Imprimer cette page

Mission archéologique de l’Université de Genève à Abu Rawash (Égypte)

Neuvième saison (2003)

La neuvième saison de fouilles, engagée par l’Université de Genève, avec la collaboration de l’Institut français d’archéologie orientale et du Conseil Suprême des Antiquités, dans le complexe funéraire du roi Radjedef, à Abu Rawash, s’est déroulée du 30 mars au 1er mai 2003. Ce mandat fut réalisé grâce au concours du Fonds national suisse de la Recherche scientifique.

AbuRavash1

Les enceintes de la pyramide

Sur la façade est, le segment de la muraille, qui borde la cavité naviforme, a été reconstruit sur toute sa longueur, afin de restituer le tracé complet de l’enceinte orientale. De même, le secteur sud a été entièrement dégagé et son enceinte restaurée jusqu’à la hauteur de son angle sud-ouest. À l’ouest de la pyramide, l’exécution de deux sondages a confirmé la présence de l’enceinte. Et, au nord-ouest, l’implantation d’une nouvelle fouille a livré l’intersection des murs attendus, de même que la fondation d’une porte monumentale. Celle-ci avait été aménagée dans la muraille ouest, à proximité de son retour nord-ouest.

Travaux dans les périboles de la pyramide

a. Les périboles du sud et de l’angle sud-ouest

Proche de l’angle sud-ouest, contre l’enceinte occidentale, une surface de briques, posée sur le pendage naturel du rocher, forme un dallage irrégulier, éventuellement lié à une cavité naturelle du terrain. Celle-ci a peut-être été utilisée durant les travaux comme citerne d’eau. Le remploi de ce dispositif à l’époque romaine pourrait être souligné par la découverte de plusieurs cruches complètes et fragmentaires.

b. Le péribole du sud-est

Un relevé détaillé des maçonneries internes de la pyramide satellite a été effectué, notamment dans la perspective de mettre en évidence la structure des murs édifiés sur les diagonales du tétraèdre, destinés à assurer la rigidité de l’ensemble.

AbuRavash2

c. Le péribole oriental et son espace cultuel

Devant la façade est de la pyramide royale, deux chantiers ont été ouverts : le premier a été consacré à la reprise des fouilles d’Émile Chassinat, localisées dans le secteur septentrional de la cavité naviforme. L’édifice, limité au nord et à l’est par un chemin, signalé par un alignement de briques, conduisant à la barque, présente un plan rectangulaire (dim. m.19,20 x 9,40)

.

AbuRavash3

À partir de la cour du temple, une entrée septentrionale donne accès à deux pièces, construites en enfilade. La première conserve, dans sa partie sud, les traces d’un aménagement alvéolaire surélevé ; tandis que la seconde, ouverte sur une chapelle rectangulaire, a conservé son seuil de calcaire, accompagné d’une crapaudine de porte.

Une deuxième entrée conduit à une salle hypostyle, à trois colonnes. Deux bases en calcaire, retrouvées à proximité ont été replacées dans l’axe longitudinal de cette salle. Un troisième disque de calcaire, autrefois signalé par É. Chassinat, a été restitué. Au terme de la saison, les travaux de restauration de cette salle hypostyle et de sa chapelle adjacente ont été achevés.

Le second chantier s’étend devant le mur méridional de l’enclos de service nord-est du complexe funéraire. Il conserve une travée de cinq salles mitoyennes, constituant vraisemblablement les dépendances septentrionales du temple. Celles-ci attestent, par leurs aménagements, de plusieurs modifications de construction. À partir d’un premier état, contemporain de l’aménagement du site, trois phases révèlent des agrandissements et modifications du plan de ces pièces. Plusieurs dépôts de vases miniatures et coupelles ont été relevés au bas des murs, scellés par les enduits de sols. Dans le fond de la première pièce, à l’est, un dépôt comptait deux coupes en gneiss qui recouvraient les restes d’une bandelette, déposée dans un coquillage. Enfin, une dernière phase d’occupation a été observée avec la présence de murets en briques de petit module et la trouvaille d’un tesson romain en terre sigillée. Ce secteur, dont les vestiges ont été protégés par un ensablement partiel, fera l’objet de restaurations lors de la prochaine campagne.

AbuRavash4

Conclusion

Dans l’état d’avancement des investigations de cette saison, on observera que le dégagement des enceintes sur les quatre côtés de la pyramide livre désormais un plan général très cohérent. De surcroît, les importants travaux de restauration entrepris sur le site restituent, peu à peu, une bonne vision d’ensemble de ce complexe funéraire royal méconnu.

La douzième campagne de fouilles, conduite par l’Université de Genève, avec la collaboration de l’Institut français d’archéologie orientale au Caire et le soutien du Conseil suprême des Antiquités de l’Egypte, dans le complexe funéraire du roi Radjedef, devait se dérouler du 15 mars au 22 avril 2006. Ce mandat, réalisé grâce au concours du Fonds national suisse de la Recherche scientifique, a subi, cette année, un fâcheux contretemps venu contrecarrer le déroulement des opérations. Le site archéologique d’Abu Rawash appartient, effectivement, à une ancienne zone militaire, dont l’accès demeure soumis à autorisation délivrée par le Ministère égyptien de la Défense. Un retard administratif de deux mois, dans l’octroi de ce permis de travail, entraîna ainsi l’annulation des investigations de terrain. En revanche, l’étude architecturale du complexe funéraire a notablement progressé, grâce à l’élaboration, par des architectes stagiaires de l’Ecole polytechnique fédérale de Lausanne, d’un dossier de reconstitutions virtuelles. Ces images ont été réalisées à partir d’une modélisation de la cartographie du site, des relevés archéologiques et assorties d’un examen des matériaux usuellement mis en œuvre dans les monuments de cette époque.

L’an prochain, une ultime campagne devrait permettre quelques vérifications supplémentaires et conduire à l’achèvement de restaurations nécessaires à la compréhension de l’ensemble du site.