éolien!

Pierre Tourigny

En mai et juin 2001, grâce à une période de congé qui tombait à point, j'ai pu participer aux essais cliniques du nouveau modèle de refroidissement éolien (facial) sur des sujets humains, qui avaient lieu à l'Institut de médecine environnementale pour la défense (IMED - maintenant appelé R&D pour la défense Canada - Toronto) du MDN à Toronto (à environ 4 km au sud de l'édifice d'Environnement Canada).

Les essais consistaient en quatre marches (cinq en fait, car il en fallu en reprendre une) sur un tapis roulant (4,8 km/h) dans une soufflerie : une à -10°, une à 0°, une à +10 °C, plus un essai «mouillé», à +10°, qui comportait une astuce supplémentaire : un léger jet d'eau d'une seconde me mouillait la figure toutes les 15 secondes.

Chaque marche durait 90 minutes - 30 minutes avec vent de 2, 5 et 8 m/s (ou environ 8, 18 et 29 km/h, respectivement). Avant les essais, il y a eu un examen médical (le médecin était l'oncle d'un collègue - le monde est petit!), et une séance de familiarisation dans la soufflerie, avec la sonde rectale pour mesurer ma température interne. Il s'est avéré que cette sonde, malgré sa mauvaise réputation, n'était qu'un étroit cylindre souple (diamètre de moins de 5 mm), que ne n'ai senti que pendant cinq minutes tout au plus. Pendant les vrais essais, il y avait aussi plusieurs autres capteurs pour mesurer la température et le transfert de chaleur à différents points du visage : sur chaque joue, sur le front, sur le menton, sur le bout du nez, et même un dans la bouche (à l'intérieur de la joue) pour mesurer la différence de température des deux côtés de la joue. En fin de compte, c'est la sonde buccale qui m'a ennuyé le plus car elle m'empêchait d'ouvrir la bouche. Vous auriez dû me voir avec tous ces fils et ces capteurs : j'avais l'air d'un robot (voir photos). Mais dans l'ensemble, c'était une très bonne expérience : je n'avais jamais participé à de la recherche médicale auparavant, et il était très instructif de voir comment opère l'IMED.

Les essais m'ont fait réaliser le vrai refroidissement éolien. À -10°, par exemple, bien que j'ai vraiment senti le froid dans ma figure pendant plusieurs minutes après l'augmentation du vent (par ex., de 5 à 8 m/s), après environ 5 minutes, mon corps a commencé à s'adapter, et la sensation de froid a diminué. Après 15 minutes, il n'y avait guère plus de différence par rapport aux vents plus faibles. Il m'a semblé clair qu'il y a un mécanisme biologique qui combat passablement bien le froid. J'ai hâte de voir les vrais résultats quantitatifs de la température de la peau et du transfert de chaleur pour savoir s'ils correspondent à mes sensations qualitatives. Le reste de mon corps, quant à lui, est demeuré bien au chaud grâce aux épais vêtements militaires qu'on nous avait donnés pour les essais. D'ailleurs, j'ai eu plus froid pendant le test à 0° que pendant celui à -10°; c'est, je pense, à cause des vêtements moins épais que j'avais à 0°. 

Les autres essais étaient meilleurs. À +10° au sec, ça s'est déroulé comme un charme. Au dernier essai (avec «bruine»), j'avais une vraie surprise à chaque jet, du moins pendant les premières minutes. Disons aussi que j'étais heureux que ce soit à +10° et non à 0° comme on l'envisageait d'abord : l'eau était vraiment froide par moments! 

Participer à ces essais, c'était réellement une expérience. J'aimerais maintenant en faire plus pour l'IMED si jamais j'en ai la chance. Pour le moment, j'espère que notre nouveau programme atteindra ses objectifs et aidera la population canadienne à faire face au froid.

Pierre Tourigny est météorologue à la Direction des services et des politiques d'affaires météorologiques de l'administration centrale du SMC.

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le site Web d'Environnement Canada.