Beachcomber’s Windowsill

04/07/2010 | 15H13

Stornoway  - Beachcomber’s Windowsill
4AD / Beggars

Depuis Oxford, Stonorway ravive une belle tradition anglaise : la chanson précieuse à reprendre à tue-tête, cheveux au vent.

Comme la politesse, la ponctualité ou la fierté du travail bien fait, ce sont des valeurs un peu désuètes, couleur sépia et à la papa : dans la pop britannique, on n’avait pas croisé, depuis disons Belle And Sebastian, un groupe à ce point attaché à des principes aussi surannés que la méticulosité, la beauté, la sincérité. On s’est tant habitué au cynisme tapageur, aux calculs hypocrites de tant de groupuscules que ça fait même bizarre d’écrire ça : la beauté. Un gros mot d’un autre temps.

Pourtant, comme quelques irréductibles artisans de la pop-song ouvragée et joaillière (The Guillemots, The Divine Comedy, The National…), cette fanfare d’Oxford ne sombre pas dans la contemplation de cartes postales délavées. Dès Zorbing et ses chorales enchantées, c’est l’allégresse : chanté à tue-tête, ce folk lyrique et euphorique se joue à l’opposé du confit de religion. Quand, dans un gai unisson, ils fredonnent : “We are the new generation/ We are are born to be free-range” (“Nous sommes la nouvelle génération/Faite pour grandir en toute liberté”), ce n’est pas un voeu pieux, mais une déclaration de foi : un dogme auquel ce songwriting se tiendra.

De Mumford & Sons à Johnny Flynn, la scène anglaise de ces dernières années a pourtant été riche en fortes têtes pour qui le folk n’est pas une langue morte mais un impétueux et majestueux argot local, nourri de son époque, de son urgence. Peu, pourtant, ont à ce point apprivoisé le grand souffle que met Stornoway sur des trésors épiques et humbles comme Boats & Trains, We Are the Battery Human ou The End of the Movie.

Car ce groupe est un fantasme, un rêve de campagnes et de rivages anglais vus par des citadins, une utopie de paix et de sérénité par un groupe nettement trop tourmenté et complexe pour ça. Sa musique, seule dans la tempête et la marée noire, est une île : Stornoway est d’ailleurs, dans la vraie vie, situé sur une île des Hébrides écossaises. Un îlot battu par le vent et les eaux : le climat idéal pour laisser pousser ces ronces et orchidées “en toute liberté”.

Beachcomber’s Windowsill
Sortie : 03 Jul 2010
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