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Hénaux, lui, nous parle de la bataille de Waleffe où les troupes de l'Evêque de Liège et du Duc de Brabant attaquèrent pendant la nuit l'armée communale. Obligée de battre en retraite, elle laissa le métier des houilleurs former l'arrière-garde qui ne put soutenir longtemps, malgré tout son courage, le choc de la cavalerie brabançonne. Ils succombèrent jusqu'au dernier.
Fort attachés à leurs privilèges et à leurs libertés, ils ont pris une part active à toutes nos révolutions. Ils étaient également habiles à miner les murailles des forteresses imprenables. D'après Bouille (histoire du Pays de Liège, tome 3, page 153), les Liégeois furent appelés par le roi de France Louis XIII en 1621 au siège de saint Jean d'Angely afin de miner les murailles, ce qu'ils firent d'ailleurs avec succès.

Comme pour la plupart des métiers, les houilleurs étaient des exploitants d'une fosse et marchands, soit ouvriers houilleurs : « Seront tenus d'acquérir le métier, c'est-à-dire la Grande Raute, ceux qui s'occuperont de houille, de mines et de charbon ; de la Petite Raute de la Houillerie ceux qui voudront ouvrer dans la fosse, capolier (arranger en tas les gros morceaux de houille), mener avec les brouettes, charger ou décharger la houille, en porter avec des bots pour les revendre seulement par bodets et par bots ».

N'a-t-on pas qualifié les Liégeois de « tièsses di hoie », signifiant par-là l'extrême popularité de la houille dans la région ? Les anciens Liégeois la connaissaient avant le XIème siècle. Ce n'est cependant qu'au XIIIème siècle qu'apparut le mot « houille ». C'est aussi en cette période que notre charbon conquis le sol étranger et y établit notre réputation. Les Liégeois furent toujours les pionniers en matière de charbon, tous les auteurs l'attestent.

D'après Gobert, il est cependant bien difficile de dater les débuts de l'organisation du métier des houilleurs. Une chose est sûre qui témoigne de l'extrême popularité des houilleurs : le métier a fourni de nombreux bourgmestres à la Cité.
Surnommés « Tièsses di hoie », les houilleurs faisaient preuve de ténacité, d'énergie et de courage, ce qui leur valut d'être souvent appelés sur les champs de bataille. Jean d'Outremeuse (mis en doute par Th. Gobert) cite les éclats des houilleurs à la bataille de Steppes en 1213, Ferd.



 

Pour cette dernière tâche, c'était le rôle des botteresses de pétrir le charbon menu avec la glaise et de l'eau afin de pouvoir en faire un « hotchet » transportés par les célèbres bottes et de les livrer ainsi aux bourgeois de la ville.

Fort réglementé en ce qui concerne les fraudes, les poids et mesures, le métier des houilleurs n'acceptait pas une faute d'un de ces membres. Si un seul commettait une indélicatesse, cela pouvait retomber sur le métier et lui donner mauvaise réputation.
Que dit le règlement ?
« Les Maîtres de fosse pourront vendre paniers de houille, paniers et caisses de mines mais ils devront livrer le poids exact. Les Maîtres de fosse à bras devront livrer pour chaque voie de houille capelée ou à capeler ce qui leur a été commandé.

Souvent encore, nous voyons un charretier sonner à la porte d'un bourgeois, cherchant à lui vendre, à prix réduit, une charrette de houille qu'il prétend avoir été refusée par le destinataire et sur laquelle il déclare consentir une réduction pour ne pas devoir la rentrer au charbonnage. Cette charrette contient le produit de ses vols multiples sur les corvées précédentes ».

 

C'est la raison pour laquelle le métier a réagi face à ces pratiques en décrétant que « les charrons, conducteurs de brouettes et botteresses ne pourront détourner aucune partie de houille pendant le transport sous peine de se voir priver du métier à perpétuité après la deuxième infraction ». « Comme il est de coutume que ceux qui travaillent pour les charbonnages ne se font payer qu'après de longs retards et qu'il n'est pas d'habitude que les Peseurs délivrent des quittances, ceux-ci seront crus sur parole quand la facture à payer sera présentée après un délai de six mois ».

La maison des Houilleurs : en 1433, elle est située sur le Marché (d'après Jean de Stavelot) et s'appelle la maison des Grandes Balances. Le métier acquiert ensuite une maison près de l'église Saint André mais en 1450, il la quitte pour la céder aux texheurs. Ensuite deux noms vont se succéder pour la même maison située sur le Marché et acquise en 1684 : la maison du Cygne deviendra la maison de la Tête d'Or et sera toujours située à côté de la maison à l'Aigle d'Or.