- René Merle. Chronologie pour servir à l’histoire du P.C.F dans le Var - 1939-1944

dimanche 17 février 2008.
 
René Merle - Chronologie pour servir à l’histoire du P.C.F dans le Var - 1939-1944

Première partie : 1919 - 1938, cf. - René Merle - Chronologie : contribution à l’histoire du Parti communiste dans le Var, 1919-1938.

4 - La répression anticommuniste sous la République : sept. 1939 - printemps 1940

Dans les premiers mois de 1939, le parti poursuit son activité en fonction des analyses et des orientations de 1938. Mais l’isolement, créé fin 38 par l’adhésion des autres partis du Front Populaire à l’accord de Munich, s’accroit. Cet isolement est à son comble avec la signature du pacte germano-soviétique, fin août 39. La guerre éclate début septembre.

Même si le noyau dirigeant l’accepte et le justifie, le pacte a créé un grand trouble parmi les militants, d’autant que les possibilités d’explication publique sont des plus réduites :

Ainsi à La Seyne, le 1er septembre, ARMANDO, COURET et MARY sont arrêtés pour distribution d’un tract (article d’Aragon dans Ce Soir, sur le pacte).

Ainsi à Saint-Tropez, le 4 septembre, THOMAZO est arrêté alors qu’il colle des affiches expliquant la politique de l’U.R.S.S. Mobilisé le lendemain, il est inculpé par le juge d’instruction du Tribunal maritime de " provocation à la désobéissance, d’entrave à la mobilisation générale et de complot contre la sûreté de l’Etat ".

Le pacte est le prétexte de la répression anticommuniste qui frappe un parti déjà désorganisé par la mobilisation de la plupart des militants, la direction demeurant assurée par les plus agés, comme FLANDRIN.

Le pacte est désavoué par les maires de Le Beausset, Carnoules, Flayosc, Puget-Ville, Tourves et des élus responsables comme ESPITALIER, etc. En octobre, dissolution des organisations communistes, arrestation des députés communistes du Groupe ouvrier et paysan français. dont les deux Varois, BARTOLINI et GAOU, suspension ou dissolution des municipalités communistes, révocation des conseillers municipaux communistes. Perquisitions chez les militants. Licenciement de certains militants, comme Victor ÉTIENNE aux Coopérateurs du Midi, à La Seyne. Déplacements d’enseignants, comme FOUCARD. Les communistes doivent abandonner leurs responsabilités syndicales.

Novembre : dans le cadre du décret du 18 novembre 1939 " relatif aux mesures à prendre à l’égard des individus dangereux pour la défense nationale et la sécurité publique ", le préfet du Var dresse la liste de trente " individus dangereux pour la défense nationale à interner au centre de surveillance de Saint Maximin ", dont ARMANDO, COLLE Raoul, COLLIN, CRESP, DAUCROS, ÉTIENNE, FLANDRIN, GARINO, GOUTIER, GUIOL, JOUBERT, LAVEZZI, NICOLINI... L’internement est reporté mais tous ces camarades sont étroitement surveillés.

Fin novembre, suite à leurs actions au moment du pacte, plusieurs militants, dont ARMANDO, THOMAZO, sont emprisonnés au Fort Saint-Nicolas à Marseille. ARMANDO est condamné par le Tribunal militaire de Marseille à dix-neuf mois de prison (prison centrale de Nîmes) .

En janvier 1940, pour propagande communiste, LAVEZZI est condamné à 18 mois de prison avec sursis, BACELON à 3 ans de prison ferme, ORSINI à 18 mois de prison ferme. En février, pour la même raison, arrestation de LOVERA.

Une deuxième vague de répression au printemps 1940, alors que se déroule le procès des députés communistes (5 février au 3 avril, troisième tribunal militaire permanent de Paris) : comme les autres députés, BARTOLINI ET GAOU sont condamnés à cinq ans de prison, à 4 000 francs d’amende et à la perte des droits civils et politiques.

Fin avril et début mars, le préfet fait interner plusieurs militants varois, dont NICOLINI, " individus dangereux pour la sécurité publique et la défense nationale " à Saint-Maximin. La plupart sont transférés de mars à juin au camp d’internement de Chabanet (Ardèche), dont COLLE Raoul, COLLIN, CRESP, DAUCROS, FLANDRIN, GOUTIER, GUIOL, JOUBERT, NICOLINI...

Interrogé depuis mars par la police, V.ÉTIENNE est arrêté à La Seyne le 21 juin.

Pétain reçoit les pleins pouvoirs fin juin. Une autre période commence, mais le parti est déjà dans la clandestinité.

5 - La Résistance sous l’État français et l’occupation nazie. 1940-1944

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Il n’est évidemment pas possible de citer l’ensemble des communistes engagés dans l’activité du parti dans cette période. Les noms proposés ci-dessous ne sont donc en rien exhaustifs, et chacun les complètera.

Cf. Bibliographie donnée dans - René Merle - Chronologie : contribution à l’histoire du Parti communiste dans le Var, 1919-1938.

Première vague de répression

Dès avant l’avènement de l’État français, en juin 1940, la répression s’est abattue sur les communistes du Var : peu d’arrestations avant le printemps 1940, mais une surveillance généralisée des 3000 adhérents, dont la moitié sont dans la région toulonnaise, accompagnée d’une terrible campagne officielle anticommuniste, appuyée par les dirigeants réformistes de la CGT. Au printemps 1940, durcissement de la répression : éloignements, mobilisations en compagnie spéciale (au Chaffault, Basses-Alpes), nombreux internements. Pour autant, l’organisation communiste continue.

Dans la foulée, première vague de répression pétainiste, de l’été 1940 à la fin 1940, avec les mêmes autorités préfectorales et maritimes : La direction clandestine (FLANDRIN, LAVEZZI, CRESP), décapitée au printemps 1940, se réorganise dans l’été 1940 avec SEILLON, dirigeant régional, Le contact avec la région marseillaise est assuré par des cheminots des Arcs et de Carnoules.

Répression immédiate : arrestation dans l’été 1940 de démobilisés, qui sont internés au centre de Chabanet, Ardèche (par exemple à Saint Tropez : CODOU, ancien des Brigades internationales, ouvrier aux torpilles,THOMAZO). : SEILLON est arrêté en septembre avec F.REVEST. Mais il avait préparé une direction de rechange : [Esprit ARMANDO, Baptistin ÉTIENNE, H.LAMBERT (instituteur à Ollioules)] qui organise la publication et la diffusion de tracts et de L’Humanité du Var. À La Seyne, avec Alexandre LONG (arsenal) et d’autres camarades qui diffusent ce matériel, MARY et GIOVANNINI démobilisés, entrent au trio de direction de la ville et confectionnent du matériel de propagande en direction des chantiers.

MACARIO (Cogolin), cultivateur, ancien des Brigades internationales, contribue à partir d’octobre 1940 à la reconstitution du Parti communiste dans la région des Maures, et installe une imprimerie dans la forêt du Dom.

Le pouvoir réagit :

-  octobre 1940 : licenciements massifs de militants syndicaux et communistes dans les administrations et à l’arsenal. FOUCARD suspendu de l’enseignement le 1er décembre 1940.

-  Vague d’internements (plus de 100) en octobre-novembre 1940. Esprit ARMANDO est arrêté le 22 novembre 1940. En novembre, arrestation à La Seyne de LONG, MARY et GIOVANNINI, qui sont internés.

-  La police surveille étroitement ÉTIENNE et LAMBERT pour essayer de capturer tout le réseau. Marcel DURAND, qui vient d’être licencié de l’arsenal, remplace ARMANDO à la direction clandestine.

Deuxième vague de répression, début 1941.

Dans l’hiver 1940-41, l’organisation clandestine compte sur 200 militants sûrs dont 50 J.C. Ce sont en grande majorité des ouvriers.

Localisation : un fort noyau à Toulon - La Seyne (FASANO, à La Seyne ouvrier, qui a adhéré en novembre 39, en pleine agression anticommuniste !). Quelques-uns sont regroupé dans la région de Barjols par BARDIN (La Seyne) s’est réfugié dans la famille de son épouse et travaille comme bûcheron. Un noyau également entre Hyères et Saint-Tropez.

La propagande continue par tracts et quelques journaux. Hésitations sur la tactique : “entrisme” dans organisations officielles, notamment la Légion, pour gagner les masses ? L’entrisme dans les syndicats officiels (sans influence réelle), tenus par d’anciens réformistes de la CGT, s’avère impossible : les communistes ou sympathisants sont trop surveillés et interdits de fonction.

En janvier 1941, le groupe des J.C toulonnais est démantelé ; 22 arrestations pour " participation à une entreprise de démoralisation de l’armée et de la Nation " , dont le jeune DUSSERRE (arsenal), petit-fils du vieux communiste CORDERO. Le jeune BASILI meurt de mauvais traitements à la prison maritime.

La direction clandestine est brisée : DURAND arrêté en janvier, ÉTIENNE et LAMBERT arrêtés en avril. L’instituteur Louis BOYER arrêté à Saint-Tropez. Début 1941 toujours : nouveaux licenciements massifs de militants à l’arsenal et internements (André CONSTANT, La Seyne).

C’est donc une grande partie des militants communistes d’avant 1939 qui sont mis hors circuit par l’internement ou la prison.

L’énorme potentiel militant des camarades internés est provisoirement stérilisé. Les internés de Chibron (Var) et Chabanet (Ardêche) sont transférés dans différents camps de la zone Sud (Hte Vienne, Isère, Tarn, etc) ou d’Algérie, où la plupart demeureront jusqu’en 1942 ou 1943. Certains seront libérés et placés en éloignement (Louis REY, RICHAUD patron pêcheur de Saint Tropez, FOUCARD, COURET, NICOLINI) ou pourront revenir dans le Var, d’autres seront directement déportés, comme DAUCROS et Jean-Baptiste IVALDI (ajusteur à La Seyne, mort en déportation), SEILLON (mort à Buchenwald), d’autres s’évaderont (PHILIP).

Juillet 1941 : devant le tribunal maritime de Toulon, procès du groupe arrêté en janvier Le destin des principaux condamnés sera tragique : LAMBERT condamné à 20 ans de travaux forcés ( > centrale d’Eysses en 1943-44, déportation à Dachau), Esprit ARMANDO condamné à 10 ans de travaux forcés et la déchéance de la nationalité française (il était fils d’Italien) (> centrale d’Eysses puis déportation à Neuengamme où il mourra), DUSSERRE condamné à 5 ans de travaux forcés (> centrale d’Eysses, déportation à Mathausen où il mourra), CANEBIER, condamné à 5 ans de travaux forcés ( > centrale d’Eysse et déportation à Dachau), DURAND condamné à cinq ans de travaux forcés (> centrale d’Eysse puis déportation à Dachau).

Ainsi, dans l’été 1941, l’organisation et la propagande communiste sont provisoirement brisées, mais pas anéanties : ainsi adhésion des instituteurs Marius AUTRAN et Toussaint MERLE à La Seyne. H.BOURGUIGNON, instituteur à Besse, est déplacé à Callian, en octobre 1941 où il prend des contacts organisationnels.

La relève.

L’espoir renaît à l’automne 1941 avec l’entrée en guerre de l’URSS. La relève va venir de ceux qui n’ont pas été inquiétés encore et surtout de jeunes non connus par la police.

Début de l’organisation des communistes italiens dans le Var, avec PAJETTA. RIGON, secrétaire de cellule, licencié de l’Arsenal en 1940, est chargé de constituer le Front national dans le département : par l’intermédiaire de BARRAT et de CANTAGREL (La Garde), contact avec Zunino, ancien député socialiste SFIO qui avait voté contre la délégation de pouvoirs à Pétain en juillet 1940. Création du Front national varois à La Londe le 26 septembre 1941.

En novembre-décembre 1941, reprise de la diffusion de la presse communiste et des tracts, particulièrement à l’arsenal.

L’organisation clandestine du parti, reconstituée, compte au printemps 1942 sur une centaine de militants :

-  nombreux dans la région de Toulon (Félix GRIMAUD, cultivateur épicier à Évenos, BARRAT à La Garde).

-  quelques-uns dans le Haut-Var où BARDIN est au coeur de la réorganisation du Parti clandestin à Barjols, Aups, Salernes, Brignoles.

-  nombreux entre Hyères et Saint-Tropez, avec BERRE à Hyères et GRANGEON à Saint-Tropez.

Leurs actions de propagande et de recrutement :

-  Diffusion de Lou Travailladou, journal de la section communiste Hyères-St Tropez. ORLA, maçon, arrêté en avril 1942 pour diffusion du journal à Saint Tropez, un an de prison. GRANGEON, organisateur du Front National à Saint-Tropez, est “grillé” en 1942 et part pour le Jura (il mourra en déportation à Mathausen). Son épouse Marie, ses deux frères, son fils furent des résistants actifs. NÉGRO, gazier, libéré du centre d’internement en 1941, devient responsable du parti clandestin à Saint Tropez en remplacement de GRANGEON.

-  À Toulon, le groupe communiste, des jeunes surtout, est démantelé en mars 1942. Jean BOEUF, (licencié de l’arsenal devenu commerçant) condamné à 3 ans de prison en mai 42 (> centrale d’Eysse, puis déportation). Mais l’activité continue autour de BARRAT (tracts, journaux clandestins, propagande, recrutement). DURANDO, cheminot, reconstitue le parti en gare de Toulon. Avec Irène BOEUF, manifestations de femmes et mouvements de solidarité pour assurer le ravitaillement des emprisonnés.

-  À La Seyne, la maison de Louis et Louise VINCENT (retraité arsenal) est une plaque tournante de la résistance. Rôle des jeunes filles dans la Résistance : Josette VINCENT. MERLE constitue, avec AUTRAN et d’autres militants, le groupe du Front national et devient le responsable du secteur seynois du Parti.

Cette force militante communiste, essentielle dans la résistance qui s’organise, rencontre au printemps 1942 le mécontentement populaire (ravitaillement, vie chère, maigres salaires) : manifestations de ménagères comme à Tourves, et du 24 au 27 mars 1942, grève dans le bassin de bauxite pour le ravitaillement (mouvement spontané, mais avec participation communiste dans le déclenchement, des militants italiens notamment, et tracts communistes de soutien).

Fin 1941 début 1942, des premiers contacts avaient au lieu à l’arsenal entre communistes ex CGTU et des anciens de la CGT (dont SAULI, socialiste qui a approuvé la répression anticommuniste en 1939) pour une reconstitution clandestine du syndicat. Fin 1942, création du comité d’unité syndicale animé par des communistes anciens unitaires, dont MOUSKA (responsable communiste et syndical avant guerre), où SAULI représente les anciens confédérés. MOUSKA mandaté par le parti pour adhérer à l’organisation syndicale reconnue par la Charte du Travail. BESSONE (arsenal) adhère au parti fin 42. Il va en devenir un élément majeur.

Parallèlement, le parti initie en 1942 les premières actions de sabotages et de combats, avec la naissance des embryons des FTP au début 1942 :

-  À Toulon, sabotages à l’arsenal avec HERAT, dirigeant du syndicat clandestin. Le groupe BARRAT de l’Est toulonnais est intégré dans les FTPF en septembre 1942.
-  Les communistes sont à l’origine en 1942 des premiers sabotages ferroviaires des cheminots de Carnoules (POLGE libéré du camp d’internement) et des Arcs.

-  Dans les Maures, MACARIO, un des initiateurs des FTPF, très actif dans sabotages, planques des illégaux, protection des agents de renseignements, etc. Rencontre avec BERTOLINO (garçon de café, Toulon, syndicaliste et communiste), évadé du camp d’internement, réfugié avec d’autres militants comme charbonnier aux Mayons.

-  Dans l’été, en liaison avec les communistes italiens, naissance de la MOI varoise.
-  À l’automne, le STO et l’occupation allemande suscitent une première vague de réfractaires. Embryon de maquis dans le Haut Var : André BATTAGLIA, (peintre en bâtiment) après avoir réorganisé le PC à Sainte Maxime, le rejoint fin 1942. POURRET, cultivateur à Aups et pionnier du communisme, est un des animateurs de la résistance dans la zone.

Le rôle de MANGUINE Edgar, ex Brigades internationales, dirigeant l’OS du Var, fait partie des réseaux d’information clandestins soviétiques, en liaison avec L. Trepper.

1943

BARTOLINI et GAOU libérés le 5 février 1943 en Algérie. BARTOLINI représentera la direction du Parti communiste dans l’île jusqu’en septembre 1944.

L’activité des communistes varois se mène sur deux fronts : la propagande pour susciter l’action de masse dans les localités, et le développement de la résistance armée FTPF.

La propagande et l’action publique :

Un peu partout, reconstitution du parti clandestin, malgré la répression : CARLI (Ollioules), ex-Brigades internationales, arrêté à Ollioules en janvier 1943, déporté à Dachau où il meurt.

À La Seyne, le parti clandestin (MERLE responsable, avec des “anciens” comme MONACO), publie son journal communiste L’Echo seynois. AUTRAN est responsable de la section locale du Front national.

POTHIER devient responsable de la presse clandestine.

RIGON, un des dirigeants de la résistance communiste à Toulon et dans le Var, est responsable à partir d’octobre 1943, du journal départemental du Front national la Provence libre.

Le mécontentement grandit contre les conditions de vie. Par exemple, 1er avril 1943, manifestation de ménagères d’Hyères avec Célestine DAUCROS.

L’événement majeur est l’investissement des syndicats officiels de l’arsenal et des chantiers de La Seyne en vue de l’action revendicative et de la lutte de libération nationale.

Début 43, des tracts communistes signés “Comité populaire des arsenaux”, préparent la reprise de l’action après deux ans de résignation ouvrière liée à la répression et à la peur.

Les militants communistes clandestins notamment Jean SEINE (venu de la région stéphanoise), membre du triangle de direction du PC varois, vont permettre l’organisation de cette action syndicale de masse. Le noyau clandestin aux Chantiers et à l’arsenal contacte depuis la fin 1942 des salariés, soit pour passer aux maquis FTP, soit pour passer aux FTP “légaux”, c’est à dire agissant sans passer à la clandestinité complète. Désormais ils suscitent aussi des responsables aux comités d’unité syndicale, avec des jeunes adhérents (PUCCINI aux Chantiers, adhérent en février 1943, BESSONE à l’arsenal) et d’anciens confédérés désormais proches du PC, comme SAULI. Dans l’été 1943 ces comités publient La Voix des Chantiers à La Seyne, et La Cloche à l’arsenal (BESSONE). L’objectif est de s’emparer des directions syndicales officielles par la syndicalisation massive et l’action pour les revendications.

Le 29 septembre 1943, première A.G massive aux Chantiers. Le 9 novembre, A.G à l’arsenal, le 10 arrêt de travail et manifestation à La Seyne, le 11 mouvements à l’arsenal. Conjonction de l’action revendicative (salaires, ravitaillement) et aspect patriotique de la journée du 11 novembre. La direction syndicale est prise à La Seyne avec TRAVERSA.

Le triangle de direction de l’UD-CGT : BARRA (Toulon, ouvrier boulanger, responsable communiste avant guerre), BESSONE (au coeur de toutes les activités de résistance de l’arsenal et des entreprises), VIDAL.

Le début des bombardements fin 1943 va considérablement gêner cette action revendicative et politique.

Le développement des FTPF :

Mars 1943 : naissance aux Mayons, autour du groupe des charbonniers, et dans les forêts de Sainte Maxime. (MACARIO) du maquis des Maures. GIOVANNINI évadé d’un camp de travail su l’Atlantique, entre en contact avec le maquis par l’intermédiaire de MERLE et de BARDIN, il le rejoint le 3 mai à Ste Maxime. Le lendemain, il était arrêté par des gendarmes français, avec le groupe de huit autres Résistants. Parmi eux Victorin LAUGIER, (métallo à Saint Tropez, qui avait été libéré du camp d’internement fin 42, il mourra en déportation).

Le maquis se regroupe alors sur les Mayons. BERTOLINO est le premier responsable militaire. Avec lui quelques “anciens” comme MACARIO, OCELLI, cheminot révoqué, ex-élu de Carnoules, et surtout des jeunes comme DIANA, (arsenal), BATTAGLIA. Le maquis mène de nombreuses actions de Toulon à Saint-Raphaël.

BERTOLINO devient responsable inter-régional FTP en octobre 1943, il est arrêté le 16 novembre 1943 vers Gonfaron par les Allemands. Il pourra en déportation à Mathausen.

Développement des maquis FTP dans le Centre et le Haut-Var : À Claviers, Victor AUDIBERT, ouvrier agricole, libéré du camp d’internement en 1942, réorganise le Parti communiste clandestin dans le canton de Callas et dirigera un important maquis.

Groupe FTPF-MOI dans la région de Brignoles - 26 mars 1943, sabotage de la mine de Merlançon - MOZZONE (ouvrier lignes PTT, révoqué en 1940), prend part à la reconstitution du parti et constitue un groupe de réception d’armes par parachutage. H.COLOMBET Henri, employé de banque, interné libéré en 1941, adhère au parti dans la Résistance.

Groupe FFI - FTP de Saint-Maximin (Marcel AUBERT, agriculteur, Nans, Elie VERLAQUE, cultivateur) : la maison de HUGOU est un centre de résistance. GIOVANNINI s’évade de la prison de Draguignan le 13 décembre 1943 et gagne le maquis de la région de Brue-Auriac Saint-Maximin.

ROUX (Carcès) qui s’est caché et travaille dans les forêts participe à la Résistance. De même PHILIP à Aups, ESPITALIER à Villecroze. Contacts d’HONORAT avec les FTP de la région de Flayosc. Baptistin REVEST (arsenal), SFIO, arrêté en juillet 1943, puis libéré, se réfugie à Cabasse, commune d’origine de son épouse, participe aux activités FTPF et adhère au Parti communiste. LUCIANO anime le Front national et le Parti communiste clandestin à Draguignan.

Le rôle des cheminots :Outre les sabotages et les renseignements, actions avec FTP du secteur. PASTORELLO Andéol, ex-secrétaire du syndicat CGT des ouvriers pâtissiers, confiseurs de Toulon et du Var, entré à la Compagnie du PLM à Pignans (Var) est agent de liaison FTPF. COLLE Gabriel, révoqué des chemins de fer, participe aux actions FTP des cheminots de Carnoules. POLGE (FTP et réseau Résistance-Fer) participe à diverses actions (ravitaillement de maquis, service B, convoyeur, coups de main).

Dès le début 1943, ce développement des FTP implique une intendance et une protection, un service de renseignements, des auxiliaires. Dans ces domaines, grand rôle de FASANO, qui échappe à la police et part sur Marseille, et de BARRAT, rsponsables généraux. Nombreux contacts communistes locaux permettant aux maquis de fonctionner (possession de véhicules, possibilités de ravitaillement et d’hébergement, renseignements et sécurité, etc). Ainsi à Carces, Louis FERAUD, ex SFIO, agriculteur, garagiste, pour le maquis d’Aups. À Saint Maximin, Paul BERTIN, viticulteur, (un des fondateurs du parti avant guerre, responsable paysan avant 39), pour le maquis de Saint-Martin des Paillères, et les autres maquis de la région, et Eugène ARNÉODO Eugène, (ex chantiers de La Seyne), gérant du magasin Casino de Saint-Maximin pour le ravitaillement des maquis de la région en relation avec la direction régionale du parti.

1944

Grand développement de l’action de masse et de la lutte armée, malgré l’intensification des bombardements et l’évacuation d’une partie de la population dans la région de Toulon.

Les communistes impulsent à l’action de masse. Grèves des Chantiers en mars. Manifestations importantes le 1er mai et le 14 juillet dans plusieurs localités : notamment 4 à 5000 à Hyères, 500 à Saint Tropez. Symbolique du monument à Martin Bidouré à Barjols.

Développement de l’action combattante :

Nombreuses actions du groupe MOI de la région de Toulon (dont des Bulgares, Italiens, Espagnols, Roumains).

Massacre de Signes au début de l’année.

Février - mars 44 : le FN du Golfe constitue une organisation militaire autonome, la Brigade des Maures, à dominante FTP, et un comité local de libération intercommunal. La Brigade consitue 3 maquis dans l’attente du débarquement : Cogolin, La Mourre, Sainte Maxime.

Constitution des “maquis de la seconde génération” : Camp Robert, à Aups. DIANA responsable de ce qui était devenu la 1re compagnie FTPF de Provence. Paul RAYBAUD médecin du maquis.

Avec le débarquement de Normandie, afflux massif de jeunes vers les maquis. Différence de stratégie entre maquis FTP, à effectifs volontairement limités et plus mobiles, et les autres maquis, plus concentrés et statiques, dont les pertes sont très lourdes. Dans cette phase terrible (combats et tragédies de juin dans le Haut-Var et au sud des Basses-Alpes), le groupe MOI de Toulon s’est replié sur le centre Var. Un groupe FTP demeure en ville, renforcé par groupe aixois : ils tiendront le lycée et plusieurs points dans l’insurrection toulonnaise de la Libération, pendant laquelle le domicile de RIGON sert de poste de commandement des forces de résistance.

Outre les noms cités précédemment, quelques noms dans le longmartyrologe des résistants communistes en 1943-1944. La liste n’est hélas pas limitative. Chacun pourra la compléter.

Joseph BATTAGLIA, facteur à Toulon, arrêté en mars 1944, mort en déportation. Marcel BATTAGLIA, employé des PTT, tué dans une embuscade à Barrême (Basses-Alpes), en mars 1944. Paul BATTAGLIA, tailleur, fusillé par les Allemands à Signes (Var), le 2 janvier 1944. BERRE Eugène, Hyères, ouvrier menuisier, arrêté au début de 1944, déporté au camp de Neuengamme. Le bateau qui transportait les déportés libérés en Suède fut torpillé le 3 mai 1945. La cellule communiste des Salins d’Hyères porte son nom. BIAGINI Martino, journalier agricole à Aups (Var), communiste, maquis d’Aups, fusillé. BOGLIO Joseph, dit Spartacus, artisan au Lavandou, un des principaux communistes de la commune, mort en déportation. BOURGUIGNON (Callian) mort en déportation. CASTAGNOLI Clément, contre-maître-mineur à Gonfaron (Var), arrêté le 8 février 1944 avec sa femme et son fils pour aide au maquis des Maures, déporté à Dachau, mort peu après son retour en France MOZZONE arrêté avec ses fils, Louis et Eugène, et LINARI, en juillet 1944 par la Feldgendarmerie et le groupe Brandebourg. Après interrogatoires et tortures, fusillés dans la plaine de Vins sur les lieux d’un parachutage.

La place de la résistance est très importante dans les combats de la Libération et l’aide apportée aux troupes débarquées. BARRAT, intégré à l’état-major départemental des FTPF, est chef départemental des Milices patriotiques. MACARIO dirige le 15 août 1944, les combats pour la libération de Cogolin, il confie l’administration de la commune au comité local de Libération, et poursuit son action pour la libération d’Hyères et de Toulon.

Dès la Libération, le rôle des communistes dans la résistance est reconnu par leur place majeure dans les comités de Libération. locaux ou départemental et dans les délégations municipales aussitôt mises en place. Citons seulement, entre de très nombreux autres, à Aups, PHILIPS, POURRET, au Beausset MARI, à Carcès AUGUSTE et ROUX, à Carnoules COLLE Gabriel et POLGE, à Flayosc HONORAT, à Pignans PASTORELLO, à Saint-Maximin BERTIN (arrêté et torturé fin juin, avait refusé de parler et tenté de se suicider, évadé de l’hôpital de Draguignan grâce à la Résistance et au personnel), à Saint-Tropez NEGRO, à La Seyne AUTRAN, MARY, Louise VINCENT, à Solliès-Pont DURANDO, à Sollies-Toucas BACELON, à Toulon HERAT, MOUSKA, POTHIER, qui prend possession des locaux du Petit Var et devint directeur du quotidien des forces de la Résistance, la Liberté du Var, à Tourves COLLE Raoul, à Villecroze ESPITALIER, et au CDL, BESSONE, LUCIANO, RIGON...

À noter que de nombreux communistes varois participent en 1943-1944 dans la résistance d’autres régions : ARMANDO dans le Vaucluse et à Lyon, BANCEL dans le Puy-de-Dôme, CHARGNIOUX à Lyon, BRESSIER dans les B.d.Rh, Célestine DAUCROS dans la Drôme, FOUCARD dans la Creuse, GIOVANNINI dans les Basses-Alpes et à Nice, MARY dans l’Isère, la Savoie, le Puy de Dôme et le Cantal, MATTONE dans la Drôme, MERLE en Haute-Savoie, F. REVEST dans la Drôme, V.ÉTIENNE dans la Drôme.

F. REVEST et V.ÉTIENNE, emprisonnés à la citadelle de Sisteron (Basses-Alpes), ont participé à l’évasion collective de juin 1944.

La plupart reviennent rapidement dans le Var où certains vont occuper des postes de responsabilité.



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