24/11/03 - Restauration - Paris, Musée du Louvre -
Acheté en 1822 par la Maison du Roi, sous Louis
XVIII,
comme Beccafumi, dans un lot de
13 tableaux, le Christ au jardin des
oliviers, devenu totalement illisible à cause des vernis anciens, avait
été classé au rebut. Il fut sauvé in-extremis après la guerre par Sylvie Béguin,
alors que des ouvriers du musée s'apprêtaient à le transformer en
présentoir. L'œuvre vient d'être raccrochée dans la Grande Galerie1, après
dix ans d'une longue et minutieuse restauration.
La taille du support de
cuivre, de plus d'un mètre, et sa technique en pointillés sont
exceptionnelles2, ce qui explique la durée de la réintégration3.
Son apparence fait penser aux plaques de gravures ou aux nielles, plus qu'à une
peinture. On n'est d'ailleurs pas complètement sûr qu'il s'agisse d'une œuvre
originale, mais peut-être d'une dérivation (ou du modèle) d'une gravure.
Par son style proche de ce que Zeri a qualifié d'« arte senza tempo »4,
par son ambiguïté visuelle et technique,
par sa recherche de clair-obscur5 et sa « morbidezza »6,
ce tableau semble appartenir au maniérisme de la Contre-Réforme
lombarde et a été rapproché de l'entourage de Giovanni Paolo Lomazzo. Très marquée par le
luminisme de la Prière au jardin des oliviers de Corrège (Londres,
Apsley House), l'école lombarde, sous la ferveur des prêches de saint Charles
Borromée, a développé ce thème à de très nombreuses reprises (Simone Peterzano,
Morazzone, Francesco del Cairo).
1. Ecole lombarde vers 1580-1600, grisaille sur cuivre ; 110 x 80 cm. Le
tableau est visible aile Denon, dans la Grande Galerie, au débouché des salles
d'art graphique, à coté des œuvres d¹Arcimboldo et d'Antonio Campi et en
face de celles de Vasari et Empoli.
2. Plaque de cuivre, sous-couche d'azurite, points d'or et grisaille (on
connaît un objet de technique similaire d'après une gravure de Rosso).
3. Les mastics n¹adhéraient pas au support et se bombaient.
4. Federico Zeri, Pittura e Controriforma : l'« arte senza tempo » di
Scipione da Gaeta (1957, nombreuses rééditions)
5. C'est l'époque où Caravage venait de quitter Milan.
6. Le visage de l'apôtre endormi, le plus à droite, rappelle ceux de
Cerano et de Giulio Cesare
Procaccini
Source : de
nombreuses informations contenues dans cet article proviennent du dossier sur l'œuvre
conservé au Service d'Etude et de Documentation des peintures du Musée du
Louvre, dirigé par Jacques Foucart.
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