16/4/04
– Acquisitions
– Paris,
Musée Eugène Delacroix –
Comme nous l'avons déjà vu (brève du 9/4/04), de nombreux musées ont acquis des
œuvres à l'occasion de la vente Pierre Miquel.
Le musée Delacroix, récemment rattaché au Louvre, a renforcé
son fonds romantique autour de Delacroix (amis, élèves, ...). Il a ainsi
préempté cinq dessins. Parmi ceux-ci, deux sont des variations sur le thème
de Faust. Le premier est une gouache de Léon Riesener (1808-1878), Faust dans un
intérieur1, fils et élève de Henri François Riesener,
qui fut également l'élève
de Gros. Il était le cousin germain d'Eugène Delacroix qu'il admirait
beaucoup. La seconde, une aquarelle d'Alexandre Colin (1798-1873), représente Faust et Marguerite2 (ill. 1).
Alexandre Colin appartient, avec des artistes comme Camille Roqueplan ou Louis
Boulanger, à la cohorte des petits maîtres du romantisme, mineurs mais souvent
attachants. Il était ami avec Delacroix, ce qui justifie cet achat, outre le
sujet et la joliesse du traitement.
1. Alexandre Colin
|
2. Attribué à Jules Robert
Auguste (?)
|
Une aquarelle (ill. 2), également acquise lors de cette vente, pose nombre de questions. Son auteur, d'abord, n'est pas certain. Elle était cataloguée avec une attribution à Jules Robert Auguste (1789-1850). Pourtant, le style de cet artiste, également ami de Delacroix et dont la formation d'origine était sculpteur (il fut Prix de Rome de sculpture en 1810), ne semble pas correspondre réellement à celui de cette œuvre. S'il est peu connu, et peu étudié, les dessins de sa main (pastels ou aquarelles) dont nous avons pu voir des reproductions3, ont une matière plus grasse, un canon plus allongé, et présentent une nette tendance à l'outrance des expressions. De plus, les coloris sont beaucoup plus étranges et criards. L'attribution du catalogue de la vente semble fondée sur le fait qu'une aquarelle d'Auguste représentant le Comte de Palatiano (le sujet de ce dessin) aurait existé. Il s'agit en effet d'un Portrait du Comte Palatiano en costume souliote4, dont la composition est très proche de celle d'un tableau de Delacroix gravé par Frédéric Villot5 et dont une autre aquarelle, attribuée à Bonington, est conservée au musée Benaki à Athènes6. Le statut de ces feuilles (copies ou travaux simultanés sur le même modèle) n'est pas facile à définir, mais il est cependant probable que ces deux aquarelles ont été, comme la gravure de Villot, réalisées d'après le tableau de Delacroix. Si l'attribution à Auguste de l'œuvre acquise par le Musée Delacroix ne peut être totalement exclue, il est possible qu'elle soit due à un autre artiste, d'après Delacroix.
Deux dessins complètent ces achats. La Société des Amis, outre le Colin, a offert un Hippolyte Poterlet (1803-1835), Quatre têtes d'hommes et deux têtes de femmes7. Artiste très intéressant, mort trop jeune, certains de ses dessins passent parfois en vente sous le nom de Delacroix. Enfin, un autre Léon Riesener, représentant des Falaises près de Fécamp8, sujet également traité par Delacroix, est venu rejoindre les collections du musée.
1. 18 x 20,5 cm. Cachet de la vente
en bas à droite (Lugt 2139).
2. Aquarelle partiellement vernie, étude pour la planche 6 de l'album
d'estampes paru chez Noël Aîné et Fils en 1829. Cachet du monogramme AC ans
un cercle en bas à gauche. 28 x 22,5 cm (ces informations proviennent du
catalogue de la vente Miquel). Cette acquisition est un don de la Société des
Amis du Musée Eugène Delacroix.
3. Dossier Jules Robert Auguste au Service de Documentation du
Département des Peintures du Musée du Louvre. Le musée d'Orléans possède de
nombreux pastels d'Auguste, et le Louvre une huile sur papier représentant
Othello et Desdémone(?) présentée à l'exposition : Richard Parkes
Bonington « Du plaisir de peindre », Petit Palais, Paris, 1992, n° 67.
4. Aquarelle gouachée. 19 x 13,5 cm.
5. Le tableau de Delacroix a été retrouvé par Lee
Johnson à la galerie Narodni de Prague (publiée dans son The paintings of
Eugène Delacroix, Critical supplement). Cette indication, ainsi que de
nombreux renseignements nous ayant aidé à écrire cet article, nous a
été aimablement fournie par Catherine Adam-Sigas,
du Musée Delacroix, que nous remercions.
6. Voir le catalogue de l'exposition Richard
Parkes Bonington « Du plaisir de peindre » n° 64.
7. Plume et encre brune sur papier vergé. 11,5 x
19,5. Le dessin était présenté comme « attribué à » mais ce nom a été
pleinement confirmé par Edwart Vignot, spécialiste de l'artiste, et membre du
Conseil de la Société des Amis du Musée Eugène Delacroix.
8. Lavis d'encre brune. 13,5 x 19 cm. Cachet de la
vente en bas à gauche (Lugt 2139).
Brève précédente concernant les achats des musées à la vente Miquel (9/4/04)
Suite des achats des musées à la vente Miquel (18/4/04)
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