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Place des Victoires

Auteurs : Collectif.

   Peu de places parisiennes ont une histoire aussi complexe que celle des Victoires. Grâce au Centre Allemand d'Histoire de l'Art, qui y a ses locaux et qui est le maître d'œuvre de ce recueil, ce haut lieu de l'architecture parisienne, bien malmené au cours des siècles, n'aura plus guère de secrets.

   Saluons tout d'abord le travail éditorial qui, de la somme de plusieurs contributeurs, aboutit à un ouvrage cohérent et complet. Il est difficile de distinguer les auteurs les uns des autres, chacun ayant participé à cette réussite. Tous les aspects : architecturaux, urbanistique, historiques et sociologiques sont traités. La personnalité complexe de l'initiateur de la place, le duc de la Feuillade, est analysée, comme ses motivations qui ne doivent guère à l'amour de l'art et tout à la courtisanerie. L'architecture de Jules-Hardouin Mansart était inséparable de la sculpture du roi qui en occupait le centre et qui, détruite à la Révolution, fut remplacée - après un éphémère monument à Desaix - par un Louis XIV cavalier par Bosio1. Les deux effigies sont chacune le sujet d'un article. L'originale, due à Desjardins, représentait le roi en pied, victorieux et pacificateur, avec quatre captifs à ses pieds. Ceux-ci existent toujours et sont conservés au Louvre. L'ensemble fut la cible de nombreuses critiques, venant aussi bien des adversaires du souverain en France, qui lui reprochèrent la quasi adoration dont il était l'objet à travers son image, que de certains Etats étrangers, comme le Brandebourg qui se reconnaissait, non sans raison, dans l'un des prisonniers que piétine symboliquement le roi.

   La physionomie actuelle de la place a été plusieurs fois bouleversée. Son histoire est trop complexe pour que l'on se hasarde ici à la résumer et l'on ne pourra que renvoyer aux textes respectivement consacrés au lotissement et à l'architecture. Un autre essai, qui étudie le devenir du lieu au XXe siècle et les projets auxquels il a heureusement échappé, présente l'intérêt de s'interroger sur la politique urbaine à Paris au siècle dernier et sur les débats patrimoniaux de l'époque. En élargissant le propos à des bâtiments proches de la place, les auteurs poursuivent inévitablement cette réflexion sur le patrimoine, sa conservation et parfois sa destruction. C'est le cas pour l'hôtel de La Vrillière, aujourd'hui siège de la Banque de France, à l'histoire au moins aussi compliquée que celle de la place qu'elle jouxte. Sa fameuse galerie dorée, reconstruite entièrement au XIXe siècle par Charles Questel, jusqu'au plafond peint par François Périer et remplacé par une copie des frères Balze, en témoigne éloquemment. Le funeste destin de la Chancellerie d'Orléans détruite (avec promesse de reconstruction, jamais honorée) dans les années 1930 par la Banque de France est également évoqué2.

   On n'aura garde d'oublier les études sur l'église Notre-Dame des Victoires, église abbatiale des Augustins déchaussés (il est cependant dommage que l'histoire de l'édifice au XIXe n'y soit pas abordée), sur certains bâtiment de la place (le décor du numéro 10, siège de l'Institut Allemand d'Histoire de l'Art ; les n° 2 et 4 réunis sous l'appellation d'Hôtel Bergeret et qui témoigne, derrière la façade prestigieuse de Mansart, d'un intérieur plus modeste) ou celles portant sur la sociologie et l'économie du quartier, haut lieu de la mode, fréquenté par de nombreux musiciens (Lulli, dont le tombeau se trouve à Notre-Dame des Victoire) et écrivains.
   On ne saurait donc trop conseiller cet excellent ouvrage aux amoureux de l'histoire parisienne.

Didier Rykner
(mis en ligne le 22 septembre 2004)

1. Voir à ce propos la brève du 20/12/03.
2. Nous comptons revenir un jour prochain sur ce douloureux dossier.

Sous la direction de Isabelle Dubois, Alexandre Gady et Hendrik Ziegler, Place des Victoirse. Histoire, architecture, société, 174 p., 125 illustrations, Editions de la Maison des sciences de l’Homme, Paris, 2004, 76 €. ISBN : 3-05-003404-1
Préface de Claude Mignot, contributions de Thomas W. Gaehtgens, Bettina B. Cenerelli, Hendrik Ziegler, Alexandre Gady, Jörg Ebeling, Régis Spiegel, Sabine Fastert, Julia Drost, Lisa Werner, Simon Texier, Martin Schieder, Olivier Liardet, Pierre Rosenberg, Peter Kropmanns. Avec un reportage photographique de Chris Durham.