Le Patrimoine de l'Ouest du Brabant wallon

Diffusion sur TVCom le vendredi 10 septembre de 17h00 à 18h00 (en boucle).

Voix off du vidéogramme . Copyright (images & texte) asbl Inform'Action 1999.

Au détour d'un sentier, au bord d'un canal ou dans le creux d'un vallon, paysages et édifications nous murmurent l'histoire d'une région et des gens qui l'habitent. C'est ce qu'on appelle le patrimoine.

Partout et toujours, l'homme consacre l'essentiel de son énergie à trouver sa pitance. Au cours du Moyen-Age, les seigneurs féodaux s'approprient une part importante des terres que les abbayes possèdent. Les fermes seigneuriales se mettent alors à défricher énormément en périphérie et les seigneurs lotissent certaines de leurs terres moyennant redevance. Cette évolution sur fond d'économie agricole s'accompagne d'un essort démographique . A l'Ouest du Brabant wallon, de nombreuses fermes témoignent encore de cette époque (point info 01).

Les principales formes d'énergie sont le vent, l'eau et la force musculaire de l'homme ou de l'animal. Leur dénominateur commun est le moulin. Toute la population des campagnes s'y retrouve pour transformer en farine et parfois même en huile d'éclairage les grains de blé, d'épeautre, de froment, d'orge, de sarrasin et de seigle. L'ouest du Brabant wallon regorge de ces témoins d'une intense activité rurale. Si en ce temps les grandes décisions se prennent au cimetière près de l'Eglise, le moulin est un lieu important de rencontres et d'échanges. Souvent propriété des Seigneurs, le moulin oblige parfois le meunier à occuper une fonction particulière. A Rebecq, on y emprisonne parfois des malfrats dans une pièce convertie en cachot. On y confectionne aussi des cordes pour les prisons. De même, la position des ailes des moulins à vent, véritable langage de communication entre meuniers, annonce un décès ou tout autre événement important. Les moulins à eaux, beaucoup plus nombreux que les moulins à vent, sont également à l'origine d'inondations. Afin de les actionner, les meuniers retiennent l'eau dans les barrages qu'ils ouvrent sans se préoccuper des conséquences. A l'époque rien ne réglemente l'usage de ces barrages (point info 02).

Outre les meuniers, on trouve de nombreux métiers aujourd'hui disparus et liés aux activités de l'époque. Autour de la traction animale, ce sont les maréchaux ferrants, les bourreliers qui fabriquent les selles et autres charrons pour la réalisation des roues et des chariots. Partout, il y a des brasseries, des distilleries, des filatures, des papeteries et des briqueteries. Et puis des tanneurs, des potiers, des sabotiers et des carriers (point info 03).

Avec la suppression des banalités et la fin des monopoles de l'usage de l'eau et du vent détenus par les seigneurs, de petits capitalistes investissent dans la création de petites usines faisant appel à l'énergie hydraulique.

Dans cette industrie rurale germent déjà les industries futures. En 1752, l'impératrice Marie-Thérèse, reine de Hongrie et de Bohème, autorise le maintien à Clabecq d'une forge actionnée par un moulin à eau. Il s'agit véritablement de la première forge de Clabecq. Elle se développe à partir d'un moulin à battre le fer, construit sur la Sennette, à côté d'un moulin à farine. La maçonnerie du bief de cette forge est toujours visible aujourd'hui (point info 04).

En 1812, Napoléon Premier demande que soit porté à l'étude la réalisation d'un canal reliant Bruxelles à Charleroi. En 1832, soit 20 ans plus tard, le canal Bruxelles-Charleroi est effectivement créé, ce qui modifie considérablement le paysage économique et social de la région. De grandes péniches se mettent alors à transporter entre autres de la houille vers Bruxelles, ce qui provoque à terme l'élargissement du canal et la disparition des écluses pour diminuer le temps de transport des marchandises. L'utilisation des péniches s'accompagne aussi d'une arrivée importante de main d'oeuvres et de chevaux aptes à les tracter. L' objectif premier du canal n'est donc pas local, mais il se montre bien utile pour les forges de Clabecq et les carrières de Quenast. Le canal s'est depuis considérablement transformé, cependant à Virginal quelques dizaines de mètres attestent encore de sa largeur initale (point info 05).

En 1836, une papeterie rejoint le moulin de Fauquez. Elle devient ensuite filature, fabrique d'allume-feu et puis de colle. C'est en 1901 que l'usine devient la Société Anonyme des Verreries de Fauquez. Après la première guerre mondiale, les verreries créent la marbrite qui s'impose sur les marchés étrangers. L'évolution économique et l'organisation sociale qui se construit autour des verreries de Fauquez sont étroitement liées à la forte personnilité d'Arthur Brancart (point info 06).

A Quenast, en 1846, un jeune homme d'affaires bruxellois, Joseph Zaman, rachète une série de carrières dont il fait la Société Anonyme des carrières de porphyre. Déjà exploitées dès le 16è siècle, elle sert entre autres à la création de la Chaussée allant de Bruxelles à Mons, jusque Valenciennes. Mais ces carrières ne deviennent véritablement industrielles qu'avec l'apparition d'une ligne de chemin de fer privée vers 1880. La voie ferrée transporte les pierres de la carrière jusqu'au canal. Fonctionnant jusque-là sur le mode artisanal, les carrières ont désormais les instruments nécessaires à une exploitation systématique de l'immense veine de porphyre. Ce sont les plus grandes carrières à ciel ouvert d'Europe. Du porphyre, on fait des pavés qui sont mondialement connus et qui servent à paver des kilomètres de routes bien au-delà de nos frontières. D'origine volcanique et vieille de 450 millions d'années, cette pierre roche très dure résiste au gel, à l'eau et aux poids lourds. C'est pourtant à l'époque surtout à pieds que de nombreux travailleurs empruntent ces longues routes pour rejoindre chaque jour leur pénible travail (point info 07).

D'autres pierres sont également exploitées. A Clabecq par exemple, on exploite aussi l'arkose, très utilisée dans la région, pour la construction des bâtiments. A Tubize, les carrières de schiste prennent une importance considérable comme peut en témoigner l'église construite en pierres locales (point info 08).

Du côté des communications, la construction de la gare de Tubize, en 1840, annonce le déclin des diligences et des métiers qui y sont liés. Boureliers et maréchaux ferrants voient leurs activités diminuer et se transformer progressivement avant de commencer à péricliter. A la fin du 19è siècle, le halage des péniches sur le canal cesse d'être confié aux chevaux. En effet, la Compagnie générale des tractions électriques sur les voies navigables décide d'organiser le halage à partir d'une centrale installée à Oisquerck. Entre Clabecq et Virginal, c'est donc l'électricité qui tracte les péniches. Mais l'exploitation de ces tracteurs électriques se revèle catastrophique : le canal, difficile à entretenir, provoque trop de contretemps et d'accidents. L'expérience n'est pas rentable, et en 1903, le halage est rendu aux chevaux.

Parallèlement, l'industrie crée l'industrie. En 1885, Joseph Zaman, le fondateur de la Société des carrières de porphyre, crée une entreprise pour la réparation, la construction et l'entretien des locomotives et des machines. Il s'agit des Ateliers métallurgiques de Tubize (point info 09).

Le canal entre Bruxelles et Clabecq achevé, émergent alors un chantier de découpage de ferrailles, un atelier de réparation de matériel roulant et de grues ainsi que des quais d'embarquement pour les carrières de Quenast. Depuis, une usine à soie artificielle s'est installée aussi à Tubize. C'est la première au monde. 5500 personnes arrivent pour y travailler. Toutes ces activités industrielles entraînent en effet une formidable poussée démographique dans la région. Même si beaucoup d'ouvriers sont saisonniers, il faut bien les loger. Autour des carrières, des soieries ou des forges par exemple, on construit des centaines de logements à faible coût qui lient l'ouvrier à son employeur (point info 10).

Au début du 20è siècle, la voierie s'adapte à l'essor industriel et démographique. Elle est élargie, pavée et éclairée à partir de 1902. Par contre, il n'y a pas encore l'eau courante. Celle-ci n'apparaît en effet qu'en 14-18. Lors de la grande guerre, on prend comme prétexte de creuser des tranchées de canalisation d'eau pour que les hommes ne soient pas déportés. Ces canalisations amènent à des bornes. Mais en attendant, ce sont les puisatiers qui installent des cabines de réserve d'eau le long des voies ferrées (point info 11).

Avec l'essor démographique et industriel, c'est tout le patrimoine civil qui se développe. Il n'y a pas encore d'hôpitaux, mais l'on soigne les bléssés dans les dispensaires des entreprises, où l'on pratique même des opérations chirurgicales. Part contre, hospices, écoles et maisons du peuple sont autant de témoins d'un monde passé d'une économie rurale à une économie industrielle (point info 12).

A Quenast, la Société anonyme des carrières de porphyre est propriétaire de nombreux bâtiments qui attestent, aujourd'hui encore, de l'existence d'une architecture quenastoise. Bureau de Direction des carrières, batiments des "Grandes Forges", anciennes menuiseries servant à l'entretien de l'outillage, Cité de la Vallée et maison communale ont un aspect architectural identique, révélateur des relations étroites qui existent entre les carrières et les pouvoirs publics (point info 13).

A l'origine des salles de fêtes, on trouve parfois des grands industriels, parfois des ouvriers.

A Rebecq, ce sont les cabaretiers qui transforment les dépendances de leur habitation en salon, parfois équipé d'une scène avec rideau et coulisses. C'est l'occasion pour les sociétés théâtrales de se développer et de multiplier leurs activités.

A Fauquez, en 1912, Arthur Brancart, le patron des verreries, fait construire une salle exclusivement réservée au personnel de l'usine et aux membres de leur famille. Elle sert généralement à des séances cinématographiques (point info 14).

Par contre, à Braine-le-Château, en 1930, la Maison du Peuple est construite bénévolement par les ouvriers brainois affiliés au Parti Ouvrier Belge.

A Ittre, par exemple, le Wauxhall, appelé aujourd'hui "Palais de Plumes" est construit vers 1890, par le propriétaire du Château. D'abord réservé à des bourgeois triés sur le volet, l'accès au salon se démocratise, mais conserve toujours une note élitiste.

Témoin de notre passé contrasté, le patrimoine est aujourd'hui un élément de notre cadre de vie quotidien.

Nos paysages d'une grande beauté et certains ensembles architecturaux, que nous traversons trop vite sans doute, nous ont, par leur seule présence construits, forgés, influencés.

Inventorier et sauvergarder les lieux, les édifications qui témoignent de notre histoire économique, sociale et culturelle, c'est élargir et consolider le socle de nos développements futurs.

Parmi les urgences, pointons en vrac le château de Clabecq, aussi appelé chateau des italiens, l'église de Oisquerq, la potale de la rue du moulin à Tubize, la chapelle de l'hospice de Rebecq, la tourette d'Asquenpont à Virginal, l'arbre de la liberté à Saintes, ou encore l'orgue de l'église St Remy à Ittre (point info 15).

Urgences qui réclament d'être inventoriées et sauvergardées pour aller plus avant, c'est à dire : mettre en valeur et réaffecter. Certaines réalisations devraient convaincre les sceptiques :

L'église et le puits Ste Renelde à Saintes, le palais de plumes à Ittre, la maison du Bailli à Braine-le-Château, la filature Dehase à Tubize. Mais encore le théâtre de la Valette, la façade reconstituée de l'ancien moulin de Oisquerq au musée de la Porte à Tubize, l'ancien hospice de Rebecq, le musée du folklore à Ittre, ou l'église St Géry à Rebecq (point info 16).

Autant d'exemples qui dépoussièrent les représentations liées au patrimoine. Autant d'exemples qui mettent en valeur l'harmonie de cet enjeu avec les objectifs de développement économique, de création d'emploi, d'accessibilité à la culture, de vie associative, de participation citoyenne et de qualité de la vie.Témoin d'hier, le patrimoine est aussi le lieu de nos racines et sera donc une source où puiser la force pour relever les défis de demain.

[Accueil] [E-mail]


Avec le soutien de la Communauté Française de Belgique,
la Région Wallonne et la Province de Brabant wallon.