Serigne Abdou Aziz Sy Al Ibn, porte-parole de la famille tidiane de Tivaouane, s'est vivement élevé, mercredi, contre le désolant spectacle des enfants taalibe qui squattent, à longueur de journée, les rues des grandes villes du Sénégal. Une pratique que rien ne saurait justifier surtout, dit-il, quand on sait que l'Islam n'est pas et ne sera jamais une religion de mendicité. C'était à l'occasion de la tournée de sensibilisation entreprise par le Partenariat pour le retrait et la réinsertion des enfants de la rue (Parrer), auprès des familles religieuses dans le département de Tivaouane.
Prenant le contre-pied du président national de l'Association pour la protection des daaras, écoles coraniques, qui avait élevé la voix, après la marche organisée la semaine dernière par l'Ong Tostan, pour exiger l'abrogation de la loi sur la mendicité, Serigne Abdou Aziz Sy fera savoir que ‘la mendicité n'est pas une pratique islamique'. Mieux, dira-t-il, ‘non seulement l'Islam réprouve une telle pratique, mais il propose des solutions'. Aussi promettra-t-il de mettre à la disposition du Parrer un de ses écrits sur la perception qu'a l'Islam de la mendicité ainsi que les solutions qu'il préconise.
De même, le porte-parole de la famille tidiane de Tivaouane a suggéré aux responsables du Parrer de faire en sorte que les khalifes généraux fassent chacun une déclaration dans ce sens. Et, citant son père, Feu Seydi Ababacar Sy, il dira que c'est à travers la mendicité que les enfants acquièrent de mauvaises habitudes. ‘C'est pourquoi il m'avait formellement interdit d'envoyer mes talibés mendier', dira-t-il, avant d'ajouter que, depuis vingt ans, il n'a cessé de s'insurger contre cette pratique qui se pose aujourd'hui comme un véritable phénomène social auquel il faut mettre un terme. C'est ainsi qu'il s'est déclaré convaincu qu'il est temps que l'Etat commence à réglementer la création des daaras et veille scrupuleusement au respect de cette réglementation car, poursuit-il, nombre de pratiques, à l'instar de la mendicité des taalibe, relèvent plus de la tradition que de la religion. Aussi Serigne Abdou d'assurer ses hôtes de son soutien et de celui du khalife général Serigne Mansour Sy qui, malgré son état de convalescence, a tenu à recevoir la délégation pour confirmer les engagements pris par son porte-parole.
Le même accueil sera réservé aux caravaniers dans les cités religieuses de Pire et de Ndiassane. Dans cette dernière localité, le khalife est même allé jusqu'à mettre à la disposition du Parrer son fils et un de ses fidèles pour les accompagner dans leur mission. Quant à Serigne Moustapha Cissé, il a saisi l'occasion pour dire toute la peine qu'il ressent devant cette image malsaine de l'Islam véhiculée par ces enfants taalibe mendiant à tout bout de chemin. ‘Si personne ne fait rien, le phénomène sera éternel', prévient-il, avant de dire toute sa disponibilité ainsi que sa volonté à aider dans la recherche de partenaires tant à l'intérieur qu'à l'extérieur.
Portée sur les fonts baptismaux depuis février 2007 avec la bénédiction du chef de l'Etat, le Partenariat pour le retrait et la réinsertion des enfants de la rue (Parrer) est une association de lutte contre la mendicité des enfants. Aussi la campagne de sensibilisation qu'il vient de démarrer entre-t-elle dans le cadre de son plan d'action. Et précise l'auteur du livre, ‘L'aventure ambiguë', l'ancien ministre sous Senghor Cheikh Hamidou Kane qui conduisait la caravane en sa qualité de président du Parrer, la campagne vise non seulement à bâtir mais aussi et surtout à renforcer l'implication des familles religieuses dans les interventions de son organisation. Des interventions qui tournent autour de trois objectifs principaux que sont : l'application rigoureuse des lois sur la défense des droits de l'enfant, la sensibilisation sur lesdites lois et la recherche de partenaires stratégiques pouvant aider à la création de projets pilotes pour le bien-être des enfants. Des objectifs dont l'atteinte ne peut être effective que par l'engagement et le soutien des chefs religieux.