Hello…

•29/07/2011 • Laisser un commentaire

Je ne vous oublie pas mais étant à l’étranger jusqu’au 10 août, je ne peux pas vraiment poster de longs articles…

Un conseil de lecture: le dernier Antonin Varenne, pour ceux qui ne l’ont pas encore lu.

Allez, je repars arpenter une ville flamande du bord de mer.

Tot ziens!!!!

Investigation…

•05/07/2011 • 3 commentaires

Datant de près de 10 ans, Interrogatoire de Thomas H. Cook, initialement paru à l’Archipel en 2003, présente une facette plus classique, dans le genre noir, de l’écrivain étatsunien puisqu’ici on a affaire à un roman plus nerveux et, surtout, plus relié à l’investigation policière que dans ses dernières productions.

Dans une ville anonyme au début des années 50, les policiers sont face à un cas horrible. Une petite fille a été assassinée et Albert Jay Smalls, le suspect, malgré plusieurs jours de détention, n’a rien lâché. Il ne reste qu’une demi-journée aux enquêteurs pour faire avouer cet individu dont la culpabilité ne fait aucun doute à leurs yeux. Si à l’issue de cette ultime nuit Smalls ne reconnaît pas son crime, ils seront obligés, conformément à la loi, de lui rendre sa liberté. On fait donc appel à Jack Pierce et Norman Cohen, deux inspecteurs encore assez jeunes mais expérimentés, afin de faire craquer l’infanticide.

Commence alors une sorte de voyage au bout de la nuit et du crime au cours duquel Pierce et Cohen devront déployer tout leur art de l’interrogatoire, endossant le rôle du méchant ou du gentil, jouant de la persuasion ou de la fermeté, passant d’une attitude compréhensive à des menaces claires. Reprenant les événements à leur source, les deux policiers vont se heurter à un mur de mutisme tant Smalls affiche un caractère renfermé et à la limite de l’autisme. Petit à petit, ce dernier va cependant s’ouvrir mais aucunement sur l’essentiel aux yeux des forces de l’ordre. Il est, effectivement, ferme sur un point: il n’a pas tué la petite Cathy Lake…

 

Cook aborde donc comme on le disait plus haut l’investigation pure dans ce roman. Pour ce faire, il va à l’essentiel lors des chapitres consacrés à l’interrogatoire proprement dit, élaguant sa prose, ne délivrant que les paroles des enquêteurs et du suspect.

Mais, comme le romancier est aussi un excellent bâtisseur d’histoire, il adopte une narration non-linéaire en introduisant des flash-back permettant de revivre en direct les faits, leurs circonstances et les premières hypothèses des policiers lors de la découverte du corps de la fillette.

De plus, Cook n’étant pas un adepte du « whodunit » n’oublie pas de s’intéresser aux personnages, à leur psychologie ou à leur fonctionnement. A commencer par les principaux de cet Interrogatoire : Pierce, Cohen mais aussi Smalls. Si le premier prend les choses de manière personnelle -sa propre fille a été assassinée par un individu qu’on a été obligé également de relâcher-, le deuxième vit dans une solitude qui lui pèse à un point tel qu’il se coupe, petit à petit, de toute vie sociale, et le dernier ne semble avoir ni passé, ni avenir. D’ailleurs, clochard et marginal, Smalls, dont on ne sait d’ailleurs pas si c’est son vrai nom, est le coupable idéal. Il ne vient de nulle part, vit dans un tunnel du parc municipal et, pour couronner le tout, ne révèle que peu de signes pendant ses conversations avec les policiers et se montre, paradoxalement, résigné tout en réaffirmant son innocence.

A ce ballet à trois qui prend comme lieu d’action une de ces salles hermétiques des commissariats que le lecteur de polar connaît bien, Cook adjoint d’autres lieux, d’autres personnages, étranges ou émouvants, révoltés ou fatigués. Ici, une femme drapée dans une dignité qui pourrait passer pour de la froideur alors qu’elle ne masque que la douleur inextinguible d’une mère qui ne se remettra jamais vraiment de la perte de son enfant; là, un père, vieux flic bourru, qui ne peut que s’avouer qu’il n’a pas réellement aimé un fils qui a mal tourné.

C’est donc, encore une fois, à une véritable mise à jour des sentiments, des réactions ou des motivations de ses personnages que Cook se livre. Avec retenue, patience, élégance. Comme d’habitude.

Interrogatoire est finalement encore un bel exemple de construction romanesque, d’approche du vivant qui se révèle à la lumière d’événements extrêmes, de fausses pistes ou de faux-fuyants, de fils qui se nouent au mauvais endroit, de réponses qui posent plus de questions.

C’est moins puissant que les Ombres du passé, moins émouvant que les Feuilles mortes, moins dérangeant et protéiforme que Les leçons du Mal mais cela reste beaucoup plus prenant qu’un thriller formaté et plus intelligent que nombre de romans de procédure. A lire donc. Evidemment, plutôt…

 

Interrogatoire (The interrogation, 2002) de Thomas H.Cook (trad. Cécile Leclère), Le livre de poche (2006), 317 pages

Fin de semaine…

•01/07/2011 • Un commentaire

Bien occupé, plutôt toujours, en ce moment. On en a oublié Thomas H.Cook et son interrogatoire…

Mais avant de partir en week end et de vous parler du Philip Kerr qui ressort au Masque et d’autres petites réjouissances, laissons donc la parole à nos amis et super-héros…

Un peu d’intelligence dans un monde de bêtise…

Ne lâchez rien!!!!

Peter Falk (1927-2011)

•27/06/2011 • 11 commentaires

On aurait pu évoquer le rôle de flic qui lui a collé tellement à la peau que la très grande majorité du public français réduit sa carrière à celui-ci.

Bien sûr qu’on connaît Falk essentiellement à travers cet inspecteur tenace et tellement aux antipodes des super-héros californiens ultra-soignés. Comme un pied-de-nez à la tronche du super flic ultra puissant et bien revêche, Columbo proposait une sorte d’anti-héros, un petit mec descendant d’Italien qui poussait l’outrecuidance jusqu’à rouler dans une bagnole française.

On préférera juste rappeler que Falk était de la catégorie de ces acteurs qui n’hésitent pas à casser leur image en jouant des rôles aussi divers pour des copains comme Cassavettes, s’improviser manager de catcheuse dans All the marbles d’Aldrich, s’engager aux côtés de réalisateurs européens comme Wenders. Par exemple…

Aux antipodes d’un système hollywoodien formaté, Falk, qui paradoxalement a cependant participé à certaines grosses productions, restera un acteur complet, une incarnation de l’exigence du comédien et un type dont on est persuadé qu’il valait certainement le coup humainement.

On se referait bien Husbands d’ailleurs…

G comme Gosta…

•24/06/2011 • 5 commentaires

Deuxième roman de Jacques-Olivier Bosco, Le Cramé est un polar à l’ancienne, dans le sens où il met en scène un héros-truand au grand coeur, mais qui s’inscrit résolument dans un climat contemporain.

Gosta Murneau est un homme au milieu de la trentaine. Depuis son plus âge, et à cause d’un événement dont on apprendra les tenants et les aboutissants dans un hallucinant final, il trempe dans la délinquance. Aujourd’hui, à la tête d’une véritable organisation hiérarchisée et au fonctionnement quasi-millimétré, il a fait fortune et les policiers cherchent à le serrer. Lors d’un braquage de banque qui tourne mal , Gosta, blessé grièvement, doit la vie sauve à une mère et son enfant qui l’empêchent de se vider de son sang. Arrêté, puis soigné, avant d’être interrogé quelques mois plus tard à l’issue de sa convalescence, Gosta parvient à s’échapper. Il décide alors de découvrir le traître qui les a dénoncés lors du dernier coup qui fut fatal à plusieurs membres de la bande. Mais avant cela, Murneau doit changer de tête. En effet, marqué au visage par une vilaine cicatrice due à une brûlure et qui lui a justement valu le surnom de « Cramé », il lui est impossible de mener à bien son projet avec un tel signe distinctif. Surtout que son pedigree est long comme le bras.

Débarrassé de ses stigmates grâce à la chirurgie esthétique, le Cramé élabore un plan audacieux: infiltrer les rangs de la police afin de découvrir le nom de la balance. La chance va alors lui sourire car Ange Gabriel,un jeune commissaire arrivant tout juste de Nouméa, vient d’être affecté au poste d’où Gosta s’était évadé quelques mois plus tôt. Ce dernier va alors usurper l’identité d’un nouveau que personne n’a encore rencontré.

Bien résolu à ne pas trop traîner au sein de ce milieu hostile pour lui, le Cramé va pourtant rester bien plus longtemps dans la peau d’un flic lorsque le hasard remettra sur sa route Lise, la mère du petit qui l’a sauvé. Désespérée et paniquée, celle-ci vient de signaler la disparition de son enfant. N’écoutant que son sens de l’honneur, le Cramé, malgré les risques qu’il encourt, ne peut que venir en aide à cette femme. Une façon de s’acquitter de sa dette envers elle, en quelque sorte…

 

Le lecteur s’engage alors dans un labyrinthe narratif dans lequel il ne se perdra jamais tant la mécanique imaginée par JOB tourne sans encombre. Si l’intrigue qui s’articule autour de la recherche d’un enfant, et qui va nous mener dans les milieux pédophiles, occupe une part essentielle du travail de l’écrivain, celle qui s’intéresse à la découverte du traître n’est pas oubliée. On irait même jusqu’à dire que l’auteur a respecté un équilibre quasi-parfait entre les deux.

Enchaînements ultra-rapides des péripéties, descriptions sèches des décors, moments-clés mis en exergue par une écriture qui claquent, Le Cramé tient bien la route qu’il s’est tracé. Hommage aux films noirs à la française, notamment par la représentation de voyous au sens moral bien particulier ou par l’évocation de la concurrence entre les services de police, le roman de JOB ne magnifie cependant rien ni personne. Si le héros éponyme affiche des tendances de justicier, il ne recule devant aucune violence afin de parvenir à ses fins. Intelligent et ignorant la peur, Gosta n’est cependant pas un héros amoral.

Alambiqué au niveau de l’intrigue, le roman ne manque ni d’humour, notamment lorsque le Cramé se joue des flics qui le prennent pour l’un des leurs, ni d’émotion lors du récit rétrospectif de l’acte fondateur de sa personnalité.

Alternant les passages parodiques, les moments de pure fureur et les instants plus graves, JOB ne propose pas qu’un exercice de style ou un pastiche du jeu du flic et du voyou.

Déclinaison des paradigmes du roman noir avec truands – trahison, sens de l’honneur, vengeance, entre autres-, Le Cramé pourra paraître un peu désuet aux yeux de certains mais son rythme nerveux et, surtout, son écriture vitaminée en font néanmoins un roman à la fois dépaysant, tour à tour loufoque, glaçant, émouvant et, en filigrane, lucide quand il évoque les cités et leur univers aux règles spécifiques.

ps: Merci à Jimmy et aux Editions Jigal pour l’envoi de ce roman.

 

Le Cramé de Jacques-Olivier Bosco, Editions Jigal (2011), 283 pages

Un autre de Canvey…

•20/06/2011 • Laisser un commentaire

En cette veille de fête de la Musique, un petit coup de pub rock bien de derrière le comptoir.

Ami des géniaux Dr Feelgood et originaire -il a grandi dans la même rue que Lee Brilleaux- , comme eux, de Canvey Island, Lew Lewis a produit au crépuscule des années 70 quelques poignées de bons titres. Des problèmes de toutes sortes -on ne fera pas de dessin- ont eu raison des perspectives de plus grande « carrière » pour cet harmoniciste de talent.

Revenu d’outre-tombe, ou presque, Lew Lewis monte encore parfois sur scène. D’aucuns prétendent que la soixantaine n’a pas eu raison de sa fougue. Pas étonnant pour un type que les amphétamines, la taule et les problèmes mentaux n’ont pas détruit…

Morbide tango…

•16/06/2011 • 2 commentaires

Maurice Gouiran est décidément très prolifique. Six mois après un roman fleuve qui nous amenait dans l’Espagne franquiste, c’est à l’Argentine et à sa dictature des années 70 qu’il consacre Sur nos cadavres, ils dansent le tango.

Et comme à l’accoutumée, c’est dans le Marseille contemporain que s’ouvre son intrigue…

Vincent de Moulerin, un octogénaire conseiller municipal de la droite républicaine, vient d’être assassiné de plusieurs balles dans les sous-sols du parking d’une grande surface marseillaise. Tout tend à faire penser aux enquêteurs qu’il ne s’agit que d’un crime crapuleux. C’est du moins l’opinion des services de police pour qui l’affaire semble entendue. Emma Govgaline, jeune lieutenant des forces de l’ordre, ne voit pas, contrairement à sa hiérarchie, de cette façon. Tout lui rappelle non seulement un règlement de comptes mais, en plus, elle est persuadée que le pedigree de la victime ne peut que révéler, si on s’y penche bien, des bribes de réponse, ou du moins de piste, qui permettraient de faire la lumière sur un bien étrange cas.

En effet, de Moulerin, citoyen et notable respectable s’il en est, est un ancien militaire à la carrière exemplaire, aussi bien en Indochine qu’en Algérie, lieux de guerres perdues d’avance où il s’est illustré. Tout comme son compagnon Philippe Bernardinot qui prononce son oraison funèbre, de Moulerin était un vrai patriote, certes un peu soldat perdu lors de l’épisode du putsch d’Alger mais ne s’étant rendu coupable de rien d’impardonnable, un exil de plusieurs années en Espagne lui avait permis de se racheter un honneur que d’autres lui avaient finalement fait perdre.

Désireuse de faire la lumière sur la période espagnole de la victime qui, au cours de cette dernière s’était marié et était devenu père, elle sollicite son ami-amant Clovis Narigou, ermite marginal retiré dans un village de l’arrière-pays où il exerce la profession de berger. Ayant des connaissances dans bon nombre de milieux, ce dernier lui fait une double proposition: elle n’a qu’à se rendre chez Mario, un journaliste en retraite au carnet d’adresses bien fourni, et, éventuellement, s’installer dans la bergerie qu’il a laissée libre.

De fil en aiguille, Emma, pugnace et accrocheuse comme personne, va découvrir que le citoyen au-dessus de tous soupçons qu’était de Moulerin cachait des pans entiers de son histoire. Notamment une très longue période au cours de laquelle il se trouvait de l’autre côté de l’Atlantique. En Argentine exactement…

Gouiran construit ici un roman qui s’articule, ou se situe si on préfère, autour de deux lignes parallèles. D’un côté, une ligne narrative traversant un Marseille contemporain où truands « traditionnels », politiciens s’accommodant d’un milieu avec lequel ils sont en collusion, délinquance des quartiers ou étrangères se mêlent. De l’autre, une plongée dans les profondeurs d’une histoire argentine vieille de plus d’un quart de siècle.

En outre, par le jeu des voix narratives et des points de vue, il nous donne un éclairage assez original sur son intrigue, notamment à travers le regard de Kevin, le petit-fils de de Moulerin, adolescent passionné d’informatique et qui préfère l’existence virtuelle de Second life à la vraie au sein d’une famille dont il découvre peu à peu les secrets et les mensonges enfouis.

Encore, cette double investigation finalement -celle d’une Emma dont on voudrait qu’elle se désintéresse au plus vite du cas de Moulerin et de ce Kevin bien moins « geek » qu’au premier abord- est une véritable bonne trouvaille de Sur nos cadavres, ils dansent le tango. Une trouvaille qui permet de faire la lumière sur les motivations comme les exactions commises par les militaires français en Algérie mais, surtout, sur leur rôle dans la mise en place de la torture en Amérique du Sud, et en particulier, sur les méthodes qu’ils ont enseignées à leurs assidus élèves argentins. Le tout avec, sinon l’assentiment, du moins l’accord implicite des forces politiques au pouvoir dans les années 70 en France. Des informations que l’on connaissait mais qui, ici, prennent corps dans leurs moindres détails horribles et renvoient à des êtres de chair et de sang. Victimes comme bourreaux.

Gouiran ne fait pas que révéler ou rappeler des faits sombres. Ils les incarnent jusque dans le sort réservé aux opposants d’un Videla tout auréolé de la respectabilité obtenue par la Coupe du Monde 78…

Ne serait-ce que pour cela, on ne peut que lui en savoir gré. Même si l’ultime chapitre semble un peu bâclé; l’auteur nous délivrant d’une manière un peu trop rapide et expéditive les conclusions de ce voyage funeste…

ps: Merci à Jimmy et aux Editions Jigal pour l’envoi de ce roman

Sur nos cadavres, ils dansent le tango de Maurice Gouiran, Editions Jigal (2011), 265 pages

Cette semaine…

•13/06/2011 • Laisser un commentaire

Quelques papiers divers et variés entre différentes activités professionnelles qui me prennent un peu de temps.

On reviendra sur la grande soirée Araban & Friends qui s’est déroulée à la Coopérative de Mai samedi 11 juin. Outre l’élection de Monsieur Moustache 2011 insufflée par le toujours élégant Oliv’, ci-devant taulier du Bikini, et qui a déclenché l’hilarité générale, on évoquera le set quasi-apocalyptique des Electric Tropic Blues Band. Des Liégeois des plus recommandables…

Au rayon noir, on mettra à l’honneur Jigal Polar et ses deux dernières productions. Et on promet d’être objectif quant à l’avis qu’on énoncera sur ces deux romans. En tout cas, quelles que soient les restrictions qu’on ne manquera pas d’évoquer, on affirme d’ores et déjà toute l’amitié et le respect que l’on éprouve pour l »équipe marseillaise et pour Jimmy, en particulier.

A demain…

The blank generation…

•11/06/2011 • 5 commentaires

Que faisiez-vous en 1991? Où étiez-vous? Vous souvenez-vous des moindres détails comme des programmes télé ou des boutiques situées au coin de votre rue?

Todd, lui, s’en souvient très bien. Et pour cause: c’est l’année qui a fait basculer sa vie. Celle où il a rencontré Taylor Schmidt, une jeune fille de 23 ans à la sensualité évidente et à la sexualité débridée. Débarquée du Missouri, elle devient sa colocataire. D’entretiens d’embauche décevants en offres d’emploi ridicules, Taylor commence à se désespérer lorsqu’elle découvre un dépliant au milieu de son courrier. L’agence Quid Pro Quo propose des postes alléchants, aux émoluments plus qu’attractifs. Il suffit juste d’être prêt à tuer pour cela comme le proclame l’argument publicitaire. N’ayant rien à perdre, Taylor prend rendez-vous et se voit effectivement offrir un emploi rêvé. Et en plus, elle découvre en la personne d’Ash Kruger, un des membres de l’agence, ce qu’elle pense être l’amour. Ce dernier est séduisant, inquiétant, sûr de lui et tout dévoué à ce qui semble être une véritable croisade dirigée contre ces « baby-boomers » qui détiennent tous les postes clés d’une société qu’ils abhorraient pourtant lorsqu’ils avaient vingt ans. Puisqu’ils occupent les meilleures places, il suffit de les « licencier » afin que les jeunes les remplacent. C’est simple et clair…

Convaincue autant qu’intriguée par cette étrange façon de voir, et d’agir, Taylor accepte le deal. De toutes façons, l’agence Quid Pro Quo assure ses arrières vis-à-vis de ceux qui se montreraient réticents à s’acquitter des frais engagés pour leur trouver un poste de choix…

 

Avec Totally killer, la trame, l’argument comme l’issue sont données d’entrée. Dès le début, à travers le récit rétrospectif d’un Todd qui se souvient près de 20 ans plus tard de ces mois qui ont bouleversé son existence, le lecteur sait que Taylor mourra, broyée autant par une entreprise ultra-libérale que par un caractère influençable. Ce n’est donc pas le suspense qui fait l’intérêt de ce roman, même si les circonstances du décès de l’héroïne, si on peut la qualifier ainsi, ou le destin de Todd ne seront révélés que dans les ultimes chapitres.

Il faut plutôt chercher du côté de cette écriture tranchante, percutante et débridée adaptée par Olear ou encore dans la peinture d’une société encore marquée par les années Reagan et néanmoins toujours d’une arrogance détestable quand elle se regarde afin de ressortir les grands points forts de ce roman.

Drôle, cynique ou attachant lorsque Todd envisage sa relation avec une jeune fille qu’il aimerait bien mettre dans son lit tant il est émoustillé par l’absence de tabous de cette dernière, Olear se montre à la fois glacial et pertinent quand il donne la parole à certains de ses personnages, en premier lieu Ash, véritable modèle du mauvais goût (il écoute Culture Club ou Duran Duran!!!) et figure du néo-con qui entend en remontrer à ces anciens soixante-huitards, surtout en cette année où certains jeunes semblent renouer, à travers le grunge, avec certaines de leurs valeurs.

A travers ce qui s’apparente à une fable, voire même à un apologue moderne, l’auteur s’attaque, sans se montrer démonstratif ou revendicatif, aux dérives consubstantielles d’une société dont on sait aujourd’hui qu’elle ne se montre guère magnanime…

Evidemment, si le roman est très référencé, rappelle constamment que les choses étaient différentes, du moins dans certains de leur aspect matériel -absence du portable, d’internet, par exemple-, il n’en demeure pas moins qu’il parle aussi de nous, de cet étrange sentiment que l’on peut parfois éprouver dans un monde au sein duquel on ne serait qu’un pion, isolé des autres malgré notre sociabilité.

Certains, comme Jean-Marc, ont été passablement gênés par ces omniprésentes parenthèses nous signalant que l’histoire se déroule en 91. On peut en effet le comprendre même si on ne partage pas ce sentiment.

Olear conclut, dans des chapitres ultimes évoquant le « Todd post-drame », ce Totally Killer par des notes qui l’inscrit dans un roman sur le complot, sur le sens des événements qui échappe aux protagonistes.

Tout cela n’est, certes, pas brillant mais terriblement marquant et pertinent cependant…

 

ps: l’avis de Jean-Marc: http://actu-du-noir.over-blog.com/article-totally-killer-un-couperet-bis-69697508.html

 

Totally Killer (Totally Killer, 2009) de Greg Olear (trad. François Happe), Gallmeister (2011), 299 pages

 

Week end…

•10/06/2011 • 2 commentaires

Un peu débordé ce qui explique le long retard à propos du Totally Killer de Greg Olear. Histoire de ne pas passer à côté aussi…

Ce week end, exactement demain soir dès 19h00, à La Coopérative de Mai, on nous propose une soirée alléchante avec en tête d’affiche les locaux d’Araban. Ne vous fiez pas à leur tronche de cake ou de bac C sur la photo. Avec eux, il s’agit de surf music des plus explosives. Pas un surf classique, loin de là, puisque nos jeunes gens de bonnes familles y adjoignent une bonne dose de tempo mexicain (façon Ennio Morricone, période western spaghetti) et des accents balkaniques (façon Bregovic). Comme si cela ne suffisait pas, les gaziers ont des invités parmi lesquels on ne citera que les excellents Plastic Invaders, et leur garage à la Hives, et, surtout, les phénoménaux Electric Tropic Blues Band, des belges (décidément) que l’on avait déjà eu l’occasion de voir par ici pour un set des plus Blues Explosion.http://www.lacoope.org/prog/descmanf.php3?IdProgrammation=5736

Pour finir sur une touche « N’en jetez plus!!!« , le Bikini proposera une grande soirée de clôture pour la semaine de la Moustache…Ca fait longtemps qu’Oliv n’avait plus organisé cet évènement tout en finesse et en intelligence. Du coup, on ne peut que s’y rendre. Et dès ce soir…

Promis, on parlera de Totally Killer demain….