L'usine Philips de Dreux

L'usine Philips de Dreux

France 3
Sous la pression de la justice, la direction de l'usine a annoncé vendredi soir la reprise de la production dès lundi

Le tribunal de Chartres a ordonné plus tôt la suspension du plan social chez Philips, dans l'attente d'une meilleure consultation des représentants du personnel.

Les juges, saisis d'un recours en référé par les salariés du site de fabrication de téléviseurs à écran plasma, ont aussi ordonné le libre accès au site des membres du comité d'entreprise.

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La direction de l'usine a été sommée de reprendre la production sous les huit jours et de suspendre le plan social.

Philips, qui avait invité les salariés par courrier, samedi 13 février, à ne pas se rendre au travail le lundi suivant, devrait verser 25.000 euros d'astreinte par jour de retard.

Les 212 salariés, qui jugaient illégal le procédé employé par la direction il y a huit jours puisque les salariés n'avaient reçu aucune notification de licenciement, avaient assigné l'entreprise en référé pour faire reconnaître le "lock-out" du site.

Sous la pression du gouvernement, Philips avait rouvert vendredi matin l'accès aux salariés de l'usine dont les portes étaient vérouillées depuis lundi 15 février. Mais la direction avait confirmé l'arrêt de la production tout en s'engageant à renouer le dialogue avec les représentants du personnel.

En fin d'après-midi, le tribunal de grande instance de Chartres, saisi par les salariés sur "l'absence d'avis du comité d'établissement et du comité central d'entreprise" sur le plan social, a rendu son jugement en référé et suspendu le plan social.

Les salariés doivent maintenant se réunir en en AG. Les responsables syndicaux ont dit qu'un comité central d'entreprise était prévu le 26 février. "Mais on ne sait pas sur quelle base exactement", a dit un responsable CGT.

Rappel des faits
Les 212 salariés avaient reçu, samedi 13  février, une lettre de la direction leur demandant de ne pas se présenter lundi 15 à leur poste, sans leur notifier leur licenciement. Ils ont quand même tenté de rejoindre leur usine le lundi matin mais ont trouvé portes closes, le site étant gardé par des vigiles. Fustigeant un "passage en force", une "méthode de cow-boy" et des "patrons voyous", ils se sont réunis en assemblée générale.

A l'issue de l'assemblée générale, les salariés ont voté en faveur d'une action judiciaire contre la direction. Les syndicats FO et CGT et les élus du personnel ont déposé une assignation en référé au TGI de Chartres visant à faire reconnaître "le lock-out du site par la direction" et "l'absence d'avis du Comité d'établissement et du Comité central d'entreprise".

Or "les lettres de licenciement devaient partir entre le 28 février et le 12 mars, ils ont voulu priver les salariés de toute action syndicale", a dénoncé Dominique Maillot, secrétaire général de l'union locale FO. De son côté, la CGT avait appelé, le week-end des 13-14 février, l'ensemble des salariés à se présenter "normalement" le matin du lundi 15 à leur travail. "En voulant nous interdire de pénétrer sur le site et nous obliger à rester chacun chez nous, la direction de Philips veut nous isoler pour mieux fermer le site et nous licencier à moindre frais", avait dénoncé le syndicat.

Les promesses du ministre Estrosi
Le ministre de l'Industrie, Christian Estrosi, a promis jeudi de tout faire pour garantir un emploi aux 212 salariés. Après un rencontre jeudi avec des représentants des salariés dans la matinée, puis des dirigeants de Philips, il a fixé comme objectif "que l'on puisse garantir à chacun des 212 salariés de Philips à Dreux qu'ils auront un avenir industriel et surtout un emploi garanti sur la base de la revitalisation du bassin d'emploi de Dreux".

Un reclassement en Hongrie ?
Selon la CGT, les salariés avaient reçu un second courrier leur proposant un reclassement en Hongrie. "Philips propose aux salariés, des postes d'opérateurs à Szekesfehervar en Hongrie en CDI payés 450 euros par mois, sur douze mois, avec la condition de pratiquer la langue hongroise. C'est vraiment se moquer du monde", s'était indigné Manuel Georget.

De son côté, la direction disait avoir proposé "des mesures concrètes" qui représentent "un coût d'environ de 100.000 euros par salarié incluant, entre autres, des indemnités de départ équivalentes à 24 mois de salaire en moyenne et un congé de reclassement représentant jusqu'à 12 mois par salarié".

Un autre site de Philips, spécialisé dans la fabrication de tubes cathodiques, avait fermé ses portes en 2006 à Dreux. 1.300 emplois entre 2004 et 2006 avaient alors été supprimés.

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