Nobatie

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La Nubie chrétienne à l'époque où elle comptait trois États. Celui de Makurie absorbe par la suite celui de Nobatie. La frontière entre l'Alodie et la Makurie n'est pas certaine.

La Nobatie ou "royaume des Nobades" (une tribu nubienne) était située dans une région s'étendant du nord du Soudan au sud de l'Égypte d'aujourd'hui. Il est l'un des trois royaumes nubiens qui ont émergé après la chute du royaume de Méroé qui avait dominé la région de -800 à l'an 350. Le royaume de Nobatie s'étendait de la première à la troisième cataracte du Nil et sa capitale était Pakhoras.

Au VIIe siècle, la conquête de l'Égypte par les armées musulmanes, coupe la Nubie du reste de la chrétienté. En 651 elle est à son tour envahie par une armée arabe, mais celle-ci est repoussée et un traité connu sous le nom de Bakt est signé, qui instaure une paix relative entre les deux parties. Cette paix qui dure jusqu'au XIIIe siècle.

Le royaume de Makurie réunit ses voisins de Nobatie et d'Alodie à peu près à l'époque de l'invasion arabe, sous le règne de Merkurios. La région connait stabilité et prospérité pendant la période s'étendant de 750 à 1150, appelée âge d'or[1].

Histoire[modifier | modifier le code]

La Nobatie en l'an 600, au sud de l'Empire romain d'Orient.

La Nobatie fut probablement fondée par les Nobades, invités dans la région par l'empereur romain Dioclétien pour aider les Romains à défaire, en l'an 297, les Blemmyes qui avaient soutenu l'usurpateur Firmus. La Nobatie ancienne correspond à peu près à ce que les archéologues nomment la culture Ballana ou groupe X. Lorsque les cultes païens sont interdits dans l'empire romain, le culte d'Isis reste autorisé à Philæ pour les seuls Nubiens, qui sont autorisés à prendre la statue de la déesse et l'emporter en Nobatie à partir de 453. Une inscription en grec dédiée au roi Silko, « Basiliskos » (roi) des Nobades, proclame que ce dernier triompha des tribus Blemmyes en les repoussant dans les déserts de l'est. À cette même époque, au VIe siècle, la capitale fut établie à Pakhoras, l'actuelle Faras. Peu après, la Nobatie se convertit au christianisme.

En 701, le royaume de Nobatie est réuni à son voisin du sud, la Makurie. Les circonstances de cette fusion ne sont pas connus. Elle a probablement eu lieu avant l'invasion musulmane en 652, car les récits arabes parlent d'un seul État chrétien en Nubie s'étendant jusqu'à Dongola. La Nobatie semble avoir maintenu une certaine autonomie dans le nouvel État. Elle était dirigée par un éparque de Nobatie, qui avait aussi le titre de « domestikos de Pakhoras ». Les éparques étaient initialement nommés, mais semblent s'être constitués en dynastie dans la dernière période. Certains de leurs documents ont été trouvés à Qasr Ibrim, les montrant que leurs pouvoirs étaient très étendus. Toutefois, certains écrivains arabes font référence au nouveau royaume uni sous l'appellation de « Royaume de Makurie et Nobatie », ce qui pourrait impliquer une double monarchie au moins pour certaines périodes.

La Nobatie était la partie de la Nubie la plus proche de l'Égypte et a donc été la plus soumise aux pressions de l'arabisation et l'islamisation. Au fil du temps, la population de Nobatie s'est progressivement convertie et alliée avec les clans arabes tels que les Banu Kanz, bien que certains soient restés indépendants dans le royaume chrétien de Dotawo jusqu'à sa conquête par le Sennar en 1504.

Dirigeants[modifier | modifier le code]

Rois de Nobatie[modifier | modifier le code]

  • Charamadoye, vers 410/20
  • Aburni, vers 450
  • Silko, vers 536-555
  • Eirpanome, vers 559/574
  • Tokiltoeton, vers 577
  • Orfiulo (Wrpywl), cité par Jean d'Ephèse vers 580.
  • Zacharias, vers 645-655

À la suite de l'annexion du royaume par la Makurie en 701, les rois de Nobatie sont les souverains de Makurie.

Éparques de Nobatie[modifier | modifier le code]

Les éparques étaient aussi vice-rois du royaume de Makurie-Nobatie.

  • Iesu, vers 930
  • Iesu II, vers 1175
  • Mari Kuda, vers 1260-1276
  • Urrosi, vers 1290

Religion[modifier | modifier le code]

Les Nobades sont mentionnés durant les périodes ptolémaïque, romaine et byzantine au temple de Philæ, alors lieu de rencontres pacifiques entre les Égyptiens et les tribus nubiennes. Lorsque les cultes païens sont interdits dans l'empire romain, le culte d'Isis reste autorisé à Philæ pour les seuls Nubiens, qui peuvent même emprunter la statue de la déesse et l'emporter dans leur pays à partir de 453.

Le prêtre copte Julien est envoyé vers 545 par l'impératrice Théodora pour convertir le royaume de Nobatie au christianisme, alors monophysite, date à partir de laquelle les rois de Nobatie se font baptiser. Le clergé et la liturgie sont établis par le missionnaire Longin à partir de 569[2].

Culture[modifier | modifier le code]

Culture de Ballana

L'archéologie associe les Nobades avec la culture dite de Ballana, qui montre un mélange de culture méditerranéenne et d'éléments méroïtiques. On remarquera notamment les riches inhumations sous tumulus (Ballana, Qustul). Dans les années 1930, les archéologues fouillent et mettent au jour les tombes des rois et des nobles nobades à Ballana, des tumulus si grands, que les archéologues les prennent d'abord pour des collines naturelles. Quand ils commencent à creuser, ils découvrent sous ces monticules de grandes chambres en brique liées entre elles.

Quand un roi mourait, une salle était remplie d'offrandes de nourriture et de boissons, et une autre avec ses outils et ses armes. Dans certaines chambres, les archéologues ont trouvé les restes de la reine et de tous ses serviteurs, sacrifiés quand le roi mourait. Les rois ont été enterrés avec tous leurs plus beaux atours et portaient sur leurs têtes de belles couronnes d'argent incrustées de bijoux. Après que le tombeau fut scellé, le passage qui conduit à l'entrée était rempli par les cadavres d'animaux abattus : chevaux, chameaux, ânes et chiens. Les grandes tombes renfermaient jusqu'à dix-sept sacrifiés humains. La plupart des objets retrouvés dans les tombes étaient des importations en provenance d'Égypte.

Malheureusement, le barrage d'Assouan a inondé toutes ces tombes dans les années 1960.

Notes[modifier | modifier le code]

  1. K. Michalowski, The Spreading of Christianity in Nubia, p. 338
  2. Jean d'Éphèse, Histoire ecclésiastique, IIIe partie, livre IV, § 6-53.

Voir aussi[modifier | modifier le code]

Articles connexes[modifier | modifier le code]

Liens externes[modifier | modifier le code]