06 novembre 2008

It's a can !

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Ce matin j'étais dans le métro, et je rageais déjà d'avoir acheté Libération deux minutes plus tôt chez le kiosquier. J'écoutais le concerto* pour violon de Prokofiev (le deuxième, par Gil Shaham/Previn, ma version préférée — qui ne se fout pas de Prokofiev à Libération, hormis cet insupportable poseur de de Dahan ?), je me disais que je leur avais lâché 1,30 € à ces gros niais de gauchistes (Prokofiev est débridé, exubérant, sauvage (comme dénué de surmoi), drôle (sacré Serge !) : je le kiffe — cf. Symphonie #1 au sujet de laquelle je sais plus qui disait qu'il y avait plus de mélodie dans son premier mouvement que dans l'ensemble l'œuvre orchestral de Chostakovich — qui est plutôt déprimant, car… déprimé. Bon ok : ça fait un peu Marseillais, mais y'a de l'idée).

En même temps, je me dis que c'est de la charité, et que ça leur paye l'apéro, 1,30 €, des cacahuettes Leaderprice. C'était plus fort que moi, je voulais juste lire, le temps d'un trajet en wagon à bestiaux, les glapissements de joie de ces petits blancs infantiles & obamalâtres. Parmi eux, y'en a pourtant qui sont jamais contents, méprisant la voie démocratique. Les gauchistes, ils aiment le vote à main levée que quand ça les arrange, pour choisir qui va jouer du djembé pendant que tourne le « tarpé » (par ex.).

Moi, j'aurais voté Obama — je profite de cette tribune pour saluer la relative audace de son équipe en matière de communication (graphique), qui tranche avec les merdes qu'on peut voir de ce côté-ci de la piscine —, simplement parce qu'il est noir, et plutôt beau gosse, et que j'ai absolument rien contre les beaux Nègres. McCain en revanche, est moche (mandibule inf. proéminente, tête de victime). Car la tête de McCain est un instantané de cette journée  au cours de laquelle les Việt Cộng auront testé sur lui leurs méthodes de piercing. Et je trouve ça déprimant, bien que je le juge estimable, ce bonhomme — quand on voit la dignité de McCain, on a bien de la pitié pour les Socialistes français. Jeune, il était pas mal, d'ailleurs.


Je crois que n'importe quel-le réprésentant-e doit être au minimum agréable à regarder. Par exemple, j'aime bien Rama Yade, malgré ses air de Chantal Sébire (†) — idem pour les présentratices météo, et la petite Tanya Young remplace avantageusement sur F2 cette connasse de caissière de Nathalie Rihouet (sur CNN US, j'ai vu récemment une eurasienne obèse s'acquiter lourdement de la tâche !).

Mais comme je suis pas américain, tout ça n'a aucun sens. Et puis, Noir ou Blanc, Obama nous niquera comme McCain nous aurait niqué (cf. Boeing vs Airbus). Et Obama n'est pas plus Noir que Blanc, d'ailleurs, puisqu'il est les deux. Par contre, Palin, avec se tête de connasse créationniste, j'aurais pas voté pour elle. Mais je dis pas qu'elle est pas excitante avec ses lunettes (elle mériterait même une éjac' faciale et double pénétration — par Obama, et moi-même !). Ouais, elle m'excite plus que Royal, pour qui j'ai failli voter, vu que je suis féministe — mais avec Royal, j'aurais l'impression de baisser mon pantalon devant une Sainte Vierge de chez Leaderprice, ce qui m'exciterait pas trop. Et puis les dents, ça raye…

 

* J'aime beaucoup la forme concertante. C'est même celle que je préfère. Pour ceux qui ne sont pas que des connards en baskets lecteurs de Libération, je renvoie à ça, ça et ça (je touche pas d'argent dessus). Plus ça, pour la route.

25 septembre 2008

Eiffel ? haine !

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Relevé cette histoire drôle (pour mes rares fans : à venir, une aventure avec un inverti) :

« Une touriste a découvert au troisième étage de la tour Eiffel, un engin explosif comportant 2 kilos de dynamite, une pile, et un mécanisme d'horlogerie. L'engin, dissimulé dans des lavabos réservés au public, près de l'escalier qui conduit aux services de la télévision, aurait pu causer des dégâts considérables s'il avait éclaté.
Deux surveillants alertés  transportèrent fort courageusement l'engin au quatrième étage, pour diminuer les risques d'une éventuelle explosion. Les techniciens du laboratoire municipal ne tardèrent pas à enlever l'inquiétante machine.
Après cette découverte, on apprenait que des policiers de la DST avaient mis un terme, la semaine dernière, à l'activité de fabricants de bombes analogues, et que des inspecteurs de la préfecture de police avaient d'autre part découvert au domicile d'un membre du FLN 50 kg de dynamite.
Leur attention avait été attirée par d'importantes commandes, faites à des artisans de Drancy et du Blanc-Mesnil. Après une surveillance discrète, un musulman était appréhendé au moment où il venait prendre possession d'une commande.
Alors que les policiers l'emmenaient à son domicile, pour y effectuer une perquisition, ce musulman, en possession d'un passeport marocain, tentait de se donner la mort en s'ouvrant les veines des poignets à l'aide d'une lame de rasoir. Transporté à l'Hôtel-Dieu, l'homme devait déjouer la surveillance dont il était l'objet et parvint à mettre fin à ses jours en se pendant à l'aide d'un drap de lit. »

(Le Monde, 25 septembre 1958)

[Illustration : Robert Delaunay, La Tour Eiffel, 1926, Centre Pompidou]

15 septembre 2008

Ex amples

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« L'obsession du suicide est le propre de celui qui ne peut ni vivre ni mourir,
et dont l'attention ne s'écarte jamais de cette double possibilité. »

*

« Les suicidés préfigurent les destinées lointaines de l'humanité.
Ce sont des annonciateurs, et, comme tels, on doit les respecter. »

(Cioran, Le Mauvais démiurge)

11 septembre 2008

La mort fine

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« Passion de l'être, dégoût des êtres. »
(Cioran)

*

L'autre jour j'étais sur le quai, du métro, à la lisière de la bande blanche, là où elle est salie par les traces de pas. C'est un bon repère, les traces de pas : ça permet de voir là où les gens sortent du wagon et donc de localiser, par avance, où vont s'ouvrir les portes. On se retrouve ainsi dans des conditions tout à fait optimales pour bondir dans le train, bousculant au passage çà un vieille, là une chinoise.
[Le métro est répugnant, il excite les plus bas instincts.]

Justement, ce matin, elle était là, et sur ma trace, de surcroît : pas vraiment au milieu, mais ses pieds mordaient quand même un peu dessus. Car elle a compris, elle aussi, les traces. La ruse, la trace : c'est un truc d'Indiens, ceux avec des plumes, ceux qui dans Lucky Luke guettent l'arrivée du train en posant la tête sur le rail. Le train arrive, justement, freine, s'arrête, ouvre ses portes. J'ai déjà repéré une banquette libre depuis le dehors. Mais alors que je me précipite sur le sas à demi ouvert, le wagon vomit une grasse mauresque qui, d'un coup d'épaule granitique, me cloue sur place. C'est alors que l'autre en profite pour me passer devant et annexer la banquette.

Comme elle est large du bassin, je renonce à m'asseoir à ses côtés. Je me replie sur la banquette d'en face, entre la fenêtre un employé de bureau. Celui-ci a pas l'air content puisque, du même coup, il finit par se retrouver aux confins de la petite banquette (ce con d'employé de bureau). Et il faut pas qu'il se plaigne, cette burne : il avait qu'à se mettre contre la fenêtre. Conseil en pareille circonstance : dans un premier temps, se faire petit, renter les épaules, serrer les genoux. Comme ça, le mec voit qu'on fait un effort pour pas déranger. Il a les boules, mais il peut pas dire grand chose. Puis, doucement, se relâcher, se détendre, comme si on enflait, finalement. Au début, le type résiste, me presse contre la vitre. Mais ça change rien car ma structure se maintient. Luttant en vain contre l'inéluctable, l'imbécile s'épuise, abdique, se relâche et tout finit par rentrer dans l'ordre.

Cette femme, je la vois souvent : cinquante-cinq ans, elle en paraît facile dix de plus, avec ses bajoues sous les yeux, son teint de vinasse, ses cheveux gris-jaune pisseux vite plaqués sur le crâne. Fléaux, malheurs, peines, alcool, tabac : elle me fait de la peine, je vois bien qu'elle souffre, je vois bien que c'est dur pour elle, je vois bien qu'elle en peut plus, je sens bien qu'elle voudrait en finir. Mais pas le courage, pas la méthode, pas la ressource. Je voudrais la sortir de là, moi. Dommage que je ne sois pas médecin : je pourrais ainsi la soulager, donner une caution à mon diagnostic, une légitimité à ma prescription :

– C'est grave docteur ?
– Eh bien, Madame, en l'état, je dois vous annoncer que vous êtes désormais inapte à la vie.
– …
– Voilà, je vous remets cette ordonnance. Ça fera 21 €. Au revoir, Madame.

    « Pratiquer une auto-abolition par piqûre d'air, administrée par vos soins
dans n'importe qu'elle veine au moyen d'une seringue volumineuse.
Il ne sera pas nécessaire de renouveler le traitement. »

 

Illustration : Georges de la Tour, Joseph le charpentier (c.1640), Musée du Louvre. Œuvre bouleversante : le père préfigure, et le môme ne sait pas encore ce qui l'attend…

02 septembre 2008

Ô bois !

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28 août 2008

Bords d'eaux*

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L'autre jour, j'étais à Bordeaux, une ville assez miteuse, en fait, désertée (mi-août), mais non dénuée de charme (une certaine unité architecturale), avec des églises et, curieusement, peu de Noirs et d'Arabes (par rapport à Belleville), si ce n'est vers le Pont de Pierre et aux abords du Cours Victor Hugo. J'en ai profité pour goûter une spécialité locale : le kebab-frites-sauce blanche.

Il y a un Monoprix, mais j'ai pas vu de Fnac, ni de Zara (j'ai évité la rue Sainte-Catherine, où il y avait trop de gens). Pas vu de Picard, mais un Etam, oui. Peu de librairies, mais des mascarons (© P[s]).

Il faisait gris et très frais, pas vraiment une journée d'été, et en plus j'étais en débardeur-bermuda-tongs. J'ai donc dû m'abriter chez Mollat, le libraire local (du genre « institution », comme diraient les guides). J'ai été surpris par les prix élevés des livres (neufs). Je demande à un indigène qui avait l'air un peu lettré :

— S'il-vous-plaît : sauriez-vous me dire s'il y a un Gibert, ici ?
— Non, y'en a pas. Mais je connais, il y en a un à Poitiers.
— Et des librairies d'occasion ?
— Je ne saurais vous dire…
— Merci.

Un tour au « CAPC musée d'art contemporain de Bordeaux » (via l'esplanade pourrie des Quinconces), avec ce saupoudrage de choses déjà vues dans divers CNAC (ils font des tournantes, dans les FRAC). Ennui profond, si ce n'est ce film génial que j'avais vu à Pompidou (en allemand, donc pas tout pigé, mais c'est pas très grave), Der Rechte Weg (Fischli & Weiss, 1983 ; extrait ici), que l'on qualifiera sans crainte d'horizon indépassable de la "vidéo d'art". Beau bâtiment, terrasse proprette.

Pour conclure ce petit panorama aquitain, je dirais que j'ai beau être né à la ferme, la Province (hors Dauphiné) m'angoisse terriblement.

 

*Nous avons opté pour un pluriel, « Le Bord d'eau » figurant déjà sur la devanture d'au moins deux établissements gastronomiques de la Gironde [Gyronde : onde tournante]. Et puis nous avons été à l'océan, aussi.

27 août 2008

L'idole déjeune

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(Manquent deux vis)

17 juin 2008

Le con s'en suce

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Premier séminariste : « On a beau dire ce qu'on veut, quand on couche avec une femme, on cherche avant tout à la faire jouir elle. »
Deuxième séminariste : « C'est parce que tu te laisses tyraniser par le désir féminin. Tu es soumis à la culture du résultat. J'étais comme toi avant, j'ai dépassé ça. »
Troisième séminariste : « Nan, moi je m'en fous. Mais c'est vrai que j'aime bien sucer un bon cul. »
Deuxième séminariste : « Tiens, tu dis "sucer un cul" ? Je dis plutôt : "bouffer un cul". »
Premier séminariste : « Allez, ne me dites pas que la seule chose que vous vouliez prouver c'est pas du genre "t'as vu ma grosse bite comme je te fais jouir" ! » 
Troisième séminariste : « Si elle jouit pas – si elle sait pas jouir –, c'est tant pis pour sa gueule ! »
Deuxième séminariste : « Ouais, si je peux jouir dans sa bouche, c'est bien ! »
Troisième séminariste : « Exact. Elle doit jouir de faire jouir, faire un peu comme toi, finalement… »
Premier séminariste : « Vous êtes pas gentils avec moi, je vais me suicider ! » 
Deuxième et troisième séminaristes : « Fais pas ça, ça vaut vraiment pas le coup. »

 

 

22 mai 2008

N'aie graisse !

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« Multiplication des obèses dans les rues, des hommes et des femmes de trente, quarante ans, mais aussi des enfants. Énormes, boudinés, ces gamins ressemblent aux images de la gourmandise chez Bruegel, petits monstres enveloppés de chapelets de saucisses, brandissant des bretzels et des poissons gras. (…) À force de voir ces mutants se dandiner dans les rues, on finit par soupçonner qu'on est entré dans un monde nouveau. Moins pourtant le royaume de Gargantua que celui d'un Gulliver abordant le rivage inconnu du peuple des Yahoos. »

(Jean Clair, Journal atrabilaire)

 

L'autre jour, j'arrivais dans le métro. J'étais pas réveillé, je me faufilais in extremis entre les portes puis me jetais sur le premier bout de banquette disponible. Au premières heures du jour, lové déjà dans la lassitude et l'ennui de ces matins où l'on va travailler à reculons, je me tenais prostré, n'ayant pas même la ressource d'extraire un journal de mon sac. Il ne m'échappa cependant pas que la luminosité était plus faible qu'à l'accoutumée, les néons jaunes du wagon ne brillant plus de leurs « mille feux ». Interloqué, je levai machinalement la tête pour localiser une panne éventuelle. Je remarquai aussitôt ce qui m'avait échappé dans un premier temps : une formidable masse se tenait devant moi qui, tel un trou noir, semblait avaler matière et lumière en une même néantisation. Comme soumises à une poussée archimèdique tridimensionnelle, les carnations paraissaient se comprimer sur la paroi interne de la couenne, acculant l'enveloppe charnelle à son ultime plasticité. Il eût semblé que ses yeux, pareils à ceux de l'inénarrable Jabba the Hut, aient même souhaité se précipiter hors de leurs insupportables orbites. Je scrutai donc cette motte humaine, considérable, morbide… Mais pourquoi je vous dis tout ça ? Elle m'a rien fait la pauvre. J'ai honte, j'arrête. 

21 avril 2008

Aimer ces airs ?

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Un modeste hommage à Philippe B.,
poëte guyennais vivant (inch Allah)

 

Cette note aurait pu s'intituler : « Martin nique », car M. L. King, pour ça oui, il niquait ! Et aussi parce qu'Aimé et Martin luttèrent… (Ouarf). 

Mais, lecteur attristé, peut-être n'est-ce pas le moment de t'entraîner, tandis que tu sanglotes, au firmament de la poésie en ces temps bien troubles de fièvre hommaginative… On panthéonise, ça sera du néocolonialisme ; on panthéonise pas, ça sera du racisme. 

Sinon, je me disais (parce qu'on entend parler que de ça : « Tu es blanc, je suis noir ; nous sommes différents mais nous sommes frères humains » etc.) : un individu fruit d'un croisement d'un noir et d'une blanche (ou l'inverse), on dit généralement que c'est un « black ». Et pourquoi ça serait pas un « blank » ?