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| 1925 - "nordisme" et "fédéralisme européen" : l'intégration dans le réseau pangermaniste
Morvan Marchal : "nordiste" et "fédéraliste européen"Outre « la trouvaille » du « point de vue nordiste », Morvan Marchal, l'inventeur du drapeau breton, toujours revendiqué par le mouvement breton comme une caution de gauche, « conteste également à Mordrel la trouvaille du fédéralisme international », qu'il revendique comme étant d'abord sienne. Ses contributions et celles de Mordrel sont dès le début indissociablement associées et participent d'une même idéologie. En effet, examinons ce compte-rendu d'une conférence du 1er mars 1925 :
Plus loin, dans le même article, on note qu'à la conférence du 22 avril 1925 :
Et page 558 de ce Breiz Atao, on trouve, signé par Roparz Hemon, un :
Organisations "flamandes", pangermanisme, épuration ethniqueQui sont ces "Flamands", qui prennent de plus en plus de place dans les Breiz Atao de 1923 à 1925, et qui en prendront autant dans les congrès de la fin des années 1920 ?
C'est Breiz Atao qui présente ainsi les références, et les origines, des organisateurs de la tournée en Flandre. Effectivement, en 1917, le Gouverneur Général allemand Von Bissing expose son action, au travers du Conseil de Flandre, constitué par les "activistes" :
La politique mise en œuvre par les "activistes flamands" est celle de l'épuration ethnique :
Ces déclarations ont été reproduites par le journal flamand De Morgen, en 1999 [55]. D'autres études suivent les "activistes" :
Il n'y a donc aucune rupture de continuité dans l'activité des pangermanistes en Belgique.
Le "nordisme", un défilé nocturne aux flambeaux, "La Walkyrie"…Les relations des membres de Breiz Atao avec les autres mouvements nationalistes apparaissent très tôt dans le journal et notamment, dès 1921, avec le mouvement flamand. Mais c'est seulement en 1924 qu'est orchestrée une campagne sur le thème du panceltisme et du nordisme opposés à la latinité. Le panceltisme devient alors une variété du pangermanisme, dont le premier chantre est Roparz Hemon [57]. Mais le père du mouvement breton actuel, chantre du pangermanisme, ne fait que reprendre les thèmes communs très tôt orchestrés. C'est Olier Mordrel lui-même qui, citant « La Nation Belge », relève que « C'est en 1921 que les deux séparatismes ont pris langue ». [58] et, de fait, il écrit en 1921 dans Breiz Atao (en signant « J. La B. ») [59] :
« Culture racique » et « nationalisme ethnique », on ne peut être plus clair. En 1925, année de l'adoption publique du gwenn-ha-du et de la croix gammée par Breiz Atao, Olier Mordrel rapporte qu'il est accueilli par un des organisateurs, Maître Mulls. Maître Mulls ouvre la première conférence à Anvers en exposant que
Dans ces conférences, Olier Mordrel confirme la convergence idéologique développée par
Il évoque avec enthousiasme défilés nocturnes aux flambeaux, opéras de Wagner, « dans un théâtre et une mise en scène édifiés par des hommes de sa race » [63] et, apothéose :
Toujours porté par la recherche « de gloire et de sang riche », Marchal félicite pour son élection Gustave de Clerq [65], bientôt dirigeant du VNV (parti de type fasciste), qui rédigera en 1940 un mémorandum destiné à l'administration allemande d'occupation, déclarant qu'il faut :
Au même moment, en 1940, dans L'Heure Bretonne, les Breiz Atao dénonceront les "mocos", méridionaux "latins", ennemis ataviques des Celtes et des Aryens.
Un réseau pangermaniste bien précisLe "Conseil de Flandre" déclarait dans une proclamation, en juin 1918 :
Une étude explicite les origines pangermanistes du "mouvement flamand" :
1925, année de l'adoption publique par Breiz Atao du gwenn-ha-du et de la croix gammée, est aussi l'année de la création du « Nationalitäten-Kongresse », « " Congrès des nationalités " (…) (1925-1938) qui se tenait à Genève dans le cadre de la S.D.N » [71]. C'est en fait le réseau pangermaniste qui organisera l'irrédentisme au profit du Reich, l'unification des "minorités" de langue allemande, et Breiz Atao marque son entrée dans ce réseau par l'adoption publique de la croix gammée et du nordisme, en amenant le gwenn-ha-du dans la corbeille de mariage de "l'Europe aux cents drapeaux". En 1925, dans un article qui suivait l'annonce du compte rendu de la tournée de Breiz Atao en Flandre, Morvan Marchal généralisait les objectifs de cette tournée, dans un article intitulé « Pour une politique internationaliste des minorités », politique devant :
Il fixait l'objectif « racial » de :
C'était l'objectif qui était en cours de réalisation à cette date, avec la constitution du Congrès des Nationalités :
Marchal ne s'y serait pas rendu, dans une période où la discussion est en cours dans Breiz Atao sur les implications de l'adoption de la croix gammée et du nordisme, et nous avons vu avec « des objections très fondées, en particulier, d'être déjà l'emblème d'associations étrangères à la Bretagne ayant un caractère politique très marqué. ». Mais c'est sous l'emblème de la croix gammée pangermaniste qu'est annoncé le congrès de Rosporden de septembre 1927, date de la fondation du Parti autonomiste breton, avec, à la direction, Marchal, Mordrel, Debauvais. Et c'est en septembre 1927 à Quimper qu'est créé le Comité Central des Minorités Nationales de France. « De nombreux invités (…) Alsaciens, Flamands, et Français même, assisteront à notre Congrès. » [76]. Après une occultation de deux ans, les "Flamands" ressurgissent, avec les organisations alsaciennes liées au même réseau.
[50] Breiz Atao n° 76, 04/1925, p. 556 [51] Breiz Atao n° 76, 04/1925, p. 557 [52] Breiz Atao n° 76, 04/1925, p. 558 [53] Breiz Atao n° 76, 04/1925, p. 549 [54] « Les Archives du Conseil de Flandre » , Ligue Nationale pour l'unité Belge, 1929 [55] Cité dans « La question flamande », D. Vandenbroucke et M. Ali Hassan, Études Marxistes, n° 49, 2000, Bruxelles [56] « L'Ordre Nouveau », Maurice Dewilde [57] Le Monde comme si, Françoise Morvan, p. 193 et suivantes [58] Breiz Atao n° 76, 04/1925, p. 551 [59] « Les pseudonymes des Bretons, 16e - 20e siècle », J.Malo-Renault, p. 92, tome 1 [60] Breiz Atao n° 31, 07/1921, p. 4 [61] Breiz Atao n° 76, 04/1925, p. 550 [62] Breiz Atao n° 78, 06/1925, p. 576 [63] Breiz Atao n° 78, 06/1925, p. 577 [64] Breiz Atao n° 78, 06/1925, p. 577 [65] Breiz Atao n° 76, 04/1925, p. 552 [66] De Morgen, le 17 mai 1999, cité dans « La question flamande », D. Vandenbroucke et M. Ali Hassan, Études Marxistes, n° 49, 2000 ; Bruxelles [69] Cité dans Études Marxistes n° 30, 1996, p.30 ; Bruxelles [70] « La question flamande », D. Vandenbroucke et M. Ali Hassan, Études Marxistes, n° 49, 2000, Bruxelles [71] « La F.U.E.V. et la Charte européenne des langues régionales et minoritaires. », Lionel Boissou, Association de Défense et de Promotion de l'Enseignement En Français, http://membres.lycos.fr/adpeef/archives.html (http://membres.lycos.fr/adpeef/archives/telechargement/boissourtf.rtf) [72] Breiz Atao n° 75, 04/1925, p. 536 [73] Breiz Atao n° 75, 04/1925, p. 537 [74] Breiz Atao n° 75, 04/1925, p. 536 [75] Dalc'homp Soñj, n° 17, 1986, p. 22, « Morvan Marchal, 1900-1963, créateur du Gwenn ha Du », Jakez Gaucher [76] Breiz Atao n° 103, 07/1927, lettre supplément [77] « Le Monde comme si », Françoise Morvan, p. 197. Voir aussi les pages suivantes qui constatent l'afflux d'argent dans les caisses de Breiz Atao à partir de son inscription dans le mouvement pangermaniste. |
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