Vanuatu

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Vanuatu

Ripablik blong Vanuatu (bi)

Republic of Vanuatu (en)

République de Vanuatu (fr)

Drapeau
Drapeau du Vanuatu
Blason
Armoiries du Vanuatu
Description de l'image Vanuatu on the globe (Polynesia centered).svg.
Devise nationale « Long God Yumi Stanap »
("Nous nous tenons devant Dieu")
Hymne national "Yumi, Yumi, Yumi"
Administration
Forme de l'État République
Président de la République Baldwin Lonsdale
Premier ministre Sato Kilman
Langues officielles Bichelamar, français et anglais
Capitale Port-Vila

17° 27' S, 168° 11' E

Géographie
Plus grande ville Port-Vila
Superficie totale 12 289 km2
(classé 164e)
Superficie en eau Négligeable
Fuseau horaire UTC +11
Histoire
Indépendance De la France et du Royaume-Uni
Date
Démographie
Gentilé Ni-Vanuatu ou Vanuatais ou, beaucoup moins usité, Vanuatuan[1]
Population totale (2013) 261 565 hab.
(classé 183e)
Densité 21,28 hab./km2
Économie
IDH (2004) en augmentation 0,670 (Moyen) (119e)
Monnaie Vatu (VUV​)
Divers
Code ISO 3166-1 VUT, VU​
Domaine Internet .vu
Indicatif téléphonique +678

Le Vanuatu (phonétiquement /vaˌnuaˈtu/)[2], en forme longue la République de Vanuatu, (en bichelamar Ripablik blong Vanuatu, en anglais Republic of Vanuatu) est un État d'Océanie situé en Mélanésie, dans le Sud-Ouest de l'océan Pacifique, en mer de Corail. L'archipel est composé de 81 îles pour la plupart d'origine volcanique situées à 1 750 kilomètres à l'est de l'Australie, au nord-est de la Nouvelle-Calédonie, à l'ouest des Fidji et au sud des îles Salomon.

Nommé « Nouvelles-Hébrides » après James Cook, l'archipel a connu une colonisation lente et désorganisée depuis son exploration par les Européens à la fin du XVIIIe siècle jusqu'à la fin du XIXe siècle. Il fit alors l'objet d'un conflit d'intérêt entre la France et le Royaume-Uni qui décidèrent en 1904 de mettre en place une administration conjointe. C'est ainsi que fut instauré, de 1906 à 1980, le condominium des Nouvelles-Hébrides, faisant de ces îles océaniennes la seule colonie gérée conjointement par deux puissances coloniales. En 1980, les Nouvelles-Hébrides deviennent indépendantes ; le nouveau nom de « Vanuatu » remplace rapidement la dénomination européenne[3].

Géographie[modifier | modifier le code]

Un archipel volcanique mélanésien[modifier | modifier le code]

Carte de Vanuatu avec la Nouvelle-Calédonie

Situé dans l'océan Pacifique, à 540 kilomètres au nord-est de la Nouvelle-Calédonie, le Vanuatu se compose de 81 îles. Par ailleurs son gouvernement revendique les îles Matthew et Hunter rattachées au territoire de la Nouvelle-Calédonie (France). Les terres de l'archipel couvrent environ 12 000 km2 et s'étendent selon un axe Nord-Nord-Ouest/Sud-Sud-Est sur environ 1300 km de long.

Les îles ont un climat tropical ou subtropical, sont d'origines volcanique et montagneuse exceptées Aniwa, au Sud et l'atoll de Rowa, dans les îles Banks, au Nord. Les trois plus grandes îles de l'archipel sont Espiritu Santo (3 956 km²), Malekula (2 041 km²) et Éfaté (900 km²).


Principales îles : plus de 300 km² ou plus de 3000 habitants
Nom Groupe (île proche[4]) Province Superficie Pop. (2009)[5]
Vanua Lava Îles Banks Torba 334,3 2 597
Gaua (Santa Maria) Îles Banks Torba 328,2 2 491
Espiritu Santo Nord Sanma 3955,5 39 606
Malo Nord, Espiritu Santo Sanma 180 4 273
Maewo Nord Penama 269 3 569
Ambae Nord Penama 608 10 407
Pentecôte Nord Penama 490 16 843
Malekula Nord Malampa 2 041 22 934
Ambrym Nord Malampa 678 7 275
Epi Central Shéfa 444 5 207
Éfaté Central Shéfa 900 65 829
Erromango Méridional Taféa 888 1 950
Tanna Méridional Taféa 550 28 799

Risques naturels[modifier | modifier le code]

Plaine de cendres du volcan Yasur

Le pays est situé au sud-est de la ceinture de feu. Certaines îles volcaniques sont encore en activité, comme les îles de Tanna avec le volcan Yasur, d'Ambrym avec les volcans Marum et Benbow, de Gaua avec le mont Garet, ou encore Aoba (Ambae) et Lopevi avec les volcans homonymes. D'autres volcans sont endormis, comme le Karua, volcan sous-marin situé dans la caldeira de Kuwae entre les îles d'Epi et de Tongoa. Cette caldeira, maintenant sous-marine, s'est formée lors d'une éruption cataclysmique en l'an 1452 qui a profondément modifié la morphologie des îles.

En novembre 1999, un grave tremblement de terre suivi d'un tsunami ravagea l'île de Pentecôte et laissa des milliers de personnes sans foyer. En , un autre puissant tremblement de terre, également suivi d'un tsunami, endommagea la capitale, Port-Vila, et ses environs. Le 8 août 2006 et le 1er août 2007, deux autres séismes se sont fait ressentir sans toutefois provoquer de dégâts majeurs ou de tsunami car trop profonds. À noter en 2007 que le séisme déplaça le pont de Luganville sur l'île d'Espiritu Santo.

Dans la nuit du 13 au 14 mars 2015, un violent cyclone Pam a causé des dégâts très importants et provoqué la mort d'au moins 8 personnes[6][7].

Démographie[modifier | modifier le code]

Évolution de la population entre 1961 et 2003 (chiffre de la FAO, 2005). Population en milliers d'habitants.
Article détaillé : Démographie de Vanuatu.

Les 234 023 habitants[8] du Vanuatu, ou ni-Vanuatu, sont en majorité (95 %) des populations autochtones, Mélanésiens et Polynésiens arrivés de longue date. Le reste de la population Ni-Vanuatu est composé d'autres insulaires du Pacifique, d'Européens et d'Asiatiques.

Les deux seules villes du pays sont Port-Vila, la capitale, située sur l'île Éfaté, et Luganville, sur l'île d'Espiritu Santo.

Organisation administrative[modifier | modifier le code]

Les provinces du Vanuatu

Le Vanuatu est divisé depuis 1994 en six provinces. Leurs noms reprennent les initiales des îles dont elles sont formées :

Les provinces constituent des entités autonomes dotées d'assemblées élues, les conseils provinciaux. Ils sont chargés d'établir les taxes locales et la législation concernant des problématiques locales telles le tourisme, le budget provincial, et le déploiement de certains services de base. Ils sont dirigés un président élu parmi les membres du conseil et assisté par un secrétaire désigné par la commission du service public.

L'exécutif provincial est dirigé par un gouvernement local chapeauté par un fonctionnaire nommé par le premier ministre du Vanuatu sur conseil du ministre des gouvernements locaux. Les membres du gouvernement local ont généralement des membres du parti majoritaire au conseil provincial. Comme c'est le cas pour le gouvernement national, ces exécutifs provinciaux sont conseillés en ce qui concerne les questions ayant trait à la langue et à la coutume par un conseil local des chefs. Les présidents des gouvernements locaux font partie du collège électoral chargé d'élire le président du Vanuatu

Les provinces sont elles-mêmes subdivisées en municipalités généralement constituées d'une seule île dotées d'un conseil municipal dirigé par un maire élu parmi les membres.

Histoire[modifier | modifier le code]

Articles détaillés : Histoire du Vanuatu et Peuplement de l'Océanie.

Le Vanuatu a été peuplé lors des migrations vers la Mélanésie, de 45 000[9] à 1 500 (Lapita) av. J.-C. Les populations actuelles du Vanuatu sont issues d'un mélange ancien de ces différentes nappes de populations. Les vestiges les plus anciens qui ont été trouvés datent du IIe millénaire av. J.-C.. Si l'apparence physique rapproche plus les habitants des îles de leurs voisins de la Nouvelle-Guinée et d'Australie, leurs langues, océaniennes, les rapprochent davantage de leurs voisins Indonésien ou Polynésiens.

Explorations et découvertes européennes[modifier | modifier le code]

Le premier explorateur européen à atteindre l'archipel est le Portugais Pedro Fernandes de Queirós en 1606, qui aborde à Espiritu Santo pour le compte de l'Espagne, qu'il nomme ainsi, croyant avoir découvert le continent austral. Bougainville redécouvre en 1768 Espiritu Santo et les îles situées à son Est ; il nomme l'ensemble « Grandes Cyclades ». James Cook fait le tour complet en 1774 et lui donne son nom pour deux siècles, « Nouvelles-Hébrides ». Jusqu'aux années 1830, l'archipel n'est l'objet d'intérêt que pour les explorateurs. Ses 200 000 habitants vivent dans des groupes humains de petite taille, très indépendants les uns des autres.

Mise en exploitation et colonisation européenne[modifier | modifier le code]

Au XIXe siècle, l'arrivée de missionnaires et, de 1840 à 1860, l'exploitation du bois de santal, forment deux types de contacts bien différents pour les indigènes. Dans les années 1860 se met en place, à travers les îles de Mélanésie, un trafic de main-d'œuvre connu sous le nom de Blackbirding. Des Européens viennent s'approvisionner en main-d’œuvre, usant souvent de méthodes coercitives, acheminant leur cargaison humaine vers les plantations du Queensland, de Fidji, et de la Nouvelle-Calédonie.

À partir des années 1880, des colons, majoritairement anglais et français, s'installent. La population indigène se met à décroître dès cette période, du fait à la fois des recrutements massifs du Blackbirding, et d’épidémies qui déciment la population.

Malgré l'action volontariste de certains promoteurs des intérêts coloniaux, ni la France ni le Royaume-Uni ne se résolvent à annexer l'archipel. En 1887, un statut provisoire dit “commission navale mixte” est mis en place afin d’y maintenir l'ordre dans l'archipel; mais ce n'est qu'en 1906 qu'est signé par les deux puissances le régime colonial définitif des îles : le condominium des Nouvelles-Hébrides.

À l'origine provisoire, ce régime, instituant une duplication de la majeure partie des instances et services sur l'île, perdure et finit par être accepté par les colons de diverses nationalités. Dans un premier temps, il est peu favorable aux indigènes.[pourquoi ?]

Durant la Seconde Guerre mondiale, les Nouvelles-Hébrides sont la première colonie française à rallier De Gaulle, et une base arrière importante pour les Américains.

Indépendance[modifier | modifier le code]

Durant les années 1960, les Néo-Hébridais cherchèrent à obtenir davantage d'autonomie, et, malgré les réticences britanniques et françaises, l'indépendance est proclamée le et l'ancienne colonie renommée « Vanuatu ». Les années 1980 sont marquées par l'instabilité politique. Avec la fin de stabilité parlementaire, les années 1990 sont synonymes d'une instabilité politique moins récurrente[pas clair] dans les années 2000.

Alors que la Francophonie est en plein essor, le Vanuatu cherche à renforcer ses liens avec la France et ses collectivités du Pacifique[10]. Sous l'égide de plusieurs Premiers ministres français, de bonnes relations ont été nouées au cours des dernières années. Des accords entre la France et le Vanuatu sont signés régulièrement. Ceci confère au Vanuatu un atout régional et international.

Après avoir été longtemps le premier bailleur de fonds du Vanuatu, la France s'efface maintenant derrière l'Australie. Désormais le nouvel État fait l'objet d'un consensus favorable et a acquis une confiance qui permet de mettre en place un dialogue cordial et constructif.

Politique[modifier | modifier le code]

Article détaillé : Politique au Vanuatu.

Le Vanuatu est une république parlementaire. Le président, élu au suffrage indirect pour cinq ans, est le chef de l'État. Son rôle est avant tout représentatif. Le premier ministre, chef du gouvernement, et ses ministres disposent du pouvoir exécutif. Le pouvoir législatif est exercé par une chambre unique de 52 membres renouvelée au suffrage universel direct[Note 1] tous les quatre ans. Le système judiciaire, indépendant, est basé sur les droits britannique et français.

Baldwin Lonsdale est président depuis le , Sato Kilman premier ministre depuis le .

La politique locale est complexe, entre l'économie et la société globale en mouvement et 80 % des habitants suivant toujours un mode de vie traditionnel. Port Vila n'est pas épargné par les rivalités tribales. Un faisceau de branchages sur l'emplacement prévu pour un supermarché dans la rue principale de la ville, indique un site tabou à cause d'une dispute entre clans sur le droit de propriété du site, que nul tribunal de style occidental ne saurait résoudre. C'est aux anciens de le faire, avec un travail social de fond. Cela peut prendre des dizaines d'années.

Économie[modifier | modifier le code]

Article détaillé : Économie du Vanuatu.
Trappe à poissons, Pango, Efate, Vanuatu
Aéroport Port Vila, Vanuatu

Pour 65 % de la population qui vit dans les zones rurales de l'archipel, l'économie est basée principalement sur une agriculture et une pêche de subsistance à l'échelle de petits villages. La pêche, les services financiers offshore, et le tourisme, avec environ 50 000 visiteurs en 1997, sont d'autres secteurs économiques importants. Les dépôts de minerai sont négligeables ; le pays n'a aucun gisement connu de pétrole. L'industrie est peu développée : seule une petite industrie légère approvisionne le marché local. Les recettes fiscales proviennent principalement de droits de douanes. Le développement économique est gêné par la faiblesse des exportations, la vulnérabilité aux catastrophes naturelles et par les grandes distances entre les îles et les deux villes du pays.

La croissance du PIB fut de moins de 3 % en moyenne durant les années 1990. Vers la mi-2002, le gouvernement a intensifié ses efforts en vue d'augmenter le tourisme.

Au Vanuatu, il n'y a aucun impôt sur le revenu, aucune retenue d'impôt à la source, aucun impôt sur les plus-values, aucun droit de succession et aucun contrôle des changes. L'Australie et la Nouvelle-Zélande sont les principaux fournisseurs de l'aide étrangère. Le Vanuatu est un paradis fiscal qui ne fournit pas à d'autres gouvernements ou agences d'application de loi, d'informations sur les comptes financiers. La Banque populaire, par l'intermédiaire de sa filiale, la BRED, y possède une agence sous réglementation du Vanuatu. En réponse aux préoccupations venant de l'étranger, le gouvernement a promis d'améliorer la réglementation de son centre financier offshore. Le Vanuatu est également un pavillon de complaisance.

Environnement[modifier | modifier le code]

Nakamal du village de Pango, Efate
Chute d'eau et son bassin naturel

Le pays a fait l'objet d'une expédition scientifique majeure Santo 2006 visant en particulier à l'exploration de la canopée. Une nouvelle espèce de gecko (Lepidodactylus buleli) a pu être découverte à cette occasion[11]. Le pays est encore très séparé du monde occidental sur certaines de ses îles, en raison de son isolement géographique. 3 îles seulement sont équipées d'un réseau électrique.

Les îlots et les zones tropicales et subtropicales sont plus sensibles aux variations climatiques[12], c’est le cas de l’archipel de Vanuatu, dont certaines de ces 83 îles constituant l’Archipel ont connu un déplacement forcé de ses populations côtières, les plaçant au rang de « premiers réfugiés climatiques »[13].

En effet, les impacts environnementaux observés et attendus du changement climatique sur ces îles sont les suivants : « la hausse du niveau de la mer, l'augmentation probable de la fréquence et de la gravité des phénomènes météorologiques extrêmes (cyclones tropicaux, tsunamis, séismes,..), et un accroissement de la variabilité des précipitations, avec une alternance de périodes très sèches et très humides. Le changement climatique est susceptible d’affecter tous les secteurs de l’Archipel, en particulier l'agriculture, l'eau ainsi que les ressources côtières et marines »[14].

Deux régions du Vanuatu attirent particulièrement l’attention. La première est le site de Lataw, dans les îles Tegua situées dans l’Archipel des iles Torrès, au nord du Vanuatu. La seconde zone est la lagune Lounaragi séparant deux îles (Lô et Linoua) de l’Archipel des îles Torrès. En effet, faisant face à de nombreuses inondations, la communauté de 39 habitants du site de Lataw a été délocalisée en 2004 sur les hauteurs de l’île. Bien que ce phénomène persistât depuis 1997 à la suite d'un séisme, les habitants ne voulurent pas de suite déplacer leur village, car ils ne désiraient pas se distancer de leur source d’eau douce, indispensable à la vie quotidienne[15]. Ensuite, une autre problématique se soulève, c’est l’avancée rapide d’une lagune séparant deux îles et détruisant les plantations de cocotiers, ravageant ainsi tous les arbres sur des centaines de mètres et rendant les zones des villages marécageuses. Les effets sont directs sur l’agriculture, qui est le secteur de subsistance pour 80% de la population rurale de l’Archipel Vanuatu (environ la moitié de la population). Les inondations persistantes nuisent sans cesse aux cultures affectant de ce fait la sécurité alimentaire de ces populations rurales. Les impacts du réchauffement climatique affectent également l’homme sous plusieurs aspects, notamment de sa santé : « La plupart des impacts du changement climatique sur les systèmes physiques écologiques et sociaux affecteront la santé humaine, en raison les modifications des rendements alimentaires, de la qualité de l'eau, des modèles infectieux, de la qualité de l'air, de la cohésion sociale et des revenus domestiques. »[16]. En effet, les tsunamis, cyclones et zones marécageuses sont propices à l’augmentation des taux de maladies infectieuses telles que la dengue, la filariose[16], etc. De plus, dans les pays en développement, le secteur agricole n’a malheureusement pas accès aux nouvelles technologies, qui permettraient notamment une alternative à leur agriculture, ce qui rend les agriculteurs moins aptes à s’adapter aux variations climatiques et accentue cette insécurité[17].

En 1988, le Programme des Nations unies pour l'environnement (PNUE) et l’Organisation météorologique mondiale (OMM) créent le Groupe d'experts intergouvernemental sur l'évolution du climat (GIEC). Celui-ci fait son premier rapport en 1990 prévenant notamment des conséquences du réchauffement telles que la montée des niveaux de mers et l’inondation progressive des îlots. Avec son passé, et son statut de NNA, Les îles Vanuatu ont une plus grande flexibilité au niveau des affaires internationales, ce qui leur permet de placer des thèmes tels que le réchauffement climatique au cœur des débats politiques. Néanmoins, pour les pays développés qui favorisent l’économie à l’environnement, le réchauffement climatique ne constitue pas une situation de crise comme elle peut l’être pour les îles. Parmi les îles-nations tentant d’amener cette problématique dans l’agenda des politiques internationales afin d’en articuler leurs préoccupations, l’Archipel Vanuatu en fut un élément clé et un leader. C’est le cas notamment de la conférence sur les îles Marshall en 1989 dont le mot d’ordre était plutôt : « We don't have time to wait for conclusive proof. The proof, we fear, may kill us »[18],[19]. Pour conclure, lors de la 4e édition des Journées Européennes du Développement, après la signature de l’échange de notes confirmant l’appui de l’AMCC au Vanuatu, M. le Premier Ministre Edward Natapei énonça dans son discours : « Il est urgent de prendre des mesures pour éviter un impact génocidaire sur les petits États insulaires. Nous ne pouvons pas faire face seuls aux défis liés au changement climatique »[20].

Culture[modifier | modifier le code]

Article détaillé : Culture du Vanuatu.
Enfant du Vanuatu.

Un élément essentiel de la culture au Vanuatu est le nakamal. Traditionnellement, c'est un lieu où les hommes se réunissent après le travail ; ils y boivent le kava et discutent des affaires locales, politiques et autres. Les femmes et les enfants n'en approchent pas. Ce peut être sous un arbre, ou dans une construction réservée à cet effet. Le chef du village y exerce ses talents de médiation et y rend jugement. Ainsi le nakamal contribue fortement à ce que le Vanuatu soit plus paisible que ses voisins mélanésiens. On en trouve encore sur plusieurs îles, surtout celles à la périphérie de l'archipel (Tanna…). On peut obtenir plus de renseignements sur les nakamals en allant au Centre Culturel du Vanuatu de Port Vila, qui héberge le musée national et la bibliothèque nationale du Vanuatu. Dans le contexte urbain, le mot nakamal est désormais aussi utilisé pour désigner des sortes de bars à kava, aujourd'hui nombreux à Port-Vila[21].

  • Sur l'île de Pentecôte, se tient une manifestation coutumière spectaculaire : le saut du Gol. Après avoir construit une tour de branchages d'une vingtaine de mètres (voir Gol), hommes et enfants de sexe masculin se jettent dans le vide avec, pour seules attaches, deux lianes enroulées autour des chevilles.
  • Sur l'île Mallicolo (Malekula), les hommes dansent en portant sur la tête des masques faits de terre pétrie autour d'une armature de racines de fougères arborescentes. Au bruit de leurs clochettes fabriquées à partir de noix et qu'ils attachent à leurs chevilles, ils célèbrent les principaux événements coutumiers : les naissances, les circoncisions, les passages de grades et les rites funéraires.
  • Sur l'île de Gaua, les femmes exécutent la « water music », musique de percussion réalisée par des mouvements et des battements de mains à la surface de l'eau d'un bassin d'une rivière ou dans la mer.

Les dessins de Vanuatu[modifier | modifier le code]

Article détaillé : Dessins sur le sable de Vanuatu.
Dessin sur sable

Cette tradition originale et complexe de dessins réalisés sur le sable est typique de l'archipel de Vanuatu. Ces compositions souvent harmonieuses et géométriques sont exécutées par des spécialistes initiés. Elles servent d’écriture : c'est un moyen de communication entre les membres de près de 80 groupes linguistiques différents et un moyen mnémotechnique pour transmettre des rituels, des connaissances mythologiques, des informations orales sur l'histoire locale, les techniques agricoles, l'artisanat ou encore la chorégraphie.

Ces dessins de Vanuatu font partie intégrante du patrimoine immatériel de l'Unesco.

Littérature[modifier | modifier le code]

La littérature du Vanuatu n'a, dans l'ensemble, pas encore eu un retentissement international conséquent, mais certains écrivains ont acquis un degré de célébrité par delà les frontières de leur pays. C'est le cas de la poète Grace Mera Molisa[22], ou encore de la troupe théâtrale Wan Smolbag.

Les premiers romans vanuatais sont ceux de l'écrivain francophone Marcel Melthérorong, par ailleurs chanteur-compositeur-interprète, depuis 2007. Son premier roman, Tôghàn, dépeint « une jeunesse océanienne en perte de repères », entre « modèle occidental et valeurs mélanésiennes ». Il bénéficie d'un succès populaire, puis en 2009 d'un avant-propos rédigé par Jean-Marie Gustave Le Clézio, Prix Nobel de littérature. Ce dernier souligne l'émergence « d’une voix nouvelle, originale » dans « la famille de la littérature francophone »[23].

Langues[modifier | modifier le code]

Article détaillé : Langues au Vanuatu.

Le Vanuatu est le pays qui possède la plus forte densité linguistique au monde, avec 108 langues vernaculaires distinctes[24] pour 234 000 habitants[25]. Toutes ces langues appartiennent au groupe des langues océaniennes. À l'intérieur de celui-ci, trois sont polynésiennes, neuf du groupe « Sud Vanuatu », et toutes les autres du groupe « Nord-Centre Vanuatu ». Il n'y a pas entre elles inter-compréhension.

À ces 108 langues endémiques du Vanuatu s'ajoutent plusieurs langues parlées par des populations arrivées au cours du XXe siècle: le fidjien (350), le tahitien, le tonguien, le gilbertin, le vietnamien (770), le wallisien (780) et certaines langues de Chine, en particulier le hakka.

La République du Vanuatu compte trois langues officielles: le français et l'anglais, les deux langues de colonisation, et le bichelamar, un pidgin à base anglaise (avec quelques éléments lexicaux provenant du français et des langues du Vanuatu du Nord). S'il est vrai que les populations rurales (79 % des habitants en 1996) emploient peu le français et l'anglais, le bichelamar est la langue véhiculaire commune à tout l'archipel. Hormis en milieu urbain, il ne supplante pourtant pas les langues vernaculaires, qui résistent à son influence (sauf ponctuellement sous la forme d'emprunts lexicaux). Depuis 1996, l'anglais est la seule langue administrative (billets de banque, timbres, etc.).

Religions[modifier | modifier le code]

Le christianisme est la religion dominante au Vanuatu, mais se trouve éclaté en de nombreuses Églises différentes. L'Église presbytérienne, à laquelle adhère environ un tiers de la population, est la plus importante d'entre elles. La Fraternité sacerdotale Saint-Pie-X est représentée à Espiritu Santo[réf. nécessaire]. Le bahaïsme est implanté dans l'archipel depuis 1953, avec plus de 1 500 fidèles[réf. nécessaire]. De nombreux groupes religieux, la plupart protestants, s'établissent parmi la population du Vanuatu.

Fêtes nationales[modifier | modifier le code]

Fêtes et jours fériés
Date Nom français Nom anglais ou bichelamar Remarques
21 février À la mémoire du Père de l'indépendance Walter Lini Memorial day blong Father Walter Lini Date à laquelle le « Père de l'indépendance » de la République de Vanuatu, Walter Lini est mort.
5 mars Fête des chefs coutumiers Custom Chiefs' day Les chefs coutumiers de l'archipel du Vanuatu se recueillent au Nakamal.
30 juillet Jour de l'indépendance de la République de Vanuatu Independence day , date de l'annonce officielle de l'indépendance de l'archipel de Vanuatu.
5 octobre Fête de la Constitution Constitution day Signature officielle de la Constitution de Vanuatu.

Sports[modifier | modifier le code]

L'équipe nationale féminine de beach-volley a atteint un haut niveau en compétition internationale[26]. Le championnat de football du Vanuatu comporte 8 équipes. Rapporté à la population du Vanuatu, ce chiffre est relativement élevé.

Codes[modifier | modifier le code]

Le Vanuatu a pour codes :

Galerie[modifier | modifier le code]

Notes et références[modifier | modifier le code]

Notes[modifier | modifier le code]

  1. Le droit de vote est accordé à tous les citoyens de plus de 18 ans.

Références[modifier | modifier le code]

  1. Michel Wauthon, « Une figure élémentaire de l'État : le nom des pays », dans Paul de Deckker (dir.), Figures de l'État dans le Pacifique, L'Harmattan, 2006 (ISBN 2296011276)
  2. La chercheuse Patricia Siméoni a choisi d'utiliser dans ses publications l'orthographe Vanouatou, qu'elle justifie ainsi : « Cet Atlas étant destiné à faire connaître le Vanouatou dans tous les pays francophones, il nous paraît important d'écrire le son "ou" en français de manière à éviter que des lecteurs prononcent mal les toponymes. En Franconésie, les gens ont pour habitude d'écrire "Vanuatu" mais cette orthographe n'est prononçable correctement que par un public averti, or cet atlas est destiné au plus grand nombre. » — voir en particulier son Atlas du Vanouatou (Vanuatu). Tous les autres chercheurs, journalistes ou usagers se conforment à l'orthographe usuelle Vanuatu.
  3. Eric Wittersheim, Après l'indépendance. Le Vanuatu, une démocratie dans le Pacifique (lire en ligne)
  4. Dans le cas où l'île ou îlot est à proximité immédiate d'une plus grande île.
  5. (en) « 2009 National Census of Population and Housing: Summary Release », Vanuatu National Statistics Office,‎ (consulté le 22 novembre 2010), p. 10
  6. (en) « Mass destruction feared after cyclone hits Vanuatu », Al-Jazeera,‎
  7. Eric Wittersheim, « C’est le Vanuatu qui doit nous aider », Le Monde.fr, {{Article}} : paramètre « année » ou « date » manquant (ISSN 1950-6244, lire en ligne)
  8. (en) « 2009 National Population and Housing Census », Vanuatu National Statistics Office,‎ 2009 (consulté le 9 septembre 2011), p. 11
  9. Y-chromosome studies confirm the presence of M130 chromosomes in Australian and Melanesian populations (Underhill, 2004), which suggests that the original settlers to this region were part of the initial southern migration c. 40,000–50,000 yr bp, « Environmental setting of human migrations in the circum-Pacific region », Kevin O. Pope et John E. Terrell, Journal of Biogeography, 2008, volume 35, pages 1 à 21.
  10. Les Relations France-Vanuatu.
  11. http://www.voyage-vanuatu.fr/blog/nouvelle-espece-gecko-vanuatu/192
  12. SIMEONI P., BALLU V., « Le mythe des premiers réfugiés climatiques : mouvements de populations et changements environnementaux aux îles Torrès (Vanouatou, Mélanésie) », Annales de géographie, 2012, Vol. III, n° 685, p.224.
  13. SIMEONI P., BALLU V., « Le mythe des premiers réfugiés climatiques : mouvements de populations et changements environnementaux aux îles Torrès (Vanouatou, Mélanésie) », Annales de géographie, 2012, Vol. III, n° 685, p.220.
  14. Alliance Mondiale Contre le Changement Climatique (AMCC), 2012, http://www.gcca.eu/fr/programmes-nationaux/pacifique/amcc-vanuatu, consulté le 30 mars 2014.
  15. SIMEONI P., BALLU V., « Le mythe des premiers réfugiés climatiques : mouvements de populations et changements environnementaux aux îles Torrès (Vanuatou, Mélanésie) », Annales de géographie, 2012, Vol. III, n° 685, p.225.
  16. a et b MCMICHAEL C., et alii, « An III Wind? Climate Change, Migration, and Health », Environmental Health Perspectives, Mai 2012, Vol. CXX, N°5, p. 647.
  17. BROWN M.E., FUNK C.C., « Food Security under Climate Change  », Science, New Series, Février 2008, Vol. CCCXIX, n°5863, p.581.
  18. CONNEL J., LEA J., « My Country Will Not Be There », Cities, Novembre 1992, vol. XIX, n°4, p.32.
  19. En réponse notamment au discours de George Bush au Sommet de Rio, qui désirait annuler la Conférence Marshall pour deux raisons: La première étant, selon lui, le manque preuves scientifiques et la seconde raison était les effets néfastes que subirait l’économie américaine en cas d’application de la législation pour l’environnement., SHIBUYA E., « A"Roaring Mice Against the Tide" : The South Pacific Islands and Agenda-Building on Global Warming  », Pacific Affairs, 1997, Vol. LXIX, n°4, p.548.
  20. NATAPEI E., « Vanuatu and EC sign off euros 3.2 million for climate change », Vanuatu Daily Mail, 27 octobre 2009.
  21. What is a Nakamal?, sur le site d'exportateurs de kava.
  22. (en) "Voice of Vanuatu's women", The Australian, 1er février 2002
  23. Biographie, Alliance française Vanuatu
  24. (en) « Languages of Vanuatu », sur Ethnologue.com, SIL International,‎ (consulté le 25 novembre 2011)
  25. Cette section s'appuie notamment sur la référence suivante: Alexandre François, Contraintes de structures et liberté dans l'organisation du discours. Une description du mwotlap, langue océanienne du Vanuatu, Thèse de Doctorat en Linguistique, université Paris-IV Sorbonne, 1 078 p., 2001, p. 15-18
  26. (en) Communiqué de Presse FIVB – septembre 2011.

Voir aussi[modifier | modifier le code]

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Bibliographie[modifier | modifier le code]

  • Vanuatu dans Vanuatu & New Caledonia, Jocelyn Harewood, Lonely Planet, Londres / Oakland, 2006 (5e édition), p. 25-186
  • Patricia Siméoni, Atlas du Vanouatou (Vanuatu), Port-Vila, Éditions Géo-consulte,‎ , 1e éd., 392 p. (ISBN 2953336206)
  • Tabani, Marc (dir). 2010-12. Histri blong Yumi long Vanuatu. Histoire du Vanuatu, un outil pédagogique vol.I; vol.II; vol.III. Port-Vila : Centre Culturel du Vanuatu.
  • Tabani, Marc. 2011. Vers un cinquantenaire de la République de Vanuatu. Journal de la Société des Océanistes, numéro spécial sous la dir. de Tabani M., La République de Vanuatu, 30 ans après l’indépendance, 113(2) : 229-240.

Liens externes[modifier | modifier le code]