Calendrier hébraïque

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Calendrier hébraïque pour l’an 5591 (1831)

Le calendrier hébraïque est un calendrier luni-solaire composé d’années solaires, de mois lunaires, et de semaines de sept jours commençant le dimanche et se terminant le samedi, jour du chabbat. Comme point de départ, il se réfère à la Genèse (« Beréshit » : « commencement »), le premier livre de la Bible, dont il fait correspondre le début à l’an -3761 du calendrier grégorien. Ainsi, le correspondait-il, selon le calendrier hébraïque, au Nouvel An de 5775.

Chaque nouveau mois commence avec la nouvelle lune. Le calendrier s’aligne sur une année solaire et sur des lunaisons de 29 jours 12 heures 44 minutes et 3 secondes + ⅓ de seconde et alterne des mois de vingt-neuf et de trente jours. Une année lunaire de douze mois fait 354,36 jours. Comme une année solaire fait 365,24 jours, près de onze jours se perdent chaque année[1]. Pour rattraper ces jours perdus, les années comportent successivement douze ou treize mois lunaires, selon un cycle métonique.

Histoire[modifier | modifier le code]

Jusqu’au IVe siècle, c’est le Sanhédrin établi en terre d’Israël qui fixait les dates du calendrier juif. Le patriarche Hillel II, est crédité d’avoir établi en 359 les règles de calcul du calendrier juif. Par ce geste, il abandonne un des derniers symboles de la puissance du Sanhédrin, qui jusqu’à lui déterminait seul le calendrier et donc la date des fêtes mais il permet ainsi au judaïsme de se perpétuer indépendamment de l’avenir de cette institution[2]. Les règles qu’il rend publiques sont encore celles observées aujourd’hui.

Le cycle métonique[modifier | modifier le code]

Avec une précision d'environ trois heures, 19 années solaires comportent 235 mois lunaires de 29,53 jours. C'est le cycle métonique, du nom du philosophe Méton d’Athènes qui en formula la remarque en 433 av. J.-C. (mais ce cycle était connu au moins mille ans plus tôt, comme en témoignent des tablettes babyloniennes retrouvées en Irak). Ainsi donc, si l’on restait avec un système de 12 mois lunaires de 29,53 jours par an, il y aurait une déficience de sept mois toutes les dix-neuf années. Pour compenser cette déficience, le calendrier hébreu intercale un mois lunaire supplémentaire tous les deux ou trois ans, selon un cycle précis de dix-neuf années instauré par Gamaliel l’Ancien[réf. nécessaire], en composant des années soit de douze mois, soit de treize mois. L’année est dite « commune » quand elle compte douze mois, et « embolismique » quand elle en compte treize.

Au cours d’un cycle métonique, sept années sont embolismiques, les douze autres étant communes. Le mois supplémentaire des années embolismiques compte toujours trente jours : le mois d’adar se dédouble pour donner adar I (adar-richone en hébreu), le mois intercalaire proprement dit et adar II (adar-chéni en hébreu).

La distribution des années de treize mois « embolismiques » au sein du cycle métonique de 19 ans est connue sous le nom de Gou’hadzat גוחאדז"ט (la valeur numérique des lettres formant ce mot représente les chiffres 3, 6, 8, 1, 4, 7, 9), soit une année de treize mois la 3e, 6e, 8e, 11e, 14e, 17e et 19e du cycle solaire de 19 ans.

Organisation des mois[modifier | modifier le code]

Mosaïque représentant le cycle des douze mois du zodiaque hébraïque, période byzantine, inscriptions hébraïques.

Les noms de mois viennent de déformations de noms assyro-babyloniens assimilés par le peuple hébreu pendant l’exil à Babylone au IVe siècle av. J.-C.

La durée de certains mois n’est pas fixe. Les deuxième, troisième et sixième mois de l’année, ’hèchvane, kislev et adar, peuvent avoir :

  • vingt-neuf jours, auquel cas il est dit « défectif » (haser) ;
  • ou trente jours et on dit alors qu’il est « abondant » (maleh).

Une année commune peut donc avoir :

  • 353 jours (elle est dite « défective ») ;
  • 354 jours (elle est dite « régulière ») ;
  • ou 355 jours auquel cas elle est dite « abondante ».

Les années embolismiques peuvent aussi être défectives, régulières ou abondantes si elles comportent 383, 384 ou 385 jours.

Lorsqu’il n’y a pas d’ajustement solaire/lunaire, les mois sont les suivants :

no  Noms Jours
(moderne) (Torah) français hébreu babylonien
1 7 tichri תשרי tichri arah tisritum (mois du commencement) 30
2 8 hèchvane חשון heshvan/hèchvane arah samna (mois des fondations) 29 ou 30[n 1]
3 9 kislev כסלו kislev arah kislimu 30 ou 29[n 2]
4 10 téveth טבת tevet arah tebetum ( mois d'arrivée des eaux) 29
5 11 chevat שבט chevat arah sabatu 30
6a / — 12a / — adar I[n 3] (mois sup.) אדר א adar-richone arah adar 30 / —
6b / 6 12b / 12 adar II[n 3] / adar[n 4] אדר ב / אדר adar-bet / adar arah ve adar 29
7 1 nissane ניסן nissane arah nisanu (mois du sanctuaire) 30
8 2 iyar איר iyar arah aru (mois du taureau) 29
9 3 sivane סיון sivane arah simanu 30
10 4 tamouz תמוז tamouz arah dumuzu (Tammuz) 29
11 5 av אב av arah abu 30
12 6 éloul אלול éloul arah ullulu 29

Pour les mois de hèchvane et kislev, leur longueur est calculée en fonction de la date de la pleine lune (dichomènie) de l’année suivante, au mois de tichri, ce qui détermine la qualification donnée à l’année. Le mode de calcul évite que la fête sainte du Yom Kippour, le 10 tichri, tombe un vendredi ou un dimanche, c’est-à-dire la veille ou le lendemain du Chabbat (le septième jour, chômé, de la semaine juive qui commence un dimanche).

Décompte des jours[modifier | modifier le code]

Aujourd'hui

jeudi


le 3 septembre
2015 EC


le 19 Éloul
AM 5775 [Purger]

Le jour du calendrier hébreu commence au coucher du soleil. Cela, pour être en conformité avec la Genèse, section Beréchit, qui dit « il fut soir, il fut matin, jour UN. » que l’on interprète comme « le premier jour commence le soir, puis vient le matin. »

La Pâque juive, ou Pessa’h, tombe le 15 Nissan. Cette date est fixe selon le calendrier hébreu, mais mobile si on se réfère au calendrier grégorien.

Les Chabbat sont nommés selon le nom de la Paracha (section de la Torah) lue à la synagogue, selon un cycle qui commence et s’achève à Sim'hat Torah.

Début(s) de l’année[modifier | modifier le code]

L’année juive compte traditionnellement quatre débuts d’année[3]:

  • L’année solaire commence le premier du mois de tichri. Selon certains avis, il s’agit de la création du Monde. Les Juifs fêtent Roch Hachana, le Nouvel An juif à cette occasion. C’est le début de l’année civile juive et des yamim noraïm (en hébreu ימים נוראים, « jours redoutables », également connue comme les dix jours de pénitence) — les dix jours qui séparent Roch Hachana du Yom Kippour — pendant lesquels Dieu évalue les actions et le repentir des Juifs de l’année écoulée pour les inscrire (ou non) dans le Livre de la Vie de la nouvelle année.
  • L’année lunaire commence le premier du mois de nissan (mois) et ce depuis la sortie d’Égypte, comme il est dit : « Ce mois sera pour vous le commencement de tous les mois ». Cette date est également définie comme étant le nouvel an pour les rois. Le mois de nissan est appelé le premier mois dans la Torah.
  • L’année fiscale commence le premier du mois de éloul. Cette date est utilisée pour calculer les impôts décrits dans la Torah.
  • L’année agricole commence le 15 du mois de chevat, jour traditionnellement appelé « Nouvel An des arbres » (Tou Bichevat). Les lois concernant l’agriculture rythment cette année.

Décompte des années[modifier | modifier le code]

Dans le monde entier, y compris en Israël, les communautés juives utilisent le calendrier grégorien comme calendrier civil. Le calendrier hébreu sert à calculer les dates des fêtes religieuses, et fait débuter l’an un à la date supposée de la création du Monde (Anno Mundi, abrégé souvent A.M.). Cette date a été calculée en utilisant toutes les dates citées dans la Torah à propos des différentes personnes et des générations pour remonter jusqu’à Adam. La création du Monde ainsi calculée correspond au 7 octobre -3761 du calendrier grégorien. Ce calcul est tardif puisqu’il a été réalisé par le patriarche Hillel II en l’an 358 du calendrier julien.

Secret du calendrier selon Rachi[modifier | modifier le code]

En hébreu mystique, le secret du calendrier est appelé Sod Ha’ibour. Rachi y fait référence[4]. Le sens littéral de Sod Ha’ibour est la connaissance astronomique nous permettant de fixer le calendrier hébraïque.

Correspondance du calendrier juif avec d'autres calendriers[modifier | modifier le code]

Les jours juliens sont un moyen commode d'établir la correspondance de date entre le calendrier juif et les calendriers grégorien, julien, musulman. Voir à ce propos l'article Jour julien.

Notes et références[modifier | modifier le code]

Notes[modifier | modifier le code]

  1. Pendant les années « abondantes, » le mois de hèchvane malé compte 30 jours, au lieu de 29 pour hèchvane kesidran.
  2. Pendant les années « défectives, » le mois de kislev haser compte 29 jours, au lieu de 30 pour kislev kesidran.
  3. a et b Pendant les années « embolismiques » seulement (années de treize mois). Le treizième mois supplémentaire est le premier mois de Adar comportant 30 jours.
  4. Pendant les années « communes, » ce mois est appelé simplement adar.

Références[modifier | modifier le code]

Voir aussi[modifier | modifier le code]

Bibliographie[modifier | modifier le code]

  • Roger Stioui, Le calendrier hébraïque, les éditions Colbo (1988)
  • Sylvie Anne Goldberg, La Clepsydre. Essai sur la pluralité des temps dans le judaisme, Paris, Albin Michel, 2000.
  • Sylvie Anne Goldberg, La Clepsydre II. Temps de Jérusalem, temps de Babylone, Paris, Albin Michel, 2004.

Articles connexes[modifier | modifier le code]

Liens externes[modifier | modifier le code]