Les partisans de Laurent Gbagbo et lui-même, ne manquent aucune occasion pour crier aux yeux du monde entier, que la Communauté internationale est acquise à la cause d’Alassane Ouattara dans le seul souci de se voir octroyer d’importantes parts de marchés ; mieux de réelles aubaines en termes d’affaires, une fois celui-ci au pouvoir. Certains vont plus loin en évoquant la thèse d’un assujettissement total de la Côte d’Ivoire aux puissances occidentales, si « leur ami », Alassane Ouattara, prenait les rênes du pouvoir. Ainsi la France, « fer de lance de cet acharnement contre le régime de Laurent Gbagbo », voudrait étancher sa soif d’or noir, en s’appuyant sur la récente découverte du pétrole au large des côtes ivoiriennes, entend-t-on de la bouche des refondateurs.
La Communauté internationale serait devenue « la sangsue, le suppôt de Satan, le bras séculier du diable », pour avoir pris position en faveur d’Alassane Ouattara, au nom du respect du jeu et des principes démocratiques. En effet, ce dernier a été déclaré « vainqueur » par la Commission électorale indépendante (Cei). Résultat par ailleurs certifié par le Représentant spécial du Secrétaire général de l’Onu en Côte d’Ivoire, le coréen Young Jin Choi.
La Communauté internationale était « cette belle dame au grand cœur », quand il s’agissait de participer au financement du processus électoral et à appuyer l’adoption de la décision du point d’achèvement de l’initiative Pays Pauvre Très Endetté (Ppte). Programme de relance économique, éminemment capital pour la Côte d’Ivoire.
« N’eût été la Communauté internationale, nous n’aurions pas pu faire les élections », avaient déclaré à diverses occasions des partisans de Laurent Gbagbo et d’Alassane Ouattara. En effet, les urnes et les isoloirs ont été offerts par le Japon et la Chine. Aussi le panier de fonds, le Basket Fund a permis de recueillir des devises de plusieurs pays développés notamment d’Europe et des Etats-Unis en vue de financer le processus électoral dans ces grandes étapes.
Selon le Programme d'Appui au Processus Electoral en Côte d'Ivoire (Pape) mis en place par le Pnud, l’estimation globale du budget du processus électoral se chiffrait à 36.793.185.181 F CFA. Même si la Côte d’Ivoire a consenti à d’énormes sacrifices pour faire ces élections, nul doute que l’apport de la Communauté internationale ne fut pas négligeable.
Si tel est le cas, point n’est besoin de s’émouvoir quand elle intervient dans la crise post-électorale. Si les Ivoiriens ne voulaient pas de l’immixtion de la Communauté internationale dans la crise post-électorale, il eût été rationnel, que cette position soit affichée dès le départ. Conduire seul son processus électoral jusqu’à terme, sans recourir à qui que ce soit. Leur orgueil, leur fierté nationaliste, le leur aurait exigé.
La Communauté internationale a pris position dans cette crise sur la base du rapport fait par son « œil » en Côte d’Ivoire, l’Opération des Nations en Côte d’Ivoire (Onuci). Si les Ivoiriens ont estimé avoir mutuellement confiance en la bonne foi des uns et des autres, ce n’était pas le cas de la Communauté internationale qui elle, s’est entourée d’un garde-fou : la certification, sur proposition des partis signataires de l’Accord de Pretoria en 2005.
C’est au résultat de cette certification, que la Communauté internationale adosse sa position. Apporter son soutien ferme à Alassane Ouattara, déclaré vainqueur par la Cei et certifié par l’Onuci. Alassane Ouattara devrait-il être blasé parce qu’ayant des amis dans le cercle restreint des porte-voix de cette Communauté internationale? Devrait-il s’en vouloir d’avoir des amis, parfois intimes dans «la jet-set» de la politique mondiale?
Alassane Ouattara a occupé de hautes fonctions dans des Institutions économiques sous-régionales et mondiales. Entre autres, le poste de Gouverneur de la Banque centrale des Etats de l’Afrique de l’Ouest (Bceao), de Directeur Général adjoint du Fonds monétaire international (Fmi).
A la faveur d’un plan de redressement économique lancé en Côte d’Ivoire au début des années 90, il a été le tout premier Premier ministre de Félix Houphouët Boigny. Ces fonctions lui ont nécessairement permis de se faire un carnet d’adresses. Ce qui aujourd’hui, lui permet de bénéficier du soutien de certaines puissances dans cette crise qui l’oppose à Laurent Gbagbo. Pouvait-il en être autrement, quand on a flirté avec ce haut milieu de la finance mondiale. Alassane Ouattara devrait-il au motif d’un nationalisme « débridé », ou pour faire plaisir à une catégorie de ses concitoyens, rejeter ses amitiés, tissées au prix d’un long parcours professionnel assidu. Ceux qui lui dénient ses amitiés, les caporalisant à un enjeu d’intérêts économiques ne seraient-ils pas eux-mêmes blasés ou victimes d’un « complexe du nègre face à l’occident »?
Laurent Gbagbo, tout comme Alassane Ouattara, a ses amis. Le Président angolais, Eduardo Dos Santos, qui entretient de solides amitiés avec Laurent Gbagbo, avait réaffirmé son soutien à ce dernier à l’occasion de la présentation des vœux du nouvel an par le Corps diplomatique accrédité dans son pays. Il aurait même proposé un soutien logistique et militaire à son ami, Laurent Gbagbo, si besoin en était. La Russie s’était opposée à une résolution « trop politique à l’encontre de Laurent Gbagbo » du Conseil de sécurité des Nations Unies. Elle a finit par accepter le vote de cette résolution, dépouillée finalement de son caractère « personnel », contre un client.
De part et d’autre, la crise post-électorale est l’occasion pour chaque camp de mettre en branle tous ses soutiens. Pour atteindre son objectif.
Point n’est donc besoin d’avoir honte de ses soutiens. Chacun se fait les amis qu’il veut.