Toto, Trente Ans…

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juillet 10, 2013 par zalifalcam

Toto, Trente Ans…

(article en bordel, sans plan, comme d’habitude, allez vous faire foutre si ça vous va pas, ok bisou)

EDIT : si vous vous posez des questions sur mon travail, j’ai fait un petit article annexe qui en parle !

Je suis né en 1984, je vais entrer dans ma trentième année. Je pense que le moment est venu de parler un peu plus longuement que ne le font de temps à autres les médias généralistes de ce que c’est que d’être un jeune français entrant dans sa trentième année, en 2013.

Je vais me plaindre. C’est puéril, mais pas encore interdit.

Je suis vraisemblablement ce qui s’approche le plus du français lambda. Je suis blanc, avec 25% de sang italien, issu de la classe moyenne inférieure. Profs et éducs du côté de mon père, prolos et petits fonctionnaires du côté de ma mère. Je n’ai manqué de rien, mes parents ont toujours pris soin de moi, chacun de leur côté (ils ont divorcé quand j’étais petit pour coller au cliché de la famille normale).

J’ai eu de la chance, globalement parce que mes parents m’ont toujours tiré vers le haut. Ma mère m’emmenait au cinéma, m’a très tôt fait lire, avec une visite hebdomadaire à la bibliothèque, nourri correctement. Mon père m’a fait voyager, a toujours pris le temps de jouer avec moi, il me créait même des jeux de sociétés. Il m’emmenait au théâtre, au sport, au parc d’attraction.

Je n’ai jamais manqué de rien, j’ai même toujours eu ce petit rien de trop vanté par le Roi Lear.

J’ai eu de la chance, aussi, parce que j’étais plutôt doué à l’école.

Je vivais alors dans une région assez sinistrée, post-industrielle, la Lorraine rude et grise des années 80, entre chômage et militaires casernés pour le service. La aussi, j’ai eu de la chance. Mes parents parlaient tous les deux français et pouvaient m’aider dans la vie, pas comme mes copains turcs et arabes de l’école primaire dont les parents, primo-arrivants, n’avaient pas toujours les capacités ni l’énergie nécessaire à leur apporter le même soutien.

J’ai eu de la chance de tomber du côté plutôt « intello » de la tartine alors que pas mal de mes copains avaient pour horizon d’attente la télé toute la journée, des hurlements dans la cage de leur HLM et de l’Eurodance comme summum du raffinement culturel, entre La Vie de Famille et Lagaff.

J’ai eu de la chance, encore, de n’être tombé dans un milieu ni sexiste, ni raciste. On m’a toujours appris à poser des questions, à enquêter, à tolérer, à avoir du recul. Face à la Différence, on m’a toujours appris à être plus curieux qu’apeuré, et dans la Lorraine sinistrée de ces années-là, c’était une sorte de privilège, voire un sacré coup de pouce pour l’avenir (on en a pas forcément conscience à l’époque).

J’ai eu de la chance parce que mon collège pratiquait des classes de niveau. C’est interdit, et c’est très bien que ça soit interdit. Mais le fait est qu’ils le faisaient, et que j’étais dans la « bonne » classe (celle au calme, avec les profs pas trop à la rue). Je connais des gens assez brillants, bien plus que moi, dont l’avenir a été très sérieusement amputé par une classe de cancres livrés à des profs dépressifs, avec aller simple pour la 4è techno, qu’ils le veuillent ou non, qu’ils soient bons ou pas là-dedans.

J’ai eu de la chance parce que j’étais dans le « bon » lycée (j’habitais à côté, donc pas besoin, comme certains parents de ma connaissance, de faire des lettres suppliantes au rectorat pour ne pas voir leur gamin collé d’office dans l’usine à enseigner construite en banlieue).
J’ai fait une filière généraliste, littéraire. Et j’ai eu de la chance qu’on ne me mette pas des bâtons dans les roues pour suivre cette formation qui a extrêmement mauvaise presse malgré ses énormes débouchés. Les profs d’alors, mais ça n’a pas du changer tant que ça, n’avaient aucune idée de ce qu’on pouvait bien faire un bac L (à part prof). Parce qu’ils ne connaissaient ni les IUT, ni les formations autour du patrimoine, de la généalogie, de la traduction, des métiers du livre, de la culture, des arts du spectacle, qu’ils ignoraient les passerelles avec Science-Po, les écoles de commerce ou qu’ils ignoraient que les diplômes littéraires ne sont pas forcément aussi mal vus à l’étranger qu’en France. Ils ignoraient que j’ai aujourd’hui des connaissances qui touchent trois fois mon salaire parce qu’ils ont suivi une formation de géographe.

J’ai eu de la chance qu’une prof d’Italien exemplaire me suggère très fortement d’aller en classe préparatoire et appuie fermement mon dossier.

J’ai eu de la chance de suivre une formation difficile de deux ans de prépa littéraire qui, si épuisante qu’elle fut, m’a resservi sans arrêt. J’ai eu de la chance de lire Flaubert, Giono ou Koltès, de faire des langues à un niveau poussé, de faire de la philosophie telle qu’elle devrait être enseignée, et que pour la première fois, on m’enseigne l’Histoire et l’Historiographie. Formellement, ça ne sert à rien. En pratique, c’est ce qui fait la différence entre toi et un autre dans un tas de situations professionnelles ou non.

J’ai eu de la chance de suivre, un peu par hasard, une formation en documentation en troisième année de licence d’Histoire.

Mes parents m’ont soutenu quand j’ai voulu m’installer à Nantes pour faire un master d’Histoire.

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J’ai fait mon mémoire sur ce type. Je vous en causerai, un jour.

Mes parents m’ont soutenu quand je n’ai pas voulu être prof d’Histoire (une histoire de vocation).

Mes parents m’ont soutenu quand j’ai choisi de faire un IUT Bibliothèque à Nancy en Année Spéciale (formation accélérée pour les « erreurs d’aiguillage » dans mon genre)

Et j’ai obtenu mon concours de Bibliothécaire dans la foulée.

Et je n’ai pas eu trop de mal à trouver au travail, finalement tout est relatif).

Je vais en parler dans pas longtemps.

Tout ça, c’est encore de la chance, parce que la plupart des gens que j’ai connu à l’époque du collège ou du lycée et dont j’ai encore la trace n’ont pas du tout, mais alors pas du tout eu cette immense série de coup de pot. Globalement, Facebook aura au moins eu cet avantage de nous faire remarquer à quel point une série de destins parti du même point peut à ce point la puer la défaite.

Voilà cinq ans, je me retrouvai donc inscrit sur une « liste d’aptitude », mes diplômes en poches, et tout.

Cinq ans plus tard, je me suis pris assez de claques dans la gueule pour avoir compris le message : tu vas en chier, et tu vas en chier si fort, et tellement toute ta vie, que tu ferais bien d’apprécier le peu qu’on te laisse, dès fois que.

Il se trouve que je viens de cette première génération lancée avec brutalité dans un monde en bouillie, dans une France ou chaque seconde nous hurle avec violence que rien n’est fait pour nous, et que quoi que nous fassions, nous allons en chier.

Je fais une généralité, ce n’est pas bien. Mais j’ai dit que je me plaignais, aujourd’hui. Est-on rationnel quand on se plaint ?

Ma première expérience dans le monde du travail a été celle de la précarité. Oh, pas la précarité extrême, pas une précarité à la Précious, avec crack, nuits sous les ponts et compagnie. Faut bas exagérer. Plutôt le ventre mou de la précarité. La pauvreté silencieuse. La galère-mais-pas-trop.

En 2008, il fallait trouver du travail. En Lorraine, c’était compliqué. J’avais ce fichu concours en poche, et trois ans pour trouver un travail (pour ceux qui se demanderaient pourquoi un fonctionnaire doit « chercher du travail », je vous encourage à vous renseigner sur la fonction publique territoriale, dont le statut dérive chaque jour tranquillement vers un statut privé, dans un silence paisible). 24 ans, peu d’expérience, et trois ans pour trouver. Sauf que qui dit peu d’expérience dit une confrontation extrêmement sèche et brutale à des dizaines et des dizaines de recruteurs, partout en France, exigeant une expérience longue et des lettres de recommandation à ne plus que savoir en faire. Et trois ans, ça passe vite. Chaque mois qui passe, et c’est 4.3% de cette liste d’aptitude en moins.

J’ai passé des dizaines et des dizaines d’entretiens. Je voulais bosser absolument n’importe ou, à n’importe quel prix. Passons les détails, mais j’avais alors une amie sans le sou à entretenir (à peu près le même profil que moi, mais sans les « coups de chance »).

Il y a eu cet établissement ou on m’a fait venir trois fois, pour rien, parce que le recruteur voulait faire « jouer la concurrence » (sic).

Il y a eu cet autre ou on m’a dit frontalement qu’on m’avait fait venir pour rien, le candidat étant déjà choisi.

Il y a eu tous ceux où on m’a reproché mon inexpérience dans le management, ou qui étaient effrayés à l’idée de recruter quelqu’un d’aussi jeune pour « encadrer des vieux » (sic).

Il y a eu, enfin, ce boulot à la campagne dont on m’a assuré oralement que j’allais l’avoir. Au moment ou je m’attendais à recevoir le courrier, au moment ou j’avais déjà posé mon prévis, le coup de fil, splendide, si révélateur de ce que beaucoup ont vécu sous diverses formes. « Le maire vient de refuser votre candidature, pour placer quelqu’un ».

Je n’ai jamais eu d’énormes attentes en matière d’offre politique (tout ce que je décris aujourd’hui étant de toutes façons le signe de leur impuissance ou de leur cynisme). Quatre ans dans la FPT ont détruit le peu que j’avais encore avec un gros marteau.

Après un sérieux moment de panique, j’ai quand même trouvé un boulot alimentaire de libraire, chez Cultura, en septembre 2008, en région Parisienne.

La vérité c’est que je m’en sors pas trop mal, en 2008 : j’évite l’infernale spirale des stages. Si vous êtes vieux, ou encore étudiant, ça vous échappe peut-être : l’essentiel des 20-30 ans est actuellement en stage, ou dans une situation qui ne vaut guère mieux. Le stagiaire est devenu cet esclave moderne, capable d’enchaîner 2, 5, 10 boulots comportant parfois d’énormes responsabilités, de l’encadrement voire de la gestion d’argent public. Je connais, dans le milieu de l’édition, des stagiaires directeurs de collections, gestionnaires de droits, juristes. Ce n’est pas un plancher collant, ce sont des sables mouvants. Ca a été dit mille fois, mais je crois que ceux à qui ça n’est jamais arrivé ne peuvent pas mesurer ce que ça fait à l’égo ou plus prosaïquement au portefeuille.

« Il n’y a pas d’argent », la rengaine habituelle, la chanson douce que me chante absolument tout le monde depuis les couches culottes. Il n’y a pas d’argent, mais le monde est plus petit qu’avant, et tout se sait. Il n’y a pas d’argent, mais tel ou tel bac+5 payé 400€/mois sans aucun avantage sait très bien que son N+3 touche 10, 20, 30 fois plus sans que cela lui pose le moindre problème. Une de mes vagues connaissances, Bac+50 dans une branche plutôt en développement, touche actuellement 1300€ net (mais avec le sacro-saint CDI). La chef de sa chef, elle, a une gouvernante pour s’occuper de ses enfants. C’est la réalité qu’on nous renvoie à la gueule sans arrêt. En nous faisant, par dessus le marché, culpabiliser de ne pas avoir su faire mieux. Y’a pas un rond, mais machin a obtenu 100 000€ de subvention parce qu’il connait bidule.

Elle comme moi avons pourtant fait des études professionnalisantes, pas un vague DEUG abstrait en sociologie des pygmées.

Nous voyons tous autant que nous sommes la facilité manifeste de certains milieux à le trouver ou à se l’octroyer, cet argent qui manque tant pour recruter ces nouveaux damnés de la terre surdiplomés. D’ailleurs, les surdiplomés finissent par trouver du travail. Si, si, c’est même prouvé (j’ai lu ça dans un article que j’retrouve pas, mais chaque année d’étude, même bidon, t’éloigne statistiquement du chômage longue durée) . Mais combien de Bac+8 à la place d’un Bac+5 lui même à la place d’un Bac+3 à la place d’un Bac tout court à la place du gars qui a son Brevet, lequel peut bien aller se faire foutre il avait qu’a être bon en dictée ?

Mais c’est sans doute un problème de charges qui pèsent sur les entreprises. Vivement que la droite accède au pouvoir pendant dix ans pour virer Jospin le Rouge et libérer la croissance. Aucun doute que j’aurais ma rolex dans la foulée, que les impots baisseront et que la dette de la France s’effacera avec la force de mille ardoise veleda.

Paris, donc. C’est la ville symptôme de toute cette merde. Dur de ne pas y travailler si l’on veut travailler vite. Toute l’industrie de la culture, de la communication, une grosse partie des infrastructures publiques, la mode, la télé, la radio, l’édition. Impossible de faire autrement. Plus généralement, tous les boulots sont disponibles en quantité assez respectable à Paris. Si l’on est un tantinet débrouillard, on peut toujours trouver quelque chose à y faire. Ce n’est pas pour rien que deux millions de gens en plus ont été obligés d’aller s’entasser là-bas depuis ma naissance. C’est pas par amour des merdes de chiens, des vendeurs de DVD dans le métro, de la pollution et du béton armé.

Je n’avais pas les moyens d’habiter à Paris. La chambre de bonne que je pouvais trouver là était au prix de mon 35m² (déjà prohibitif) à 50km de la Ville Lumière à Odeur de Pipi. 700€/mois pour deux, que j’ai du rapidement assumer seul (vous ne voulez pas les détails, c’est sans intérêt et sordide). Avec un SMIC, en travaillant le dimanche, sans jamais deux jours de suite de repos, et sans vacances. Je me suis peut-être fait rouler, mais il me fallait un appartement en une semaine chrono, et je ne connais personne.

A peine arrivé, on m’a expliqué que je ne serais finalement pas libraire, mais que je vendrais des jeux-vidéo et des i-pods. Pour le reste, Leslie Plée a décrit l’univers ahurissant de brutalité et de sauvagerie des gilets bleus dans une BD intitulée « Moi vivants, vous n’aurez jamais de pauses ». Au mot près, tout est vrai. J’ai découvert là-bas la violence du management, le harcèlement moral, les collègues en dépression, le cynisme invraisemblable du management. Quatre mois plus tard, j’avais le dos et l’égo brisé, mais encore assez loin du niveau de détresse physique et social des gens qui y avaient passé dix ou quinze ans (aux dernières nouvelles, sept ou huit personnes se sont succédées sur mon poste depuis mon départ). Lisez cette BD (empruntez-là à la bibliothèque !). Résumons simplement tout ceci en une anecdote.

Le magasin ou je travaillais n’employait pas de vigiles le matin, ou nous étions seul pour mettre les documents en rayon, les déballer, les trimballer, tout en faisant de la vente, du conseil et des réservations. Tous les voleurs d’Ile de France étant au courant, il y avait pour des milliers d’euros de fauche par trimestre (pas grave du point de vue du magasin : ils sont assurés). Lors d’un briefing matinal, on nous annonce que la fauche sera déduite de notre intéressement (pourtant c’était pas nous : on nous fouillait à l’entrée et à la sortie). La grogne qui a suivi (surtout chez les manutentionnaires, encore plus mal payés que les vendeurs) ne s’est curieusement pas calmée quand un manager a sorti avec un air étonné ce fantastique élément de langage : « mais vous devriez être contents, vous touchez des livres ». Par hasard, j’ai appris que cet homme touchait environ 3600€ net par mois. Le salaire des manutentionnaires était de 1060€ net (mais avec quand même ce privilège de dingue de toucher des livres).

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Soit ils sortent tous du même moule à cons, soit c’est un élément de langage (qu’ils reprennent en coeur parce qu’ils sortent du même moule à cons).

Je suis parti quand j’ai trouvé quelque chose d’autre. Je me souviens du visage extrêmement déconfit de mon manager quand je lui ai annoncé deux jours avant la fin de mon contrat que je ne souhaitais pas rester. En même temps, on ne me l’avait pas non plus proposé, la coutume étant dans cette boîte de maintenir les gens dans le brouillard jusqu’à la dernière seconde. Bon, du coup, ils m’ont fait un gros solde de tout compte (avec un mois de retard).

De septembre 2008 à Mars 2009, mon budget nourriture était de 8€ par semaine, mon budget loisirs d’environ 20€ par mois. Je mets les vêtements dans les loisirs, au cas ou vous demandez. 44€, c’est ce qui me restait une fois les charges incompressibles enlevées. Dans les 20€ de «loisirs » étaient inclus quelques voyages à Paris, voir des amis. J’en profitais souvent pour manger autre chose que des nouilles, des pâtes, des haricots et du jambon Lidl. C’est marrant, j’ai vu il y a a peu l’article d’une dame qui souhaitait manger avec 4,5$ par jour et qui commençait par acheter du miel et des bagels, et se plaignait ensuite d’avoir faim. Si elle veut, je peux lui donner un cours. Il impliquera énormément de graisses à bas prix (faux nutella, ça cale bien le matin), de pain de mie (pareil, bourratif), de légumes surgelés pas bons et de thé en vrac a 2€50 les 50 sachets (pour tenir le mois). Et du MIEL ? Du sucre en poudre au kilo, ma grande. Et du riz, des tonnes de riz, de jambon douteux, de gnocchis, etc. En dessert du fromage blanc, et si tu veux te faire un restau dans la semaine, c’est 3 sandwiches chez Ikea (tu sais, ceux à 0,5€ le sandwich, a partir de 3, tu commences a être vaguement calé parce que les sauces sont gratos a volonté).

Le travail que j’ai trouvé alors était un travail typique de jeune parisien en galère : j’ai rejoint les équipiers d’ONG conseil pour récolter des sous pour des sociétés humanitaires.

Je pense que si je n’avais jamais pu trouver de travail dans ma branche, j’aurais fait ça pendant très longtemps. Sans entrer dans le débat sur ce boulot précis (utile, pas utile, moral, pas moral), je dois rendre hommage à cette boîte et aux trois mois que j’y ai passé.

Cette société donne sa chance a tout le monde. A part MacDo et les autres manufactures à retourner des steacks et au monde du travail sexuel, assez peu de boîtes donnent au moins une chance de principe à tout le monde. Qui que vous soyez, vous pouvez avoir un entretien d’embauche (pas forcément de suite, le boulot étant dur, très physique, parfois même un peu dangereux). Une fois embauché, si vous faites vos preuves, vous pouvez avoir de manière simple et franche des promotions en interne. Vous êtes bien payés. Vous êtes nourris. Vos responsables sont mieux payés que vous, mais pas cent fois mieux. Trois, quatre fois mieux pour les grands cadres. Mon manager était disponible et motivant. Et j’ai rencontré en quelques semaines tant de gens différents que je vais même me permettre une formule toute faite complètement bidon, c’était une belle aventure humaine. C’est d’ailleurs la seule fois de ma vie que j’ai travaillé dans une "équipe issue de la diversité" : noirs, arabes, blancs, asiates, petits, obèses, diplomés, pas diplomés, babos, punks, classiques, étudiants, jeunes, vieux, à un peu près tous niveaux de responsabilité. Les apéros en fin de journée étaient vachement plus intéressants que tout ce que j’ai pu connaître par la suite, forcément.

Seul bémol : la boîte a merdé sur les payes à un moment donné. Dix jours de retard dans les dents (environ 1700€ net primes de congés et de précarité inclus, et ticket restau tous les midis), et le loyer qui ne passe pas. Pile au même moment, j’étais dans une galère monstrueuse avec la CAF.

Peut-être est-ce à ce moment là que je suis passé le plus près des véritables emmerdements et que j’ai mesuré à quel point ça pouvait aller vite. J’ai eu le droit au visage fermé des banquiers, aux menaces de la banque de France, aux tracasseries à base de courriers envoyés, renvoyés, faxés, mailés, aux rendez-vous au fin fond du département pour rien. L’agence immobilère qui te dit tout sourire que non, pas de problème vous pourrez payer dans un mois, et que l’amende ne sera que de 10% du loyer. Et là, tu sens à quel point t’es de la merde. Un type sympa m’a avancé de la thune pour mon pass navigo pour que je puisse continuer à aller bosser.

Après une longue correspondance, la CAF finit par reconnaître une erreur de leur part (on me réclamait, au fond, des milliers d’euros que je n’avais jamais perçu !), en me disant de payer tout de même, que c’était comme ça, que l’argent était quelque part, pas chez moi, mais qu’il fallait qu’il revienne. On me fit finalement « grâce » de l’amende. Sa majesté l’administration était trop bonne (ce qui est rigolo c’est qu’ils ont commencé à me verser de l’argent auquel je savais ne pas avoir droit quelque semaines plus tard. J’ai mis ça de côté avec prudence en leur signalant régulièrement, et à peine deux ans après, ils m’ont brutalement réclamé 1700€). Je finis par recevoir ma paye de mon boulot, ce qui, pour la première fois, me permit de sortir un peu le nez de l’eau, sans avoir à faire les encombrants ou l’Emmaüs pour trouver du mobilier, sans devoir manger à l’épicerie sociale (ça ne m’est arrivé qu’une fois) avec cette impression oppressante d’enlever le pain de la bouche des « vrais pauvres ». Sans devoir m’empiffrer discrètement dès que des gâteaux étaient abandonnés en salle de pause. Sans devoir browser avec incertitude les sites d’essais médicaux.

Toujours pas jojo, ceci dit, la vie dans une banlieue dortoir, dans un appartement avec 4 prises sur 10 qui marchent, de l’eau chaude partout sauf dans la cuisine et une vie locale à peu près aussi active qu’un manchot basketteur remplaçant. Le tout toujours pour 700€. Goût du luxe, sans doute, que ces 35m², mais ne connaissant personne qui pouvait me trouver mieux, devant assumer un appartement pour deux personnes avec mon seul salaire, il ne me semblait pas avoir tellement le choix.

Au passage, essaye d’avoir l’énergie d’améliorer ta situation dans ces conditions, donneur de leçons du dimanche. Une fois que t’as pris le temps de trouver à manger, passé des heures dans le métro chaque jour, essayé de dormir un peu et gérer un zillion de galères administratives, essaye encore de te trouver un super taff de trader à New York a 100 000k€ par trimestre sans les primes. Esther Duflo a passé sa vie à étudier ça. Je postulais quand même a tout ce que je trouvais.

J’ai enfin déniché mon premier boulot en bibliothèque (celui qui devait me donner cette foutue « expérience »). Un hasard complet. Une offre sur laquelle je n’avais pas été retenu, un remplacement en BU. Pas ma filière (c’est du personnel d’état), donc pas bon pour la liste d’aptitude, mais peu importait. La personne qui avait pris le poste n’était pas restée, ayant obtenu le concours d’état qui l’emmenait vers d’autres cieux. J’étais le deuxième (bon candidat, mais sans l’expérience !). Paye minimum pour un cadre de la fonction publique (1348€ net), pas de prime, pas de régime indemnitaire, mais un tarif social au Restau U, un super cadre de vie, et six mois assurés de tranquillité financière (d’autant plus que je me suis mis à sous-louer un peu mon appart, acceptant pour cela de dormir pendant des mois sur mon convertible pour laisser la place à une amie beaucoup, beaucoup plus dans la merde que moi). A seulement deux heures de train de chez moi, et passage obligatoire par Paris (sinon, en bagnole, avec 200€ de frais d’essence par mois).

C’était le début d’une nouvelle vie : la vie dans les trains, de banlieue à banlieue. Pas moyen de déménager (pas pour un contrat de six mois avec peu de chances de renouvellement).

Niveau boulot, j’ai découvert des aspects des empoisonnent ma filière depuis des dizaines et des dizaines d’années. Nous étions un certain nombre de galériens précaires (3 sur 4 en CDD dans mon unité de travail), errant de services en service, nécessaires au fonctionnement du SCD de la fac mais sans la moindre garantie d’y être encore le lendemain. Payés le minimum, parfois pendant dix ans (CDD = pas d’ancienneté, pas d’échelons, rien). Nous regardions d’un oeil assez mauvais les incompétents notoires, bougés de service d’année en année pour déplacer le problème. Les profs retraités incapables de partir en retraite et nous regardant avec une sorte d’effroi en apprenant notre salaire, eux, les titulaires en fin de carrière. J’ai découvert le concept de chaîne de commandement dans l’administration, me retrouvant sur un projet ou il y avait pas moins de huit niveaux hiérarchiques de validation et ou, du coup, rien n’était jamais validé.

Je me plains peut-être trop, là. La plupart des gens rencontrés là-bas étaient vraiment sympas, quasiment tous faisaient leur travail sinon avec zèle au moins honnêtement, et j’y ai fait un nombre de rencontres non négligeable. Et, ne négligeons pas ça : mon boulot était, concrètement, assez intéressant.

Et puis le fait d’être obligé de passer par Paris, outre me faire vivre l’expérience fascinante du « levé à 5H00, rentré à la maison à 21h00 » avait tout de même un avantage : ça m’a forcé à visiter un peu la ville, qui n’est quand même pas la plus laide du monde (même si ça sent beaucoup le pipi partout, j’insiste, mais quand on en part et qu’on y retourne, c’est tellement flagrant). Bien sûr, il fallut faire quelques accommodements : plutôt gourde dans le sac à dos que bière à la terrasse, pas trop les moyens de faire autrement. Repérer les expos gratuites, les journées portes ouvertes dans les musées, etc. Mais même avec quasiment rien en poche, on peut voir et faire des trucs à Paris.

L’expérience aidant, on a fini par me recruter « pour de vrai » sur un boulot en Territoriale, juste après la fin de mon contrat à la Bibliothèque (juste un trou de deux semaines, ce qui fait qu’en août 2009, j’ai du vivre sur un demi-solde. J’avais anticipé en stockant pas mal de bouffe et en liquidant ma prime pour l’emploi stockée en cas de coup dur). C’était un vrai boulot, qui correspondait à mon concours, j’étais responsable d’un petit réseau de lecture publique, toujours en banlieue, dans une petite ville chiante et très bourgeoise. Je remplaçais une personne malheureusement décédée, et j’avais eu la chance d’être le seul candidat à l’offre. Entre temps, on m’avait jeté de tout un tas d’autres offres, me reprochant quasiment systématiquement ma jeunesse, et me ressortant à la pelle cet argument incroyable de « vous ne pourrez pas encadrer des gens expérimentés ». J’ai 29 ans, et cet argument commence seulement à arrêter de me coller aux fesses, après trois expériences dans le domaine (mais on me le sort encore de temps à autres, mais tu sais, ça fait plus de quinze ans que j’ai dix ans). Ceci dit, c’est vrai que je n’ai aucune expérience (sauf empirique) du management. Un peu comme tous les quinquagénaires de la filière, qui n’en ont pas plus que moi voire qui, contrairement à moi, ont une hostilité de principe au concept même de management et gèrent absolument tout au hasard (au mieux) voire en traitant tout le monde comme si c’étaient l’ombre du chien de leur boniche (au pire).

Ce boulot était un peu un boulot à la con. Mais avec le système de la liste d’aptitude, un boulot à la con, c’est une rivière de lait et de miel. Dire que dans cette ville, la culture était la douzième roue du carrosse, c’est encore faible. Très peu nombreux pour faire fonctionner un réseau assez étendu, nous avions des horaires de service public très étendus, un budget ridicule (les recommandation nationales estiment en général qu’une ville devrait consacrer 3€/habitant pour l’achat de documents dans ses bibliothèques ;cette ville était à environ 0,45c), et mon propre travail impliquait de savoir absolument tout faire en même temps (gérer des collections, des périodiques, des abonnements, une politique d’animation et d’innovation, et les relations avec les élus), le tout dans un local qui s’avérait être un hall d’immeuble reconverti (avec les tuyaux de la chaudière dans le couloir, et tout). L’équipe était sympa, même si marcher dans les godasses d’un mort est une expérience que je ne recommande à personne. J’étais alors payé 1450€ net sur 13 mois. Ce boulot était à environ une heure et demie de chez moi. Plus tard, j’ai habité dans Paris intra-muros, réduisant ce temps à une heure aller, une heure et demie retour.

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S.T.A.L.K.E.R ? Non, simplement la gare de Massy-Palaiseau, brûlante en été, glaciale en hiver, avec les odeurs de déchets du marché avoisinant, ses correspondances impossibles à chopper, sa faune dangereuse et ses trains défoncés. Sexay !

Cependant, le manque de moyen, et le manque de considération absolu de la mairie, voire l’hostilité du maire à l’existence même d’une bibliothèque pesaient lourdement sur nous. Le climat généralisé de népotisme et de corruption n’aidait pas.

Je suis resté un an et demie dans cette ville. J’y ai vu et entendu assez de choses qui, si on les généralisait, feraient perdre la foi en la démocratie à Tocqueville, Mirabeau et Oui-Oui en personne.

J’y ai constaté des dépenses somptuaires du genre « toute la majorité à la cantine du Sénat » alors qu’on me refusait un demi-poste pour pouvoir ouvrir dans des conditions décentes et que le maire avait un chauffeur payé par l’Etat.

J’y ai constaté le cumul parfois complètement illégal des fonctions et mandats.

J’y ai assisté à la protection de personnes bien vues de la mairie, payées grassement à strictement rien foutre alors qu’elles n’avaient pas l’ombre d’un concours tandis que d’autres voyaient leurs services amputés « d’un départ à la retraite sur deux ».

J’y ai vu de la corruption, des marchés truqués, du clientélisme, des notables qui ne payaient pas leurs charges, des associations influentes qui ne payaient rien du tout, et du gaspillage a donner le tournis.

Je m’y suis fait insulter un paquet de fois (« je ne te parle pas parce qu’on ne devrait pas être chef à ton âge » m’a un jour dit un employé de mairie). Une fois, le maire m’a même hurlé dessus pendant ses voeux (bonne année !). Mais c’était rien de personnel, il avait l’habitude de défoncer un ou deux services au hasard chaque année.

J’y ai vu d’anciens communistes locaux rejoindre un autre parti parce que c’était leur meilleure chance d’être élus à quelque chose.

J’y ai vu le champagne pour le départ d’un élu et le jus d’orange pour le départ d’un technicien.

Je dois être un sacré salopard pour n’avoir rien dit. Mais voilà, j’étais en année de stage. L’année de stage, c’est l’année ou tout se décide. Si d’un nom sur cette fichue liste, tu deviens titulaire, ou pas. Alors quand tu es en année de stage et que t’as ton bilan tous les trimestres, tu ne la ramènes pas trop. Tu fais pas de vagues, tu fais ce que tu peux avec ce que tu as, tu te farcis les conseils municipaux sinistres et grotesques, tu serres les fesses, et tu te dis que tu te syndiqueras un jour. (Mais pas dans une ville ou le seul syndicat représenté est un truc bidon créé par un proche de la majorité.)

Dans des conseils municipaux, tiens, j’ai entendu que le quartier ou je travaillais était « un coupe gorge » et « un ghetto » dans un contexte ou la phrase ne pouvait qu’être situé entre le mépris de classe et le racisme ordinaire.

Un jour, je suis réquisitionné un dimanche (pas payé, parce que faut pas déconner, dès fois que la paye du chef de service passe au dessus des 1500 ! par contre, qu’est-ce qu’on pouvait me filer comme congés pour aller dépenser l’argent que j’avais pas !) pour participer à la Fête des Animaux. Oui, oui. Le stand bibliothèques entre le stand « crottes de chien » et celui d’un éleveur d’oies. « Pour lire des histoires aux enfants sur les animaux ». Soit. Sous une pluie battante, en décembre, dans le froid, avec du café froid en guise de catering, je lis des histoires à des gamins avec pour fond sonore un petit vieux qui fait de la réclame pour le miel du coin et le chenil machin truc. Vers la fin de l’après-midi, le maire arrive, avec un porteur de parapluie, et commence sa tournée des serrages de mains. Arrivé devant moi, il me regarde avec intensité avant de me marmonner « bonjour, bibliothèque » et de partir. J’étais chef de service dans sa ville depuis plus d’un an.

Je n’évoque pas la personnalité de ce bonhomme plus en détail, je garde ça pour une pièce comique que j’écrirai peut-être un jour. Disons qu’il était si timbré qu’il a réussi à faire partir ma remplaçante potentielle pour un boulot moins bien payé dans la ville d’à côté.

Bon. Financièrement, je m’en sortais plus ou moins (enfin, je pouvais me payer l’accès aux loisirs hors téléchargement illégal, avec une carte UGC), et j’étais pas à la mine non plus. J’avais du mal à m’imaginer travailler dans un environnement so médiocre bien longtemps, cependant. 5 ans d’études, pour 50 à 60€ de plus par année d’étude sur un SMIC, pour me faire qualifier de « caissière » par un élu et « bonjour bibliothèque » par mon maire. Après ma titularisation, j’ai appris que je n’aurais pas de régime indemnitaire (pour les noobs de l’administration, vous aurez constaté le côté « modeste » de nos rémunérations, y compris pour les managers. Le régime indemnitaire est une prime destinée à corriger un peu cela). Dès que j’ai pu, j’ai cherché à partir.

Alors célibataire, j’ai décidé en parallèle de me mettre à la recherche de l’amour. Vous vous en foutez, mais c’est important. Peu de gens mesurent, je crois, à quel point c’est complexe, à Paris, en ce début de siècle. Avec un petit salaire, précaire, dormant sur un canapé à 50 bornes de toute activité culturelle et vivant à moitié dans le train. Bonjour le super plan. Je suis pas certain que j’aurais voulu de moi non plus (sauf pour les plans-culs, qui ont tendance à s’en foutre de votre quantité d’heures de train et du fait que votre table de salle à manger soit un tas de bouquin avec un carton renversé dessus). Au final, y’en a bien une qui a voulu de moi, et, coup de pot, c’était The One. Elle habitait dans Paris. J’ai lâché mon appart et 90% de ce que je possédais pour la rejoindre dans son petit appartement de 25m² vers Nation. Je suis pas matérialiste, j’ai donné pas mal de trucs à moi à la biblio ou je bossais, et un frigo au mec de la déchetterie municipale.

25m², Parce qu’en 2010, c’était ce que pouvaient se payer sans trop se ruiner (ni se prostituer) deux adultes avec des payes de cadre dans Paris Intra-Muros (dans un quartier assez populaire). 25M² au 5è sans ascenseur, avec des radiateurs aux fraises. Et encore, c’était une affaire, un gros coup de pot obtenu par piston : seulement 600€, en dessous des prix habituels (autour de 700, 750).

Novembre 2010. Fatiguée de son travail, frustré par le mien et une vie dans les transports en commun (merci à tous, alertes à la bombes, grèves, incidents voyageurs, dégradations, panne, correspondances ratées, horaires changés, oscar collectif de la vie de merde pour vous !), nous partons en province, pas très loin de Paris, dans une petite ville ou nous habitons encore.

J’ai accepté pour cela un boulot, motivant sur le papier, beaucoup moins en pratique, qui me faisait « rétrograder » en responsabilité. Je n’étais plus directeur d’un réseau, mais chef de service dans une grande structure. En gros, je devenais un véritable « cadre intermédiaire » (et récupérai au passage un régime indemnitaire. Avec l’ancienneté, mon salaire est désormais de 1984€ net, joliment calqué sur ma date de naissance).

Je ne sais que trop ce que je risque à en dire plus à ce sujet. Je connais mes droits et mes devoirs, alors je vais la boucler gentiment pour pas avoir trop de problèmes. Disons simplement que si le maire dont je parlais ferait une bonne farce en un acte (voir un bon personnage secondaire de cuistre dans Achille Talon), mon boulot actuel serait une sorte de tragi-comédie mal écrite, une accumulation de n’importe quoi poussée jusqu’au grotesque, qui serait super marrante si elle ne poussait pas tout un tas de gens à s’enfiler du xanax pour ne pas se pendre au lustre. Dans celui-ci, j’ai tenu trois ans, et je serais prêt à accepter pas mal de merde pour en partir. Il m’aura en tout cas appris quelque chose : y’a pas besoin d’être de droite pour allier élitisme, mépris de classe et harcèlement. C’est cool, tous à égalité dans la connerie.

Au fait, je pense pas que ça vous passionne, mais mon papa est très a gauche, ma maman un peu moins, et je suis une assez bonne synthèse des deux : j’ai voté Eva Joly (oui, c’était moi). Comme je disais plus tôt, on m’a toujours appris à être plus curieux que méfiant. J’ai des amitiés de la droite à la gauche de la gauche, et je peux comprendre tous les systèmes de pensée, sauf celui qui prétend détenir la vérité absolue (riez pas, ça fait déjà la plupart des gens). Je sais que je ne sais rien et toutes ces merdes. J’ai quand même un peu de mal avec les fachos, ceci dit.

Bon. Le banquier qui vient de me dire que mon apport pour l’appartement que je souhaite acheter avec mon épouse (bah ouais, entre temps il m’est pas arrivé que des trucs de boulot ) et qui me reproche d’avoir « un petit apport » peut aller se faire enfiler par douze gorilles avec du gravier et du sable. Je lui suggère fortement le coup des 8€/semaine à Lidl pendant quelques semaines, qu’on en recause après. Je veux acheter un appart, en 2013, en étant fonctionnaire et relativement bien payé avec mon épouse en CDI. Il est pas supposé me sucer goulûment la teub en me disant oui maître, celui-là ?

Je n’aime pas beaucoup les banques, vous savez.

Tout ça pour dire que j’ai eu beaucoup de chance, au fond, et que j’en suis conscient. Je suis toujours passé entre les mailles du merdier. Un peu parce que je suis débrouillard, un peu parce que j’avais des bases scolaires solides, et un peu parce que mes parents m’ont bien élevé et m’ont donné de la ressource. Ca reste du pot, la plupart de la succession de petites galères qui me sont arrivées en auraient foutu d’autres à terre. C’est quasiment comme si j’avais réussi à me jeter dans l’ascenseur social juste au moment où les portes claquaient avec violence. L’ascenceur ne monte pas très haut, il est cabossé, on voit passer à toute vitesse les ascenseurs huilés de ceux qui ont de plus en plus et on voit s’écraser les cabines en bois de tous les autres, tout ceux qui ont eu juste un peu moins de pot que moi. Bon, c’est toujours un ascenseur social. Je fais « mieux » que mes parents, ce qui semble être une sorte de challenge parfaitement ardu depuis que la crise s’est ajoutée à la Crise.

Ah, bon sang, la Crise. A part un ou deux ans ou ça avait l’air d’aller en 2000-2002 (au passage, j’avais pas le droit de vote en 2002, je n’ai donc jamais voté Chichi), je ne crois pas me souvenir d’avoir vécu autre chose. On est nés dans le chômage chronique, dans le pétrole et l’électricité de plus en plus cher, on est né dans ce système verrouillé ou rien ne semble à ta portée (mais tu peux faire un stage et toucher des livres). Mes vieux rêvaient de combis en alus et de fusée, nous on a les films de zombies comme prospective. J’ai l’impression que c’est la merde depuis toujours et qu’on ne nous a jamais tenu le moindre message d’espoir. Beaucoup de gens ne le comprennent pas. L’horizon politique à base de celui qui t’austeritera le plus fort, c’est déjà dur quand t’as fait ta vie et ta carrière, mais alors quand tu rames pour arriver à avoir le début de quelque chose, c’est quand même un peu sec.

Une collègue, la cinquantaine, me disait il y a peu que quand elle était jeune (comme moi ?), elle prenait sa voiture tous les week-ends et elle allait camper à la plage. Suivi d’un discours sur « pourquoi ils font plus pareil maintenant les jeunes sont nuls avec leurs écrans ils sortent plus etc. » (le bullshit habituel). Eh bien, voilà, chère collègue, un indice sur les jeunes et leurs écrans : s’ils ne vont plus à la plage tous les week-ends, c’est parce que prix du baril était à 2$ à l’époque, et à 130$ maintenant. parce que faire le plein, ça consomme 5% de mon salaire, 20% de mon reste à vivre une fois toutes les factures et compagnie payées et trois sous mis de côté (et j’ai quand même un double SMIC). Parce que personne ne va prêter une voiture correct à un jeune stagiaire, ni à un mec sous-employé en CDD. Parce que le train est effroyablement cher dès que sonne le glas de tes 26 ans. Parce que nos salaires sont bloqués depuis quatre ans.

Oh bien sûr, c’est connu, nous dépensons notre argent n’importe comment « nous les jeunes ». Infoutus de mettre un sou de côté. Salauds. Le fait est que vous ne devriez jamais oublier que la part de nos dépenses incompressibles a augmenté comme jamais. Transports, Internet, Téléphone (tu me diras, je peux ne pas prendre les transports, ne pas avoir Internet ni le Téléphone, et ça sera ultra commode pour trouver du boulot). La bouffe est chère (pas le jambon reconstitué Aldi à la viande de ragondin ni les steaks à l’huile végétale de Schlecker, ceci dit, choisis ton cancer), tout est cher. Pour aller voir mes parents, je ne peux pas m’en sortir pour moins de 200€ aller-retour. Bien entendu, je peux tout envoyer chier et aller vivre dans un village de hippie naturistes pour faire du fromage de chèvre, mais bon, j’ai beau ne pas être trop matérialiste, j’ai pas non plus la fibre agricole.

Mais ou est donc passé tout ce fric ? Je comprends bien, quarante zilliards de dollars imaginaires se vaporisent quand il s’avère qu’une bande de marioles ont vendu des maisons insolvables au lumpenproletariat du Midwest, et du coup, toute cette économie basée sur du vent se met à avoir la gorge serrée. Les riches étant puissants, les pauvres sans le sou, c’est naturellement à « moi » qu’on fait les poches. Ca tombe sous le sens, et comme diraient les vieux connards éditorialistes à la petite semaine « y’a pas le choix ». Mais « moi », le jeune actif en ménage c’est aussi le type supposé consommer Dites moi juste comment, ok ?

Mais oui, ou est passé tout ce fric ? Il semblerait que mon salaire soit la chose la plus insupportable du monde. Fermez mon service une semaine, et les mêmes couillons écriront à la mairie pour se plaindre, habitués qu’ils sont au beurre et à l’argent du beurre et « moi » à rien du tout. Pourtant, je ne parle que pour les services ou j’ai travaillé, la masse salariale est déjà bien, bien exangue.

Il y a un tas d’explications pour savoir ou il est, ce foutu argent, quand on farfouille un peu. Les alimentations de nos ordis au rabais consomment une électricité monstrueuse. Le simple vitrage fuit. Le bâtiment n’est pas aux normes. On a externalisé le ménage pour qu’il soit plus cher et moins bien fait. Le nombre de repas gratuit fourni par la mairie pour divers coupages de rubans frôle le comique. Le maire offre 600 bouquets de roses à tous les vieux de la ville. On construit le stade bidule et la salle machin que personne n’a demandé. Les chasses d’eau de nos gogues sont préhistoriques. On paye des prestas monstrueuses pour de la communication institutionnelle inutile. Etc etc. Quel fonctionnaire n’a pas autour du cou son collier d’anecdotes ? Je suis donc de cette catégorie de couillon à qui on reproche tout, qui voit depuis des années une ribambelle de notables s’en foutre plein le groin jusqu’à la dernière goutte en faisant donner par leurs DGS des leçons d’austérité aux chefs de service qui font rien qu’à commander des trombones.

De toutes façons, quoi que je fasse, je suis foutu et cerné. Si je consomme, je suis ce salaud qui a oublié ce que c’était que l’écologie dans laquelle on me baigne depuis tout petit. Quoi, une voiture ? Et la planète ! Les bio-carburants ? Et les mexicains qui peuvent plus bouffer ! Electrique ? Et Fukushima. Putain de matérialiste qui ne pense qu’à accumuler des saloperies au lieu de communier avec Gaïa. Mais si je consomme pas, alors là, gare à ce monstre qui refuse d’acheter Français, de participer à l’effort national, à la relance ou à je ne sais quoi. La vérité, c’est que, pour encore une fois parler comme à la télé, « je n’ai pas de marge de manœuvre ». De toutes façons, je consomme un peu de gré ou de force (au moins tous ces trucs incompressibles dont je causais), mais pas trop parce qu’à part les maboules des crédits-consos, personne ne veut vraiment prêter d’argent « à un jeune ».

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Bon ok, y’en a qui veulent bien lâcher un ou deux millions de dollars, mais j’ai toujours la flemme de répondre à mon courrier.

C’est pas faute d’être la cible des cerveaux pleins de coke et de trous des marketteux dans la pub. Le jeune, figure grotesque, simiesque, molle, plastique, toujours abruti, aimant le sucre, la baise, et « être comme il est » habillé comme un clown, parlant avec une sorte de jargon des années 80, qui ne pense qu’à faire la fête, est une des figures les plus grotesques de la Commedia dell’arte publicitaire. La subversion étant un marché énorme depuis les hippies, le jeune en figure de marginal carnavalesque a envahi les spots, le coloriant de n’importe quoi bariolé avec des baskets. Regardez le moindre épisode de Soda sur M6 ou de n’importe quelle série markettée pour "la ménagère" mettant en scène des jeunes, et demandez vous si vous accepteriez une seconde de cohabiter avec un tel abruti.

Il y a entre ma génération et les précédentes, en réalité, un gouffre abyssal. Il a du exister entre toutes les autres générations, mais là, il y a quelque chose de grave, d’irréconciliable. Depuis la fin de la Guerre, chaque génération avait une vie plus opulente que la précédente. Pour nous, avoir juste la même chose, c’est déjà ça. Mais ce n’est pas tout. Nous sommes aussi la génération numérique. Effroyable cliché du jeune mollusque devant son écran, mais merde, qu’est-ce que vous voulez bien qu’on y fasse ? Chercher un emploi, écrire, lire, communiquer, voyager, écouter de la musique, le cinéma, tout ceci a subi une dématérialisation proprement incompréhensible à ceux qui ne souhaitent pas le comprendre. Le changement n’est pas uniquement théorique et technologique, il est comportemental. Le « monde des vieux » (notez les guillemets, je suis le « vieux » de tout ce qui est né après 1990) était unipolaire et culturellement assez simple. L’accès à la culture ni française ni américaine était une affaire de spécialistes. Je peux citer aujourd’hui des dizaines de séries télévisées Scandinaves, Japonaises ou Sud Américaines. Je peux regarder la télévision de la plupart des pays du monde. Si les distributeurs n’ont pas envie de me proposer un film mais que je veux le voir quand même, je peux m’en sortir en une paire de clics. Des groupes du monde entier défilent sur les scènes des festivals qui ont poussé le long des routes comme des champignons ces dernières années. Le temps de réaction des puissants de la société française en dit long sur le niveau d’incompréhension entre eux et nous. Dix ans pour lancer une offre légale de musique en ligne digne de ce nom, et des patrons de salle et de scènes, 45 ans de moyenne d’âge, infoutus de comprendre BandCamp, Ulule, l’autoproduction, le streaming, le marketing sur les réseaux sociaux, confondant Facebook et Twitter. Baignant dans un âge d’or qui, au fond, n’a existé que dans leur cerveau trop paresseux pour comprendre ce qui vient après eux, trop occupé à enjoliver ce qu’il y avait avant. Ahhh, cette fabuleuse période 1995-2003, le pinnacle de la création musicale à base de Hit Machine et de Spice Girls ! Et la musique, ça va encore. L’offre légale de livre numérique est tout simplement absente (pas la scène pirate, je vous rassure, la nature a horreur du vide), l’offre VOD est tellement bancale qu’elle fait l’objet de blogs super rigolos. Dans les cinémas, qui coûtent le prix d’un restau si on a pas la chance d’être abonné dans un multiplexe dégueulasse, on invente les places de seconde classe. (ça me fait penser qu’en bibliothèque, supposément service public, il est assez fréquent que plus vous soyez pauvre, moins vous ayez accès à un grand nombre de documents, c’était mon bisou du jour à la lecture publique).

En gros, on nous a donné les outils pour avoir accès à toute la culture du monde, puis on nous a interdit de nous en servir, dès fois qu’on en fasse quelque chose, qu’on trouve des moyens alternatifs de la financer, ou qu’on donne de l’argent à un artiste plutôt qu’à une chaîne de distribution longue comme le bras. Il n’y a dernière ça ni complot, ni manigances sordides de fond de placard. Juste un système d’antan, ou tous ceux qui nous ont collé le nez dedans sont encore là, se refilent les places, et font perdurer jusqu’à la fin de la lie un système dont plus personne ne veut.

Malgré tout ça, on s’entête à faire honneur à l’exception culturelle française (Joséphine Ange Gardien et les films avec des gens qui s’engueulent en mangeant). Ces salauds de jeunes qui ne foutent rien à part Wow devant leur PC fréquentent par millions les festivals et les concerts. Chers adultes, sous le patronage de vos générations d’enfants de la télé, le nombre de film vu par habitants au cinéma tomba de 9 en 1950 à 2,3 en 1995. Il est aujourd’hui remonté à 3,3 (paraît que ça baisse cette année, mais m’est avis que le point de non retour commence à être allègrement franchi au niveau de la billetterie). Merci, y’a pas de quoi, les abrutis devant leurs écrans accepteraient bien un peu de considération en retour. A croire que plus on a accès à des trucs, et plus ça nous donne envie d’en manger, de la culture. Le milieu effroyablement élitiste et étriqué de l’édition littéraire en prendra un jour de la graine, mais pas tout de suite. Pour lui, la crise n’a pas encore commencé. Il suivront le pattern habituel : quelques années à hurler que le livre numérique est un danger qui tuera le livre papier comme la télé a tué la radio et internet la télé (ça on est dedans). Puis quelques années d’offre légale hors de prix et horriblement chère et de chasse aux pirates. Puis quand le marché se sera complètement cassé la gueule, un certain nombre d’offres mi-figue mi-raisin émergeront, et feront au passage un travail probablement massif de fichage et de revente de nos données personnelles à je ne sais qui. Vous inquiétez pas, on a l’habitude. Pour ceux qui se seront cassé la gueule, les petits disparaitront la gueule ouverte, les importants toucheront assez d’aides et de subventions pour que ça ne se voit pas.

Bref. Je devrais insérer des trucs sur les imprimantes 3D pour imprimer ses propres pizzas, mais j’ai pas envie.

Dans l’ensemble, quoi que vous en pensiez, on est quand-même de bons petits soldats, et on range bien nos chambres. On consomme comme on peut, on travaille quand on peut, on regarde passer les trains des nantis nés avec une cuiller dans la bouche, et on serre les miches pour pas que ça soit pire (on est habitués à l’idée que ça soit pire). Et, bon sang, je sais que c’est vrai parce que ça arrive à tous les potes que j’ai et qui viennent de régions à la con comme la mienne : on va là ou on nous dit d’aller.

J’aime assez cette idée de la droite tradi qui veut que nous soyons des déracinés sans valeurs -actuelles- (j’imagine que la droite libérale aussi à cette idée, mais chez eux, c’est plutôt une qualité d’être « global »). Qu’est-ce que vous voulez bien qu’on y fasse ? Je n’ai pas été crécher dans des taudis minuscules dans une ville hors de prix et fait des centaines d’heures de train parce que c’était rigolo ou par désamour de mon terroir mosellan. Dans les Déracinés de Barrès, c’est un salopard de gauchiste de prof de philo de merde (je vous raconte la fin : en fait c’est un escroc mouillé dans le scandale de Panama ! Bouh !) qui manipule les jeunes âmes Lorraines pour les envoyer s’avilir à Paris. Pour nous, c’est juste le chômage. Et puis il faut être « mobile ». T’as pas le choix. Une offre sur deux. Mobilité, grande disponibilité, si possible avec ta caisse et pas payé. Tu t’en fous, tu sais que t’as pas le choix parce que même à Pétaouchnok, y’a deux cent CV pour une place.

J’ai un tout petit peu de chance en la matière étant dans une branche qui doit respecter bon gré mal gré un certain respect de façade du droit du travail. Comme je le disais, j’ai des amis dans le monde de l’édition, mais aussi de la traduction, du jeux-vidéo ou de la communication. Je pense qu’en bas, tout en bas de l’échelle de mes amis, il y le monde effroyable des graphistes, où le travail gratuit est quasiment devenu la norme. Il y a tellement d’articles à ce sujet que je ne m’étend pas, il paraît même que mon maçon était illustrateur. Mais un type qui vend votre travail 500 ou 600€ à ses clients en vous faisant miroiter un CDI qui ne viendra jamais (ou après des années de travail gratuit) ne devrait jamais laisser trop traîner sa fiche de paye ou son bilan de stock options. Les têtes qui se coupent, ça se coupe souvent sur pas grand chose).

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Ca vaut aussi pour les rédacteurs de trucs.

Soyons sérieux, nous avons tous complètement intégré le fait que le Droit du Travail, tout le monde était assis dessus avec le gros cul d’Haroun El Poussah. Mon épouse a bossé dans une start-up que nous ne citerons pas qui lui a déchiré trois ou quatre fois son contrat pour lui faire enchaîner les CDD, qui employait des autoentrepreneurs sous-payés sur un statut bidon pour frauder le fisc, qui généralisait les abus matière de condition de travail… Et dont le but plus ou moins avoué était de produire un produit bancal destiné à être renvendu pour faire une grosse plusvalue à l’actionnaire (un type qui a « des idées saines »). Le Droit du Travail ? A peine si on a le Droit au Travail. Vas-y, essaye toujours de te rebeller, y’en a plein dans le couloir qui se rebelleront pas. Tu m’étonnes que les mecs de quarante cinq piges se suicident à France Télécom.

Ils ont connu l’ancienne méthode, le management à visage humain, la sécurité de l’emploi. Maintenant ils voient défiler les stagiaires en tant que main d’œuvre servile, avec des cadences intenables, des objectifs cyniques, l’usager devenu un client, et des managers sortis d’écoles de commerces qui leurs disent de faire avancer une petite voiture sur un circuit avec des smileys quand ils ont fait une vente.

On a pas l’air de se révolter beaucoup contre ça, « nous les jeunes », et ça aussi on nous le reproche (moi à ton âge j’étais sur les barricade ! Société tu m’auras pas, hein ?). Mais on a rien connu d’autre que ce mic-mac entres le Meilleur des Mondes, 1984 et Métropolis. La sale gueule d’Apathie (payé à quoi foutre ?) te rappelle tous les soirs que « t’as pas le choix », de toutes façons. Et si jamais t’as encore envie de te révolter, oublie pas que t’as pas trop intérêt à te plaindre, avec tous ces pédophiles-terroristes-islamo-gitans qui rôdent. Y’a pas de complot pour en arriver là. Juste que le peu qu’on te laisse, on te fait bien comprendre qu’il faut te battre pour le garder, l’ennemi est partout. On a perdu nos illusions, et on a assez de biens de consommation pour que ça fasse passer la pilule (dans les banlieues, ils ont la beue qui fait office de, au fond, c’est le même délire, un mauvais pétard ou des DivX, ça fait passer le temps et ça t’empêche de complètement fondre un boulon et d’aller tirer dans la foule).

C’est l’idéal pour qu’on ne se révolte pas. Si les Grecs ont pas encore foutu une junte au pouvoir ou juste foutu le feu à tout le Péloponnèse en pendant les popes avec les tripes des armateurs, c’est que le Système est assez bien pensé pour qu’on puisse encaisser sans bouger tout ça pendant encore longtemps. D’ailleurs, hein, si tu la boucles pas, demain, ça sera toi la Grèce, alors ta gueule et sois content d’avoir un stage dans ma super boîte d’événementiel.

C’est quand même fou, au fond. En Algérie, ils ont besoin de l’armée pour calmer les gens. Ici, on a l’Amour est dans le Pré et Easy Jet.

L’échec du Système est immense. Tous les diplômés un peu ambitieux que je connais, y compris ceux qui auraient pu faire gagner des brevets faramineux à la France se sont barrés ou sont au chômage. On ne mesurera sans doute pas avant très longtemps le poids tragique de cette hémorragie humaine plutôt silencieuse. Personne ne veut de nous (a Bac+8 pour 1200€ de salaire, on peut considérer qu’on ne veut pas de toi, je pense), tout le monde nous regarde de travers avec un poids que vous ne mesurez probablement pas (et là encore, ne parlons que des blancs français non gays, masculins et valides pour parler d’une situation commune, ceux n’entrant pas dans cette catégorie ont en plus tout un tas de problèmes autrement plus emmerdants). Et à chaque miette qu’on te concède, prosterne toi et embrasse la bague.

De toutes façons, il n’y a plus de conquêtes sociales à venir, on nous l’a assez martelé. Il n’y a plus que de la perte. Moins de sécurité, moins de salaire, moins de travail, moins de droits, moins de tout (alors t’as intérêt à souscrire à la police machin truc, vite, dès fois que !). Pour un mariage gay (qui d’ailleurs a jeté dans la rue avec violence toute cette jeunesse conservatrice à raie au milieu, parents nantis et balais dans le cul que le monde nous envie), vague conquête dont je me réjouis sincèrement mais qui au fond ne concerne que peu de gens, combien de droits sabordés dans l’indifférence générale ? J’aurais moins mal au cul le jour ou mon taux marginal d’imposition repassera sous celui de Liliane Bettencourt, vous m’excuserez.

Je plains la génération qui arrive après, parce que vu l’etat de la machine maintenant et les outils qu’on nous laisse pour en faire quelque chose, ils vont devoir être sacrément créatifs.

J’ai beaucoup parlé de boulot et de conso, de style de vie. Mais j’aurais pu parler de beaucoup d’autres façons de l’impossibilité d’être ce jeune homme ou cette jeune femme moderne en 2013. Si t’es un mec, tu dois être mi Georges Clooney mi Vin Diesel mais pas trop, macho mais pas machiste, séduisant mais irréprochablement fidèle, avec un salaire sécurisant mais pas accaparé par le boulot, aussi bon en séchage de linge qu’en shopping louboutin, un mélange entre la meilleure amie, le loup-garou et le vampire. Prends-soin de toi, mais pas trop, dès fois que ça deviendrait suspect. Si t’es une fille, tu dois être cool mais féminine, intello mais pas trop (dès fois que ça fasse peur), maman mais sexy et d’ailleurs pourquoi t’es pas encore maquée vu ton horloge biologique, incubatrice sur patte mais aussi femme de ménage et pilote de fusée, indépendante mais pas célibataire, ouverte mais hétéro quand même, faut pas déconner. Epanouie, mais pas trop fort, sinon c’est vulgaire. Et tous les deux, surtout, faire du sport et être créatif, original mais pas marginal, quand même pas trop déconnectés de toute la télé-réalité déversée comme du boudin putride directement de l’anus de Nonce Paolini dans vos globes occulaires, sinon de quoi on parlera demain à la machine à café ?

De toutes façons, quoi que vous fassiez, ça ne sera jamais assez bien, vous resterez ces fainéants éternels, cigales ignorantes, face aux générations précédentes, si pleines de sagesses et qui nous livrent l’économie, le marché immobilier, l’écologie et le cadre de vie dans un tel état de perfection. Vous inquiétez pas, amis trentenaires, dans dix ans, vous regardez probablement les jeunes d’alors avec le même mépris. Je ne calcule plus le nombre de gens de mon âge parlant « des ados » comme de chimpanzés toxicomanes alcooliques autistes ignares et partouzeurs. C’est le début de la fin.

Il y a trente-cinq ans, un jeune et fringant chanteur a écrit un quasi concept-album autour de la trentaine avec son pote Voulzy. Toto, Trente Ans, rien que du malheur. C’est un album sombre, noir, choc-pétrolier, qui contient des perles de sleen, voire de sinsitrose comme Le Dégoût ou le Bagad de Lann-Bihoué. Un album sur l’incapacité à s’épanouir dans la société des années 70.

Et trente cinq ans plus tard, un rappeur de mon âge qui a été tour à tour le Grand Satan et le Petit Chéri des médias a sorti ça, qui ferait passer Céline pour un militant contre le nihilisme. Le même mec, à quelques mois d’écart, mais les mass médias sont sans doute la branche la plus complètement pourrie et déconnectée de la réalité, peut-être même devant les politiques. Quand ta notion d’un chroniqueur ou d’un intellectuel c’est BHL-Zemmour-Finkelkraut-Barbier et des marroniers sur le salaire ds cadres et les Francs-maçons, faut pas non plus espérer d’étincelle. Bref, il a assez bien résumé la situation actuelle, une génération plus tard. Tout a l’air tellement foutu, et c’est sur nous que ça tombe.

Je n’en veux à personne. Je ne foutrais probablement jamais le feu à rien du tout. Mais je trouvais ça intéressant de vous rappeler en quelques pages ce que c’était que d’avoir trente ans aujourd’hui.

C’est pas génial.

En 2014, j’organise une boum pour mes trente ans.

(Le premier commentaire qui écrit les mots « génération y », je lui fais un shampoing avec du plomb fondu.)

252 réflexions sur “Toto, Trente Ans…

  1. Aer dit :

    On en est la ouais.
    En lisant j’avais envie de commenter plein de trucs mais l’article est super long et j’ai pas forcément envie de retaper mon exploit useless de la dernière fois. Je vais donc me contenter de hocher la tête à peu prêt partout.

    Y’a un truc la tout de suite dont je me souviens quand même, c’est quand tu parles de Facebook et de pouvoir voir les parcours des gens. C’est quelque chose que j’ai remarqué il y a un an ou deux (quand j’étais encore dessus quoi), avec plus ou moins les mêmes chances chacun (j’ai passé ma "grande" scolarité dans une ville tranquille des Alpes, ici le maghrébin vend des kébab ou traine dans des "quartiers" aussi mal famé que Palavas-les-flots, le cadre est plaisant et permet de nombreuses activités ludiques coutant pour ainsi dire rien, les montagnes sont encore libres d’accès en global). Tu vois, ou revois même directement, ceux qui sont passé, notamment cet ancien camarade, marié, bossant pour une ONG en Afrique en tant que géologue, touchant 8000 euros par mois et roulant en 4X4 hell yeah, ou cet autre personnage sympathique ayant passé un BTS moisi bossant comme manager dans une supérette d’un bled paumé du coin (avec une page wikipédia aussi vide que le cerveau de nos élus locaux droitistes tendance bourgeoisie mal placée). J’ai pris la voie centrale, c’était pas forcément une bonne idée au final.

    Autre chose, mais t’as peut être pas eu droit à ça, dans le domaine des phrases toutes faites, j’ai souvent eu droit à quelque chose d’approchant ceci : "Tu as un parcours étrange". Ce qui, au regard de la faune étrange que j’ai pu fréquenter dans ma fac, est très vrai (bobo friqué, et, non, je ne suis même pas en droit). Au regard de la jeunesse actuelle en général, j’ai pas tant que ça l’impression d’être en décalage.

    J’ai souvent eu, surtout dernièrement, cette envie, un peu comme toi la, de faire un point virtuel, bon au final je me rabats pas mal sur mes potes, les pauvres prennent tellement de ma part que je me demande comment ils me supportent encore. Faut dire que la plupart m’ont connu à des périodes beaucoup plus réjouissantes, ça doit aider. Ou alors ce sont des humains vraiment bien et je ne mesure pas ma chance à ce niveau.

    Je reste assez convaincu, en regard de tout ça, que nous sommes tous un peu obligés de jouer les équilibristes, voir même fortement forcés, tant qu’on y est. J’vois la "génération" suivante, quoi née après 90 comme tu dis, via mon frère, et c’est pas jojo en effet, mais assez ironiquement, la plupart s’en sortent mieux que moi. Ils acceptent des trucs que je n’ai pas accepté aussi, peut être. Mais c’est peut être un problème de ma part également, j’ai pas envie de tomber dans l’apitoiement facile, je pense juste faire partie de ces ascenseurs en bois que tu as vu.

    Une interrogation que je vois revenir régulièrement dans les discussions qui dépassent télé 7 jours, en tout cas entre couilles de toute affiliations sexuelles, c’est aussi cette idée de "c’est quoi être un homme", assez révélatrice d’un malaise général à ce niveau. T’es toujours trop, ou pas assez, ou pas comme il faut, ou trop comme il faut. Je sais pas trop comment c’est de l’autre coté des organes génitaux, c’est pas un sujet que beaucoup de nanas abordent avec moi (sans compter la proximité réduite des dits membres du sexe féminin), mais j’imagine sans peine qu’il y a aussi un gros soucis.
    Tu as trouvé une partenaire et t’es marié, je te le dis sincèrement, je t’en félicite, ça devient un luxe qu’on se paye à la télé de nos jours. J’espère que tout iras bon gré mal gré pour vous.

    Enfin bon, t’es né en France, de quoi tu te plains, nantis blanc bourgeois du Nord.

  2. Chouette texte. Je viens de Freyming mais j’ai eu mille fois plus de chance que toi, ce serait donc bien indécent que je me plaigne. Mais ça n’empêche, je serai là quand on foutra le feu à tout ce bordel.

  3. Gamacé dit :

    Je suis tombée sur ce blog par je ne sais plus qui sur Twitter, merci pour cet article.
    Pour tout avouer je suis de 1987, donc pas très loin derrière, on vit avec, et ça reste une crainte qui nous empêche de nous projeter bien loin. Par contre je suis d’un milieu plus bourgeois et j’ai aussi eu pas mal de chance, parce que pareil on sent que ça tombe pas loin, qu’on pourrait se retrouver dans la merde à enchaîner de faux boulots sans perspectives pendant longtemps. Mon père est ingénieur et gagne bien mieux sa vie que ses propres parents qui avait 6 enfants, je crois qu’il a du mal à l’assumer et il a passé notre enfance à nous traiter de gosses de riches. Ce n’était pas très drôle, surtout qu’évidemment il ne faisait pas de folies avec ce qu’il gagnait mais enfin c’est vrai qu’on n’a manqué de rien et on a même eu le reste, la mer l’été et la montagne l’hiver, je ne me plains pas.
    Le principal effet de ça, pour moi, c’est que je suis morte de honte et de culpabilité de ne pas avoir eu besoin de me débrouiller comme tu l’as fait. Je suis d’ailleurs assez persuadée que j’aurais eu bien du mal, que je n’ai pas le ressort et que je m’effondrerais dans pareille situation. J’ai fait mes études dans la ville où habitaient mes parents (Paris), je suis restée chez eux. Dans la catégorie gros coup de bol j’ai eu le concours d’orthophoniste du premier coup et j’ai découvert ensuite que c’est un boulot où il n’y a pas de chômage. Mes parents m’ont même laissé faire un master de linguistique après, puis j’ai remplacé une ortho pendant 6 mois et là j’ai un job à court terme (maximum un an, pour l’instant 6 mois et je saurai si je fais les 5 mois supplémentaires trois semaines avant la fin) mais monstrueusement bien payé à l’étranger chez notre moteur de recherche préféré à tous (ah non ?). Les périodes de transition entre les études et les boulots n’ont pas été des moments dangereux, un mois sans rien ne me mettait pas dehors, j’ai trouvé un boulot à mi-temps quand ça a duré et de toute façon j’étais "à la maison". Même si on le vit pas bien on n’est pas en danger.
    Mais ça ne m’empêche pas de plussoyer plein de choses dans ce que tu as dit, dont ce fameux "quand on était jeunes on allait à la plage le week-end" de ceux qui avaient des bagnoles à 18 ans et l’essence à 1 franc le litre.
    J’ai un tout petit peu vu l’administration, les bloquages, le gaspillage dans mes stages à l’hôpital, ça donne pas envie d’aller voir de plus près et ça écœure. J’ai un tout petit peu fait de l’interim, dont distribuer des flyers de promotion immobilière luxueuse à côté des Indignés de la Défense (on se sent assez vendu au capitalisme. Et encore j’étais la seule de l’équipe à savoir qui ils étaient). J’ai vu les gens dont on renouvelle le CDD après leur avoir fait miroiter un CDI pour leur faire refuser une offre ailleurs. Les bac+5 qui ne trouvent rien et doivent se lancer dans des boulots qui n’ont rien à voir. Et on croise tous des absurdités, des non-sens, des erreurs administratives à pleurer ; mais le risque que ça nous foute par terre est plus ou moins grand selon d’où on vient,
    Je partage aussi le constat sur comment être un homme/une femme pile comme il faut ni trop ni pas assez… Pas facile, et je ne suis pas très douée même si la différence se tasse un peu maintenant, on s’assume plus à 26 qu’à 18. Mais ça ne fait pas tout.

    Bon, voilà, je voulais réagir et remercier mais je ne sais pas si c’est très intéressant tout ça, mes excuses :o )

    Une anecdote pour finir :
    mon père est en week-end avec un couple de cousins et un couple de leurs amis (qu’il ne connaît pas). Grande bourgeoisie catholique Paris 15e (en gros). Le monsieur se lance au dessert dans un discours de politique générale : les jeunes n’ont plus le sens de l’engagement, de la durée, de la fidélité à un idéal ; voyez comme ça se sépare et divorce à vau-l’eau, veulent plus s’engager nulle part, changent d’avis comme de baskets, tout ça.
    Mon père : mais alors, vous êtes contre les CDD ?
    Ah non !! Il faut que le marché du travail soit flexible ! Nos entreprises ! La main-d’œuvre doit pouvoir se licencier facilement !
    Silence.
    C’est assez contradictoire dit le cousin.

    Je ne sais pas si le type a compris.

    • zalifalcam dit :

      En fait, je suis quasimùent persuadé qu’il n’y a souvent aucune mauvaise foi dans ce genre de propos, juste heu… Une forme d’ignorance ou de manque de compassion.

    • john dit :

      ben moi je pense qu’en 2013, il n’a pas tout a fait tort; qu’on l’accepte ou non, elle est passee l’epoque ou on entrait dans une entreprise apres son diplome et on y faisait toute sa carriere, en bossant juste ce qu’il faut de 10h a 15h pour pas etre trop fatigue…MAIS, a condition que le systeme soit tel que ce soit tres simple et peu couteux pour embaucher, et creer son entreprise.
      comme ca se fait dans les pays anglosaxons.
      si d’un cote, le systeme permet de licencier facilement sans contrainte, et d’employer que des stagiaires benevoles, et que de l’autre un entrepreneur recoit 50 demandes de diverses taxes a payer avant qu’il ait pu commencer a vendre un exemplaire de son nouveau produit/service, la ca ne peut pas fonctionner. Malheureusement, c’est un peu ca la situation en france.

      • zalifalcam dit :

        J’ai des amis expatriés, dont une en angleterre. Oui c’est "facile" d’y trouver du travail. Mais on parle de boulot payé 5 ou 6 pounds de l’heure pour des conditions atroces… et je parle de quelqu’un d’extrêmement qualifié. Faut arrêter une seconde avec les modèles étrangers qui créent au moins autant de pauvreté qu’ici… Enfin bon, ça, c’est que mon avis.

  4. Amo dit :

    Très beau texte, qui amène une réflexion nécessaire. Le danger du cynisme comme modèle de vie, entre autres. Ces guerres de supériorité passive, où tout le monde veut se sentir "mieux que" son voisin. Et pendant ce temps là, tant qu’on est occupé à pointer du doigt ceux dont on est forcément mieux, on ne se rend pas forcément compte que le problème ne vient pas forcément de là.

    C’est déprimant mais prendre conscience de ça aide à mieux l’accepter. Et peut-être se forcer à changer nous même pour ne plus être "les pions" qu’ils veulent qu’on soit. Ces pions censés vivre dans la paranoia et la méfiance entre pions.

    Pffr.

    Je dirais bien que moi j’ai eu de la chance mais finalement ma chance c’est que tout se soit passé (boulot / logement) comme ça aurait du normalement se passer.

  5. Maxildan dit :

    D’accord sur à peu près tout à part l’amour que tu portes à la filière littéraire ^^’
    C’est bien écrit, sans fioritures, véridique et ça se termine sur Suicide Social.
    Je n’ai que 24 ans et je me reconnais dans la quasi-intégralité de ton walloftexte. Mais bon, je suis de nature optimiste et plutôt chanceux alors je pars me coucher en me disant que ma génération améliorera les choses.

    Tu as eu raison de parler d’amour. Moi qui suis plutôt carriériste, c’est finalement ma femme qui me permet d’être heureux de vivre. Il ne faut jamais négliger l’amour et qui sait… C’est peut-être ce qui nous délivrera du mal. Amen.

  6. Roger dit :

    Joli et tristement réaliste.
    L’argent, où il est parti ? Salaires, copinages, dépenses somptuaires et… Retraites, de cette génération qui nous a bien mis dedans. Je m’étonne de n’en voir aucune mention dans l’article, excellent du reste.

    Je ne veux pas critiquer mais tout ton passage "je pars d’un milieu modeste et j’ai eu de la chance" oublie quelques faits.
    Je ne pense pas que ton point de départ soit moyen : un prof et une fonctionnaire, c’était déjà dans le top 10 ou 20% à l’époque. Et être blanc, français de souche.
    Je ne pense pas que la culture t’ait apporté la différence que tu dis, pour le job, mais plutôt ta couleur de peau et ton milieu social. Tu imagines "ton" maire embaucher de la "diversité" ?
    Le salaire médian est de 1500€. Aujourd’hui tu es, mieux encore que tes parents, dans le top 10% au moins. Imagine tes potes immigrés, avec moins d’école et de boulot, face à un banquier ?
    Là, tu as quelqu’un de vraiment sacrifié qui ne peut améliorer son quotidien.
    Il y en a d’autres, qui gagnent plus : élites, cerveaux, eux ont le temps et l’argent pour améliorer leur vie. Et que font-ils ? Ils partent à l’étranger.
    Signé : un gamin de la fournée 1984.

    • zalifalcam dit :

      "Je ne pense pas que la culture t’ait apporté la différence que tu dis, pour le job, mais plutôt ta couleur de peau et ton milieu social. Tu imagines "ton" maire embaucher de la "diversité" ?"

      Si, ça a souvent fait la différence. Je dis plusieurs fois dans le texte qu’être blanc m’a aidée aussi. Quand aux retraites/salaires, mon père n’est pas prof (et touche beaucoup moins que moi), et ma mère touche moins que moi et aura une retraite de misère, et pas d’épargne vu qu’elle a du financer les étude de ses deux enfants.

  7. Touky dit :

    Bonjour, très joli texte et malheureusement trop vrai.
    Je suis moi-même de 1983 (mais bourguignon), et même si -ayant été plus chanceux (désol)- je trouverais bien indécent le fait de me plaindre, ça fait un peu de baume au coeur de se savoir pas tout seul.

  8. Du Calme dit :

    Intéressant ce texte, mais applicable aussi à la génération d’avant. Je suis né à la fin des années 60 et c’était pas drôle non plus. Chaque génération a son lot de problèmes.Quand j’ai vu ce que me réservait la France (qui m’a éduqué, que j’aime pour plein de choses, mais dans laquelle je n’avais pas de place) je suis parti à l’étranger. Je regrette pas, j’ai eu des postes à responsabilité très jeune, sans qu’on m’oppose votre "vous êtes trop jeune". Franchement la vie en France est compliquée avec beaucoup trop de bureaucratie, oppressante et toute puissante.

    • zalifalcam dit :

      Bah le modèle sur lequel on est assis me semble avoir commencé à merder en 73, quoi. Normal vu qu’il avait le cul assis sur l’essence gratuite.

    • Antoine dit :

      En ne prenant en compte que le coût d’un remboursement de prêt dans un budget (pour ceux qui peuvent acheter). Et l’inflation sur les prix des habitations entre le moment où les personnes nées dans les années 60 et la mienne (79) soient en mesure d’acheter un logement.
      Le problème c’est que c’est de plus en plus dur. Quand tu vois des personnes nées dans les années 60 qui ne comprennent pas que des "jeunes" puissent s’endetter sur 30 ans pour acheter un logement moyen, tout en étant au "taquet" sur l’endettement.
      Le problème c’est que : il n’y a pas de choix, c’est soit ça, soit payer un loyer à vie. Et là je parle des "nantis" qui peuvent accéder au crédit.
      On vit dans une société qui rend les riches plus riches et les pauvres plus pauvres.

  9. Fab dit :

    Je suis né en 1977, et ai eu un parcours similaire jusqu’à la fin des classes prépas, boulots des parents compris (mère instit, beau-père cheminot, parents divorcés). Je viens d’une région agricole où la paysannerie a peu à peu disparu du paysage comme autrefois les mineurs de charbon. Je n’ai passé aucun concours et suis aujourd’hui formateur avec un salaire très confortable après être passé par des périodes de vache maigre où un paquet de petit beurre ED me faisait tenir 3 jours. Comme toi, j’ai toujours eu de la chance, jamais je n’ai eu le risque réel de tomber dans le néant social avec zéro perspective. Grâce à l’emploi que j’occupe depuis quelques années, j’ai acheté un appartement dans une commune jouxtant Paris et je ne me plains pas malgré les 3 heures quotidiennes de RER. Je crois que j’ai eu beaucoup de chance. Mais aujourd’hui je forme des jeunes, et là encore, tout ce que tu dis de cette société, de la discrimination faite à l’égard de la jeunesse est réelle. Et j’ajouterai simplement que l’école, au lieu d’aider à lutter contre les discriminations sociales, au lieu de faire en sorte que les diplômes se transforment en emplois, au lieu de former des cerveaux critiques et capables de se révolter quand le système devient fou, en réalité participe à la destruction de la jeunesse, aidée en cela par des parents moutons qui ne comprennent pas le pourquoi de la crise et qui sont contents s’ils peuvent encore partir à Benidorm en vacances ou regarder Plus Belle La Vie à la télé. La crasse culturelle, intellectuelle, politique que nous connaissons, nous la devons à nos parents, à nos grands-parents, à ces générations qui ont décidé une fois pour toute que l’argent était le Graal et que le Graal ne pouvait être contrôlé que par les meilleurs d’entre nous (les plus malins, les plus pourris, les mieux nés). Les autres seraient le prolétariat de demain, sans les armes pour un jour taper sur la gueule des contre-maîtres, sans les idées pour remplacer le modèle ultra-libéral en place. L’école permet de stocker les jeunes suffisamment longtemps pour être sûr qu’ils ne partent pas à la retraite trop tôt et ne coûtent ainsi pas trop d’argent au système. La moitié de mes bacs pros ne savent pas écrire. Mais on ne l’exige pas non plus d’eux puisqu’ils auront de toute façon leur bac. Quand une vedette de la télé-réalité parle de guerre de 1978, ça fait rire tout le monde, on la passe en boucle sur les écrans, on en fait une star éphémère qu’on paye grassement pour montrer ses fesses et être moquée comme autrefois les nains à la cour des rois. Ça en dit long sur les valeurs actuelles de notre société malade qui méprise une jeunesse dont elle pense qu’elle est feignante, stupide, violente, intéressée, n’hésite pas à la tourner en ridicule, à l’humilier et à lui faire bien comprendre qu’elle ne vaut rien et que non seulement la société était mieux avant, mais les jeunes étaient également mieux avant. Cette société ayant embrassé un système mortifère où la concentration de l’argent et des pouvoirs est chaque jour plus forte, je parie fort que d’ici une vingtaine d’années nous en serons arrivés à l’âge des Hunger Games ou Battle Royale où l’on organisera des Loft Story meurtriers pour apprendre aux jeunes à se tenir tranquilles dans la merde où sera plongée chaque génération toujours plus profondément quand "les fils et filles de" continueront de faire tourner le moulin d’un totalitarisme financier quadrillant la population grâce aux nouvelles technologies ultra-sophistiquées permettant de connaître en temps réel jusqu’au taux de sucre contenu dans votre sang.

  10. Gabriel dit :

    Beau texte qui me fait plaisir. Les générations passent et le désespoir perdure come une longue tradition. Oui c’était la merde pour ceux qui sont nés fin 60, on a aussi que la crise et le chômage, pas une année de bien. Tout pareil. On est aussi une génération massacrée. Pas autant ? Sûrement. ça va de mal en pire depuis tellement longtemps tu sais. Doucement mais surement: cap au pire

  11. 10 ans de plus dit :

    En gros la même avec 10 ans de plus.

    Un peu moins de bagages, des gros coups de chance, une éducation de base plutôt solide et des parents prolos.

    Premier CDI à près de 40 ans avec un taf intéressant mais loin d’être la panacée. Créer sans moyens et payé comme un grouillot au bas de l’échelle le tout sans droits d’auteurs.
    Et on arrive à se prendre pour un nanti quand on voit dans quelle misère sont les potes ou bien ceux qui vous entourent qui ont eu des accidents ou qui ne sont pas nés du moins pire des côtés.

    Comme c’est si bien dit, c’est pas finalement l’époque qui y change quelque chose (Toto, ça fait bientôt 35 ans qu’il a 30 ans) mais bien que depuis le début que ce soit de 89 ou de 68 on a jamais réussi à terminer ce qui a été débuté à ces moments là.
    À chacun de trouver son quoi.

  12. Glimpse dit :

    Flippant de réalisme… Tout est dit (et bien dit).

  13. George Kaplan dit :

    J’ai découvert ce texte hier soir via un tweet de Rémi Mathis, jeune trentenaire conservateur à la BNF. Je viens seulement de finir de le lire – c’est très long, et j’ai dormi entre-temps, aussi ! Et je suis bouleversé. J’ai 39 ans, dix ans de plus que toi (je me permets de te tutoyer), mais encore assez jeune (et précaire) pour me sentir proche de toi, proche de ta génération, bien plus que de celle de nos aînés ou des caciques de notre société française actuelle. Mon parcours est à la fois similaire au tien (je suis lorrain, issu de la classe moyenne, et ai fait des études dans le domaine culturel) et différent (j’en ai bavé mais moins chié, je suis moins débrouillard, moins courageux, ma vie n’est pas la même, etc.). Ceux qui, comme moi, sont nés dans les années 1970 ont connu des désillusions et des barrières similaires, à peine moins dures. Bravo (et merci) pour ce portrait au vitriol, clinique et implacable, de ton parcours et, au-delà, de cette France et de ce monde terribles que nous avons construits. Je n’ai pas de commentaires à faire. C’est glaçant et « émouvant » – je n’aime pas trop cet adjectif mais j’ai la flemme d’en chercher un autre –, point barre.

    Juste une remarque : ce texte mérite d’être lu. Mais vraiment lu, par beaucoup (tous ?), et bien lu. Il mériterait d’être édité. J’imagine très bien un petit opuscule, à la manière du machin de Stéphane Hessel (« Indignez-vous ! »). Quoique d’ici là, ton billet devrait vite être récupéré par un de ces sites qui font profession de publier des billets de blog pour épater la galerie et faire du temps de lecture (là, c’est bon). Ça va buzzer trois jours puis ça va retomber dans l’oubli, une fois que tout le monde se sera bien repu. Ça mérite mieux. Penses-y. Je ne suis pas éditeur (je suis journaliste SR), mais si le cœur t’en dit, tu peux m’en parler.

    Avec toute mon amitié.

    • zalifalcam dit :

      Bah, j’sais pas si ça a vraiment une valeur éditoriale, j’ai l’habitude des buzz qui retombent en trois jours :D
      On peut en parler si tu veux, oui, ne serait-ce que parce que nos parcours sont un peu similaires !

  14. nicco dit :

    L’idée de l’opuscule est vraiment très bonne, et nécessaire. Ce texte mérite tellement d’être lu (et retenu) non pas seulement par les "trentenaires connectés", mais aussi par leurs parents.

  15. Louis dit :

    Normalement quand je vois un article de blog qui met plus de 5 secondes à se scroller de haut en bas, je passe mon tour, mais je dois dire que là, je me suis vraiment laisser prendre par ton propos. Je suis de 83, mes parents sont profs(de gauches(pléonasme?)) et divorcés donc j’ai évidement trouvé beaucoup de points communs entre ton histoire et la mienne. A un détail près, c’est que le mec qui part en filière techno à la fin de la 3ème c’est moi! Alors bon je ne vais pas reprendre point par point les sujets dont tu parles mais si j’avais du écrire un billet sur la situation du trentenaire en 2013, j’aurais écrit la même chose que toi. Le talent en moins…

    Sinon juste un détail, dans le paragraphe concernant Souchon "qui contient des perles de sleen", je pense qu’il s’agit du spleen.

    Encore bravo pour avoir réussi à mettre sur le papier, numérique certes, les états d’âme d’une génération(Y).

  16. lemilo dit :

    eh oui jai 30 ans moi aussi, jai eu un peu plus de chance car j’ai su jeune que la culture etait un milieu de riches et de potes et que fils d’immigre je n’avais pa sma place ici et suis devenu ingenieur. Je gagne bien ma vie mais a part ca tout comme vous. ce qui me derange le plus c’est cette idee que si je suis a gauche et pro mariage pour tous alors je suis gentil et je partage les richesses.. alors qu’en verite onn sait tous que ce n’est pas vrai

  17. Tom Etjerry dit :

    10 ans de plus, sans doute plus de chance aussi. Tes enfants ont (ou auront) de la chance d’avoir un père lucide et vivant. Merci pour ce texte.

  18. Renaud Guerin dit :

    Je vais résumer de façon lapidaire ce texte interminable :

    "Allo, j’ai passé 5-6 ans après le bac à acquérir du savoir qui me passionne sans savoir-faire qui peut me rendre utile, et là je galère, help !"
    "Je comprends pas, je croyais qu’un salaire c’était un dû de l’Etat une fois que j’ai bien validé mes années et bien eu mes bonnes notes en historiographie et en études sur la transmission du langage dans la tribu Akonga d’Amazonie"

    Mec, si ta filière L avait "d’énormes débouchés" comme tu dis, tu serais juste pas là en train de geindre que t’as galéré en stage toute ta vingtaine, tu crois pas ?

    T’es loin d’être le seul, c’est tellement typique des littéraires en France : des armées d’étudiantes en psycho ou lettres modernes vont se retrouver dans ton cas parce que c’est le seul pays du monde où on a des émissions (Ce Soir ou Jamais) où les gens comme vous se regardent le nombril, et pensent qu’ils ont droit à un revenu juste pour penser, parce qu’ils sont au-dessus de la mêlée des "techniciens" et des "épiciers" tu comprends.

    Mon dieu, quel mépris pour les commerciaux et les ingénieurs qui vous paient avec leurs impôts, mais qu’est-ce vous feriez sans l’état nounou qui vous subventionne pour être profs de facs et reproduire votre caste ?

    Bien sûr, la culture et les lettres ont une valeur et il faut les financer un minimum en dehors du système marchand : mais en France y a juste un déséquilibre phénoménal entre leur importance perçue comme capitale puisque c’est St Germain des Prés qui nous gouverne, et la réalité des besoins de la société, tu comprends ?

    T’as pas tout perdu à faire de la philo. T’es cultivé, t’es pas con, très bien : maintenant acquiert un savoir-faire qui a une valeur pour les autres, crée de la valeur et ils feront la queue pour t’embaucher / acheter ce que t’as à leur vendre.

    C’est comme ça que tourne la terre depuis la nuit des temps, c’est aussi simple que ça, retrousse toi les manches (et si nécessaire part dans un autre pays, car là où je suis d’accord avec toi c’est que la France entretient ses élites et qu’il est dur de grimper l’ascenseur)

    Signé : un mec de 34 ans qui n’est pas né avec des privilèges particuliers mais est très demandé dans son secteur technique (et chacun peut l’être à son niveau, qu’on soit ingénieur ou plombier)

    • Miss Cheshire dit :

      Et on est sensés aller dans une filière qui ne nous plait pas pour vivre décemment ? Mais si on y est pas doué ? Non parce que je dis ça, mais ça arrive à plein de gens, de ne pas être doués pour les maths par exemple, ou pour quelque chose de plus technique ou de plus manuel.

      Non mais attends, on a fait une filière qui nous plait, si on a pas de boulot ou un boulot misérable c’est de notre faute, et puis après tout, comme il le dit dans l’article, "bah, tu vois des livres, c’est déjà bien!"

      "Retrousse toi les manches" vous dites… Soyez un peu plus ouvert d’esprit. Ah pardon, vous condamnez déjà les personnes qui ont de l’esprit, mieux vaut faire quelque chose d’utile.

      Et à ma connaissance, l’article ne fait pas l’apologie des littéraires ni ne les placent au-dessus "des techniciens et des épiciers". Il n’y a pas de sous-métiers, pas plus concernant l’épicier que concernant le bibliothécaire.

      • Renaud dit :

        Miss,

        Le problème c’est qu’on crée à partir de rien des diplômes pour tout et n’importe quoi, et qu’après, les gens qui s’y engagent viennent demander des comptes à la société quand ils s’aperçoivent que personne n’est prêt à payer pour ce savoir (note que je n’ai pas dit : "ces compétences", c’est là tout le problème !)

        Imagine que moi j’adore commenter des blogs sur Internet, et j’ai pas envie de faire l’effort de trouver un métier qui a une valeur d’échange sur le marché, je veux qu’on me crée un diplôme de commentateur de blogs sur Internet, et derrière j’exige un emploi correspondant.

        Ben non, désolé, c’est pas comme ça que marche le monde. Libre à chacun de suivre des études qui le passionnent, mais si elles n’incluent pas un savoir-faire, il ne faut pas venir se plaindre d’avoir des difficultés d’insertion derrière.

        Maintenant pour nuancer ce que je dis : il est vrai qu’en France on donne très peu sa chance à quelqu’un de débrouillard qui aurait fait des études généralistes / littéraires, contrairement aux pays anglo-saxons (vous savez le royaume du méchant libéralisme).

        C’est moche, mais l’attitude qui consiste à dire "un bac+x = un emploi dû" est puérile et relève d’une vision du monde fantaisiste (mais malheureusement entretenue dans l’imaginaire français)

    • Michel P dit :

      Ah, bah ca resume assez bien mon avis. Merci Renaud de m’éviter a taper tout ca sur mon clavier sans accents!
      J’ai 10 ans de plus que toi, et ca fait un paquet d’années que je radotte la meme chose. Je bosse depuis que j’ai 17 ans, j’ai ni le bac, le le BEPC, et avoir des gens qui s’offusquent et déclarent que d’etre payé a l’ancienneté est une sorte de droit m’épate toujours.

      Pour répondre a l’auteur de l’article (fort bien écrit, s’il en est)… Le boulot est une chose necessaire, il faut savoir se mettre sur le ‘marché’ de l’offre et de la demande et aussi savoir se repositionner constamment pour rester employable. Cette conclusion n’est pas sortie d’une brochure politique, c’est une regle de survie essentielle apprise tres jeune (oh, j’avais au moins 21 ans!), regle d’autant plus vitale quand tu ne peut pas te planquer derriere un BAC+8.

      L’idée de passer un quart de ta vie a apprendre UN métier m’épate. Pendant tes 8 années, le nez dans les bouquins, tu ne t’es jamais demandé ce que tu allais faire, apres?
      La vielle phrase usée et abusée relatant Confucius proposant d’apprendre a pécher plutot que de distribuer du poisson est toujours aussi vraie. Tu a reussi a te coller dans un segment tellement étroit et sclérosé que j’ai du mal a imaginer comment quelqu’un d’intelligent puissent courir pendant aussi longtemps vers un beau mur en brique rouge sans réaliser qu’il va se planter. Tes parents ne t’on vraiment pas aidé!

      Je pourrais ajouter aussi que de réaliser tot qu’il n’y a pas de boulot "de reve", et qu’il vaut donc mieux en trouver un qui rapporte assez pour se payer le reste des ‘reves’ avec le temps qui reste. Quite a faire des concessions. A chaque fois que je me sent pris dans l’engrenage du boulot, je me souviens que "je travaille pour vivre, je vis pas pour travailler".
      Gardes tes vraie ‘passions’ sous le coude, le meilleur moyen de les ruiner est d’en faire ton métier de toute facon.

      Mais bon, il est vrai aussi que la france est loin d’etre le pays idéal pour ‘réussir’; Il y a une sorte de plafond impossible a trouer; meme en me considérant "bien payé" en france, j’ai été completement sur le cul le jour ou j’ai récu ma premiere paye en angleterre, pour un boulot similaire. Presque 3 fois plus, et le total etait /apres impots/. Ok, c’etait il y a 15 ans maintenant, mais le principe reste le meme. Moins de support social c’est vrai, mais au moins, si tu bosses et que t’es pas con (et sans copinage, politique etc), tu PEUX t’enrichir, et payer le reste de tes lubies.

      Malgres tout, la philosopnie reste la meme, meme ici. Malgres le fait de gagner assez monstrueusement plus que toi, d’autres gens qui ne font pas de boulot honnete (traders etc) gagnent tellement monstrueusement plus encore que ca cree une sorte d’effet de distortion incroyable, qui est probablement encore plus marqué entre les couches basse de la société et ces Golden Boys.

      Bref, le monde n’est pas parfait, change souvent et de manniere a nous emmerder, et n’orbite pas autours de ton nombril, ni du miens. Mais il fait beau aujourd’hui, et y a des croissants.

      • zalifalcam dit :

        "L’idée de passer un quart de ta vie a apprendre UN métier m’épate. Pendant tes 8 années, le nez dans les bouquins, tu ne t’es jamais demandé ce que tu allais faire, apres?"

        J’ai un diplome et un concours dans une branche qui recrute à tour de bras (si on est un peu mobile). Mais tu peux relire mon texte sans loucher si tu veux.

        • Michel P dit :

          Attends, tu est payé 1900 euros, apres avoir galeré 10 ans de ta vie a bouffer des nouilles, et tu arrives a te convaincre que c’était une bonne idee? Tu t’es fait marcher dessus par tout un tas d’insectes minable dans le privé ET le public, et tu arrives a donner l’impression que t’es fier de toi d’avoir fait un choix formidable?

          En fait, tu es vraiment le candidat /idéal/ pour te faire marcher dessus. C’est comme si t’avais fait un bac+8 "L comme lavette". Si ton historique n’en donnait pas l’impression dans ton texte original, tes réponses, elles, ne trompent pas. Tu regardes de haut les pauvres cloches qui regardent la TV, mais t’es pareil mon gars, toi aussi t’es accro au systeme; a un niveau different, mais t’es aussi lobotomisé qu’eux.

      • Anne B dit :

        Les tenants du "Zaviez qu’à choisir un autre parcours", vous oubliez que nous, fonctionnaires de la Culture et de l’Éducation, nous contribuons non seulement à la démocratie (égalité d’accès de tous les citoyens au savoir, un truc qui semble manifestement vous dépasser totalement, tellement vous êtes obnubilés par la sacro-sainte rentabilité économique qui n’est en réalité qu’une façon de vous faire oublier que vous vous ferez toujours bouffer la laine sur le dos par ceux qui ont VRAIMENT l’argent et le pouvoir qui va avec), mais aussi à la richesse nationale… Eh oui, plus de citoyens maîtrisant un tant soit peu la culture écrite sous toutes ses formes (et je ne parle pas de diplômes, hein, juste de culture), c’est plus de gens susceptibles de ne pas être au chômage, donc de consommer, donc d’acheter les productions locales, donc de contribuer à la richesse nationale. Parce que si vous croyez un seul instant que la IIIe République a institué l’école publique, laïque et obligatoire par pur bonté d’âme et souci utopique, vous vous fourrez le doigts dans l’oeil jusqu’au coude : ils avaient juste bien perçu tout l’intérêt qu’il y avait à éduquer (mais pas trop) les masses pour créer de la richesse dans la société industrielle…

        Bref, vous me faites bien rire avec vos beaux discours moralisateurs sur "si vous en êtes là, c’est que vous l’avez bien cherché"… Si je ne connaissais pas tant d’ingénieurs en informatique (et même dans des domaines industriels) qui ont galéré autant que moi avant d’obtenir un boulot hyper mal rémunéré par rapport à ce que gagnaient ceux entrés sur le marché 5 à 10 ans avant eux, je vous trouverais presque mignons… Sauf que vous êtes juste ridicules, pédants et incroyablement ignorants des vraies réalités du monde du travail dans son ensemble.

        • Renaud dit :

          Se faire dire qu’on est "incroyablement ignorant des vraies réalités du monde du travail dans son ensemble" par quelqu’un qui a été toute sa vie "fonctionnaire de la Culture et de l’Éducation", c’est un peu comme se faire traiter d’imbécile par un con : un délice de fin gourmet :)

        • Anne B dit :

          Désolée Renaud, mais vous préjugez largement de mon parcours… J’ai travaillé dans le secteur privé, pour une très grande entreprise mais aussi pour des PME, avant de faire le choix de la FP, et très honnêtement, je ne me sens pas plus privilégiée là où je suis que là où j’étais avant, à l’exception du fait que j’exerce maintenant un métier que j’aime. Donc remballez vos insultes gratuites et offrez-vous le luxe d’un stage long dans la FP : là vous pourrez juger réellement et ça vous évitera de passer réellement pour un imbécile…

    • zalifalcam dit :

      Tu n’as pas lu mon texte.
      J’ai fait un seul stage dans toute ma vie, j’ai eu un boulot professionnalisant et totalisé quinze jours au pôle emploi. Mais tu peux aussi aller bouffer un plein bol de bites.

      • Renaud dit :

        Oh j’ai énervé choupinou il devient vulgaire !

        Alors petite leçon de réalité déjà : ce n’est pas parce que dans le cocon de ta fac de lettres, tes profs qui n’ont jamais bossé dans le vrai monde de leur vie mettent un tampon "professionalisant" sur un diplôme, qu’il l’est réellement. Ca, c’est à la société d’en décider, point barre. On n’est pas en URSS, les gens sont heureusement libres d’employer qui ils veulent suivant ce que tu peux leur apporter, y a pas une garantie ou un service après-vente dans le vrai monde.

        Or quelque chose me dit que, si t’en étais à être payé au SMIC pour déballer des bouquins avec bac +xx et 15 ans de galères, et que ça te rend désespéré-en-colère-tout-rouge contre la méchante société qui t’a menti, au point de te faire écrire cette complainte-fleuve, eh bien : c’est que ta formation elle était pas si "professionnalisante" que ça et n’avait pas de débouchés, point final.

        Maintenant, tu te rends utile à quelqu’un ou tu geins sur Internet, à toi de voir.

        • zalifalcam dit :

          Je n’ai pas été en fac de lettre, ni été manutentionnaire (j’ai été vendeur d’ipods pendant quatre mois), ni été au chômage plus de quinze jours de ma vie, ni jamais eu de mal à trouver un boulot dans ma branche.
          Mais je crois que je pourrais te l’expliquer un milliards de fois que tu serais encore tout rouge à te rouler par terre en me traitant de bolchévique, alors, d’expérience, ayant Internet depuis 1998, je sais que ça ne sert à rien de te l’expliquer et de te le ré-expliquer, d’ou le fait d’aller te demander de manger ce fameux bol de bites dont tu rêves tant.

        • Renaud dit :

          Excuse moi y aurait donc erreur, c’est ça que tu prétends ?

          Je ne suis donc pas sur le blog d’un mec qui commence par nous étaler en long et en large les Auteurs qu’il a lu pendant ses Brillantes Etudes Qui Meritent Un Emploi pour derrière venir tout vexé se plaindre qu’il vend des iPods alors que son méchant manager gagne plus que lui sans avoir lu "Flaubert, Giono ou Koltès", et que c’est injuste d’être en galère d’appart quand on est un Intellectuel qui, diantre, mérite-mieux-sinon-où-va-le-monde ?

          Mec, encore une fois ton manager à moins qu’il fût pistonné, s’il gagne 3 fois plus c’est qu’il est 3 fois plus rare que les gens comme toi que les formations culturo-littéraires crachent en pagaille chaque mois de juin, c’est aussi simple que ça.

          Mais je conçois que c’est un tel séisme mental pour un jeune gauchiste français de comprendre ces mécanismes économiques élémentaires qu’on ne va guère pouvoir aller plus loin dans la discussion, et étant sur Internet depuis 1994 pour ma part (eh oui, désolé), je sais que quand un mec qui a censément passé son temps en fac à apprendre entre autres la dialectique en est réduit à répondre à base de "pipi-caca-bol-de-bites", c’est que la nature n’est sans doute pas si mal faite de l’avoir fait vendre des iPods pour lui faire les pattes et lui montrer ce qu’il vaut ;)

      • plume dit :

        Renaud,a un moment de ma vie, je ne trouvais pas de boulot en galerie d’art. En revanche, on m’a proposé d’etre call girl, al ‘epoque. J’avais peut etre trouve le secteur dans lequel j’avais un potentiel? ah mince, j’aurais du saisir l’occasion, plutot que de me faire chier avec mon Bac +5, tu as tellement raison, je serais petee de fric. maleheureuse, surement, mais bon, l’argent fait le bonheur, n’est ce pas

        • Renaud dit :

          (Encore une qui nous refait le coup du "bac+5" comme s’ils se valaient tous et qu’un emploi derrière était un dû… on peut passer 5 ans à étudier les nuances de bleu dans l’oeuvre de Van Gogh voire en faire une thèse, tu sais. Si vous êtes 10.000 à le faire, il n’y a pas assez d’amateurs d’art en France pour tous vous payer un boulot, désolé)

          Il y a un adage que j’aime bien, c’est "When you see something, believe it now".
          Autrement dit, le principe de réalité.
          En l’occurrence, si tu ne trouvais pas de boulot en galerie d’art encore une fois c’est parce que vous êtes des milliers à vouloir faire ça, qu’il y a peu de places et que tu n’étais pas la meilleure pour ces postes à cet instant là, et tu as donc perdu.
          Par contre pour le boulot de call girl, visiblement tes atouts physiques étaient eux suffisamment rares par rapport à la demande d’hommes prêts à payer pour passer un moment avec toi.

          C’est ce qui s’est passé, tu l’as vu de tes yeux, je vais être très dur mais (à supposer que tu aies cherché suffisamment longtemps dans l’art), c’est la réalité de ce que tu vaux en tant que galeriste potentielle et en tant que call girl potentielle

          Je peux aisément comprendre que la seconde option t’inspire du dégout (quoique certaines filles visiblement préfèrent gagner 400€ en une heure au lieu d’en une ou 2 semaines en centre d’appel, et c’est leur bon droit), et comme nous sommes dans un pays libre tu as pu refuser, mais il me semble que c’est vous qui vous plaignez d’être en galère, non ? Si t’as ton bonheur sans argent, super !

          Si tu en veux de l’argent, ben tu acceptes de suivre ses règles et c’est tout : tu fais en sorte d’avoir une qualité ou une compétence rare, et il viendra naturellement à toi.

          Toi tu veux bosser en galerie d’art, c’est cool moi je veux être pop star : on est des milliers et il y a la place pour peu d’élus. Si on crée un "bac+5 pop star", j’aurai la décence de pas crier "REMBOURSEZ!" à la société si je trouve pas de taf derrière…

        • zalifalcam dit :

          Je pense que tu as raté le moment ou j’ai commencé à être "vulgaire" avec toi parce que je suis intimement persuadé que quoi que je puisse dire, tu n’appliqueras pas d’autre grille de lecture que la tienne, sans aucune modification possible. (par exemple, je pense que tu ignores plus ou moins volontairement le fait que je suis moi-même manager, et que je pourrais très bien être le connard en cravate qui dis aux autres qu’ils ont de la chance de toucher des livres, simplement je choisis de ne pas le faire).

          Je sais assez bien que ça ne sert à rien de discuter avec un type comme toi dans les commentaires d’un site de blog (par mec comme toi j’entend un type qui arrive juste pour dire "t un kon et g raison lol", peu importe que tu sois de droite, de gauche, vert ou bleu). Je trouve ça bien plus rigolo l’humour pipi-caca, du coup.

        • plume dit :

          renaud , pour repondre a ton commentaire : je cherchais du travail en histoire de l’art ET en communication, ET en événementiel culturel, ET dans d’autres domaines afferents (vente, bricolage etc)…mes compétences ne s’arrêtent pas à un diplôme et j’ia ratissé large.la difference entre toi et moi,c ‘est que j ene veux pas specifiquement de l’argent : je veux un travail qui me permette de vivre,n dans ce que j’ia choisi de ce qu’il convenait de mieux pour m’epanouir. Et oui, tant pis si je n’ai quasi rien pour vivre. D’ailleurs, on ne m’en a pas donné plus. PAr ailleurs je suis un peu etonnée de ta reponse, le marché de l’art est un des seuls marchés à se développer malgré la crise… il y a de l’argent a se faire, justement ;) Quant a mes compétences presupposées en tant que call girl, crois moi, elles sont bien largement exagérées.

        • plume dit :

          bon, et sinon, bon courage pour etre pop star, moi, en attendant, pour la galerie, c’est fait.

    • Coyote du Désert dit :

      Je dois avouer que cette section des commentaires m’a beaucoup fait rire. On aurait dit une intervention de l’Odieux Connard.
      La notion d’"utilité" y revient très souvent. C’est vrai quoi, soyez "utiles", c’est la clé de la réussite. Mais déjà, ce serait intéressant de définir ce qu’on entend par utile parce que j’ai cru comprendre que des secteurs comme la pub, la spéculation ou les assurances recrutaient beaucoup en ce moment, or m’est avis qu’on peut difficilement considérer ce genre de fanges comme des fonctions vitales de la société. Mais ce n’est que mon avis perso, hein.

      Peut-être que ce principe d’utilité aurait du sens si on vivait selon des modes économiques un peu plus vertueux; le fait est que c’est pas toujours le cas. Tu parles de mépris pour les "commerciaux" et les "ingénieurs" qui font vivre ces parasites de fonctionnaires avec leurs impôts; sauf qu’absolument tout le monde peut être un commercial à supposer que papa/maman aient de quoi payer le diplôme et les trois ans de beuveries stériles entre gosses de riche qui le précèdent. Elle est où l’utilité de ces gens là ? Et les ingénieurs, très honnêtement, ça commence à suivre le même chemin. Je suis pas sur que ces exemples soient bien choisis. Les ouvriers et techniciens qualifiés, et les petits commerçants, je dis pas; mais faut pas tout mélanger, surtout qu’on est dans un système dans lequel les commerciaux broutent les ingénieurs qui eux-mêmes broutent les chercheurs, en sachant que si ce maillon-là saute, c’est toute la chaîne du parasitisme qui se casse la gueule. Et pourtant ces cons de chercheurs acceptent d’être payés moins que des moniteurs de ski et de trimer comme des rats pour engraisser une meute de loup en costard qui n’ont pas les compétences nécessaires pour ne-serait-ce que visualiser l’étendue des leurs. Pourquoi ? Parce que l’Argent est Roi et qu’ils ne tiennent pas les cordons de la bourse.

      A moins que par "utilité", tu entendes "faculté à lécher les bons sphincters au bon moment" , "à bien naître" et "à marcher sur les bonnes têtes", parce que de ce que j’ai vu pour l’instant du milieu industriel privé, ce savoir-faire là m’a l’air beaucoup mieux reconnu et valorisé que, je sais pas moi, "inventer une nouvelle technique révolutionnaire". Et même cet état de fait mis à part, les compétences techniques qui vont être jugées "utiles" vont changer du jour au lendemain en fonction de la "conjecture" ou des humeurs des emmerdeurs qui pianotent le marketing. Et parfois même tout simplement parce que tu as trop bien fait ce qu’on t’avait demandé et qu’on a du coup plus besoin de toi.

      Je peux être d’accord avec toi dans une certaine mesure, par exemple quand il s’agit de constater le nombre affolant de gens qui s’entassent en fac de sport quand on sait le peu de places en CAPEPS au bout du compte; ou de voir que ceux qui sont formés très tôt pour des travaux plus manuels s’en sortent pas plus mal…mais c’est loin d’être un principe général, et comme je l’ai dit plus haut, il faudra quand même que quelques couillons se coltinent les études longues et la recherche, parce que sans eux, c’est toute la chaîne qui s’effondre. Mais c’est penser bien trop long terme pour des intérêts privés, c’est là que la main invisible de Smith prend Parkinson, et c’est peut-etre à ce moment là que l’"état nounou" comme tu dis, devrait sortir le martinet…

      Et en ce qui concerne Michel, "Attends, tu est payé 1900 euros, apres avoir galeré 10 ans de ta vie a bouffer des nouilles, et tu arrives a te convaincre que c’était une bonne idee?" >> Bienvenu dans le monde réél, celui dans lequel le type qui va inventer un remède contre le palu sera moins bien payé qu’un moniteur de ski. Peut-être parce que c’est pas l’argent qui le motive, va savoir. Ou peut-être parce que c’est plus utile pour la société que les riches apprennent à skier que les pauvres puissent vivre plus longtemps. Ou peut-être parce que, bordel de merde, 1900 euros net mensuels, même moi je saurais pas quoi en foutre…

      • zalifalcam dit :

        "Peut-être parce que c’est pas l’argent qui le motive, va savoir. "

        Exactement. Si j’étais pas content de mon salaire je serais manager supérieur dans un call center ou j’sais pas quoi.
        Et au final, j’ai galéré 6 mois.

  19. whouahou.. j’ai (presque) vu ma vie défiler… Juste superbe

  20. Leïla dit :

    Merci pour ce texte.
    Je suis née en 1991, et nous avons en point commun le socle de notre éducation et cette passion pour la branche littéraire, même si après mon DUT je m’en éloigne un peu.
    Mon stage de fin de DUT peut je pense bien illustrer votre propos.
    J’ai dû choisir entre faire un stage intéressant, bon à placer sur un CV, et un stage rémunéré qui me permettrait de finir mon année scolaire sans être dans le rouge. Voulant travailler dans la documentation audiovisuelle, j’ai obtenu un stage dans une branche régionale de France 3. Vous l’auriez sûrement deviné, ce choix n’a pas aidé mon compte en banque.
    Durant ce stage je suis allée de surprises en incompréhensions. J’ai rencontré des gens qui, à 68 ans, après avoir profité d’un bon départ à la retraite avec prime, revenir travailler, et donc bloquer un poste. J’ai vu des gens qui, après 15 ans de bons et loyaux services, ne pouvait espérer mieux que le statut d’intermittents. Ma mission de stage devait faire faire des économies à la boîte, et par la même occasion permettre aux rédacteurs en chef et autres dirigeants de toucher une prime à l’économie (environ cinq fois l’ indemnité de stage refusée).
    J’ai aussi vu des gens qui ne foutaient rien, et pourtant gardaient leur emploi car une fois que l’on est intégré, c’est pour la vie.

    Je me suis battue pour essayer de faire bouger les choses à mon niveau, pour entendre, à la fin de mon stage, cette phrase : « lorsqu’on est jeune on a des illusions… et après une fois qu’on travaille, on les perd ».
    Cette phrase m’a révoltée. Je continue de croire qu’avec de la motivation, et un sacré caractère, je peux travailler dans un secteur qui me plaît.
    Lorsque je l’ai votre article, je me dis que rien n’es gagné, et que si vous avez galéré, mon chemin risque d’être aussi difficile, voire pire.
    Et je suis encore plus triste pour les gens de mon âge qui font des études parce qu’ils ne savent pas quoi faire d’autre, dans les domaines qui ne les intéressent pas, et qui plus tard auront un travail chiant.
    Je me dis que quitte à en chier justement, autant essayer de se battre pour ce qui nous passionne.

    En revanche, lorsque vous parlez des écrans qui soit disant ne nous font plus sortir de chez nous, j’ai pu voir pendant mon stage justement cette réticence des "anciens" (seulement certains, heureusement) à prendre en main l’outil informatique. Dans ces cas là, les chefs sont bien contents d’avoir des petits jeunes pour faire le boulot plus vite. Peut-être un jour ces mêmes chefs décideront de donner un grand coup de neuf à leurs services de documentation, et alors nous aurons pleinement notre place.
    Mais d’ici là, j’aurais peut-être déjà 40 ans.

    Je me suis aussi beaucoup plainte de ce stage, mais il faut être juste : j’y ai rencontré des gens exceptionnels, et je ne perds pas espoir que le fait d’avoir mis un pied dans le milieu me permette d’y travailler plus tard.

    Encore merci pour ce texte, en le lisant et en lisant les commentaires je me rend compte que je ne suis pas seule dans ce cas.

    Et joyeux 30 ans tout de même.

  21. plume dit :

    bizarre de lire sa vie ecrite par quelqu’un d’autre, quasi sans erreur… ah si, j’ai dix ans de plus.

  22. Anne-Marie33 dit :

    Je comprends pas ce qui a empêché l’auteur de prendre un aller simple pour un pays en croissance où on embauche n’importe qui et qu’on forme sur le tas, ou même de bosser au black, donner des cours ou autres.
    Ceci dit, en France du travail il y en a, et plein, mais il s’agit d’avoir des "hard skills". Maîtriser un ou plusieurs langages de programmation. Avoir des compétences techniques, voire d’ingénieur. Même un simple artisan plombier, électricien, serrurier, ramoneur, installateur de poêles, jardinier ou que sais-je peut gagner très, très bien sa vie pour peu qu’il travaille dans une zone assez peuplée. Et puis aussi faut arrêter avec Paris, non seulement c’est un enfer surpeuplé et beaucoup trop cher, mais quand on a pas une fonction de direction général on peut travailler pareil dans une ville plus petite et plus agréable. Je vois dans le Sud-Ouest, la santé et le secteur aéronautique notamment embauchent partout et tout le temps, dans les villes de 10000 habitants comme 1 million. Mais c’est sur, visser des boulons et résoudre des équations c’est moins glamour que la culture et saint germain des prés. En attendant ça paye l’éducation des enfants, la baraque, la piscine, la voiture et les vacances. Le beau temps et la qualité de vie du Sud en prime.

    • zalifalcam dit :

      "Je comprends pas ce qui a empêché l’auteur de prendre un aller simple pour un pays en croissance où on embauche n’importe qui et qu’on forme sur le tas, ou même de bosser au black, donner des cours ou autres."

      -> Attaches familiales/sentimentales ?
      -> J’avais du travail ici ?
      -> Pas envie de m’expatrier ?
      -> Pas envie d’être hors la loi ?

      C’est pas les raisons qui manquent.

    • Coyote du Désert dit :

      "Je vois dans le Sud-Ouest, la santé et le secteur aéronautique notamment embauchent partout et tout le temps, dans les villes de 10000 habitants comme 1 million. Mais c’est sur, visser des boulons et résoudre des équations c’est moins glamour que la culture et saint germain des prés. En attendant ça paye l’éducation des enfants, la baraque, la piscine, la voiture et les vacances. Le beau temps et la qualité de vie du Sud en prime."

      >> Je suis ingénieur/docteur dans le domaine aéro dans le Sud-Ouest. J’ai travaillé dans un labo reconnu sur un projet très appliqué en partenariat avec SAFRAN et la DGA, en vissant mon lot de boulons et en résolvant des équations dont tu n’as jamais entendu parler. Et je suis sans emploi depuis presque neuf mois, avec quasiment aucune perspective…
      Donc je sais pas d’où tu tiens tes infos, mais tu devrais les mettre à jour.

      Cela dit, je suis assez d’accord, il faut arrêter avec Paris, mais ça ne dépend pas vraiment de nous, çà.

      Quant à s’expatrier, je me demande pourquoi tout le monde a l’impression que c’est si facile. Sans parler de l’invraisemblable complexité des démarches, quel que soit le pays choisi, laisse-moi te dire que dans des branches comme celles que tu cites, les enjeux de confidentialité sont tels que c’est extrêmement rare qu’un pays accepte de prendre un expat pour bosser sur des projets de ce genre.

  23. Cindy dit :

    Pour mes 30 ans, je travaillais à la BNP en interim dans un service administratif avec des quinquas incompétents qui tapaient sur leur clavier avec deux doigts, et se plaignaient constamment de tout (la plupart possédaient tout de même une résidence secondaire).
    Le chef du service pour un salaire 5x supérieur au mien et une BMW de fonction, ne savait pas utiliser l’informatique, son téléphone portable ou parler anglais, ce qu’il me demandait de faire à sa place. Il ne savait pas manager, faut pas deconner non plus.

    Pour mes trente ans, je me suis mise à leur niveau et j’ai arrêté de faire des efforts quand j’ai réalisé qu’on allait pas m’embaucher parce que "trop de diplomes" ça coute cher en salaires mais qu’on voulait bien mes compétences gratuitement ou le moins cher possible.

    Pour mes 30 ans je suis passé en mode no future et à defaut d’apporter une solution, ça m’a libéré, et permis de penser à ce je voulais plutôt que suivre le modèle de mes parents et grands parents.

    Merci pour le témoignage, je pense que beaucoup de gens s’y reconnaitront.

  24. Herve CRUCHANT dit :

    Salut. J’aime bien ce papier. Il est d’époque. Je veux dire de ton époque comme de mon époque. Tout pareil. Je vais pas faire la fête pour mon anniversaire dans bientôt : je vais avoir septente piges8 Putain, avant-hier soir j’avais encore trente unités au compteur. Et c’était tout comme tu dis dans ton papier. J’ai du manquer quelques choses. Mais maintenant, je veux descendre. Pas de fête, non, mais peut-être un peu de bonne musique. Et Cyril Mokaiesh (toute la galette). Dis-le à ton père, çà lui fera plaisir, au camarade, qu’on écoute et qu’on pense pareil que lui. Salut à toi. @+ quelque part; on sait jamais, et si leur dieu existait, hein?

  25. Jeremie dit :

    Je suis de 1974

    Il y a de grandes chances pour que je passe pour un type de droite qui comprend rien a rien, mais je m’en fous, apres tout le territoire qui se situe entre l’extreme gauche et la gauche ne doit pas etre bien éloigné de celui de la tolerance alors j’y vais ;)

    Je suis d’accord avec ce texte, il est surement représentatif des trentenaires d’aujourdhui. Je trouve ça triste, je suis peut etre naif.

    Une chose me manque dans ce texte, ou plutot une chose me gêne. J’ai l’impression que la generation decrite subit les evennements sans être maitre de quoi que ce soit, broyèe par le systeme, balotée aux grés des vents nauseabonds de la société de consommation. SUBIR SUBIR SUBIR…

    Subir et attendre que le prince charmant vienne nous arracher a notre condition, ou encore attendre que des hordes sauvages déboulant de l’autre coté du periph fracassent la table a coups de battes.

    Mouai, serieusement, je n’attends ni l’un ni l’autre. Si je m’en remettai a moi plutot ? Si je me disai que lascenceur social ne se composte pas avec des diplomes mais avec un état d’esprit ! Si on arretait d’attendre ?? Si on jouait a devenir des aventuriers ? Pour créer a partir de rien et sans argent ! Si on se mettait a croire en nos forces personnelles et collectives ?

    Pour moi c’est cet etat d’esprit qui compte, aventurier, creatif, combatif, afin de s’arracher a la soupe populaire des medias, des loyers prohibitifs et des salaires de merde. Ce qui me gêne en lisant ces pages, c’est cet état de lobotomie consciente, comme si on avait été drogué au GHB pour bien se faire defoncer.

    Je peux vous assurer que beaucoup de trentenaires partagent cette volonté d’entreprendre et je vous invite tous cordialement a les rejoindre !

    • zalifalcam dit :

      M’en remettre à moi c’est ce que j’ai toujours fait, et "coup de bol", j’étais assez démerdeouillard pour que ça suffise.
      Je dis juste qu’à mon avis, j’avais quand même eu deux trois fois une légère bonne étoile.

  26. Media dit :

    Beaucoup de choses épinglées dans ce billet. Le problème, c’est qu’aujourd’hui on mélange tout. La lecture des commentaires précédents est révélatrice : beaucoup se reconnaissent dans votre portrait. Et dans une certaine mesure, je pourrais dire "moi aussi". Mais personne n’a les même objectifs dans la vie. D’ailleurs, qui en a ? Et quels sont-ils ? acheter une maison ? non, pour de plus en plus, c’est mort. Voyager : Pour vivre ce qu’on voit déjà la télé ? Fonder une famille : qui paiera notre retraite ? Créer une entreprise : en cherchant au maximum à réduire les coûts, ce que les grosses boîtes comme Google font (optimisation fiscale), malgré tout le capital sympathie qu’elles génèrent ?

    Personne ne se rend compte du travail de sape des cerveaux. Les réseaux sociaux sont à proscrire. L’accès à l’information n’est plus qu’un accès à la comparaison. Que votre patron touche 5x votre salaire, ça change quoi ? ça rend aigri. Même si c’est le dernier des c…, on ne connaît rien de sa vie et on ne peut pas comparer. Or tout le monde compare, juge, note, critique…

    Arrivé à un certain stade de sa vie, chacun d’entre nous (amha) arrive à la conclusion que oui, l’homme est un loup pour l’homme, que ceux qui "s’en sortent" sont ceux qui marchent sur la figure des autres (ça rejoint le commentaire de Renaud Guerin) Avoir 30 ans en France aujourd’hui c’est pas génial. Mais 40 non plus. Et comme déjà dit, c’est pas génial tout court.

    Faut-il pour autant faire l’autruche ? Je ne pense pas. Mais ce billet met mal à l’aise car il n’y aucune branche à laquelle se raccrocher. Alors tout est mort ? Encore une fois, ceux qui commentent ici sont les piranhas décrits dans "suicide social" : on s’apitoie sur notre sort ou on s’engueule, mais entre nous. Pendant ce temps…

    J’ai peut-être la réponse à la question "être un homme, qu’est-ce que c’est ?" C’est JUSTEMENT incarner quelques-unes valeurs qu’on nous jette à longueur de médias : honnêteté, intégrité, congruence… Ah zut non j’ai rippé, je voulais pas écrire "incarner", je voulais écrire "être" ;-)

    • zalifalcam dit :

      "Arrivé à un certain stade de sa vie, chacun d’entre nous (amha) arrive à la conclusion que oui, l’homme est un loup pour l’homme, que ceux qui "s’en sortent" sont ceux qui marchent sur la figure des autres (ça rejoint le commentaire de Renaud Guerin) "

      Surtout quand on a fait philo option café du commerce.

  27. Paco dit :

    Bien sûr la réalité sociale est bien décrite, j’ai subi la même. Mais on ne sent aucune envie de combattre. Et une espèce de calimérisme pénible. Avec mes confuses quand même car j’aurai toujours bien plus en commun avec l’auteur qu’avec n’importe quel homme ou femme de droite.

  28. Bonjour,
    D’abord chapeau (et là je donne mon âge). Ce texte est fort, sobre, c’est de la belle écriture. Ce qui n’est pas si facile, ni donné à tout le monde. Donné à personne, en réalité, mais refusé à beaucoup.
    Ensuite… Trouble. Je pourrais être ton père, chronologiquement, puisque j’ai 54 ans. Et j’ai, moi aussi, toujours eu l’impression de me faire voler le monde et la vie par la génération précédente: les soixante-huitards.
    Séquence historique. Ils avaient tout inventé, tout connu, l’amour libre et sans capote, toutes les manières de s’éclater, nous ne pourrions jamais que tenter de suivre leurs traces, en moins bien. Ils étaient venus au monde du travail en pleine prospérité, et pouvaient se permettre de mépriser le salariat, que certains assimilaient tranquillement à l’esclavage ou à la prostitution. Sans que cela les empêche d’aller à la gamelle, comme tous les S. July ou D. Cohn-Bendit.
    Nous, à treize ans, nous sommes entendu signifier que plus rien ne serait jamais comme avant: première "crise du pétrole", début du chômage de masse, fini de rigoler. Baba-cool, si tu veux, mais tu manges quoi ?
    Une fois au boulot, ils étaient si nombreux qu’ils bouchaient la vue et les perspectives. Et maintenant c’est pareil avec la retraite!
    Je ne rentre pas dans le détail, je ne suis pas non plus là pour pleurnicher, mais on nous appelait la génération "Bof!" du fait de notre enthousiasme débordant envers le monde à conquérir. Le parallèle qui n’en est pas un m’a tout de même perturbé. Et tu sais quoi ? Maintenant j’ai un peu peur pour mes gosses.
    Mais bon, on a tout laissé partir en sucette, on s’est fait avoir en masse depuis les années 80, on a une responsabilité. N’étant ni sorcier ni milliardaire, j’essaie de militer, de convaincre des gens que c’est de la poudre aux yeux, que si vraiment nous disions non bien fort, bien des choses pourraient changer.
    Pour finir, je ne me sens pas si éloigné que cela de ta génération. Des coups de chance, sans doute. Le fait de ne pas être totalement tétraplégique face à un clavier. De ne pas me prendre pour un chef, ni profiter d’avantages indus. Parfois je me traite de vieux con, mais à lire le monde que tu croises au boulot, merci pour la cosnolation.
    Le souvenir du Tolkien piqué en… 1973! au Monoprix. On se sent un peu seul pendant longtemps avec ce genre de chose au cœur. Sourire en coin quand, 20 ans plus tard, un jeune t’explique que ce super-roman…
    Bravo encore, et merci.

  29. Alan dit :

    Je te conseille de regarder ce spectacle de Franck Lepage (inculture: l’éducation), ça va te parler, et t’éclairer sur pourquoi tu en es là et tu as vécu tout ça

    ça dure plus de 2h, mais regarde le premier quart d’heure et tu vas ne pas pouvoir t’empêcher de tout regarder tellement ça éclaire sur la façon dont l’éducation est (mal) faite et finit par produire des BAC+8 qui ont des jobs mal payés de BAC+4

    • CitoyenR dit :

      Merci beaucoup de l’avoir mis ici. Je connaissais pas, il est génial. Tout ce qu’il dit est un condensé de vérité. Vraiment classe.

    • zalifalcam dit :

      Je regarderai ça un de ces quatre (mais j’ai pas bac+8 hein, je dis juste que j’en connais, et que pour la plupart, ils se barrent bosser dans un pays qui veut bien d’eux).. J’ai un BAC+4 en Histoire et un diplôme technologique (niveau Bac+2) en métiers du livre.

  30. Gregory dit :

    Bon j’ai pas tout lu, mais quand même, tes parents sont des enculés de t’avoir appelé Toto. A mon avis, tous tes problèmes viennent de là. As-tu essayé de changer de prénom ?

  31. emerix dit :

    Super texte. J’ai 30 ans et je suis toujours partagé entre l’idée que l’Univers ne me doit rien et l’idée que je n’ai pas demandé à naître alors que les responsables de mon existence s’occupent de moi au plus vite!
    En attendant d’avoir la réponse, je mange des pâtes et j’essaye quand même de profiter de la vie… C’est quand même fou d’avoir la chance de se plaindre d’avoir à manger des pâtes :D

  32. mark dit :

    Orelsan, sérieusement ? La situation des trentenaires est à l’image de sa musique. Je vous laisse à vos conclusions.

  33. paul dit :

    Bon
    ben
    bravo pour ce texte dans lequel nous sommes très nombreux à nous retrouver.
    comme quelques autres camarades, j’ai plus de cinquante ans
    et vécu grosso modo les mêmes choses
    sauf que maintenant, je suis "trop vieux" "trop cultivé" trop atypique" et pas assez plein de choses et toujours pas patron à mon âge.

    je pense simplement que ce n’est pas une question de génération, mais d’ambiance d’un système fondé sur la domination et l’égoïsme : le mal.

  34. DelNogal dit :

    40ans et parent. No future pas une option, Bright future pas une option. Je serre les fesses et redécouvre le charme des contes d’antan, où la fin n’est pas forcément happy, mais où l’on fait avec.
    Chapeau pour le condensé d’une époque. Le futur ne sera pas meilleur, mais il sera

  35. Yvonne Ernoux dit :

    Bonjour Toto !
    Moi je suis née en 1930 et j’entre dans ma quatre vingt quatrième année.
    Drôle de coïncidence !

  36. badtrip dit :

    Remarquable papier que j’aurais aimé avoir écrit et auquel je souscris totalement. Et pourtant je viens de fêter mes 57 ans. Continues, tu as du talent, du style et une vision. Chapeau !

  37. zogzog dit :

    Zaitoulu

    C’est marrant, j’ai 3ans de moins, et je me suis reconnu dans énormément de choses dites. Enfin presque (et j’étais en S, na), disons jusqu’aux études. Ensuite, et avant le réel diplôme, j’ai pris l’ascenseur social direction le sous sol, et plus vite que ça \o/
    Je n’avais pas encore 25ans, détail qu’on écarte souvent avec un peu trop de légèreté.

    Loin de moi l’idée de faire l’éloge de cette belle horreur, mais pour en être sortit malgré tout, par la petite porte, pour une situation qui n’est d’ailleurs guère plus enviable, dès qu’une de ces nombreuses têtes de con tente encore de faire jouer cette peur courante de perdre tout ce peu qu’on a (gnagnagna vous avez de la chance d’avoir un toit et de quoi manger), par la force des choses j’ai ce petit quelque-chose qui me prend aux tripes et me fait soudain éclater d’un fou rire irrépressible au nez d’une telle "menace". Parce qu’au fond, s’ils se permettent toutes les bassesses face aux salariés et autres stagiaires, ils ne manquent pas de baisser les yeux et marquer un détour pour éviter les pontsards, à raison.

    Bientôt 30ans.

  38. IcarusGW dit :

    Je suis aussi de 1984.

    Et oui tu t’es fait niqué !

    Moi j’ai eu la chance d’être fainéants et de ne pas avoir poursuivi mes études (alors que j’en avais les capacités, il parait).
    J’ai finalement été attrapé par les couilles par mon père qui m’a mis dans le bâtiment et je ne regrette pas du tout.
    Maintenant je ris de voir des gens comme toi croire au système (enfin ce n’est plus ton cas).
    Pour avoir un boulot bien payé sans transpirer, il faut soit être indispensable à la survit du système, soit il faut être un fils de…
    C’est pourtant simple !
    L’égalité mon cul oui !
    Les gens cultivés sont une menace pour le système car ils ont la possibilité de le dénoncer, alors on les met au placard (exit les postes à hautes responsabilités).

    Je pense sérieusement que les métiers manuels devraient être investis par les gens cultivés. Avec ces compétences, on détient un vrai "pouvoir". Il est modeste mais si demain le système se casse la gueule, ce ne sera pas les manuels qui savent se démerdés qui crèveront les premiers.
    Je l’ai constaté à l’armée : on est en forêt, on nous demande de faire un feu. Les "citadins" s’acharnent sur les branches d’arbre (vert forcément) pour faire du petit bois. Les "campagnards", fils de paysan ou simplement logique, se baissent pour ramasser le bois mort…

    Bref…
    Bon courage pour la suite.

    • zalifalcam dit :

      "Maintenant je ris de voir des gens comme toi croire au système (enfin ce n’est plus ton cas)."

      je crois qu’on se connaît pas, hein. Je n’ai jamais cru au "système". D’ailleurs, ça ne m’évoque rien.

  39. Eldc dit :

    Quelques commentaires.
    Le sens de l’expression "génération y" m’a toujours paru peu clair, et je n’en trouve pas de définition générale compréhensible. Pouvez-vous expliquer pourquoi ne doit-on pas vous en parler ?
    Sinon, sur le fond, rien à dire ; sur la forme, sleen -> spleen, sinsitrose -> sinistrose, et une ou deux autres mais j’ai oublié.

  40. Agathe dit :

    Bonjour,

    je découvre ton blog (oui, je te tutoies aussi, il y a des personnes avec lesquelles ça vient plus facilement que pour d’autres, et après lecture de ton texte, j’ai bien envie de te tutoyer) par le biais de nos sacro-saints réseaux sociaux facebookiens, louées soient ses vertus! et sans lesquels nous, les jeunes collés à nos écrans, ne pourrions vivre.

    D’abord, merci pour ce texte que tu as pris la peine de rédiger – joliment – et dans lequel tu as incorporé de multiples liens (Alarma m’a fait rire, je l’avais sur une compil’ quand j’étais petite). Pour ces efforts, merci. C’est agréable de trouver un travail construit sur la jungle de facilité qu’est internet.

    Je ne suis pas de ta génération, je suis de celle d’après. La post-chute du mur de Berlin, celle qui se souvient avoir eu pour première pensée en voyant les images du onze septembre à la télé "ben ils sont où mes dessins animés?". Née au début des nineties.

    J’ai lu tous les commentaires et j’ai trouvé très intéressant que d’autres personnes, d’autres générations et d’autres horizons, viennent apporter leur petite pierre à cet édifice de comparaison de ce que la société française nous semble être… Alors je me suis dit que j’allais mettre un petit mot, moi aussi, histoire de.

    J’ai toujours eu l’impression d’être privilégiée, bien que pour certains, ma vie semble loin d’être proche des "privilèges". Mes parents sont des amoureux de la culture, ma mère travaillant elle-même en médiathèque, nous avions constamment des flots de livres dans la maison (j’exagère à peine, je faisais des piles et m’en servais de table de nuit lorsque j’étais enfant).

    (D’ailleurs, à ce sujet, j’ai moi-même des anecdotes terribles sur la façon dont fonctionne toute l’administration dans le coin… qui ne sont pas sans rappeler les tiennes. Mais chut, c’est un secret de polichinelle, des fois que ça viendrait à se savoir encore plus.)

    Mon père peintre amateur m’a probablement communiqué sa passion du dessin, et mes deux parents m’ont toujours encouragée à suivre la voie que je voulais.
    Mais nous n’avions pas beaucoup d’argent pour autant: nous habitions chez ma grand-mère pour ne pas avoir à payer de loyer, nous ne partions jamais en vacances, ni en week end, et mon père plombier-chauffagiste a été au chômage de longues années. Je sentais confusément que la situation n’était pas au beau fixe mais je ne me suis jamais autorisé le droit de me plaindre… en tout cas ni trop fort, ni trop longtemps.
    J’avais la chance d’avoir des facilités à l’école, et c’est ce à quoi je me suis raccrochée. Je me suis toujours dit que les études étaient primordiales, et que je tâcherai d’avoir un bon travail pour gagner bien plein beaucoup des sous pour pouvoir enfin aller en vacances et avoir de jolis habits. Et puis au moment du choix, paf: à quoi ça sert de faire des études chiantes pour ne pas avoir l’assurance d’un métier qui paye derrière (puisque c’est la crise partout, nous dit-on)? Pire, pour faire pendant cinquante ans un métier que je déteste?
    Alors, comme Leïla qui commentait un peu plus haut, j’ai choisi des études de passion: j’ai un peu erré avant de trouver ma voie exacte, mais je suis finalement allée dans le périlleux monde de l’art. Et plus précisément, du dessin animé. C’est pas banal mais ça ne paie guère mieux qu’une autre profession, surtout si on reste en France.
    Grâce à une forte solidarité familiale, j’ai pour l’instant passé toutes mes études hébergée par une tante que je ne remercierai jamais assez, et n’ai donc jamais été confrontée directement à de gros soucis financiers. Mais ce tracas est toujours latent… C’est d’ailleurs, il me semble, le problème qui sous-tend tous les autres problèmes auxquels nous avons tous été confrontés.

    Et aujourd’hui, toujours soutenue par mes parents, j’ai eu la chance d’entrer dans une très grande école de dessin animé, payante évidemment. Nous avons réussi à mettre pas mal d’argent de côté, mais nous ne nous voilons pas la face sur le face que ça va être ceinture dans quelques temps.

    Pour ma part, j’attends encore d’en chier vraiment. Ça ne devrait pas tarder. Je ne sais pas si je serai assez préparée. Je ne sais pas si j’arriverai à trouver du travail dans le milieu de l’animation plus tard. En attendant, je me dis que j’aurais au moins eu du bon temps lors de mes études.

    Je reviens raconter ce qu’il en est dans dix ans, lors de ma propre crise de la trentaine… Passe quand même un bon anniversaire!

    PS: je m’excuse d’avance si des fautes d’orthographe ou autres bêtises ont échappé à ma vigilance de une heure du matin…

    • zalifalcam dit :

      Bon courage <3

      T'as rien raté à part le Club Dorothée, et franchement, c'était très surfait.

      Sinon :
      "Je ne suis pas de ta génération, je suis de celle d’après. La post-chute du mur de Berlin, celle qui se souvient avoir eu pour première pensée en voyant les images du onze septembre à la télé "ben ils sont où mes dessins animés?". Née au début des nineties."

      Moi pendant la guzerre du golf je dessinais mon papy habillé en Saddam Hussein (ils se ressemblent beaucoup physiquement). Et je me souviens vaguement de la chute du mur (ça avait fait très plaisir à mon père).

  41. Simone RINZLER dit :

    Un très long texte à couper le souffle d’une sobriété stylistique époustouflante.

    Food for thought.

    À publier, bien sûr !
    De toute urgence…

  42. gomibako dit :

    Super texte et bien écrit (ce qui devient rare de nos jours).
    Moi aussi, j’ai eu de la chance, comme toi et je me reconnais dans ce texte.
    L’avenir est ailleurs: le monde regardait la génération précédente vivant dans l’hémisphère nord avec envie, et notre génération envie le reste du monde.

    Encore merci pour ce texte, je vais en faire profiter quelques uns.

  43. Virginie dit :

    Je me sens vachement moins seule et moins con. Merci!

  44. SImone Rinzler a raison : il faudrait publier ce texte. Si cela vous tente, on peut le faire ensemble. Frédéric Martin (éditions Attila)

  45. Aram dit :

    Et bien moi ça m’agace… Ça m’agace que vous pensiez que c’est une affaire de génération, de *votre* génération. Cette situation (le précariat, la misère, les stages, le RMI puis le RSA, les CDD absurdes et le chômage, dormir sur un canapé et ne bouffer que des pâtes ramasses dans les invendus des supermarchés, et le reste, et bien sûr les fractures de plus en plus lourdes dans la société, et le mépris assourdissant de ceux qui se considèrent comme étant le dessus du panier), ça date du début de la crise, ça date de 1974… Alors oui, ça n’a fait que s’aggraver. Mais ce que vous écrivez, bien d’autres peuvent l’écrire pour l’avoir eux aussi vécu et pour le vivre encore, qui ont dix ans, vingt ans, trente ans de plus que vous.

    Et si (parfois je me prends à rêver, voyez-vous ?) les gens qui sont dans la même situation, certains depuis plus de trente ans, s’unissaient sur ce qui les fait se ressembler, au lieu de se balancer dans la tronche de fausses différences, la différence de date de naissance étant la plus fausse d’entre elles ? Si au lieu de pleurer la galère des jeunes (indiscutable, indéniable) comme d’autres gueulent (mais moins fort) la galère des moins jeunes, on gueulait tous ensemble notre galère commune, vous ne pensez pas que les choses pourraient commencer à bouger ?

    Parce que là, ça fait vieux con de le dire mais tant pis, j’assume : sincèrement je ne vois pas en quoi votre parcours diffère du mien ni de celui de mon amoureuse. Sauf que j’ai 56 ans et elle en 42, et qu’on n’est pas les seuls, loin de là. Alors en quoi ce serait le problème dune génération, et plus spécifiquement de la vôtre ?

    • zalifalcam dit :

      Je ne parle que de ce que je connais. Désolé si ça vous a heurté, c’était pas mon intention !

      • Aram dit :

        Ce qui me heurte, c’est que vous vous adressez à des gens qui sont dans la même situation que vous, depuis autant d’années que vous en avez vécues et peut-être plus, en leur demandant pourquoi ils ne sont pas au courant de ce que *vous* vivez et pourquoi ça ne les révolte pas. Mais nous vivons *tous* la même chose !
        Et : OK, oui, absolument, ça s’est aggravé et plus ça va plus c’est dur (donc : plus on est jeune, plus c’est dur), je suis entièrement d’accord, c’est l"évidence même.
        Ce qui me heurte, c’est finalement que vous ne soyez pas capable de voir plus loin que votre nombril, tout en reprochant à autrui de ne voir que le leur (de nombril).
        Et à part ça, il me semble avoir fait une proposition un petit peu constructive (rassembler les expériences, unir les témoignages, voir ce qui unit et ce qui divise). Et lutter ensemble. Finalement, ce qui me heurte est que vous fassiez semblant de ne pas l’avoir lu.

  46. IcarusGW dit :

    Je ne l’ai pas précisé hier soir dans mon commentaire mais je vous conseille de lire la face caché de l’école d’Arnaud de Tocquesaint.

    Il fait parti des livres interdits que j’ai lu et qui me permettent de mettre en lumière le vrai problème de la société. Vous comprendrez tout de suite pourquoi de nombreuses personnes comme vous se sont faites avoir. Personnellement j’avais déjà capté la supercherie mais ça fait plaisir de voir qu’il n’y pas que soit, le pauvre prolétaire du bâtiment, qui avait vu juste.

    http://www.kontrekulture.com/produit/la-face-cachee-de-l-ecole

  47. Le Héros dit :

    La longue litanie d’un naïf baigné d’une culture familiale socialiste et gavé d’instruction publique autant inutile qu’indigeste, coincé dans ses idéaux poussiéreux (et justement pierre angulaire des anciennes générations) et se noyant petit à petit dans son bouillon fonctionnarisé parasitaire.

    Rassurez-vous, vous n’êtes pas le seul dans ce cas, en France, aujourd’hui…

    Désolé, mais même si l’on peut sur certains aspects adhérer au constat, notamment l’accusation du pistonnage, des chaînes de hiérarchie sclérosées, de la corruption généralisée des élus, etc… ; on ne peut qu’accuser le manque d’intelligence, ou plutôt de pragmatisme, dans votre parcours.

    Nous vivons dans un monde matérialiste capitaliste depuis des décennies. Oui, ce n’est pas le plus juste des systèmes, mais pour l’instant on n’a pas trouvé mieux. C’est ainsi, c’est un autre constat, et les idéalistes ne pourront jamais changer ce système, lequel sait calmer les révoltés, comme vous l’imagez, avec les stades de foot surdimensionnés, les prime-time débilisants et les évasions au rabais pseudo-exotiques d’easyjet.

    L’intelligence c’est de le comprendre ce constat, lui et toutes ses facettes, de vraiment l’assimiler, de l’intégrer bien au fond de son esprit, et d’agir en conséquence. Certes, la culture, la vraie, celle que vous défendez, aide à la compréhension de notre monde : l’histoire avec un grand H, la littérature avec un grand L… Mais elle ne peut qu’aider l’éclairé à sortir de la nasse, elle ne pourra jamais révolutionner la nature humaine, ni remplir un estomac.

    Alors oui, vous êtes tous débordants de savoir théorique, mais vous n’avez ni les tripes, ni l’intelligence (pragmatique) d’affronter la réalité du monde, lequel vous le rend bien en exploitant non seulement votre esprit, mais aussi vos bras, au profit de ceux qui ont compris que vous ne valez strictement rien, mais que vous avez le potentiel de rapporter beaucoup.

    Pour revenir à votre prose, et quitte à provoquer un peu… Plutôt que de vous être nourri de jambon reconstitué dans votre 25m², de sauces ikea et de sous location foireuses, vous auriez peut-être mieux fait de vendre votre postérieur, vous auriez alors peut-être compris, vous aussi, l’essence même qui dirige le monde, intrinsèquement pourri… Il n’y a aucun conflit de générations, il n’y a naturellement que des exploiteurs, et des exploités.

    • zalifalcam dit :

      "Le héros"

      et modeste avec ça :D

      • Firdoel dit :

        Y’a rien de plus laid qu’un gars qui pourtant visiblement sait s’exprimer correctement en français avec un vocabulaire varié, mais qui l’emploie maladroitement à développer des idées qui ne sont pas les siennes,dans un style qui se voudrait subtil, et,tout ceci dans l’unique but de se flatter la rétine à la relecture de son méconium syntaxique.

        Un peu comme moi, là ^^

  48. Pareil, vraiment pareil. Même si un peu plus de chance au début puisque j’ai trouvé du taf tout de suite.

  49. Blair dit :

    J’ai eu dix fois plus de chance que toi, et je suis capable de me plaindre dix fois plus fort. Ne me provoque pas.

  50. Très chouette texte, inspirant et rempli d’exemples parlants.
    Parce que c’est dimanche et qu’on a mieux à faire qu’angoisser d’ici la reprise demain, voici deux, trois trucs sympas (géniaux ?) quand on a 30 ans aujourd’hui :

    - Aujourd’hui on peut créer un blog, créer un article de qualité comme celui-ci et faire plus de bruit qu’un journaliste qui a pignon sur rue.

    - Aujourd’hui, on peut aller à la plage en partageant la voiture de quelqu’un pour moins de 15 euros ou en louant la voiture d’un particulier

    http://www.covoiturage.fr/recherche?fc=Paris&fi=3&tc=Cabourg&tci=4630&to=BOTH&p=1&n=20&t=tripsearch&a=searchtrip

    https://www.drivy.com/location-voiture/nanterre/renault-clio-2-phase-1-9l-diesel-18737

    - Aujourd’hui on peut trouver des légumes pour un prix juste, en passant par les circuits courts et évitant grossistes et supermarchés

    http://www.laruchequiditoui.fr/member/home

    - Aujourd’hui des millions de personnes te proposent de venir passer quelques nuits gratuitement chez elles

    https://www.couchsurfing.org/

    - Aujourd’hui, comme tu l’écris, "on nous a donné les outils pour avoir accès à toute la culture du monde, puis on nous a interdit de nous en servir".. mais on s’en sert quand même !

    http://www.franceinfo.fr/high-tech/hadopi-premiere-et-derniere-condamnation-1024895-2013-06-14

    - Aujourd’hui, un service illégal dans un nombre incalculable de pays, te permet de communiquer gratuitement avec n’importe quel Inuit

    http://www.skype.com/fr/

    - Aujourd’hui, on peut emprunter à des gens qui vous veulent du bien

    https://www.hellomerci.com

    et je ne m’étendrais pas sur le crowdfunding puisque tu mentionnes déjà Ulule. Juste un exemple, deux amis que j’ai vu bossé pendant deux ans dans une cave en mangeant du taboulé , ont lancé une campagne sur Kickstarter pour leur projet. Objectif : 69 000 euros. Ils en sont à 277 000 euros.
    http://www.kickstarter.com/projects/cloud-guys/plug-the-brain-of-your-devices

    Moi j’ai 24 ans. Je me plains parfois, et le reste du temps, je regarde un truc qui s’appelle "Internet" que n’avaient pas nos grand-parents et que nos parents ne savent pas utiliser.

    Bonne boum :) !

  51. CitoyenR dit :

    J’aime bien ton texte. Moi j’ai trente ans cette année et j’ai suivi des études de socio option pygmées comme tu dit (jusqu’au master 2 cela dit). Cette image n’est pas très maline, c’est réducteur et assez insultant pour cette science. Après venant d’un mec qui à fait une prépa ça n’a rien d’étonnant. Juste pour dire qu’il vaut certainement mieux avoir suivi ton parcours que le mien.

    Quoi que : si tu avais fais socio, tu saurais à quel point nous vivons dans une société patrimoniale ou la reproduction est devenue le seul diplôme qui vaille. Dans ce contexte, soyons heureux, vivons caché (et, oui, modestement, ce qui n’est en rien une honte, bien au contraire).

    @le héros : ton laïus pseudo blasé de houelebequiste pourri et de vrai libéral débile, tu te le garde, tu le roule et tu te le colle au cul amigo.

    • zalifalcam dit :

      Désolé pour ton cursus. Ce que je voulais dire, et loin de moi l’idée de dire que c’est nu la socio/psycho, c’est que j’ai fait, in extremis, une formation qui me donnais a peu près à coup sur un boulot, et que bon, du coup, j’avais "joué le jeu" du marché du travail.

  52. CitoyenR dit :

    En fait non, ton texte me révolte. Mais qu’est ce que tu/vous croyiez ?

    Nom de dieu en plus t’es né en Lorraine ? Mais bordel t’as ouvert les yeux à quel âge exactement pour geindre comme ça avec tes références à la con digne, du fils Delerme, ton name dropping fatiguant, qui écrase, l’étalage de ton bon goût exclusif.

    Putain, moi mon père à vécu toute cette vie comme un con à subir la crise depuis ses vingt ans et pourtant dieu sait que ce mec en avait certainement plus dans le citron qu’un paquet de nos contemporains. À LUI, FILS DES TRENTE GLORIEUSES, ON A MENTIS… À nous, enfants des golden 80′s -dégueulasses, mais on a jamais rien promis !

    Et après on devrait être étonné par toute cette chienlit ? Mais ça fait depuis notre naissance que c’est comme ça ! Mais réveillez vous foutre dieu ! Merde ! Chier ! Vous m’emmerdez à vous dire que c’est dur, que c’est injuste ! Vous pensiez qu’on allait tous avoir notre part de boulot dans la culture avec un grand C ? Celle que ne veut absolument rien dire ? Complètement galvaudée par la société des médiateurs culturels qui ne savent rien à rien, à part sourire bêtement à une foule de cons qui pensent s’instruire en allant visiter les attractions -minables !- concoctées par nos diverses politiques municipales. Toutes les mêmes, au passage. Et vous pouvez aller vivre à Berlin, à Bruxelles ou Londres : c’est pareil !

    AAaaaaaaah putain, tu m’a foutu mon dimanche en l’air tiens !

    Sans rancune et je m’excuse d’avance pour le ton et les insultes, j’avais besoin de réagir un peu fortement.

    • IcarusGW dit :

      Tu aimes ou tu aimes pas ?
      Du coup ta critique envers le héros est elle légitime ?

      • CitoyenR dit :

        En fait c’est pas que j’aime ou pas, comme beaucoup ici je m’y retrouve en partie. Mais qu’en partie, car comme dit ci-dessus, en substance, je n’ai jamais eu aucune confiance en ceux qui vivent dans le système sans jamais se remettre en question. Cad beaucoup de profs, puis beaucoup de travailleurs, puis beaucoup de responsables en tout genre.

        Ça n’est pas tout le monde mais c’est beaucoup de gens qui m’entoure, je les appels l’armée des cons depuis longtemps maintenant. Je suis moi même un jeune vieux con depuis toujours pour ma part, mais je ne fais pas partie de l’armée. À mes yeux.

        Par exemple, "le héros" avec son discours cynique du "c’est comme ça" fait partie intégrante, selon moi, de la Grande Armée des Cons. Avec son discours sur le fait que le capitalisme est encore le meilleur système que l’humanité ait inventée, ou encore le laïus stupide sur le fait qu’il faillent être méchant pour réussir : ça fait même de lui un grognard, futur général à la Bigeard, si il se démerde dans ce système aussi bien qu’il le dit.

        Il pourra se faire des colliers d’oreilles de smicard, grand bien lui en fasse.

        Pour le reste voila, je n’aime ni n’aime pas ce texte. Je m’y reconnais mais je ne m’y solidarise pas, je trouve, son discours de par trop court et tout les tant du mois un autre texte du même tabac est pondu sur le net sans jamais proposé quoi que ce soit. Comme ici. Même les punks qui criaient no futur ne tombais pas dans ces jérémiades puisqu’eux savaient où ils allaient.

        Donc je dit : merde. Et vive le feu.

        • zalifalcam dit :

          On ne se connait pas, donc ne préjuge pas trop de ce que je fais ou pas, de ce que je pense ou pas, parce qu’en fait, t’en sais rien… :) Mais on peut en parler si tu veux.

  53. Back6 dit :

    Très bon post, dont je regrette toutefois quelques points:
    - la dénégation des difficultés propres aux filières littéraires. Vous en êtes pourtant l’illustration. Je reproche fermement à nos institutions d’entretenir ce rêve irréaliste par des pléthores de formations sans débouchés.
    - l’idée qu’il s’agit d’un problème lié à cette génération, alors que tous cela est vrai au moins 15 ans avant. On appelait ma génération la génération Tapie. C’est dire que ce n’est pas nouveau, les discours sur les jeunes ineptes.
    - la sinistrose. C’est vraiment le pire qu’il puisse vous arriver. Il ne faut jamais croire les gens qui vous disent qu’être cyniques, c’est être intelligent. C’est faux. C’est un filtre grisâtre qu’il est très difficile d’ôter ensuite, parce qu’il change la façon de percevoir le monde.

    Bonne continuation, shakras ouverts, puisque les temps difficiles semblent derrière vous

    • zalifalcam dit :

      Namaste.

      Je ne nie pas que les filières littéraires sont difficiles, mais elles le sont à mon sens pour la simple et bonne raison que l’orientation y est absolument nulle.

  54. Meka dit :

    Bonjour, née au temps des dinosaures je dirais que ce texte me touche, je me sens concernée. J’ai eu beaucoup de chance, j’ai fait le stricte minimum en matière d’études, mais j’ai choisi la bonne filière. J’ai vécu à Paris venant de ma province, avec 1500 par mois pendant des années ( années 80) . J’arrivais même à partir en vacances. En tant que femme, je connais cette pression dont vous parlez : pas assez parfaite, pas assez ou trop sexy, trop blonde ou pas assez, à présent s’ajoute le: suis-je une bonne mère ? Pour ce qui est du boulot, j’ai vite compris que non un petit chef au dessus de ma tête c’était pas gérable. Il est pas né le chef débile qui me poussera au suicide…etc etc si bien que lisant votre papier, que je trouve très bien et je n’oublie pas que vous vous y plaignez, je me demande quand même si vous ne manquez pas un peu de maturité? À votre âge (et nous sommes nombreux à l’avoir eu) j’étais déjà précaire ( je suis intermittente ) je bossais la nuit dans les bars ( ou je gagnais bien ma vie) et je bossais la journée ( pas tous les jours hein parcqu’il faut bien dormir) sur les films ou émissions que je trouvais ( stagiare, assistante, parfois chef).
    Tout ça pour dire qu’avant la chance il y a les choix que l’ont fait, j’ai lu dans votre billet des choses que vous n’aviez pas a vivre : personne ne m’aurait fait vivre dans un studio à 700 € par mois en banlieue à 3 h de mon taf, la coloc ça existait déjà et faut pas hésiter à s’en servir… Avec tous vos diplômes vous auriez pu donner des cours à des enfants, vous donnez l’impression d’avoir subit, subit ,subit et de n’avoir eu que de la chance ce qui est réducteur. Ou est votre libre arbitre? Vous avez 30 ans ce n’est pas encore trop tard pour l’acquérir mais grouillez-vous un peu , une fois les mauvaises habitudes prises il est dur d’en sortir ( j’en sais quelque chose) .
    Allez la bise.

    • paul dit :

      c’est quoi votre libre arbitre ?
      c’est typique d’une certaine idéologie individualiste volontariste ce truc, d’une certaine vision du monde concevant que le monde est le résultat de la somme de ses parties etc…
      nan
      j’y ai jamais cru
      oui on subit
      on subit principalement l’orgueil des gens qui sont déjà en place et qui entretiennent, à tous les niveaux sociaux et économiques, l’orgueil de leur place
      ça correspond aussi à une philosophie prométhéenne : ben prométhée il paie son péché d’orgueil par l’angoisse de sa chute qui lui ronge les tripes éternellement

      toto a eu selon lui la chance d’avoir de bons parents
      et il note que beaucoup d’autres autour de lui n’ont pas eu cette chance : il pointe la misère, moi j’ai aussi pointé la connerie orgueilleuse et j’ai commencé ma vie par apprendre à m’adapter à subir la connerie de mes parents
      partez avec ça dans la vie
      z’allez voir la notion de libre arbitre d’une toute autre façon

      et puis tient, on peut aussi utiliser la théorie des jeux pour montrer que dans le système de liberté et de libre arbitre, ce sont toujours ceux qui partent avec un avantage particulier, même minim, qui s’en sortent mieux que les autres
      etc…

      toto a aussi bien dit qu’il ferait un champoing au plomb fondu aux donneurs de leçon…
      j’y avais pas pensé
      un coup de rasoir à la gorge me semblait plus simple

      • Meka dit :

        Oh la la mon petit chou m’attaquez pas sur le libre arbitre! je suis née dans les années 60, enfant metisse d’une fille mère, j’ai grandie dans une petite ville et croyez-moi les choix j’ai dû en faire très tôt dont celui de ne pas me mettre dans des situations impossibles à gérer et de savoir dire stop face aux cons! Quoique que vous en pensiez devenir aigri et passer sa vie a râler n’est pas une fatalité! C’est un choix de vie que l’on fait car à un moment on a pas la force de reconnaître qu’à un moment on c’est planté et que cela n’a rien a voir ni avec la société ni avec nos parents ni avec la malchance: juste nous et la mauvaise appréciation de nos capacités et de ce que nous sommes capable d’encaisser…

    • zalifalcam dit :

      Je ne suis pas entré dans tous les détails de ce que j’ai vécu, par respect pour les gens qui l’ont vécu avec moi et par souci de vague discrétion. A aucun moment je n’ai "subi subi subi", c’est juste ce texte ou je me plains (chose que je fais assez rarement à ce degré d’intensité) qui donne cette impression.
      J’ai eu du pot, et j’ai eu dans ma vie en tout et pour tout 15 jours de chômage…

  55. 1976 dit :

    Merci pour ce texte puissant, émouvant et réaliste. Juste un point me gène. Tu dis être de la première génération qui connait cette situation. Or j’ai 8 ans de plus que toi et je le reconnais tellement dans ce texte, et je reconnais tellement de proches. La seule difference entre nous, et que je suis assez vieux pour avoir connu l’espoir créé par Mitterand en 1981 avec toutes la deception qui en a découlée.
    Mais mis a part ça, nous sommes dans la même merde.
    Merci!

    • zalifalcam dit :

      Oui, bon, disons que je suis la première génération à avoir vécu ça sans même avoir l’espoir que ça s’arrête rapidement (perso j’attendais rien de spécial de Hollande, hein).

  56. Iza Bzh dit :

    Moi aussi, j’ai hoché la tête en lisant et me suis reconnue dans cet article. Je n"étais juste pas d’accord avec les différences de génération : j’ai 47 ans, fonctionnaire de base, divorcée et des tas de factures à payer, 5h-21h30 tous les vendredis entre autres (quand les trains ne sont pas supprimés) et les vacances chez maman parce que je n’ai pas assez de sous pour emmener maman en vacances ailleurs, donc… Se priver pour tout pour juste pouvoir survivre. "Juste assez pour survivre et trop peu pour s’enfuir" !
    Je suis toujours la mâchoire par terre quand je vois arriver des p’tits jeunes dans la profession qui veulent bosser dans n’importe quelles conditions, parce qu’ils sont habitués comme ça et n’ont pas connu "avant" et qui nous regardent de haut, nous les vieux de la vieille, parce qu’on n’a pas envie de vendre notre âme au diable pour des clopinettes. Mais il faut bien avouer que souvent, le plus efficace, c’est la résistance passive et non pas monter au filet. Alors je serre la mâchoire et je résiste, "oui oui" et j’agis selon ma conscience.
    Ce qui m’a toujours surprise, mais beaucoup moins au fil des années, c’est que des gens capables de passer des concours, avec des diplômes, toussa toussa, deviennent dépressifs, alcooliques et foutrement paresseux au bout de quelques années. Ben oui, toute cette vie dans la fonction publique, à se faire traiter de privilégiée, à être payée au lance-pierre, à affronter un management standardisé qui se dit de gauche mais agit de droite, effectivement, ça donne envie de boire en rentrant le soir – sauf que l’alcool, ça coûte cher.
    Que dire ?… Allez, bon courage, collègue ;)

  57. Manu dit :

    Merci pour ce texte superbe
    Pour savoir où est l’argent,
    http://www.monde-diplomatique.fr/2013/07/CORDONNIER/49354

  58. Rêves dit :

    Tout d’accord avec cet excellent article (et j’ai 50 ans!).

    J’ai pourtant envie de faire la suggestion d’un début de solution : Être plutôt qu’avoir (et jeter tv, médias officiels, foot, française des jeux et tout ce qui peut empêcher de penser cette idée)
    ou encore : Partager plutôt que rivaliser
    ou aussi : Estime de soi et savoir faire plutôt qu’évaluation comparative…

    Imaginez l’impuissance des élites face à un peuple qui créerait (de l’art, du lien, des petits bonheurs) plutôt que de consommer…

  59. GATTACA dit :

    Merci pour cet état des lieux très juste. Je ne sais pas si ça peut te "rassurer" ou si ça met encore plus en valeur le conflit des générations, mais sache que pour les quadra ce n’est pas la joie non plus. Chaque génération à droit à ses inepties.
    Pour moi, "seulement" BAC +2, vanté comme le diplôme sésame car mélangeant théorie et pratique, je ne compte plus ne nombre de fois où j’ai eut droit à des réponses négatives car "sur qualifié" entre autre, ou pas assez d’expériences. Ou quand j’étais disposer à monter sur la capitale j’ai même eu droit à "je ne voudrais pas vous faire monter pour rien. Alors que la personne m’avait téléphoné et que nous avions fait l’entretien par téléphone et qu’elle (semblait) très satisfaite de ma candidature.
    Obligé, de bosser dans la restauration rapide pour pouvoir avoir un salaire minimum et très souvent droit à des "si t’es pas content tu sais où est la porte". Petite phrase qui a très souvent à se multiplier quelque soit les secteur d’activité, objectif complètement farfelus en call center avec toujours , si on arrive à les atteindre, des prétextes pour ne pas verser cette prime (oui, mais tu as été en arrêt maladie pendant une semaine, l’une des conditions était que tu ne soient pas absent…) et j’en passe des vertes et des pas mures…
    Bref, je crois que ce n’est pas tellement une question de génération plutôt qu’une question de conservation de "pouvoir" et de privilèges. Symptômes qui ne font que s’accentuer plus la crise s’accroit et que l’on nous met à la sauce de l’austérité. Comme tu l’as d’ailleurs fait si bien remarqué, ce sont toujours ceux qui ont le moins que l’on austérise le plus.

  60. Fnuck dit :

    Je suis en train de lire ce propos très intéressant et très bien écrit, nonobstant quelques phôtes ici ou là, mais bon, les miennes sont légendaires, alors j’arrête là, une critique plutôt sans intérêt. Cependant que mon sang n’a fait qu’un tour quand arrive les conseils nutritionnels !… Pour quelqu’un de visiblement intelligent et sensible, STOP. Du miel plutôt que du sucre !!!! Du BIO, du vrai hein, même en petite quantité (chez nous en helvétie et à côté on a Demeter, c’est un peu cher, mais toujours mieux que les pis-aller du genre, ça te calle bien etc etc, la bouffe de merde laisse-là aux groseilles incultes, soit les idiots utiles des Droites (complexées ou décomplexées), jamais à cours de haine ordinaire pour fustiger l’intello (forcément prétentieux …). Bon, je vais reprendre cette lecture réjouissante. Avec ce conseil réitéré, mange mieux si tu veux tenir le coup, vole, sans te fai gauler, aussi. Sabote ton instrument de travail, fout le bordel discrètement, sape le système de l’intérieur et pisse-leur allègrement à la raie, à tous ces cons !!! Voilà c’est dit et bonne chance !

  61. ALI-CHERIF Julien dit :

    Merci de partager tout ça mais t’es pas seul mon pote !!!

  62. Dommage que tu bloques sur le gauche-droite, qui est le vrai moyen de nous contrôler.
    Remercie aussi Les verts l’europe et le libéralisme mondial.

    • zalifalcam dit :

      Je ne bloque pas là-dessus, si tu lis mon texte. Je suis "de gauche" si tu veux, mais ce n’est pas la faute "de la droite" si on en est là. C’est la faute d’un peu tout le monde, toi/moi compris.

      • Je précise : la gauche et la droite c’es la même chose. Depuis que la gauche ne fait que du sociétal, et la droite du libéralisme. La seule façon de s’en sortir est de changer de modèle, imposé par l’empire Anglo Saxon.

        • zalifalcam dit :

          Passe devant je m’occupe de la logistique.

        • C’est toi qui te dit de gauche hein, pendant que tu tape sur les anti mariages pour tous, ils se marrent bien au PS… mais du coup j’ai peur de discuter plus de ça tu risques de devenir méchant ? :)

          Ensuite documentaliste c’est clairement pas évident, en tout cas cela n’a pas été ainsi pour un bon ami à moi, tout marche au piston.

          Pourquoi ça marchait mieux pour nos parent ? Parce qu’on avait l’industrie localisée notamment. Qu’on versait pas 50Milliard par an en interets de la dette publique, quand c’est pas des interets d’intérêts.

          Bref, bonne continuation, mais réfléchie un peu à ça.

        • zalifalcam dit :

          T’enflamme pas, je suis taquin, c’est tout :)

        • Je ne m’enflamme pas du tout :)
          Et puis soyons constructifs hein :P

  63. […] lis l’histoire de Toto, trente ans… et de son mal-être dans la société actuelle, je vois en commentaires que l’histoire ne […]

  64. pauline dit :

    Moi je suis née en 1980 et mon mari en 1976. Nous sommes ingénieurs (prépa+ecoles prestigieuses).
    On vit franchement bien (6000 euros nets à deux) mais qu’est-ce qu’on a bossé, qu’est-ce qu’on bosse!Et qu’est-ce qu’on est taxés comme impôts!!
    Et on habite en province où la vie est moins chère.

  65. labelle bleue dit :

    Je suis arrivée ici grâce à Facebook…
    J’ai 50 ans, mes enfants 21 et 23 ans… L’un a son bac +5 en poche et n’a toujours pas commencé à chercher du travail, l’autre a un Bac+2 et vient de repartir sur un bac+4… On se disait déjà que ça n’allait pas être facile pour eux, et ça se confirme… Et nous serons dans l’incapacité de leur donner le coup de pouce financier que nous avons reçu de nos parents…

  66. DaveMingChang dit :

    Marrant de pas percuter

  67. DaveMingChang dit :

    Tu es le problème. Tu te plains de ce que le livre que tu écris
    est à chier. Si au lieu de l’écrire, ce livre de ta vie, tu avais
    la décence de le lire, et avec toi tous les commentateurs
    pleurnichards, on serait tous un peu moins dans cette merde
    insensée à poser des questions sans écouter les réponses.

    Cette tirade navrante sur le mariage gay au début de ton texte par
    ailleurs de bonne tenue révèle l’épaisseur de la couche de bullshit
    qui te sépare de la réalité ; combien d’échéances politiques, de choix
    réels, avec une vraie conséquence sur LA vie (pas juste TA vie) se
    sont présenté à toi ? In-your-fucking-lifetime ?

    Tu nous dit que ça ne te concerne pas directement, tu ajoutes
    qu’à posteriori (pff, super de réfléchir après, way to go) "ça
    concerne très peu de gens", tu te moques au passage des
    contempteurs "cette jeunesse conservatrice à raie au milieu" (oui
    ça se relit mal, hein ? Quand tu te moques des éditorialistes un
    peu après, ça sonne moins bien que ça devrait, je dis ça c’est
    pour ton texte hein) et tu finis en disant que c’est un des seuls
    trucs dont tu es fier. Disons dont tu n’as pas honte. Genre c’est
    bien, "ça va dans le bon sens" mais c’est si peu.

    Je m’excuse, mais tu es un imbécile, mon ami.

    Te rends-tu compte du son étouffé et terne (entre musicos on
    dit "armoire") que donne à tout le reste de ton texte
    l’affirmation benoite que les rares fois où tu as un quelconque
    choix politique à faire, tu donnes ta bénédiction aux injonctions
    de la presse, et tu chies où on te dit de chier avec la bonne
    conscience fessue de l’homme moderne qui illumine les
    générations (z ?) futures de la clarté aveuglante de son
    iphone6 ?

    Sans oublier de se foutre au passage de la gueule de
    l’adversaire (car c’est bien de casus belli qu’il faut parler)
    avec cette morgue typique du mauvais gagnant.

    J’ai plus envie de parler du mariage gay. J’en ai marre, c’est
    trop délirant, les arguments sont toujours les mêmes, complexes
    et logiques du coté contre (si on évite les épouvantails que la
    TV convoque avec gourmandise pour les ridiculiser à pas cher)
    à base d’histoire, de sociologie, d’eschatologie, et du coté
    pour, absolument ineptes, à base de carte SNCF, d’héritage et de
    délires de journaliste parisien.

    Comme si on chassait les pédés à la chevrotine. Comme si on en
    avait quoi que se soit à foutre, en fait.

    Vous n’avez, c’est tragique mais c’est la pure vérité, RIEN
    compris. Vous racontez, les mecs je vous jure c’est
    impressionnant, N’IMPORTE QUOI.

    Si vous saviez le travail qui vous attend si d’aventure vous
    décidiez d’arreter d’être con à ce point, vous le resteriez
    direct. Je parle de lecture, d’observation, d’usage réellement
    critique de ton cerveau. Oublie ça, c’est épuisant.

    Comment parler de littérature à un mec dont il s’avère évident
    à mesure qu’il parle, qu’il n’a lu ni Balzac, ni Dosto ?

    Vous êtes des ilotes en danger, des consommateurs qui n’ont que
    ce qu’ils méritent (et les autres subissent) vous préférez parler
    à une machine qu’à un humain pour acheter un billet de train, et
    vous vous faites peur avec terminator et matrix sans même
    un "duh" dans votre petite tète de poule subhumaine, vous vous
    enfoncez chaque jour un peu plus dans la solitude, un vrai délice
    de media-planner, vous vivez dans un cauchemar décrit à longueur
    de page par les auteurs de SF dés les 50s, vous êtes tracés par
    votre passe navigo et vous transportez avec vous un appareil
    directement relié à la war-room de Buy’n'Large.

    Vous ne savez même plus ce qu’est réellement un outil et c’est
    comme ça qu’on a réussi à rendre basiquement tout le matos actuel
    merdique : Vous préférez le design à la fonction, et en plus vous
    avez des goùts de chiottes, je suis désolé mais ya pas d’autre
    mot.

    Vous trouvez normal qu’il soit interdit de fumer dans un
    bar-tabac (!?) et êtes tous persuadés que cet enfer que vous vivez,
    c’est toujours moins pire que ce que vivent les pauvres étrangers
    si loin de nos lumieres. Nan mais allo, quoi.

    Vous êtes sensément incapables d’identifer les atteintes
    quasi-quotidiennes à votre humanité, qui sont pourtant lisibles
    si on prend la peine de réfléchir, mais look who I’m talking to.

    Pourant vous êtes intelligents. C’est sans doute ça le problème,
    en fait.

    Vas-y, pleure ta vie. C’est trop tard, retourne lire le dernier
    whatever stupid bouquin contemporain de merde que tu lis,
    discutes-en avec tes potes, continuez de penser que vous êtes des
    victimes sans jamais vous demander si des fois vous seriez pas
    juste un épais magma bien tassé de connards ingnorants et làches,
    utilisés par des plus malins que vous qui n’ont finalement pas eu
    grand’ chose à faire pour détruire votre monde : You did most of
    the work.

    C’est dingue le nombre de "littéraires" qui n’ont lu aucun livre
    saint. La Bible, le Coran. Qui pensent qu’on peut vivre, être un
    humain, et ignorer ça, en le combattant pourtant (?). Comment
    oses-tu, sérieusement ?

  68. GaelF dit :

    merci.
    et félicitations :
    tu as TOUT dit.

    étonnant de voir comme ton texte déclenche les confidences !
    tu as exprimé le désarroi de (presque) toute une génération.
    voire deux…
    ou trois.

    tu peux le croire, la destruction des services publiques,
    ainsi que celle celle du droit du travail,
    (destructions planifiées depuis longtemps)
    nous secoue d’indignation.
    une indignation qui ne reste pas muette.

    http://www.upr.fr/actualite-facebook/regling-comment-bruxelles-impose-sa-politique-des-retraites-des-salaires-et-de-lenergie-en-france

    tout n’est pas sans explications…

  69. OlivierR dit :

    J’ai lu ce texte dans son ensemble curieux de savoir à quelles suites pouvaient mener de telles études que vous avez eu "la chance" de mener. Malheureusement ce que vous décrivez démontre avant tout les faibles débouchés des filières sur lesquelles vous vous êtes engagé.
    J’ai également eu comme d’autres "la chance" d’effectuer des études jusqu’à bac+5 "malgré" des parents émigrés et une enfance en HLM. J’ai surtout eu "la chance" de choisir une filière qui emploie une main d’œuvre qualifiée en nombre relativement significatif et si certaines des satisfactions intellectuelles propres aux métiers des Grandes Lettres ne sont pas au rendez vous, ma situation professionnelle est au moins en phase avec mes aspirations à un relatif confort matériel.

    • plume dit :

      moui…j’ia fait communication , en plus ‘histoire de l’art, et j’ia trouve mon premier boulot un peu stable y a un an…a 39 ans, donc. Et 835 Cv et lettre de motivation a mon actif… Eternellement deuxieme aux entretiens, juste apres le fils de ou la copine de, pistonnés bien sur. Filiere bouchee? quand il y a une offre d’emploi, simplement, j’y repondais. L’excuse ne vaut pas pour la communication, pour ma part, et je ne crois pas un instant que ca soit le cas en bibliotheque

      • DaveMingChang dit :

        Du premier signe (pas de majuscule) au dernier (pas de point final), ton commentaire de 94 mots est littéralement pourri de fautes. Orthographe, grammaire, typo (sidérant, ta typo. Tu ne sais littéralement *pas* écrire en français) mais surtout syntaxe, avec des perles proprement hallucinantes : "que ca soit le cas" (OMG) et tu es persuadée d’être une victime du népotisme et pas du tout le pire candidat de toute la pile, direct à la poubelle ? Tu saurais me définir le mot "communication" ? Je vais t’aider, je commence : "communiquer" est un verbe transitif.

        Il n’est peut-être pas trop tard pour allumer ton cerveau. Fais ça assise, car ça va être brutal.

        • plume dit :

          Ah mais j’ai tous les défauts :) peut être que ton amertume et ta haine de l’autre, c’est moi aussi, finalement. allez, je prends tes commentaires haineux pour mon compte, j’ai les épaules larges . Sur ce, je m’en vais semer les fautes ailleurs. mais tu n’as pas du travail, toi, au lieu de passer ton temps sur les blogs? Allons…je t’embrasse, tiens, tu m’as bien fait rire, pour un peu j’y aurais cru .

    • zalifalcam dit :

      La filière bibliothèque est loin d’être bouchée. Librairie/édition un peu plus, mais biblio; y’a du boulot, si on est mobile.

      • OlivierR dit :

        Je n’ai pas dit qu’il n’y avait pas de travail mais que ce billet illustre la faiblesse des débouchés de la filière que vous avez choisi. On y est visiblement mal estimé et peu payé.

        • zalifalcam dit :

          Je maintiens ce que je dis : je n’ai jamais eu de mal a trouver du boulot en bibliothèque. On y est mal estimé et peu payé (c’est relatif, surtout par rapport à l’édition/librairie), mais il y a du travail.

          Si tu en as conscience en te lançant dedans, le débouché n’est pas faible. Il y a assez peu d’élève formés pour un nombre de place en adéquation.
          Mais je remarque que la plupart de mes trolls n’ont aucune idée de ce en quoi consiste mon travail ;(

        • OlivierR dit :

          Donc, pouvoir choisir dans un pays libre un travail dont le débouché n’est donc "pas faible", avec un "nombre de place en adéquation" etc. ; pourquoi le propos laisse-t-il cette impression que vous nourrissez tout un tas de rancœurs, la trentaine pas même entamée ?
          Bon courage pour la suite en tous cas, j’ai apprécié de vous lire même si (ou parce que) je retrouve dans votre texte les contradictions d’une frange de population nationale qui n’assume pas une position sociale largement choisie et que 90% de la planète lui envierait volontiers.

        • zalifalcam dit :

          "j’ai un travail, donc je n’ai surtout pas le droit de moufter". Hé ben, ça doit être tristounet les dîners de familles ;)

      • OlivierR dit :

        On rigole bien à table, en famille On cultive l’échange la tolérance et le débat. On a de jeunes enfants à qui on transmet ce genre de valeurs. Et on veille aussi à assumer les contradictions qui sont les nôtres ;)

  70. Philippe dit :

    C’est assez marrant, je me suis toujours plus ou moins dit que je ne voulais pas me salarier ( Anarchie vaincra ! ). La pression sociale étant, l’âge avançant, j’ai décidé de moins chourer dans les magasins, de me payer des trucs parfois
    et de rendre fier mes parents en leur annonçant que j’avais une activité qui ne concernait pas la prison, le fromage BIO ou le cuivre des câbles électriques.

    Bac+3 , des compétences, mes deux jambes

    Résultat : Ne pas travailler c’est pas simple, mais trouver un taf, ça l’est encore moins.

    L’illustration (ma compétence, pas de bol) est noyée par l’auto-entreprenariat-mes-couilles où tu vends 50/100 euros ton service (Inutile de compter ses heures nombreuses heures, le dessin, ça demande DU TEMPS ! ) pour une entreprise de conseil qui le revendra le double à une entreprise de service qui à la fin, le facturera le triple à son client. Pas de contrat, rien, la dèche ! T’es payé à la tâche, quand t’es pas juste payé au black.

    L’animation avec des pauvres petits gosses aux vies merdiques , c’est 18 euros par JOUR , soit une journée qui commence à 7h pour terminer à 21h (18h30 + 30 minutes de parents en retard + réunion préparation de la journée de demain et debriefing où tu te fais traiter comme de la merde par ta chef made in BAFA car le gamin 1 n’a pas mangé son kiri le midi, 2 n’avait pas sa casquette au soleil et 3 a agressé sa voisine avec sa paire de ciseaux pendant que tu rinçais la bouche de 4 qui avait avalé de la peinture et que t’as même pas vu que 5 en a profiter pour faire une fugue … ! Que t’es responsable bordel de merde ! Que si ya un blème c’est TA FAUTE ! )
    18 euros pour une journée avec 3 pauses de 2 minutes et demi, Je ne compte pas combien ça fait de l’heure, on est pas loin du Smic chinois, je pense. Sans oublier les activités à préparer à la maison. Passer ses soirées à préparer un grand jeu ! A se fabriquer des costumes … SUR mon temps libre, j’ai que ça à foutre !

    Pôle emploi … n’en parlons pas !

    Au final, ma solution : Ne pas s’accrocher.
    NIKSAMER comme on dit chez moi, dès qu’j'ai du blé, je me paye un coin de campagne avec des potes, j’irai vendre du miel bio aux bobos et vivrai du RSA en attendant de prendre le maquis lors de la prochaine guerre mondiale.

    Courage et bonne continuation ( littéraire pas salariale, je ne suis pas un sadique)

    Philippe.

    • zalifalcam dit :

      Haha, merci. J’aime bien le miel, et je suis sans doute un bobo (d’après les critères de certains). On se croisera p’tet, du coup.

      • DaveMingChang dit :

        Haha ouais, vous vous retrouverez dans "le maquis" (mpfrt) autour d’une Ale brassée sur-place en fumant de la locale, ce sera comme de jouer à game of thrones dans la bruyère, chuis sur.

        Et le pire (au vrai sens du terme) c’est que ça arrivera (juste, yaura moins de miel que prévu) à force de pousser au clash (pour parler comme Alexia Laroche-Joubert, un langage que tu comprends) comme dans ce papier délétère, les jeunes contre les vieux, les femmes contre les hommes, les homos contre les pas-homos, les littéraires contre les prolos, la gauche contre la droite (haha, oui moi aussi je ris, c’est bon parfois) les immigrés déboussolés contre les locaux épuisés, et à l’intérieur même de ces catégories, d’autres, les mêmes, et on recommence, on en crée de nouvelles, les pros et les antis, à force de se bouffer le nez sans jamais prendre assez de recul pour percevoir notre profonde, intrinsèque et globale parenté, et les différences qu’il convient d’arreter de détruire sur ordre, à défaut de même pas les voir, il suffira d’une étincelle pour t’emmener ratonner qui on veut, en te laissant en plus l’illusion parfumée de penser que tu en aura pris l’initiative. Toi et tes potes "de gauche" (Aha, c’est nerveux. Tu as lu Marx ? Même pas ? Facepalm) qui (mais lisez-vous, bordel) tenez en permanence, et de loin, le discours le plus belliqueux et bas du front.

        Love xoxo

        • zalifalcam dit :

          Tu peux recommencer à respirer, c’est bon.

        • Philippe dit :

          DaveMingChang,
          T’es capable de dire tout ça dans dans une seule phrase ? J’ai rien compris. Désolé, je me suis noyé après la 32eme virgule, c’est que j’parle pas le slameur mal luné.

          Tiens, une redite de mon 1er comm’ en résumé : Pète un coup mon gros, ça ira mieux !

      • Philippe dit :

        Zalifalcam
        Bobo ? C’est l’argument foireux des mecs de droites qui pensent encore qu’il faut encore être pauvre (et illettré et vivre en HLM) pour être correctement de gauche.
        Je l’utilise avec ironie.

        J’me sens pas de gauche, MAIS encore moins de droite, probablement ma conscience de classe, pour répondre à l’autre zozo et son Marx.

        Il n’empêche, cet article m’a fait écho. Ce texte ressemble un peu à nos vies. Peut-être du capital culturel en moins au départ ( Père ouvrier, mère qui fait des ménages au black) et j’ai trainé à l’université de Moselle aussi.

        Après, tout comme toi, je repense aussi à plein d’amis comme tu dis, qui n’ont pas toujours eu de "la chance". La génération fuite en avant… La génération stage, la génération prison qui vendait de l’herbe, la génération grillage de neurones en teuf qu’a trop joué avec les acides. Aujourd’hui, ceux qui avaient une famille sont retournés vivre chez leurs parents à 30 ans après les études, faute de s’en sortir, ceux qui n’avaient pas cette chance sont aujourd’hui dans la précarité. Tous furent mes amis à un moment donné.
        Aujourd’hui, ça en fait du monde usé, ça en fait du gâchis de matière grise.

        Chaque génération probablement se bouffe dans la tronche le refrain du "quand on veut bosser, on peut" … probablement vrai pour nos parents en 70, ça l’est plus pour nous… et personne pour nous croire.

        Bon courage et continue de te plaindre.

  71. djakk dit :

    génération y c’est justement se poser toutes ces questions ^^ du genre "j’ai pas envie de bosser pour une entreprise qui déprime ses salariés ou un maire qui fait de la merde".

    Oups, on pourrait avoir envie de me refaire la mâchoire avec des objets en métal ou de me laver la tête avec du plomb. ;-)

  72. Michel P dit :

    Aussi, je sui désolé que Renaud se soit fait museler. Je comprends maintenant que ce blog n’était en gros un plan Caliméro "mais ou va le monde, ma ptite damme" en plein de paragraphes, mais je trouve que ses réponses etaient pil poil, et offrait une variante au reste des commentaires…

    Pour répondre a ton attitude répétée au fil des discussions, "une filiaire ou il y a des débouchés mais ou il faut etre mobile" c’est une filiaire ou il y a pas beaucoup de débouché. CQFD.

    Quand a croire que d’etre bibliothequaire c’est un metier d’avenir, c’est tellement rigolo que ca va probablement etre repiqué comme "blague de la semaine" et collé sur les murs chez Amazon.

    Sans blagues, t’as entendu parler des "ebook" et du fait que la majorité des vendeurs de bouquins coulent? T’as les les nouvelles de la semaine derniere sur Barnes&Nobles?

    • Tom Etjerry dit :

      Franchement, avec tous ces gens qui ont tout compris à tout et qui regardent le monde du haut de leur fierté, on se demande pourquoi c’est encore la crise ! Si tu sais tout, camarade, engage toi, partage, le monde t’attend !

    • zalifalcam dit :

      Toi, ça fait longtemps que t’as pas été dans une bibliothèque, hein.
      Ou que t’as pas fait de bibliothéconomie.
      Ou de syntaxe.

      Au passage, j’ai "muselé" absolument personne.

  73. DaveMingChang dit :

    Haha ouais, vous vous retrouverez dans "le maquis" (mpfrt) autour d’une Ale brassée sur-place en fumant de la locale, ce sera comme de jouer à game of thrones dans la bruyère, chuis sur.

    Et le pire (au vrai sens du terme) c’est que ça arrivera (juste, yaura moins de miel que prévu) à force de pousser au clash (pour parler comme Alexia Laroche-Joubert, un langage que tu comprends) comme dans ce papier délétère, les jeunes contre les vieux, les femmes contre les hommes, les homos contre les pas-homos, les littéraires contre les prolos, la gauche contre la droite (haha, oui moi aussi je ris, c’est bon parfois) les immigrés déboussolés contre les locaux épuisés, et à l’intérieur même de ces catégories, d’autres, les mêmes, et on recommence, on en crée de nouvelles, les pros et les antis, à force de se bouffer le nez sans jamais prendre assez de recul pour percevoir notre profonde, intrinsèque et globale parenté, et les différences qu’il convient d’arreter de détruire sur ordre, à défaut de même pas les voir, il suffira d’une étincelle pour t’emmener ratonner qui on veut, en te laissant en plus l’illusion parfumée de penser que tu en aura pris l’initiative. Toi et tes potes "de gauche" (Aha, c’est nerveux. Tu as lu Marx ? Même pas ? Facepalm) qui (mais lisez-vous, bordel) tenez en permanence, et de loin, le discours le plus belliqueux et bas du front.

    Love xoxo

  74. plume dit :

    mais qu’est ce que tu es drôle, Dave ming chang! Tes prestations sont gratuites ? quelle surprise!!!

    • DaveMingChang dit :

      Oui c’est gratos, et par ailleurs il manquerait plus qu’en plus on se fasse tartir. C’est l’idée, que ce soit drôle.
      Pour ton MSG précédent (où nous avons noté une très nette amélioration des problèmes exposés précédemment) où parles de "haine" à ton endroit, eh, du calme. C’est presque pile le contraire ; tu sais, on sait tous très bien que celui qui va vers toi pour, avec tout le respect que tu mérites en tant qu’être humain, te mettre fermement le nez dans ton caca n’est pas ton ennemi. Je n’ai pas de temps à te faire perdre en de vaines politesses d’internaute émasculé ; Je m’en prend des pendables aussi, qu’est-ce que tu crois ? Pas la peine de lacher la bombe H pour autant. Maintenant t’as raison, c’est l’heure d’aller se baigner, bizoux à tous, et kipitril.

  75. Ezzoufri dit :

    Bonjour !

    D’abord bravo pour cet article :)

    Je suis de 84 aussi… Mais je suis arrivé en France a 17 ans. J’ai du apprendre à parler, lire et écrire. Puis j’ai fait des études de lettres. Oui, les langues’O. C’était chouette, j’ai appris énormément de chose et j’ai fait de très belles rencontres. En même temps j’ai enchainé les petits jobs (hôtellerie, restauration,…) et en gros les les memes jobs de m**** que toi ! Mon master 2 en poche, je ne pouvais ni passer les concours (condition de nationalité), ni prétendre a des bourses, ni partir en erasmus… on m’a dit que c’était comme ca et non pas autrement. Vas trouver du travail quand tu as un master recherche, pas d’expérience, pas la "gueule"…
    J’ai du reprendre les études dans une filière "rentable" comme on dit.
    Aujourd’hui, j’ai deux masters. Un professionnel et un recherche. Ca va faire bientôt deux ans que je travaille, je me suis marié, mais… pas en France !
    J’avoue, je suis quelque peu aigri. Je suis venu en France avec ma famille, plein d’espoirs et de rêves ! J’ai fait de merveilleuses rencontres, je me suis construit. Je pensais que faire des efforts allait certainement payer (apprendre la langue et la culture, s’imprégner d’elles et les intégrer). Mais je n’ai pas eu la moindre "reconnaissance" au retour. Je ne dis pas qu’on me doit quelque chose, mais juste je ne sentais plus le "bienvenu". J’ai du repartir en laissant ma famille (ils s’en sortent très bien). Mais il faut dire que je l’aime ce pays !
    Je savais que la situation était difficile pour tout le monde, mais pas a ce point !
    Par contre, je suis agréablement surpris de lire que des personnes sont conscientes que les "minorités" peuvent avoir deux fois plus de difficultés.
    Enfin, c’est un commentaire un peu brouillon !

  76. julien dit :

    C’est vrai qu’être payé presque 2000€ net à boire des cafés dans une bibliothèque de quartier, pour seulement 35h par semaine, c’est quand même la misère…
    Mon pauvre lapin, estimes-tu la chances que tu as ? Te rappelles tu que tes grands parents ou même tes parents bossait 45h par semaine ? Que pour eux, la seule "consommation" c’était d’avoir une télé et un frigo ? Qu’une simple boite d’haricot vert c’était déjà un produit de luxe ?

    T’es malheureux car tu peux pas te payer un T4 de 120m² à 600k€ et une audi allroad, comme les nantis ?

    Mouais, moi je suis comme toi, je suis fonctionnaire, en CDD depuis 4 ans, je gagne 1400€ par moi, j’encadre 10 personnes, je gère 500k€ de budget de fonctionnement et travaux par an. J’ai passé un écrit et un oral de concours de cat. A stressant, pour qu’au final on me dise, "vous avez fait une très bonne prestation, mais il y avait untel qui était la depuis plusieurs années en poste" (sous entendu, "et qu’il fallait placer")

    J’ai de quoi me plaindre également mais à quoi bon ? Il faut peut-être essayer de relativiser un peu, d’essayer d’égayer sa vie avec autre chose que des films de merde dans un Multiplex pathé, de la musique convertie en mp3, et de la bouffe surgelé.
    Puis la roue tourne, un jour se sera mon tour d’être le gars de la maison qu’on "place" via un concours pipé dès le départ.

    C’est sur qu’en se comparant continuellement avec son voisin, plus riche, plus beau, plus performant au travail, on a toutes les chances d’être malheureux.

    Le tout c’est d’essayer soi même de s’élever un peu de cette société, et cela, ce n’est pas qu’une question d’argent, de condition sociale, et de contrat de travail.

    Faut être un peu créatif, ce que tu ne sembles pas être malheureusement.

    • zalifalcam dit :

      Je crois qu’on ne se connait pas. Si tu veux, je peux t’envoyer le lien vers mes émissions de radios, ou te filer des pdf de mes histoires, tu verras si je suis assez créatif pour sa majesté ou pas. Tu peux aussi lire le reste de mon blog, enfin, c’est pas ce qui manque.

      Sinon, je vais très bien hein.

  77. liaskerrit dit :

    Toto, je dois avoir l’âge de ta mère..une de mes filles est de 84.. Mais quand tu parles de génération sacrifiée je repense aux précédentes, ma grand mère née en 1892, 22 ans en 1918, ma mère 20 ans en 1941, mon père 20 ans en 1938.qui ont eu la grande chance de ne pas être nés juifs..doit n’y avoir que la mienne, celle d’ après guerre qui a pu profiter des trente glorieuses, si on occulte la guerre d’Algérie. On vit une époque de merde, mais je crains que cela ne soit que le début, il va falloir se serrer les coudes, toutes les générations.

  78. Niaboc dit :

    Bonjour,

    j’ai souri en lisant ton texte car tu as quand même un sacré recul sur ce que tu as vécu, et tu te racontes d’une manière assez humoristique et réaliste.

    J’ai mon frangin qui a fait une maîtrise d’histoire, et qui a été dans la même situation que toi après avoir raté son CAPES: "Qu’est ce que je peux faire comme métier…"
    Il ne voulait pas de lui à la banques, police, etc.. On lui a souvent dit qu’il était "trop qualifié" pour ce type de postes.
    De la même manière que toi, ça a été assez dur pour lui… encore chez papa et maman a 26 ans, sans rien à faire, ou alors retenter le CAPES une quatrième fois? pour le rater d’un demi point comme les trois autres fois. Mais il y a de moins en moins de places de prof à pourvoir… alors à quoi bon.

    Il a finalement eu une bonne solution : il est rentré dans une école d’infirmerie. A 29 ans il a été diplômé et il a trouvé du travail tout de suite. A Paris, faut pas déconner quand même. Il a maintenant un prêt étudiant à rembourser, pendant 10 ans…

    Tout ça pour dire, qu’il faut choisir ces études non pas parce que ça nous plaît vraiment, mais parce que t’es sûr de trouver du travail.

    Moi-même je voulais faire de la biologie, j’étais passionné par ça. Après le bac j’ai été me renseigner sur les débouchés et il n’y a pas grand chose… ou alors qu’en CDD.

    C’est pourquoi j’ai choisi les statistiques, les études de bases de données… car avec la crise, les entreprises cherchent à optimiser leur bénéfice tout en dépensant moins ; et ça passe par l’analyse des données qu’elles possèdent.

    Ton histoire finit bien quand même. Et t’es plutôt bien payé au final (je suis payé un petit peu moins avec un diplôme d’ingénieur en stat)

    Bonne continuation!

    • zalifalcam dit :

      "Tout ça pour dire, qu’il faut choisir ces études non pas parce que ça nous plaît vraiment, mais parce que t’es sûr de trouver du travail."

      C’est pas vraiment une vocation, hein, la biblio, juste que je savais que ça embauchait bien et que j’étais a priori pas mauvais pour ça.
      Et oui, je suis "bien payé", mais je crois que ça, je ne m’en plains absolument pas.

  79. Sed dit :

    Faut juste retenir sa respiration. Suffisamment longtemps. Laisser le sang monter à la tête. Et attendre. Tout finit alors par finir. Amen.

  80. Ludovic dit :

    Dis donc, ton article c’est le bordel. Il aurait beneficié d’avoir un plan. (et maintenant, je vais me faire foutre, super! tu peux m’envoyer le bisou via Facebook)

    Bonne lecture, sinon. J’ai 35 ans et j’ai jamais eu de probleme, a part peut-etre cette toute recente réalisation que si je voulais ecrire un article sur ma vie sur mon blog comme toi, ça prendrait 10 lignes et ça serait chiant.

  81. Yoyo dit :

    Que dire ? Tu as raison sur beaucoup de points et tes complaintes sonnent plutôt bien.
    C’est pas mal écrit et il y a plein d’anecdotes de galériens que j’ai vécu/partagé/supporté, et même ton pseudo, c’est celui d’un copain qui a morflé…
    Mais franchement, ta famille et tes copains, ils auraient vraiment du te dire que tu partais en vrille avec des études pareilles.
    Je sais que c’est pas facile tout ce bordel mais putain, il faut lever la tête, et il faut regarder le truc en face!!! Je sais que c’est ton truc mais quand même, je ne comprends pas.
    !!!!!!!!!!!! BIBLIOTHÉCAIRE !!!!!!!!!!!!!!!
    Je vais pas te mettre dans le groupe des 100 millions de Graphistes, Assistants/Chargés de Communication , Chef de projet Web Agency, etc. qu’il y a dans ce pays et qui cherchent un taf sans comprendre que c’est bouché.
    Mais par pitié, respectes toi, respectez vous!!!
    Soit, on vous a tous trop protégé, soit vous avez pas assez souffert ou vous fumez/buvez trop mais je comprends pas comment on peut tenir un cap pareil…

    PS : Mon discourt fait "Vieux Con" ? C’est peu être car j’ai eu plus de problème que Toto et que finalement, j’ai résolu mes problèmes autrement. Je vous invite à tuer vos problèmes plutôt qu’à les gérer.

    • zalifalcam dit :

      Tu ne connais pas ma filière. Contrairement à graphiste, etc. elle recrute (ça paye mal, il faut accepter de bouger un peu, mais ça recrute). Ce sont des problèmes, en fait, très différents.
      Les graphistes sont nombreux, et pour la plupart absolument pas protégés et obligés du coup d’accepter n’importe quoi.

      En bibliothèque, nous sommes peu nombreux pour peu de postes (d’où la mobilité, mais la filière n’est pas "bouchée"). Nous ne sommes pas mis en concurrence entre nous, mais plutôt avec les profs détachés dépressifs et les freaks de mairie qu’on colle à la bibliothèque parce que ça fait pas de vague (dans la tête d’un élu/rh. En pratique, les vagues que ça fait c’est que ça colle un prof freak dépressif en burnout devant des gamins des dizaines d’heures par mois=.

      Par contre je me rends bien compte que pour la plupart des haters qui ont commenté ce billet, je dois être une vieille dame avec un chignon qui prête du Proust en faisant "chut" et qui recoit les epubs comme un vampire reçoit une gousse d’ail en forme de croix.

      Mais c’est quand même pas de ma faute si les gens commentent sans savoir de quo ils parlent, hein.

      Mon prochain article sera probablement consacré à ça.

  82. Bonjour et merci pour ton looooong billet. Tu écris bien et on prend du plaisir à te lire, même si la déprime arrive rapidement au fur et à mesure de la lecture !

    Etant né la même année que toi, et étant également bibliothécaire, certains exemples m’ont vraiment fait tiquer…

    Ton article m’a d’ailleurs permis de ne pas m’énerver après avoir mis en rayon ce torchon :

    photo/1

    Enfin bref, au plaisir de te relire,

  83. Johan dit :

    Je suis de 1981… donc un "vieux"… Une amie (encore plus vieille – 1980) est aujourd’hui bibliothécaire dans une médiathèque de la banlieue rouennaise, et, il me semble en tout cas, tout lui a toujours sourrit…

    Dans tes propos, cependant, trois choses me gènent terriblement :
    1 – Les plaintes (légitimes) que tu formules sont envers la société, sans que toi, tu te remettes en cause… Et tout le long, je me dis : "Est-ce qu’il va se prendre seul en main ? Essayer de se lancer, lui, seul, prendre des risques plutôt que chercher à occuper un poste qui se rattache ostensiblement "à la dotation de 3€/habitant""… Jamais la question de savoir comment se finance la culture ne se pose à l’exception d’une rengaine sous-entendu du "Y’a des gros riches qui doivent payer…"… au final, sans se poser la question de l’utilité que l’on a à la société.
    2 – Une méconnaissance du passé. Certes, la génération du babyboom a été extrêmement privilégié, mais il ne faut pas oublié que nos conditions de vie actuelles sont très nettement supérieure à celle d’il y a 60 ans ou 100 ans, et très supérieur à 80% de la deuxième puissance du monde.
    Au passage, faire un kilomètre en voiture en 1960 ne coutait "que" 2 fois moins cher qu’aujourd’hui pour un bas revenu… Le problème aussi, c’est qu’à l’époque, il n’y avait pas de TVA (1968), peu de cotisation retraite, et un budget pour la culture bien plus faible qu’aujourd’hui.
    3 – Une idée trop elitiste, à mon goût, qui voudrait que celui a fait de longues et brillantes études soit mieux lotis que celui qui n’en a pas fait… Des formations courtes, ciblés sur les besoins (nombreux), des salaires adaptés à la demande et à la compétence aurait permis d’éviter que tu t’égares dans des domaines où visiblement la concurrence est rudes, plus rudes quand dans le privé.

    Bref, aujourd’hui, la culture est utile au gens, du moins à ceux qui vont la chercher là où elle est (car c’est bien le problème finalement). Mais aujourd’hui, et à te lire, elle vit clairement au pendant de la société et attire plus de monde que nécessaire. Du reste, les débouchés que tu cites du Baccalauréat littéraire démontre bien qu’il y a un problème…

    Je suis preneur d’une réaction ;-)

    • zalifalcam dit :

      Merci de ce commentaire posé et constructif, déjà. Tu auras rematrqué que j’ai tendance à répondre sérieusement à ceux-là et de manière bien plus lapidaires aux fouilles merdes.

      Déjà, réponse préliminaire : mon billet, déjà extrêmement long (100 000 caractères et quelques) n’aborde pas tout, du moins pas en détail, et certainement pas tout ce que je fais maintenant, ce qui peut donner l’impression d’une longue complainte de caliméro : ce n’est pas le cas, je vais très bien, je suis content de ma vie et de mes activités sociales, etc etc, j’en ai juste un peu ma claque du contexte actuel à mon taf, mais ça restait intéressant de revenir sur mon parcours, non ?

      Sur le point 1, je ne crois pas franchement à « 100% d’entrepreneurs ». Des risques, j’en ai pris, j’ai travaillé dans le privé, dans le public, etc. J’ai pas rejoint la fonction publique par amour de la filière, mais parce que c’est « l’employeur naturel » débouchant de ma formation. Comment se finance la culture ? En matière de bibliothèques, à 100% par les collectivités, simplement parce que si on devait se financer autrement, l’abonnement serait à 500€ à l’année et pas à 30€ (gratuit pour les gamins, etc.). En fait, je ne vois pas bien en quoi c’est choquant que des emplois publics existent dans la lecture publique (on fait beaucoup plus que prêter des bouquins, si ton amie travaille en bibliothèque tu dois être au courant)… L’utilité que j’ai, je pourrais la détailler ici, mais je n’ai pas l’impression de « voler » la collectivité avec mon taf actuel. Je me sentais beaucoup moins utile quand je vendais des ipods à des connards qui me crachaient à la gueule. De même, je me sens plus utile dans ce que je fais au niveau associatif qu’au niveau professionnel… heu en fait, je ne vois pas bien ou tu veux en venir.
      Ensuite, je me remets en cause au quotidiennement, et en juger simplement sur un seul article, bon, excuse-moi, mais ça, ça tient à tous les cochons qu’on a pas gardé ensemble. Je vais pas non plus en faire des tartines sur la représentativité de l’impôt et tout, mais le fait est que je paye proportionnellement toujours moins d’impôt que la Lilianne, et que c’est elle qu’on écoute quand elle se plaint. Le système est en la matière extrêmement injuste en France. On a une assiette assez large mais tellement pleine de trous, de niches et d’exception que je ne vois absolument pas comment, en étant « dans la masse » (ni en haut ni en bas du panier) on peut consentir au système tel qu’il fonctionne en matière de fiscalité et de redistribution.

      Point 2 – Sur la méconnaissance du passé, je ne visais bien entendu que les baby-boomers (mais ça fait pas mal de monde), et leur incapacité globale à comprendre aujourd’hui pourquoi on en chie plus qu’eux. Sur le plein, je parlais du prix du baril en dollar constant, mais c’est juste un exemple (carricatural) en réponse à cette baby-boomeuse (justement) qui en gros reprochait aux jeunes d’être des moules inertes… si j’avais les moyens moi aussi je me casserais à la mer tous les week-ends, mais malgré mon salaire de cadre (bon, salaire de cadre dans la FPT hein faut se calmer) c’est impossible.
      Je ne prétends pas qu’il y a eu un âge d’or, « avant » (Socrate lui-même ayant déjà défini qu’on mythifiait toujours des époques passées pour pleurnicher sur la chienlit du moment, je ne vais pas essayer de faire cette même erreur). Ce que je dis, c’est que les générations nées entre 50 et 75 pouvaient se battre pour avoir plus/mieux et que les générations postérieures doivent se battre pour avoir pareil, voir moins (et dire merci). Bien entendu que je ne regrette pas de vivre à une époque ou on avortait au cintre et où crevait d’un rhume.
      Ca ne m’enlève pas le droit de me plaindre (une fois en 29 ans, ça va, je suis pas encore trop bruyant)

      Enfin, je ne considère pas comme normal que faire des études rémunère mieux. Si j’avais fait des études (les miennes ne furent ni très longues ni très prestigueuses) pour le fric, j’aurais fait une fac de géographie.
      La ou je pense qu’on se comprend mal c’est la dessus : « Des formations courtes, ciblés sur les besoins (nombreux), des salaires adaptés à la demande et à la compétence aurait permis d’éviter que tu t’égares dans des domaines où visiblement la concurrence est rudes, plus rudes quand dans le privé. »
      Après des études d’histoires, j’ai donc fait des études courtes (IUT année spéciale), dans une branche ou il y a a peu près autant de travail que de gens formés, et j’ai acquis les compétences qui me servent au quotidien. Du coup, je ne vois pas bien ce que tu me repproches. J’ai achevé mes études en septembre d’une année, et commencé à travailler dans ma branche en mars de l’année suivante. Le secteur bibliothèque RECRUTE (moins qu’il y a 15 ans, mais quand même). Il y a actuellement des dizaines et des dizaines d’offres d’adjoint du patrimoine, de remplacements, de contrats disponibles, etc. Ce n’est pas énorme, mais c’est une filière qui forme peu d’étudiants… Du coup, tu peux mieux m’expliquer ce que tu reproches à ma formation ?

      Sur le budget de la culture, déjà, les bibliothèques territoriales ne l’impactent pas, ou peu (ce n’est pas l’état qui me rémunère, hein…). Ensuite, il ne plombe pas du tout le budget de l’Etat comme tu sembles le penser. Ses crédits ont beau être très mal dépensés, ils ne sont pas vraiment massifs.
      Enfin, je crois qu’on a un immense désaccord, qui me semble idéologique, sur le fait qu’avoir des programmes de lecture publique soit « vivre au détriment de la société ». Mais je pense que c’est plus du à une méconnaissance de mon métier et de la réalité de ce que sont les filières culturelles aujourd’hui qu’autre chose. Sur les débouchés que je cite, pareil, je vois pas bien… Ils sont nombreux, tant dans le public que dans le privé. Simplement, au lieu d’orienter les élèves vers ces formations type IUT ou Master Pro (parfaitement ouverte et bienveillantes envers les anciens littéraires), on continue de les laisser s’inscrire à n’importe quoi et à se planter.

      Voilà la réaction :)

      • Johan dit :

        Merci pour cette réaction. En réponse, j’essaie de faire synthétique…

        Je suis d’accord sur la génération des babyboomers et j’admets que ta filière est en adéquation avec les débouchés, tu es évidemment mieux placé que moi pour le juger. Le problème, c’est peut-être qu’ils pensent faire comme dans le privé quand il rencontre 15 candidats pour un poste… Ce qui nécessite statistiquement 15 entretiens pour avoir un poste ! Ridicule ! Dans le privé, les entreprises ont plutôt tendance à rencontrer le moins de candidats possible pour un poste… pour des raisons d’efficience d’ailleurs…
        Pour ce qui est du financement de la culture par le public, elle est indispensable, c’est une évidence (et je n’ai pas dit le contraire d’ailleurs), pour toucher le plus large possible. La culture du passé qu’on admire (les Flaubert, Bizet, Picasso…etc) n’était pas subventionné, mais restaient réservé à une élite.

        Par contre, t’entendre dire que tu en as "un peu [ta] claque du contexte actuel" me gène davantage. Le travail n’est pas forcément plus difficile dans le privé que dans le public, tout est fonction du contexte. Mais une chose est certaine, 100% des revenus des fonctionnaires (or EPIC) proviennent de l’impôt, et en plus 100% des impôts payés par les fonctionnaires est déjà de l’argent collecté par l’impôt. Au final, comme aujourd’hui 25% de la population active est fonctionnaire, cela signifie grosso modo que pour financer l’emploi d’un fonctionnaire, il faut au moins 3 emplois privés (au moins, car c’est aussi le privé qui finance les retraites des fonctionnaires et des chomeurs). C’est pourquoi je pense qu’il serait urgent que la fonction publique se préoccupe elle aussi du contexte économique, car à l’heure d’aujourd’hui, comme on ne sait pas lutter contre le chômage, on préfère augmenter les impôts et faire le choix d’occuper les chomeurs en leur proposant des emplois précaires financés par le public, du reste au détriment des revenus des autres fonctionnaires. Aujourd’hui, il existe une vraie prise de conscience dans certaines branches de la fonction public, malheureusement, la FPT est aujourd’hui le mauvaise exemple, essentiellement dans les cercles qui entoure les fonctions electives (les Conseil généraux, régionnaux, EPCI…)

        Et dernier point, sur le prix du baril de pétrole en dollar constant (ce qui est en effet la vraie bonne méthode de comparaison)… et bien, il est à peu près au même prix quand dans les années 70 !!! (http://www.manicore.com/documentation/petrole/prix_petrole.html). En fait, la vraie différence, elle est avec les années 80 au cours de laquelle les taux d’intérêt étaient extrêmement élévés, et donc l’inflation élevée, ce qui a fait baisser artificiellement le prix de baril… Et pire, en Euro constant à la pompe (et donc avec la TIPP et le raffinage), le prix est grosso modo constant à 20% seulement…
        Pour moi, si la génération d’avant pouvait se permettre ces "virées" à la mer, c’est aussi parce qu’il n’avait pas 100€ d’abonnement inutile par mois, et qu’il était très jeune propriétaire de leur logement car ceux-ci l’armotissaient en 6 ans de loyers contre 22 aujourd’hui… Car là aussi, une idée reçu : les loyers ne sont pas élevés en France, c’est le prix vente de l’immobilier qui est élevé…

        J’espère avoir apporter un peu de sens à mes propos ! Bonne journée !

        • zalifalcam dit :

          "Le problème, c’est peut-être qu’ils pensent faire comme dans le privé quand il rencontre 15 candidats pour un poste… Ce qui nécessite statistiquement 15 entretiens pour avoir un poste ! Ridicule ! Dans le privé, les entreprises ont plutôt tendance à rencontrer le moins de candidats possible pour un poste… pour des raisons d’efficience d’ailleurs…"

          C’est pas un problème de nombre de postes disponibles, c’est un problème de compétence des RH. Les RH dans la FPT sont des gens qui n’ont a priori pas de formation initiale en RH, mais un concours généraliste d’attaché.

          Sinon, si tu penses pour de vrai que les collectivités Locales n’essayent pas de faire des économies, c’est que je pense que tu n’y bosses pas. Partout ou j’ai été, on en est à compter le moindre stylo et à retourner des post-its.
          Le problème, à mon sens, n’est pas tant le nombre de fonctionnaire que leur lieu d’affectation (tu supprimes combien de postes à redispatcher ailleurs si tu instaures le prélévement de l’impôt à la source ?). Par contre il y a de vrais économies monstrueuses à réaliser sur des postes comme l’éléctricité, les marchés publics, l’isolation des bâtiments, la rationalisation des procédures, etc.
          Tu me permettra de pas entrer dans le détail ici, mais à mon job actuel, rien qu’en refaisant les joints de fenêtre, ils ont économisé des dizaines de milliers d’euros par an, et s’ils faisaient la même avec une restauration des radiateurs, ça seraient encore plus énorme.
          Après, ça demande des investissements initiaux, qui ont tendance à être mangés par la construction de la salle machin et l’arrosage des fleurs sur le boulevard truc.

          Au final, c’est quand même les gens qu’on élit qui décident de ça.

        • Johan dit :

          Je ne peux pas répondre sous ton message, je réponds donc ici !

          Je fréquente quotidiennement les collectivités locales. Au niveau de la rénovation du bâti, c’est de la poudre au yeux, sérieusement (sur le coup, c’est MON dommaine d’activité). Je peux te transmettre une étude sur les économies entre des bureaux des années 70 (en l’occurence, Hotel des Impots) et un bâtiment RT2012, donc BBC… résultat, l’économie sur la facture énergétique est au maximum de 15€HT/m²/an, soit pour un agent (12m² selon la directive interministérielle) 180€HT/an (sachant que pour la moitié, c’est l’éclairage !). Certes la facture globale fait du chiffre, mais ça signifie aussi qu’il faut près de 150 agents pour arriver à "économiser" 1 poste ! Dans ton cas, c’est surement différent, mais le pire bâtiment (quasi à ciel ouvert), ne consomme pas plus de 1000kWh/m²/an, soit à 0.1€ le kwh, 100€/m²/an (ce qui est énorme !)…
          A contrario, il vaut mieux payé quelqu’un à faire quelque chose et être utile aux autres qu’à le payé à être au chomage (sachant que très souvent, le surcoût pour l’état n’est pas très important…

          Oui pour la compétence des services de ressources humaines dans le public, du reste, c’est un peu le sens de mon discours. Pourquoi recevoir quelqu’un si c’est pour finir par lui raoncter la rengaine habituelle : "Vous n’avez pas assez d’expérience"… a priori, le CV parle de lui-même. Dans mon entreprise, quand on fait 15 entretiens, c’est plutôt parce que qu’il en faut 15 pour en trouver un qui accepte le poste…

          Idem pour les économies des collectivités… pour arriver à faire des économies en stylo, post it… etc. ou même mobilier… va falloir en faire un sacré nombre…
          Aujourd’hui les collectivités locales font des économies aux mauvais endroits : elle en font là où le service est réellement rendu aux administrés : dans les bureaux d’accueil de la sécu, dans les commisariat, sans doute dans les médiathèque aussi. En revanche, dans les conseils généraux, conseils régionnaux, siège d’agglomérations… il te suffit simplement de prendre les organigramme pour constater qu’il existe par exemple une direction déléguée aux personnes âges dans les trois organes, comme si elle avait toutes les trois ces compétences… Le mille feuille qu’on a créé est clairement contre-productif, et la suppression des conseillers territoriaux ne va pas dans ce sens. Tiens, pas plus tard que cette semaine, "on" annonce que la compétence de l’urbanisme sera transféré aux agglomérations, mais que ce sera toujours le maire qui délivrera les autorisations ? Naturellement, cela signifie qu’il y a aura deux services de l’urbanisme…

          Alors, oui, ce sont les gens qu’on élit qui décide de ça, ce qui par exemple aujourd’hui veulent créé un Paris Métropole sans se substituer aux communes actuelles ; à budget constant, il est évident que ce sont les services les plus éloignés du pouvoir politique qui, comme tu l’énonces dans ton billet, préfère etoffer leurs équipes proches de leurs copains que de donner des moyens aux services rendu à la population…

  84. Benton dit :

    Salut,

    Je viens de lire ton billet, qui malgré sa longueur, exprime malheureusement ce que j’observe.
    Bon je suis né en 1981, alors j’ai voté Chirac, tu n’as rien loupé, c’était désagréable.
    J’ai fait des études d’"inutile" (Beaux-Arts), où seule une élite qui avait connaissance des codes s’en sortait vraiment une fois passé le diplôme, "faisait carrière", comme on aime dire. Quand je suis allé chez pole (emploi bien sur), ils m’ont suggéré de sortir ces gênantes années d’études de mon CV. Pas question bien sur.
    J’ai ensuite bossé pour une filiale sous-traitante de France Telecom, j’en suis parti juste avant la vague de suicide, et tu n’imagines pas à quel point le management a réduit en miettes ces personnes qui ont cru un temps qu’elles étaient fonctionnaires. Le fossé générationnel était total, nous étions là pour leur piquer leur boulot, mais on ne nous l’avait pas dit évidemment, on était payés au SMIC, puisque le minimum est la norme. Et nous regardions ces personnes larguées par le système nous prendre à parti, tantôt de manière paternaliste "pourquoi à bac+5 tu fais ce boulot de merde?", tantôt comme un syndicaliste éhonté style Germinal "et vous y participez à ce système, tout ça pour rien, elle est où la révolution?" (à peine caricaturé).

    Je ne te ferai pas le reste de l’historique, je m’éclate depuis trois ans avec mon RSA d’assisté, avec du taf par intermittence. C’est surement ma faute, comme je l’entends souvent. "Pense au fric quand tu fais un boulot, la dignité, le respect t’oublies" m’a dit un jour un ami qui m’a passé un savon parce que j’avais envoyé chier un recruteur. J’ai juste travaillé dans une bonne quinzaine de boulots et accepté des stages de merde dans des secteurs aussi variés que le cinéma, l’agriculture, le nettoyage, la vente, le service, mais c’est sûrement à cause de mon manque de motivation et de mon incapacité à m’adapter. Quand je pense que j’ai eu des "évaluations positives" (vaste blague) presque à chaque fois. Bref.
    De toute façon, nous sommes déjà trop vieux toi et moi il paraît, l’avenir c’est la jeunesse depuis 15 ans, mais on n’a pas vu le train passer je suppose.

    Nous sommes des génériques, parler en "je" ou en "moi" ne change pas grand chose par rapport au "nous","vous", "il" ou "elle". En face il y a un "eux" indéfinissable, générationnel, de classes sociales. La violence symbolique de Foucault dans toute sa splendeur.

    Je suggère de leur chier à la gueule en continu (à qui? Personne bien évidemment), de soulager toute cette frustration avant qu’elle n’aille être récupérée par des fascistes sans talent autre que celui de guider la colère vers "les autres" qu’on confondra avec "eux". Ton billet est un certain soulagement, parce qu’il cherche la nuance malgré tout. Ton propos est partagé par un grand nombre, on te traitera d’idéaliste, ce genre de conneries, mais ça fait du bien de savoir qu’on n’est pas seul, alors je te dis que tu ne l’es pas.

    Maintenant si tu t’avères être un cheval de troie pour de la récup politique, je serai obligé d’avouer que les salauds ont gagné.

    • zalifalcam dit :

      Je ne sais pas si je suis un cheval de troie, en tout cas si c’est le cas j’ai pas été prévenu. J’ai été membre une seule fois d’un parti politique (le Parti Pirate) et ça m’a vite passé. En général, je vote écolo (quand le candidat est pas trop demeuré), sans conviction particulière, et j’ai aucun lien avec eux. Je ne suis payé qu’en egotrip sur ce blog. Voilà, c’était mon casier judiciaire vierge en récupération ;)

  85. paul dit :

    y’a un truc dont je ne comprends pas le sens, le sens du contenu de l’expression "remet-toi en cause"
    ça me rappelle mon enfance des années 60 lors de laquelle le truc à la mode pour écraser la gueule de quelqu’un, c’était de lui demander de faire son autocritique structurée, c’était un truc plutôt d’extrémiste de gauche…
    y’a plein de gens qui renvoient dans la gueule de l’auteur ce truc là de la remise en cause
    avec comme par hasard une forte corrélation à des opinions négatives à l’égard de plusieurs éléments : la fonction publique, les rémunération via l’état ou les collectivités locales, l’utilité douteuse des bibliothèques publique, voire l’utilité ou l’efficience douteuse de la diffusion d’une culture elle-même qualifiée plus ou moins négativement à l’égard de références vaguement définissable en terme de rapport à des contenus d’origine extrêmement récente…
    bref
    des trucs qui font fortement penser à l’idéologie de la petite bourgeoisie issue des formations techniques hyper spécialisées et des écoles de commerces et remarquablement représentée par l’ump…
    alors je me demande hein, se remettre en cause… faire son autocritique… genre… pondre le baratin qui fait plaisir aux gens qui vous crachent ça à la gueule : moi j’ai appris ça dès l’enfance… ce que ces gens là, quand ils vous balancent ça, génèrent, ils ne se doutent pas un seul instant, que dans le coeur du gosse à qui ils le disaient et le disaient encore, ça ne génère qu’une haine d’autant plus saignante qu’elle est lucide et totalement silencieuse…

    ce qui est marrant, c’est que zalifalcam, lui, manifestement, la haine il ne connait pas, la haine de l’égoïsme, de la stupidité dominatrice et sûre d’elle, d’ailleurs il aime son papa et sa maman et un jour il fera des gosses…

    bref
    j’suis pas étonné qu’il soit pas resté longtemps au parti pirate qui n’a de pirate que le nom d’ailleurs…

    nan ce qui les énerve aussi très souvent tous ces gens là hein qui reprochent au gars de se plaindre avec toute la collection de qualificatifs méprisants du libéral individualiste possessif dominateur (pour pas dire capitaliste hein), c’est de pas vraiment croire à leur système idéologique en traduisant par son parcours un pragmatisme social et intellectuel sans rapport avec une foi en son égo hyper puissant qui déplace les montagnes et affronte avec orgasme la concurrence d’autrui qu’il prendrait pour rival méprisable avec une insensibilité héroïque de héro de la propagande virilocrate du système en question… finbon, on a connu ça aussi avec staline hein, donc c’est pas nouveau, avec hitler aussi, c’est transversal à beaucoup d’époques et de mondes… nan lui, le gars là, bibliothécaire (en passant j’ai raté ce concours plusieurs fois et ça m’aurait bien branché parce que moi les bibliothèques ben c’est mon principal lieu de ressources culturelles depuis mon enfance… et de calme aussi) il fait dans le simple et le pas prétentieux, le classique indiqué comme source de sagesse depuis Socrate (là je mets une majuscule hein) mais aussi saint Thomas d’Aquin par exemple hein, il s’inscrit dans une façon de concevoir le monde politique qui remonte à loin et qui comme par hasard est la cible de ce que les précédents penseurs cités indiquaient comme "le mal". fin bon, j’vais pas vous faire un résumé du thomisme par exemple, mais ça serait intéressant

    moi ce que je relève, c’est que ce gars, ben sa réaction à l’égard de son époque, d’autres l’ont eu dans le passé en face d’un "mal" qui depuis longtemps pourri l’humanité. et là
    particulièrement depuis l’avènement d’une certaine idéologie économico-sociale, ce "mal" s’exprime par tous les canaux et influence le plus grand nombre…
    c’est pas la première fois que ça arrive dans l’humanité
    à chaque fois c’est une période sombre et douloureuse les gens inspirés non par leur égocentrismpe, mais par leur intuition de l’intérêt général fondée sur un regard avant tout orienté sur la globalité du monde auquel ils participent et qu’ils ne conçoivent pas comme seule somme de ses éléments et dans lequel ils ne se conçoivent pas comme indépendants…

    bon
    sur ce…
    tiens zalifalcam j’suis preneur des liens vers tes fichiers pdf de tes écrits fictionnels
    les miens sont indiqués sur mon site

  86. Jerry dit :

    Donc, s’il fallait résumer (parce que ça m’a prit plus d’une heure pour tout lire, et encore je suis adepte de la méthode François Richaudeau) : Un bibliothécaire de 29 ans se plaint de ce qu’il faut faire (et) subir pour arriver à s’en sortir d’une façon ou d’une autre, au travers des choix des études, du lieu de travail. Mais surtout, rédige sur le malaise de notre société aigrie où presque tout un chacun a le nez dans le guidon et reproduit, à tord ou a raison, consciemment ou non, le cadre dans lequel il a été lui-même baigné…

    Avec une foultitude de commentaires plussoyants, on pourrait se croire au klub des loosers…
    Plus jeunes, plus vieux, tout le monde y va de son constat amer et de sa jérémiade.

    Quelques requins sans foi ni loi passent en déversant un peu de bon-sens primitif : prends-toi en main (c’est ton destin), façon marche ou crève….

    Que dire, que faire, face à ce flot de désarroi, de tristesse, d’amertume ? Et les chants d’OrelSan ou de Fauve ajoutent au malaise.

    Je viens de voir passer un tweet qui pourrait figurer ici : "Mon seul critère pour que j’accepte de revoir un ancien camarade de classe: que sa vie soit plus pourrie que la mienne." source : https://twitter.com/LaMortLaVraie/status/352897401218023425

    "Mais je trouvais ça intéressant de vous rappeler en quelques pages ce que c’était que d’avoir trente ans aujourd’hui." On a la preuve, cf. commentaires parmi les 204 à cette heure, qu’avoir n’importe quel âge aujourd’hui c’est pas gai.

  87. Jerry dit :

    Ah j’ai oublié une référence qui colle bien à votre article : la mise en images et musiques d’un passage de John Fante dans le clip "Etre Mort" http://etremort.fr/
    Tout y est, le lyrisme, le réalisme et le cynisme.

  88. […] la foule de commentaires qui ont accompagné mon article, avec un tas de gens qui ne constituent pas mon lectorat habituel, il y avait un tas d’avis […]

  89. toto dit :

    Le problème, c’est que la norme que tu dépeins est portée par tout le monde, pas que par les puissants.

    ps : si tu veux pleurer un peu plus, jette un oeil au livre bleu du médef, c’est assez réconfortant.

  90. Bob dit :

    Je n’ai lu q’une partie des commentaires, mais comme beaucoup, je me suis reconnue dans ce texte
    29 ans aujourd’hui, fraîchement détentrice d’un dimplôme en art équivalent bac plus 5 avec au passage quelques errances en fac t d’autres pauses entre les études.
    Juste, je viens d’un milieu un peu plus à l’aise. Et l’apport incommensurable de ma famille, ça a été de me donner les moyens de penser que tout m’étais possible, et que rien n’était grave.
    J’ai pu faire les études qui me plaisaient, même si je sais que ça va être galère sur galère, pour bosser J’ai pu changer d’orientation sans avoir peur, que ma bourse soit annulée, que l’argent manque. J’ai bossé pendant mes études, j’ai eu faim aussi, mais je savais qu’en cas de besoin, j’avais une famille derrière. Quand j’étais sans appart, je savais que je pouvais retourner chez eux. Au final, je me suis toujours débrouillée, mais soyons honnête; j’ai pu me débrouiller parce que je n’avais pas peur. Que j’avais cette liberté de me tromper, d’échouer. Et c’est grâce à ça que j’ai pu avancer. Aujourd’hui je n’ai pas de boulot, mais ça ne m’empêche pas de garder des ambitions, de me dire que j’ai le choix, toujours.
    C’est ce luxe là que mes parents m’ont transmis ; assez d’oxygene pour ne pas se laisser broyer jamais.

    Merci pour ce texte. A la fois pour ses qualités propres, et pour les témoignages qu’il fait venir autour de lui.
    Je ne sais pas à quel point ces problèmes sont ceux d’une génération très restreinte, mais c’est bien des espaces ou on peut se retrouver, s’entendre et s’écouter.
    Se rendre compte qu’on n’est pas seul.

    • zalifalcam dit :

      Merci :)
      Ceci dit la raison pour laquelle j’ai pas trop paniqué pendant mes quelques mois ou c’était chaud était que j’avais effectivement une famille chez qui rentrer en cas de gros pépin.

  91. ben, tata, quoi dit :

    A ceux et celles qui proposaient d’en éditer un opuscule :

    Il existe déjà. Ca s’appelle "Lettre ouverte à cette génération qui refuse de vieillir", aux éditions Terrenoire, collection No Présent, 7,5€ dans toutes les bonnes boucheries.
    "Vous avez eu les poppers, nous avons les pop-ups".

    Je suis né en 82, autant dire kif kif bourricot. Des commentaires en vrac.

    Certes, c’est valable dans tous le monde capitaliste. Mais il n’y a qu’en France où tu es inexistant avant 25 ans et trop jeune pour tout avant 30 ans.
    Il n’y a qu’en France qu’il y a Paris, et dans ma bouche ça n’a rien de positif.

    Fonctionnaire territorial, cadre A, en couple avec fontionnaire d’Etat (nan pas prof), cadre A, au mieux je peux me porter acquéreur d’un garage ; et pas à Paris, à Lyon. C’est de ma faute, je suis un sale bourgeois, je ne devrais pas vouloir devenir propriétaire. Je devrais vouloir me retrouver à la rue après mon départ en retraite. Ou être à la charge de mes enfants. Il paraît que justement la natalité se porte bien en France, que le régime des retraites est au poil.

    Sur la Crise à la crise. Né en 82, comme toi j’ai le sentiment d’avoir TOUJOURS connu la crise. Là où tu mets une éclaircie début 2000, je la fais commencer un peu avant, disons 98. En un mot : Jospin. On pourra dire ce qu’on veut, 97-02, c’est la SEULE période depuis des décennies où on a créé plus d’emploi que l’on en a détruit.

    Les boomers finiront bien par crever, a-t-on pu lire. OK, mais à ce moment-là, leurs remplaçants seront nos petits cousins. Du coup on en arrive à penser : génération sacrifiée.
    Puis je pense à la génération de mes grands frères (la fameuse Generation X). Ils n’ont pas eu la vie rose non plus. Ils s’en sortent (plutôt très bien) maintenant. La différence ? Plus de fatalisme chez eux que chez nous.

    On a 30 ans, on est cadres (intermédiaires, sup). NOUS sommes les forces vives de ce pays. On en a conscience, comme nos grands frères. Mais on a davantage les moyens de faire bouger les choses, je pense.

    • zalifalcam dit :

      "Il existe déjà. Ca s’appelle "Lettre ouverte à cette génération qui refuse de vieillir", aux éditions Terrenoire, collection No Présent, 7,5€ dans toutes les bonnes boucheries.
      "Vous avez eu les poppers, nous avons les pop-ups"."

      Je suis bibliothécaire, aussi, donc je pense qu’il y a de la place pour deux bons morceaux de jambons dans la même boucherie :p

      Sinon, assez d’accord avec le reste.

  92. zowene dit :

    C’est grâce à une amie, qui visiblement veut mon suicide, que je me suis retrouvée à lire cet article. Suicide, parce que ça a mal commencé pour moi dès que je suis entrée dans ce fameux "monde du travail" dont on nous rabâche les oreilles depuis la fin de la maternelle, et que vu ce que tu racontes, c’est pas près de s’arranger.

    J’ai 24 ans, j’ai déjà été licenciée abusivement deux fois (une fois parce que j’avais été en congé maladie et l’autre pour avoir osé essayer de faire mon boulot correctement ce qui impliquait une critique constructive). En trois mois de "vrai" travail et 10 mois de stage, j’ai pu constater que le principe de Peter s’applique effectivement à peu près partout, que ce soit dans les associations ou les entreprises privées. Il me reste à tenter les fonctionnaires.
    Je suis inscrite au Pôle Emploi, je sais pas trop pourquoi d’ailleurs, vu qu’ils ne me donnent pas un centime: je n’ai pas 25 ans, et, occupée que j’étais à avoir un bac +5, je n’ai pas travaillé 2 ans de suite. Quelle idiote je fais. Du coup pas de RSA. Qui dit pas de RSA, dit… ben aucune autre n’aide en fait. Parce que c’est le moment magique, celui où on vous annonce que pour avoir droit à l’aide au transport/aide à l’emploi ou n’importe quoi d’autre, il faut d’abord avoir droit à une autre aide… Tadaam! Même pour avoir droit à un contrat aidé, il faut avoir de RSA. Ça rend fou sérieusement.

    Du coup, parce qu’il faut bien vivre et que j’ai trouvé que ça, je travaille de 5h30 à 13h (soit 8h de travail avec une pause de 21 minutes très exactement) dans les rayons d’une grande surface en banlieue parisienne, je gagne 1 centime de plus que le SMIC (ça a été dur de pas explosé de rire quand la responsable du personnel m’a annoncé ça à l’entretien d’ailleurs), et ce matin, une dame à dit à sa fille de bien faire son cahier de vacance, sinon elle aura le même travail que moi plus tard. Ou pourquoi il ne faut surtout pas légaliser les armes en France.

    J’ai pas de lidl à proximité, moi je vis de pâtes chinoises. Pâtes chinoises nature, pâtes chinoises aux boulettes, pâtes chinoises avec trois petits pois. La grande vie quoi.

    Je me suis fait insulter et piétinée allégrement par des connards à l’ego surdimentionnés plus de fois la dernière année que tout ce qu’on m’avait promis. Mais j’essaie de relativiser et de pas trop me plaindre, parce que je connais des gens bien pire. J’ai des amis de mon âge qui, pour pouvoir vivre en finançant leurs études, ont deux petits boulots et font les poubelles et les fins de marchés pour récupérer ce qui traîne.

    J’ai beaucoup de choses à dire parce que ton texte m’a vraiment touchée (d’autant que je reprends des études en septembre pour faire bibliothécaire), mais ça sort un peu n’importe comment et en vrac. J’ai lu un peu les commentaires, en particulier ceux de Renaud qui m’ont bien fait marrer (mais je suis pas allée jusqu’au bout parce que c’est quand même très con!)
    Et puis merci à Alexandre pour le lien vers Hello merci, je ne connaissais pas et ça tombe bien!

    Je voudrais conseiller à tous ceux qui ne connaissent pas la lecture des lettres de non-motivation de Julien Prévieu, visibles ici: http://www.editions-zones.fr/spip.php?page=lyberplayer&id_article=18 . C’est très drôle et putain, qu’est ce que ça fait envie des fois!!

    Donc merci pour ton article, ça m’a permis 1) de voir que je suis pas toute seule, 2) de me plaindre un peu, et ça fait du bien!

    • zalifalcam dit :

      Ben… Merci pour tout ça, c’est très touchant !

      Si tu persistes en bibliothèques, envoie moi un mail. Je peux pas te trouver de boulot, mais des conseils pour en dénicher, éventuellement :)

  93. Forlorn dit :

    Plus l’article est long, plus les commentateurs se sentent obligé de pondre des romans…
    Ca me fait penser à l’histoire "drôle": Tu sais toucher ton cul avec ta bite ? Oui ? Alors tu peux te la mettre bien profond… alors BAC comme Bite Au Cul ? Ou l’art de se faire enfler toute ta vie ?

  94. Shou' dit :

    Merci pour cet article ô combien intéressant, que je me suis empressée de partager.

    Je n’ai pas encore trente ans, je n’ai que 22 ans. J’entame ma deuxième année de Master l’année prochaine et je pourrais me dire que c’est génial parce qu’en sortant du lycée, je ne me voyais pas en arriver là (je viens d’une famille et d’un milieu où c’est laaargement au dessus des diplômes obtenus par les gens qui, pour certains, me demandent encore si le master vient avant ou après la licence).

    Malheureusement, je suis en Arts Plastiques. Zlol. Oui, oui, cette filière où même ceux qui y sont s’auto-flagellent à force d’entendre à quel point ils sont (soi-disant) totalement inutile pour la société. Je crois que ça doit être une des pires filières littéraires. On est vraiment les étudiants dont on se fout royalement. Mais je l’ai choisi, j’en suis fière et je me battrai pour en faire quelque chose. Ne serait-ce que pour emmerder les imbéciles qui critiquent les filières littéraires, culturelles et artistiques comme j’ai pu le voir dans les commentaires précédents.

    D’ailleurs, j’ai beau faire des recherches en Arts Plastiques, mon domaine d’étude et ce sur quoi porte mon mémoire concerne la robotique. Comme quoi, sortir d’une filière littéraire, ça ne veut pas forcément dire qu’on est une tanche en science ou qu’on s’en fiche éperdument.

    Au contraire : à mes yeux, la filière littéraire (et ce qui suit dans les études supérieures, surtout), permet une ouverture d’esprit et une curiosité qui peuvent ouvrir effectivement sur de nombreux débouchés. Encore faut-il ne pas avoir choisi la filière L uniquement parce que "g c pa conté lol". Qu’est-ce que j’ai pu en voir, des comme ça ! Trop bons pour être en bac techo ? Trop mauvais pour être en S ? Allez, hop, en bac L ! Chez les porteurs de sarouels qui fument tout ce qu’ils trouvent, les intellos romantico-mystérieux du dimanche et les organisateurs de soirée professionnels parce que, soi-disant, on branle rien en L.

    Et le plus fun, c’est qu’une fois sortie du lycée, au moment où tu te dis que tu vas ENFIN tomber sur des gens qui auront choisi leur filière… T’arrives en Arts Plastiques et tu te retrouves avec : 1/ ceux qui pensent qu’ils font devenir Jeff Koons, 2/ ceux qui ont vu de la lumière, 3/ celles qui ont été refusées en école d’infirmière et autres études de puériculture. Résultat : j’avais un bac L, option arts plastiques et je me suis retrouvée en Licence avec des gens qui savaient à peine qui était Picasso…

    Mais, sinon, pas de problème, les études supérieures en France se portent à merveille ! A cause de ça, j’ai juste dû faire face à des profs tellement blasés de la vie qu’ils cassaient de l’étudiant à longueur de temps pour se défouler. Mon boulot artistique a été trainé tellement de fois dans la merde que j’ai arrêté de peindre pendant deux ans (je ne rendais plus que des trucs bidons, histoire d’avoir une note et basta). Puis bon, comme c’était pas suffisant, il faut dire qu’on partageait les locaux avec une école d’art, le genre truc privé à 6000€ l’année et dont les étudiants se foutaient bien de la gueule des pauvres comme moi qui n’avaient pas les moyens d’aller dans leur établissement. C’était d’autant plus rageant que j’ai été deux ans échelon 0 puis difficilement échelon 1 en L3 (parce que mes parents au chômage tous les deux gagnent tellement d’argent…) que je me galérais à acheter mes toiles. Prenant les moins chères, faut de mieux, je me faisais engueuler par mes profs, encore une fois, parce que Bidule, lui, utilisait des pinceaux à poils de cul de mouton alors que je peignais sur et avec des machins dignes de Lidl.

    Ouais, ouais, ça donne envie les filières littéraires. Tu m’étonnes que des tas de gens viennent s’y entasser, hein ! On sent bien le commentaire d’une personne qui n’y a jamais mis les pieds.

    Et je m’arrête là parce qu’il y en aurait à dire, des choses sur les disparités qui existent entre étudiants… Et c’est pas les bourses au mérite qui viennent d’être supprimées qui vont arranger les choses. Mais bon, ça va ! Mon copain et moi en a notre appart’ et comme il a la chance absolue d’étudier à distance l’an prochain (après s’être longuement battu auprès de sa fac pour leur faire reconnaître que oui, effectivement, vacataire, ça veut bien dire qu’il bosse, pas qu’il se tourne les pouces…), il va pouvoir garder les deux boulots qui nous permettent de payer notre loyer… et moi je cherche toujours.

    En tout cas, pour avoir déjà bien parcouru le sujet Arts/Sciences au cours de mes études, je suis persuadée aujourd’hui que les technico-commerciaux-scientifico-donneurs de leçon de mon cul (spécial kassdédi au fouille merde qui a posté des commentaires avant moi) feraient bien de lire (ou au moins d’écouter, parce que lire, c’est peut-être trop littéraire pour eux, ces gens très occupés dans leur vie o: ) ce que proposent les gens qui font des recherches dans leur domaine depuis des sphères plus littéraires comme la philo, la socio et même les arts. Oui, oui, en filières littéraires, on réfléchit sur tout ! Même sur les sciences et les techniques et les trucs qui font du fric ! Et il y a un sacré paquet de gens là-dedans qui ont peut-être pas les moyens de faire bouger les choses tous seuls, mais qui ont les idées et une certaine clairvoyance qui serait vraiment pas de trop pour tenter d’éviter à notre société de demain de se prendre les pieds dans le tapis.

    De toute façon, ceux qui pensent sincèrement que la culture n’a pas besoin d’être financée et peut bien être laissée de côté sont ceux qui ont probablement oublié leurs cours d’Histoire, ceux-là mêmes où on nous expliquait à quel point l’artistique (que ce soit les mots ou les images) peut engendrer le meilleur comme le pire quand on sait le manier avec talent.

    • zalifalcam dit :

      Eh ben on sent que ça venait des tripes !

      "D’ailleurs, j’ai beau faire des recherches en Arts Plastiques, mon domaine d’étude et ce sur quoi porte mon mémoire concerne la robotique. Comme quoi, sortir d’une filière littéraire, ça ne veut pas forcément dire qu’on est une tanche en science ou qu’on s’en fiche éperdument."

      Tiens, mon prof d’Histoire en prépa avait fait une thèse en Histoire des Sciences.

    • Camille dit :

      astuce pour des toiles moins chère : prendre des vieux draps, les couper à la taille voulue, récupérer des planches en bois planes (genre contre-plaqué) et agrafer la toile dessus. Si le drap n’est pas blanc : le recouvrir d’une couche de peinture blanche (genre acrylique).

  95. Jean dit :

    Salut, merci pour la lecture, je suis curieux de voir ce que la version publiée donnerait (le texte subira-t-il une réorganisation ? y aura-t-il des ajouts ou des modifications ? suspense…)

    Je me retrouve dans plusieurs éléments, pas tellement les détails de parcours, mais sur les diverses réflexions et découvertes que tu racontes, j’en reconnais beaucoup qu’il me semble avoir connu aussi. De là, jusqu’au constat final, que je me garderai bien d’essayer de résumer, notamment parce que même si l’on ressent confusément la conclusion à tirer de tout ça, on se dit qu’autour de 30 ans il est peut être un peu tôt pour conclure quoi que ce soit.

    C’est vrai que niveau orientation au lycée il y a peut être des améliorations à envisager (si ça n’a pas été fait depuis que nous y sommes passés).

    La question que j’aimerais te poser après avoir lu tout ça, est la suivante : tu vas avoir trente ans, et puis assez vite trente-cinq etc, et probablement atteindre à un moment donné un niveau de rémunération d’un autre ordre (ne serait-ce que grâce aux ventes phhhharamineuses^^ du livrcomhesselmaijeun de la rentrée littéraire). Soyons fous, tu vas te retrouver à 5K mensuels, plus peut être, pourquoi pas ? Bon, la question : quand on aura 45 balais, qu’on aura bien ramé pour qu’on nous jette 5 barres, qu’est-ce qu’on dira au stagiaire ?

    • zalifalcam dit :

      "C’est vrai que niveau orientation au lycée il y a peut être des améliorations à envisager (si ça n’a pas été fait depuis que nous y sommes passés"

      A ce que je vois de mes amis/familles plus jeunes, c’est toujours le seum, comme ils disent.

      Pour le reste : Si un jour je suis payé 5k par mois (ce qui me semble improbable), je crois que mon stagiaire, je pourrais l’embaucher pour de vrai. C’est ce que faisaient mes boss à ONG conseil. De toutes façons, je vois pas trop ce que j’en foutrais, à part faire bosser des gens (je veux pas de piscine et j’aime pas les voitures de sport).

      Soyons clairs, j’ai aucun problème avec les gens qui ont de la thune. Juste, bon, quand t’as 5k par mois, ou tu la planques en Suisse ou tu choisis de créer de la richesse ou de filer un coup de pouce à d’autres gens. Avec mon salaire actuel, j’ai déjà la vie que je veux (quelques centaines d’euros en plus me donneraient juste le confort nécessaire pour pouvoir faire face à un gros imprévu de type bagnole qui claque et me permettraient de moins me faire rouler par la banque). Si demain mon salaire double ou triple, ça va s’entasser sur mon compte sans que je sache trop bien quoi en faire (à part essayer de créer de la richesse d’une manière ou d’une autre).

  96. André dit :

    Lisez donc King Kong Théorie de V Despentes, pour voir le coté féminin de la chose.

    • zalifalcam dit :

      C’est bien pour ça que je disais que mes problèmes sont des problèmes "de base" d’homme blanc de classe moyenne. Une femme noire homosexuelle handicapée et musulmane en aura bien entendu cent fois plus, j’y reviens pas (parce que j’en ai un peu marre de parler de ça suite à mes joutes verbales récentes sur ce genre de questions).

  97. lazarille dit :

    Je me suis arrèté au dessin où il y a a marqué en dessous "moule à cons"… ce que tu appelles des coups de chance constitue le moule à con.
    A l’échelle du monde tu n’es pas dans le bas de la classe moyenne, tu es dans le très grand haut de la pyramide.
    Apprends à écrire. Je ne t’embaucherais pas pour classer mon courrier avec ce que tu montres dans ce texte, alors pour ne serait-ce que parler en mon nom à des gens compètents comme des vieux ouvriers…ou employés…

  98. Camille dit :

    Hé bien tu formules en toutes lettre ce que je pense depuis un bon moment.
    Je vis à peu près cela, encore qu’en ce moment, c’est le calme avant la tempête. Car, masochiste que je suis, je vais tenter (entre deux contrats d’intérim) de faire une thèse (en archéologie : une filière avec "beaucoup d’avenir" comme chacun le sait…). Mais comme vous tous, je trouve intolérable de brader la culture et de considérer ce domaine comme superflu. (on se dirige droit vers Idiocracy)
    La question qui se pose est la suivante : faut-il que je postule directement en tant que caissière dans un super marché tout de suite ou est-ce que je tente de réaliser mon rêve quand même ? (je vais choisir la 2e option, sinon, autant se pendre maintenant) Je précise que le proviseur de mon lycée m’avait dit "si tu essaies d’être archéologue, tu ne dépassera pas la licence et tu finira caissière chez Darty".
    Ma famille qui ne comprend pas et me dit de trouver un travail, que ça n’est pas compliqué (que dans leur temps …). Et quand je postule pour des emplois, soit on me dit que je suis trop jeune, pas assez expérimentée ou alors sur-diplômée et que ça leur ferait un salaire trop élevé à me verser. Et même, une fois où je suis allée proposer un projet à un musée, on m’a répondu "c’est pas l’ANPE ici!" C’est dire comme les projets culturels sont bien accueillis !

    Ce qui est agaçant, c’est de voir que rien n’est fait pour changer les choses parce qu’on nous fait croire que ça n’est pas possible. Et aussi parce que la majorité des gens, contrairement à toi, sont indignés tant qu’ils sont pauvres, mais une fois qu’ils gagnent de l’argent, oublient bien vite les petits camarades dont l’ascenseur est tombé.
    Mon copain, lui, a un ascenseur en bois mais avec des termites en plus : il est métisse, donc, personne ne veut l’embaucher (quand on a un physique d’étranger, on est toujours suspect) !
    Pour l’instant, mon luxe, est de manger varié (autre que des pâtes aux pâtes et du riz au riz) tous les jours et que mon copain ai pu avoir une paire de chaussures neuves (parce que les siennes étaient déchirées depuis 4 mois!)… Pour plus tard, je ne vise pas la piscine privée ni de m’habiller chez Gucci. Juste, de trouver un logement où je n’ai pas besoin de laisser une casserole devant la porte pour me réveiller en cas de cambriolage… (et je suis à 50m d’un commissariat !)

    Tu seras sans doute intéressé par la théorie de Noam Chomsky concernant les meilleurs façon de tenir et de manipuler une population (https://whyweprotest.net/community/threads/les-10-strat%C3%A9gies-de-manipulation-des-masses-par-n-chomsky.108569/)

    Sur ce, j’espère que les vents continueront de souffler dans tes voiles ! (et que ton banquier aura affaire avec les 12 gorilles !)

    • zalifalcam dit :

      Merci pour tout ça :D

      Sinon, ça vaut ce que ça vaut, mais j’avais rencontré un prof d’archéologie qui m’avait quand même dit qu’il pouvait y avoir du boulot si tu veux bien t’expatrier dans un endroit exotique type Kazakhstan et tout. Je connais un type qui a fait son stage dans ces endroits inhospitalier de la route de la soie et qui a été embauché après.
      ceci dit j’ai bien conscience que "ben alors casse toi lol" est une réponse médiocre à un problème sérieux.

  99. Pierrick dit :

    Un commentaire rapide pour dire que j’ai adoré ton article, et que.. Je viens d’avoir 18 ans, et bon dieu, tu me fais peur. Surtout que, suite à quelques coups de filets que je n’ai pas su esquiver, je suis quelque peu dans la merde, au niveau des études notamment, sans aucun diplômes (même pas le brevet LULZ) et devant chercher du travail pour palier au fait que mon père est handicapé, incapable de travail, et, par extension, en plein dans la précarité. C’est dur de faire un mois avec un RSA, à deux, fumeurs, en espérant manger de la viande qui n’ai pas un gout de caoutchouc.

    Donc en gros, grâce à toi, je me rends compte que j’ai pas eu de choix, du tout, mais que j’aurais pu essayer de faire mieux. Ou moins pire. Tout est une question de point de vue.
    Bref j’ai compris que je suis un connard. Merci ! x)

    • zalifalcam dit :

      Ouais, enfin, c’est un peu un jeu en mode Iron Man Hardcore ou on a qu’un essai, faut pas trop s’en vouloir des erreurs d’aiguillage (d’autant que t’as encore le temps, quand même, je connais plein de gens qui ont fait des formations cool sur le tard).

      Et sinon, parce qu’il y a une chanson de Souchon pour tout :

  100. polyphonie dit :

    Eh bien, vu de ma place de cinquantenaire, routarde des bibliothèques, ayant beaucoup encadré, recruté, formé, accompagné de jeunes et plus vieux bibliothécaires… et aussi parce qu’il serait dommage que seuls des gens de ta génération réagissent… je peux te dire que j’ai lu ton texte presqu’en entier (j’avoue que j’ai lâché à Joséphine Ange gardien :) , que je trouve que tu écris super bien (contrairement à ce que d’autres ont dit dans les commentaires)… et je sais assez de quoi je parle pour avoir lu beaucoup, bien sûr, écris pas mal aussi, coordonné des bouquins et supervisé pas mal de mémoires d’étudiants par ailleurs… Et puis, les jeunes bibliothécaires de ta génération me surprennent souvent par l’étendue de leur culture… mondiale et éclectique effectivement.

    En commençant à te lire, je n’imaginais pas que je resterais accrochée comme ça… Parce que ce que tu dis c’est une version de l’histoire que je ne connais que de loin, que d’abstrait, que de très globalement, même si j’ai suivi pas mal d’étudiants et de jeunes nouvellement recrutés… parce que je n’ai jamais entendu personne en parler comme tu le fais… Je connais la version des coulisses de la vie politique et de toutes ses lâchetés et mesquineries, oui, ça je connais… Mais ta version concrète du démarrage dans la vie et dans le métier… je n’imaginais pas ce niveau de galère, pour, comme tu le dis au début, des gens qui ont fait des études, ont eu une enfance et des parents attentifs, et suivent un chemin en principe déjà balisé après concours. Tout ce parcours du combattant pour aborder au bout du compte à un rivage finalement assez peu riant, peu épanouissant en tous cas… Parce que le métier n’a pas bien évolué ces dernières 20 années et pourtant il y a encore tant à faire, tellement de gens qui nous attendent. En te lisant, je me dis que, oui, il y a vraiment plein de raisons de gueuler – de se plaindre, comme tu dis – mais ce n’est pas vraiment ce que tu fais, tu racontes.

    Moi, je crois quand même qu’il y a de l’espoir et que ça peut changer, peu à peu. Ca mettra sûrement du temps mais il y a des gens qui écrivent comme toi, il y a des gens qui prennent conscience, il y a des gens qui cherchent à faire bouger les choses juste devant leur porte… de plus en plus… alors ça bougera, ça bouge déjà, peu à peu.

    Merci à toi, en tous cas. J’enverrai des gens te lire. Et fais-toi publier, si tu peux, un jour. Ca vaut le coup.

  101. Simon Tolomeo dit :

    D’habitude je ne poste pas des commentaires mais après avoir passé 15 minutes en lisant ce texte il mérite une réponse.

    D’abord je suis un étranger qui ne parle pas très bien la langue (ayant arrivé il y a 3 ans) alors excuse moi mes fautes d’orthographe.

    Je trouve intéressant que:

    - Une personne intelligent et issue d’un milieu "favorisé" ne se rends pas compte du marche de travail. A chacun son truc, moi même je suis passionné de l’histoire et littérature (d’ailleurs c’est une des raisons pour être venu en France): mais c’est très compliqué de trouver un bon travail avec ça.

    Aux Etats-Unis la blague dit: "Quel est la phrase la plus connue pour les MA English? — Voulez-vous des frites avec ça?"

    - L’attitude presque généralisée des français: moi j’ai fait mes études linguistiques littéraires anthropologiques machin truc bidule; maintenant c’est à l’état de se démerder et me trouver un boulot à la hauteur de ma capacité intellectuelle.

    - Sinon c’est de la faute du capitalisme et la banque.

    - L’aspiration d’être fonctionnaire

    - Se plaindre de son salaire: un ingénieur gagné le double oui, mais lui il produit quelque chose, il ajoute de la valeur. Je suis désolé et je ne veux pas dévaloriser votre métier: mais ce n’est pas du tout le même avoir un master en histoire qu’être médecin ou développeur en informatique, par exemple.

    • brootermael dit :

      Je trouve que l’auteur a très bien décrit et expliqué en quoi sa formation et le métier qu’il exerce font de lui un actif utile, productif et spécialisé.
      Il n’a en rien poursuivi une marotte intellectuelle en demandant une bourse au CNRS ni exigé d’être fonctionnaire.

      Et par ailleurs, il est tout à fait concevable même pour un médecin ou un ingénieur, qu’un métier qui ajoute de la valeur (à l’éducation, au marché de la culture, ou a des trucs prosaïques comme la gestion des stocks d’archives constitués par les institutions ou les grandes entreprises) reçoive une rétribution à la hauteur de la complexité et du niveau de connaissance requis pour l’effectuer.

      Essayez sans bagage littéraire de vous démerder avec des archives, même numériques, dans le secteur du tourisme, par exemple. Vous découvrirez à quel point la culture "savante" n’est que la part émergente de l’iceberg culturel. Il y a des outils théoriques aussi pointus dans les filières littéraires que dans les techniques et scientifiques. Et je prend l’exemple des archives mais c’est vraiment parce que c’est le plus parlant. Il y a une vaste variété de tâches irréalisable sans culture poussée sur certains sujets et sans faculté d’en absorber de nouveaux.
      Et cela pour donner des exemples "grand public". Il y a un éventail de compétences plus ou moins poussés difficilement résumables ou explicables aux non initiés. Un peu comme pour les métiers de l’ingénierie finalement :)

      L’économie a besoin de littéraires, et à l’inverse elle peut se passer de matheux qui passent leur carrière à comparer leur objection sur la réalité physique des nombres.
      Je crois que la facilité des ingénieurs à trouver un emploi ces dernières années leur a fait perdre la notion d’intérêt public : seule les compétences productives comptent désormais.
      Les français sont majoritairement des conservateurs râleurs et cyniques, mais également des citoyens attentifs au bien commun. Alors ils choisissent parfois de mal gagner leur vie, ils demandent juste un peu de respect en retour.

  102. Armo Nelga dit :

    Hello, arrivée ici grâce à un relais sur kob-one (tu sais, le forum des graphistes qui essaie de se battre contre ce que tu dénonces, le travail gratuit dans notre branche, bref). Il doit y comporter un bon nombre de trentenaire. Je suis moi même de 86. J’ai un parcours encore plus bizarre niveau études (et me retrouve dans le tiens, étant passée par la filière L, les commentaires de "la filière déchet qui sert à rien, j’en ai soupé, et ayant eu une mère qui m’a plutôt toujours encouragée à faire ce que je voulais.) Bref, je ne vais pas raconter ma vie, qui ressemble surement pas mal à la tienne, à celle de tes potes, aux miens, à tous les trentenaires qui sont passé un peu par la case "études sup" (j’ai l’impression que ça roule mieux pour ceux qui sont passé direct par la case "bac" à "boulots sans qualifications" et pouf, rentrer direct dans le système, mais je me trompe peut être).
    En tout cas j’espère que ce genre de témoignage va petit à petit, faire prendre conscience de l’absurdité du monde. Pas à nous, on en est trop conscient. A qui ? Je ne sais pas. Je suis de plus en plus pessimiste. Je trouve que tu as eu du courage dans tes situation de galère. Comme tu dit, d’autres que toi se seraient écroulés. Tu as une persévérance et une débrouillardise que je n’ai pas. C’est peut être pour ça, qu’avec moins de galères qui m’arrivent, je n’arrive pas plus à m’en sortir. Dans ta situation, je me serait roulée en boule sur le sol pour pleurer et me laisser mourir. Sans dec.
    Bref je me tais, je garde tout ça pour mon psy. Oui, en bonne française qui a mal à son époque, je vois un psy. On n’échappe pas aux clichés.
    J’irais bien allumer un cierge, mais je n’ai jamais été croyante. En espérant qu’une solution émerge…
    Merci de m’avoir lu.
    Keep smilling.

  103. White Note dit :

    Merci pour cet article.

    Si tu ne connais pas déjà :

    - pour nourrir ton négativisme/réalisme (rayer la mention inutile) : voir les documentaires "La mise à mort du travail" et "Les nouveaux chiens de garde" (ainsi qu’un tas d’autres) et la série anglaise "Black Mirror".

    - pour nourrir ton optimisme (parce que je suis sûr que tu en as) : voir Pierre Rabhi et l’asso Colibri, qui donne envie de chercher à changer les choses, à une échelle où l’on peut tous agir (me semble-t-il).

    Bonne continuation à toi.

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