Il crée des glaciers artificiels pour parer au réchauffement climatique

6 mai 2013 17 h 06 minDéposez le 1er commentaire

A 78 ans Chewang Norphel s’impose comme un héros au Ladakh, une région du nord de l’Inde, confrontée au recul des glaciers et à la raréfaction des ressources en eau, conséquences directes du réchauffement climatique. Cet ingénieur à la retraite a décidé d’agir pour les habitants du « Petit Tibet ». Il imagine un système peu coûteux permettant de créer des glaciers artificiels et de réguler leur fonte, point essentiel pour le développement économique de cette zone rurale de l’Himalaya. Une initiative à saluer en cette année internationale de l’eau.

Chewang Norphel - Courant Positif

Chewang Norphel © France 2

« L’homme des glaces »

C’était inespéré pour les habitants de cette région montagneuse, qui voyaient les glaciers du Ladakh reculer d’année en année et l’eau se faire de plus en plus rare. Victimes directes du réchauffement climatique, c’est l’idée d’un homme, désormais surnommé «  l’homme des glaces »  qui les a sauvés d’un déclin économique annoncé.

 « C’était devenu impossible de faire pousser quoi que ce soit ici, car l’eau arrivait très tard, et comme la saison d’été est très courte, les cultures n’arrivaient jamais à maturité avant la moisson » rapporte Konshop Sherap, paysan du village de Phukse Phu, à Libération.

80% des agriculteurs dépendent de l’eau des glaciers

Evoluant dans un climat rude où la nature a conservé ses droits, les Ladakhis composent avec elle. A l’arrivée du printemps, l’eau des glaciers irrigue les plantations et assure aux populations les récoltes qui les feront vivre tout l’hiver. Mais avec le réchauffement du climat, les glaciers ne cessent de reculer à des altitudes bien plus élevées qu’avant. Ce faisant, les eaux de fonte printanière arrivent tardivement par rapport au calendrier agricole. Et faute d’irrigation, les semences ne poussent pas dans les temps.

Des bassins aux glaciers

C’est en s’appuyant sur cette nature que Norphel apportera la solution : détourner l’eau des ruisseaux et ériger des retenues pour former des bassins artificiels qui gèleront et deviendront des glaciers avec les premiers froids. Une glace qui fond alors en mars dès l’augmentation des températures, l’eau peut ensuite s’écouler dans les champs. Un procédé ingénieux qui tire profit des – 40°C  hivernaux du Ladakh. Les températures sont ici de précieuses alliées.

En 2007, dix glaciers ont vu le jour

D’abord sceptiques, les habitants voient pousser la première langue glaciaire en 1987. Pour 90.000 roupies (15.00 euros), le projet est relativement peu coûteux et le système facilement réalisable. Ce sont 10 glaciers qui assurent en 2007 la bonne croissance des récoltes du Ladakh. Chewang Norphel en espère 10 fois plus.

L’ingénieur souhaite que chaque village puisse disposer de son glacier et ainsi être autonome. Le projet de Chewang Norphel a été récompensé en 2008 par le prix « Real Hero » de CNN. Une belle façon de relancer l’économie de la région, tout en rappelant au reste du monde en cette année internationale de l’eau qu’elle est un bien précieux.

Mélissa Czech

Le détail en images avec ce reportage tourné par France 2 en 2008

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