Au "Théâtre ouvert" dans le quartier de Pigale, nous assistons à une représentation particulière organisée par "France Culture", "Télérama" et "Philosophie Magazine". La salle est pleine.
Le décor est simple, un appartement ouvert avec une sorte de terrasse et quelques plantes vertes, deux chaises et quatre acteurs de grand talent.
Maurice Bénichou, un comédien que l’on aime profondément pour sa générosité et son aura méditerranéenne est Serge Othon Weil ; André Marcon, lui aussi figure bien connue et appréciée, est Ariel Chipman. Yasmina Réza joue sa femme Nadine Chipman, et Christèle Tual, belle, athlétique, sexy et drôle campe une psychiatre assez épatante.
Saluons la mise en scène assez exceptionnelle de cette pièce, réalisée par Frédéric Bélier-Garcia en compagnie de Yasmina Réza.
Shopenhauer est le curieux prétexte, assez jubilatoire il faut bien le dire, de cette confrontation entre ces quatre personnages qui se croisent et se parlent face à face en duos interchangeables, mais sans dialogues directs, seulement en monologues écrits au millimètre avec des passages drolatiques et de vraies trouvailles littéraires.
Lidel et Ed. côtoient des histoires de mandarine, des couples qui se déchirent, des balades dans la ville, Yasmina Reza est un grand auteur doublé d’une sociologue, elle peint le monde moderne avec une focale épatante se moquant de nos travers sociétaux, des folies douces et des côtés surréalistes de l’existence.
Un beau texte, un théatre qui offre une salle d’une cosmogonie très intéressante, des acteurs de très très haut niveau. Yasmina Réza continue à faire ce qu’elle fait de mieux, c’est à dire philospher sur l’Art, le vrai, celui qui rencontre les vies majuscules et minuscules.