Amplificateurs Zenquito évolution classe AB "2x80W"

par Thierry Martin


Depuis l'achat de mes enceintes en 1987 (Quadral Titan de 150kg, voir Nrds de décembre 86), et suite à leur écoute à l'époque en tri-amplification active - comme cela était prévu par le constructeur - j'avais en tête le projet d'évoluer vers ce type de système. Les années sont passées, les priorités ont changé, le temps a manqué et ce projet a finalement mis 17 ans à naître !
Entre temps, d'autres éléments du système ont été achetés : préamplificateur Audio Research LS2B symétrique, qui a remplacé le passif "maison" avec bonheur, lecteurs CD, convertisseur N/A etc... Mais mon système restait désespérément en amplification passive, avec certes un fidèle monstre de plus de 350w par canal sur 8ohms et capable de pousser tranquillement un kilowatt par canal lorsque nécessaire, mais en sachant qu'il était possible de faire mieux compte tenu des résultats entendus en actif avec de bons amplificateurs de l'époque.

Les raisons qui m'empêchaient jusqu'à récemment de passer en actif étaient principalement budgétaires : comment trouver deux amplificateurs stéréo suffisamment puissants tout en étant musicaux pour justifier l'évolution ver la triamplification sans dépenser des dizaines de milliers d'euros ? Et où trouver, toujous dans dans un budget raisonnable, un filtre actif 2 x3 voies n'apportant pas plus de défauts que de qualités dans la chaine de reproduction (déphasages, bruit, effet de "bouchon").

Au début de cette année 2004, fermement décidé à faire enfin quelque chose de ce système, la lecture du forum Haute-Fidélité et la découverte des amplificateurs de la famille Mosquito/Zenquito basés sur les schémas de Jean-Marc Plantefève me laissaient tout à coup envisager les choses avec espoir !

Parallèlement, je découvrais que le monde du filtrage actif s'était mis au numérique avec des filtres comme le Behringer DCX 2496, ouvrant soudain pour un prix inimaginable il y a 15 ans des possibilités infinies en matière de paramétrage de fréquences de coupure, types de filtrage, pentes, égalisation des niveaux. Bref, les principaux obstacles au passage à l'actif étaient tombés !

Et depuis : Mes tweaks sur DCX

Les premières questions furent posées timidement sur le forum, puis directement à Jean Marc lorsque je compris qu'il pouvait non seulement m'aider à faire aboutir ce projet, mais également fournir la première brique des amplis : les circuits imprimés. Il faut dire qu'en matière de DIY électronique, mes compétences sont extrêmement limitées. J'avais réalisé il y a 15 ans un amplificateur 8W "Le Monstre" sur batteries automobile, mais cela était loin...


Le cahier des charges était assez simple :

Jean Marc me conseilla donc de choisir une tension d'alimentation des rails de +/-42volts, ce qui donnerait avec le circuit Zenquito Evo environ 80w/8ohms par voie. Cela aboutit au choix de transformateurs avec secondaire 2x30v et de capas de filtrage BC Components de 22.000µF/63V (4 par amplificateur). Une fois ces paramètres structurants établis, il ne restait "plus qu'à" ! Commande fut donc passée auprès de Jean Marc, et quelques jours plus tard je reçus quatre superbes CI prêts à être "garnis" de leurs composants.

Coût du projet :


Pour les coffrets, je suis allé au plus simple et au moins cher : du médium de 19mm pour le fond et les côtés, 15mm pour la face arrière. Facile à travailler, les erreurs ne coûtent pas cher et le medium demande un minimum d'outillage. Le revêtement est de la peinture noire satinée passée en 5 couches fines au pistolet. Les capots sont constitués de tôle d'aluminium de 60 dixièmes, vissées sur les radiateurs de 300 x 120 x 43mm eux mêmes vissés sur le fond et la face avant des coffrets (ouf!).

Les pieds des coffrets sont tout simplement des butées en caoutchouc de 20x20mm de la marque Paulstra, boulonnées sur le fond de ceux-ci. Le design et la finition retenus aboutiront à une ressemblance preque "hors-la-loi" avec les amplificateurs Audio Research de la série D (D200,D400). Désolé Mr Bill Johnson si je copie vos productions, mais par admiration ! La raison de ce choix esthétique est la présence dans le système du préampli LS2B.

Voici le projet (en CAO) de finition qui à l'heure où ces lignes sont écrites est en cours. Les LEDs sont celles du kit de protection Velleman K4700 que j'ai installé dans chaque ampli, car mes tweeters à ruban ne sont plus fabriqués, et comme disent les anglo-saxons, "better safe than sorry" !

Tout le câblage de puissance est réalisé en cuivre argenté isolé Téflon AWG15 disponible chez Selectronic. Les kits Velleman de protection contre le courant continu en sortie sont montés sur des chevilles en bois récupérées dans le surplus de meubles Ikéa, enfoncées dans le fond du coffret avec de la colle à bois. Inutile ainsi d'acheter des colonnettes, et puis le bois c'est sympa non ?

Dans la série récupération, un vieux radiateur de processeur Pentium III fixé sur les tiges filetées de fixation des transfos supporte les ponts de diodes 35A/700V, vissés directement dessus avec de la graisse silicone. Un des amplis a été équipé d'une simple plaque d'alu qui suffit amplement en réalité. Chaque canal possède sont porte fusible. Un interrupteur bipolaire à l'arrière assure la coupure du courant à la fin des séances d'écoute. Les embases IEC sont équipées d'un porte fusible.

Ci-après on aperçoit le détail de fixation d'une carte sur son radiateur. Une barre d'aluminium vient plaquer fermement les MOS Hitachi sur le dissipateur, car j'ai remarqué que la vis de fixation prévue sur la semelle TOP3 n'assure un bon contact thermique qu'à son voisinage direct. La barre d'alu en appui assure un contact uniforme des boitiers TOP3 sur toute la surface de la feuille de Keratherm (indispensable) et assure probablement une meilleure stabilité thermique. Lors des essais, à température ambiante constante, j'ai mesuré des écarts de l'ordre du dième de degré C sur les dissipateurs (environ 38°C)


Réglages et essais (la procédure est simplissime) :

Pour autant que la valeur des résistances ajustables soit adaptée aux transistors sur lesquels on est tombé à l'achat, le réglage de l'offset et du courant de repos est un jeu d'enfant. Pour mon cas, 470R ne convenaient pas et je n'arrivais pas à régler l'offset, obstinément bloqué à -17 volts ! Le remplacement par des ajustables de 1KR sur le conseil de Jean Marc a tout réglé.


Ecoute :

Que dire qui n'ait déjà été dit ? Tout ce que l'on demande à un ampli de vraie haute-fidélité est là et saute immédiatement aux oreilles même non averties (mes filles et mon épouse par exemple "dis donc, c'est drôlement clair ! On entend tout !" ). Vie, dynamique, placement dans l'espace, grain des instruments à cordes, punch, attaques, bref de la mu-si-que !

Dans mon cas, le mariage avec le mammouth de la voie grave est parfait. Mes Zenquitos travaillent respectivement de 320Hz à 4000Hz pour l'un, et au dessus de 4000Hz pour l'autre sur des tweeters à ruban. Au passage, le DCX 2496 est un vrai petit bijou, un régal pour audiophile pointilleux par sa souplesse et ses performances.

Ci-dessus, un alignement de watts de qualité (un peu plus de 1000 en fait, si on additionne toutes les voies, 1032 très exactement). Un capot d'essai provisoire est en place sur un des amplis afin d'éviter que le chat de la maison ne se transforme en boule de poils fumante, car les chats adorent la chaleur, en particulier le mien qui passe ses journées sur les radiateurs de la maison !


Et voilà les appareils arborant leur nouvelle face avant. La société Schaeffer AG qui les a usinées propose un principe de commande extrêmement simple : à l'aide du logiciel gratuit téléchargeable, on conçoit son projet, quel qu'il soit. Une fois terminé, on utilise la fonction "commander" intégrée dans le logiciel, options de paiment comprises, et quelques jours après on reçoit les faces avant par Chronopost. Simple, il suffisait d'y penser non ?