V A R I A T I 0 N S sur 600

STRUCTURES SONORES

Une nouvelle méthode de composition
musicale sur l' ORDINATEUR 4X

par Nicolas Schöffer 

L'ordinateur nous permet de franchir une nouvelle étape quant à la définition et au codage des sons, et permet de créer des partitions qui dépassent en complexité et en précision les possibilités d'antan.

LA METHODE DE COMPOSITION que je propose comporte plusieurs phases et nécessite l'emploi d'une terminologie simple que nous définirons au fur et à mesure :

TRAMES, PAVES, BRIQUES et MODULES.

 

1°/ LA PARTITION GENERALE : LA TRAME.

La TRAME est un réseau orthogonal tracé en utilisant les harmoniques obtenues à partir du nombre 600 - nombre objectif relié à la mesure du temps (10 x 60) - et du Nombre d'Or 1,618.
Cette TRAME, que j'utilise pour élaborer les plans de mes sculptures, sert à la composition de mes partitions sonores.

2°/ LA COMPOSITION : LES PAVES.

Je définis d'abord sur cette TRAME le nombre de PISTES nécessaires par exemple : 12 pour les "VARIATIONS SUR 600". En tenant compte de ces pistes et sur le tracé de la trame, je dessine des surfaces carrées ou rectangulaires diverses : les PAVES. Ces PAVES, structurés et harmonieusement proportionnés grâce à la trame sous-jacente, créent une COMPOSITION de haute complexité, mais simple à visualiser et facile à saisir dans son ensemble.

3°/ LES BRIQUES

Les BRIQUES sont les éléments essentiels de la PARTITION.
D'une durée de 20 secondes, ce sont des mini-partitions où sont préalablement définis des SONS isolés, des ACCORDS, des GLISSENDI et des SILENCES.
Les BRIQUES, disposées à l'intérieur de chaque PAVE, sont visualisables dans leurs rapports et leur déroulement, et donnent à chaque PAVE son rôle et sa spécificité, dans l'ensemble ainsi créé.

4°/ LA DEFINITION DES SONS

Chaque BRIQUE de 20 secondes est composée de SONORITES dont l'UNITEE de DUREE est 1 seconde. Mais cette UNITE peut être fractionnée, et chacune de ces DUREES peut alors être inférieure ou supérieure à 1 seconde.
Par exemple : à l'intérieur d'une seconde, je peux créer des accords ayant une MICRO-DUREE d'un quinzième (1/15) de seconde; chaque accord contenant 5 SONS, nous pouvons donc entendre 75 SONS dans une seconde.
Mais nous pouvons aussi n'introduire dans une seconde que 3 GLISSENDI successifs de 5 SONS, donnant alors à entendre 15 SONS successifs dans une seconde.
Chaque SON est d'abord défini par sa FREQUENCE, dont le nombre correspond à l'une des harmoniques de la TRAME établie sur 600.
Les SONORITES composant les BRIQUES sont puisées parmi les MODULES.

Les harmoniques du Nombre d'Or sur le chiffre 600, de la main de Nicolas Schöffer

Les harmoniques du Nombre d'Or sur le chiffre 600, de la main de Nicolas Schöffer

 

Une partition musicale de Nicolas Schöffer Une partition musicale de Nicolas Schöffer

5°/ LES MODULES - codés par une LETTRE.

Chaque MODULE contient 5 GROUPES NUMEROTES de 5 SONS NUMEROTES.
Chaque SON est défini avec une extrême précision par
sa FREQUENCE (voir ci-dessus),
son AMPLITUDE,
son TIMBRE,
son ENVELOPPE.

Le dispositif des différents MODULES est mis en MEMOIRE dans L'ORDINATEUR.

Grâce à des CODES simples, nous pouvons les en extraire afin d'organiser les PARTITIONS DES BRIQUES. Pour ce faire, nous indiquons d'abord le déroulement sonore en définissant les DUREES SUCCESSIVES.

Dans chaque DUREE, nous inscrivons les SONORITES en indiquant leur CODE (modulaire). A côté de chaque CODE, nous inscrivons un PICTOGRAMME correspondant à sa spécificité sonore, ce qui permet de visualiser clairement et avec précision le déroulement sonore de chaque BRIQUE, comme de chaque PAVE composé de BRIQUES, et, ultimement, de l'ensemble de la PARTITION.

  

A PARTIR DE LA, NOUS POUVONS CONSTITUER UN TRES RICHE REPERTOIRE
DE BRIQUES, DE PAVES ET DE PARTITIONS PAR UNE SERIE DE COMBINAISONS DIVERSES :
SUPERPOSITIONS, JUXTAPOSITIONS, INVERSIONS, FRACTIONNEMENTS, ADDITIONS, etc...
A L'INFINI.

LES PICTOGRAMMES SERVENT NON SEULEMENT A IMAGINER
VISUELLEMENT ET AUDITIVEMENT,
MAIS AUSSI A MAITRISER ET CONTRÔLER LE DEROULEMENT D'UNE CREATION
QUI N'EST AUTRE, EN FIN DE COMPTE,
QU'UNE "SUPER-COMBINATOIRE INDEFINIMENT RECOMBINABLE".

Nicolas SCHÖFFER

PARIS, décembre 1983

 

 

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