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   AS Saint-Etienne
 
 
  1970-1976 : "Les Verts"

La postérité l'a nommée "la grande époque" de l'AS Saint-Etienne, qui atteint son zénith en 1976 avec un parcours impeccable en Coupe des clubs champions, jusqu'à cette finale perdue contre le Bayern à Galsgow, le 12 mai. Sous la conduite de Robert Herbin, Saint-Etienne réalise deux nouveaux doublés (1974, 1975), et remporte trois titres consécutifs (1974 à 1976). Le triomphe d'un tout jeune entraîneur et d'un détecteur de talents sans faille, Pierre Garonnaire.









Le trio qui a façonné le grand Saint-Etienne : Garonnaire, Rocher, Herbin, réunis sur le banc de Glasgow en 1976 (Photo L'Equipe)


Les entraîneurs : Albert Batteux (1967-1972), Robert Herbin (1972-1983)

Les buteurs (championnat et toutes compétitions confondues)
1971 : Keita (42/44) 1972 : Keita (29/29) 1973 : P. Revelli (16/18) 1974 : H. Revelli (20/22) 1975 : H. Revelli (14/26) 1976 : H. Revelli (12/14) et Rocheteau (14)

Aimé Jacquet quittera l'AS Saint-Etienne en 1973
(Photo L'Equipe)


1972 : Robert Herbin entraîneur








Oswaldo Piazza ne tardera pas à faire l'unanimité (Photo L'Equipe)



1974 : Troisième doublé



La victoire en coupe de France 1975, pour un deuxième doublé consécutif (Photo L'Equipe)


1974 : Saint-Etienne et Béréta éliminent le Sporting Lisbonne en seizième de finale de la C1 (Photo L'Equipe)


1975 : Quatrième doublé, demi-finale en Coupe des clubs champions



Jean-Michel Larqué, capitaine et meneur des Verts de la grande époque (Photo L'Equipe)





Hervé et Patrick Révelli, ici en 1973. Ils incarnent les meilleures heures du club entre 1965 et 1978 (Photo L'Equipe)






























1976 : Neuvième titre de champion, finale de la Coupe des clubs champions à Glasgow





Rocheteau, surnommé l'Ange vert contre son gré (Photo L'Equipe)




Piazza, KO contre les Rangers (Photo L'Equipe)

Janvion (à droite), défenseur intransigeant (Photo L'Equipe)






















Hervé Révelli marque le premier but contre Kiev, la machine est lancée (Photo L'Equipe)
Un an après Split, c'est à nouveau les prolongations face à Kiev (Photo L'Equipe)








Patrick Révelli ne marquera pas contre Eindhoven, mais la qualification sera quand même assurée (Photo L'Equipe)


1912-1957 / 1957-1970 / 1970-1976
1976-1982 / 1982-1997 / 1997-2001
Palmarès et records / Palmarès amateurs



1970-1972 : Albert Batteux, fin de règne

Après le nouveau doublé stéphanois de 1970, qui correspond au quatrième titre de champion consécutif, le rival historique de Saint-Etienne, Marseille, décide de mettre fin à cette insupportable hégémonie verte. Les dirigeants phocéens remarquent que les internationaux Carnus et Bosquier sont en fin de contrat. Roger Rocher, confiant dans leur fidélité, ne s'affole pas pour les prolonger. Le président marseillais Marcel Leclerc veut les deux joueurs, qui étudient les possibilités d'un départ, à Marseille ou ailleurs. Les premiers pourparlers s'engagent au printemps.

Leur simple existence provoque une colère terrible de Rocher. Purement et simplement, il vire ses deux joueurs comme des malpropres en mai 1971, alors qu'il reste sept journées à disputer. Ce sera la première grosse affaire liée aux transferts de l'histoire du championnat. Elle affecte profondément les deux joueurs. Le reste de l'effectif, affaibli par l'absence brutale de ces coéquipiers, n'a plus le coeur à un cinquième titre. Et Marseille redevient champion grâce à l'intransigeance du premier de tous les Verts.

D'autres départs imprévus sont enregistrés dans la foulée : Durkovic passe en Suisse, Hervé Révelli et Caméniri signent à Nice. Albert Batteux partira la saison suivante, las d'une saison moyenne (sixième) et d'une nouvelle saignée lorsque Keita part à Marseille en 1972, où il devra purger une suspension de six mois pour double signature de contrat.

La crise n'est pas loin, mais Roger Rocher a l'immense avantage de connaître depuis plusieurs mois l'identité, la compétence et l'attachement au club du successeur de Batteux : Robert Herbin, 33 ans, sorti major du stage national d'entaîneur, qui raccroche les crampons pour vêtir de survêtement. Elève de Jean Snella et Albert Batteux, grand professionnel, il incarne et favorisera à son tour la logique de promotion interne propre au club.

Herbin remplacera les partants par les jeunes vainqueurs puis finalistes de la Gambardella en 1970 et 1971. Le club se structure avec son administrateur Charles Paret, un stade Geoffroy-Guichard aménagé, et l'expérience du milieu aquise par Rocher et Garonnaire.



1972-1976 : "Qui c'est les plus forts..."

Rocher convainc Herbin à l'ambition. Il lui parle de la finale de la coupe d'Europe, laquelle paraît pourtant bien loin quand Saint-Etienne est éliminée par le Cagliari de Riva en 1970 (0-3, 1-0) et Cologne en 1971 (1-1, 1-2). Sous l'inspiration du nouvel entraîneur, qui s'installe au début de la saison 1972-1973, une équipe de surveillance médicale est mise en place.

Larqué, Béréta, Farison et Jacquet sont toujours là ; les jeunes Lopez (que Garonnaire est allé le chercher à l'AS Canet-Rocheville en 1969), Santini, Répellini et Merchadier sont prêts à être alignés au haut niveau. Rocheteau et Janvion, un Martiniquais repéré par Pierre Garonnaire, pointent le bout de leur nez. Le vrai coup de maître de Garonnaire est de faire venir à Saint-Etienne deux illustres inconnus étrangers : le gardein du Partizan Belgrade, Ivan Curkovic, et un stoppeur argentin, Oswaldo Piazza, 25 ans.

Un vrai coup de maître de Pierre Garonnaire : l'exceptionnel Ivan Curkovic, ici en 1975, qui deviendra le gardien le plus populaire aperçu à Geoffroy-Guichard (Photo L'Equipe)

La première saison de Herbin, en 1972-73, est moyenne (quatrième en championnat et quart de finale en coupe), et pourtant aucun recrutement ne sera enregistré en 1973, à l'exception du retour de Hervé Révelli. Jacquet part à Lyon. Béréta et Larqué sont devenus les maîtres à jouer d'une équipe qui frappe fort en s'imposant au Vélodrome de Marseille (2-0) et conquiert, en 1974, un nouveau titre de champion devant Nantes. Le doublé est même réussi face à Monaco (1-0) en coupe de France, le signe qu'une grande équipe est née.

Elle confirmera en 1974-75, avec un nouveau doublé, le deuxième consécutif, le quatrième du club. En finale de la coupe contre Lens (1-0), Jean-Michel Larqué inscrit sa fameuse volée en extension. La saison est surtout marquée par un superbe parcours en coupe des Champions, seulement arrêté en demi-finale par le grand Bayern Munich.

Tout commence pourtant bien paresseusement. Une défaite à Troyes d'entrée (0-1) annonce deux premiers mois qui placent Saint-Etienne à la quatorzième place après six journées. Rocher et Herbin froncent les sourcils, alors que se profile le premier tour de la coupe d'Europe contre le Sporting Lisbonne, qui est lui véritablement en crise, politiquement divisé, et qui vient de se séparer de son entraîneur, un certain di Stefano.

Geoffroy-Guichard est plein pour le match aller. 35 00 spectateurs bouillants. L'équipe est à la hauteur de l'événement et l'emporte 2-0. Au match retour, Hervé Révelli ouvre la marque à la 36e après un une-deux avec Béréta, et l'égalisation portugaise dans la foulée de changera rien (1-1) : Saint-Etienne est qualifié.

Les Yougoslaves de l'Hajduk Plit se dressent en huitième de finale. Tableau difficile : le football yougoslave n'a jamais été un grand ami du football français, depuis la défaite de la si remarquable équipe de France de 1958 lors de la coupe du Monde en Suède (2-3).

La crainte prend cruellement corps lors du match aller disputé à Split. Sur un terrain très lourd, les Verts tiennent le 1-1 à la mi-temps, attaquent pour forcer le destin, mais Surjak se réveille, malmène Merchadier, et permet aux Yougoslaves de l'emporter 4-1. Tout d'un score insurmontable.

Geoffroy-Guichard est encore plein comme un oeuf pour le match retour. Larqué marque le but du 1-0, à la 36e minute, mais Jovanic égalise à 1-1. Les Verts insistent. Bathenay leur permet de mener 2-1, puis Béréta inscrit le penalty du 3-1... A dix minutes de la fin, Triantafilos tout juste entré en jeu donne à Saint-Etienne le droit de disputer la prolongation. En soi, c'est déjà un scenario miracle. Les spectateurs de Geoffroy-Guichard ne se maîtrisent plus. Ils commenceront ce soir-là à construire sa réputation de chaudron.

"Le Grec" Triantafilos, encore lui, inscrit le but victorieux pendant la prolongation, d'un maître coup franc à la 114e minute. 5-1, Saint-Etienne qualifié, Saint-Etienne qui se met surtout tout le pays dans la poche et fera du reste de son parcours un feuilleton national. Les Stéphanois deviennent "les Verts".

L'enthousiasme est revenu dans le Forez, mais l'euphorie ambiante va rapidement décliner dès décembre 1974 avec l'affaire Béréta. L'OM du président Méric jette son dévolu sur le capitaine de l'équipe de France. Estimant que Sarramagna est prêt à le remplacer, les dirigeants stéphanois lâchent le joueur, Stéphanois pure souche, contre son gré. L'émotion est telle que le président Rocher est contraint à la démission. Sous la presion de ceux qui ont obtenu son départ, il reprendra les affaires en main dès le 2 janvier 1975.

Les Stéphanois reprennent la parole sur le terrain, alignant dix points en six matches au point d'être seuls en tête au soir de la 25e journée. Ils ne quitteront plus leur position. Mais c'est le quart de finale de la Coupe d'Europe, le premier pour un club français depuis Reims en 1962, qui mobilise toutes les attentions. L'adversaire est polonais, Ruch Chorzow. Après la victoire de la Pologne aux Jeux en 1972 et la troisième place à la Coupe du monde 1974, Saint-Etienne se méfie franchement et va espionner les futurs adversaires jusqu'en en Amérique du Sud.

Dans cette Silésie en acier trempé, devant 40 000 spectateurs hostiles, Saint-Etienne livre une première mi-temps catastrophique et une seconde digne de son plus haut standing. Au bout d'une heure de jeu, les Verts sont menés 0-3. Entraînés par le courage de Triantafilos, ils reprennent le contrôle sur des Polonais qui explosent physiquement après leur premier acte en surrégime. Larqué et "le Grec" marquent : à 2-3, la demi-finale est plus que jouable pour les Verts.

En championnat, Saint-Etienne voit ses matches décalés, car les instances n'ont pas imaginé qu'un club français puisse aller si loin en coupe d'Europe. Le 19 mars 1975, Les Polonais vivent l'enfer avec le public stéphanois au match retour. Le scenario du match est quasi idéal : sur une fine couche de neige, Janvion ouvre le score à la 3ème minute. C'est Hervé Révelli qui parachène le travail à la 84ème minute. 2-0. Saint-Etienne est la première équipe française en demi-finale de coupe des Champions depuis 1959.

Les Verts tombent contre l'incontestable plus grand club d'Europe, le tenant du titre de la coupe, le futur vainqueur de l'épreuve, aussi : le Bayern Munich de Maier, Beckhanbauer, Muller, Hoeness, tous champions du monde en titre. 0-0 à l'aller à Geoffroy-Guichard, 0-2 au retour à Munich. Un maître coup franc de Kaiser Franz, d'entrée de jeu, contraint les Verts à courir après le score et donc à se découvrir et encaisser un deuxième but. Il y aura une revanche, un an plus tard, à Glasgow, mais personne ne le sait encore.

Après une saison si pleine, Herbin opte pour la continuité en ne recrutant personne en 1975, donnant à son effectif une stabilité inédite. Résultat : un troisième titre consécutif en 1976, qui donnera à cette équipe le même statut de terreur que celle d'Albert Batteux entre 1967 et 1970. Mais surtout, là où la génération Bosquier-Jacquet de la fin des années 60 s'était contenté d'une aura nationale, les nouveaux Verts de sannées 70 franchissent un cap en devenant compétitifs en coupe d'Europe. Le beau parcours de 1975, marqué par le huitième de finale face à Split, ne fait office que de hors d'oeuvre en comparaison de l'épopée 1975-1976 qui s'annonce.



L'épopée de 1976

Lorsque Saint-Etienne aborde la campagne européenne de 1975-76, l'équipe est privée de nombreux éléments-clefs. Triantafilos vient d'être transféré à Nantes, Béréta est à Marseille, Larqué est diminué par une blessure au genou, quand Rocheteau, Sarramagna, Répellini et Merchadier sont immobilisés pour de bon à l'infirmerie. Heureusement, le tirage au sort est clément, avec les amateurs danois de Copenhague au premier tour.

Au match aller, Saint-Etienne l'emporte 2-0 au Danemark, sur un but de Patrick Révelli suivi d'un autre, plus spectaculaire, inscrit par Jean-Michel Larqué après un une-deux avec Hervé Révelli. Le match retour est une formalité, pliée 3-1 devant un public claisemé qui avait laissé son argent dans le Saint-Etienne-Nice de championnat, programmé la même semaine (1-1). Des Niçois qui seront les dauphins menaçants des Verts jusqu'à la fin du championnat. Le jeune réserviste Rocheteau marque un but lors de ce match retour. Ce en sera pas le dernier cette saison.

Les dents grincent avant le huitième de finale, puisque le tirage a désigné les Glasgow Rangers comme adversaires des Stéphanois. Les Rangers, qui avaient bouté les Verts sans pitié hors de leur première coupe d'Europe, en 1957 ; les Rangers, jumeux de ces Celtics si difficiles à manoeuvrer ; les Rangers, fournisseurs préférés d'une sélection écossaise qui avait impressionné à la Coupe du monde 1974, en tenant en échec le Brésil (0-0) et la Yougoslavie (1-1)...

La double confrontation suit un étrange cheminement. Saint-Etienne fera parler sa maîtrise collective à l'Hampden Park, alors que le combat physique attendu en Ecosse se déroulera au stade Geoffroy-Guichard, lors du match aller. Le KO du roc Oswaldo Piazza, victime d'un coup de Parlane, vient illustrer la virilité des débats.

Coup de chance, le gardien écossais McLoy se blesse à l'échauffement, avant le match aller, à Saint-Etienne, et cède sa place à un nommé Kennedy, rondouillard et inexpérimenté. Face à une équipe repliée, Saint-Etienne ouvre la marque dès la 28e minite par Patrick Révelli, servi après un numéro de Dominique Rocheteau, encore lui.

C'est bien, mais insuffisant pour se déplacer dans un autre chaudron en toute sérénité. Les Ecossais offrent une résistance d'une âpreté peu commune, au grand dam d'un public qui se déchaîne lorsque Dominique Bathenay donne une avantage de 2-0 à son équipe. Score final intéressant mais qui ne garantit rien.

Le match retour est préparé avec le plus grand soin. Pierre Garonnaire est allé filmer les Ecossais dans leur antre afin de permettre à Robert Herbin de décortiquer le jeu des hommes de Jardine. Un jeune joueur, Boury, est envoyé en Ecosse pour acheter des ballons sur place et se préparer à leur légèreté.

Le 5 novembre 1975, le match retour est annoncé chaud. Patrick Révelli est absent après avoir récolté un beau plâtre (entorse du genou) lors d'un impitoyable derby disputé à Lyon dans l'intervalle (0-0). Dominique Rocheteau profitera de l'aubaine pour donner un récital et émerger d'une équipe stéphanoise qui fait ce soir-là superbe impression. L'expérience commence à payer.

La première mi-temps permet à Saint-Etienne de laisser les Ecossais s'épuiser à courir après des plans qu'ils ne mettront jamais en application. Mené par un Jean-Michel Larqué impeccable, le milieu de terrain met le pied sur le ballon en attendant mieux.

La deuxième mi-temps permet d'enfoncer le clou. Dominique Rocheteau bat Kennedy, toujours là, d'un tir à ras de terre après une belle démonstration de vitesse (63e) avant de filer vers le buts sur soixante mètres et de servir Hervé Révelli sur un plateau pour le 2-0 (72e). McDonald réduit la marque à la dernière minute. 2-0, 2-1 : une qualification limpide.

Saint-Etienne a gagné son billet pour les quarts et prend conscience qu'une star est peut-être en train de naître. L'envie de revenir à Glasgow six mois après une telle démonstration est forcément décuplée.

L'adversaire proposé en quart de finale a cependant tout de l'argument refroidissant : le Dynamo Kiev d'Oleg Blokhine, star de 23 ans auquel tout le monde prédit un avenir à la Cruyff, a impressionné l'Europe en remportant la Coupe des coupes en 1975 contre Ferencvaros, et avec son gardien Rudakov, ses milieux Burjak et Kolotov, et l'attaquant Onitchenko, paraît pouvoir succéder au Bayern.

L'impression se confirme au match aller. Saint-Etienne n'échappe à la correction que grâce à Curkovic. Le score final (0-2) est difficile à remonter. Il laisse une chance, pas très grande certes, mais une petite quand même. Les hommes de Larqué ont montré de quels miracles ils étaient capables contre Split et Chorzow. Mais les miracles, justement, sont rarement reproduits.

Saint-Etienne tente contre Kiev de rééditer le coup de Split : presser, prendre à la gorge une équipe de toute façon repliée, pour ouvrir la marque le plus vite possible. Mais le tableau indique encore 0-0 au repos. Les Verts ne semblent pas dans le match, pas assez en tout cas, et l'heure de jeu est atteinte sur un score vierge.

A la 65e minute, Blokhine décide du sort du match, contre son propre camp. Le meneur soviétique grille Janvion puis Lopez et se présente seul, avec Onitchenko pas loin de lui, devant Curkovic. Il hésite : lober, passer à son coéquipier, frapper. Il hésite peu, mais c'est déjà trop. Lopez court derrière lui avec l'énergie du désespoir, revient à sa hauteur, et Blokhine tente le crochet qu'il n'aurait jamais dû avoir à faire. Lopez récupère le ballon dans un silence de cathédrale, passe à Piazza, Patrick Révelli puis Hervé, pour une remontée de balle d'une netteté inédite... et un but inespéré. 1-0.

Plus rien ne serait comme avant. Onze chiens enragés prennent d'assaut le but de onze âmes en peine trahies par leur leader. C'est Jean-Michel Larqué qui obtient la prolongation d'un coup franc sous la barre. Pendant la prolongation, Rocheteau perclu de crampes s'arrache pour un 3-0 historique à la réception d'un centre au courage de Patrick Révelli. Peut-être le plus grand exploit de toute l'Histoire de l'ASSE.

En demi-finale, pour atteindre cette finale si longtemps fantasmée, il faut passer le PSV Eindhoven, entraîné par Kees Rijvers, le lutin stéphanois des années 50. Un affrontement moins haut en couleurs, puisque sur deux matches, un seul but est inscrit, par Jean-Michel Larqué après un quart d'heure de jeu en première mi-temps du match aller, à Saint-Etienne. 1-0, c'était peu pour aller défier des Hollandais qui avaient battu chez eux Linfield 8-0, Chorzow 4-0 et Split 3-0 (de vieilles connaissances!) pour accéder aux demi-finales.

Mais Saint-Etienne arrache un score nul et vierge. Jamais 0-0 n'aura autant fait plaisir au football français. Après avoir subi mais point cédé, Saint-Etienne se qualifie pour la finale de la Coupe d'Europe des clubs champions.


Dominique Rocheteau, authentique star de la grande époque, né au haut niveau en 1976, ici en demi-finale contre Eindhoven (Photo L'Equipe)




Saint-Etienne triomphe : avant tout, la victoire du président Rocher (Photo L'Equipe)


            






Patrick Révelli, janvion et Piazza auront tout tenté en finale (Photos L'Equipe)


12 mai 1976, Glasgow

Le match doit se dérouler le 12 mai 1976 à Glasgow, là où les Verts avaient écoeuré les Rangers en huitième de finale six mois plus tôt. L'adversaire est le double tenant du titre de la plus prestigieuse des coupes d'Europe, le Bayern Munich, vainqueur du Real Madrid en demi-finale (1-1, 2-0).

Le 4 mai, une semaine avant le match le plus important de l'Histoire des Verts, un match de championnat euphorique contre Nîmes (5-2) a coûté sa place pour la finale à Gérard Farison et compromis celle de Christian Synhaeghel. Trois jours plus tard, c'est Rocheteau qui se blesse à l'entraînement. Un début de pouasse.

Le jour dit, Glasgow semble avoir pris fait et cause pour les Verts, à l'image d'une presse locale qui a incontestablement choisi son camp. Plus de 25 000 supporters français sont là. Les autres sont derrière une télévision qui scotche tout un pays depuis deux saisons.

Muller marque d'entrée de jeu, un but refusé pour un hors-jeu léger léger. Saint-Etienne prend confiance, même si l'équipe est presque orpheline de son influent capitaine Jean-Michel Larqué, pris en tenaille par Roth, pas toujours correct. Il ne quittera Larqué que pour tirer un coup franc, en deuxième mi-temps...

En première mi-temps, Curkovic ne doit se mettre en alerte que sur un tir moyen de Hoeness, à la 37e minute. La défense est intraitable, Piazza musèle Muller ; Janvion, Répellini et Lopez jouent sans faire de faute, Santini et Bathenay donnent le tempo au milieu, et Sarramagna et Patrick Révelli permutent sans cesse en attaque face à une charnière Horsmann-Jansen plutôt perturbée.

A la 34e minute, Bathenay tente une frappe de trente mètres. La trajectoire du ballon bat Maier mais le tir s'aplatit contre la barre transversale. Hervé Révelli est trop court pour reprendre de la tête. Première déveine. Cinq minutes plus tard, un centre de Sarramagna est coupé par Santini en pleine extension, et le ballon heurte la même parcelle de poteau carré. La chance, partenaire éternel du Bayern, a encore choisi son camp.

Le retour des vestiaires a installé le doute dans les esprits stéphanois. Les hurlement de Curkovic pour la remobilisation se perdent dans le stade. Malgré une tête dangereuse de Sarramagna (48e), le Bayern s'enhardit, d'abord lentement, puis plus gaillardement.

A la 57e minute, Saint-Etienne mène aux points, mais le tableau d'affichage est toujours vierge. Malin, Gerd Muller ralentit devant Piazza dans un duel chaud. L'Argentin ne parvient pas à interrompre sa course et fauche l'attaquant champion du monde. Pendant que l'arbitre M. Palotai fait reculer le mur stéphanois, Beckenbauer décale le ballon pour Roth. Patrick Révelli se lance mais la frappe à mi-hauteur trompe Curkovic. 1-0 pour Munich.

Saint-Etienne jette toutes ses forces dans la bataille en fin de match. Herbin tente un coup de poker avec l'entrée de Rocheteau à la 83e minute, à la place de Sarramagna. Sept minutes pour deux-trois chevauchées stylisées, dont une, à la dernière seconde, pour Patrick Révelli, épuisé mais en position idéale à douze mètres du but. Maier capte le tir brossé, assurant aux Allemands leur troisième victoire consécutive. Avant le match, Beckenbauer avait dit que la victoire reviendrait à "la meilleure" équipe, ou à la "plus chanceuse". Juste précision.

C'est finalement après le match que le plus étonnant intervient. Les Stéphanois ont perdu, les joueurs pleurent, mais les supporters applaudissent et chantent comme s'ils avaient gagné. Les héros sont accueillis le lendemain sur les Champs Elysées, à Paris, comme le seront 22 ans plus tard des Bleus pourtant champions du monde, eux. Jamais un sportif n'avait eu droit à un tel triomphe, et encore moins pour une défaite.

Cette saison 1975-76, les Verts devront se contenter du titre de champion de France. Le jugement général est qu'ils méritaient mieux.






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