(titre original Mirror, Mirror)
(
2ème partie)

 Écrit par Sheila Harper
 Édité par Linda Love
(Traduction Hypérion)

ACTE 3

Ecrire et éditer un article de 800 mots sur une manifestation prenait à Clark quarante-cinq minutes de travail. Ecrire dans le style de Lois au lieu du sien doublait presque ce temps, particulièrement quand elle était assise à côté de lui et qu'elle lisait des passages plutôt intéressants sur les informations qu'elle avait découvertes au sujet du sabotage de l'avion. Quand, pour la sixième fois elle dit, "C'est bizarre. Ecoute ça," il ronchonna tout haut.

"Chérie *s'il te plaît* je dois finir mon article avant de penser à celui-là."

Elle leva les yeux de la pile de papiers posée sur ses genoux. "Oh. Tu veux de l'aide ?"

Ses doigts volèrent sur le clavier. "Je t'envoie ce que j'ai trouvé jusqu'ici. Tu peux vérifier pour moi, s'il te plaît ?" ajouta-t-il doucement, "Assure toi que ça ait l'air d'être de toi et pas de moi, d'accord ?"

Lois sourit et se dirigea vers le bureau de Clark. "Tu veux dire que tu me donnes la *permission* d'éditer ton article ?"

Elle leva les yeux au ciel. "Malin, Kent." Mais il vit qu'elle souriait en passant à côté de son bureau. C'était étonnant, se disait-il, comme ils se sentaient tous deux différents après s'être rendu compte que Nick Trifyllis n'était pas mort.

Elle venait de lui renvoyer l'article quand le téléphone sonna. Elle décrocha le combiné et dit d'un air absent, "Bonjour," en continuant à lire les informations sur le sabotage.

Du coin de l'œil, Clark la vit dresser l'oreille. "Oh, vraiment ? Très bien !" Elle commença à prendre des notes sur un bloc en écrivant en super vitesse.

Troublé par son manque d'attention à se servir de ses supers pouvoirs, Clark se dirigea nonchalamment vers le bureau de Lois. Elle était penchée, lisant apparemment ses notes, et il cacha sa main au reste de la salle. "Merci, Dr Klein," dit-elle en raccrochant.

Elle hocha la tête en regardant les notes qu'elle avait prises. "Inutile de se demander pourquoi tu ne t'embarrasses pas d'un magnétophone," dit-elle doucement.

Il haussa les épaules et lui caressa la main. "Mais je n'écris pas non plus aussi vite en public."

Ses yeux s'écarquillèrent et elle regarda nerveusement autour d'elle. "Oups." dit-elle en grimaçant. "C'est dur de se retenir."

Il sourit un peu. "Je sais."

"Merci, monsieur," dit Lindy, assise dans la chaise réservée aux visiteurs face au bureau de Lex. "L'avocat m'a trouvé un alibi et une identité quand il est arrivé, et j'étais dehors en moins d'une demi-heure."

"Je les paie pour obtenir des résultats. Je suis heureux d'entendre qu'ils sont à la hauteur." Lex se recula au fond de sa chaise et regarda enfin son agent. "Etes-vous prête pour une autre mission ?"

"C'est pour cela que vous *me* payez, M. Luthor."

Il sourit, d'un terrible sourire de requin. "J'apprécie la bonne volonté de mon personnel. Maintenant que les frères de ce Trifyllis ont été assez aimables de se retirer du paysage, il ne nous reste qu'une chose à terminer…"

Lois et Clark étaient retournés dans la salle de conférence où ils avaient classé les informations sur le sabotage de l'appareil pendant que Perry lisait l'article de Clark. La liste de Jimmy n'avait rien donné, aussi ils comparaient les gens qui avaient les connaissances techniques avec ceux ayant accès aux locaux et ceux qui étaient mêlés à des procès ou des rachats d'entreprises. Après deux heures, ils avaient éliminé quelques possibilités, mais, même s'il restait presque trois douzaines de personnes pouvant avoir les compétences, l'occasion ou le mobile, aucune ne figurait sur toutes les listes. "Je pense que c'est Luthor," dit Clark. "Il a recommencé à faire des affaires dans l'aviation commerciale et, détruire la concurrence par un sabotage est le genre de façon dont il travaille depuis que je le connais."

"Clark, nous ne pouvons pas écrire un article basé sur des spéculations. Perry va nous cantonner aux concours canins et aux cérémonies de remise de diplômes jusqu'à ce que Laura aille à l'école." Devant son air têtu, elle ajouta, "Et tu sais aussi bien que moi que nous n'avons jamais trouvé de preuves à publier. Qu'est-ce qui te fait penser que nous pourrions maintenant en trouver ?"

Clark soupira et se frotta les yeux. "Très bien. On demande à Jimmy de chercher d'autres infos ?" suggéra-t-il, en baissant les mains.

Lois acquiesça.. "Je vais écrire les trucs que m'a donné le Dr Klein, ce qui va faire plaisir à Perry, mais à part cela…" Elle haussa les épaules.

"Nous avons fini jusqu'à ce que Jimmy nous déniche plus d'informations," dit-il, puis il ajouta, satisfait, "donc le moment est venu de nous occuper de *notre* enquête."

"Je sais exactement où commencer."

"La Maison de l'Astrologie ?" lut Clark incrédule alors que Lois se mordait la lèvre pour ne pas rire. Il regarda la vitrine, les cristaux suspendus, les sculptures en teck et la grande urne de cuivre d'où sortait un long tube.

"C'est quoi cette chose ?" demanda Lois en la montrant.

Il regarda l'urne. "Un narguilé. Une pipe à eau," expliqua-t-il.

Ils poussèrent la porte au carillon tintant et aux effluves d'encens. Clark inspira profondément en fermant les yeux. "Ça ne sent pas pareil -- rien ne sent pareil pour l'instant -- mais je pense que c'est de l'ambre. Il se dirigea vers les sculptures en teck.

"Tu reconnais l'odeur ?" demanda Lois.

"J'aime l'ambre," dit-il, caressant de son pouce une sculpture en teck, appréciant de sentir le bois tendre.

Elle hocha la tête et se dirigea vers les livres qu'elle apercevait dans la pièce voisine. Un homme aux cheveux bruns, la tête inclinée et les mains pressées l'une contre l'autre, apparut soudain de l'arrière-boutique pour leur bloquer le passage. "Asabi peut-il faire quelque chose pour vous ?" demanda-t-il. Il regarda ses clients avec dans le regard un air de reconnaissance, mais son expression resta neutre.

"Vous pouvez nous dire ce que Lex Luthor fabrique ces jours-ci," dit Clark.

"Je n'en sais rien," dit doucement Asabi. "Je ne suis pas retourné au service de M. Luthor quand il est revenu… Je n'ai donc pas les informations que vous désirez, peut-être seriez-vous intéressés par un livre ou… un charme de bonne fortune." Il indiqua ses livres d'une main et de l'autre les sculptures en teck.

"J'ai cru comprendre que Nick Trifyllis a obtenu de vous un livre de projection astrale," dit Lois.

Asabi salua, en hésitant avant de répondre. "Un client régulier."

"Intéressé dans le transfert de l'esprit ?" poursuivit-elle.

Quelque chose s'illumina dans les yeux de l'homme, mais il se reprit. "Intéressé à aider les personnes lentes. Il a souvent parlé de son désir d'aider les autres."

"Vous a-t-il jamais parlé de ses recherches ? De la façon dont il voulait aider les personnes lentes ?" demanda Clark.

"Certainement," dit Asabi. "Il espère partager la *compréhension* d'un esprit avec un autre." Il hocha la tête. "Peut-être devriez-vous lire son mémoire. Il a souvent dit qu'il était intéressé par ce sujet depuis qu'il était étudiant."

Sans le moindre battement de paupières, Clark lui montra qu'il avait déjà lu le mémoire de Nick. "Son intérêt dans les phénomènes psychiques n'est-il pas lié à ses recherches ?"

Asabi haussa les épaules. "Peut-être. Mais les détails techniques de son travail dépassent mon humble connaissance." Il tendit les mains comme pour leur indiquer qu'il leur avait dit tout ce qu'il savait.

Clark jeta un coup d'œil furtif à Lois et vit qu'elle aussi le regardait. Il haussa les épaules et hocha la tête. Ils étaient journalistes depuis suffisamment longtemps pour savoir quand une interview ne menait nulle part et, pour l'instant, le moment était vraiment venu d'aller voir ailleurs.

"… nous n'avons plus qu'un détail à régler… Owen Preece." La voix de Lex dans le magnétophone était menaçante de calme et de détachement. Owen regarda l'appareil, l'expression à la fois fascinée et épouvantée.

"Preece ? Pourquoi lui ?" demandait une voix de femme.

"Enrico a dit que Preece a agi bizarrement quand il a épluché les dossiers de Trifyllis. Et je ne veux pas qu'il fasse le rapprochement entre ma demande d'informations sur le travail que faisait Trifyllis et sa mort," continuait la voix de Lex.

"Vous êtes sûr, monsieur ? Vous ne pensez pas que deux morts dans le même service en l'espace de quelques jours peut donner des soupçons à la police ?" La voix de la femme était calme comme s'ils étaient en train de parler d'une recette de pain de viande.

"Faites en sorte que ça ait l'air d'un accident -- non, mieux, d'un suicide," disait Lex. "Laissez une confession du meurtre de Trifyllis. Cela mettra fin à l'enquête sur la mort de Nick Trifyllis."

Beth Luthor éteignit le magnétophone. "Eh bien ?"

Owen leva lentement les yeux, le visage livide. "Pourquoi m'avez-vous fait écouter ça, Mme Luthor ?" demanda-t-il d'une voix rauque.

Elle prit une profonde inspiration. C'était maintenant ou jamais. "J'ai besoin de quelqu'un pour m'aider à faire tomber Lex. Quelqu'un qu'il ne puisse pas acheter. Quelqu'un qui connaisse les ordinateurs, afin que nous puissions rentrer dans ses fichiers. Et vous m'avez l'air d'être cette personne."

"Pourquoi ne portez-vous pas tout simplement cette cassette à la police ?"

"Il s'en sortira. Il dira que la cassette est un faux et il engagera suffisamment d'experts pour le prouver. Tout ce que cela fera, sera de me forcer à me découvrir et je serai morte avant même de pouvoir témoigner contre lui. Il y veillera." Elle savait qu'elle le suppliait, mais elle ne pouvait pas s'arrêter. "Voulez-vous m'aider ?"

Il la regarda avec incrédulité. "Vous êtes folle?. Vous venez de me dire à l'instant que quelqu'un va m'assassiner et vous voulez que je joue les justiciers avec vous ? Pensez-vous que je vais vous servir à quelque chose quand je serai *mort* ?"

"Je vous cacherai," lui dit-elle sérieusement. "Mais j'ai besoin de quelqu'un ayant vos connaissances en informatique."

Owen lui rit presque au nez. "Vous allez me cacher de *lui* ?" Il hocha la tête. "Merci de me dire ce qui se passe, et je vous souhaite de réussir, mais je ne vais pas risquer ma vie pour envoyer votre mari en prison." Il se leva. "Si vous voulez bien m'excuser, j'ai quelques dispositions à prendre."

Lois fronça les sourcils d'un air songeur en conduisant la Jeep vers le Planet. "Je pense que tu as raison. Asabi en sait plus sur Nick Trifyllis qu'il ne le dit. Mais je ne suis pas certaine qu'il sache où est Nick. Il n'a pas sursauté en entendant son nom."

"Qu'il le sache ou non, il ne dira rien." dit Clark, "alors on ferait mieux de chercher ailleurs."

Elle le regarda du coin de l'œil. "A quoi penses-tu? Revenir sur le frère ?"

Il hocha la tête. "Il avait probablement les contacts pour trouver des cadavres pour l'accident de voiture."

"Tout autant que de fausses identités et un endroit pour disparaître." Devant son petit signe de tête affirmatif, elle poursuivit, "Mais je ferais bien de rédiger les informations du Dr Klein, sinon Perry va nous rayer de la liste du personnel."

Clark leva les yeux au ciel. "Pourquoi ne peut-on pas écrire un article à la fois ?" se plaignit-il. "Soit c'est si calme que nous pourrions aussi bien fermer nos ordinateurs et rentrer à la maison, soit les articles nous tombent dessus en avalanche."

Lois sourit. "Tu devrais peut-être en parler à un supérieur."

"Perry ? Non, il nous donnerait plus d'articles s'il le pouvait."

"Je pensais à quelqu'un de plus haut que ça," dit-elle, le pouce pointé vers le ciel.

"Oh." dit-il en souriant. "Qu'est-ce qui te fait penser que j'ai une quelconque influence avec le ciel ?"

"Ton cœur pur ?" suggéra-t-elle.

"Il se mit à rire. "Je ne crois pas que les pensées que j'ai habituellement pour toi puissent être considérées comme… pures."

"Mais nous sommes mariés, alors c'est permis."

"Très bonne chose." dit Clark avec un sourire malicieux.

Mais son sourire s'évanouit quand il remarqua que Lois tournait la tête pour écouter quelque chose qu'il n'entendait pas. Elle pesta un peu et se gara sur le bas-côté de la rue. "Chéri, il faut que j'y aille," dit-elle.

Il lui saisit le bras. "Fais attention," lui dit-il d'un ton insistant. "Tu n'es plus totalement invulnérable maintenant.

"Je sais." Elle se pencha vers lui et ferma les yeux pour l'embrasser. Puis elle se redressa et ouvrit la portière. "Je reviens tout à l'heure."

"Lois Lane et Clark Kent viennent de sortir de ma boutique. Ils ont posé des questions sur Nick Trifyllis," dit Asabi.

Lex se détourna de son ordinateur et décrocha le combiné, fermant la fonction mains libres. "Que croyez-vous qu'ils cherchent ? Ils étaient à New York. Ils doivent savoir qu'il a été tué dans cet accident de voiture."

"Ils voulaient savoir quelque chose sur ses recherches. L'un deux a mentionné le 'transfert d'esprit'."

Lex fronça les sourcils. "Cela n'aurait pas dû se trouver dans ses notes. Cherchaient-ils la pierre ?"

"Ils n'en n'ont jamais parlé. Pourtant, j'ai senti qu'une énergie particulière émanait d'eux…"

Lex attendait, mais comme Asabi n'en disait pas davantage, il poursuivit, "La pierre a disparu avec l'appareil du Dr Trifyllis, et ils ne peuvent pas faire un lien entre nous et la mort des Trifyllis à New York. S'ils reviennent, tenez-moi au courant."

En raccrochant, Lex jeta un regard mauvais au Daily Planet posé sur son bureau. Il y avait en page trois un article de Clark Kent faisant suite à celui sur le sauvetage par Superman de l'avion de la PanGaea. Non seulement Kent enquêtait sur les meurtres qu'il avait commandités, mais maintenant il fouinait également du côté de l'avion de la PanGaea et propageait des rumeurs de sabotage.

Luthor appuya sur le bouton d'appel et Enrico O'Reilly entra et ferma la porte derrière lui, mais il attendit pour avancer vers le bureau de Lex. Luthor dressa les sourcils, et O'Reilly serra les dents, réticent. Finalement, il s'avança vers le siège visiteur devant le bureau de son patron.

Bien que Lex ne soit pas vraiment souriant, il se détendit devant l'attitude soumise de son homme de main et dit, "Voilà où cela mène de lâcher la bride à SATAN. Gratifiez-le de la rupture de contrat habituelle."

Après être revenu au Planet, Clark trouva sur son bureau les notes de Lois sur sa conversation avec le Dr Klein et commença à les lire en se dirigeant vers le bureau de Lois. Il ébaucha un sourire. Elle avait entièrement retranscrit la conversation -- ce qui signifiait qu'il pouvait écrire l'article -- s'il avait les notes de Lois et celles qu'il avait, lui aussi, prises auparavant. Il s'arrêta un instant puis retourna vers son propre bureau.

Le temps que Clark termine le difficile brouillon de son article et l'envoie sur son ordinateur personnel, Jimmy déposait sur son bureau, à côté de son clavier, une autre pile de dossiers. "J'ai fait des recherches sur ces noms, Lois," expliqua-t-il.

"Merci, Jimmy," dit Clark en regardant son ami s'en aller. Si lui et Lois n'avaient pas la possibilité de revenir dans leur corps, certaines relations ne pourraient sans doute pas y survivre. Une raison de plus pour terminer cet article et repartir à la recherche de Nick Trifyllis. Il serra les dents en prenant la pile de dossiers et se rendit dans la salle de conférence.

Lois surgit dans la salle de rédaction du Daily Planet en arrangeant nerveusement sa cravate, tout en se disant qu'elle aurait dû, ce jour-là, mettre une épingle étant donné qu'elle n'était pas certaine de bien l'avoir rattachée. Elle saisit l'occasion Elle profita des quelques quinze centimètres supplémentaires qu'elle avait pour chercher Clark, mais il n'était pas à son bureau. Et puis, elle réalisa qu'en fait, elle était en train de chercher un mari mesurant un mètre quatre-vingt-trois au lieu de son mètre soixante-huit, elle regarda alors vers son propre bureau. Pas de chance. Elle baissa ses lunettes pour regarder par-dessus et élimina très vite le bureau de Perry et la salle de photocopie pour finalement arriver à la salle de conférence.

"Coucou, chéri," dit-elle, en prenant soin de refermer derrière la porte de la salle de conférence.

Clark se retourna en sursautant. "Oh, coucou. Tu vas bien ?"

Elle acquiesça d'un petit signe de tête. "Je vais bien. Je n'ai pas eu de problème, mais j'ai seulement posé un autre avion. Un autre de la PanGaea. Avec le câble de contrôle du gouvernail coupé."

"Vraiment ? Accidentellement coupé ?" demanda-t-il, son vif intérêt visible dans son attitude.

"Je ne sais pas. Les bords étaient sales et gras," répondit-elle.

"Etaient-ils rouillés ou corrodés ?"

"Je n'ai pas regardé d'aussi près." Elle grimaça un peu. "Tu aurais regardé, n'est-ce pas ?"

Il se leva et lui prit le bras, son air sérieux exprimant son désir de la rassurer. "Chérie, ne t'inquiète pas pour ça. Les enquêteurs savent ce qu'ils font et si quelqu'un a coupé ce câble, ils le découvriront."

"Je sais. C'est juste que… c'est déjà difficile de contrôler des pouvoirs *et* un corps auquel je ne suis pas habituée alors que je ne connais pas un millième des choses que tu as apprises qui rendent Superman si efficace." Elle regarda son visage ému et, prenant une profonde inspiration, elle se reprit. "Je vais bien, chéri. Je veux juste finir cet article sur le sabotage de l'avion afin que l'on puisse repartir à la recherche de Nick Trifyllis."

"Très bien." Clark se retourna vers la table. "J'ai fait un brouillon de ce que t'a dit le Dr Klein, et j'allais me mettre sur les infos que nous avons demandées à Jimmy." Il lui sourit d'un air contrit et lui tendit les dossiers. "Tu veux jeter un œil pour voir s'il y a quelque chose ?"

"Couvre-moi," dit-elle, avec un léger sourire en lui indiquant la porte d'un petit signe de tête.

Il sourit et hocha la tête à ce commentaire facétieux mais se leva et jeta un œil sur la salle de rédaction par un espace entre les lattes des stores. Derrière lui, Lois passa chacune des pages de la pile de dossiers et, trois secondes plus tard, elle les reposa. "Je crois que j'ai quelque chose."

Clark se plaça derrière elle. "Quoi ?"

"Ces deux-là." Elle sortit deux feuilles. "Un pilote qui a été renvoyé pour insubordination et un mécanicien de la PanGaea. Ils appartiennent tous les deux à quelque chose appelé… SATAN."

Il dressa les sourcils. "Satan ?"

"Stopper les Accidents du Trafic Aérien est Nécessaire. "Un acronyme vicieux pour une organisation qui paraît tellement inoffensive."

"Peut-être ne sont-ils pas aussi inoffensifs qu'ils en ont l'air."

L'air hébété, Beth s'éloigna du Centre Informatique et Technologique de la LexCorp. Elle ne parvenait toujours pas à croire qu'Owen Preece ait refusé sa proposition, qu'il n'ait pas vu à quel point il serait plus en sûreté s'il pouvait envoyer Lex en prison. Il ne lui restait donc que Nick Trifyllis -- s'il était toujours en vie. Et d'après ce qu'elle avait entendu dans la conversation qu'elle avait passée à Owen, elle n'en était plus aussi sûre. Peut-être qu'elle devrait rentrer et ramasser les micros qu'elle avait placés.

En s'arrêtant au feu, elle regarda l'appareil de contrôle posé dans son sac ouvert. Les voyants étaient éteints -- et si Nick n'était pas revenu à son appartement ou à son laboratoire, ils le resteraient. Mais elle se dit que là où ils étaient, les micros ne gênaient personne, et elle ne pouvait se permettre d'ignorer aucune assistance. Elle les laisserait où ils étaient encore quelques semaines.

Sur l'ordinateur de Lois, Clark avait trouvé le site web de SATAN et il le faisait défiler en fronçant les sourcils. "Il est dit qu'à l'origine ils se sont organisés pour protester contre les moyens de transports dangereux, et…" Il cliqua sur un lien vers la mise à jour des activités actuelles." …et on dirait qu'ils veulent boycotter la PanGaea Air."

Lois se pencha par-dessus son épaule. "On dit pourquoi ?"

Il passa différentes pages à l'écran. "Oui. Violations de la sécurité. Programmes de maintenance insuffisants. Pilotes obligés de voler trop d'heures d'affilée avec trop peu de temps de repos. Les trucs habituels." Il feuilleta les papiers posés sur son bureau. "Tiens voilà. C'est ce que le pilote qui a été renvoyé disait de la PanGaea."

Elle lut en super vitesse les pages du dossier. "Il déclare que c'est *pour cela* qu'il a été renvoyé. Il refusait de voler quand il n'avait pas suffisamment d'heures de repos. La PanGaea a dit qu'il avait été licencié pour insubordination."

Clark hocha la tête. "Je ne sais pas. Je ne pense pas que quelqu'un qui refuse de voler quand il n'est pas capable de le faire est le genre de personne à risquer la vie de 300 personnes en sabotant les deux réacteurs d'un avion."

Elle fronça les sourcils d'un air interrogateur. "Quelle différence ça fait de saboter deux réacteurs au lieu d'un ?"

"Un avion peut voler et se poser avec un réacteur," expliqua-t-il. "Le vol aurait été interrompu, mais ils n'auraient pas demandé l'aide de Superman."

Lois tendit la main vers le téléphone et appuya sur un numéro programmé. Elle sourit et hocha la tête. "Tu connais des tas de choses… Oui, Dr Klein ?" Elle parla avec lui pendant quelques minutes et, quand elle raccrocha, elle dit à son mari, "Je me demandais pourquoi le premier échantillon d'huile n'avait aucun signe d'altération alors que le second en présentait."

Il voyait où elle voulait en venir. "Les échantillons ont été pris sur différents réacteurs ?"

"Tu as tout compris," dit-elle en pointant son doigt vers lui. "L'un a été saboté et l'autre -- l'autre a subi une rupture mécanique. Trop usé et trop mal entretenu."

"J'ai l'impression qu'il faut qu'on parle à ce pilote," suggéra Clark.

"Et au mécanicien," ajouta-t-elle.

D'après le nom inscrit sur la boîte aux lettres, Tony Morales n'avait pas déménagé depuis qu'il avait été licencié par la PanGaea. Quand il ouvrit la porte, Lois et Clark découvrirent un homme à la carrure d'athlète d'une trentaine d'années, le genre de personne, pensa Clark, avec qui il aimerait faire quelques paniers. Mais dès qu'ils se furent présentés, le sourire du pilote s'évanouit et il baissa les yeux, apparemment songeur. Après quelques instants, il leva la tête et ouvrit la porte grillagée. "Je m'attendais à quelque chose comme ça," dit-il. "Vous feriez aussi bien d'entrer."

Son petit appartement était aussi bien tenu que l'avait été celui de Clark, il était rasé de près, élégamment vêtu d'une chemise Henley à manches courtes et d'un jean, et ses cheveux châtains étaient soigneusement coiffés. Il ne ressemblait pas à la plupart des chômeurs que Clark avait vus.

"Qu'entendez-vous par je m'attendais à ça ?" demanda Lois.

"Je ne me déroberai pas, M. Kent. Dans un sens, je suis presque soulagé."

Le regard surpris de Lois croisa celui de Clark et il demanda doucement. "Vous ne vous attendiez pas à ce que le deuxième réacteur lâche, n'est-ce pas ?"

Tony Morales hocha la tête. "*Jamais*. Je voulais que les gens sachent ce qui se passait à la PanGaea, pour qu'ils soient obligés de s'acheter une conduite, mais je n'ai *jamais* eu l'intention de blesser quelqu'un."

"Et au sujet du câble de contrôle coupé aujourd'hui ?" demanda Lois.

Il avait l'air honteux en croisant son regard. "Ils auraient dû le voir avant le décollage. Cet avion n'aurait jamais dû sortir."

"La dernière fois, le deuxième réacteur a lâché à cause des mauvaises procédures de sécurité… et vous prenez *encore* le risque ?" Clark entendit le ton inquisiteur de sa voix et se dit qu'il aurait dû se retenir. Il n'y avait rien de mieux pour faire taire immédiatement un informateur.

Morales resta silencieux un long moment. "Superman avait sauvé le premier, aussi nous -- j'ai pensé…"

Clark remarqua son lapsus, mais il était trop en colère pour sauter sur l'occasion. Lois lui jeta un rapide regard et reprit l'interrogatoire. "Il était votre sauvegarde," affirma-t-elle. "Pourquoi avez-vous trafiqué un deuxième avion ?"

"Parce que personne ne parlait des violations de sécurité de la PanGaea. La seule chose dont on parlait c'était du sabotage."

La colère de Clark avait disparu, et maintenant il se sentait juste fatigué. Que Dieu me protège de ces imbéciles bien intentionnés, se dit-il. Si seulement Morales était tout d'abord venu les voir, ils auraient enquêté sur ses allégations -- et probablement épinglé la PanGaea. Mais il avait fait justice lui-même, et maintenant lui -- et son complice -- allaient le payer par un séjour en prison.

Clark sortit son bloc-notes et son stylo. Il avait un article à écrire.

"Il a trouvé la formule sur Internet," répétait Lois incrédule tandis qu'elle et Clark retournaient à la Jeep après l'interview.

"Oui, mais la plupart des gens ne peuvent pas savoir que le composant peut être ajouté à l'huile de moteur. Ni que la friction peut augmenter suffisamment la température pour brûler l'huile en ne laissant pratiquement aucun résidu. Ce n'est pas exactement comme afficher les instructions pour la fabrication d'une bombe artisanale," dit Clark. "Il a dit 'nous'. Qu'en penses-tu ?"

"C'est le mécanicien," déclara-t-elle avec certitude. "Ils appartiennent tous les deux à SATAN. Ils ont tous les deux un mobile, spécialement Morales, mais le mécanicien a les accès."

"J'aurais parié n'importe quoi que c'était Luthor… mais tu as raison. Prochain arrêt, Derek Chambers ?" demanda-t-il, en mentionnant le nom du mécanicien.

"Tu as une adresse ?" Il acquiesça et elle ouvrit la portière côté conducteur de la Jeep. "Très bien. Allons boucler cet article."

"Ni au travail *ni* chez lui ?" demanda Lois déçue en sonnant à la porte de Derek Chambers pour la quatrième fois. "Pourquoi les gens sont-ils si difficiles à trouver ?"

Elle regarda fixement la porte et toucha ses lunettes, et Clark lui saisit le poignet. "Lois, s'il te plaît. Les gens ont le droit d'avoir un peu d'intimité."

Elle leva les yeux au ciel. "Toi et tes principes. Je parie que Waldecker t'a rendu dingue."

Un petit sourire se dessina au coin de sa bouche. "Resplendissant Man ? Il n'a jamais compris que les pouvoirs étaient faits pour aider les gens, pas pour en tirer avantage."

Elle soupira. "D'accord. J'ai compris. Mais je ne crois pas que nous devrions attendre pour interroger Chambers. Nous avons découvert cette histoire et nous sommes toujours loin devant la police. Si nous attendons, nous risquons de perdre l'exclusivité."

"Tu crois ?" Il se mit à rire. "Perry nous tuerait."

"C'est *toi* qu'il tuerait." Elle tapa sa hanche contre la sienne. "Alors on retourne au Planet, je suppose."

"Et si on écrivait ça à la maison ? De cette manière on n'aurait pas besoin de quelqu'un pour surveiller Laura," dit-il.

"Ça me va." dit Lois. Elle se préparait à quitter le porche de Chambers, mais l'expression de Clark l'arrêta. "Qu'est-ce qu'il y a ?"

"Je viens de découvrir comment trouver Nick Trifyllis." Il fouilla dans le sac de Lois jusqu'à ce qu'il trouve son téléphone portable. "J'espère qu'il n'est pas trop tard," marmonna-t-il en feuilletant son agenda pour chercher le numéro du laboratoire où travaillait Nick.

De l'autre côté de la porte d'entrée de Derek Chambers, Enrico O'Reily ne bougeait plus, n'osant même plus respirer. Une marre de sang, sortant de la blessure par balle à l'arrière de la tête du mécanicien de la compagnie aérienne, se répandait lentement sur le sol. O'Reilly regardait le liquide rouge et visqueux se diriger vers ses chaussures, mais il ne pouvait se risquer à bouger et faire le moindre bruit qui aurait pu alerter ces deux fouineurs de journalistes de sa présence.

De plus, ils avaient l'air de penser que le frère de l'informaticien était toujours en vie, et ils voulaient découvrir ce qu'il savait et l'endroit où il pouvait se trouver.

FIN DE L'ACTE 3

ACTE 4

Superman arriva par la fenêtre de la chambre au 348 Hypérion Avenue et tourbillonna pour revêtir un jean et un tee-shirt noir, se dépêchant de se préparer pour aller surveiller le laboratoire. Ce n'est qu'à ce moment que Lois s'aperçut que sa fille, cramponnée au dessus de lit en souriant et en poussant des petits cris, se tenait sur ses jambes tremblantes en regardant son 'père'. "Oh… super," marmonna Lois, se baissant pour prendre Laura en grimaçant."

"Chérie, c'est toi ?" demanda Clark de la salle de bains.

"Oui," dit-elle en soupirant, tournant la tête pour éviter les petites mains collantes sur ses lunettes. Il fallait vraiment qu'ils parlent de toute cette histoire de Papa et Superman. Mais d'abord, elle devait trouver la façon de nettoyer et de bander la plaie de son épaule sans que Clark s'en aperçoive.

La Jeep était garée en bas de la rue, à côté du bâtiment du laboratoire et Lois et Clark avaient une vue parfaite sur l'entrée où se faisaient les livraisons. "Je devrais tout le temps te laisser te débrouiller avec ma mère," dit Lois, avec un sourire retenu, en écrivant son article dans le bloc-notes de son ordinateur portable. "Elle ne s'est pas plainte plus de trois fois que tu l'aies appelée à la dernière minute."

Clark se détourna de la vitre par laquelle il regardait la porte du laboratoire. "N'y pense même pas. Elle aime juste l'idée que nous ayons suffisamment confiance en elle pour lui laisser Laura pendant que nous passons la nuit à effectuer une surveillance."

"Oh Seigneur, tu ne penses pas vraiment que nous allons y passer toute la nuit, n'est-ce pas ?" ronchonna-t-elle. En général, le corps de Clark ne se fatiguait pas autant que le sien, mais avec son aura qui disparaissait, elle n'était pas certaine que cela reste vrai plus longtemps.

"Je ne sais pas." Il se retourna pour regarder l'entrée du laboratoire. "La secrétaire a dit que les gens du chenil sont censés arriver avant six heures. Si Trifyllis est avec eux, ça ira. Mais si nous devons les suivre pour arriver jusqu'à lui… je ne sais pas combien de temps ça prendra, et je ne veux pas prendre le risque de le perdre."

"Moi non plus. Mais s'il s'agit d'un refuge public, il se pourrait qu'ils ne sachent rien à son sujet. Nous pourrions rester en planque pendant des jours à attendre qu'il se montre pour prendre les animaux."

Clark hocha la tête. "La secrétaire a dit qu'il s'agissait d'un chenil privé. S'il ne fait pas quelque chose ce soir, je parie qu'ils ont une adresse où le joindre."

"Je l'espère. C'est une bonne chose que tu te souviennes de ce qu'elle a dit à propos des animaux." Elle regarda leur article un instant, puis sauvegarda ce qu'elle avait écrit, ferma le fichier et éteignit le portable.

Clark sourit légèrement. "Remercions Dieu pour les secrétaires bavardes." Il regarda Lois. "Tu ne vas plus rien écrire ?"

"Je veux d'abord te parler de quelque chose."

"Je reconnais ce ton," dit-il nerveusement.

"Quoi ?" Elle le regarda avec une exaspération amusée. "Clark, non seulement *je* ne reconnais pas ce ton, mais ces jours-ci, je ne reconnais aucun de mes tons."

Il se mit à rire et regarda à nouveau vers le laboratoire. "D'accord, tu n'as aucun ton. De quoi veux-tu parler ?"

"De Laura."

Il se tourna vers elle en sursautant, l'air inquiet. "Que se passe-t-il avec Laura ?"

Elle hésita. "Quand je suis revenue de cette fusillade à la New Troy Mercantile Bank, Laura était dans notre chambre et je me suis… enfin…"

"Changée devant elle, je suppose ?" Devant son petit signe de tête ennuyé, il haussa les épaules. "Ça arrive, chérie. Mais elle est encore toute petite. Elle oubliera. Tu vas devoir -- *je* vais devoir faire plus attention à ce qu'elle ne voit plus Superman d'aussi près."

La conversation se présentait de la même manière que la fois précédente. "Je ne pense pas que ça suffira."

Il fronça les sourcils. "De l'empêcher de voir que Papa et Superman sont la même personne ? Pourquoi pas ?"

"Chéri, tu sais aussi bien que moi que ton déguisement de Superman est autant circonstanciel que physique. En dépit de la ressemblance évidente--" elle sourit, étant donné qu'à ce moment même il ne ressemblait aucunement à Superman-- "personne ne peut rien deviner parce que Clark Kent est un homme ordinaire et Superman un extra-terrestre avec des supers pouvoirs."

"Oui, mais qu'est-ce que ça a à voir avec Laura ?"

"Parce que papa lui fait descendre l'escalier en super vitesse après l'avoir changée quand nous sommes en retard." Elle s'interrompit, puis admit avoir aussi une part de responsabilité. "Et… Superman se change en Papa devant elle. Quand elle voit Papa faire les choses que fait Superman et que Superman ressemble à Papa… Alors dis-moi."

Il regarda le laboratoire. "Tu as raison," dit-il enfin. "Et jusqu'à ce qu'elle soit assez grande pour comprendre qu'il est important de n'en parler à personne, il ne faut pas qu'elle le sache." Clark soupira et regarda ses mains fines. "Flotter quand je regarde les matchs de football va me manquer."

Lois sourit devant son air triste et elle posa sa main sur la sienne pour s'empresser de le rassurer. "Chéri, je ne veux pas dire qu'il faut que tu arrêtes de te servir de tes pouvoirs à la maison. Juste devant Laura. Si elle est endormie ou en dehors de la pièce ou si tu fais quelque chose qui ne se remarque pas--" Elle ajusta ses lunettes-- "il n'y a aucune raison pour que tu cesses d'être toi-même. Ces derniers jours, j'ai vu combien il t'était difficile de te retenir au travail. Je n'y suis pas parvenue. Et je n'imagine pas que tu puisses également prétendre ne pas avoir de pouvoirs à la maison."

Devant l'expression soulagée de Clark elle se sentit coupable d'avoir évoqué ce problème. "Je suis content." Un petit sourire se dessina au coin de sa bouche. "Je commençais à me sentir comme Samantha dans "Ma Sorcière Bien-Aimée'."

"Oh, non, Clark ! Je ne veux pas que tu te sentes coupable d'être qui tu es. De plus," ajouta-t-elle d'une petite voix, "Je ne pense pas que nous arriverions à tout faire si tu n'utilisais pas tes pouvoirs."

"Je sais. J'avais peur que ce soit pour toi un fardeau." Il sourit en la taquinant un peu. "Je suppose que je peux apprendre à me servir du gant isolant pour éviter de me brûler quand je cuisine. Si j'y suis obligé."

Son sourire se figea. S'ils ne retrouvaient pas très vite leur corps, elle allait *devoir* se servir du gant isolant. Dieu merci il venait de lui donner une excellente excuse.

Clark posa la main sur la sienne et la porta à ses lèvres pour un doux baiser. "Tu sais, nous sommes en train de parler comme si nous allions retourner dans nos corps à la minute."

Elle sourit en essayant de se remonter le moral. "N'est-ce pas ce que nous allons faire ?" Son visage devint grave et elle se tendit en sentant son cœur battre avec excitation. "Regarde, là-bas."

Il se retourna vivement. "Cette fourgonnette ? Regarde si Trifyllis n'est pas dedans," dit-il en faisant mine de baisser d'hypothétiques lunettes.

Il ne lui fallut qu'une seconde pour se concentrer afin de voir à travers les objets. "Trois hommes. Deux d'entre eux ressemblent aux photos que Jimmy a trouvées."

Elle entendit le pouls de Clark s'accélérer. "Le spectacle commence"," dit-il. Vêtu d'un jean et de tennis, il sortit avec agilité de la Jeep et traversa la rue, se servant de la fourgonnette pour protéger son approche.

Lois courut derrière lui et le rattrapa, sans super vitesse, puis elle ralentit le pas en arrivant à sa hauteur. Elle jeta un coup d'œil à sa montre. Avec un peu de chance, la porte d'entrée serait encore ouverte et l'aimable réceptionniste serait là.

Elle était là. Clark s'avança vers le bureau et dit, "Bonjour, je suis… Lois Lane, et voici mon partenaire, Clark Kent. Je vous ai interrogée au sujet--"

"--des chiens du Dr Trifyllis. Je m'en souviens." Même si 'Lois' avait été celle qui lui avait parlé, la jeune femme ne pouvait s'empêcher de regarder 'Clark'. "Drôle d'article, si vous voulez mon avis, mais je suppose que vous autres journalistes ne pouvez pas toujours écrire sur la NIA. Bref, vous arrivez juste à temps. Les gens du refuge sont déjà là." Tout en bavardant, elle appuya sur un des boutons du tableau et, un instant plus tard, un officier de sécurité arriva dans le hall. "Bonjour Carl. Pourriez-vous conduire Mme Lane et M. Kent au chenil ?"

"Merci," dit Clark, toujours poli.

"De rien," dit la réceptionniste d'un air absent, le regard fixé sur son épouse d'un mètre quatre-vingt-trois, en ajoutant tandis qu'ils s'éloignaient, "Partenaire, hein ? Il y a des filles qui ont de la chance."

"'Drôle d'article' ?" demanda doucement Lois tandis qu'ils suivaient le corpulent officier de sécurité au fond du bâtiment.

Clark haussa les épaules. "Je lui ai dit que nous faisions une série d'articles sur les animaux de laboratoire : d'où ils venaient, comment ils étaient traités, ce qu'il advenait d'eux."

Elle leva les yeux au ciel et lui donna un coup de coude. "N'en parle pas à Perry ou il va nous le faire rédiger quand il n'y aura rien d'autre à écrire."

Il lui rendit son coup de coude en riant. "C'est mieux que de couvrir les expositions canines."

Devant eux, Carl poussa une porte au bout du couloir et la tint ouverte en leur faisant signe d'entrer dans le chenil. Pour la première fois, Lois se souvint qu'elle devait attendre et laisser Clark passer devant elle. "Un couple de journalistes veut te voir, Andy," annonça l'homme de la sécurité en fermant la porte derrière eux.

Un technicien vêtu d'une blouse de laboratoire vert clair se tenait au fond de la pièce avec deux autres hommes en bleu de travail. "Je m'occupe de vous," brailla-t-il à une douzaine de chiens qui commençaient à aboyer après les visiteurs inattendus. Quand il continua d'une voix plus calme, Lois l'entendit clairement dire, "Vous avez des laisses et une caisse à chat, n'est-ce pas ?"

"Nick Trifyllis ?" dit- Clark. L'un des hommes se figea. "Nous sommes Lane et Kent, du Daily Planet, et nous devons vous parler."

Le petit homme mince en bleu de travail les examina avec un regard vif et perçant. "Vous êtes Lane et Kent ?" demanda-t-il.

Lois se plaça à côté de Clark. Les photos des permis de conduire étaient rarement ressemblantes, mais tout de même… "Oui. Mais vous n'êtes pas -- êtes-vous Alex ?"

"Où est Nick ?" ajouta Clark.

Lois remarqua le rapide battement de paupières d'Alex, et elle fit semblant de tousser et se pencha un peu, mettant la main devant sa bouche et radiographia les étages inférieurs à la recherche du laboratoire de Nick.

"Nick ? Alex ?" De qui parlez-vous ?" répliqua l'homme.

L'autre homme se trouvant avec lui, un blond aux cheveux coupés en brosse aussi costaud que Lois, s'en mêla, "Vous vous trompez de personnes. Nous sommes ici pour prendre des animaux."

Clark regarda Lois et elle le fixa intensément, puis elle leva les yeux vers le plafond sans bouger la tête. Devant son petit signe entendu, elle se retourna vers les deux hommes. "Etes-vous sûr de ne pas être Alex ? Vous ressemblez à sa photo."

Lois essaya d'écouter les battements de cœur d'Alex, mais elle n'avait pas la dextérité de Clark pour les distinguer des autres bruits. Alex sourit un peu. "Vous savez ce que sont les photos. Prises sous un certain angle, ça peut être n'importe qui."

"D'a-a-a-cord," dit Lois "Nous sommes désolés de vous avoir dérangés. Nous allons attendre dehors et vous laisser faire… ce que vous avez à faire." Elle prit Clark par le bras. "Viens."

A l'extérieur du chenil, une fois la porte fermée, il demanda. "Bon, qu'est-ce que tu as trouvé ?"

"Nick est dans son labo."

"Est-ce qu'il a le rayon conducteur ?"

"J'ai juste jeté un rapide coup d'œil." Elle avait mis tout ce qu'elle avait pour regarder le laboratoire, trois étages plus bas.

"Allons le chercher." Il lui tapa sur l'épaule et elle ne put s'empêcher de faire la grimace. Surpris, il recula en sursautant. "Qu'est-ce qu'il y a ?"

"Une égratignure," dit-elle, la main couvrant son épaule.

"Laisse-moi regarder," dit-il, mais elle hocha la tête et s'éloigna de lui. "Lo-is. Que s'est-il passé ?"

"Une balle m'a frôlée pendant le hold-up à la banque," reconnut-elle.

Les yeux de Clark s'assombrirent; il serra les dents et les muscles de sa mâchoire se contractèrent; sa respiration s'accéléra. "Allons chercher Nick et retrouver nos corps."

Carl, l'officier de sécurité, entendant la porte s'ouvrir, se retourna vers le bout du couloir et vit un petit homme aux cheveux bruns monter l'escalier. "Monsieur !" appela-t-il. "Puis-je voir vos papiers ?"

L'homme se retourna et s'avança vers lui. "Bien sûr. J'ai mon badge là, quelque part." Il fouilla dans ses poches pendant que le garde attendait. "Oh, le voilà."

A ces mots, Carl baissa la tête -- et ne vit pas arriver le coup de tête qui l'envoya au tapis.

L'intrus baissa les yeux quelques secondes vers la forme inanimée de l'homme de la sécurité, puis l'attrapa par les talons et le tira dans l'ombre sous l'escalier. Il fouilla dans sa poche et en sortit un petit cachet qu'il mit sous la langue de sa victime. Ressortant de dessous l'escalier, il jeta un coup d'œil à sa montre. Il avait trente minutes.

Nick Trifyllis continuait de copier ses recherches sur une autre disquette. Alex avait dit qu'il disposait de quinze minutes -- pas davantage -- et il semblait qu'il allait lui falloir chacune de ces minutes pour y arriver. Il regarda l'écran. Si seulement il y avait une façon de mettre la main sur l'argent que M. Gendell lui avait promis. Il allait devoir tout recommencer et, si Alex avait raison, ce ne serait peut-être même pas sur son propre terrain, aussi il allait avoir besoin d'argent pour recommencer.

"Dr Trifyllis ?"

Il sursauta, surpris. Il reconnaissait cette voix, et il s'enfonça dans sa chaise en cherchant son rayon conducteur qu'il avait apporté avec lui. Il ne se fiait plus du tout aux serrures -- des voitures comme des maisons -- et l'appareil n'était jamais à plus de quelques mètres de lui.

"Nous sommes Lois Lane et Clark Kent. Du Daily Planet. Nous devons vous parler."

Daily Planet ? Etait-ce un stratagème -- ou s'était-il servi de son appareil sur un couple innocent ? Il jeta un coup d'œil derrière son ordinateur, son engin pointé devant lui tel un revolver. "Que voulez-vous ?"

La femme poursuivit, "Nous sommes venus vous voir il y a trois jours et nous avons été frappés par une sorte de rayon qui nous a fait perdre connaissance… Dr Trifyllis, s'il vous plaît. Nous avons besoin de votre aide."

Il se souvenait de la souffrance du chien et du chat, et il y avait la même détresse dans sa voix. Il regarda à nouveau derrière son écran. Le couple était sur le pas de la porte et se tenait la main.

Aussi illogique que cela puisse paraître, il ne pouvait pas imaginer un couple d'assassins attendant en se tenant par la main et il sortit de derrière son ordinateur, son appareil serré contre sa poitrine. "Vous n'êtes pas les gens que j'ai vus quitter la maison de mon frère." C'était plus une affirmation qu'une question pour être rassuré.

L'homme, grand, athlétique, hocha la tête. "Non. Nous enquêtions sur le meurtre pour notre journal et nous étions venus vous interviewer."

"Oh mon Dieu, je suis… désolé," dit Nick.

"Pas moi." Trois têtes se tournèrent vers le coin d'où émergeait un homme aux cheveux noirs, caché derrière un classeur de rangement, un 357 au poing, comme s'il lui avait poussé au bout du bras.

Clark évalua la distance entre le revolver et lui, essayant de calculer s'il pouvait y arriver avec saut d'apparence humaine et parvenir à saisir la main de l'homme afin qu'une balle perdue n'atteigne personne--

--quand il réalisa soudain que, non seulement, il n'avait plus de supers pouvoirs, mais encore qu'il n'avait ni la force, ni la poigne d'un homme. Et, connaissant sa femme, elle était en train de faire les mêmes calculs -- mais elle n'était plus invulnérable. Il lui serra la main. "Non," marmonna-t-il dans un souffle.

"Distrais-le," murmura-t-elle.

"Tu risques d'être *blessée*."

Elle l'ignora aussi totalement que l'homme semblait les ignorer. "Vous êtes le frère de l'informaticien. Je vous ai vu devant chez lui," dit-il à Nick, le pistolet pointé fixement. "Ça doit être la machine que je cherche. Celle avec la pierre blanche ?"

Nick avait l'air ennuyé, ses mains glissaient sur l'appareil comme pour s'assurer qu'il était encore là. "Je suis désolé, quoi ? Une pierre blanche ? Oui, c'est ce qu'il y a dans mon appareil."

Le petit homme aux cheveux bruns fit un geste de sa main libre. "Donnez-le moi."

Clark échangea avec Lois un regard effrayé. Ils ne *pouvaient pas* perdre l'appareil, pas maintenant. Elle lui fit un clin d'œil en tournant la tête, et Clark comprit le message et se laissa lourdement tomber par terre.

L'homme au revolver sursauta à ce brusque mouvement, le pistolet se dirigeant instantanément de Nick vers Lois. "Qu'est-ce qu'elle a ?"

"Hypoglycémie," dit Lois en s'accroupissant à côté du corps inerte de Clark, se forçant à tressaillir devant l'arme maintenant pointée sur sa tête. Elle regarda le pistolet par-dessus ses lunettes, un léger reflet dans l'air étant le seul signe qu'elle se servait de sa vision infrarouge. Le métal du revolver chauffa très vite et l'homme commença à le lâcher, les doigts cramponnés sur la gâchette en le laissant tomber.

Comme au ralenti, elle vit la balle sortir du barillet et se diriger vers eux en tourbillonnant et elle se jeta sur Clark, grimaçant à l'avance de douleur au moment où un éclair de lumière les saisit tous les deux. Dans le lointain, elle pensa entendre aboyer un chien--

--et tout devint noir.

Clark reprit connaissance. En sentant le corps de Lois sous le sien, il fronça les sourcils, se demandant comment il avait pu être si fatigué pour s'endormir sans l'avoir tout d'abord remise de son côté du lit. Puis il se rendit compte qu'ils étaient tous les deux habillés et que sa joue était posée par terre, pas sur un oreiller, et la mémoire lui revint. Le revolver…

Il leva la tête et vit Lois étendue sous lui -- son délicieux visage, son corps si mince et si sexy, ses yeux bruns qui s'ouvraient et le regardaient -- et il la serra très fort dans ses bras, le visage enfoui dans ses cheveux bruns. "Oh, chérie, nous sommes revenus dans nos corps," murmura-t-il.

Ses bras se serrèrent autour de lui. "Tu vas bien ?" demanda-t-elle. La balle…"

"M'a raté."

"Je suis désolé," les interrompit la voix hésitante d'un homme. "C'est lui que je visais--"

L'homme qui venait de parler s'arrêta et fit un pas en arrière quand Clark se leva d'un bond et se tourna promptement face à lui. Clark réalisa après coup que son expression était menaçante et il se détendit. "Dr Trifyllis ? Qu'est-il arrivé à l'homme qui nous a tiré dessus ?"

Nick hocha la tête vers deux corps étendus à côté de lui sur le sol.

Clark fronça les sourcils avec incompréhension et demanda, "Que s'est-il passé ?" Il se retourna et aida Lois à se relever.

"J'allais-- j'allais me servir de mon appareil sur lui-- pour essayer de l'assommer. Mais il s'est brusquement écarté quand il vous a tiré dessus et c'est vous que j'ai touché. Alors j'ai à nouveau essayé … seulement Lucky est arrivé… et je les ai eus tous les deux. Je viens de les faire revenir dans leur corps."

Ils regardèrent le gros chien et l'homme inconscient. Clark sursauta quand il sentit le doigt de Lois toucher sa peau nue au-dessus de sa hanche. Sa bouche se colla contre son oreille et elle murmura, "La balle ne t'a pas manqué."

Il baissa les yeux et vit son doigt passer par un trou dans son tee-shirt. Il la regarda horrifié. "Si Nick n'avait pas raté son coup et ne nous avait pas ramenés…"

Elle lui sourit du coin des lèvres et suggéra, " Nous devrions peut-être attacher ce sale type avant qu'il ne se réveille."

Clark était en train d'attacher solidement l'homme au revolver quand Alex et son imposant ami surgirent dans le labo. "Nick !" appela Alex. "Que se passe-t-il ?"

"Ce type--" il indiqua l'homme que Clark attachait-- "a essayé de voler mon invention."

Le grand gaillard blond s'avança. "J't'avais dit qu'c'était des imposteurs," dit-il à Alex en se penchant pour saisir l'épaule de Clark.

"Non, non, pas *lui*," dit Nick comme Clark se levait en retirant la main de l'homme de son épaule. "Le type par terre."

Alex fit un pas en arrière, essayant de comprendre la situation. "Alors maintenant il y a trois personnes de plus qui savent que tu n'es pas mort dans cet accident de voiture." pesta-t-il. "Tu ne te débarrasseras jamais de ces tueurs si tout le monde sait que tu es encore vivant."

Lucky commença à s'étirer, et Nick s'accroupit pour lui caresser les oreilles. "Je pense que c'est l'un d'eux," dit-il en faisant un signe de tête vers leur agresseur. "Il a dit qu'il m'avait vu arriver chez Chris."

Clark regarda l'homme au revolver, puis se tourna vers Chris. "Vous m'avez pris pour *ce* type?"

Lois lui fila un coup de coude. "Mets-lui un costume et des lunettes… à une certaine distance… marchant à côté de quelqu'un qui me ressemble… ça peut coller." Elle se pencha et se mit à chercher le portefeuille de l'homme.

Alex pointa le revolver que l'homme avait laissé tomber. "C'est le type qui a tué Chris ?" Il tenait l'arme d'une main tremblante, le canon agité tant vers Lois et Nick que vers le bandit.

Clark se mit entre Alex et les autres. "Posez ce revolver, Trifyllis."

"Il a tué mon frère," dit Alex d'une voix étranglée.

"Nick *croit* qu'il l'a fait," dit doucement Clark. "S'il l'a fait, il paiera pour cela. Mais vous n'allez pas gâcher votre vie sur une supposition ?"

Alex hésita. "Ecartez-vous."

"Si vous le tuez," continua Clark, "vous ne pourrez jamais prouver qui l'a envoyé -- et vous allez laisser en liberté la personne qui a commandité la mort de votre frère. Est-ce cela que vous voulez ?"

Le visage d'Alex était tendu et livide, il regardait l'homme à ses pieds avec des yeux exorbités. "Non," dit-il enfin. Sa main se détendit et Clark saisit le revolver.

Aussi calmement que si elle n'avait pas eu pour la deuxième fois de la soirée un revolver pointé sur elle, Lois sortit un permis de conduire et une carte professionnelle. "Enrico O'Reilly," dit-elle. "Il travaille pour la LexCorp."

"Tu penses que c'était judicieux ?" demanda Lois. Clark et elle étaient seuls dans le labo, Enrico O'Reilly ligoté à leurs pieds pendant qu'ils attendaient que la police arrive.

"Les laisser partir afin que Nick puisse toujours faire semblant d'être mort ? Je ne sais pas." C'était au tour de Clark de se servir de leur ordinateur portable pour rédiger leur article. Ils s'assirent côte à côte à la table d'examen, leurs bras se frôlant, l'attraction émanant d'eux remplissant l'air d'électricité. "Mais je sais que je n'aurais jamais dû promettre -- ni même Superman -- que je pourrais le garder hors de danger, alors…" Il montra leur prisonnier du bout du pied. "J'espère que cet homme sera trop occupé à se défendre contre une inculpation de meurtre pour se souvenir que Nick était là." Il haussa les épaules et appuya sur 'sauvegarde' en se penchant pour caresser le cou de sa femme du bout du nez. "Je suis seulement heureux que nous ayons retrouvé notre état normal."

"Mm-*mmm*, moi, aussi," soupira-t-elle. *Et*que tu te sois débarrassé de cette espèce de pierre Zigflied."

"La pierre Zelig ? Oui." Nick n'a pas été ravi d'admettre que quelque chose d'autre que son invention était responsable du transfert, mais il avait tout de même cédé sous le poids des questions de Lois et Clark. Après un rappel sous-entendu de ce qu'il leur avait fait, Nick leur avait très vite remis la pierre, et Clark avait saisi l'occasion, après que Nick soit parti, pour envoyer cette chose mortelle dans l'espace. "Elle ne nous embêtera plus."

"Bien. Je t'aime Clark, mais ça ne veut pas dire que je veux être *toi*." Elle se colla contre lui. "En parlant d'être revenus dans nos corps… étant donné que Maman surveille Laura cette nuit, si on s'éclipsait pour faire l'école buissonnière après avoir terminé notre article ?"

Il se mit à rire. "Pour aller sur cette île déserte dans le Pacifique Sud ?"

"Oooh, j'ai quelques souvenirs intéressants du palmier sur la plage," murmura-t-elle contre ses lèvres. "Tu m'as couchée contre le tronc et--"

Son ardent baiser interrompit ses mots et sa main glissa dans ses cheveux, derrière sa nuque. "Mon Dieu, Lois," murmura-t-il, suspendant son baiser et posant son front contre le sien. "Nous n'arriverons jamais à terminer cet article à ce rythme."

"On ne peut pas faire ça," répondit-elle, mais ses mains glissèrent sur sa poitrine en le taquinant.

Par terre, leur prisonnier commença à bouger, attirant leur attention. "Je vois qu'il se décide à rejoindre le monde," poursuivit-elle.

Les paupières d'Enrico s'ouvrirent. Son regard se posa sur leurs visages et ses yeux s'écarquillèrent dans une vision d'horreur puis se refermèrent, et il gémit.

Clark dressa les sourcils et regarda Lois. "Peut-être qu'il *n'arrivera pas* à se souvenir que Nick était là."

Beth se gara en bas de la rue du meublé et, glissant une cassette dans sa poche, verrouilla sa voiture de sport. Quand elle s'était aperçu que l'un de ses micros s'était remis en activité, elle était précipitamment sortie de la résidence, au risque de prendre une contravention en traversant la ville vers le laboratoire de Nick Trifyllis. Malgré cela, elle était juste arrivée à temps pour voir les frères Trifyllis grimper dans une camionnette garée à l'extérieur du complexe. Avant qu'elle ne puisse les appeler, la camionnette avait démarré, ne lui laissant d'autre choix que de les suivre.

Elle frotta ses mains moites sur son pantalon en descendant la rue. Après le refus d'Owen Preece, elle ne pouvait se permettre d'échouer encore. Une fois que l'on saurait qu'elle recrutait une équipe pour combattre Lex, *il* le saurait aussi.

Le réceptionniste la regarda fixement quand elle s'enquit de ses trois "amis", elle se servit donc de son détecteur pour écouter à chaque porte jusqu'à ce qu'elle entende quelqu'un dire, "Nick" et "Alex". Elle glissa sa petite cassette dans son magnétophone, monta le volume et sonna à la porte. Dans la pièce, elle entendit dire à voix basse, "Cachez-vous," et un vague bruit de bousculade.

Après quelques instants, un costaud aux cheveux blonds ressemblant à un ouvrier en bâtiment, ouvrit la porte. "Oui ?"

"Je suis Beth Luthor, et j'ai une proposition à faire à vos amis. Je veux qu'ils m'aident à attraper l'homme qui a tué leur frère." Elle appuya sur le bouton "lecture" et la voix d'Enrico O'Reilly se fit entendre dans la pièce apparemment vide : "Un petit informaticien curieux éliminé."

Nick et Alex Trifyllis sortirent de leur cachette, et elle arrêta l'enregistrement. "Intéressés ?" demanda-t-elle.

"J'ai raté Preece à son travail, M. Luthor, mais il n'est pas non plus rentré chez lui," dit Lindy Barrows dans son téléphone portable.

"Attendez un instant," lui dit Lex en interrompant cette communication inattendue.

"M. Luthor ?" Le président de la Lexor Industrielle Bank n'avait pas besoin de se présenter.

"Michael, que puis-je faire pour vous ?" dit Lex s'enfonçant dans son fauteuil en tirant sur son cigare.

"M. Luthor, nous avons un problème d'ordinateur… et 300.000 dollars ont été, par erreur, transférés du compte de la LexCorp… eh bien, on ne sait pas exactement *où*."

Lex se redressa. "Le tiers d'un million de dollars a disparu… et vous ne savez pas *où* ?"

"Pas exactement. Toutefois, Owen Preece est venu aujourd'hui et a retiré exactement 300.000 dollars en espèces de son compte personnel."

Le président de la banque continuait de parler, mais Lex ne l'écoutait plus. Si quelqu'un pouvait mettre au point une telle chose, c'était bien Preece : il avait les accès et l'expérience, et s'il prenait des espèces, il était pratiquement impossible d'en retrouver la trace. "Je vous rappelle," dit-il, et il reprit la communication avec Lindy Barrows. "Notre oiseau s'est envolé," dit-il. "Essayez de voir comment il a pu quitter la ville."

Une autre communication inattendue arriva et Lex prit la ligne. "Oui ?" dit-il cinglant.

Le temps qu'il raccroche, sa colère s'était métamorphosée en un petit sourire satisfait. Son rêve de s'emparer du corps et des pouvoirs de Clark Kent avait peut-être brûlé au fond d'un ravin dans l'état de New York, mais la nouvelle arme fonctionnait et il y avait toujours un certain espoir de se débarrasser de cette épine.

Béate de contentement, Lois se blottit dans les bras de son mari et, frottant sa joue contre les courbes solides de sa poitrine, regarda le ciel vers les étoiles. Une centaine de mètres plus loin, les vagues se mouraient sur la plage. "C'est tellement bien," soupira-t-elle.

"Le sable et tout ça ?" demanda-t-il avec amusement. Sa main erra sur son dos nu jusqu'à sa taille et il posa un léger baiser sur son front.

"Oui-- tout. Ça n'a pas d'importance. Je suis seulement contente que nous soyons redevenus normaux. Que ce soit toi qui te sois occupé du plan de vol…"

"Et *toi* qui aies donné à Laura le repas maison *et* te sois débrouillée avec ta mère quand on est passé…" ajouta-t-il.

Lois sourit devant l'insinuation taquine de Clark aux tétées de Laura, mais elle leva les yeux au ciel à l'évocation de sa mère. S'arranger avec Ellen Lane était l'une des tâches qu'elle aurait bien aimé laisser à Clark. "Perry était vraiment content que l'on soit passés au Planet pour lui donner nos articles, n'est-ce pas ?"

Le rire de Clark fit trembler sa poitrine sous son oreille. "Il a marmonné quelque chose à propos d'une annonce radio et d'un feu d'artifice, je crois."

"J'ai entendu le mot 'Kerth' revenir plusieurs fois pendant qu'il lisait l'article sur le sabotage de l'avion." Son sourire s'évanouit et elle leva la tête pour regarder son mari. "Mais, Clark, que faisait-il au Planet à cette heure de la nuit ? Je pensais qu'il allait réduire ses horaires de travail pour qu'Alice et lui passent plus de temps ensemble."

Il hocha la tête. "Il voulait le faire. Et il l'a fait. Mais il a dû se passer quelque chose. Peut-être qu'Alice est allée rendre visite aux garçons et qu'il ne savait pas trop quoi faire. Ou peut-être qu'il est retombé dans ses bonnes vieilles habitudes après la prise d'otage au Lexor le mois dernier quand il a dormi au Planet pendant toute cette crise, et qu'il ne s'est pas aperçu qu'il recommençait."

Elle reposa sa tête sur sa poitrine. "Je pensais que les gens devaient se rendre compte de ce qu'ils *devaient* faire et décider de le faire, c'est tout. Ne plus jamais s'empêtrer dans les problèmes. Mais plus je vieillis, plus je réalise que nous menons tous les mêmes batailles encore et encore."

Il resserra ses bras autour d'elle. "C'est parce que les champs de bataille n'arrêtent pas de changer. Tu gagnes à un endroit, puis les choses changent, et tu dois découvrir comment ça marche dans d'autres circonstances."

Lois resta silencieuse un long moment, écoutant les battements de cœur de son mari. "C'est pour cela que j'étais jalouse de Superman," dit-elle enfin.

"Quoi ? Comment as-tu pu être-- ?" Il s'interrompit un instant, puis reposa sa question. "De quoi étais-tu jalouse ?"

"En tout premier ?" Il acquiesça et elle poursuivit, "D'être reléguée au second plan. De ne pas prendre part à l'action." Elle se glissa en haut du corps solide et chaud de Clark et croisa ses bras sur sa poitrine, en posant son menton au creux de ses mains pour le regarder. "Il y a longtemps que j'ai tué ce dragon… Enfin, je le pensais. Jusqu'à ces dernières semaines."

"Quand Superman était très occupé," dit-il doucement.

"Oui. Tu avais toujours l'air de t'en aller pour faire quelque chose de courageux ou d'important et j'étais coincée à la maison à laver des torchons, à nettoyer de la bouillie sur une chaise de bébé ou à changer des couches. J'ai cru… que tu fuyais le quotidien, la routine ennuyeuse, et j'étais jalouse."

"Chérie--" commença-t-il, mais elle posa un doigt sur sa bouche pour le faire taire.

"Laisse-moi terminer, "dit-elle. "Sauf que… ces derniers jours, j'ai *encore* réalisé --" elle ébaucha un sourire-- "qu'être Superman t'arrachait à ce que tu désirais faire. Etre avec Laura et moi. Faire les choses normales qui-- qui te rapprochent des autres êtres de cette planète. Toutes ces choses que tu voulais quand tu as créé Superman. Et de plus," ajouta-t-elle à voix basse, "tu ne te sens pas vraiment courageux ou héroïque quand tu ramènes un bébé sans vie à ses parents."

"Mon ange," murmura Clark en la serrant dans ses bras. "J'aurais aimé que tu n'aies pas à affronter cela. Tu ne m'as même pas adressé la parole après cela."

"Non." Elle renifla et hocha la tête. "J'allais le faire-- et quelqu'un a appelé Superman, et j'ai dû m'en aller-- comme tu as dû le faire des milliers de fois. Je sais que ça ne change rien, Clark. Il nous arrivera d'être au milieu d'une conversation importante ou en train de préparer le dîner et tu devras encore partir. Mais je ne serai plus jalouse." parvint-elle à dire avec un faible sourire. "En outre, je *déteste* toujours jouer les couvertures au Planet.

Il la souleva pour l'embrasser, lui offrant dans ce geste, amour, compréhension et réconfort. "J'ai appris moi aussi quelques petites choses," dit-il, "par exemple que tu sois seule à élever Laura quand je m'en vais si souvent pour être Superman."

"Oh, Clark, je suis désolée," dit-elle, le visage honteux. "Je n'aurais jamais dû dire ça."

"Non, chérie, je suis heureux que tu l'aies fait. J'avais besoin d'entendre cela -- même si je comprends maintenant ce que tu voulais dire ."

Il resta un instant silencieux, ses grands yeux bruns cherchant son visage. "Quand je m'occupe de Laura, je fais un certain nombre de choses en super vitesse ou je me sers de ma vision infrarouge pour faire chauffer son biberon--" Devant son expression, il s'interrompit et un léger sourire se dessina au coin de sa bouche. "Je sais. Plus de pliage du linge ni de rangement des courses en super vitesse devant elle." Il soupira et reprit ce qu'il était en train de dire. "Bref… je suis rarement fatigué de toute façon, aussi je ne me rendais pas compte comme il t'est difficile de jongler avec tant de choses quand je suis dehors à être Superman… ou comme c'est fatigant."

Elle sourit. "Je m'améliore, mais ça fait plaisir que tu reconnaisses mes efforts."

"Oui, mais je pense que je peux faire davantage que comprendre."

Lois attendit en dressant les sourcils, et Clark poursuivit, "Je vais commencer à préparer des plats d'avance mes jours de congé. Des trucs qu'on peut mettre au congélateur, comme ça tout ce que tu auras à faire sera de les mettre au micro-ondes pour les réchauffer. Et si Laura et moi faisons les courses le jour de la semaine où je m'occupe d'elle, tu n'auras plus à courir au supermarché en sortant du journal."

"Elle le regarda avec surprise. "Tu as vraiment pensé à ça."

Il acquiesça et retira doucement une mèche de cheveux de sa joue. "Et c'est ridicule que tu sois coincée à la maison à faire le ménage si je suis appelé pour une urgence. Même avec une maison et un enfant de neuf mois à la garderie, nous avons assez d'argent pour payer quelqu'un une fois par semaine pour faire le rez-de-chaussée et les salles de bains."

Elle hochait déjà la tête négativement. "On ne peut pas faire ça, Clark. On ne peut pas prendre le risque d'avoir une étrangère à la maison. Et si elle voit quelque chose ? Et si elle découvre le placard secret avec tes costumes? "

"Je peux verrouiller le placard secret. Ce n'est pas un problème. Et si la femme de ménage vient quand Laura et moi faisons les courses, qu'est-ce qu'elle verra ?"

"Je ne sais pas. " Il semblait avoir pensé à tout, mais cette idée paraissait tout de même trop risquée. "Laisse-moi y réfléchir, d'accord ?"

"D'accord. "Il posa sa main sur son visage et lui caressa la joue, le regard sombre et sérieux. "Chérie, je t'aime. Je ne veux plus jamais que tu aies l'impression d'être 'coincée' à faire quelque chose dans notre mariage."

Lois sourit et remonta une mèche de cheveux bruns tombée sur son front. "Je t'aime, Clark Kent." Elle l'embrassa, doucement et tendrement, mais quand elle leva la tête, elle avait un sourire malicieux. "Mais j'espère que tu n'es pas trop catégorique quand tu dis qu'il ne faut *pas* que je me sente coincée."

"Pourquoi ?" demanda-t-il.

"Parce que j'ai pris l'habitude d'être coincée avec toi."

Clark se mit à rire tout contre sa bouche, les fit pivoter et elle se retrouva sous lui, étendue sur le sable. "Eh bien… ça c'est d'accord."

"Bien. Alors profitons que ma mère soit coincée à faire du baby-sitting." Elle posa ses lèvres sur les siennes et soupira de plaisir.

"Peut-être qu'on devrait avertir quelqu'un qu'on va être en retard au journal." Il s'interrompit quand Lois glissa sa langue sur le bord de son oreille.

Elle sourit légèrement. "Que crois-tu que je faisais devant mon ordinateur pendant que tu classais nos articles ?"

Sous le croquis d'une poignée de porte avec une pancarte 'ne pas déranger', se trouvait un court message. "Toujours travailler et ne jamais s'amuser fait de Lois et Clark un couple très ennuyeux. C'est très mauvais dans un ménage. Aussi nous faisons l'école buissonnière ce matin. A cet après-midi."

Perry White lut le message sur son écran et se mit à rire, mais quelque chose l'arrêta. Il regarda les mots d'un air songeur puis décrocha le téléphone. "Bonjour, Alice. Je vais partir tôt cet après-midi… Oui, vers cinq heures… Mets quelque chose-- de sexy…"

FONDU EN NOIR.

FIN

FIN DE LA 3EME PARTIE, "MIROIR, MIROIR"

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Les personnages de cet épisode sont la propriété de DC Comics, December 3rd Production et Warner Brothers. Aucun non respect des droits n'est délibéré de la part de l'auteur ou du Season 6 group, toutefois, les idées exprimées dans cet épisode sont la propriété des auteurs © 1999

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