Envoyer Imprimer Réagir Article paru
le 8 mai 1995
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Les salaires

Les salaires.

Au cours de l’automne, les conflits salariaux ont pris une dimension tout à fait nouvelle avec notamment ceux de Pechiney Dunkerque et d’Alsthom Belfort. L’exigence d’une augmentation mensuelle de 1.000, voire de 1.500 francs, s’est développée dans de nombreuses entreprises. Au fil des semaines, cette question, prise à bras-le-corps par le candidat communiste, est devenue un débat national auquel aucun candidat n’a pu se soustraire même si la plupart ont tout fait pour biaiser. Il est peu probable que les annonces récentes des résultats financiers mirobolants de la quasi-totalité des grands groupes, ainsi que celles de distributions généreuses de dividendes soient de nature à faire refluer les appétits légitimes des salariés.

La réduction du temps de travail

Il s’agit sans doute de l’une des questions « dans l’air du temps » qui a pris le plus de force au fil de ces derniers mois. Cette revendication était certes portée, de façons diverses, par les syndicats. Pour ce qui concerne les communistes, la campagne de Robert Hue a permis de populariser non seulement la proposition des 35 heures, mais d’en éclairer la portée en terme de changements aussi bien dans le travail - dans son organisation et son contenu - que hors travail.

Autrement dit, de donner à cette mesure, qui participe de la lutte pour l’emploi, une véritable dimension de civilisation. Relevons un fait significatif. Au cours de ces semaines, si beaucoup se sont évertués à contenir le cadre de cette baisse du temps de travail, pas une seule formation politique, pas un seul candidat n’a été en état de maintenir l’argumentation sur le prétendu couple baisse du temps de travail/baisse du salaire. Y a-t-il meilleur indice pour apprécier combien cette aspiration a grandi ?

L’emploi

Le président de la République et le gouvernement vont être rapidement confrontés à une question majeure. Aussi modeste que soit la réalité des mesures annoncées, la bataille contre le chômage a été mise au coeur du « pacte conclu entre un homme et un peuple », pour reprendre la formule chère aux adeptes de l’actuelle Constitution.

Or, des plans de suppressions d’emplois - plusieurs dizaines de milliers dans les plus grands groupes - ont été annoncés par des entreprises qui, le plus souvent, affichent des résultats financiers mirobolants. On peut toujours faire miroiter la création de services de proximité et attendre d’improbables miracles de la baisse des « charges » si, dans le même temps, la mise en oeuvre des engagements pris consiste à perpétuer le massacre des emplois qualifiés, stables et les mieux rémunérés.

La promesse de la reconquête d’« un vrai travail » pourra difficilement être considérée tenue avec davantage de chômeurs et toujours plus d’emplois précaires.

Protection sociale

Depuis des mois, tant l’attachement au régime de retraite par répartition que l’exigence d’une couverture sociale de haut niveau en matière de santé ont été les raisons de très nombreuses manifestations auxquelles tous les syndicats ont participé à un moment ou à un autre. Il ne s’est pas seulement agi de défendre une Sécurité sociale de plus en plus malmenée. L’élargissement de l’assurance maladie à toutes les victimes de l’exclusion s’exprime de plus en plus fortement. De même que le maintien d’un réseau d’hospitalisation publique associant établissements de proximité de qualité et structures départementales ou régionales plus lourdes. Là encore, les manifestations se sont multipliées. Elles ont le plus souvent connu de francs succès de participation à tel point que le gouvernement Balladur a dû reculer à plusieurs reprises sur ses objectifs de fermetures de lits.

Services publics

La préservation et l’amélioration du rôle et de la qualité des services publics, le respect des statuts de leurs personnels - gage de cette qualité - ont également constitué le moteur de luttes multiples de la dernière période, tant à La Poste qu’à France Télécom, la SNCF, Air Inter, EDF-GDF. Au cours de la campagne, et jusque dans ses derniers jours, chacun s’est engagé à préserver cet atout national « contre les velléités de la Commission européenne ». Comment cet engagement sera-t-il tenu alors que le président a par ailleurs multiplié les engagements de fidélité au traité de Maastricht et au type de construction européenne qu’il porte ? Or, la lettre même du traité met directement en cause la pérennité de la tradition française des services publics. En son article 129, il précise : « Dans le cadre d’un système de marchés ouverts et concurrentiels, l’action de la communauté vise à favoriser l’interconnexion et l’interopérabilité des réseaux nationaux (transports, télécommunications et énergie - NDLR). » Fameuse contradiction entre ces exigences et les engagements pris devant le peuple.

Logement, santé, éducation…

Tout le monde a été contraint de convenir que, dans ce pays qui compte parmi les plus riches de la planète, nombre de besoins de la population ne sont pas satisfaits, ou plus précisément sont de moins en moins bien satisfaits pour une large fraction de la population. Cinq millions de pauvres, une part notable d’entre eux en situation d’exclusion, sont la marque d’une déstabilisation beaucoup plus large de la société, d’une fragilisation des conditions de vie. Hier, les électeurs étaient invités à choisir entre « La France pour tous » et « La France plus juste ». Le président élu a promis plus d’égalité. Mais les moyens d’y parvenir - question qui a été au centre de la campagne de Robert Hue - n’ont jamais été clarifiés. Comment va-t-il donc s’attaquer aux déficits publics ? En se pliant aux « critères de convergence » définis par le traité de Maastricht, incontournables à qui veut respecter les engagements pris sur la monnaie unique ? Il faudra alors couper à vif dans les budgets sociaux, voire augmenter les impôts qui pèsent sur la consommation populaire, sur les revenus du travail. Mais ce serait fouler aux pieds les promesses faites, mépriser les attentes exprimées de façons diverses par les électeurs et pour tout dire creuser encore le lit des inégalités, de la crise. Fameuse contradiction donc, que l’élection d’hier n’a pas résolue. La solution appartient sans doute au mouvement social, certes par les luttes, mais aussi par une construction politique nouvelle dont l’invention reste plus que jamais nécessaire.

MARC BLACHERE

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du 8 mai 1995
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