Nazisme

Un article de Wikipédia, l'encyclopédie libre.
Aller à : navigation, rechercher
La croix gammée, emblème du nazisme.

Le national-socialisme (en allemand : Nationalsozialismus), plus couramment désigné en français sous l'abréviation nazisme, est l'idéologie politique du Parti national-socialiste des travailleurs allemands (NSDAP), parti politique d'extrême droite fondé en Allemagne en 1920 et dirigé par Adolf Hitler[1],[2],[3],[4]. Cette idéologie théorise une hiérarchie au sein d'une espèce humaine divisée en « races », au sommet de laquelle elle place la « race aryenne ». Le nazisme est le seul type de fascisme incorporant à la fois racisme biologique et antisémitisme[5]. Par extension, le terme nazisme désigne le régime politique inspiré de cette idéologie, dictature totalitaire et expansionniste dirigée par Adolf Hitler de 1933 à 1945 et connue sous les noms de Troisième Reich et d' « Allemagne nazie ».

En tant que sujet de science politique, les définitions du nazisme varient selon les historiens[6]. En particulier, reste ouverte la question de savoir si le nazisme ne fut que l'une des formes du fascisme ou, parce qu'ayant fait du racisme une doctrine d'État, le nazisme doit être considéré comme un phénomène historique unique. En effet, l'antisémitisme officiel du régime nazi, dès 1933, l'élimination des personnes handicapées et la persécution des opposants politiques, des Juifs, des homosexuels, des Gitans, etc., se concrétisèrent par la mise en place, dès 1933, des premiers camps de concentration en Allemagne. Cette politique ne fit que s'amplifier du début de la Seconde Guerre mondiale, qui vit la création des camps d’extermination nazis, jusqu'à la défaite militaire du nazisme en 1945. Ainsi, près de six millions de personnes périrent dans les camps de concentration et d'extermination nazi ou par la Shoah par balles dont une majorité de Juifs (voir Shoah)[7].

Présentation[modifier | modifier le code]

Membres de la SA, de la SS et de la NSKK, lors du congrès du Parti nazi, à Nuremberg en 1935.

L'acronyme « nazisme » est la contraction de « national-socialisme » (Nationalsozialismus en allemand). En effet, le « national-socialisme » se veut distinct du « socialisme international », c'est-à-dire des mouvements socialistes internationalistes, d'inspiration marxiste ou non, tels que l'Internationale socialiste ou l'Internationale communiste, dont la vocation universelle était à l'opposé du nationalisme pangermaniste hitlérien. L'idéologie nazie se distingue également d'autres doctrines nationalistes de l'époque comme, en France, le « socialisme national » de Maurice Barrès, qui disait combiner nationalisme et « socialisme », mais rejetait les théories racistes du nazisme allemand[réf. nécessaire].

Durant toute son existence, de 1920 à 1945, les idéologues nazis, appuyés par la lecture de la falsification antisémite Les Protocoles des Sages de Sion, développent l'idée d'un complot orchestré par les Juifs. Ceux-ci, désignés par le terme générique de « juiverie »[8], sont perçus par les nazis comme coupables[9], collectivement responsables de la défaite de 1918 et de la révolution en Russie, dans le cadre d'un complot mené contre une Allemagne innocente. Celle-ci n'aspirerait qu'à se libérer de la tutelle exercée par les Juifs et leurs alliés[10]. Les Juifs sont perçus ainsi comme un sujet politique essentiellement défini par sa « race », sujet contre lequel il est nécessaire de mener une guerre : la propagande du NSDAP et du IIIe Reich présente le conflit qui s'ouvre en 1939 comme une « guerre contre les Juifs », ces derniers donnant de nombreuses preuves (bombardements…) de leur volonté d'extermination du peuple allemand[8]; de même, les Juifs, entendus comme un groupe fantasmatique homogène, sont ainsi présentés comme les principaux responsables du conflit[11].

Le fameux Programme en 25 points, programme politique du nazisme, fut exposé pour la première fois dans une réunion publique le à la Hofbräuhaus de Munich (célèbre brasserie pourvue d'une vaste salle propice aux réunions politiques et qui existe toujours) par Adolf Hitler lui-même. Dans ce programme, Hitler exige l'abrogation du traité de Versailles et il exclut les juifs de la citoyenneté allemande. À la suite de cette assemblée fondatrice, le DAP (Deutsche Arbeiter Partei, soit Parti ouvrier allemand) prendra désormais le nom de NSDAP (National Sozialistische Deutsche Arbeiter Partei, soit Parti national-socialiste des travailleurs allemands) : le parti nazi est né[12].

En 1925 (soit, plus de deux ans après un coup d'État manqué et plusieurs séjours en prison après la proclamation initiale), Adolf Hitler publie Mein Kampf (Mon Combat) (à la fois autobiographie, idéologie et programme politique), ouvrage écrit en prison, et qui deviendra le texte de référence du nazisme. La thèse selon laquelle le national-socialisme n'était rien d'autre, en somme, qu'un hitlérisme[13], est fort discutée ; néanmoins, l'opportunisme politique sera, dès le début de sa carrière, une constante dans les discours et écrits d'Adolf Hitler. L'historien britannique Ian Kershaw, auteur d'une imposante biographie d'Hitler, montre ainsi que l'apparition de certaines expressions ou concepts pourtant propres au discours hitlérien (par exemple le slogan Lebensraum, soit : « espace vital ») sont assez tardives. Et c'est Hitler lui-même qui rappellera que ce n'est qu'en juin 1919 que les cours d'économie de Gottfried Feder sur « l'esclavage par l'intérêt » fournirent le levier qui lui manquait pour animer un véritable parti politique : « Après avoir écouté le premier cours de Feder, l'idée me vint aussitôt que j'avais trouvé le chemin d'une condition essentielle pour la formation d'un nouveau parti[14]. »

Peu après l'accession d'Hitler à la Chancellerie le , les autres partis politiques sont progressivement éliminés ou interdits. Le 23 mars 1933, le Reichstag vote les pleins pouvoirs à Hitler, seuls les socialistes votent contre (les députés communistes étant pour leur part emprisonnés)[15]. Le 14 juillet 1933[N 1], le NSDAP devient un parti unique en Allemagne et le restera jusqu'à la chute du Troisième Reich et l'abrogation de cette loi le 20 septembre 1945[17],[18].

Idéologie[modifier | modifier le code]

Adolf Hitler, le Führer du Troisième Reich.

Les nazis étaient xénophobes, demandant par exemple que « tous les non-Allemands établis en Allemagne depuis le soient immédiatement contraints de quitter le Reich », et que « tous les directeurs et collaborateurs de journaux paraissant en langue allemande soient des citoyens allemands »[N 2]. Ils s’opposaient à la « conception matérialiste du monde ». Ils étaient réellement anti-chrétiens, certains comme Himmler voulant instaurer une forme de paganisme alors que le Reich souhaite placer les Églises du Reich sous sa tutelle en imposant la création du « christianisme positif ». Le programme national-socialiste prétendait également avoir une dimension sociale, symbolisée par le rouge dans le drapeau nazi, qu'il imposa à l'Allemagne[N 3]. D'après les travaux de l'historien Götz Aly, les nazis témoignaient d'un réel souci des classes populaires[19] : ils réorganisent les professions, créent des mutuelles et des prestations sociales, luttent contre le chômage, favorisent des loisirs et des fêtes pour les couches populaires, etc. Pour Aly, c'est d'ailleurs là l'une des clés de la popularité du régime. La tendance « socialisante » de la doctrine nazie fut cause de dissensions graves entre les dirigeants du parti. À ses débuts, Joseph Goebbels qualifiait ainsi le nazisme de « bolchévisme national ». Cependant, Hitler, par pragmatisme et opportunisme politique, sera conduit à accepter les financements d'industriels inquiétés par la montée du communisme et à abandonner certaines revendications et à éliminer sans pitié les courants par trop « socialisants » (les frères Strasser, Röhm, etc).

Des étudiants nazis brûlent les livres jugés dangereux par les nazis en public le 10 mai 1933. C'est un autodafé.

Le nazisme prétend être une idéologie totalitaire, cherchant à dominer et à contrôler tous les aspects de la vie des citoyens, embrigadés dès l'enfance dans toutes sortes d'associations maîtrisées par le Parti, qu'ils étaient destinés à servir : Napolas, Jeunesses hitlériennes, Association des jeunes filles allemandes, Association des femmes allemandes, Association des Allemands de l'étranger, Secours populaire du parti nazi, Secours d'Hiver du peuple allemand. Le régime nazi est proche du fascisme, duquel il a pris le caractère démonstratif que celui-ci a initié, assurant le culte du chef et le respect de la doctrine du Parti par l'usage systématique de mises en scène théâtrales, et aussi de la violence[réf. nécessaire]. Le Führerprinzip, soit l'absence totale de limites posées au pouvoir personnel du chef, est un élément central du nazisme, qui exalte la figure du Führer par un culte de la personnalité permanent. Mais le nazisme s'inspire aussi du bolchévisme, adoptant le principe d'un parti unique constitué de militants professionnels, parmi lesquels il recrute des milices privées, les SA et les SS, enfin en organisant la toute puissante Gestapo dès la prise de pouvoir[réf. nécessaire].

La doctrine nazie se fondait sur une classification raciale des hommes selon la « qualité de leur sang ». Les Tziganes, les Asiatiques[20][N 4] et les Noirs étaient classés au plus bas dans l'échelle des races, juste avant les Juifs et après les Slaves et les Méditerranéens. Elle aboutit à pousser les applications de l'eugénisme dans ses conséquences extrêmes, en particulier l’élimination des personnes malades et handicapées du Programme Aktion T4, l'expérience des lebensborns, et surtout la Shoah. Elle incitait à expulser hors d'Allemagne les hommes des « races inférieures », en particulier les Juifs envers lesquels elle a immédiatement pris des mesures vexatoires, favorisant l'émigration des plus riches et des plus déterminés vers d'autres pays, avant d'enfermer progressivement les autres dans des camps de concentration, avec les opposants politiques et religieux et les « asociaux » de tous ordres. Pour Ian Kershaw, « étant donné sa nature, sa composition et ses forces dominantes, le mouvement nazi ne pouvait avoir qu’une conception du changement social négative (liquidation des organisations de la classe ouvrière, discrimination accrue contre les minorités) »[21].

Les nazis utilisèrent le terme d’Aryen pour définir la « race humaine » qu'ils considéraient la plus pure, la plus supérieure et la plus noble, qui était appelée « race nordique » (ex septentrione lux, « toute lumière vient du Nord ») par certains scientifiques de cette époque : cette hypothèse, de la procession nordique des civilisations méditerranéennes, qui a lieu dans l'université allemande du XIXe siècle devient une thèse d'État enseignée à l'école, à l'université (où après la loi d'aryanisation de la fonction publique en avril 1933, un tiers des postes sont libérés, laissant la place à des enseignants pouvant faire rapidement carrière en professant cette nouvelle propagande) et dans les organisations du parti nazi[22]. Les idéologues nazis prétendaient que l'existence des Aryens aurait été confirmée par l'Histoire et l'archéologie nazie (les archéologues étant recrutés en masse par une organisation SS, l'Ahnenerbe, afin de montrer que le IIIe Reich est comme une seconde Sparte), l'expérience pratique, et les traits uniques de l'Aryen (notamment les cheveux blonds et les yeux bleus)[23]. Les nazis utilisèrent la propagande pour promouvoir cette thèse (Welthauptstadt Germania, Jeux olympiques d'été de 1936, etc.)[22].

Objectifs[modifier | modifier le code]

Antisémitisme en Allemagne en 1933. Sur la pancarte : « Allemands, défendez-vous ! N'achetez pas chez les Juifs ! »

Le nazisme prône la supériorité de la « race aryenne » sur toutes les autres « races » humaines. Ce qu'il nomme « race aryenne » est en fait une notion à la fois morphologique, culturelle et religieuse. Le « véritable » aryen est celui qui est physiquement proche du canon germanique. La croyance commune fait correspondre cette « race aryenne » à l'image d'un homme pâle, blond aux yeux bleus et de culture germanique[23]. En réalité, les critères, bien que restreints, étaient sensiblement plus larges (notamment au niveau des couleurs des yeux et des cheveux). D'après Hitler, cette race aryenne est l'unique source de tous les progrès de l'Humanité. Seuls ceux qui ont une trace de sang aryen peuvent avoir du génie. Les autres « races » ne font qu'imiter voire, comme les Juifs, spolier ou détruire le génie humain[réf. nécessaire]. À ce titre, la race aryenne doit conserver la pureté de son sang pour concentrer le génie humain dans une race qui dominera le monde. On trouve ici l'origine idéologique, des programmes d'élimination des personnes handicapées. Pour la « survie de l'Humanité », les nazis se doivent d'éliminer les races et « peuples inférieurs » qui en polluant la génétique humaine, l'amènent à sa perte[réf. nécessaire]. Les nazis classèrent ainsi les populations en fonction de ce qu'ils appelaient les « races à éduquer » (les Latins et les Japonais, par exemple), les « races à réduire en servitude » (les Slaves, les Asiatiques, les Noirs) et les « races à exterminer » (les personnes de confession ou d'ascendance juive et le peuple tzigane)[réf. nécessaire].

Racisme[modifier | modifier le code]

Au sein du mouvement nazi, les échanges sont nombreux jusqu'en 1934 au moins, pour définir précisément ce qui doit être contenu dans la doctrine raciste et sur ce que doivent être les implications pratiques de la doctrine.

En effet, à partir des années 1920, la fixation de la doctrine raciale nazie se fait en plusieurs étapes, étapes à mettre en lien avec les querelles internes au sein du NSDAP. À la suite de Hans Günther, la doctrine nordiciste, qui part du postulat que le peuple germanique originel, les Indogermains, sont originaires du Nord de l'Europe[24]. Dans son ouvrage L'Idée Nordique, paru en 1925, Günther défend l'idée d'une politique raciale de renordification du peuple allemand[24].

La doctrine raciale nazie se basait surtout sur l’œuvre d’Hans Günther, professeur de « science raciale » à l’Université d'Iéna dont les idées étaient fortement soutenues par le gouvernement allemand[25]. Selon Günther, tous les Aryens partagent un type nordique idéal qui crée un contraste avec les Juifs, qui constituent plutôt un mélange de plusieurs races. La lignée généalogique, les mesures anthropologiques de crânes et les évaluations de l’apparence physique étaient tous des outils utiles à la détermination de la race. Pour Günther, même si l’apparence physique était la chose observée, « le corps est l’enveloppe de l’âme » et « l’âme est primaire. » Toutefois dans la doctrine raciale nazie les catégories de « sang allemand » et de « sang étranger à l’espèce » ne furent jamais clairement définies, et entre le pôle aryen et le pôle juif se trouvait toute une nébuleuse de races qu’il était parfois malaisé de situer sur une échelle. Concernant les races européennes, Günther les divisait en race nordique (nord de l'Europe), méditerranéenne (sud de l'Europe et Afrique du Nord[réf. nécessaire]), dinarique (Balkans), alpine et est-baltique[26].

Le nazisme est donc essentiellement une idéologie raciste. Elle poursuit deux buts concomitants. D'abord, l'établissement d'un espace vital pour la « race supérieure » que constitue selon eux la « race aryenne ». Cet espace vital étant conçu comme devant se développer vers l'est, il implique la destruction de l'URSS et l'asservissement des peuples slaves. Ensuite, le maintien de la pureté de la « race supérieure » par l'extermination des « dégénérés » comme les malades mentaux et l'anéantissement de ce qu'ils considèrent comme des « races inférieures », en premier lieu les juifs.

Lutte des races[modifier | modifier le code]

Aux yeux des différents théoriciens du nazisme, la lutte des races constitue le moteur de l'Histoire.

En effet, Hitler, dans Mein Kampf, recherche un principe pour expliquer l'Histoire humaine[27]. Cette lutte des races se fait à échelle mondiale[28]. De plus, dans cette lutte, la recherche de mélanges raciaux, du métissage, constitue l'arme la plus sournoise du Juif contre la race indogermanique nordique[29]. À partir de 1933, de nombreuses publications sont éditées destinées à être portées à la connaissance du public : ainsi, en 1936, l'essai "peuple, race et État dans l'Antiquité" de Fritz Geyer propose une vision nazie de l'histoire humaine, basée sur le postulat que les civilisation antiques, nordiques, ont connu une phase de dissolution politique et culturelle (dont elles ne se sont pas relevées), en raison de la pratique des métissages à grande échelle[30]. Walter Gehl, dans ses manuels scolaires, dresse un tableau de ces périodes de décadence raciale que sont la période hellénistique et la crise du IIIe siècle à Rome[30].

Alfred Rosenberg, théoricien du nazisme dont l'influence fut également importante, qui développa ses théories raciales dans Le Mythe du vingtième siècle (1930), où il réduit l’Histoire à une lutte des races et met en valeur l’homme nordique menacé par le métissage, les Juifs et les valeurs judéo-chrétiennes, considérait également les Berbères d'Afrique du Nord comme descendants des peuples Aryens atlanto-nordiques : « Les Berbères, dont une partie conservent encore la peau claire et souvent même les yeux bleus, ne remontent pas aux raids ultérieurs des Vandales, mais bien à la très ancienne vague atlanto-nordique. De nombreux chasseurs Kabyles, par exemple, sont aujourd'hui encore irréfutablement d'origine nordique[31]. »

Anticapitalisme[modifier | modifier le code]

Les nazis déclarent que le capitalisme provoque du tort aux Nations de par la finance internationale, de la domination économique des grandes entreprises et de l'influence des Juifs[32]. Les affiches de propagande nazies destinées aux quartiers ouvriers exacerbaient l'anticapitalisme. Sur l'une d'entre elles était écrit : Le maintien d'un système industriel pourri n'a rien à voir avec le nationalisme. Je peux aimer l'Allemagne et détester le capitalisme[33].

Hitler exprimait, autant en public qu'en privé, un profond mépris pour le capitalisme, l'accusant de prendre les Nations en otage au bénéfice des intérêts d'une classe de rentiers « cosmopolites et parasites »[34]. Il s'opposait à l'économie de marché et à la recherche effrénée du profit, et souhaitait une économie respectueuse de ce qu'il considérait être l'intérêt général[35]. Il n'estimait pas le capitalisme digne de confiance en raison de sa nature égoïste, et lui préférait une économie dirigiste subordonnée aux intérêts du peuple[34]. Hitler affirma en 1934 à un cadre du parti que « le système économique contemporain était la création des Juifs[34]. » Hitler confia un jour à Benito Mussolini que « le capitalisme a[vait] fait son temps »[34]. Hitler estimait également que la grande bourgeoisie d'affaires « ne connaissait rien d'autre que les profits. La Patrie n'est qu'un mot pour eux. »[36] Hitler considérait Napoléon comme un modèle pour son comportement anti-conservateur, anti-capitaliste et anti-bourgeois[37].

Dans Mein Kampf, Hitler montre son attachement au mercantilisme ; il pensait que les ressources économiques liées à un territoire devaient être réquisitionnées par la force. Il croyait que l'application du concept d'espace vital apporterait à l'Allemagne ces territoires précieux pour l'économie[38]. Il pensait que le seul moyen de maintenir la sécurité économique était d'avoir un contrôle direct sur les ressources plutôt que de dépendre du commerce international[39]. Il affirma que faire la guerre pour s'octroyer ces ressources était le seul moyen de devancer le système économique capitaliste déclinant[38].

Un certain nombre de nazis auraient eu des convictions anticapitalistes, par exemple Ernst Röhm, le chef de la Sturmabteilung (SA)[40]. Röhm affirma que l'arrivée des nazis au pouvoir constituait une révolution nationale, mais il déclara avec insistance qu'une « seconde révolution » (la nomination de Hitler à la chancellerie et les mesures prises jusqu'à la fin de l'année 1933 étant la première) était nécessaire pour que l'idéologie nazie soit aboutie[41]. Les SA de Röhm attaquèrent les personnes jugées complices du mouvement réactionnaire[41]. Hitler considéra que ces actions entreprises par Röhm de sa propre initiative étaient irrespectueuses, menaçaient potentiellement son autorité et mettaient en péril le régime en s'aliénant la sympathie du Président Paul von Hindenburg et de la frange conservatrice de l'armée allemande[41]. Cela conduit Hitler à mener des purges parmi les éléments les plus radicaux des SA, y compris Röhm[42]. Un autre nazi de haut rang, le ministre de la Propagande Joseph Goebbels, affirma catégoriquement le caractère socialiste du nazisme, et écrivit dans son journal personnel que s'il devait choisir entre le bolchévisme et le capitalisme, « en définitive », « il serait préférable pour nous d'aller vers le bas avec le bolchevisme que de vivre dans l'esclavage éternel du capitalisme[43]. »

Jusqu'en 1925, le NSDAP se contente de formules suffisamment vagues pour satisfaire la clientèle bigarrée qui compose ses soutiens et son électorat[44] : en 1920, par exemple, Anton Drexler définit l'objectif du DAP, devenir le "parti de ceux qui travaillent"[45], tandis que, en 1925, Gregor Strasser défend la nécessité d'un socialisme strict, pur, sans pour autant le définir précisément[46]. Même à l'époque des succès, à partir de 1930, Hitler reste vague sur le programme économique; néanmoins, le programme de 1920, déclaré intangible, est constamment remis au cause par la pratique quotidienne des relations entre les responsables du parti et les milieux d'affaires[47].

Le problème des biens des anciennes familles régnantes dans le Reich oblige le parti à expliciter ses positions: Strasser, avec à sa suite les Gauleiter du Nord du Reich, défend l'expropriation, tandis que Hitler et ses proches en Bavière s'y opposent lors du congrès organisé à Bamberg en 1927[48]. En 1927, dans un article, Goebbels borne très strictement l'anticapitalisme nazi : ne remettant pas en cause la propriété, il se dresse non contre le capitalisme en tant que tel, mais contre un mauvais usage du capital par ses propriétaires[49].

À partir de 1933, le DAF, l'organisation la plus importante (numériquement) au sein du NSDAP, définit le socialisme en mettant en avant les concepts de travail, de réussite et de sens du devoir à l'égard du Reich et de l'État : l'une des implications pratiques, visible du socialisme nazi, concerne le droit, la possibilité, d'accession à la propriété par le travail[50]. La propagande définit aussi la forme de socialisme souhaité pour le Reich, "un socialisme par les actes" qui se concrétise par des actions charitables menées sous la houlette du NSDAP[51].

Parallèlement à cette rhétorique anticapitaliste, le programme du parti mentionne les termes de socialisme et de révolution, mais en des termes extrêmement vagues et souvent contradictoires : ainsi, jusqu'à la purge du 30 juin 1934, le vocabulaire du champ lexical de la révolution est employé par tous les cadres nazis, de façon symbolique, totalement coupée de la réalité. À partir de 1934, la révolution est toujours à l'ordre du jour, mais le contenu du concept a totalement évolué : le terme "révolutionnaire" finit par désigner simplement une personne favorable au nouveau régime[50].

L'historien Ian Kershaw a écrit en parlant de Hitler, que « loin de porter atteinte au capitalisme, il en fit un auxiliaire de l’État. »[52]

Moyens utilisés[modifier | modifier le code]

Libération du camp de Buchenwald, 16 avril 1945.

Les nazis éliminèrent, stérilisèrent ou emprisonnèrent ceux qu'ils considéraient comme malades, ou ceux qui étaient considérés comme atteints de maladies physiologiques ou mentales héréditaires et de troubles mentaux, en s'appuyant sur une lecture particulière des théories eugéniques du Britannique Francis Galton (cf. Eugénisme sous le nazisme)[53]. En septembre 1939, Hitler donna son assentiment à la mise en œuvre d'un programme d'« euthanasie », sans distinction d'âge, des personnes handicapées ou atteintes de certaines maladies incurables. Ce programme appelé Aktion T4 fut mené par un petit nombre d'hommes triés sur le volet et sous le contrôle de médecins. Au total, il est estimé qu'environ 200 000 personnes en furent victimes entre 1940 et 1945[54],[55].

Après avoir conquis le pouvoir absolu, les nazis éliminèrent selon des procédés systématiques et par cercles concentriques entre 5 et 6 millions de Juifs (notamment, mais pas uniquement, à l'aide de chambres à gaz) ; ainsi qu'entre 500 000 et 1 million de Tziganes, dont 23 000 ont été recensés dans le seul camp d'Auschwitz. Ils stérilisèrent aussi 400 000 Allemands[réf. nécessaire] et incarcérèrent tous les opposants au pouvoir dans des camps de concentration. L'extermination des Juifs est appelée « Shoah », ce qui signifie « anéantissement » en hébreu[56].

Influences et composantes idéologiques[modifier | modifier le code]

Les composantes idéologiques et les sources d'inspiration du nazisme sont extrêmement diverses. Ainsi, pèle-mêle sont reprises dans l'idéologie nazie : le national-bolchévisme incarné par Ernst Niekisch et repris par Goebbels[57] ; l'idée de la Grande Allemagne empruntée au national-libéralisme du « printemps des peuples » de 1848 et pangermanistes ultérieurs du XIXe siècle[réf. nécessaire] ; le nationalisme xénophobe des patriotes de 1813 comme Ernst Moritz Arndt et Friedrich Ludwig Jahn[N 5] ; l'aspiration à un « christianisme allemand » par Paul de Lagarde[réf. nécessaire] ; les tendances protectionnistes et autarciques en économie chères à Fichte et Friedrich List[réf. nécessaire] ; le néo-paganisme allemand par haine du catholicisme romain, illustré par exemple par les opéras de Richard Wagner, érigés après la mort du compositeur en véritable liturgie nationale[réf. nécessaire] ; et l'idée d'un socialisme allemand élaborée par Werner Sombart et Oswald Spengler[58].

Selon Claude David, pour les nazis « le seul point intangible, le seul dogme, fut le racisme. Ce racisme appuie et justifie la politique nationaliste, les projets impérialistes du mouvement »[59]. Pour Ian Kershaw, en dehors du nationalisme et du racisme, le nazisme n'a pas de réelle cohérence politique, du fait notamment de la diversité de sa clientèle électorale et militante[60].

Idées philosophiques du XIXe siècle[modifier | modifier le code]

Le culte de la force est propagé dans les universités par Heinrich von Treitschke. Nietzsche contribua à la diffusion de cette idéologie notamment dans son œuvre Au-delà du bien et du Mal[N 6]. C'est à son insu, pendant ses dernières années de maladie, que sa sœur, Elisabeth Förster-Nietzsche mariée à Bernhard Förster, pour laquelle il exprimait également un grand mépris à la suite de son mariage avec un antisémite ayant tenté de fonder une nation aryenne au Paraguay, trafiqua son œuvre et composa « La Volonté de Puissance ». Elle en fit ce qui devait devenir plus tard une arme de propagande pour le régime nazi. Elle eut recours à un véritable travail de falsification, et de découpage, allant jusqu'à retirer les passages la concernant personnellement.

Aussi, encore aujourd'hui, les écrits de Nietzsche sont sujets à la controverse, souvent par mécompréhension ou interprétation douteuse. La critique la plus commune se rapportant au nazisme est celle qui consiste à dire que Nietzsche incitait à la haine contre le Juif, de par les critiques qu'il peut faire à l'égard du prêtre, « les juifs, ce peuple de prêtres ». Or il ne condamne ici nullement les juifs mais bien les méthodes du prêtre, peu importe ses origines (cf. Généalogie de la morale, IIIe traité et la fin d'Ainsi parlait Zarathoustra en référence au dernier Pape). Au banc des accusés, son idée du surhomme.

Idées racistes antérieurement développées[modifier | modifier le code]

L'idée de base du Nazisme est l'affirmation de la supériorité du peuple aryen. Par conséquent, inspirés par Joseph Arthur de Gobineau et Houston Stewart Chamberlain ainsi que par les théories eugéniques de Georges Vacher de Lapouge, les nazis pensent que tout métissage est dégénérateur de celui-ci. De plus, Selon les nazis, l'Allemagne est le dernier refuge du « peuple aryen ». Cette idée est émise par Ludwig Geiger et imposée par Karl Penka. De là, les nazis fondent une échelle raciale, sur laquelle nous trouvons tout en bas, le peuple juif car ils « veulent contrôler le monde » (soit par le communisme, soit par le capitalisme). On pourrait se référer au faux intitulé Les Protocoles des Sages de Sion, rédigé par Mathieu Golovinski, agent provocateur des services secrets tsaristes.

Les idées nationalistes et racistes vont se retrouver dans les idées colportées par les mouvements völkisch, qui vont fleurir en Allemagne à la fin du XIXe siècle et au début du XXe siècle. En répandant en Allemagne des idées ultra-nationalistes et racistes, ces mouvements ont fait le lit du national-socialisme[61].

Cette section ne cite pas suffisamment ses sources (juin 2009). Pour l'améliorer, ajoutez des références vérifiables [Comment faire ?] ou le modèle {{Référence nécessaire}} sur les passages nécessitant une source.
Article connexe : Fascisme.

Il existe deux interprétations chez les historiens : le nazisme est un système totalitaire spécifique, essentiellement raciste et antisémite ; et fortement opposé au judéo-christianisme. La deuxième interprétation est que le nazisme n'est qu'une variété de fascisme parmi d'autres. Les termes « fascisme » et « totalitarisme » reposent souvent sur des définitions floues ; ils restent mal définis et il n'y a pas de consensus d'historiens sur leur utilisation. D'aucuns les récusent totalement. À l'origine, le fascisme avait pour but l'édification d'un État fort, base d'un nouvel Empire, véritable but, alors que le nazisme voyait dans l'État le moyen de mettre en œuvre la politique raciale et de domination mondiale de la nation allemande. Le fasciste mourait pour l'Italie, le nazi pour la « race aryenne ». La Seconde Guerre mondiale n'est donc pas un conflit de nations, à l'instar de la première, mais un conflit de « visions du monde ».

Dans la pratique, Mussolini enferme et persécute ses opposants, mais ne s'est jamais livré à une politique d'extermination sur des bases culturelles et religieuses, alors que l'idéologie nazie organisait un système de déportations des « indésirables ». D'abord et principalement les juifs, qui tous devaient être éliminés, adultes comme enfants. Hitler avait décrété que tous devaient disparaître en vertu d'une purification de l'Europe planifiée « scientifiquement », c'est-à-dire avec des arguments pseudo-scientifiques, les théories raciales, et en mobilisant tous les moyens techniques. Leur élimination était visée, non leur réduction en tant qu'ennemis. D'autres groupes sociaux subirent les déportations et les persécutions : communistes et autres marxistes, Tsiganes, handicapés physiques ou mentaux, « asociaux », homosexuels, catholiques, protestants, Témoins de Jéhovah… Les camps d'extermination tels Auschwitz, Treblinka, Maïdanek, furent construits ou transformés à des fins d'exterminations.

Le concept d'État totalitaire est forgé par le philosophe et théoricien du fascisme italien, Giovanni Gentile, qui écrivait les textes de Mussolini ayant un contenu théorique. L'État totalitaire doit prendre le contrôle de la société tout entière et de tous ses secteurs, jusqu'à faire disparaître celle-ci, englobée dans l'État, devenu « total ». Le fascisme du système des États totalitaires, qu'il invente au contraire, ne peut pas être exclu. Le fascisme voit le jour en Italie, avec la prise du pouvoir par Mussolini (Marche sur Rome, 1922) ; il invente un nouveau mode d'État précisément, en pratique et en théorie. Il en fait la théorie et le réalise en vue de constituer un Empire, supposé faire renaître l'Empire romain.

Invention que Hitler recueille et développe, en préparant la guerre en Europe, dans le but de créer un nouvel Empire européen, le « Reich de 1 000 ans ». L'exploitation du mythe du « danger juif » (complot mondial en parallèle et/ou alliance avec le communisme international) sera reprise. On[Qui ?] diffusera systématiquement un faux, fabrication de la police secrète du Tsar, les « Protocoles des Sages de Sion », supposé révéler ce « complot juif mondial ». Adolf Hitler mentionne cette lecture dans Mein Kampf.

Ce qui distingue le nazisme du fascisme est, non pas le nationalisme, le racisme et l'antisémitisme, mais le fait que la politique nazie soit d'abord et essentiellement raciste et antisémite, et la décision en vue de l'élimination des Juifs, et le recours à un plan d'extermination. La planification et l'organisation systématiques sont une spécificité nazie, et n'appartiennent ni au fascisme italien, ni aux divers fascismes qui apparurent en Europe. La diversité des expressions porte souvent à confusion.

La vision nazie du socialisme[modifier | modifier le code]

Article connexe : Socialisme.

Le nazisme se revendique d'une forme de socialisme, mais sans rien de commun avec celui prôné par les sociaux-démocrates ou par les communistes, ainsi que par les autres courants socialistes. Sa conception du « socialisme » se veut au contraire radicalement opposée à la vision marxiste alors dominante. Le national-socialisme n'est pas considéré comme faisant partie de la famille du socialisme au sens moderne du terme[62] : il n'entretient pas de rapports avec les mouvements et courants socialistes, et leur voue au contraire une hostilité radicale[63] qui leur vaut d'être réprimés et interdits dès l'accession d'Hitler au pouvoir[64].

La référence au socialisme est déjà présente chez le Parti ouvrier allemand (DAP), prédécesseur du Parti national-socialiste des travailleurs allemands (NSDAP). Ce petit groupe de droite radicale[65] se réclame ainsi d'une forme de « socialisme germanique » mal défini, par lequel il ambitionne de ramener les ouvriers allemands vers le nationalisme, en les détournant de l'internationalisme marxiste[66].

Hitler, pour sa part, définit dès 1922 le « socialisme » comme un dévouement inconditionnel à la Nation allemande, en déclarant : « Celui qui est prêt à faire sienne la cause nationale, dans une mesure telle qu'il ne connaît pas d'idéal plus élevé que la prospérité de la nation ; celui qui a compris que notre grand hymne Deutschland über alles signifie que rien, rien dans le vaste monde ne surpasse à ses yeux cette Allemagne, sa terre et son peuple, son peuple et sa terre, celui-là est un socialiste »[67]. Si sa définition du socialisme n'est pas particulièrement précise, il la veut cependant distincte du marxisme et du bolchevisme. Pour Hitler, la « doctrine juive » du marxisme a « volé » le nom de socialisme. A ses yeux, le véritable « socialisme » est une « science de la prospérité collective » : il s'agit à ses yeux d'une vieille tradition aryenne et germanique, qui ne s'oppose ni à la propriété privée ni à la nation, et vise au contraire à assurer la richesse de tous. Tel que le conçoit Hitler, le socialisme préconise la défense des intérêts du peuple à l'intérieur de l'État, l'intérêt collectif primant sur l'intérêt particulier : il s'agit pour lui, en tant que Weltanschauung, d'une attitude éthique s'adressant à ceux qui vivent ensemble dans un espace ethnique ou national. Toujours selon Hitler, le national-socialisme donne à l'État la mission de « satisfaire les légitimes besoins des classes laborieuses en se fondant sur la solidarité raciale » et vise à susciter « un esprit communautaire et social, s'épanouissant au sein d'une économie nationale fondée sur la responsabilité individuelle et encadrée par l'État ». Il fera disparaître progressivement l'individualisme en faisant évoluer la personne humaine sur une base raciale. Le dirigeant nazi envisage l'extension de ce type de société aux autres pays, pour donner naissance à un « socialisme des nations » très différent de l'internationalisme marxiste-léniniste. Concernant les rapports entre classes sociales, Hitler ne semble réellement y avoir réfléchi que durant le conflit mondial, en relation avec les problèmes de l'espace vital. Lors d'une conversation, il a ainsi envisagé de résoudre la question sociale en garantissant à chacun une perspective d'ascension sociale, en assurant à tous un minimum vital et en faisant « participer chacun aux bienfaits de la culture »[68].

Le nazisme, dont la doctrine va à l'encontre de l'idée d'égalité des hommes, n'envisage pas d'éliminer la propriété privée, ni les différences de classes sociales. Il prétend par contre fournir des salaires décents aux travailleurs[66], et éviter la lutte des classes en unissant les patrons et les travailleurs au sein de la « communauté du peuple » (Volksgemeinschaft). L'aile « gauche » du NSDAP, mené notamment par Otto Strasser, accorde une place importante au « socialisme » et à l'anticapitalisme, au contraire d'Hitler qui se montre très hostile envers les influences « marxistes » et n'envisage aucun contrôle ouvrier sur les entreprises[69]. La tendance d'Otto Strasser est évincée politiquement dès l'été 1930[70],[71] et l'aile « populiste » du nazisme, partisane d'une révolution sociale, est vite éliminée politiquement, ou physiquement au cours de la nuit des Longs Couteaux en 1934. Le discours nazi continue ensuite d'utiliser le concept de socialisme, vu sous l'angle de l'unité nationale en lieu et place de la lutte des classes : Joseph Goebbels présente ainsi le national-socialisme comme « le vrai socialisme », car il vise à permettre aux classes sociales de vivre ensemble au lieu de les dresser les unes contre les autres[72].

En se réclamant d'une forme de socialisme, Hitler a avant tout tiré avantage de la popularité du mot : après 1934, les représentants « gauchisants » du parti sont cantonnés à un rôle de « leurre social »[73] tandis que le socialisme et l'anticapitalisme continuent d'être des éléments de la propagande nazie[66].

Ian Kershaw souligne que la Volksgemeinschaft — basée sur la pureté raciale et le concept de lutte — que Hitler présente comme une « fusion du nationalisme et du socialisme » ne repose sur aucun concept socialiste moderne, mais au contraire sur une forme primaire de darwinisme social et d'idées impérialistes héritées du XIXe siècle[N 7]. Comme Kershaw[75], l'historien Hajo Holborn rappelle qu'Hitler lui-même n'a jamais été socialiste : il souligne en outre que les termes « nationalisme » et « socialisme » ont été utilisés dans les discours du dirigeant nazi comme des synonymes et de manière interchangeable, leur sens variant d'ailleurs en fonction du public auquel il s'adressait[N 8]. Ernst Nolte indique lui aussi que le national-socialisme « n'a jamais été en priorité un socialisme, en d'autres termes un mouvement principalement motivé par les affrontements internes des classes ; il était au contraire un nationalisme social de type fasciste, dans sa manifestation la plus radicale de surcroît »[77].

L'historienne Marlis Steinert souligne le caractère flou des conceptions d'Hitler en matière de socialisme, qui n'ont été exprimées, de manière désordonnée, qu'à travers des entretiens et des discours, et pas dans des écrits théoriques. Elle y distingue, à côté d'« absurdités » pures et simples, des idées proches de celles des « socialistes utopistes » du XIXe siècle, et des concepts qui se rapprochent des théories modernes du bien commun. Hitler ne semble cependant pas avoir connu les idées de Fourier, Proudhon ou Owen, et paraît s'être inspiré de « prétendus précédents germaniques ou chrétiens ». Pour Marlis Steinert, les idées d'Hitler sur le socialisme sont avant tout une illustration de son « éclectisme » d'autodidacte. De manière globale, elle voit dans les idées politiques et sociales d'Hitler une synthèse personnelle, composée d'« emprunts à des doctrines courantes » que le dirigeant nazi interprétait à sa façon, en les combinant de telle manière qu'il finissait par « construire un ensemble cohérent composé d'idées opposées », destiné à attirer des sympathisants de toutes sortes[68].

Annexes[modifier | modifier le code]

Ouvrages notables parmi lesquels le nazisme a puisé ses racines

Ouvrages notables des théoriciens du IIIe Reich

(Voir aussi Pangermanisme, Nihilisme allemand, Mysticisme nazi.)

Ouvrages notables d'intellectuels sur le nazisme

Bibliographie[modifier | modifier le code]

Historiographie[modifier | modifier le code]

  • Pierre Ayçoberry, La Question nazie : Essai sur les interprétations du national-socialisme, 1922-1975, vol. 39, Paris, Éditions du Seuil, coll. « Points / Histoire »,‎ , 314 p. (ISBN 2-02-005145-1) Document utilisé pour la rédaction de l’article
  • Hanania Alain Amar, Thierry Feral, Michel Gillet, J. Maucourant, Penser le nazisme, L'Harmattan, Paris, 2007.
  • Ian Kershaw, Qu'est-ce que le nazisme ?, Folio histoire, réédition 2003, (ISBN 978-2-07-040351-6).
  • Enzo Traverso, Le Totalitarisme. Le XXe siècle en débat, Points, Le Seuil, Paris, 2001.

Le nazisme comme idéologie[modifier | modifier le code]

Nazisme et Totalitarisme[modifier | modifier le code]

  • Philippe Burrin, Fascisme, nazisme, autoritarisme, Paris, coll. « Points Histoire », éditions du Seuil, Paris, 2000.

Le nazisme et la société allemande[modifier | modifier le code]

  • David Schoenbaum (trad. Jeanne Étoré), La Révolution Brune : La société allemande sous le IIIe Reich, Paris, Gallimard, coll. « Tel »,‎ 2000 (traduction française), 420 p. (ISBN 2-07-075918-0).
  • Charles Bettelheim, L'économie allemande sous le nazisme Tomes I et II, Édition François Maspero, Paris 1971, 159 p et 189 p.

Aspects particuliers[modifier | modifier le code]

  • Hanania Alain Amar, Les Savants fous. Au-delà de l'Allemagne nazie, L'Harmattan, Paris, 2007.
  • Thierry Feral avec post face de Hanania Alain Amar, Suisse et nazisme, L'Harmattan, Paris, 2005.
  • Thierry Feral, Le nazisme en dates, L'Harmattan, Paris, 2011.
  • Jeffrey Herf (trad. Pierre-Emmanuel Dauzat), L'Ennemi juif : La propagande nazie, 1939-1945, Paris, Calmann-Levy,‎ 2011 (édition française) (ISBN 978-2-7021-4220-2).
  • Franz Neumann, Béhémoth. Structure et pratique du national-socialisme - 1933-1945, traduit de l'anglais par Gilles Dauvé et Jean-Louis Boireau, Paris, Payot, 1987.
  • Nicos Poulantzas, Fascisme et dictature. La IIIe Internationale face au fascisme, Paris, 1970.
  • (en) Timothy Scott Brown, Weimar Radicals : Nazis and Communists between Authenticity and Performance, Bergbahn Books, coll. « Monographs in German History »,‎ (lire en ligne)
  • Enzo Traverso, La violence nazie : Essai de généalogie européenne, La Fabrique, 190p., 2003.

Articles connexes[modifier | modifier le code]

Idéologie[modifier | modifier le code]

Histoire[modifier | modifier le code]

Crimes du nazisme[modifier | modifier le code]

Liens externes[modifier | modifier le code]

Sur les autres projets Wikimedia :

Notes et références[modifier | modifier le code]

Notes[modifier | modifier le code]

  1. « Gesetz gegen die Neubildung von Parteien, vom 14. Juli 1933. Die Reichsregierung hat das folgende Gesetz beschlossen, das hiermit verkündet wird : §1. In Deutschland besteht als einzige politische Partei die Nationalsozialistische Deutsche Arbeiter-Partei. §2. Wer es unternimmt, den organisatorischen Zusammenhalt einer anderen politischen Partei aufrechtzuerhalten oder eine neue politische Partei zu bilden, wird, sofern nicht die Tat nach anderen Vorschriften mit einer höheren Strafe bedroht ist, mit Zuchthaus bis zu drei Jahren oder mit Gefängnis von sechs Monaten bis zu drei Jahren bestraft. Berlin, den 14. Juli 1933. - Der Reichskanler : Adolf Hitler - Der Reichsminister des Innern : Frick - Der Reichsminister der Justiz : Dr Gürtner »[16].
  2. Points 8 et 23 du Programme en 25 points.
  3. Dans Mein Kampf, Hitler justifie le choix du rouge par le souci de ne pas laisser le monopole de cette couleur ardente au seul Parti communiste.
  4. C'est-à-dire au premier chef, les peuples d'Asie centrale, "mongoloïdes" ou non. Plus ou moins synonyme d'"Orientaux", le terme ne sera jamais clairement défini, excluant les Japonais (la figure du samouraï étant même un modèle à suivre pour certains hauts dirigeants nazis) tout en allant parfois jusqu'à inclure les Juifs et les Russes.
  5. Peter Viereck écrit ainsi dans Conservatism Revisited page 70: « Jahn's organized gangs, praised by a contemporary nationalist as 'the Storm Troopers' of a future nationalist seizure of power, roamed the streets molesting citizens who looked 'un-German'. »
  6. Michel Onfray relève que le lien entre la pensée de Nietzsche et le nazisme n'est pas direct, mais promu par des intervenants ultérieurs qui dévoient la pensée de Nietzsche en la ramenant à des slogans.
  7. « In reality, Hitler's "social idea" was simplistic, diffuse and manipulative. It amounted to little more than what he had told his bourgeois audience in Hamburg: winning the workers to nationalism, destroying marxism and overcoming the division between nationalism and socialism through the creation of a nebulous "national community" (Volksgemeinschaft) based on racial purity and the concept of struggle. The fusion of nationalism and socialism would do away with the class antagonism between an nationalist bourgeoisie and Marxist proletariat (both of which had failed in their political goals). This would be replaced by a "community of struggle", where nationalism and socialism would be united, where "brain" and "fist were reconciled and where - denuded of Marxist influence - the building of a new spirit for the great future struggle of the people would be undertaken. Such ideas were neither new, nor original. And ultimately, they rested not on any modern form of socialism, but on the crudest and most brutal version of nineteenth-century imperialist and social-Darwinistic notions. Social welfare in the trumpeted "national community" did not exist for its own sake, but to prepare for external struggle, for conquest "by the sword" »[74].
  8. « He was never a socialist. In a speech of 1927 that the Ruhr tycoon Emil Kirdorf (1 847-1938) distributed among his fellow industrialists, Hitler said "Highest nationalism is essentially identical with the highest concern about the people, and highest socialism is identical with the highest form of love of people and fatherland". Socialism and nationalism were for him interchangeable terms, the usage of which depended on the social group he addressed »[76].

Références[modifier | modifier le code]

  1. (en) Walter John Raymond. Dictionary of Politics. (1992). ISBN 1-55618-008-X p. 327.
  2. Fritzsche, Peter. 1998. Germans into Nazis. Cambridge, Mass.: Harvard University Press.
  3. (en) Kele, Max H. (1972). Nazis and Workers: National Socialist Appeals to German Labor, 1919–1933. Chapel Hill: The University of North Carolina Press.
  4. (en) Payne, Stanley G. 1995. A History of Fascism, 1914–45. Madison, WI: University of Wisconsin Press.
  5. (en) Neocleous, Mark. Fascism. Minneapolis, Minnesota, USA: University of Minnesota Press, 1997 p. 23.
  6. Ian Kershaw, Qu'est-ce que le nazisme ?, Gallimard, édition de 1992, pages 27-94
  7. Léon Poliakov, Bréviaire de la haine : Le IIIe Reich et les Juifs, Paris, Calmann-Lévy,‎ , p. 491-505.
  8. a et b Herf 2011, p. 240.
  9. Herf 2011, p. 241.
  10. Herf 2011, p. 237-238.
  11. Herf 2011, p. 189-190 (illustrations).
  12. Alfred Wahl, L'Allemagne de 1918 à 1945, Armand Colin, 1999, p. 37
  13. Ian Kershaw, Hitler, tome 1, p. 210
  14. Mein Kampf, p. 208
  15. Ian Kershaw, Hitler. 1889-1936, Paris, Flammarion, 2001, p. 661.
  16. (de) Walther Hofer (dir.), Der Nationalsozialismus : Dokumente 1933-1945, Francfort-sur-le-Main, Fischer Bücherei, coll. « Bücher des Wissens »,‎ , 398 p., p. 61
  17. la loi no 1 du Conseil de contrôle allié du 20 septembre 1945 portant abrogation du droit nazi
  18. Texte intégral en allemand
  19. Götz Aly, Comment Hitler a acheté les Allemands. Le IIIe Reich, une dictature au service du peuple, Flammarion, 2005.
  20. Peter Longerich, Himmler (2 t.), Perrin, coll. « tempus », 2013, p. 365-370 et suiv.
  21. Ian Kershaw, Qu'est-ce que le nazisme ? Problèmes et perspectives d’interprétation, Gallimard, coll. « Folio », 1992, p. 270.
  22. a et b Johann Chapoutot, Le national-socialisme et l'Antiquité, PUF,‎ 2008, 544 p. (ISBN 978-2-13-056645-8)
  23. a et b Denis Nerincx, L'higoumène Théodor (ISBN 978-2-35209-126-4), p. 13
  24. a et b Conte et Essner, La Quête de la race, p. 71
  25. George L. Mosse, Nazi Culture; Intellectual, Cultural, and Social Life in the Third Reich, Schocken Books, New York, 1981, p. 57
  26. Hans Günther, Les peuples de l'Europe (1927), Éditions du Lore, 2005
  27. Le Nazisme et l'Antiquité, p. 426
  28. Le Nazisme et l'Antiquité, p. 428
  29. Le Nazisme et l'Antiquité, p. 430
  30. a et b Le Nazisme et l'Antiquité, p. 432
  31. Alfred Rosenberg, Le Mythe du XXe siècle, Deterna, 2005 (réédition 1930), ISBN 2-913044-21-2, p. 42.
  32. (en) Bendersky, Joseph W. A History of Nazi Germany: 1919-1945. 2nd ed. Burnham Publishers, 2000. p. 72.
  33. (en) Bendersky, Joseph W. A History of Nazi Germany: 1919-1945. 2nd ed. Burnham Publishers, 2000. p. 58-59
  34. a, b, c et d (en) Overy, R.J., The Dictators: Hitler's Germany and Stalin's Russia, W. W. Norton & Company, Inc., 2004. p. 399
  35. (en) Overy, R.J., The Dictators: Hitler's Germany and Stalin's Russia, W. W. Norton & Company, Inc., 2004. p. 403.
  36. (en) Overy, R.J., The Dictators: Hitler's Germany and Stalin's Russia, W. W. Norton & Company, Inc., 2004. p. 230.
  37. (en) Hitler's Piano Player: The Rise and Fall of Ernst Hanfstaengl: Confidant of Hitler, Ally of FDR, New York, New York: Carroll and Graf Publishers, 2004. p. 284.
  38. a et b (en) Overy, R.J., The Dictators: Hitler's Germany and Stalin's Russia, W. W. Norton & Company, Inc., 2004. p. 402.
  39. (en) Overy, R.J., The Dictators: Hitler's Germany and Stalin's Russia, W. W. Norton & Company, Inc., 2004. p. 402
  40. (en) Nyomarkay, Joseph, Charisma and Factionalism in the Nazi Party, Minnesota University Press, 1967. p. 132
  41. a, b et c (en) Nyomarkay, Joseph, Charisma and Factionalism in the Nazi Party, Minnesota University Press, 1967. p. 130
  42. (en) Nyomarkay, Joseph, Charisma and Factionalism in the Nazi Party, Minnesota University Press, 1967. p. 133
  43. (en) Read, Anthony, The Devil's Disciples: Hitler's Inner Circle, 1st American ed. New York, New York: W. W. Norton & Company, 2004. p. 142
  44. Schoenbaum 2000, p. 44.
  45. Schoenbaum 2000, p. 45.
  46. Schoenbaum 2000, p. 48.
  47. Schoenbaum 2000, p. 57.
  48. Schoenbaum 2000, p. 50.
  49. Schoenbaum 2000, p. 52.
  50. a et b Schoenbaum 2000, p. 82.
  51. Schoenbaum 2000, p. 84.
  52. Ian Kershaw, Hitler : 1889-1936, t. 1, Paris, Flammarion, coll. « Documents et Essais », 1999, p. 637.
  53. (en) Henry Friedlander. The Origins of Nazi Genocide: From Euthanasia to the Final Solution. Chapel Hill, North Carolina, USA: University of North Carolina Press, 1995. p. 5.
  54. Nazisme et handicap : la mémoire des victimes - Yanous !
  55. L'extermination des malades mentaux et des handicapés : les premières chambres à gaz - Mémoire juive et éducation, site de Dominique Natanson
  56. « Étymologie de Shoah », sur Larousse (consulté le 14 novembre 2011)
  57. Hitler 1889-1936 : Hubris, Ian Kershaw, Flammarion, 1999, p. 395
  58. (en) Heinrich August Winkler, Alexander Sager. Germany: The Long Road West. English edition. Oxford, England, UK: Oxford University Press, 2006. page 414.
  59. Claude David, Hitler et le nazisme, Collection Que sais-je ?, Paris, Presses universitaires de France, 1993, p. 37.
  60. Ian Kershaw, Qu'est-ce que le nazisme ? Problèmes et perspectives d’interprétation, Gallimard, coll. « Folio », 1992, pages 56-94.
  61. (en) Nicholas Goodrick-Clarke, The occult roots of Nazism : secret aryan cults and their influence on nazi ideology, New York, New York University Press,‎ , 293 p. (ISBN 978-0-8147-3060-7)
  62. Aloïs Schumacher, « National-socialisme et mouvement ouvrier », op.cit., 1997, p. 145, extrait en ligne
  63. (en) Harold J. Gordon, Hitler and the Beer Hall Putsch, Princeton, Princeton University Press, 1972, p. 194-205.
  64. Helmut Berding, Histoire de l'antisémitisme en Allemagne, éd. MSH, 1991, p. 236.
  65. Joseph W. Bendersky, A history of Nazi Germany: 1919-1945, Rowman & Littlefield, 2000, p. 18.
  66. a, b et c (en) Joseph W. Bendersky, A history of Nazi Germany: 1919-1945, Rowman & Littlefield, 2000, p.  40, extrait en ligne
  67. Hitler, le 28 juin 1922, rapporté par Jacques Georgel, Les eurodictatures, éd. Apogée, 1999, p. 32
  68. a et b Marlis Steinert, Hitler, Fayard, 1991, pages 173-178
  69. Ian Kershaw, Hitler, Penguin Books, 2009, page 201
  70. Richard J. Evans, The Coming of the Third Reich, Penguin Books, 2004, page 244
  71. Brown 2009, p. 53, extrait en ligne.
  72. Jean Touchard, Histoire des idées politiques, tome 2, Presses universitaires de France, 1958, page 804
  73. Karl Dietrich Bracher, Hitler et la dictature allemande : naissance, structure et conséquences du national-socialisme, éd. Complexe, 1995, p. 292, extrait en ligne
  74. (en) Ian Kershaw, Hitler, Penguins Books,‎ , p. 181-182
  75. Ian Kershaw, Hitler : 1889-1936, t. 1, Paris, Flammarion, coll. « Documents et Essais », 1999, p. 637
  76. (en) Hajo Holborn, A historiy of modern Germany, 1840-1945, Princeton University Press,‎ (lire en ligne), p. 719
  77. Ernst Nolte, La Guerre civile européenne : National-socialisme et bolchevisme 1917-1945, Perrin, 2011, page 737