EMMAÜS INTERNATIONAL
Papiers de l'Abbé Pierre

2000050



Activité : action sociale (services non marchands publics)




Historique


Le mouvement Emmaüs est né en novembre 1949 par la rencontre "d'hommes ayant pris conscience de leur situation privilégiée et de leurs responsabilités sociales devant l'injustice, et d'hommes qui ne possédaient plus de raison de vivre". Les uns et les autres décident d'unir leurs volontés et leurs actes pour s'entraider et secourir ceux qui souffrent dans la conviction que c'est "en devenant sauveur des autres que l'on se sauve soi-même".

Après la Deuxième Guerre mondiale, dans la banlieue parisienne, l'abbé Pierre, prêtre français, prend conscience du drame des familles de travailleurs sans-logis et les aide à construire des logements de fortune au besoin dans l'illégalité.

En novembre 1949, sa rencontre avec un homme seul, désespéré, marque la naissance du Mouvement Emmaüs. Au lieu de lui donner une aumône ou de proférer quelques bonnes paroles, l'abbé Pierre lui demande de venir "l'aider à aider", l'aider à donner un logement, aussi précaire soit-il, aux familles sans-logis. Ce faisant, il redonne à cet homme, la chose qui lui manque le plus : une raison de vivre. La première communauté d'Emmaüs est née.

Au fil des années de nombreuses communautés d'Emmaüs se sont créées. D'autres groupes appelés Amis d'Emmaüs, ainsi que des camps de travail pour les jeunes ses sont progressivement développés et diversifiés.

En 1969, après vingt années de fondations, parfois spontanées, parfois organisées, à travers le monde, le Manifeste Universel, est adopté par une première rencontre mondiale d'Emmaüs. En 1971, 95 associations de 20 pays différents fondent l'Association "Emmaüs International" qui, en 2000 regroupent 450 associations dans 38 pays.

L'association Emmaüs International assure la liaison entre les associations membres à travers le monde ainsi que leur entraide mutuelle tout en respectant, dans le cadre de leur personnalité respective, leur autonomie propre (article 1 et 3 des statuts). Partout où cela est possible, le premier moyen utilisé est la "récupération". Mais il est des pays dans le tiers-monde où, au sein de populations démunies de tout, il n'y a rien à "récupérer". Dans ce cas, fidèles au principe d'Emmaüs de ne rien recevoir en dehors du produit de leur travail, les groupes s'efforcent de trouver des moyens d'existence ainsi que des moyens d'aider autour d'eux, qui soient adaptés à leur environnement : élevage aux Philippines, pêche maritime en Colombie, artisanat en Inde ou en Bolivie, fabrique de parpaings et autres matériaux de construction en Corée du Sud ou en Argentine.

Emmaüs International est le seul mouvement et organisme international d'Emmaüs reconnu par l'abbé Pierre pour poursuivre l'action commencée en 1949.




Modalités d'entrée


Le 11 décembre 2000 a eu lieu à Roubaix au Centre des archives du monde du travail la signature de la convention de dépôt des archives d'Emmaüs international entre Philippe Belaval, alors directeur des Archives de France, et Renzo Fior, président d'Emmaüs International, sous le patronage de Michel Duffour, secrétaire d'Etat au Patrimoine, et de l'abbé Pierre, fondateur d'Emmaüs.


Les archives déposées se structurent autour de trois principaux ensembles :

- les archives dites historiques, soit les papiers personnels de l'abbé Pierre et de son secrétariat l'ayant suivi au cours de ses pérégrinations (sous-fonds abbé Pierre).

- les archives dites administratives, ces dernières étant les archives proprement dites de l'association Emmaüs International depuis son installation à Alfortville en 1988 (sous-fonds Emmaüs international) et les archives dites des groupes qui sont en fait des documents qui proviennent de groupes et d'associations liés à Emmaüs (sous-fonds Informations reçues des groupes nationaux français et sous-fonds Documents des communautés Emmaüs en France), l'ensemble le plus homogène et le plus complet étant celui des communautés itinérantes des chiffonniers-bâtisseurs d'Emmaüs depuis 1956 et de leur prolongement par les camps internationaux de travail de vacances depuis 1963 (sous-fonds Communautés itinérantes et camps internationaux de travail).

- le troisième ensemble est constitué de sous-fonds regroupant les documents par type de supports : sous-fonds Revues de presse depuis 1954 et périodiques, sous-fonds Photothèque de l'abbé Pierre et d'Emmaüs International (très importante photothèque comprenant entre autre la collection de photographies appartenant à l'abbé Pierre, prises par lui-même ou qui lui ont été envoyées et une autre collection constituée par les photographies et les albums envoyés par les groupes et communautés à Emmaüs international), sous-fonds Archives sonores et audiovisuelles (comportant des bandes magnétiques sonores, des cassettes audio, des films, des vidéocassettes concernant l'activité d'Emmaüs International ou l'abbé Pierre) et sous-fonds Affiches.

Cette composition "pluraliste" traduit la lente émergence de l'association proprement dite. En effet, Emmaüs international n'est né qu'en 1969, soit quinze ans après l'appel de l'hiver 54. l'autre particularité de ces archives est leur "mise en abîme" : en effet, Emmaüs est un mouvement pluraliste qui a initié toute une nébuleuse associative autour des idées de l'abbé Pierre : associations diverses pratiquant soit les trois, soit deux soit une des règles fondamentales : vie en communauté, travail de récupération, service des plus pauvres mais l'organisation. De toutes ces organisations, c'est Emmaüs international qui est l'héritier légitime de l'abbé et est donc depuis 1971 devenu l'interlocuteur privilégié des différentes branches. De nombreux documents, textes ou albums photographiques, coupures de presse reflétant l'activité locale des membres d'Emmaüs sont parvenus à Alfortville après l'installation du secrétariat en France envoyés par des groupes ou des communautés, c'est là aussi qu'ont été regroupés tous les dossiers confiés à l'abbé Pierre ou qui lui ont été envoyés. Cela ne va sans poser de nombreux problèmes d'identification de leur provenance exacte car ces dossiers ont été souvent traités de façon documentaire sans tenir compte de leur provenance, abbé Pierre, dossiers de travail et de documentation de celui-ci, anciens dossiers du secrétariat international de Liaison des associations des Associations Emmaüs dont le siège était à Charenton et qui veillait à ce que ne puisse se présenter comme relevant du mouvement fondé par l'abbé Pierre un groupe qui n'en conserverait pas les règles fondamentales mais cette documentation enrichit notre connaissance du mouvement dans son ensemble, d'autant plus qu'il n'est pas sûr que les archives propres à chaque petite association ont toujours été bien conservées.

Emmaüs n'a pas été voulu : le mouvement est né de l'agrégation de volontés et du temps passé à lutter contre la misère. Il est donc à ses débuts, complètement lié à la forte personnalité de l'abbé Pierre. Emmaüs naît donc en 1949 de façon informelle de la rencontre de l'abbé Pierre avec Georges, un ancien prisonnier désespéré. L'abbé lui propose de l'"aider à aider" : autour d'eux se forme un groupe d'hommes et de femmes de bonne volonté. Leur maison de Neuilly-plaisance se voit baptisée "Emmaüs". Les temps sont durs (l'abbé les surnommera plus tard "temps des catacombes") : il y a fort à faire, dans le contexte de pénurie de logement de l'après-guerre, et l'abbé Pierre a quitté le MRP en 1951. Pour assurer la subsistance du groupe, on a recours au travail de chiffonnier : un autre point fondamental du mouvement Emmaüs s'affirme alors, la nécessité du recours au travail, comme outil de socialisation et de financement. 1er février 1954 : c'est l'explosion : l'abbé devient une figure charismatique de la scène sociale française, tandis que partout essaiment les initiatives se réclamant d'Emmaüs. En février c'est la création de la Société d'HLM Emmaüs, en mars c'est la naissance de l'association Emmaüs qui rassemble alors tout ce qui porte le nom d'Emmaüs aussi bien les communautés que l'Union nationale d'aide aux sans logis qui deviendra en 1957 la confédération générale du logement (CGL), c'est aussi la parution du premier numéro de la revue Faim et Soif fondée par l'abbé Pierre. Cependant, ce tournant qualitatif et quantitatif va par la suite s'accompagner d'un débat au sein du mouvement : faut-il, comme le pense l'abbé Pierre, laisser libre cours aux initiatives personnelles ou faut-il structurer et centraliser le mouvement ? à la faveur d'une maladie de l'abbé, les tenants de la centralisation l'emporte ce qui n'est pas sans conséquence archivistique : l'Union centrale des associations communautaires Emmaüs (UCACE) prend en charge une partie des communautés existantes en 1958 et organise ses propres archives qui ne sont donc pas à Roubaix et qui ont fait l'objet d'un mémoire de maîtrise à l'Université de Lyon d'Axelle Brodiez (1). Les autres communautés resteront indépendantes et certaines se regrouperont en 1962 en Union des amis et compagnons d'Emmaüs (UAC).

De ce fait, les archives de cette période jusqu'aux années 1960 sont essentiellement celles de l'abbé, en particulier sa correspondance et les dossiers de son secrétariat tenu par Lucie Coutaz, co-fondatrice du mouvement. Elles témoignent des constructions des premiers logements d'urgence et de l'activité créatrice incessante de l'abbé : il est fondateur aussi d'un certain nombre d'autres associations dont les archives font aussi se retrouver dans ses papiers ainsi l'IRAMM (Institut de recherche et d'action contre la misère du monde)en 1955 qui change de nom, écartant le mot misère humiliant dans les pays pauvres et devient l'IRAM (Institut de recherches et d'application des méthodes de développement). Sous cette nouvelle forme, pendant de très nombreuses années, des équipes vont réaliser l'animation rurale au Maroc, puis dans d'autres nations. Une autre association née plus tardivement est l'UCOJUCO (Union des Comités de Jumelage-coopération), aboutissement de l'action menée par l'abbé Pierre depuis novembre 1971 en faveur du Bangladesh.

En effet, l'action de l'abbé s'est infléchie de plus en plus vers l'international. A la faveur de voyages et de conférences en Europe, en Amérique du Nord et en Amérique latine, il noue des liens avec des personnalités, des particuliers et des associations influencées par son action ou tournées vers les mêmes objectifs, il visite des fondations Emmaüs dans le monde entier dont l'histoire, les responsables, leurs difficultés sont connus aussi par les archives de son secrétariat. Ainsi, dans les pays scandinaves, un an après une conférence donnée en novembre 1958 à Stockholm par l'Abbé Pierre, Susan Sandberg et ses amis créent "Les Hirondelles" (Svalorna en suédois) qui sont en grande majorité composées de femmes et dont le but est d'envoyer des volontaires travailler au Pérou dans les crèches et les centres pour les enfants abandonnés des bidonvilles de Lima. L'année suivante, se crée à Lund une association semblable pour le travail en Inde ainsi qu'une première communauté. Par la suite, "les Hirondelles" ont développé des branches composées dans une très grande majorité de volontaires femmes dans tous les pays scandinaves. La création et les activités des Hirondelles peuvent donc être suivies grâce à leur correspondance, à leurs documents d'information interne et aux articles de presse qu'elles vont parvenir à l'abbé Pierre (dans leur langue mais souvent accompagnés de traductions). Au Danemark, c'est aussi une femme Grete Lauritzen qui organise des cercles d'études sur les responsabilités envers les souffrants de l'Europe et des pays sous-développés ces sujets et envoie des jeunes en France pour travailler dans les "communautés "d'Emmaüs" ; en 1965, sur une suggestion de l'abbé Pierre, elle décide d'envoyer des jeunes danois en France pour participer aux "camps internationaux de la jeunesse d'Emmaüs". de 1965 à 1976, plus de 3000 jeunes danois ont ainsi participé aux camps internationaux en France.

Entre la diversification des activités d'Emmaüs en France (communautés, comités d'amis, diverses associations d'action sociale ) et l'extension internationale du mouvement s'est cristallisée ainsi une nébuleuse associative dont bien souvent le seul lien est l'abbé Pierre.

1963 : le bateau transportant l'abbé Pierre entre l'Uruguay et l'Argentine fait naufrage. On croit l'abbé disparu ; quand la nouvelle de sa survie est annoncée, des amis du monde entier lui demandent d'institutionnaliser les liens ténus qui existaient entre les différents mouvements Emmaüs. En 1969 a lieu la première rencontre mondiale du mouvement Emmaüs. C'est autour de cette assemblée que va se former l'association Emmaüs international. La mise en place d'une association de coordination internationale implique de nouveaux comportements archivistiques. Emmaüs International, en effet, assure la liaison entre un ensemble de groupes sur toute la planète. Les groupes de base se distinguent en deux catégories : 1. Les membres adhérents d'Emmaüs International. 2. Les groupes associés, adhérents au mouvement Emmaüs mais n'étant pas membres d'Emmaüs International. Le Mouvement Emmaüs rassemble 292 membres et 138 groupes associés répartis sur 39 pays, 4 continents (Afrique, Amérique, Asie, Europe). Au total 430 groupes (membres, groupes associés) répartis dans des pays très divers : pays "développés", nouveaux pays industrialisés, pays en voie de développement, pays moins avancés. Les archives dites administratives sont bien gérées et bien conservées à partir de l'installation du secrétariat, chargé des affaires courantes à Alfortville : on va y trouver les séries classiques de comptes-rendus des réunions des différents organes, l'Assemblée générale des associations membres qui a lieu tous les quatre ans ; la commission administrative ; l'organe de décision composé du comité exécutif et des représentants élus des différentes régions du monde qui se réunit tous les dix-huit mois ; le comité exécutif qui se réunit tous les mois assure la gestion et la coordination du mouvement ; et les dossiers du secrétariat, circulaires, les chronos, les correspondances classées par régions...



Ces archives ont été classées par Sébastien Rembert, étudiant en histoire, salarié par Emmaüs International, sous la direction d'Armelle Le Goff, conservateur en chef au CAMT.

Leur communication et leur reproduction sont soumises à l'accord du secrétariat d'Emmaüs International. Les demandes d'autorisation de consultation doivent être adressées au CAMT.


Dates extrêmes des documents : 1919 - 1999
Communicable avec autorisation




Bibliographie



Il est conseillé au lecteur de se reporter à la riche bibliographie concernant l'abbé Pierre et le mouvement Emmaüs régulièrement mise à jour sur le site de l'association Emmaüs International.




ABBÉ PIERRE



Henri Grouès, dit l'abbé Pierre, est né le 05 août 1912 à Lyon.


1918 Elève aux collèges de Minimes, puis des Jésuites à Lyon.


1931 Il renonce, par acte notarié, à sa part du patrimoine familial et distribue ce qu'il possède à diverses _uvres de charité. Il entre ensuite chez les Capucins sous le nom de Frère Philippe. C'est à cette époque que se situe sa première rencontre avec le Père Henri de Lubac, professeur de théologie.


1938 Ordination sacerdotale le 24 août.


1939 Il devient vicaire à la basilique Saint-Joseph de Grenoble.


1939-40 Mobilisé comme sous-officier dans les Alpes et en Alsace, il est atteint d'une pleurésie.


1940-41 Convalescence puis prise en charge de l'aumônerie de la Mure, en Isère.


1941-1942 Il s'occupe de l'aumônerie de l'orphelinat de l'Assistance publique à la Côte Saint-André, toujours en Isère.


1942 Il est appelé, au mois de juin, comme vicaire de la Cathédrale de Grenoble. Le lendemain de la rafle du Vel d'Hiv à Paris, l'abbé Pierre accueille des Juifs rescapés d'une première rafle en zone libre, et organise, par après, le passage des Juifs en Suisse. En novembre, il fait passer la frontière suisse au plus jeune frère du Général de Gaulle, totalement paralytique. Il ouvre, dans le Massif de Chartreuse, un premier lieu de refuge, puis de combat, aux premiers réfractaires au S.T.O. Il rencontre pour la troisième fois le Père de Lubac qui lui indique une personne de toute confiance, capable de secret, Melle Lucie Coutaz. Cette dernière accepte, après deux jours de réflexion, de devenir la collaboratrice de l'abbé Pierre. C'est le départ d'une collaboration de 39 ans, au cours de laquelle Melle Coutaz fut co-fondatrice d'Emmaüs.


1942-1944 L'abbé Pierre vit dans la clandestinité. Résistant actif, il crée des maquis qui passeront de Chartreuse dans le Vercors, pour devenir une partie de "l'Armée du Vercors".


1944 Il est arrêté en mai par l'armée allemande, mais réussit à s'échapper et rejoint l'Espagne puis Alger, où il rencontre pour la première fois le Général de Gaulle, le 17 juin.


1944-1945 Il devient Aumônier de L'Ecole navale à Casablanca, puis Directeur de la Maison du Marin à Paris.


1945-1951 L'abbé Pierre est élu député de Meurthe-et-Moselle. Il préside également le Comité Exécutif du Mouvement Universel pour une Confédération Mondiale pendant quatre ans.

Il crée, parallèlement, une Auberge de Jeunesse Internationale Emmaüs à Neuilly-Plaisance afin de réconcilier la jeunesse des pays d'Europe.


1948 L'abbé Pierre rencontre Albert Einstein aux Etats-Unis. De retour à Paris, il rencontre Habib Bourguiba, alors militant clandestin pour l'indépendance de la Tunisie. L'abbé Pierre tente alors de le convaincre de la possibilité de parvenir à l'indépendance sans la guerre.


1949 Appuyé par André Philip, il dépose un projet de loi tendant à reconnaître l'objection de conscience. Il entreprend la construction, souvent illégale, de logements pour les familles sans abri, et accueille chez lui un homme désespéré, ce qui marque la fondation de la première communauté Emmaüs (Neuilly-Plaisance).


1949-1954 Les communautés Emmaüs se développent.


1954 C'est "l'Insurrection de la bonté" à Paris et en province : alors que l'hiver est particulièrement rigoureux, l'abbé Pierre demande au Parlement un milliard de francs, ce qui lui est refusé. Trois semaines plus tard, ce même Parlement adopte à l'unanimité non pas un, mais dix milliards de crédits afin de réaliser immédiatement 12 000 logements d'urgence pour les plus défavorisés. La même année, la revue "Faims et Soifs", organe de presse de l'abbé Pierre, est créée, ainsi que la S.A. HLM, l'Association Emmaüs de Paris et l'Union Nationale d'Aide aux Sans-Logis (UNASL), qui deviendra plus tard la Confédération générale du logement.


1955 L'abbé Pierre se rend aux Etats-Unis et au Canada. Il rencontre le Président Eisenhower et lui remet l'édition anglaise du livre de Boris Simon, "Les Chiffonniers d'Emmaüs "avec la dédicace suivante : "Si nous ne sommes pas capables de demander à la jeunesse, pour la guerre contre la misère, autant de sacrifices et d'héroïsme - s'il le faut - que nous ne lui en avons demandé pour la guerre contre la tyrannie, alors ce n'est pas la peine de demander tant de sacrifices, car la victoire de la justice ne serait bientôt plus que moribonde".

L'abbé Pierre rencontre le roi du Maroc, Mohammed V, qui a envoyé le prince héritier voir le travail d'Emmaüs en France durant trois jours. Le roi demande alors qu'Emmaüs crée une action pour la disparition des bidonvilles marocains. L'Institut de recherche et d'action contre la misère du monde (IRAMM), crée peu avant par l'abbé Pierre, envoie deux volontaires au Maroc.



1957-1958 L'abbé Pierre multiplie les voyages, mais exténué, est hospitalisé à Genève. Pendant cette convalescence, l'IRAMM devient l'Institut de recherche et d'application des méthodes de développement. L'abbé Pierre, alors en Inde, rencontre Nehru.


1958-1959 L'abbé Pierre multiplie les conférences et les aides aux communautés d'Emmaüs qui se constituent dans les pays scandinaves et en Amérique du Sud (Argentine, Chili, Colombie, Equateur, Pérou).


1959 L'abbé Pierre se rend au Liban pour donner une conférence au Cénacle libanais. Après cette conférence, la communauté Emmaüs de Beyrouth, appelé l'Oasis de l'Espérance, est fondée par un musulman sunnite, un archevêque chrétien melkite, et un écrivain maronite.


1959-1965 Les communautés Emmaüs se multiplient. L'abbé Pierre multiplie conférences et voyages (Gabon, Sénégal, Allemagne, Italie, Canada, Japon, Corée, Rwanda, Indonésie).


1962 L'abbé Pierre se rend pour trois mois à l'ermitage du Père de Foucauld à Beni-Abbès.


1963 En voyage en Amérique de Sud, L'abbé Pierre fait naufrage à bord du Ciudad de Asuncion. D'abord annoncé comme mort, il reçoit, dès qu'est connue sa survie, des demandes pressantes pour la préparation d'un lien international entre tous les groupes Emmaüs. C'est alors qu'il décide d'une première rencontre mondiale d'Emmaüs.


1969 C'est à Berne (Suisse) qu'est tenue la première assemblée générale d'Emmaüs International. Cette dernière adopte le Manifeste universel du Mouvement Emmaüs.


1971 Deuxième assemblée générale du Mouvement à Montréal. Adoption des statuts par 95 associations Emmaüs issues de 20 pays. Pour faire face à la crise qui secoue le Bengale, les Indiens organisent un colloque à Delhi. L'abbé Pierre y représente la France. Il rencontre à nouveau Mme Gandhi et lui soumet l'idée des jumelages. De retour en France, l'abbé Pierre lance l'Appel aux 38 000 maires de France pour des jumelages de coopération avec les camps de réfugiés bengalis en Inde. C'est l'acte fondateur de l'UCOJUCO (Union des comités jumelage coopération), devenue par la suite UCODEP (Union des comités pour le développement).


1974 Troisième assemblée générale d'Emmaüs International à Paris.


1975 L'abbé Pierre reçoit la médaille d'or Albert Schweitzer (Fondation Goethe, Bâle) par M. René Lenoir, secrétaire d'Etat du gouvernement français.


1979 Quatrième assemblée générale d'Emmaüs International à Aarhus au Danemark.


1981 L'abbé Pierre est fait Officier de la Légion d'Honneur dans la promotion des Droits de l'Homme.


1984 Emmaüs participe aux côtés du Secours catholique et de l'Armée du Salut au lancement la Banque alimentaire en France.

La cinquième assemblée générale d'Emmaüs International se tient à Namur, en Belgique. Du 26 mai au 3 juin, l'abbé Pierre jeûne dans la cathédrale de Turin, et ce, dans le cadre de l'affaire Mulinaris : au plus fort de la lutte contre le terrorisme en Italie, ce dernier, proche d'un parent de l'abbé Pierre, est maintenu en détention sans jugement durant plus de trois ans. Vanni Mulinaris sera reconnu innocent quelques temps après.


1986 Représentation du "Mystère de la Joie", drame sacré écrit par l'abbé Pierre.


1987 L'abbé Pierre devient Commandeur de la Légion d'Honneur pour son action dans le domaine du logement.



1988 La sixième assemblée générale d'Emmaüs International se réunit à Vérone, en Italie. A son issue, les membres d'Emmaüs adressent une lettre au Fonds Monétaire International sur la question de la dette extérieure des pays du Tiers-monde.


1989 Sortie du film "Hiver 54".


1990 Participation à l'élaboration de la "Loi Besson" en France en faveur du logement pour les populations défavorisées.


1991 Voyages au Burkina-Faso, Liban, Argentine, Chili, Uruguay, Canada. Campagne contre la Guerre du Golfe. A la Pentecôte, l'abbé Pierre jeûne à l'église Saint-Joseph de Paris aux côtés des "déboutés du droit d'asile". Durant l'été, il apporte son soutien aux 102 familles squatters du quai de la Gare à Paris et ce, avec l'appui de nombreuses personnalités, telles que le professeur Albert Jacquard et Léon Schwartzenberg. Le 24 août, l'abbé Pierre rencontre le Dalaï-Lama en Dordogne lors des journées inter-religieuses pour la paix.




(1)
Axelle BRODIEZ , L'Union centrale des communautés d'Emmaüs, 1958-1998&nbsp: l'institutionalisation d'Emmaüs. Mémoire de maîtrise , Lyon II sous la direction d'Etienne Fouilloux, juin 1999.