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Maroc

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34° 02′ 00″ N 6° 51′ 00″ O / 34.03333333, -6.85

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Royaume du Maroc

المملكة المغربية (ar)

ⵍⵎⴻⵔⵔⵓⴽ (ber)

Drapeau
Drapeau du Maroc
Blason
Armoiries du Maroc
Description de cette image, également commentée ci-après

La zone hachurée sur la carte désigne le Sahara occidental (ex-« Sahara espagnol »), considéré comme un territoire non autonome par l'ONU[1] et majoritairement administré de facto par le Maroc, qui le revendique dans son intégralité, tout comme le Front Polisario.

Devise nationale


Arabe : الله، الوطن، الملك
Tamazight: ⴰⴽⵓⵛ, ⴰⵎⵓⵔ, ⴰⴳⵍⵍⵉⴷ
Français : Dieu, la Patrie, le Roi
Hymne national النشيد الوطني المغربي[2]
ⵉⵣⵍⵉ ⴰⵏⴰⵎⵓⵔ ⵏ ⵍⵎⵖⵔⵉⴱ
« Hymne national »
Administration
Forme de l'État Monarchie constitutionnelle
Roi Mohammed VI
Chef du gouvernement Abdel-Ilah Benkiran
Langues officielles Arabe et amazighe[3],[4].
Capitale Rabat

34° 2′ Nord 6° 51′ Ouest

Géographie
Capitale économique Casablanca
Superficie totale 446 550 (710 850[5]km2
(classé 58 (40[5])e)
Superficie en eau 1,059 %
Fuseau horaire UTC + 0 ; + 1 en été
(2012 : du 30 avril au 20 juillet; du 19 août au 30 septembre), +1h pendant Ramadan
Histoire
Indépendance Protectorat de la France (pour le Maroc « central »), de l'Espagne (pour le Rif, l'enclave de Sidi Ifni, le cap Juby et les provinces du Sud (contestées)
Date - 2 mars 1956 (pour le Protectorat français au Maroc)
- 7 avril 1956 (pour le protectorat espagnol au Maroc)
- 30 juin 1969 pour l'enclave d'Ifni
- 14 novembre 1975 invasion et occupation des deux tiers nord du Sahara occidental (contesté)
- 14 août 1979 pour la récupération de Oued Eddahab (contesté)
Démographie
Gentilé Marocains, Marocaines
Population totale (2014) 33 848 242[6] hab.
(classé 37e)
Densité 70,92 (44,55[5]) hab./km2
Économie
PIB nominal (2014) en augmentation 109,201 milliards de $
+ 5,17% (62e)
PIB (PPA) (2014) en augmentation 252,366 milliards de $
+ 4,42% (56e)
PIB en volume (2014) en augmentation 735,394 milliards de د.م.
+ 2,92%
PIB nominal par hab. (2014) en augmentation 3 291,254 $
+ 4,13% (123e)
PIB (PPA) par hab. (2014) en augmentation 7 606,200 $
+ 3,4% (115e)
Taux de chômage (2014) Decrease Positive.svg 9,135% de la pop.active
- 1,08%
Dette publique brute (2014) Nominale :
Increase Negative.svg 586,080 milliards de د.م.
+ 5,9%
Relative :
Increase Negative.svg 63,889% du PIB
+ 0,76%
IDH (2012) en augmentation 0,591 (moyen) (130e)
Monnaie Dirham marocain (MAD​)
Divers
Code ISO 3166-1 MAR, MA​
Domaine Internet .ma
Indicatif téléphonique +212
Organisations internationales ONU (12 novembre 1956[7])

Le Maroc (en arabe : المغرب ; en berbère : ⵎⵓⵔⴰⴽⵓⵛ), ou en forme longue officielle le Royaume du Maroc, est un État situé au nord-ouest de l'Afrique du Nord. Géographiquement, il est caractérisé par des zones montagneuses ou désertiques, et est l'un des seuls pays (avec l'Espagne et la France) à comporter des rives sur la mer Méditerranée d'un côté et l'océan Atlantique de l'autre. Sa capitale est Rabat et sa plus grande ville Casablanca.

Il a une population de près de 34 millions d'habitants (recensement de 2014) et une superficie de 710 850 km²[8] (47,51 hab./km²), ou de 446 550 km² quand on n'y inclut pas le Sahara occidental — ex-« Sahara espagnol », considéré comme un territoire non autonome par l'Organisation des Nations unies[1] — dont il administre de facto environ 80 % et qu'il revendique dans sa totalité, tout comme le Front Polisario. Sa culture est principalement berbère, avec des influences africaines, arabes et européennes, et les Marocains sont en majorité de culture berbère avec des influences arabes et de confession musulmane.

Par ailleurs, il fait partie de l'Organisation des Nations unies, de la Ligue arabe, de l'Union du Maghreb arabe, de l'Organisation de la coopération islamique, de l'Organisation internationale de la francophonie, du Groupe des 77 et de l'Union pour la Méditerranée.

Sommaire

Régime politique

Blason du Royaume du Maroc.

Le Maroc a pour régime politique une monarchie constitutionnelle dont le souverain actuel est le roi Mohammed VI, de la dynastie alaouite, établie depuis 1666 et l'une des plus anciennes du monde contemporain.

Le Maroc est membre de l'Organisation des Nations unies, de la Ligue arabe, de l'Union du Grand Maghreb, de la Francophonie, de l'Organisation de la coopération islamique, du Groupe des 77, de l'Union pour la Méditerranée, et de la Communauté des États sahélo-sahariens.

Le Maroc est le seul pays africain à ne pas faire partie de l'Union africaine, mais peut bénéficier des services de cette organisation tels que les services de la banque africaine de développement. En 1987, le Maroc a tenté, sans succès, d'adhérer à la CEE, et s'est vu octroyer en 2008 un « statut avancé » auprès de l'UE[9]. Le , il a rejoint le Centre Nord-Sud du Conseil de l'Europe[10]. En , le Maroc est désigné en tant qu'allié majeur hors-OTAN (en) par les États-Unis[11].

Selon l'historien Bernard Lugan, c'est entre autres l'attrait des richesses provenant du commerce du Sud (Sahara) vers le Nord (l'Occident) qui va attirer les convoitises de diverses tribus avec pour ville carrefour Marrakech qui deviendra naturellement la capitale de diverses dynasties, en particulier celles venant du Sud (Almoravides, Almohades, Saadiens) ; toute l'histoire du Maroc (des Idrissides aux Alaouites) est ainsi marquée par le commerce des richesses du Sud vers le Nord. L'histoire du Maroc fut partiellement marquées par des liens commerciaux avec le Sahara[12].

Carte des principales localités du Maroc

Toponymie

Caravane saharienne au sud du Maroc.

Le nom arabe al-Maghrib (en arabe: المغرب) signifie «l'Occident». Pour les références historiques, les historiens et les géographes arabes médiévaux ont évoqué le Maroc sous le terme al-Maghrib al-Aqsa (en arabe: المغرب الأقصى, qui signifie « la plus éloignée de l'Ouest ») pour le distinguer de régions historiques voisines appelées al-Maghrib al-Awsat (en arabe: المغرب الأوسط, ce qui signifie « le Moyen-Ouest ») et al-Maghrib al-Adna (en arabe: المغرب الأدنى, qui signifie « l'Occident le plus proche »). Le nom anglais Morocco provient des noms espagnol et portugais Marruecos et Marrocos. Ces derniers dérivent de « Marrakech », dénomination latine pour l'ancienne capitale almoravide et almohade ; le nom « Marrakech » est encore directement employé par les Iraniens pour désigner le Maroc. En Turquie, le Maroc est connu en revanche comme Fas, un nom dérivé de son autre capitale historique : Fès. Le mot « Marrakech » est issu du berbère lmṛṛuk (ⵍⵎⵕⵕⵓⴽ,Amur n'wakuc en tifinagh) qui signifie « terre de Dieu » ou « terre sacrée ».

Village typique du Haut Atlas.
Tamraght Plage.
Carte de la Maurétanie et de la Numidie.

Le nom français Maroc dérive quant à lui de la prononciation portugaise de Marrakech, Marrocos, ville du centre du pays fondée en 1062 et qui fut la capitale de trois dynasties (celle des Almoravides, des Almohades et des Saadiens). De cette prononciation dérivent également Marruecos (en espagnol), Marocko (en suédois), Morocco (en anglais), et Marokko (en allemand, norvégien et néerlandais), les Persans l’appelant eux Marakech. Les Turcs l’appellent Fas qui vient du nom de l’ancienne capitale du Maroc sous les dynasties mérinide, wattasside et alaouite (avant 1912), Fès. Dans l’Antiquité, les Grecs appelaient les habitants de la région les Maurusiens. À partir de cette appellation, la région composée du Maroc et de l'Algérie occidentale fut connue sous le nom de Maurétanie (à ne pas confondre avec la Mauritanie). La région fut par la suite divisée en deux Maurétanies provinces par les Romains : la Maurétanie Tingitane avec Volubilis pour capitale (ancienne cité berbère d'Oulil) et la Maurétanie Césarienne avec Cesarea (Tipaza) pour capitale (centre et ouest de l'Algérie). Le Maroc était le pays où les Grecs anciens situaient le mythique jardin des Hespérides.

Le Maroc était connu sous le nom de royaume de Marrakech sous les trois dynasties qui avaient cette ville comme capitale, puis sous le nom de royaume de Fès sous les dynasties qui résidaient à Fès. Sous la dynastie des Alaouites, le Maroc a également été appelé « Empire chérifien » avant 1956, et de nos jours, il peut être aussi surnommé « Royaume chérifien » en référence au souverain alaouite, descendant du prophète de l'islam Mahomet, qualifié de « chérif ». Au XIXe siècle, les cartographes européens mentionnaient toujours un « Royaume de Maroc » en en indiquant l'ancienne capitale « Maroc » (pour Marrakech). À l'indépendance, le pays prit le nom officiel de « Royaume du Maroc » et le sultan Sidi Mohammed ben Youssef en devint le roi en tant que Mohammed V.

Histoire

Article détaillé : Histoire du Maroc.

Préhistoire et protohistoire

Les premières traces d'une présence d'hominidés sur le territoire marocain datent d'environ 700 000 ans. De cette période dite acheuléenne, on a retrouvé un certain nombre d'outils, notamment dans la plaine de la Chaouïa et plus précisément à proximité immédiate de l'agglomération casablancaise. Outre l'outillage, on a découvert un certain nombre de fragments humains notamment dans les carrières Thomas, près de Casablanca (mandibules, maxillaires et fragments crâniens d'Homo erectus)[13]. De l'époque moustérienne (120 000 à 40 000 ans BP), le site le plus explicite est celui de Jbel Irhoud situé à mi-chemin entre les villes de Marrakech et de Safi et où ont été découverts deux crânes d'hominidés, des outils associés à l'industrie levalloiso-moustérienne ainsi que d'importants restes d'animaux aujourd'hui disparus.

Extension de la culture ibéromaurisienne

L'époque atérienne (60 à 40 000 ans BP[14]) a apporté son lot d'outils pédonculés retrouvés dans de nombreuses grottes situées sur le littoral atlantique (Dar Soltane 2)[15]. Néanmoins cette période a surtout été marquée par de profonds bouleversements climatiques ayant entrainé une désertification sans précédent du territoire marocain ainsi que la raréfaction voire la disparition d'un grand nombre d'espèces animales et végétales. Cette dynamique a cependant été contrecarrée par le rempart naturel que constituent les chaînes de l'Atlas et du Rif, que ce soit au Maroc ou dans le reste du Maghreb.

L'arrivée d' Homo sapiens au Maghreb avant l'Épipaléolithique a été démontrée puisque les industries atériennes ne sont pas l'œuvre de l'homme de Néandertal, dont l'aire de répartition est exclusivement eurasiatique, mais bel et bien d'Homo sapiens présentant des caractéristiques archaïques.

Il y a environ 21 000 ans, la civilisation ibéromaurusienne voit le jour. Elle se caractérise par des rites funéraires plutôt évolués et par un raffinement de l'outillage utilisé. Néanmoins, il n'est pas encore question d'agriculture. La grotte de Taforalt dans la région d'Oujda correspond au plus grand gisement de l'époque. Cette civilisation se maintient et se répand sur l'ensemble du Maghreb avant de se métisser progressivement vers le neuvième millénaire avant notre ère avec les populations capsiennes, ancêtres des Berbères modernes. Les premiers éléments découverts correspondant à cette période (Néolithique) datent d'environ 6 000 ans. Ceux-ci témoignent d'une sédentarisation déjà avancée ainsi que d'une maîtrise relative des techniques agricoles.

Maroc antique

Carte de la province romaine de Maurétanie Tingitane avec ses routes et cités principales
Buste de Juba II roi de Maurétanie
Stèle romaine de la cité de Banasa dans le Gharb

À partir des années -3000 se développe au Maroc la culture campaniforme. Dès lors le Maroc entre dans l'âge du bronze et on assiste à la diffusion d'une céramique noire spécifique dont la présence est attestée dans un certain nombre de sépultures de la région rifaine. Au du XIe siècle av. J.-C., les hardis commerçants phéniciens venus du Liban actuel atteignent les côtes marocaines et notamment le littoral atlantique. Ils fondent de nombreux comptoirs qui serviront de bases à de nombreuses cités romaines puis arabes (dont les principaux furent Tingis et Lixus, actuelles Tanger et Larache), ainsi que Thymiatérion (Mehdia), Chellah, près de Rabat, Azama et Rusibis. Au passage, c'est à cette période déjà que l'on date les toutes premières installations de populations juives au Maroc.

L'autonomie progressive de Carthage profite aux comptoirs phéniciens fondés sur les côtes marocaines dans la mesure où ils seront davantage mis en valeur du fait de la proximité relative avec la nouvelle capitale de l'empire punique. L'influence de la civilisation carthaginoise se fait grandement sentir auprès des populations indigènes dont l'organisation s'améliore parallèlement. Ainsi les tribus berbères se fédèrent progressivement, fondant des royaumes cohérents dont le premier sera le royaume de Maurétanie d'abord confiné dans le nord-ouest de l'actuel Maroc, et dont les souverains portent le titre d'aguellid à l'instar des rois de Numidie. Le sud du pays est peuplé par les Gétules et l'est par les Numides.

Du fait du soutien apporté par la Maurétanie à l'Empire romain lors de la destruction de Carthage, il se nouera une étroite amitié entre les deux États (d'où l'éviction du roi numide Jugurtha, ennemi des Romains). Le roi Bocchus se voit même décerné le titre d'Ami de Rome par le Sénat romain et gagne l'estime du consul Caius Marius. Sous le règne de Juba II la Maurétanie devient un royaume vassal, réputé pour ses exportations de pourpre, de bois de cèdre et de produits maritimes, assez riche pour produire sa propre monnaie d'or. Une brillante civilisation urbaine se développe, influencée à la fois par l'héritage carthaginois et par les courants artistiques provenant de la Grèce hellénistique et de l'Égypte alexandrine des Lagides. Ces influences du bassin oriental méditerranéen sont sans doute dues au mécénat de la propre épouse de Juba II, la reine Cléopâtre Séléné, qui est la fille de Marc Antoine et de Cléopâtre VII. Une telle opulence attise les convoitises de Rome, dont Ptolémée de Maurétanie, fils et successeur de Juba II, va tragiquement subir les conséquences.

Mosaïque romaine de Volubilis représentant Bacchus et Ariane

Au cours d'un déplacement à Lyon en Gaule romaine, le dernier roi maurétanien est en effet assassiné sur ordre de l'empereur Caligula. Ce meurtre entraîne deux années de troubles (résistance menée contre les légions romaines par Aedemon un esclave affranchi de Ptolémée), puis une annexion de la Maurétanie (42 ap. J.-C.) à l'Empire romain que l'on désigne dès lors sous le nom de Maurétanie Tingitane pour sa partie occidentale, décrétée officiellement province impériale par Claude Ier successeur de Caligula. Seule la partie nord du Maroc actuel est effectivement sous domination romaine, le reste du territoire étant contrôlé par des tribus indépendantes, notamment gétules. Les Romains fondent des colonies prospères à Volubilis (non loin de l'actuelle Meknès), ainsi qu'à Banasa et à Thamusida dans la plaine du Gharb. Néanmoins la capitale administrative demeure Tingis (future Tanger), siège du procurateur, le gouverneur de la province, de rang militaire et appartenant à l'ordre équestre (chevalier romain). Une grande autonomie est accordée aux tribus les plus loyales, notamment aux Baquates (comme en témoignent les fameuses tables de Banasa), mais la constante pression des peuplades méridionales puis les crises internes à l'Empire auront progressivement raison de la Maurétanie Tingitane. À la fin du IIIe siècle sous le règne de Dioclétien la province est réduite à la région de Tingis et de Ceuta, à Sala (actuelle Salé) et aux Îles Purpuraires de Mogador.

Buste de l'homme politique romain Caton d'Utique découvert à Volubilis
Temple du Capitole à Volubilis

Au cours de la période romaine, les cités, colonies et municipes de droit romain ou latin, se dotent de monuments civiques et utilitaires (temples, forums, basiliques, arcs de triomphe, thermes, et même théâtre à Lixus) et de résidences privées ornées d'œuvres d'art (sculptures, mosaïques) qui appartiennent à l'élite maure romanisée. Les plaines cultivées sont partagées par l'aristocratie locale, qui s'enrichit notamment de l'exploitation de l'olivier dont l'huile extraite est exportée dans les provinces voisines et fait la richesse de la Maurétanie Tingitane. Les terrains de parcours plus lointains sont laissés aux tribus nomades ou semi-nomades. Les ports de Tingis et de Sala connaissent une intense activité commerciale[16]. Les autorités impériales recrutent des auxiliaires militaires parmi les Maures, destinés à servir notamment dans la cavalerie. Le plus célèbre d'entre eux, Lusius Quietus, fils d'un amghar (chef tribal amazigh), réalise une brillante carrière sous le règne de Trajan. Au nom de l'Empire, il combat les Daces et les Parthes, et conquiert l'Arménie, la Médie et la Babylonie, puis pacifie la Judée en proie aux révoltes anti-romaines. Le prestige de Lusius Quietus devient tel qu'il envisage de briguer la succession de Trajan avec l'appui d'une partie du Sénat de l'Empire romain, avant d'être éliminé par Hadrien. Son assassinat entraîne un soulèvement de la Maurétanie Tingitane, sa province d'origine où sa popularité était grande parmi les tribus.

En 429, les Vandales venus de Germanie traversent le détroit de Gibraltar et débarquent à Tingis, mais dans leur course vers Carthage et vers l'Afrique proconculaire, ces envahisseurs ne contrôlent que le littoral méditerranéen de la Maurétanie. Un siècle plus tard, les Byzantins commandés par le général Bélisaire, anéantissent le royaume vandale et s'emparent d'une partie de l'ancienne province de Tingitane, se heurtant toutefois aux Maures du roi Garmul, dont le pouvoir s'étend d'Altava jusqu'à Volubilis. Le gouvernement de Constantinople, sous Justinien Ier, crée dans le Nord marocain la province de Maurétanie Seconde, qui englobe les cités de Tanger, Ceuta, Lixus, ainsi que l'Espagne byzantine en Andalousie, et dépend de l'Exarchat de Carthage. Cette occupation byzantine, perpétuellement menacée par les Wisigoths d'Espagne et par les Maures, va cependant subsister jusqu'à la conquête musulmane du Maghreb au début du VIIIe siècle.

Rôle des tribus au cours de l'histoire du pays

Comme dans l'histoire de très nombreuses nations à travers le monde, aucune dynastie marocaine (des Idissides aux Alaouites) ne pourra s'imposer par elle-même. Toutes devront, pour étendre et asseoir leur influence géographique sur des périodes plus moins longues, passer des alliances (intéressées, religieuses, maritales, forcées, pacifiques ou négociées) avec les différentes autres tribus musulmanes et parfois juives du pays. L'islam sera le principal ciment entre les différentes tribus qui composent le royaume mais ses interprétations feront naitre des conflits. Le fait que certaines dynasties se soient réclamées chérifiennes ne sera pas un atout suffisant à leur persistance.

Le Maroc restera longtemps un pays fortement tribal cela même après l'indépendance du pays en 1956. C'est la raison pour laquelle, de nos jours encore, les représentants des différentes tribus du pays continuent à réitérer leur allégeance au Roi au cours de la fête annuelle du Trône. Compte tenu des dissensions familiales et des luttes de pouvoir au sein des différentes dynasties marocaines successives tous les membres (sans exception) de la famille royale sont également tenues de prêter allégeance au Roi. Cette fête du Trône a pour but de souder et de rappeler le lien entre le monarque et le peuple en particulier à des moments difficiles de l'histoire du pays.

De la conquête arabe aux troubles anarchiques

Article détaillé : Dynastie Idrisside.
Mosquée de l'Université Al Quaraouiyine à Fès fondée sous le règne des Idrissides

En 649, débute la conquête du Maghreb par les troupes arabes. C'est 35 ans plus tard que ces troupes pénètrent véritablement dans le territoire marocain. Les tribus berbères installées aussi bien dans les contreforts montagneux de l'Atlas et du Rif que dans les fertiles plaines atlantiques soutiendront dans un premier temps les Byzantins installés sur les côtes méditerranéennes qu'ils préféreront aux Arabes notamment à cause d'erreurs diplomatiques. La destruction des installations byzantines aux alentours de l'an 700 aura finalement raison de la résistance berbère qui se convertira dès lors à l'islam apporté par les conquérants arabes.

Dès les débuts de la conquête musulmane du Maghreb, les Kharijites originellement basés en Irak envoient des représentants au Maghreb pour tenter de rallier les populations berbères. Les Berbères accoutumés au système de communauté égalitaire et supportant mal la domination arabe, finissent par trouver dans le kharijisme un redoutable moyen de contestation politique. En 739 Maysara, mandaté par les populations du Maghreb Al Aqsa, conduit à Damas une délégation auprès du calife Hicham pour présenter les doléances des Berbères : égalité dans le partage du butin et arrêt de la pratique qui consiste à éventrer les brebis pour obtenir la fourrure des fœtus (le mouton étant un élément essentiel de l'économie pastorale des tribus berbères)[17].

Les plaintes parviennent au calife omeyyade qui ne donne pas suite, ce qui déclenche une insurrection à Tanger. Maysara s’empare de la ville, tue le gouverneur Omar Ibn Abdallah et se proclame calife. Il réussit à empêcher le débarquement d’une armée arabe envoyée d’Espagne. Le gouverneur d'Espagne Uqba ibn al-Hajjaj intervient en personne mais ne parvient pas à reprendre Tanger, tandis que Maysara s'empare du Souss dont il tue le gouverneur. Puis Maysara, se conduisant comme un tyran, est déposé et tué par les siens, et remplacé par Khalid ibn Hamid al-Zanati. Sous son commandement, les Berbères sont victorieux d’une armée arabe sur les bords du Chelif, au début de 740[18].

Les troupes arabes ayant été battues, Hichām envoie des troupes de Syrie dirigées par le général Kulthum ibn Iyad. Elles sont battues par les Berbères sur les rive du Sebou en octobre 741[18]. Le gouverneur égyptien Handhala Ibn Safwan intervient à son tour et arrête les deux armées kharidjites au cours de deux batailles à Al-Qarn et à El-Asnam (actuelle Algérie) alors qu'elles menaçaient Kairouan (actuelle Tunisie) (printemps 742)[19]. Quand survient la chute des Omeyyades de Syrie (750), l'ouest de l'Empire échappe totalement au pouvoir central damascène. L'Espagne revient aux émirs omeyyades de Cordoue et le Maghreb se morcelle en plusieurs petits États indépendants (de 745 à 755).

Hâroun ar-Rachîd calife abbasside de Bagdad, instigateur de l'assassinat d'Idriss Ier

L'histoire des Idrissides est indissociable de la personne d'Idriss Ier, descendant d'Ali et de Fatima, gendre et fille du prophète de l'islam Mahomet, qui fuyant les massacres dont était victime son entourage et sa famille vint se réfugier dans le Moyen Atlas, à Volubilis, ancienne cité romaine déchue. Obtenant l'aval des tribus locales, il fonda en 789 la ville de Fès dans la plaine du Saïss dont il fit la capitale de son nouveau royaume proclamé en 791. Assassiné par un envoyé du calife Haroun ar-Rachid, son fils Idris II lui succède après une régence. Il étend sa capitale ainsi que son royaume et avance au-delà de Tlemcen, pris par son père dès 789 et assujettit de nombreuses tribus Zenata. Son successeur Mohammed fera construire la prestigieuse mosquée Quaraouiyine, une des toutes premières universités de l'Histoire. À cette période, Fès devient un des principaux centres intellectuels du monde arabe et attire d'éminents scientifiques et théologiens. Le royaume idrisside étend régulièrement ses frontières mais se retrouve menacé par la puissante dynastie des Fatimides à l'est. Indiqués califes de Cordoue au début du Xe siècle, les Idrissides subiront également au nord la pression des Omeyyades. En 985, les Fatimides et leurs vassaux d'Algérie poussent les Idrissides à se réfugier en Andalousie.

Dès le milieu du Xe siècle, l'affaiblissement des Idrissides du fait non seulement des pressions externes mais surtout des dissensions internes entraine un regain d'activité des grandes tribus berbères qui fondent et conquièrent de nombreuses cités. Les états de Sijilmassa dans le sud et de Nekor dans le nord se maintiennent et gagnent de l'ampleur durant cette période.

Royaume des Berghouata (entre les VIIIe et Xe siècles)

Article détaillé : Berghouata.

Les Barghawata (ou encore Barghwata ou Berghouata) forment un émirat berbère, appartenant au groupe de l'ethnie des Masmoudas. Après que les kharijites ont échoué dans leur rébellion au Maroc contre les califes de Damas, ils établissent (7441058) un royaume dans la région de Tamesna sur les côtes de l’Atlantique entre Safi et Salé sous l’égide de Tarif al-Matghari[20]. La particularité de cet État est de créer une religion purement berbère, s'appuyant sur un livre saint inspiré du Coran, et dirigé par un gouvernement théocratique fixant les rituels d'un nouveau culte empruntant à la fois à l'islam, au judaïsme et aux antiques croyances locales. Les Barghwata maintiennent leur suprématie dans la région des plaines atlantiques durant quatre siècles, et entretiennent des relations diplomatiques et commerciales avec le califat omeyyade de Cordoue qui voit probablement en eux des alliés potentiels contre les Fatimides et leurs alliés zénètes. Il semble que sur les vingt-neuf tribus constitutives de ce royaume, douze aient adopté réellement la religion barghwata, les dix-sept autres étant restées fidèles au kharijisme[21],[20].

Royaume de Sijilmassa (758-1055)

Un émirat fondé par les Zénètes émerge dans la région du Tafilalet à partir de 758. Dirigé par la dynastie des Midrarides (dont le fondateur est Semgou Ibn Ouassoul), il prend pour capitale la cité de Sijilmassa. Ce royaume professe officiellement le kharidjisme de rite sufrite mais finit par reconnaître à partir de 883 la suprématie religieuse du califat sunnite des Abbassides. Les Midrarides se consacrent cependant à maintenir une alliance avec les autres États kharidjites, comme le royaume des Rostémides de Tahert, et à établir un fructueux commerce caravanier de l'or avec le royaume du Ghana, à l'époque maître des plus importants gisements aurifères de l'Afrique de l'Ouest. L'émirat de Sijilmassa atteint ainsi son apogée au IXe siècle grâce à son rôle de plaque tournante du trafic des métaux précieux, et sa renommée s'étend ainsi jusqu'aux pays méditerranéens et au Moyen-Orient. C'est précisément cette position de débouché de l'or africain qui excite les convoitises des Omeyyades et des Fatimides qui s'affrontent pour sa domination. Ce sont finalement les Almoravides qui s'emparent du royaume midraride en 1055. Par la suite, la fondation de Marrakech éclipse définitivement le prestige de Sijilmassa.

Dynastie idrisside (789-985)

Article détaillé : Idrissides.

L'histoire des Idrissides commence lorsqu'un prince arabe chiite de la famille de `Ali (quatrième calife de l'islam) et son affranchi Rachid Ben Morched El Koreichi se réfugient dans le Moyen Atlas. Fuyant la menace des Abbassides (qui avaient massacré des Alides et leurs partisans chiites lors de la bataille de Fakh près de la Mecque), ils séjournent en Égypte avant de s'installer à Walilah (Volubilis), sous la protection de la tribu berbère des Awarbas. Parvenant à rallier les tribus à sa cause, Idriss est investi Imam et fonde la ville de Fès en 789 sous le nom d'Idriss Ier. C'est le début de la dynastie des Idrissides.

Idris Ier est assassiné par un émissaire du calife abbasside Haroun al-Rachid, un certain Sulayman al Zindhi. Ne se doutant point que la femme d'Idris Ier (Kenza al-Awrabiya) est enceinte, le maître de Bagdad pense que la menace est vaincue. Mais quelques mois plus tard, Idris II naît. Son éducation a été confiée à l'affranchi de son père Rachid. Onze années plus tard, Idriss II est proclamé Imam des croyants. Au fil des années son sens pour la politique s'affirme nettement et il réussit à fédérer un plus grand nombre de populations. La puissance du corps militaire (qui se professionnalise et dans lequel s'engagent notamment des Kaisites issus des tribus du nord de la péninsule Arabique) lui permet de développer et d'étendre le noyau de principauté dont il avait hérité. Le royaume idrisside englobe ainsi toute la portion de territoire s'étendant de Tlemcen à l'est jusqu'au Souss au sud. Il semble que la dynastie idrisside, du moins à ses débuts, ait professé le chiisme et plus précisément le zaïdisme, réputé être le plus modéré des rites chiites[22].

Sanctuaire et mausolée d'Idriss Ier dans la cité sainte de Moulay Idriss Zerhoun

Se considérant à l'étroit à Walilah, Idriss II quitte l'antique cité romaine pour Fès, où il fonde le quartier des Kairouanais (également appelé Al-Alya) sur la rive gauche de l'oued Fès (Idris Ier s'était établi sur la rive droite, le quartier des Andalous). Les Kairouanais sont issus de familles arabes orientales et arabo-persanes (originaires du Khorassan) établies en Ifriqya depuis l'époque abbasside. Elles sont expulsées de Kairouan en raison des persécutions politiques que leur infligent les Aghlabides et notamment l'émir Ibrahim Ier. Les Andalous qui s'installent à Fès sont quant à eux des opposants aux Omeyyades, originaires des faubourgs cordouans qui s'étaient révoltés contre l'émir omeyyade d'Al-Andalus Al-Hakam Ier (notamment du faubourg de Rabad, d'où le nom de Rabadis attribué aux éléments de cette première vague d'immigration andalouse au Maroc)[23].

Vue de la vieille médina idrisside de Fès

Le royaume idrisside connaît une importante phase d'urbanisation, illustrée par la création de villes nouvelles comme Salé, Wazzequr, Tamdoult et Basra, cette dernière inspirée de la Basra irakienne. Ces nouveaux centres sont des foyers de diffusion de culture arabe et des vecteurs d'islamisation en pays profondément berbère[24]. La fondation de la mosquée Al Quaraouiyine en 859, qui abrite également une université homonyme, assure à Fès un rayonnement qui fera participer la cité idrisside à l'Âge d'or islamique des sciences, des arts et des lettres, aux côtés de métropoles aussi prestigieuses que Cordoue, Le Caire et Bagdad.

À cette même époque, les Vikings venus de la lointaine Scandinavie et menés par Hasting et le prince suédois Björn Ironside, attirés par les ressources potentielles de l'Afrique du Nord, se signalent par leurs incursions dévastatrices sur les côtes du Maroc (notamment dans les régions d'Asilah et de Nador)[25]. L'historien et géographe andalou Al-Bakri désignera les envahisseurs vikings par le terme de Majus et relatera particulièrement leurs exactions contre le royaume des Banu Salih de Nekor dans le Rif[26].

En 985, les Idrissides perdent tout pouvoir politique au Maroc et sont massivement exilés en Al-Andalus. Installés à Malaga, ils récupèrent peu à peu leur puissance, au point d'engendrer une dynastie pendant l'époque des taïfas, les Hammudites. Ces derniers vont jusqu'à revendiquer la fonction califale à Cordoue en remplacement des Omeyyades déchus en 1016[27].

Invasions zénètes

Articles détaillés : Maghraouas, Banou Ifren et Meknassa.
Oujda est fondée par les Zénètes de la tribu des Maghraouas

Vers 954 et selon Ibn Khaldoun, trois grandes confédérations tribales zénètes[28] s'emparent de plusieurs villes et régions du Maghreb el Aksa (appellation arabe du Maroc), à savoir Fès, Oujda (fondée en 994 par le Maghraoui Ziri Ibn Attia), Salé (fondée au cours du Xe siècle par les Banou Ifrens, Sijilmassa), ou encore les régions du Souss et du Haouz, et ce consécutivement à l'affaiblissement de la dynastie arabe chérifienne des Idrissides.

Pendant la conquête, les points de vue des Maghraouas, Banou Ifrens et Meknassas divergèrent provoquant une instabilité sur l'ensemble du territoire. Les diverses tribus maghraouas étaient tantôt alliées aux Omeyyades tantôt aux Fatimides. Les Banou Ifrens demeurèrent réfractaires à toute alliance avec les puissances arabes.

Les Fatimides profitent de ces divisions entre les 3 tribus zénètes et envoient les Zirides de l'Ifriqiya pour conquérir le Maghreb el Aksa (le Maroc actuel). Le Ziride nommé Ziri ibn Menad réussit à conquérir une partie du Maroc actuel. En 971, son fils Bologhine ibn Ziri affirme sa souveraineté sur la majorité des villes importantes. Durant cette période, les Berghouatas (confédération tribale masmouda et sanhadja) seront donc attaqués par les Zirides. Les Maghraouas demandent l'aide des Omeyades. Ces derniers acceptent enfin d'aider les Zénètes à reconquérir les territoires, en particulier ceux des Maghraouas de l'ouest du Maghreb. Bologhine ibn Ziri est contraint de reculer devant l'armée omeyyade venue d'Andalousie par voie maritime et qui s'installe à Ceuta[29]. Par la suite, Ziri Ibn Attia des Maghraouas entre en conflit avec les chefs des Banou Ifrens et des Meknassas. Une lutte au pouvoir sera acharnée entre les fractions zénètes. Les Banou Ifrens attaquent les Berghouata et prennent plusieurs fois Fès, place forte maghraoua. Ces derniers rétabliront finalement l'équilibre du Maghreb el Aksa[29]. Le règne des 3 tribus zénètes s'achèvera par l'arrivée des Hilaliens et des Almoravides vers le XIe siècle en 1059. Les Zénètes seront évincés par les Almoravides du Maghreb el Aksa[30].

De tout temps, les Zénètes étaient seuls maîtres des routes et du commerce dans la région. Cette période est caractérisée par une certaine prépondérance des pratiques démocratiques tribales, comme ce fut déjà le cas deux siècles auparavant lors des révoltes kharijites[31]. Les Zénètes ont démontré par leur histoire qu'ils pouvaient négocier avec toutes les tribus au Maghreb. Plusieurs alliances et traités ont été élaborés pendant cette période. La construction s'est développée et plusieurs villes ont connu un véritable essor (construction de mosquée[32], de kalaâ, ksours, etc). En 1068, les trois « dynasties » chutent tant à cause du zèle manifeste de certains chefs que du fait de leur détermination à se lancer dans des guerres saintes[33].

Ifrenides

Article détaillé : Ifrénides.

Régnant sur la région de Tlemcen dès le Xe siècle, les Ifrenides, ou Banou Ifren, occuperont presque la totalité du Maroc actuel aux côtés des Maghraouas, vassaux des Omeyyades de Cordoue, et ce jusqu'à l'arrivée des Hilaliens et des Almoravides. Au XIe siècle, les Banou Ifren conquièrent le territoire des Berghwata[34]. Ils restent maitres des régions qu'ils ont conquises et des villes qu'ils ont fondées et exerceront périodiquement le pouvoir à Fès[35]. Vaincus par les Almoravides dès 1057, ils perdent tout pouvoir pendant le règne de ces derniers. Ce n'est qu’à la chute des Almoravides que les Ifrenides reprendront le contrôle de la région de Tlemcen, mais ils seront de nouveau vaincus par les Almohades et leur territoire conquis par ces derniers. Vers 1437, les Banou Ifren chasseront les Mérinides du Maghreb central et établiront de nouveau leur pouvoir à Tlemcen[36].

Dynastie almoravide

"Empire almoravide"
Conquêtes almoravides (XIe siècle)
Article détaillé : Almoravides.
Coupole almoravide de Marrakech
Carte du monde connu réalisée par le géographe Al Idrissi sous le règne des Almoravides

Alors que le « Maroc utile » est en proie aux convoitises des entités politiques voisines ainsi qu'aux déchirements internes, trois grandes tribus berbères se partagent les régions sahariennes. Les Lemtouna, Massoufa et Goddala (ou Gadala, lointains descendants des antiques Gétules), tous trois membres de la confédération Sanhaja et islamisés deux siècles et demi plus tôt, guerroient et vagabondent régulièrement en direction du sud où ils menacent l'empire du Ghana et d'autres États soudano-sahéliens animistes. De la tribu Lemtouna, l'émir Yahya Ibn Ibrahim se rend vers 1035 accomplir le pèlerinage à La Mecque. Là bas, il prend conscience de la nécessité de parfaire l'islam de ses congénères des régions de l'Adrar. En halte à Kairouan, il tente pour cela d'obtenir un appui logistique de la part d'éminences religieuses locales, mais sans résultat.

Ce sera dans la région de Taroudant qu'un dénommé Ou Agg ben Zellou lui indiqua l'existence d'un prédicateur dans le désert, un certain Abdallah Ibn Yasin originaire du Sud marocain. Yahya Ibn Ibrahim et Abdallah Ibn Yasin s'en retournèrent donc tous deux dans l'Adrar convertir les Djoudala (tribu des Lemtouna) au malékisme puritain. Si au départ leurs enseignements sont plutôt bien accueillis, leur austérité et leurs méthodes radicales (instruments de musique et habits de couleurs vives bannis) finirent par lasser. Yahya Ibn Ibrahim et Abdallah Ibn Yasin errèrent donc dans le désert et s'en allèrent donc fonder un ribat sur l'île de Tidra entre la baie du Lévrier et le cap Timiris. Là ils conceptualisèrent une véritable doctrine qui leur valut le nom d'Almoravides (de Al-murabitun, المرابطون), les gens du ribat.

Le climat d'exaltation mystique qui régnait au couvent militaire attira de nombreux fidèles de toutes les contrées du Sahara occidental et même au-delà. De 1042 à 1052, les Almoravides conquièrent tout l'ouest du Sahara et tournent leurs regard vers le nord. Yahya Ibn Ibrahim fut tué et remplacé par Abu Bakr Ibn Omar. Dès lors l'expansion des Almoravides est irrésistible. Aoudaghost, place forte de l'empire du Ghana et importante étape du commerce transsaharien est prise et détruite. L'année suivante, c'est au tour de Sijilmassa de céder à la pression almoravide et de voir ses maîtres Zénètes impitoyablement exterminés. La même année (1056), Taroudant et le Souss entier alors aux mains de tribus chiites vassales des Fatimides se rendent aux envahisseurs sahariens. Les Almoravides n'ont alors qu'une idée : soumettre les plaines fertiles du Maroc utile et les intrépides tribus de l'Atlas. Néanmoins, les combats contre les hérétiques Berghouata s'éternisent et s'avèrent plus ardus que prévu. Yahya Ibn Ibrahim est même mortellement blessé et inhumé sur un des affluents du Bou Regreg. Abou Bakr doit alors se rendre à nouveau dans le désert pour mettre fin à des luttes intestines et il confie alors le commandement des terres septentrionales nouvellement conquises à son cousin, un certain Youssef Ibn Tachfin.

En 1072, ce dernier empêche le retour d'Abou Bakr et fait dès lors de Marrakech, fondée deux ans plus tôt, sa capitale. La rigueur morale de ces « Voilés » et leur attachement aux valeurs de l'islam attira les nombreux déçus des années du climat d'anarchie ambiant et Youssef Ibn Tachfin constitua sans mal une armée de 20 000 hommes qu'il arma d'arbalètes. Toutefois, la soumission des intrépides tribus Zénètes ne fut pas des plus aisées. Ces derniers se rallièrent même ponctuellement aux élites bourgeoises de Fès et de Tétouan, bien décidées à repousser ces tribus dont le puritanisme était aux antipodes des aspirations de raffinement et de luxe qu'ils avaient importé d'Andalousie. Des villes du nord, Meknès tomba la première, puis ce fut au tour de Fès (1060 ou 1061), des villes du Rif, de Tlemcen (1069) et enfin d'Oujda (1081). Tanger et Ceuta, fiefs de la dynastie hammudite de Malaga ne cédèrent que vers 1084 après un éprouvant siège et subirent de terribles supplices. À l'est, les Almoravides avancèrent jusqu'à Alger (Ténès et Oran furent gagnées en 1082).

Tombeau du célèbre prince et poète Al Mutamid Ibn Abbad de Séville, condamné à finir sa vie dans une prison d'Aghmat au sud de Marrakech
Un chrétien et un musulman disputant une partie de jeu d'échecs en Al-Andalus au temps des Almoravides

Alors que dans la brillante Andalousie, les princes musulmans subissaient les premiers revers face aux chrétiens ligués autour de la personne d'Alphonse VI, les extraordinaires prouesses militaires de ces « Voilés » aux mœurs rigides résonnent comme une bénédiction. Al-Muttawakil de la Taifa de Badajoz fait appel aux Almoravides dès 1079. En 1082, c'est au tour d'Al Mutamid Ibn Abbad de solliciter les maîtres du Maghreb. En 1086, pour répondre à ces appels et pour enrayer la « décadence » de la civilisation d'Al-andalus (arts florissants, consommation de vin...), Youssef Ibn Tachfin fait embarquer de Ceuta la bagatelle de 7000 cavaliers et 12 000 fantassins. Rapidement, les rois des différentes taifas rallient les armées almoravides.

Les victoires s'enchainent et les armées d'Alphonse VI sont mises en déroutes non loin de Badajoz le 23 octobre 1086. Youssef Ibn Tachfin rentre au Maroc régler des affaires internes mais le désordre en Andalousie le pousse à revenir. Il est néanmoins poussé par les fakihs à revenir, du fait des difficultés lors du siège à Aledo et surtout des divisions entre taifas qu'il considérait personnellement comme une honte pour l'islam. En 1090, un concile almoravide à Algésiras déclara la guerre aux reyes de taifas accusés d'impiété. L'alliance de certains de ces derniers avec des princes chrétiens n'empêcha pourtant pas l'irrésistible avancée des Almoravides à Al-andalus, qui s'acheva en 1094 avec la prise de Badajoz et l'impitoyable mise à mort d'Al-Mutawakil et de sa famille. Les victoires s'enchainent encore face au Cid retranché à Valence.

En 1106, après la prise de Valence et alors que les Baléares sont occupées, Youssef Ibn Tachfin décède et son fils, Ali Ben Youssef hérite du trône et du titre d'Emir des Musulmans (les Almoravides considèrent le titre de calife réservé aux Abbassides, dont ils reconnaissent la prééminence religieuse). Fils d'une esclave chrétienne affranchie, il devient par la même occasion maître d'un empire s'étendant du Tage au fleuve Sénégal, du centre de l'Algérie jusqu'aux côtes atlantiques marocaines. Il nomme son frère Temyn gouverneur d'Al-Andalus. Les armées almoravides défont Sancho, fils d'Alphonse VI lors du siège du château d'Uclès. Alphonse VI décèdera l'année suivante, en 1109. Ali revient alors en Andalousie et remporte les sièges de Madrid, Guadalajara et Talavera. À l'ouest, les armées almoravides poussent jusqu'à Porto, menaçant même les côtes galiciennes. À l'est, les Baléares servent de base logistique aux razzias menées contre Barcelone.

Cependant, les innombrables exploits militaires ne parviennent pas à pallier le mécontentement ambiant en Andalousie où le fragile équilibre entre chrétiens mozarabes, juifs et musulmans est quelque peu rompu par la rigueur religieuse imposée par les conquérants. L'autodafé des écrits du très populaire Al-Ghazali ne fait qu'amplifier le malaise des élites culturelles, nostalgiques de l'âge d'or du califat omeyyade. La sollicitation par l'armée divine des milices chrétiennes de Reverter pour maintenir l'ordre au Maroc même est mal comprise par les tribus montagnardes du Haut-Atlas, de jour en jour plus mécontentes de l'autoritarisme almoravide.

Dynastie almohade

Article détaillé : Almohades.
Empire almohade entre 1147 et 1269
Drapeau almohade

Mohammad Ibn Toumert, futur Mahdi et fils d'un amghar, chef de village de la tribu des Harga, dans le Haut Atlas. Très précocement animé par un zèle religieux, il entreprit dès sa jeunesse de multiples voyages l’amenant à visiter Bagdad, Le Caire et peut-être même Damas où il découvre tout l'ampleur de la tradition musulmane, et notamment le soufisme. Rapidement, il entretient une profonde aversion pour l'étroitesse du malékisme régnant en maître en sa patrie. C'est en 1117 qu'il regagne le Maghreb, via Tripoli, puis Tunis et enfin Béjaïa où ses prêches pieuses galvanisent les foules. À Melalla, il se lie d’amitié avec le Zénète Abd El Moumen. C'est en compagnie de ce dernier qu'Ibn Toumert d'Almohades (d'« Al-Muwahidûn », الموحدون), les Unitaires. C'est à Tinmel, au cœur de la très isolée vallée du N'fis, qu’il établit sa « capitale ».

Ses prêches rencontrent un écho considérable et il clame ouvertement son intention de liguer toutes les tribus insoumises des montagnes contre les Almoravides. Son aura grandissante suscite de jour en jour davantage d'inquiétudes de la part des Almoravides qui lancent contre lui en 1121 une expédition militaire commandée par le gouverneur du Souss, Abou Bakr Ben Mohammed El-Lamtouni. L'expédition est littéralement écrasée. À la suite de cette déconvenue, ses désirs s'estompèrent un temps mais en 1127 (ou 1129), une nouvelle expédition parvint dans les contreforts du Haut-Atlas aux environs d’Aghmat dans l'espoir de frapper un grand coup en pays Hintata, fief de la doctrine « Unitaire ». Mais Abd El Moumen et El Béchir contrarièrent ce plan et profitant de l'effet de surprise, ils parvinrent même à assiéger ponctuellement Marrakech, capitale almoravide. Cependant, leurs faiblesses en combat de plaine les poussèrent à se retrancher en toute hâte. El Béchir mourut suivi quelques mois plus tard, en septembre 1130, par Ibn Toumert.

Intérieur de la mosquée de Tinmel, fief originel de la doctrine almohade

Abd El Moumen succéda d'abord secrètement au fondateur de la secte et privilégia une politique d'alliance avec les tribus de l'Atlas. Pour ce faire, il joua non seulement de ses origines zénètes mais aussi de ce qui restait de cercles d'initiés qu'avait fondé son prédécesseur. Dès 1140, une intense campagne permet aux Almohades de s'attirer les faveurs des oasis du sud. Taza puis Tétouan sont les premières grandes cités à tomber. À la faveur du décès d’Ali Ben Youssef en 1143, il s'empare de Melilla et d'Al-Hoceima, faisant ainsi du nord du Maroc sa véritable base logistique. La mort du redoutable Reverter en 1145 suivie la même année de celle de Tachfin Ben Ali permet aux Almohades les prises respectives d’Oran, de Tlemcen, d'Oujda et de Guercif. S'ensuit ensuite le long et éprouvant siège de Fès qui durera neuf mois durant lesquels Abd El Moumen se charge personnellement de prendre Meknès, Salé et Sebta. La conquête du Maroc s'achèvera finalement en mars 1147 par la prise de Marrakech, capitale du désormais déchu empire almoravide et dont le dernier roi Ishaq Ben Ali sera ce jour-là impitoyablement tué. Pour fêter cette victoire, Abd El Moumen fit bâtir la très célèbre Koutoubia sur les ruines de l'ancien Dar El Hajar.

Minaret de la mosquée almohade de la Koutoubia à Marrakech

De manière assez inédite, les premiers efforts militaires d'Abd El Moumen désormais intronisé comme calife de l'Occident musulman (pour marquer son indépendance religieuse par rapport aux Abbassides d'Orient) se tournent vers l'est du Maghreb, sous le double péril des Normands de Sicile menés par Roger II (qui ont pris le contrôle de Djerba et Mahdia et menacent la prospère Bejaïa) et des tribus bédouines (Banu Hilal) envoyées depuis la Haute-Égypte par les souverains fatimides du Caire, furieux de voir Zirides et Hammadides échapper à leur contrôle. Les opérations lancées s'avèrent largement fructueuses puisque les bédouins sont complètement écrasés à Béjaïa puis Sétif en 1152. En 1159, une puissante armée terrestre est levée depuis Salé, secondée par une flotte de soixante-dix navires, obligeant les Normands à se retrancher sur Sfax et Tripoli. Ainsi l'Empire almohade s'étendait-il à la fin des années 1150 des rivages de l'océan Atlantique jusqu'au Golfe de Syrte, englobant toute l'Afrique musulmane à l'ouest de l'Égypte.

En Andalousie la fin de la période almoravide a permis la résurgence des reinos de taifas et un regain de vigueur des Chrétiens. En 1144 les Castillans s'emparent temporairement de Cordoue. À l'ouest, Lisbonne et Santarem sont prises par les Portugais. Almeria est également prise par les Aragonais pour une décennie entière. Dos au mur, les taifas se voient obligés de faire de nouvel appel aux maîtres du Maghreb. Ainsi, avant même la prise de Marrakech par les Almohades, Jerez et Cadix s'offrent à ces derniers. Dans le sillage de la prise de Marrakech, des corps expéditionnaires permettent la conquête de tout le sud de la péninsule (Grenade, Séville, Cordoue...) puis de Badajoz. En 1157, Almeria est reprise. Abd El Moumen décèdera finalement en 1163 à Salé. Son fils Abu Yaqub Yusuf lui succède, d'abord reconnu à Séville puis à Marrakech. Il s'efforcera jusqu'à son décès en 1184 de régner en véritable « despote éclairé », soucieux de desserrer l'étau d'orthodoxie religieuse pesant sur le Maghreb.

Sous son impulsion fleurissent des arts autrement plus épanouis que sous la dynastie précédente. L’architecture en particulier atteint son apogée, se traduisant par la construction de la Giralda à Séville, fraichement honorée du statut de capitale andalouse, ainsi que de la Tour Hassan à Rabat (dont le minaret ne fut jamais achevé) et de la Koutoubia à Marrakech, toutes trois bâties sur un modèle sensiblement équivalent. Dans d’autres registres, le palais de l’Alhambra est érigé sur les hauteurs de Grenade et les Jardins de l'Agdal sont plantés à Marrakech qui se dote également d'une Casbah califale abritant les palais du souverain almohade (cf. l'article Art almoravide et almohade). C’est également sous les Almohades que vécut le brillant philosophe Averroès (de son vrai nom Ibn Rûshd ابن رشد) ainsi que Maïmonide qui ira néanmoins s’exiler au Caire afin de pouvoir pratiquer librement sa religion (il était de confession hébraïque).

À la mort d’Abu Yaqub Yusuf, les Almoravides demeurés maîtres des Baléares s’en vont porter le glaive là où jadis sévissaient les Normands. Ils arrachent Alger, Miliana, Gafsa et Tripoli aux Almohades et subventionnent des tribus bédouines d’Ifriqiya qui s’en iront mener des razzias dans tout le Maghreb médian et descendront même jusque dans les oasis du Drâa. Matées par les vigilantes milices d’un certain gouverneur Abu Yusf, ces tribus bédouines seront par la suite sédentarisées dans l’Ouest marocain, dans l’ancien pays berghouata où elles contribueront à l’effort d’arabisation des plaines du Gharb et de la Chaouia. Après la victoire d’Alarcos durant laquelle Alphonse VIII est battu par le souverain Abu Yusuf Yaqub al-Mansur, les derniers fauteurs de troubles Almoravides sont écrasés dans le sud tunisien. C’est l’âge d’or almohade.

Tour Hassan construite par le calife almohade Yacoub El Mansour à Rabat
Miniature maroco-andalouse d'époque almohade illustrant le conte de Bayad et Riyad
Averroès (Ibn Rushd), philosophe, cadi, mathématicien, médecin andalou de la Cour almohade, mort à Marrakech en 1198

Muhammad an-Nasir succède à son père en 1199. Le 16 juillet 1212, son armée de 125 000 hommes est mise en déroute par une coalition de près de 62 000 chrétiens venus de France, d’Aragon, de Catalogne, du Comté du Portugal, de León et de Castille. C’est la Bataille de Las Navas de Tolosa que l’histoire retiendra comme l’évènement charnière de la Reconquista. Dans le même temps, an-Nasir reçoit une étrange proposition d'allégeance de Jean d'Angleterre (Jean sans Terre), alors en froid avec les souverains chrétiens du continent européen, de faire du royaume anglais un État vassal du califat almohade[37].

L’autorité des Almohades sur leur empire sera durablement affaiblie par cette débâcle, au point que le Muhammad an-Nasir renoncera à son trône l’année suivante, le cédant à son fils. À 16 ans, Yusuf al-Mustansir accède donc au trône. Dépourvu d’autorité, il voit rapidement le Maghreb médian lui échapper. Il en va de même en Andalousie où le gouverneur almohade de Murcie réclame une régence et franchit le détroit pour le faire savoir. À Séville, Al-Mamoun fait sensiblement de même. Les taïfas renaissent de leurs cendres et imposent le malékisme. À Marrakech même les cheikhs souhaitent procéder à l’élection d’un nouveau calife, ne laissant d’autre choix au jeune souverain que la fuite pour un temps. Son fils, Abd al-Wahid al-Makhlu lui succède en 1223. Il mourra étranglé l’année même.

Les cheikhs de Marrakech procèderont alors à l’élection d’Abu Muhammad al-Adil. Les Hafsides, du nom d’Abû Muhammad ben ach-Chaykh Abî Hafs, autrefois vizir de Muhammad an-Nasir déclarent leur indépendance en 1226, sous l’impulsion de Abû Zakariyâ Yahyâ. La mort d’Abu Muhammad al-Adil marquera le début de l’ingérence du Royaume de Castille dans les affaires marocaines. Ferdinand III de Castille soutiendra Abu al-Ala Idris al-Mamun tandis que les cheikhs soutiendront le fils de Muhammad an-Nasir, Yahya al-Mutasim. C’est le premier qui prit pour un temps l’ascendant, parvenant à prendre Marrakech et à massacrer les cheikhs. Il renia la doctrine religieuse almohade au profit du malékisme et consentit en paiement de sa dette à construire l’église Notre-Dame de Marrakech en 1230. L’édifice fut détruit deux ans plus tard.

En 1233, son fils Abd al-Wahid ar-Rachid reprit Marrakech et chassa de Fès les Bani Marin futurs Mérinides (ces derniers faisaient payer à la ville et à sa voisine Taza un tribut depuis 1216), permettant de réunifier le Maroc. En Andalousie, Cordoue tombe aux mains de Ferdinand III de Castille dès 1236. Valence lui emboitera le pas deux ans plus tard, puis ce sera au tour de Séville en 1248. Entre temps, Abu al-Hasan as-Said al-Mutadid parviendra à rétablir un semblant d’unité sur le Maroc mais accumulera les échecs face aux Mérinides dont l’avancée est irrésistible sur le Maroc septentrional. Pour une trentaine d’années, les Almohades survivront, retranchés sur la plaine du Haouz et payant un tribut à leurs voisins septentrionaux. En 1269, Marrakech tombe. En 1276, c’est au tour de Tinmel. Un siècle et demi plus tard, la boucle almohade est bouclée et la dynastie à l'origine du puissant califat de l'Ouest disparaît définitivement.

Au cours des croisades

L'Empire almohade, sous le règne d'Abu Yusuf Yaqub al-Mansur, établit un partenariat stratégique avec l'Égypte du sultan Saladin. Le point d'orgue de cette relation est l'ambassade d'Abu Al Harith Abderrahman Ibn Moukid envoyé par Saladin auprès de la Cour califale de Marrakech, qui concrétise l'alliance entre Almohades et Ayyoubides. Cette mission débouche sur la participation de la flotte almohade aux opérations maritimes contre les Croisés (sur les côtes du Proche-Orient ainsi qu'en mer Rouge). Après la prise de Jérusalem par Saladin en 1187, une partie de la ville sainte est repeuplée de populations provenant de l'Empire almohade[38] qui fonderont et habiteront un quartier spécifique[39],[40], dont l'un des vestiges les plus connus est la Porte des Maghrébins[41].

Dynastie des Mérinides

Article détaillé : Mérinides.
Évolution territoriale de l'empire mérinide.
Drapeau des Mérinides

Contrairement aux deux dynasties précédentes, la montée en puissance des Mérinides n’est pas à mettre sur le compte d’une démarche personnelle associable à un individu mais plutôt à l’affirmation collective d’une tribu. L’autre rupture que marque l’accession au pouvoir des Mérinides est l’abandon du leitmotiv de la purification religieuse au profit d’une conception de la conquête du pouvoir plus classique, plus conforme à l’identité tribale des protagonistes.

La tribu en question est une tribu zénète dont les origines sont issues des Wassin[42]. Toujours est-il que les Beni Merin (ou Bani Marin) constituent tout au long du XIIe siècle l’archétype d’une tribu berbère lambda, nomadisant entre le bassin de la Haute-Moulouya à l’ouest (entre Guercif et Missour) et le Tell algérien, au sud de Sidi bel Abbès à l’est. La première occurrence de la tribu des Beni Merin dans l'historiographie marocaine coïncide avec leur participation en tant que groupe à la bataille d'Alarcos (1196), bataille finalement remportée par le camp almohade. C’est à cette occasion que s’illustre Abd al-Haqq considéré comme le véritable fondateur de la dynastie mérinide. De retour au pays, la tribu retombe dans un anonymat relatif jusqu’à la cinglante défaite almohade de Las Navas de Tolosa à l’issue de laquelle les troupes Mérinides iront défaire 10 000 soldats almohades. À la suite de ce succès, les Mérinides s’installent temporairement dans le Rif, soutenus par des Miknassas sédentarisés au nord de Taza.

Dès 1216, ils se faisaient payer tribut par les cités de Fès et Taza. Les Almohades soucieux de restaurer leur autorité sur tout leur territoire lancent de nombreuses contre-offensives, le plus souvent vaines. C’est au cours d’une de ces manœuvres que décède Abd al-Haqq. Son fils Uthman ben Abd al-Haqq lui succède. Dès 1227, toutes les tribus entre le Bou Regreg et la Moulouya ont fait allégeance aux Mérinides. En 1240, Uthman ben Abd al-Haqq décède, assassiné par son esclave chrétien. C’est son frère Muhammad ben Abd al-Haqq qui lui succède, assiégeant avec un succès relatif Meknès. Il décède en 1244, tué par des milices chrétiennes au service des Almohades. Au milieu de la décennie 1240, les troupes Almohades sont mises en déroutes à Guercif. Les Mérinides s’engouffrent alors dans la très stratégique Trouée de Taza, tremplin qui leur permit d’entreprendre le siège de Fès en août 1248 et d’envisager la prise de toute la moitié nord du Maroc. Mais la moitié sud n’est pas en reste. Abu Yahya ben Abd al-Haqq ayant précédemment succédé joue des amitiés traditionnelles des Beni Merin avec les Béni-Ouaraïn du Moyen Atlas et d’autres tribus du Tafilalet pour contrôler les oasis et détourner les revenus du commerce transsaharien de Marrakech vers Fès, désignée comme capitale mérinide.

En 1258, Abu Yusuf Yaqub Ben Abd Al-Haqq succède à son frère enterré dans l’antique Nécropole de Chella qu’il avait commencé à réhabiliter[43]. Le début de son règne est marqué par une lutte avec son neveu qui réclamait la succession. Ce dernier parvient à prendre Salé. La situation à l’embouchure du Bou Regreg profite à la Castille qui prendra la cité en otage durant deux semaines. L’ouest du Rif fut également en proie à de nombreuses insurrections Ghomaras tandis que Ceuta et Tanger étaient alors aux mains d’un sultan indépendant, un dénommé El Asefi. Rapidement le nouveau souverain exprima son désir d’en découdre rapidement avec les Almohades retranchés dans le Haouz, l’est des Doukkala et une partie du Souss. Une première tentative en ce sens se solda par un échec en 1262. Les Almohades pressèrent alors les Abdalwadides d’attaquer leurs rivaux Mérinides par surprise. Yghomracen, célèbre souverain abdalwadide fut défait en 1268. L’année suivante, Marrakech fut définitivement prise[44].

Médersa Attarine de Fès construite sous le règne du sultan Abû Saïd Uthmân II (1310-1331)
Sanctuaire mérinide de Chellah à Rabat

Durant les années qui suivirent, il bouta les Espagnols hors de tous leurs établissements atlantiques jusqu’à Tanger. En 1276, Fès, nouvelle capitale du royaume se voit augmentée d’un nouveau quartier, à l’écart de l’ancienne ville, où se côtoient notamment le nouveau palais royal et le Mellah. C’est Fès El Jedid. Globalement la ville connaîtra sous l’ère mérinide un second âge d’or, après celui connu sous les Idrissides. Après la pacification totale du territoire et la prise de Sijilmassa aux Abdalwadides, le sultan franchit le détroit et tente de reconstituer la grande Andalousie musulmane des Almohades. Les entreprises espagnoles des Mérinides furent complexes mais n’accouchèrent que de peu de résultats concrets. À la suite du siège de Xérès, un traité de paix stipulant le retour de nombreux documents et ouvrages d’art andalous (tombés aux mains des chrétiens lors des prises de Séville et Cordoue) vers Fès. En 1286, Abu Yusuf Yaqub Ben Abd Al-Haqq décède à Algésiras. Il est inhumé à Chella. Son fils Abu Yaqub Yusuf[43], plus tard dit an-nāsr, lui succède et se voit confronté dès son intronisation à un durcissement des révoltes dans le Drâa et à Marrakech et à un désaveu de certains membres de sa famille, s’alliant tantôt avec les Abdalwadides ou les révolté. Il rendit Cadix aux Nasrides de Grenade en guise de bonne volonté mais 6 ans plus tard, en 1291, ces derniers, alliés aux Castillans dont ils sont les vassaux, entreprennent de bouter définitivement les Mérinides de la Péninsule Ibérique. Après quatre mois de siège, Tarifa est prise par les Castillans. Mais les yeux d’Abu Yaqub Yusuf an-Nasr sont plutôt rivés sur Tlemcen, capitale des éternels rivaux des Beni Merin que sont les Abdalwadides. Il se dirige vers Tlemcen à la tête d’une armée cosmopolite puisqu’essentiellement composée de mercenaires chrétiens (Castillans et Aragonais principalement), de Turkmènes et de Kurdes. Le siège durera 8 ans et se poursuivra jusqu’à l’assassinat du souverain, des mains d’un des eunuques de son harem, en 1307.

Jusqu’à l’avènement d’Abu al-Hasan ben Uthman en 1331, la dynastie est marquée par une forme de décadence dont les signes principaux sont la multiplication des querelles de succession, des révoltes populaires et des soulèvements militaires. En 1331 donc, Abu al-Hasan ben Uthman succède à son père, quelques mois seulement après avoir obtenu son pardon. Rapidement, l’obsession de ses aînés pour Tlemcen le rattrape. Il entame un nouveau siège sur la ville qui s’avèrera vain. Il évince ceux qui dans son entourage familial le jalousent mais sait faire preuve d’une grande dextérité dans sa gestion des ambitions tribales. Tlemcen tombe enfin en 1337. Abu al-Hasan ben Uthman est auréolé de gloire. Cette victoire lui ouvre la voie du Maghreb médian mais avant de s’engouffrer dans cette brèche ouverte en direction d’Ifriqiya, le souverain tient à venger la mort de son fils Abu Malik, surpris par les Castillans après son succès à Gibraltar en 1333. La bataille de Tarifa, le 30 octobre 1340 se solde par une lourde défaite qui signera la fin définitive des ambitions marocaines en terre espagnole.

Sept années plus tard, le sultan et ses armées parviennent à soumettre l’Ifriqiya. L’année suivante pourtant, les Mérinides essuient une cuisante défaite à Kairouan. L’écho de la déconvenue est grand, au point que nait et se répand une folle rumeur selon laquelle Abu l’Hassan serait mort au combat. À Tlemcen, Abu Inan Faris est alors intronisé. C’est de sa volonté qu’émanera la construction de la medersa Bou Inania de Fès. Il a d’ailleurs également parachevé la construction de la Medersa Bou Inania de Meknès, entamé par son aîné. Ce dernier tentera un vain retour via Alger puis Sijilmassa. Il est finalement défait et tué par les armées de son fils sur les rives de Oum Errabiaa. Abu Inan Faris, profondément chagriné par ce décès, tentera alors de faire asseoir son autorité sur l’ensemble du royaume, de nouveau fragilisé par la recrudescence des volontés insurrectionnelles. Il s’entoure à ces fins d’Ibn Khaldoun, penseur de génie et véritable précurseur de la sociologie moderne. Son neveu, maître de Fès, est exécuté, mais à l’occasion de ce déplacement au Maroc, c’est Tlemcen qui se soulève. Une intense campagne permet un certain regain de vigueur des Mérinides mais Abu Inan est étranglé des mains d’un de ses vizirs, un certain al-Foudoudi, le 3 décembre 1358, neuf ans seulement après son accession au pouvoir.

Bab el-Mrissa porte de l'arsenal maritime militaire de Salé construit par les Mérinides à la suite de l'attaque de la flotte du roi Alphonse X de Castille en 1260
Medersa Bou Inania de Meknès achevée sous le règne du sultan Abu Inan Faris

L’anarchie est alors à son paroxysme. C’est le premier grand déclin de la dynastie. Chaque vizir tente de porter sur le trône le prétendant le plus faible et manipulable. Les richesses patiemment accumulées par les souverains précédents sont pillées. Un premier prétendant venu de Castille parvient à se soustraire pour un temps à ce diktat des vizirs. Il s’appelle Abû Ziyân Muhammad ben Ya`qûb plus simplement appelé Muhammad ben Yaqub. Reconnu et acclamé dans le nord du Maroc, il règne à partir de 1362 sur un royaume dont seule la moitié nord (de la Tadla aux contreforts méridionaux du Rif) est demeurée loyale à l’autorité mérinide. Tout au long de son bref règne, il tentera de faire évincer un à un les vizirs jugés encombrants mais c’est des mains d’un de ces derniers, le grand vizir Omar, qu’il périra en 1366. Omar désincarcère alors le fils d’Abu l’Hasan, Abu Faris Abd al-Aziz ben Ali ou plus simplement Abd al Aziz. Après avoir réussi le tour de force d’évincer bon nombre de vizirs dont celui qui l’a porté au pouvoir, il parvient à mater le pouvoir parallèle en place à Marrakech (pouvoir dit d’Abou l'Fadel, vaincu en 1368). Il parvient à asseoir son autorité en pays Hintata, puis dans le Souss et à Sijilmassa. En 1370, Tlemcen, où s’était reconstitué le pouvoir abdalwadide, retombe aux mains des Mérinides. Mais deux ans plus tard seulement, il s’éteint. Le royaume est à nouveau scindé en deux, les zaouïas prenant le pouvoir à Marrakech. La peste noire se fait dévastatrice.

S’ensuivent 21 années de déclin durant lesquelles se multiplient les intrigues dynastiques, les coups politiques des différents vizirs, les ingérences nasrides et de vaines tentatives de coups d’éclat militaires face à Tlemcen. Durant les deux périodes de déclin, la pratique de la course se développe, tant dans le Nord, dans les environs de Tanger et Ceuta, que sur la côte atlantique (à Anfa notamment, qui sera d'ailleurs détruite en représailles par les Portugais en 1468). En 1399, alors que le Maroc est en proie à une anarchie des plus totales, le roi Henri III de Castille arme une expédition navale destinée à annihiler la pratique de la course depuis Tétouan. En fait, la ville est non seulement mise à sac mais également totalement vidée de sa population (la moitié est déportée en Castille). En 1415, c’est au tour de Ceuta de tomber aux mains des troupes de Jean Ier, roi du Portugal, lui aussi en croisade contre la course maritime des cités côtières marocaines.

La dynastie mérinide connait un tragique déclin[45]. Abu Said Uthman ben Ahmad dit Abu Said succède à Abu Amir Abd Allah dans des circonstances troubles. Prince taciturne, il se tourne à nouveau vers Tlemcen. Mais le vent a tourné et Abou Malek, souverain abdalwadide, pétri de haine à l’encontre des maîtres de Fès, parvient à prendre la ville et impose un souverain fantoche. Les documents concernant cette période sont très flous et se contredisent. Toujours est-il que Abu Muhammad Abd al-Haqq succède à Abu Said alors qu’il n’a qu’un an (1421). Cette accession au trône appela bien sûr une régence. Les vizirs wattassides s’avèreront incontournables.

Wattassides (1471-1554)

Articles détaillés : Dynastie Wattasside et Maroc portugais.
Le Maroc au début du XVIe siècle : en rouge, le domaine des Wattasides ; en rose, les vassaux des Wattassides

Les Wattassides, Ouattassides ou Banû Watâs, sont une tribu de Berbères zénètes comme les Mérinides. Cette tribu, qui serait initialement originaire de l'actuelle Libye, était établie dans le Rif, au bord de la Méditerranée. De leur forteresse de Tazouta, entre Melilla et la Moulouya, les Beni Wattas ont peu à peu étendu leur puissance aux dépens de la famille régnante mérinide (voir l'article détaillé sur les Wattassides).

Ces deux familles étant apparentées, les Mérinides ont recruté de nombreux vizirs chez les Wattassides. Les vizirs wattassides s'imposent peu à peu au pouvoir. Le dernier sultan mérinide est détrôné en 1465. Il s'ensuit une période de confusion qui dure jusqu'en 1472. Le Maroc se trouve coupé en deux, avec à Marrakech les émirs Hintata auxquels succède la dynastie arabe émergente des Saadiens, et à Fès le sultanat wattasside déclinant. Plus au nord, à Tétouan et à Chaouen, apparaît une principauté à dominante andalouse peuplée par les réfugiés du royaume de Grenade (conquis par les Espagnols catholiques en 1492) et dirigée par une femme nommée Sayyida al-Hurra[46]. Sayyida al-Hurra (ou Sitt al-Hurra) mène une lutte implacable contre les Portugais qui occupent Ceuta depuis 1415, et contracte une alliance matrimoniale avec les Wattassides en épousant le sultan Abu al-Abbas Ahmad ben Muhammad. Sur le plan stratégique elle joint ses forces à celles de l'amiral turc Arudj Barberousse qui lutte contre les Espagnols en Méditerranée occidentale.

En 1472, les sultans wattassides ont perdu tous leurs territoires d'importance et ne contrôlent plus la rive marocaine du détroit de Gibraltar. Les Portugais prennent possession de Tanger en 1471 puis cèdent la ville à l'Angleterre en 1661 comme dot apportée par Catherine de Bragance à son époux Charles II d'Angleterre. Durant la domination portugaise (1471-1661, avec un intermède espagnol entre 1580 et 1640), Tanger constitue la capitale de l'Algarve d'Afrique, car il existe alors deux Algarves, celle d'Europe et celle d'Afrique, toutes deux considérées comme territoires relevant personnellement de la dynastie d'Aviz puis de la dynastie de Bragance (le roi du Portugal porte aussi le titre de roi des Algarves). Durant la domination anglaise, Tanger est une place forte stratégique, dotée d'un statut spécial et élisant des représentants à la Chambre des communes à Londres, mais l'entretien d'une garnison importante se relève trop coûteux aux yeux de l'opinion anglaise[47]. Cela pousse Charles II à faire évacuer la place, qui est prise par les troupes marocaines du sultan Moulay Ismail en 1684.

Citerne aux voûtes gothiques, construite par les Portugais à El Jadida (Mazagan) en 1514
Vue de Safi au XVIe siècle

Sous les règnes successifs d'Alphonse V, Jean II et Manuel Ier (période marquant l'apogée de l'expansion portugaise) l'Algarve africaine englobe presque tout le littoral atlantique marocain, à l'exception de Rabat et de Salé. Les Portugais contrôlent la portion côtière s'étendant de Ceuta à Agadir et à Boujdour, avec pour points de jalon les places fortes de Tanger, Asilah, Larache, Azemmour, Mazagan, Safi et Castelo Real de Mogador. Ces possessions forment des fronteiras, équivalent portugais des presidios espagnols, et sont utilisées comme escales sur les routes maritimes du Brésil et de l'Inde portugaise. Néanmoins la plus grande partie du Maroc portugais est reconquise par les Saadiens en 1541. La dernière fronteira de la Couronne lusitane est Mazagan, récupérée par les Marocains en 1769. Les Espagnols pour leur part s'attribuent la côte méditerranéenne avec les présides de Melilla et le rocher de Vélez de la Gomera, ainsi que la région de Tarfaya faisant face aux îles Canaries. Ils prennent également le contrôle de Ceuta à l'issue de la débâcle portugaise à la Bataille des Trois Rois qui se solde par l'Union ibérique (1580)[48].

De cette époque émerge la figure étonnante de Mustapha Zemmouri, plus connu sous le nom d'Estevanico (ou Esteban le Maure), Marocain natif d'Azemmour revendu par les Portugais comme esclave à Andrés Dorantes de Carranza, et qui s'illustre par son exploration de l'Amérique du Nord dans les rangs des conquistadors espagnols au début du XVIe siècle[49].

Les Wattassides affaiblis donnent finalement le pouvoir à une dynastie se réclamant d'une origine arabe chérifienne (les Saadiens) en 1554.

Liens avec Al-Andalus

« Cour des Lions » de l'Alhambra à Grenade, le palais des sultans nasrides qui eurent d'étroites relations avec les Mérinides
La ville de Chefchaouen dans le nord du Maroc fut peuplée par des populations andalouses fuyant la disparition du royaume de Grenade en 1492

En 1492, sept siècles après la conquête musulmane de la péninsule Ibérique, le dernier royaume musulman en Espagne, Grenade, est reconquis par les rois catholiques.

Dès le début des succès de la Reconquista au XIIe siècle, certains Andalous avaient commencé à se replier vers le Maroc ; mais la majorité d'entre eux a été contrainte de quitter l'Espagne principalement en deux temps : à la chute de Grenade en 1492, et en 1609 avec l'expulsion des Morisques. Par ailleurs les ultimes descendants de la dynastie nasride menés par Boabdil se réfugièrent à Fès après la chute du dernier royaume musulman andalou de Grenade.

L'exode de ce peuple, que le pays devra intégrer dans ses tissus sociaux et économiques, va marquer un nouveau tournant dans la culture, la philosophie, les arts et la politique. L'immigration andalouse sera plus délicate dans certaines villes marocaines. Ils vont soit habiter dans d'anciennes cités, soit en construire de nouvelles ; néanmoins, les Andalous se sont principalement installés dans le nord du pays, comme à Tanger, Tétouan, Oujda, Chefchaouen, mais aussi à Rabat, Salé et Fès.

Les Moriscos installés à Rabat (dite Salé-le-Neuf) et Salé (aussi dite Salé-le-Vieil) formèrent une république corsaire vivant de courses commerciales fructueuses qui les emmenèrent à négocier avec de nombreux États (Espagne, Portugal, France, Angleterre, Hollande) ; le succès de ces courses commerciales rentables créa des jalousies en Occident.

Dynastie des Saadiens

L'Empire saadien à son extension maximale (fin du XVIe siècle)
Tombeau des sultans saadiens à Marrakech
Pavillon saadien des jardins de la Ménara à Marrakech

Les Saadiens, appelés parfois Zaydanides[50], constituent une dynastie arabe chérifienne originaire de la vallée du Draâ. Elle arrive au pouvoir en 1511 avec le sultan Muhammad al-Mahdi al-Qaim bi-Amr Allah et choisit Marrakech pour capitale définitive après Taroudant. À partir de 1554 elle contrôle entièrement le Maroc, alors que le Maghreb central et oriental est sous la domination des Ottomans. Mohammed ech-Cheikh est un adversaire résolu du sultan-calife ottoman Soliman le Magnifique. Pour conjurer la menace exercée par les gouverneurs turcs d’Alger, le sultan saadien n’hésite pas à chercher l’alliance des Espagnols qui occupent Oran et lui permettent de s’emparer de la région de Tlemcen.

Cependant en 1554 les troupes turques de Salah Raïs bousculent le dispositif saadien établi autour de Tlemcen, et poussent l'offensive jusqu'à Fès avec l'intention d'occuper la moitié nord du Maroc et de l'incorporer à l'Empire ottoman[51]. Alors que l'armée commandée par le pacha d'Alger s'apprête à pénétrer dans la vallée du Sebou, une sortie des forces espagnoles du comte d'Alcaudete, gouverneur d'Oran, oblige les Ottomans à évacuer précipitamment leur éphémère conquête marocaine et à revenir défendre l'Ouest algérien menacé par les Espagnols. Ce retrait turc est profitable aux Saadiens qui récupèrent ainsi Fès et les marches orientales du nord-est marocain. Charles Quint a également évité de voir les Ottomans atteindre la rive sud du détroit de Gibraltar et devenir ainsi des voisins directs de l'Espagne[52].

L'alliance stratégique hispano-saadienne a montré ainsi son efficacité. Mais la diplomatie pro-espagnole de Mohammed ech-Cheikh lui vaut l’inimitié tenace de la Sublime Porte. En effet, en 1557 des assassins à la solde du beylerbey d’Alger Hassan Pacha décapitent le sultan marocain et envoient sa tête en trophée à Istanbul, où Soliman la fera accrocher aux remparts de la forteresse du Bosphore[53]. Ce meurtre n’a cependant pas d’incidence sur le front militaire et consolide même les assises de la dynastie saadienne.

Le sultan Ahmad al Mansour, dont le règne (1578-1603) marque l’apogée de la dynastie saadienne.
Le sultan ottoman Mourad III, qui aida les princes saadiens Abd al-Malik et Ahmed (futur al-Mansour) à reconquérir le trône du Maroc contre Mohammed el-Mottouakil en 1576
Tombouctou, grande cité des Songhaï conquise par les Saadiens, capitale du pachalik du Soudan marocain à partir de 1591

L’influence ottomane qui caractérise pourtant ensuite l'évolution de l'État saadien[54] s’explique par l’exil des princes Abu Marwan Abd al-Malik et Ahmed (futur Ahmed al-Mansur Saadi) à Alger et à Istanbul durant le règne de leur demi-frère Abdallah el-Ghalib qui avait voulu les éliminer afin d’être l’unique représentant de la dynastie. Le soutien du sultan ottoman Murad III aux prétentions des deux princes saadiens peut paraître paradoxal en raison des conflits permanents entre Marocains et Turcs, mais Abd al-Malik puis son frère savent exploiter intelligemment cet appui pour récupérer le trône en 1576 et éliminer leur neveu Mohammed el-Mottouakil (fils d’al-Ghalib) qui de son côté s’était allié au Portugal. La mort de Murad III en 1595 met fin par ailleurs aux appétits hégémoniques de la Sublime Porte et renforce ainsi l’indépendance marocaine[55].

Si les Turcs sont surtout présents dans l’état-major et dans l’artillerie, l’essentiel de l’armée saadienne est composée de renégats d'origine européenne et de tribus militaires arabes Cheragas ainsi que de contingents du Souss (les Ehl el-Souss, constituant l’ossature militaire de la dynastie)[56]. Cette force considérable, estimée à 40 000 hommes par l’historien Henri Terrasse[57], fait du sultan Ahmed al-Mansur le plus puissant chef politique et militaire de cette partie de l’Afrique. Il le prouve en lançant un de ses plus brillants officiers, le général Djoudar Pacha, à la conquête de l’Empire songhaï du Mali qui devient après la bataille de Tondibi et la défaite des Songhaï, le pachalik marocain de Tombouctou et du Bilad as-Sûdan (le Soudan occidental situé autour du fleuve Niger, par opposition au Soudan oriental où coule le Nil), incluant les prestigieuses cités de Gao et de Djenné. Sur le plan religieux, la primauté du califat saadien est reconnue jusqu’au Tchad par Idriss III Alaoma, roi du Kanem et du Bornou[58]. Cette allégeance spirituelle marque une victoire indéniable pour le sultan al-Mansur sur la scène africaine au détriment de l’Empire ottoman qui entendait user également de son statut de puissance religieuse califale auprès des royaumes musulmans du Sahel.

Marrakech retrouve une partie de sa gloire de l'époque almohade. Les sultans font bâtir des médersas (la célèbre medersa Ben Youssef), des mosquées, réaménagent les jardins (comme celui de la Ménara), mais c'est surtout le fabuleux palais El Badi, réalisé en matériaux précieux, qui contribue au rayonnement de la capitale saadienne et à la réputation fastueuse de la dynastie. L'attrait culturel pour le Maroc s'exprime jusqu'en Europe avec les écrits d'Agrippa d'Aubigné et ceux de Montaigne[59], mais aussi avec William Shakespeare et son Othello. Ahmed al-Mansur, qui maîtrise parfaitement l'italien (appris au cours de son exil de jeunesse à Alger), entretient une correspondance avec Élisabeth Ire d'Angleterre, Henri III et Henri IV, et se montre fort intéressé par les avancées techniques de l'Occident. Le prestige des Saadiens auprès des chancelleries européennes remonte à la Bataille des Trois Rois à Ksar El Kébir le 4 août 1578, au cours de laquelle l'armée du sultan Abdelmalik met en déroute la croisade du roi Sébastien Ier du Portugal, marquant ainsi la fin définitive de l'hégémonie portugaise sur la façade atlantique du Maghreb.

Dynastie des Alaouites

Article détaillé : Dynastie alaouite.
Porte de Bab Mansour el Aleuj dans la Cité impériale de Meknès, achevée en 1732.
Moulay Rachid, premier sultan de la dynastie alaouite en 1664
Moulay Ismail, sultan du Maroc de 1672 à 1727.
Abdellah Benaïcha ambassadeur du Maroc auprès de Louis XIV, à Paris en 1699

Les Alaouites (al-Alaouiyoune) (à ne pas confondre avec les Alaouites de Syrie), sont au pouvoir au Maroc depuis le XVIIe siècle. D'après la légende les Alaouites descendent de Mohamed Nefs Zakiya (« Âme Pure »), lui-même fils de Abdallah El-Kamil, fils de Hassan El-Mouthanna, fils de Hassan Sibt, fils aîné d'Ali Ibn Abi Talib, gendre et cousin du prophète de l'islam, Muhammad. Mohamed Nefs Zakya fut proclamé Mahdi en 737 et tué au combat en 762. Théologien éminent, il a laissé la réputation d'un saint homme et vécut sous le règne du calife Al-Mansour. Les Chérifs alaouites se disent originaires de Yanboâ an-Nakhil, une oasis située dans la péninsule Arabique, appelés à venir au Maroc par de nobles pèlerins berbères du Tafilalet au XIIIe siècle : Hassan Dakhil, se réclamant 21e descendant du prophète Mahomet, 17e descendant de Nefs Zakya, se serait installé alors en 1266 à Sijilmassa. Son 5e descendant, Moulay Mohamed ben Cherif, est le père du premier sultan de la dynastie alaouite, Moulay Rachid ben Chérif.

Lointains descendants d’Ali, gendre du Prophète, les Alaouites gouvernent aujourd’hui encore le Royaume du Maroc. Originaires du Tafilalet, le fondateur de leur dynastie n’est autre que Moulay Ali Cherif qui, en 1631 règne comme émir indépendant sur sa région natale. Après sa mort prématurée en 1636, son successeur Moulay Mohammed Ier décide de reprendre les rênes et continue ce que son père avait commencé. Organisateur méticuleux et fin stratège, il va prendre graduellement le pouvoir aux Saadiens en plein déclin depuis la mort d'al-Mansur en 1603. Son frère, Moulay Rachid, va l’aider dans cette tâche en s’emparant du Rif, de Taza et de Fès, puis de la république des corsaires de Salé. Les rivaux potentiels, comme la puissante zaouïa de Dila dans le Tadla, et le royaume soufi du Tazeroualt dirigé par les Semlalides, États locaux à base théocratique et tribale, sont vaincus et soumis. Moulay Rachid devient sultan du Maroc en 1666 et écrase les révoltes qui sévissent encore à Marrakech. Une chute de cheval qui lui est fatale projette son successeur, Moulay Ismail, à la tête du sultanat en 1672.

Cette date rime avec autorité, le nouveau sultan purge à coups de sévères répressions toute forme d’opposition à son régime. Ce qui permettra enfin à l'Empire chérifien d'accéder à la puissance, à la sécurité et à la crédibilité auprès de ses partenaires et de ses adversaires étrangers. Moulay Ismaïl forme une grande armée composée essentiellement d'esclaves-soldats noirs originaires d'Afrique de l'Ouest, (les Abid al-Bukhari, équivalent marocain des janissaires et des mamelouks de l'Empire ottoman) et de soldats issus de tribus militaires arabes (tribus guich) comme les Oudayas. Grâce à cette force dont l'effectif atteint 150000 hommes[60] Ismaïl mène une guerre continuelle contre les tribus rebelles du Moyen et du Haut-Atlas (qu'il finit par soumettre) mais aussi contre les ennemis extérieurs : les Espagnols qui occupent Larache et Assilah, les Anglais de la colonie britannique de Tanger jusqu'en 1684, et les Turcs de l'Algérie ottomane voisine qui convoitent incessamment Oujda et les provinces orientales. Le sultan étend l'autorité chérifienne sur la Mauritanie jusqu'au fleuve Sénégal grâce au concours des émirs maures et hassanis de l'Adrar, du Trarza et du Brakna, réaffirmant la souveraineté du makhzen sur le pays de Bilad Chenguitt. À l'est, les oasis du Touat reconnaissent l'autorité du pouvoir central de Meknès. Durant les années 1700, Ismaïl livre également des campagnes militaires contre quelques-uns de ses propres fils désireux de se tailler des principautés dans le Souss, à Marrakech et dans l'Oriental.

De 1727 à 1757 le Maroc connaît une grave crise dynastique au cours de laquelle les Abids font et défont les sultans, tandis que les tribus guich se soulèvent et razzient les villes impériales. Les autres tribus profitent de l'anarchie pour entrer en dissidence (siba). De cette période troublée émerge la personnalité du sultan Abdallah II, renversé et rétabli à plusieurs reprises entre 1729 et 1745. Sa mère la sultane douairière Khnata bent Bakkar, veuve de Moulay Ismail issue de l'une des plus prestigieuses tribus des provinces sahariennes, joue alors un rôle prédominant de régente et tente de préserver les institutions fondamentales de l'Empire[61]. Abdallah doit subir les sécessions de ses demi-frères qui fondent des quasi-royaumes dans chacune des provinces qu'ils contrôlent (Gharb, Fès, Marrakech, Tafilalt), avec l'appui des différentes factions armées des Abids ou des guich. Les habitants de Salé et de Rabat renouent avec l'autonomisme corsaire, tandis que dans le Nord les pachas de la famille Rifi établissent une véritable dynastie qui contrôle Tanger et Tétouan. Les puissantes confédérations tribales berbères naguère soumises au makhzen ismailien, comme les Aït Idrassen et les Guerrouanes, rentrent en dissidence politique et s'emparent du trafic caravanier qui relie les centres commerciaux de l'Empire chérifien aux oasis sahariennes et au Soudan marocain. Les gouverneurs de Tombouctou se comportent également en princes indépendants et font reculer l'autorité marocaine dans la région de la boucle du Niger en traitant séparément avec les Touaregs et les Peuls.

Lettre de George Washington adressée à Mohammed III à l'occasion du traité de paix et d'amitié maroco-américain signé à Marrakech en 1787.
Mohammed III sultan de 1757 à 1790
Mosquée de Sidi Ahmed Tijani construite à Fès sous le règne du sultan Moulay Sulayman (1792-1822)

L'ordre est rétabli par Mohammed III (1757-1790) qui restaure l'unité du sultanat et l'autorité du makhzen. La politique de Mohammed III se caractérise par l'ouverture diplomatique et commerciale de l'État marocain qui entend percevoir les taxes douanières afin d'alléger la pression fiscale intérieure[62]. Des traités sont conclus avec les principales puissances européennes (royaume de France, Royaume de Grande-Bretagne, royaume d'Espagne, royaume de Naples, république de Venise, royaume de Suède, Autriche), qui entretiennent des consulats et des compagnies de commerce dans les ports marocains fondés par Mohammed III. L'exemple le plus connu des nouvelles places économiques est Mogador (Essaouira), entièrement crée et conçue par l'ingénieur français Théodore Cornut pour le compte du souverain chérifien. Les ports d'Anfa (Casablanca) et de Fédala (Mohammédia) sont également aménagés et symbolisent le développement du littoral atlantique, libéré de toute occupation étrangère après la reconquête de Mazagan qui marque la fin définitive du Maroc portugais en 1769. Mohammed III est également le premier chef d'État à reconnaître l'indépendance des États-Unis en 1777. Le sultan établit une amitié épistolaire avec George Washington[63], ce qui vaut aux États-Unis, en vertu de la "politique de la porte ouverte", de conclure avec le Maroc un traité de paix, d'amitié et de commerce le 16 juillet 1786 (pour une durée de cinquante ans, renouvelé par le traité de Meknès de 1836)[64].

Moulay Sulayman (1792-1822) mène une politique isolationniste, à l'inverse de Mohammed III. Le sultan ferme le pays au commerce étranger, notamment européen, et supprime les postes de douane créés par son père. Sur le plan interne ses dahirs d'inspiration ouvertement salafiste provoquent des révoltes tribales et urbaines, liées à sa décision d'interdire les moussems et le maraboutisme. Les Berbères du Moyen-Atlas, notamment les Aït Oumalou, se regroupent sous la direction du chef de guerre Boubker Amhaouch et forment une grande coalition tribale à laquelle se joignent même les Rifains et la puissante zaouïa d'Ouezzane[65]. Durant les années 1810, l'armée makhzen essuie ainsi de lourdes défaites entraînant la chute de Fès et le repli du sultan sur les provinces côtières qui lui sont restées loyales. Les tribus insurgées et la ville de Fès vont jusqu'à essayer d'imposer les princes Moulay Ibrahim et Moulay Saïd, fils de l'ancien sultan Yazid et neveux de Sulayman sur le trône chérifien, mais finissent par échouer dans leur tentative de changement du pouvoir[66].

Sur le plan extérieur, le sultan parvient à écarter les tentatives de pression exercées par Napoléon Ier et par son frère Joseph Bonaparte intronisé roi d'Espagne à Madrid, proches voisins de l'Empire chérifien depuis l'occupation de la péninsule Ibérique par les troupes françaises en 1808, et affiche une neutralité bienveillante à l'égard des Britanniques qui occupent les présides espagnols du Maroc depuis 1808. Sulayman noue des relations diplomatiques avec Saoud ben Abdelaziz, prince de l'Émirat saoudien du Najd en Arabie, manifestant un intérêt certain pour le salafisme wahhabite en pleine progression[67]. Ce rapprochement stratégique s'explique par les affinités anti-ottomanes communes au souverain alaouite et à l'émir saoudien, ainsi que par les sensibilités religieuses salafistes du sultan chérifien[68]. Profitant de sa campagne militaire contre les Ottomans d'Algérie, Moulay Sulayman parvient à expulser définitivement les troupes turques du bey de Wahran qui occupaient le Maroc oriental depuis 1790, et à rétablir ainsi son pouvoir sur le Touat et les autres oasis du Sahara central, en y nommant des caïds représentants du makhzen.

Moulay Abd ar-Rahman, sultan de l'Empire chérifien, devant son palais de Meknès par Eugène Delacroix (1845)

Le sultan finit néanmoins par abdiquer en 1822 au profit de son neveu Abd ar-Rahman ibn Hicham, après la lourde défaite infligée à l'armée makhzen par la zaouia Cherradia près de Marrakech[69]. Moulay Abd ar-Rahman (1822-1859) essaie de sortir l'Empire chérifien de son isolement extérieur, mais ses volontés sont contrecarrées par les premières agressions du colonialisme européen moderne. Le règne de ce sultan correspond en effet à la conquête de l'Algérie par la France, dans laquelle le Maroc se trouve impliqué en apportant son soutien à l'émir Abd el-Kader mais se retrouve défait à la bataille d'Isly (campagne militaire française du Maroc de 1844). La fin du règne est également assombrie par la guerre hispano-marocaine de 1859-1860, suscitée par des incidents entre la garnison de Ceuta et la tribu des Anjra, et qui s'achève par l'occupation espagnole de Tétouan jusqu'en 1862.

Caftan marocain du XIXe siècle

À la suite de ce conflit catastrophique pour le makhzen, qui doit payer aux Espagnols une indemnité de guerre de plusieurs millions de livres sterling empruntés auprès des banques britanniques, Mohammed IV (1859-1873) successeur de Moulay Abd al-Rahman amorce une politique de modernisation de l'Empire chérifien. L'armée est le premier champ de ces réformes structurelles. Le système des tribus guich est aboli et remplacé par un recrutement au sein de toutes les tribus nouaïbs (soumises à l'impôt régulier) qui sont tenues de fournir des tabors (unités) d'askars (soldats). Leur formation est confiée à des conseillers militaires turcs puis européens, à l'instar de l’Écossais Sir Harry Mac-Lean (nommé caïd pour avoir crée un régiment d'élite sur le modèle britannique[70]), et l'armement est acheté auprès d'entreprises étrangères telles que la firme Krupp[71](ce qui marque le début de l'ingérence allemande dans les affaires marocaines), quand il n'est pas fabriqué localement. En 1871 le sultan envisage de demander la protection politique et militaire des États-Unis du président Ulysses S. Grant sortis de leur guerre de Sécession, afin de se soustraire aux pressions anglo-espagnoles[72].

Combats entre cavaliers espagnols et marocains durant la guerre de 1860
Hassan Ier, sultan de 1873 à 1894

Parallèlement à cette modernisation de l'armée, des industries sont créées, comme l'arsenal de Dar al-Makina fondé à Fès par des Italiens[73], des progrès techniques sont enregistrés comme l'installation de la première imprimerie arabe du Maroc, également à Fès depuis 1865. Mais cette politique entraîne de considérables dépenses qui nécessitent d'importants financements. Le makhzen, ruiné par les conséquences de la guerre de 1860 contre l'Espagne et par les emprunts bancaires contractés auprès des Anglais, se voit donc contraint de lever des taxes supplémentaires non conformes à la Loi islamique, rapidement impopulaires et désapprouvées par les oulémas et l'ensemble des corps sociaux et professionnels. Les tensions liées à cette décision éclatent au lendemain de la mort de Mohammed IV et à l'avènement de son successeur Hassan Ier en 1873. Elles prennent dans les villes la forme d'émeutes sociales violemment réprimées, dont la révolte des tanneurs de Fès est un exemple illustratif[74]. Le règne de Hassan Ier correspond à la volonté du sultan de concilier les exigences d'une modernisation de l'État aux complexités sociales et politiques du Maroc. Ce règne s'inscrit de plus dans la perspective des rivalités impérialistes européennes qui deviennent plus pressantes encore à la suite de la Conférence de Madrid de 1880, qui préfigure le futur partage de l'Empire chérifien sur l'échiquier international. À l'instar de la Turquie, de l'Iran ou de la Chine de cette époque, le Maroc devient un homme malade selon l'expression consacrée dans les milieux colonialistes et expansionnistes européens du XIXe siècle[75].

Par le biais des concessions économiques et du système des emprunts bancaires, chacune des puissances européennes intéressées, notamment la France, l'Espagne, le Royaume-Uni puis l'Allemagne, espère préparer la voie à une conquête totale du pays. L'habileté du makhzen est de savoir tenir à distance les convoitises conjuguées de l'impérialisme européen et de jouer des rivalités entre les puissances. Mais le décès de Hassan Ier, survenu au cours d'une expédition dans le Tadla en 1894, laisse le pouvoir au très jeune Abd-al-Aziz, fils d'une favorite circassienne du harem impérial du nom de Reqiya et originaire d'Istanbul[76], qui par ses intrigues et son influence favorise l'ascension du grand vizir Ahmed ben Moussa dit Bahmad[77].

La mort de Hassan Ier en 1894, à la une du Journal illustré.
Abd al Aziz, sultan de 1894 à 1908

Une véritable régence est alors exercée jusqu'en 1900 par le grand-vizir Bahmad ben Moussa, issu de l'ancienne corporation des Abid al-Bukhari du Palais impérial. Le grand-vizir sait continuer intelligemment la politique pragmatique de Hassan Ier, mais sa disparition entraîne une aggravation de l'anarchie et des pressions étrangères, de même qu'une rivalité entre Moulay Abd al-Aziz et son frère Moulay Abd al-Hafid, khalifa du sultan à Marrakech, rivalité qui finit par générer une guerre de course au pouvoir. Après la victoire d'Abd al-Hafid sur Abd al-Aziz (qui est exilé sous la protection des troupes françaises qui occupent Casablanca et sa région depuis 1907), des intellectuels réformateurs influencés par la révolution des Jeunes-Turcs dans l'Empire ottoman et par la Nahda venue d'Égypte et du Levant, et dont les idées sont exprimées par le journal tangérois Lisan Al-Maghrib, tentent de soumettre au nouveau sultan un projet de Constitution chérifienne le [78]. Cependant la crise profonde des institutions du sultanat et la pression accrue de l'impérialisme européen rendent impossible l'aboutissement du projet constitutionnel.

La faiblesse du makhzen permet en outre à un aventurier du nom de Jilali Ben Driss plus connu comme étant le rogui Bou Hmara de se faire passer pour un fils de Hassan Ier, de se faire reconnaître comme sultan dans l'ensemble du nord-est du pays et de mettre en déroute l'armée chérifienne pendant quelques années avant d'être finalement capturé et exécuté à Fès en 1909. Un autre rebelle, el-Raisuni, établit son fief dans la région des Jebalas et provoque par ses enlèvements de ressortissants américains l'intervention du président des États-Unis Theodore Roosevelt, qui menace le makhzen d'envoyer des navires de l'US Navy débarquer des troupes pour occuper Tanger[79]. La libération des otages évite une invasion américaine, dans un contexte international tendu marqué par la rivalité entre la France et l'Allemagne au sujet de l'avenir du Maroc.

Protectorats français et espagnol du Maroc (1912-1956)

En 1906, la Conférence d’Algésiras place le Maroc sous contrôle international et accorde à la France des droits spéciaux[80]. Ces droits sont néanmoins contestés par l'Allemagne de Guillaume II, qui convoite l'Empire chérifien et se heurte aux appétits français : affaires marocaines de la crise de Tanger et du coup d'Agadir en 1905 et 1911 : à Tanger le Kaiser vient prononcer un discours orienté contre la France, tandis qu'à Agadir la marine impériale allemande est sur le point de débarquer des troupes, ce qui provoque l'émoi dans toute l'Europe[81].

Carte du Maroc après le Traité de Fès de 1912, l'Empire chérifien est divisé en plusieurs zones de domination, française, espagnole et internationale.
Propagande coloniale : « La France va pouvoir porter librement au Maroc la civilisation, la richesse et la paix. »

À la suite du traité conclu entre la France et le Maroc le 30 mars 1912, pour l'organisation du Protectorat français dans l'Empire chérifien, le Nord et le Río de Oro sont attribués à l'Espagne, tandis que les régions centrales avec leurs villes principales et la côte atlantique où se situent les grands ports reviennent à la France. Dans le système de protectorat, le sultan et le makhzen traditionnel sont maintenus, mais le pouvoir appartient en réalité au résident général et au haut-commissaire, qui représentent respectivement la puissance de tutelle française à Rabat et espagnole à Tétouan. La ville de Tanger constitue une zone internationale gouvernée par une commission où siègent les États-Unis et les pays européens possédant des intérêts dans l'Empire chérifien. Ce système est contesté par le mouvement national marocain à partir des années 1930, et surtout à l'issue de la Seconde Guerre mondiale. Par ailleurs, l'ensemble du territoire marocain n'est soumis aux puissances coloniales qu'à l'issue d'une longue guerre de conquête, dite pacification du Maroc, qui s'échelonne de 1907 à 1934. De 1921 à 1926 la guerre du Rif menée par Abdelkrim El Khattabi contre l'Espagne et la France connaît un retentissement planétaire.

Immeuble de la période du protectorat français à Casablanca

En 1943, après le débarquement des forces américaines en Afrique du Nord, Casablanca abrite une grande conférence alliée qui décide d'obtenir la reddition inconditionnelle de l'Axe Rome-Berlin-Tokyo et d'ouvrir de nouveaux fronts en Europe occidentale pour soulager l'Union soviétique de la pression militaire nazie (voir Conférence de Casablanca).

Le Maroc accède officiellement à l'indépendance en 1956, après les sursauts d'une lutte de plus en plus rude entre les autorités coloniales et le mouvement national. Ce contexte de rapport de force culmine avec la déposition et l'exil du sultan Mohammed Ben Youssef par la résidence générale française en 1953, avant son retour qui met fin au cycle de violences et prépare l'indépendance du pays à travers les accords d'Aix-les-Bains en 1955[82].

Le Maroc indépendant (1956 à 2011)

Le Maroc se trouve confronté dès lors à de nombreux enjeux d'ordre politiques, économiques et sociaux (parachèvement de l'intégrité territoriale, stabilisation de la situation intérieure, indépendance économique, reconnaissance internationale). En 1961, le décès de Mohammed V, qui a été le dernier sultan de l'Empire chérifien et le premier roi du Maroc moderne (le titre de roi remplace celui de sultan en 1957), laisse le trône à son fils Hassan II qui doit relever dès lors un ensemble de défis, consolider son pouvoir et assurer la place du Maroc dans le contexte mondial de la guerre froide et de la décolonisation.

Maroc, 50 Dirhams à l'effigie du roi Hassan II et 1399 anniversaire de la Marche Verte

En 1963, lors de la Guerre des sables, le Maroc et l'Algérie nouvellement indépendante s'opposent pour le contrôle des régions des confins situées entre Figuig et Tindouf. Le pays est marqué en 1965 par les émeutes de Casablanca, et par la disparition du leader de l'opposition de gauche et chef de file du tiers-mondisme Mehdi Ben Barka (enlevé à Paris en collaboration avec le pouvoir monarchique marocain et les services secrets français), ce qui conduit à la proclamation de l’état d’exception jusqu’en 1970. Les deux ans qui suivent connaissent deux coups d’État militaires avortés — dits « de Skhirat » (1971) et « des aviateurs » (1972) —, entre lesquels la Constitution a été modifiée. En novembre 1975, l’ensemble des partis politiques joignent leurs efforts avec le souverain dans son projet de la Marche Verte pour la récupération des Provinces du Sud dans l'ancien Sahara espagnol. Au fil du temps, le royaume retrouve sa stabilité politique. Durant les deux dernières décennies du XXe siècle, une succession d'années de sécheresses ainsi que le plan d'ajournement structurel imposé par le Fonds monétaire international entraînent une crise économique et sociale très profonde.

Un gouvernement d'alternance mené par Abderrahman el-Youssoufi de l'USFP est formé à la suite des élections législatives de 1997. Après le décès de Hassan II en juillet 1999, Mohammed VI accède au trône.

Douze années après le début du règne, le Maroc est touché en 2011 par les remous du Printemps arabe et connaît une série de manifestations populaires. Le roi fait alors approuver une nouvelle Constitution par référendum. Les élections législatives qui s'ensuivent sont remportés par les islamistes modérés du PJD, qui forment un nouveau gouvernement de coalition avec d'autres partis politiques, mené par Abdel-Ilah Benkiran.

Le Maroc depuis 2011

Le Maroc post-révolutions arabes, a vu l'émergence d'une islamisation poussée de la société grâce aux habitudes de vote des Marocains.

Largement déçus et désabusés par les élections truquées sous le règne d'Hassan II, les Marocains « éduqués » ont pris l'habitude de ne plus aller voter. Pour obtenir le pouvoir, le parti islamiste a su profiter des troubles pour réaliser du prosélytisme religieux lors des précédentes élections en faisant diffuser auprès des croyants l'idée que voter « contre le parti représentant l'islam » était un péché. Une loi a été votée par la suite pour empêcher à nouveau cette dérive, mais interdisant seulement aux Imams d'avoir des activités politiques.

Le PJD au pouvoir, majoritairement islamiste, a poursuivi les prises de positions idéologiques sous prétexte de religion pour justifier son action anti-constitutionnelle.

Le gouvernement mené par Abdel-Ilah Benkiran n'a jamais appliqué les réformes constitutionnelles votées par le peuple lors du référendum.

Dans son préambule, la Constitution du Maroc établit les principes même d'un État respectant les droits de l'homme, les libertés individuelles et la liberté de religion. Ces nouveaux droits n'ont pas été transcrits dans le code pénal, rendant celui-ci inconstitutionnel et permettant au pouvoir en place de poursuivre la politique de restriction des libertés individuelles.

Une réforme du code pénal en cours, pilotée par le parti islamiste, prévoit un durcissement des lois et une plus grande restriction dans les libertés individuelles.

L'ensemble des libertés individuelles telles que décrites dans la Constitution sont toujours pénalement répréhensibles.

Géographie

Article détaillé : Géographie du Maroc.
Carte topographique du pays
Lagune de Marchica (Nador)

Le Maroc est un pays du nord-ouest de l'Afrique. Sa longue côte donnant sur l'océan Atlantique se termine au-delà du détroit de Gibraltar sur la Méditerranée. Au sud du Maroc se trouve le territoire contesté Sahara occidental, revendiqué et contrôlé en grande partie par le Maroc. À l'est et au sud-est, le Maroc est limitrophe de l'Algérie. À quelque distance de la côte atlantique se trouvent les îles Canaries et Madère. Au nord du détroit de Gibraltar se trouve l'Espagne.

La capitale administrative est Rabat. Parmi les grandes villes remarquables on trouve Casablanca, Agadir, Fès, Marrakech, Meknès, Tétouan, Tanger, Oujda, Ouarzazate et Laâyoune (au Sahara occidental).

Géographie physique

Le Maroc est un pays Méditerranéen par excellence, la fameuse botaniste Française Louis Emberger en parle dans la citation suivante: « Réunissant sur son territoire toutes les formes du climat méditerranéen, le Maroc peut être considéré comme le type phylogéographique méditerranéen au sens systématique du mot. La végétation des autres pays groupés autour de la Méditerranée pourra être examinée et appréciée en fonction de celle de l’Empire Chérifien. Le Maroc, est, à lui seul, une synthèse méditerranéenne. » Louis Emberger (1934)

Montagnes

Le massif du Toubkal

Les montagnes occupent plus des deux tiers du territoire marocain et atteignent des hauteurs non négligeables. Plusieurs sommets franchissent la barre des 4 000 m. Le djebel Toubkal, le plus haut sommet du pays, culmine à 4 167 m. Le Maroc renferme quatre principales chaînes de montagnes, et c'est le seul pays du Maghreb à disposer d'une immense chaîne de montagne l'Atlas.

D'abord au nord du pays, les montagnes ou djebel du Rif bordent la Méditerranée. Le plus haut sommet du Rif atteint 2 456 m et il a pour nom djebel Tidirhine. Le Rif propose des surfaces variées selon les altitudes de ses régions. En fait, à l'ouest, on retrouve surtout une végétation épineuse (des sapins, des pins et des cèdres). De l'autre côté, il y pousse des steppes arides et des maquis et encore plus à l'est, on y retrouve le chanvre, qui n'est cependant pas récolté. Plus loin des rivages méditerranéens et plus à l'intérieur du pays, il est possible de remarquer trois autres immenses chaînes : le Moyen Atlas, le Haut Atlas et l'Anti-Atlas, où nous retrouvons encore une fois une diversité des paysages.

Le Moyen Atlas, qui est le « château d'eau » du Maroc est séparé du Rif par les plaines arides de l'est et fertiles de l'ouest. Les deux chaines sont séparées par la fameuse trouée de Taza. Le Moyen Atlas se compose de deux parties au paysages très différents. À l'est, on retrouve les massifs escarpés avec des sommets à plus de 3 100 m comme les djebel Bou Naceur ou Bouiblane. Ces sommets connaissent des chutes de neiges importantes. Vers l'ouest, la chaine s'adoucit pour laisser place à des reliefs plus abordables et laissant place à quelques petits plateaux. La chaine du Moyen Atlas est bordée au sud par le Haut Atlas

C'est dans le Haut Atlas, chaîne qui ceinture le pays d'est en ouest que le Toubkal culmine à près de 4 167 m.

Plaines

Plaine des Doukkala

Ces plaines ont souvent de très grandes étendues, s'étirant des montagnes du Rif jusqu'au Moyen Atlas, le bassin de Sebou (36 000 km2) se compose de bas plateaux, de cours d'eau, quelques collines et des plaines fertiles qui permettent la culture de plusieurs aliments. Dans la plaine du Gharb, on trouve des champs de betteraves sucrières, de riz, de cannes à sucre et de tabac. Cette plaine se distingue des autres par la présence de la forêt de Maâmora où on fait l'exploitation de chênes-lièges et d'eucalyptus.

De vastes plaines apparaissent aussitôt qu'on dépasse le pays de Zaïr et le plateau des phosphates. On retrouve la Chaouia, Doukkala et plus à l'est au pied du Moyen Atlas Tadla. Plus au sud, on retrouve la plaine du Haouz dans la région de Marrakech et celle du Souss qui fait le triangle entre océan, Haut Atlas et Anti-Atlas.

D'autres plaines et vallées fertiles de moindre tailles sont localisées surtout au nord (Lukos, Nekkor, Trifa, Vallée des oueds Ouergha, Baht, Inaouen...).

Désert

Erg Chebbi

Dans le sud du pays, l'Erg Chebbi, à proximité de la frontière algérienne, est la deuxième plus vaste étendue de pierres et de sable à l'intérieur du Maroc après l'Erg Chegaga. Certaines dunes peuvent atteindre 200 m de hauteur.

Frontières terrestres

Littoral

Pécheurs marocains revenant de l'Océan

Le littoral marocain est diversifié par sa nature car composé à la fois de la mer Méditerranée au nord et de l'océan Atlantique à l'Ouest, comptabilisant un total de 2 390 km[réf. nécessaire] de côtes, le Maroc est le pays au plus grand littoral du continent africain, il comprend 500 km de côtes en Méditerranée et 1 890 km[réf. nécessaire] sur l'océan Atlantique. Les eaux marocaines sont réputées parmi les plus poissonneuses au monde.

Climat

Le climat marocain est à la fois méditerranéen et atlantique, avec une saison sèche et chaude doublée d'une saison froide et humide, la fin de la période chaude étant marquée par les pluies d'octobre.

La présence de la mer atténue les écarts de température, tempère les saisons et accroît l'humidité de l'air (400 à 1000 mm de pluies sur le littoral). Dans l'intérieur, le climat varie en fonction de l'altitude. Les étés sont chauds et secs, surtout lorsque souffle le sirocco brûlant ou le chergui, vent d 'été venant du Sahara. À cette saison, les températures moyennes sont de 22 °C à 24 °C. Les hivers sont froids et pluvieux avec gel et neige. La température moyenne évolue alors de - 2 °C à 14 °C et peut descendre jusqu'à - 26 °C. Dans les régions montagneuses, les précipitations sont très importantes (plus de 2 000 mm de précipitations au Rif ou encore 1 800 mm au Moyen-Atlas). Le Maroc pré-saharien et saharien a un climat désertique sec.

Le climat au Maroc peut être divisé en sept sous-zones, déterminées par les différentes influences que subit le pays : influences océaniques, méditerranéennes, montagnardes, continentales et sahariennes.

Éco-système au Maroc

Hydrographie

Vue sur les cascades d'Ouzoud, à 150 km de Marrakech

Le Maroc possède beaucoup de cours d'eau (fleuves et oueds) tels que :

Les grands fleuves tels que le Bouregreg, l'Oum Errabiaa, la Moulouya, et le Sebou, ont des débits très variables entre les saisons, et aussi d'année en année. De nombreux cours d'eau moins importants (les oueds) peuvent même être à sec une partie de l'année (ou même plusieurs années de suite dans les zones pré-désertiques). Le manque d'eau, mais aussi la grande variabilité des débits, représentent un grand problème pour le Maroc, notamment pour l'agriculture (irriguée ou non)...

Faune

La diversité de la faune est en principe un véritable trésor, mais elle est absolument mise à mal par toutes sortes de destructions. Parmi quelques espèces exceptionnelles, on peut citer :

Le lion de l'Atlas a disparu (exterminé) à l'état sauvage, le dernier en 1943. Il en existe toutefois bien que potentiellement mélangés avec la sous-espèces d'Afrique sub-saharienne environ 90 dans différents zoos du monde dont 35 au zoo de Rabat[83]. Des gravures récemment découvertes dans des grottes près de Ouarzazate indiquent que des crocodiles, des léopards et des éléphants vivaient dans ces lieux avant leur extinction naturelle ou leur extermination par l'homme. Des gravures similaires existent également dans tout le Sahara. Par contre, les oiseaux sont encore relativement très présents avec une grande diversité d'espèces, bien que l'Autruche à cou rouge, par ex., ait été totalement exterminée, ainsi au Sahara que l'Outarde houbara. Un assez grand nombre d'espèces de serpents (25 dont 17 espèces non dangereuses ; les 8 autres restantes n'attaquent jamais et sont moins répandues!), et de lézards sont présentes au Maroc, dont un pourcentage important d'endémiques. Toutefois nombreuses sont les espèces menacées. Elles sont victimes de l'ignorance, de la cruauté de la population et de l'irresponsabilité en matière d'écologie.

Flore

Cédraie, région d'Ifrane
Palmeraie de Marrakech

Le Maroc possède une flore riche du fait de sa position stratégique, en effet il possède deux façades maritimes totalisant plus de 3 500 km dont 500 en Méditerranée il reçoit de ce fait les courants chargés de pluie de l'océan qui s'accumulent contre la barrière montagneuse de l'Atlas ce qui permet de fortes précipitations à Rabat, Casablanca, Fès et la formation des neiges à Ifrane et Azrou et dans les hauts sommets de l'atlas, pendant que le sud et l'est restent arides. Plus de 4500 espèces configurent la flore marocaine. Les variations du climat et du relief sont des éléments fondamentaux pour expliquer une telle richesse florale. L'intérêt botanique du Maroc est intense et on citera seulement les 2 500 000 hectares de forêt qui contiennent des cèdres, des palmiers, des thuyas, des dattiers, des amandiers, des figuiers, des oliviers, des acacias, des fruitiers, des chênes-verts, des chênes-lièges, des pins, l'eucalyptus, des arbousiers, l'alfa et l'endémique arganier, dont le Maroc et le seul pays au monde à disposer de cette espèce et qui est inscrite au patrimoine mondiale de l'Unesco. La forêt représente environ 15 % de la surface totale.

Environnement

Article détaillé : Liste des écorégions du Maroc.

Géographie humaine

Subdivisions

Article détaillé : Subdivisions du Maroc.
Carte des régions du Maroc.
NB : Les provinces notées 06, 07 et 11 sont partiellement ou intégralement situées au Sahara occidental

Le Maroc compte seize régions ayant chacune à sa tête un wali, ainsi qu’un Conseil régional, représentatif des « forces vives » de la région. Ces régions ont le statut de collectivité locale[84]. L’article 101 de la Constitution indique : « Elles [Les collectivités locales] élisent des assemblées chargées de gérer démocratiquement leurs affaires dans les conditions déterminées par la loi. Les gouverneurs exécutent les délibérations des assemblées provinciales, préfectorales et régionales dans les conditions déterminées par la loi. »

Les numéros de la liste ordonnée sont ceux figurant sur la carte ci-contre ; sont indiquées également entre parenthèses les codes ISO 3166-2 correspondants (toujours à deux chiffres) :

  1. Chaouia-Ouardigha (09) ;
  2. Doukhala-Abda (10) ;
  3. Fès-Boulemane (05) ;
  4. Gharb-Chrarda-Beni Hssen (02) ;
  5. Grand Casablanca (08) ;
  6. Guelmim-Es Smara (14) (inclut une partie du Sahara occidental, la province d’Es Smara) ;
  7. Laâyoune-Boujdour-Sakia el Hamra (15) (inclut une partie du Sahara occidental) ;
  8. Marrakech-Tensift-Al Haouz (11) ;
  9. Meknès-Tafilalet (06) ;
  10. L'Oriental (04) ;
  11. Oued Ed-Dahab-Lagouira (16) (situé au Sahara occidental) ;
  12. Rabat-Salé-Zemmour-Zaër (07) ;
  13. Sous-Massa-Drâa (13) ;
  14. Tadla-Azilal (12) ;
  15. Tanger-Tétouan (01) ;
  16. Taza-Al Hoceima-Taounate (03).

Villes principales

Vue sur Casablanca, plus grande ville et capitale économique du Maroc
Vue sur Marrakech 1re ville touristique du royaume
Agadir 1re destination balnéaire du royaume avec vue sur la corniche
Vue sur la vieille Médina de Fès capitale spirituelle du royaume
Vue depuis Rabat (capitale administrative du royaume) sur la marina de Salé.
Article détaillé : Liste de villes du Maroc.
Article détaillé : Villes impériales du Maroc.

La capitale administrative et politique du Maroc est Rabat. La capitale économique du pays et la plus grande ville du Maroc est Casablanca.

Liste des villes ayant plus de 100 000 habitants en 2010 - Estimations
Ville Divers Population (2010)
Casablanca
  • Capitale économique
  • 1re métropole du Maroc et du Maghreb
  • Chef-lieu du Grand Casablanca
3 299 179
Rabat-salé
  • Capitale du royaume
  • Chef-lieu du Rabat-Salé-Zemmour-Zaër
  • Ville impériale
1 819 812
Fès
  • Chef-lieu du Fès-Boulemane
  • Capitale spirituelle
  • Ville impériale
1 040 563
Marrakech
  • Chef-lieu du Marrakech-Tensift-Al Haouz
  • Ville impériale
  • 1re ville touristique du royaume
920 142
Tanger
  • Chef-lieu du Tanger-Tétouan
  • 1re zone franche
  • le plus grand port de commerce
762 166
Meknès
  • Chef-lieu du Meknès-Tafilalet
  • Ville impériale
  • Capitale agricole
596 108
Agadir
  • Chef-lieu du Souss-Massa-Drâa
  • Capitale agricole, et 2e pôle économique[85]
  • le plus grand port de pêche
570 700
Oujda
  • Chef-lieu de l'Oriental
  • Capitale du Raï marocain
  • Berceau de la musique aarfa

Ancêtre Alaouï et Reggada

427 533
Kénitra
  • Chef-lieu du Gharb-Chrarda-Beni Hssen
403 262
Tetouan 352 351
Safi
  • Chef-lieu du Doukhala-Abda
  • Important port d'exportation de sardines
304 871
Laâyoune
  • Laâyoune-Boujdour-Sakia el Hamra
224 132
Mohammedia
  • Principal port pétrolier du pays
203 748
Beni Mellal
  • Chef-lieu du Tadla-Azilal
182 841
Khouribga
  • Capitale du phosphate
173 778
El Jadida
  • Chef-lieu du Doukkala-Abda
  • Port Jorf Lasfar, premier exportateur du Phosphate et ses dérivés
164 122
Taza
  • Corridor de Taza reliant l'est à l'ouest marocain, entre l'Atlas et le Rif
152 796
Nador
  • 2e centre bancaire et premier pôle sidérurgique du pays
145 608
Settat
  • Chef-lieu Chaouia-Ouardigha
132 349
Berrechid 117 801
Larache 117 765
Khémisset 115 284
Ksar el-Kébir 114 310
Guelmim
  • Chef-lieu Guelmim-Es Smara
109 931

Villes du Sahara occidental contrôlées par le Maroc (provinces du Sud):

Économie

Le Maroc est la cinquième puissance économique d’Afrique. Il est la deuxième puissance économique maghrébine, après l'Algérie. Le taux de croissance du Maroc était en 2008 d'environ 6,5 %.

Indicateur En 2006 En 2007 En 2008 En 2009 En 2010 En 2011 En 2012 En 2013
Produit intérieur brut en milliards de dollars US 65,64 74,41 85,21 91,41 90,80 99,17 100,35 105,50
Croissance du PIB (prix constants) 7,8 % 2,7 % 6,5 %* 5,5 %* 3,6 % 4,2 % 3,1 % 4,1 %
PIB par habitant en dollars US 2 151* 2 422* 2 901* 2 868
Taux d'inflation 3,3 % 2 % 3,9 %* 4,5 %*
Sources : FMI - World Economic Outlook Database[86]

(*) Donnée estimée (1) Banque mondiale

PIB par région

Gare de Marrakech
Centre des affaires de Rabat
Rang Régions La part du PIB total PIB régionalisé (milliard de $)/équivalent
1 Grand Casablanca 18,8 % 16 709 Drapeau de Bahreïn Bahreïn
2 Sous-Massa-Drâa 12,2 % 10 843 Sénégal Sénégal
3 Rabat-Salé-Zemmour-Zaër 9,8 % 8 710 Drapeau du Cambodge Cambodge
4 Marrakech-Tensift-Al Haouz 8,2 % 7 288 Drapeau de la Macédoine Macédoine
5 Tanger-Tétouan 7,4 % 6 577 Drapeau du Mali Mali
6 L'Oriental 7,1 % 6 310 Drapeau de Malte Malte
7 Gharb-Chrarda-Beni Hssen 6,9 % 6 132 Drapeau d'Haïti Haïti
8 Doukhala-Abda 5,4 % 4 799 Drapeau du Nicaragua Nicaragua
9 Chaouia-Ouardigha 5,2 % 4 621 Drapeau de la Guinée Guinée
10 Meknès-Tafilalet 4,9 % 4 355 Drapeau de la Moldavie Moldavie
11 Fès-Boulemane 4,2 % 3 732 Drapeau de la Mongolie Mongolie
12 Tadla-Azilal 4,2 % 3 732 Drapeau du Tadjikistan Tadjikistan
13 Provinces du Sud 3,0 % 2 666 Drapeau de la Mauritanie Mauritanie
14 Taza-Al Hoceima-Taounate 2,7 % 2 399 Drapeau du Togo Togo

DEPF[87]

Nouveau Découpage :

Rang Régions La part du PIB total Population PIB/Habitant (en $)/équivalent
1 Casablanca - Settat 24,5 % 6 085 000 en augmentation 4 369 Drapeau de la Tunisie Tunisie
2 Rabat-Salé-Kenitra 15,8 % 4 272 901 en augmentation 4 025 Drapeau du Paraguay Paraguay
3 Marrakech - Safi 11 % 4 108 000 en diminution 2 870 Drapeau des Philippines Philippines
4 Souss-Massa 10,5 % 2 475 143 en augmentation 4 681 Drapeau de la Jordanie Jordanie
5 Fes-Meknes 9 % 4 022 128 en diminution 2 407 Drapeau du Honduras Honduras
6 BeniMellal-khenifra 8,1 % 2 611 499 en augmentation 3 333 Drapeau du Swaziland Swaziland
7 Oriental-Rif 7,6 % 2 434 870 en diminution 3 127 Drapeau du Sri Lanka Sri Lanka
8 Tanger-Tétouan 7,2 % 2 830 101 en diminution 2 751 Drapeau du Vanuatu Vanuatu
9 Drâa‐Tafilalet 3,3 % 1 392 501 en diminution 2 716 Drapeau de la Bolivie Bolivie
10 Laâyoune‐Saguia al Hamra 1,4 % 364 000 en augmentation 4 993 Drapeau de la Jamaïque Jamaïque
11 Guelmim‐Oued Noun 1,2 % 428 857 en augmentation 3 210 Drapeau de l'Égypte Égypte
12 Ed Dakhla‐Oued ed Dahab 0,3 % 152 000 en diminution 2 140 Drapeau de la Moldavie Moldavie

Atouts et points forts

Accords de libre échange:
  •      Maroc
  •      Accord de libre échange Maroc - États Unis
  •      Accord de libre échange Maroc - Union Européenne
  •      Accord d'Agadir
  •      Accord de libre échange Maroc - Turquie
  •      Accord de libre échange Maroc - Émirats arabes unis
  •      Accord de libre échange Maroc - EFTA

Le Maroc dispose d'un produit intérieur brut fort au regard de la moyenne africaine. Celui-ci avoisinait en 2008 les 85,2 milliards de dollars, soit 9 % du PIB global du continent. Le Maroc est en outre appelé à consolider ce point, compte tenu de la croissance d'une moyenne de 8 % annuelle depuis l'accession au trône du souverain Mohammed VI en 1999. Cette croissance demeure néanmoins variable et volatile car tributaire des résultats des campagnes agricoles courantes. C'est toutefois cette caractéristique qui permettra sans doute au Maroc de bénéficier d'une croissance importante en 2009 au vu des singulières précipitations s'étant abattu sur le royaume durant l'hiver 2008/2009.

La proximité du Maroc avec le continent européen a bénéficié à l'économie nationale dans la mesure où cette dernière a très largement profité des nombreuses délocalisations effectuées par les entreprises européennes. Depuis le début des années 2000, le Maroc a mis en place une politique fiscale attractive en matière d'offshoring, à tel point que l'OCDE plaçait en 2008 le royaume en troisième position dans la progression des emplois créés par le secteur de l’offshoring, derrière l’Estonie et la Chine[88]. L'exemple le plus typique en la matière est celui des centres d'appel. On peut aussi évoquer l'exemple aéronautique. Le Maroc a toujours su profiter de sa façade maritime double. Néanmoins, la construction du port de Tanger Med en 2004 a indéniablement constitué un tournant en termes de politique maritime. Construit entre la ville de Tanger et l'enclave espagnole de Ceuta, au niveau de l'embouchure de l'oued Rmel, le port se situe à 15 km de l'Espagne continentale. En 2012 ce complexe portuaire devrait pouvoir traiter 8 millions de conteneurs, ce qui ferait de lui le plus grand port africain en termes de transport de marchandises. La zone franche adjacente devrait entre autres abriter la nouvelle usine Renault.

Le Maroc est par ailleurs le premier producteur mondial de phosphate, ressource minière nécessaire à la fabrication d'engrais et dont les cours ont très fortement augmentés depuis plus de quarante ans. Située près du gisement d'Ouled Abdoun, la ville de Khouribga, à 120 km de Casablanca, est ainsi le premier centre minier de phosphate au monde, qui fait vivre le grand port de Jorf Lasfar, construit en 1982 à proximité d'El Jadida. L'Office chérifien des phosphates, quant à elle, est la première entreprise publique du pays, avec un chiffre d'affaires de 5 milliards d'euros en 2011. Une grande partie des réserves se trouve cependant dans le Sahara occidental, territoire contesté.

Malgré les récentes contre-performances consécutives à la crise financière de 2008, la bourse de Casablanca consolide son statut de deuxième place boursière africaine, derrière celle de Johannesburg et devant celle du Caire.

Chômage

Le taux de chômage au Maroc est principalement estimatif, il varie entre 9 % selon les chiffres officiels (HCP, ministère du Travail) et 15 % selon des sondages indépendants[réf. nécessaire]. L’absence d’une prime de chômage et d’un organisme recueillant le nombre de chômeurs à une date précise ne permet pas un recensement du nombre de chômeurs effectifs. Faut-il encore préciser que les données communiquées par les sources officielles ne tiennent pas compte du sous-emploi touchant un pourcentage important des travailleurs dans les secteurs de l’agriculture, la pêche maritime, le bâtiment, les travaux publics et le tourisme, personnes qui ne travaillent pas d’une façon permanente et stable[réf. nécessaire].

L’économie dite non structurée ou informelle échappe à la fiscalité et empêche des centaines de milliers de travailleurs d’avoir accès à la couverture sociale. C’est ainsi le cas des travailleurs dans les petites entreprises familiales ou personnelles, des gardiens de voiture, des femmes de ménage, des concierges (pas toujours), des vendeurs ambulants, des vendeurs sur le trottoir, du commerce illégal des produits de contrebande et de cigarettes, de la mendicité, du transport clandestin…). Il en est de même du travail de milliers d’enfants de moins de 15 ans dans des ateliers exerçant dans les secteurs de l’artisanat, de la menuiserie, de la mécanique, de la peinture, de l’alimentation, etc. Enfin, un nombre indéfini de « petites bonnes » poussées par leurs familles pauvres à travailler dans les ménages pour moins de 500 dirhams (50 euros) par mois, exploitées 24 heures sur 24 et 7 jours sur 7 sont totalement démunies de toute protection sociale.

La CNSS (Caisse nationale de sécurité sociale) ne couvre que 3,5 millions d’affiliés sur une force de travail d’environ 12 millions de personnes en âge de travail[réf. nécessaire].

La situation de l’emploi a souffert pendant les années 1970-80 d’événements internes et externes bouleversants : l’augmentation des naissances des familles marocaines, les chocs pétroliers, la baisse de la parité du dirham, le plan d’ajustement structurel... tous ont touché les équilibres financiers de l’État et entraîné la baisse des dépenses d’investissement et de promotion de l’emploi. Les émeutes sociales des années 1981, 1984 et 1990 s'inscrivaient dans cette logique d'ensemble.

L’Europe a constitué depuis les années 1970 une soupape pour l’absorption de la pression sociale et démographique marocaine. Plus de 3 millions de Marocains, 10 % de la population, y vivent et y travaillent, soit théoriquement une moyenne de 100 000 personnes expatriées par an sur une période de 30 ans. Le marché de l’emploi au Maroc subit un désordre dans la répartition des revenus et un manque de contrôle de l’État, l’écart entre le salaire minimum garanti par l’État (2 000 dirhams : 200 euros) et celui du ministre (70 000 dirhams : 7 000 euros) est exorbitant, soit 37 fois le salaire minimum.

Le syndicalisme est légalisé par la constitution, mais il ne joue pas un rôle aussi important qu'il le devrait[réf. nécessaire]. Ses interventions ne sont souvent que théâtrales[réf. nécessaire].

La gestion aléatoire et répressive du dossier des diplômés chômeurs pendant plus de dix ans démontre le flou d'une situation peut-être entretenue volontairement, à moins qu'il ne s'agisse que d'incompétence et de mauvaise volonté de la part du ministère de tutelle[réf. nécessaire].

Depuis l’alternance politique en 1997, l’économie marocaine s’est ouverte progressivement avec le démantèlement des droits de douanes, les privatisations, la réforme du secteur bancaire, la réforme du code de travail, la création de zones industrielles, la promotion fiscale, les grands chantiers, dynamisant ainsi quelque peu le marché de l’emploi. Depuis le début du millénaire, la situation de l’emploi a connu une nette amélioration par rapport aux années 1990, mais l’offre n’arrive pas à couvrir toutes les catégories, et ne touche pas certaines régions pauvres et enclavées du royaume.

La mise en place récente des agences nationales pour la promotion de l’emploi et des compétences (ANAPEC) ainsi que l’instauration d’une assurance maladie obligatoire (AMO) couvrant les affiliés de la CNSS et leurs familles, démontre une prise en compte et une sensibilité améliorée aux sujets sociaux.

Au second trimestre 2011, le taux de chômage marocain a vu une légère hausse à 8,7 pc[89].

Stupéfiants

Le phénomène de trafic de drogue au Maroc est d’autant plus inquiétant que le royaume est le plus grand producteur mondial de cannabis. Selon le Rapport mondial sur les drogues 2004 de l'ONU, sa culture représentait 0,57 % du PIB national en 2002[90].

Le chanvre consommé en Europe est issu à hauteur de 88 %[91] de la région du Rif, une région montagneuse située dans le nord du Maroc, aux portes de l'Europe.

Le chanvre serait cultivé dans le Rif depuis le VIIe siècle, soit depuis plus d'un millénaire[92].

Le kif est un mélange de cannabis et de tabac brun finement haché, et typiquement fumé avec une longue pipe à petit foyer appelée sebsi.

Tourisme

Article détaillé : Tourisme au Maroc.
Jamea el Fna de Marrakech
Corniche d'Agadir
Oasis de Figuig

Le Maroc a accueilli en 2008 un total de huit millions de touristes, en hausse de 13 % par rapport à l’année précédente, générant quelque 115 milliards de dirhams de recettes (+ 16 %), selon le ministère du Tourisme marocain qui a publié comme dessus, des statistiques et des chiffres officiels pour l'année 2008[93] :

Les principaux indicateurs touristiques en 2008 :

  • Arrivées aux postes frontières : 7 878 639 touristes
  • Nuitées dans les établissements classés : 16 461 517 nuitées
  • Capacité d'hébergement (en lits) : 152 936 lits
  • Taux d'occupation des chambres : 45 pour cent
  • Recettes voyages (en dirham MOR) : 56 598 milliards MAD

La ville de Marrakech est la première ville touristique du Maroc. En 2008, la ville possédait une capacité d’hébergement équivalente à 44 394 lits devant Agadir avec 28 605 lits et Casablanca avec 12 762 lits. Le Maroc est actuellement le 2e pays le plus touristique d'Afrique.

Et voici la capacité d'hébergement classée (en termes de lits) en 2008[94]:

Transport

Articles détaillés : Transport au Maroc et Réseau routier marocain.

Initiée avec la construction de l’autoroute Casablanca-Rabat de 1975 à 1987[95], la consolidation du réseau autoroutier est considérée comme une priorité nationale. Géré par la Société nationale des autoroutes du Maroc, il est déjà un des plus denses en Afrique avec 1 511 km ouvertes à la circulation et dessert Tanger, Tétouan, Fès, Oujda, El Jadida, Marrakech et Agadir. À l'horizon 2015, il devrait compter 1 804 km et desservir les villes de Béni-Mellal et de Safi.

Autoroute Rabat-Casablanca

Le développement des infrastructures routières au Maroc devrait aussi passer par le renforcement du réseau de voies express, alternatives intéressantes aux autoroutes puisque moins coûteuses. Le réseau qui comporte (à fin 2013) 730 km de voies en service devrait être étendu à plus de 1 600 km d'ici 2016.

Le Maroc comptait en 2007 68 550 kilomètres de routes dont 69 % étaient goudronnées. Le réseau routier est généralement considéré comme de qualité satisfaisante et l'un des meilleurs d'Afrique. Le PNRR2 (Programme national de routes rurales) envisage la construction de 15 500 kilomètres de routes rurales supplémentaires à l'horizon 2015 afin de faire passer le taux de désenclavement rural de 54 % à 80 % à cette même échéance[96]. Toutefois, 22 % des localités demeurent injoignables en véhicule et 35 % sont difficiles d'accès[97].

Gare de train de Casablanca Port

A contrario, le chemin de fer a longtemps pâti au Maroc du manque de volontarisme de la part des pouvoirs publics. L’ONCF, entreprise publique chargée de l’exploitation du réseau ferroviaire marocain semble cependant avoir repris son destin en main. Les infrastructures actuelles (2 120 km au total dont 1 022 km de lignes électrifiées et 600 km en double voie, le reste étant en voie simple) devraient être augmentées de deux lignes de TGV :

Ces lignes sont financées à hauteur de 30 % par l'État marocain et à 50 % par des crédits français[98] Outre ces projets structurants, l’ONCF a procédé à l’achat de nouvelles rames et envisage de relier des villes telles que Nador et Beni Mellal.

Le transport aérien marocain a connu un véritable boom. Le Maroc compte désormais 25 aéroports et l’aéroport Mohammed V était en 2008 le 3e aéroport africain en termes de trafic.

Le trafic international a bondi en 2007 de plus de 17 %, ce qui représentait une des plus fortes progressions à l’échelle internationale. La Compagnie aérienne nationale, la Royal Air Maroc est à l’heure actuelle la deuxième Compagnie aérienne africaine derrière South African Airways.

En marge du groupe Royal Air Maroc, le Maroc compte trois compagnies aériennes privées que sont Jet4you (propriété à 66 % de la Royal Air Maroc et à 34 % groupe TUI), Air Arabia Maroc (anciennement Regional Airlines).

Opérateurs de télécommunications

Télécommunications

En 2009, la téléphonie mobile l'emporte largement sur la téléphonie fixe qui reste réservée à une minorité (9,7 %). Le nombre d'abonnés à internet est encore faible mais en forte progression (+ 44 % en 2008)[99] :

À fin juin 2010:

  • Téléphonie mobile : 27,8 millions d'abonnés (taux de pénétration de 88,47 %.)[100]
  • Téléphonie fixe : 3,682 millions dont 2,425 millions en mobilité restreinte (taux de pénétration de 11,69 %.)[101]
  • Internet : 1,499 million. En part de marché, IAM détient 53,83 %, Wana (Inwi) 30,96 % et Meditel 15,03 %. La répartition des abonnés par mode d’accès donne l’avantage à l’accès Internet 3G qui représente 67,72 % du parc global Internet suivi de l’ADSL avec 32,03 %[102].

Approvisionnement en eau potable et assainissement

L'accès à l'eau potable et, dans une moindre mesure, à l'assainissement (évacuation des excrétas) a augmenté de manière importante depuis 1990. La distribution d'eau potable est déléguée à des opérateurs privés dans plusieurs villes du pays, notamment Casablanca, Mohammédia, Rabat, Salé, Témara, Bouznika, Tanger, Tétouan..., tandis qu'elle est encore assurée par des régies municipales dans 13 autres villes et par l'Office national de l'eau potable (ONEP) dans 500 communes intermédiaires et rurales. L'ONEP assure également la production d'eau qui est revendue aux régies et opérateurs privés ainsi que l'assainissement dans une soixantaine de communes.[réf. nécessaire]

Politique

Le Maroc est une monarchie constitutionnelle. Sa constitution est celle proposée par le roi Mohammed VI et votée par referendum en 2011, augmentant les pouvoirs du parlement bien que ceux-ci restent toujours limités sur certains points.

La première constitution a été promulguée par Hassan II en 1962. Elle avait été modifiée et enrichie en 1970, 1972, 1992 et 1996.

En effet, l’essentiel du pouvoir est concentré entre les mains du roi, monarque héréditaire. Actuellement, le pouvoir exécutif est exercé par le gouvernement. Le pouvoir législatif, bicaméral, est exercé par la chambre des représentants composée de 395 membres élus tous les cinq ans au suffrage universel, et la chambre des conseillers qui comprend entre 90 et 120 membres renouvelés par tiers tous les trois ans[réf. nécessaire].

La justice est le troisième pouvoir. Ce pouvoir en forte mutation depuis quelques années, grâce à la création de nouvelles juridictions spécialisées (tribunaux administratifs, tribunaux de commerce).

Droit des femmes

Articles connexes : Droits de l'homme au Maroc et Moudawana.

Depuis la venue au trône de Mohammed VI, des réformes sur la condition de la femme ont été accomplies. À la suite des luttes du mouvement féminin et du mouvement démocratique et malgré la farouche résistance opposée par le mouvement intégriste et les conservateurs. Le roi Mohammed VI a joué un rôle d’arbitre en sa qualité de commandeur des croyants qui lui est conféré par la constitution marocaine. Il constitua une commission consultative royale qu’il a chargé de répondre aux attentes des militantes féminines qui avaient dénoncé toutes les injustices endurées par les femmes marocaines. Après des concertations avec toutes les parties concernées qui ont duré près de trente mois, c’est le roi qui a tranché en présentant devant le parlement, le 10 octobre 2003, le nouveau projet de code de la famille, appelé Moudawana, qui a été discuté, amendé et adopté à l’unanimité par toutes les forces représentées au parlement en janvier 2004.

Le nouveau code de la famille est fondé sur l’égalité entre les sexes et abolit la tutelle exercée sur les femmes. La notion de « chef de famille » est abolie et remplacée par la coresponsabilité entre les époux.

Le mariage d’une jeune femme n'était possible qu'en présence de son père en tant que tuteur, seules les filles ayant perdu leur père pouvaient se marier sans tutelle : désormais, une femme peut se marier en toute liberté que son père soit vivant ou décédé. L’âge légal de mariage pour la jeune femme a été revu à la hausse : il est maintenant de dix-huit ans pour les filles et les garçons au lieu de quinze ans auparavant pour les filles. Enfin, et cela représente une grande avancée, la femme mariée a le droit d’obtenir le divorce de son mari sans être obligée comme c’était le cas auparavant de fournir des preuves et des témoignages pour justifier les raisons de sa demande [27].

En 2006, un nouveau chapitre ajouté au code de la Famille rend possible pour la mère marocaine de transmettre la nationalité marocaine de plein droit et automatiquement à ses enfants nés de père étranger, dans le cadre d'un mariage[103].

Le mariage de la Marocaine musulmane n’est légal qu'avec un époux musulman, et un Marocain musulman ne peut se marier avec une non-musulmane, sauf si sa religion est monothéiste.

Les Marocains de confession juive sont soumis aux règles du statut personnel hébraïque marocain[104].

En 2010, le pays compte un taux d’analphabétisme à l’échelle nationale de 30 %[105] plus élevé chez les femmes et en milieu rural. Le taux d’activité s’élève à 86,9 % chez les hommes contre 47,9 % chez les femmes[106].

Organisations internationales et régionales

Le Maroc est membre fondateur de l’Organisation de l'unité africaine (OUA devenue Union africaine) mais s’en est retiré en 1984 pour protester contre l’admission de la « République arabe sahraouie démocratique[107] » ; et du comité Al Qods dont la présidence est assurée par le roi marocain. À l'échelle régionale, le Maroc est également membre de l'Union du Maghreb arabe, qui réunit au sein d'une même entité régionale les pays du Maghreb tel qu'on le conçoit traditionnellement (Maroc, Algérie et Tunisie) ainsi que la Libye et la Mauritanie. Fondée à Marrakech en 1989, l'Union du Maghreb arabe a dû revoir au fil des années ses ambitions à la baisse au vu des dissensions persistantes qui existent entre les deux principales puissances régionales, à savoir le Royaume du Maroc et l'Algérie. Le siège actuel de l'organisation se trouve à Rabat.

Le Maroc est également membre de l'Union pour la Méditerranée fondée à Paris le 13 juillet 2008. Le royaume a en outre fait savoir dans un premier temps qu'il comptait abriter le siège de l'UPM. Rabat (ou Tanger pour certains) en donc en lice aux côtés de la Valette, Marseille, Barcelone et Tunis. Le Maroc fait aussi partie de différentes organisations internationales, dont la Banque africaine de développement, l’Organisation des Nations unies, l’Organisation internationale de la francophonie, l’Organisation mondiale de la santé, l’Organisation mondiale du commerce et entretient des liens étroits avec L'Organisation de coopération et de développement économiques et l'OTAN.

Rangs internationaux

L’indice de développement humain du Maroc en 2008 (0,706, catégorie « moyen ») le classe à la 127e place.

Standard & Poor's (S&P) a revu à la hausse la cote financière du Maroc en haussant la note de sa dette de BB à BB+ en 2005, et depuis le 23 mars 2010, Standard & Poor's a rehaussé la note du Maroc du crédit souverain de la dette à long terme en devises de « BB+ » à « BBB- » et de la dette en monnaie locale à long terme de « BBB » à « BBB+ » avec des perspectives stables. Attribuant ainsi au Maroc la note « Investment grade[108] », alors que Fitch Ratings a attribué le 19 avril 2007 l’Investment grade au royaume du Maroc. Selon cette agence, la cote attribuée au Maroc reflète les progrès remarquables accomplis aussi bien sur le plan politique, économique que social au cours des dernières années, ce qui s’est traduit par des améliorations sensibles du niveau de vie.

Droits de l'homme

Article détaillé : Droits de l'homme au Maroc.

Le bilan des Droits de l'homme au Maroc est mitigé. D'une part, le Maroc a fait des progrès considérables depuis la fin des « années de plomb » du règne du roi Hassan II (1961-1999). Néanmoins, malgré la modernisation apportée par son fils le roi Mohammed VI, des plaintes sont encore proférées contre les abus de pouvoir.

Défis de l'indépendance à l'époque moderne

Intégrité territoriale

Espace géographique communément revendiqué par les tenants de la thèse du Grand Maroc

Les différends territoriaux entre le Maroc et deux de ses voisins, l’Algérie et l’Espagne, sont nombreux et sont le résultat direct de la décolonisation franco-espagnole. Le Maroc revendique et contrôle majoritairement le Sahara occidental, mais sa souveraineté sur ce territoire n'est pas reconnue internationalement. Il y est confronté à un mouvement indépendantiste, le Front Polisario, soutenu par l’Algérie.

Certains pays soutiennent les revendications du Maroc, d'autres celles du Polisario, cependant la plupart ne prennent pas parti[109],[110],[111].

Le Maroc réclame toutes les positions espagnoles ou Plazas de soberanía sur ses côtes nord : Ceuta, Melilla, îles Chafarinas, l’île Alborán, l'îlot Leila et le rocher Vélez de la Gomera[112].

Terrorisme

Le Maroc est confronté depuis plusieurs années au terrorisme, malgré une présence accrue des autorités sur le terrain de la lutte anti-terroriste : l’une des principales cellules islamistes est le Groupe islamique des combattants marocains (GICM). Les attentats du 16 mai 2003 à Casablanca ont fait 45 morts[113] et une centaine de blessés. Fin décembre 2006, deux islamistes marocains ont été condamnés à mort[113] par le tribunal anti-terroriste de Salé pour « préparation d'actes terroristes au Maroc ».

En 2007, plusieurs attentats-suicides touchent Casablanca, dans un cyber-café le 11 mars à Sidi Moumen et trois autres dans le quartier El Farah le 10 avril, deux policiers ont été blessés lors de la deuxième explosion, un a succombé à ses blessures lors de son transfert à l’hôpital, l’autre a eu des blessures moins lourdes et a survécu[114]. Le samedi 14 avril 2007, un terroriste s’est fait exploser devant le Centre américain de langue, alors qu’un autre s'est fait exploser quelques secondes après à une centaine de mètres de lui. Ces explosions n’ont fait aucun mort sauf les kamikazes eux-mêmes. La police a réussi dans la journée à arrêter le chef de la cellule terroriste ainsi que son adjoint, et a pu localiser leur laboratoire où ils fabriquaient les explosifs[115]. Les attentats de 2007 ont été perpétrés à l'aide d'explosifs artisanaux de très faible puissance. Aucun lien entre ces derniers attentats et le terrorisme islamique international n'a pu être établi de façon certaine, contrairement aux attentats de 2003.

Le jeudi 28 avril 2011, au centre de Marrakech, a lieu un attentat dans le café Argana tuant 17 personnes dont plusieurs touristes[116].

Le dimanche 11 janvier 2015, au lendemain des attentats proféré en France par des islamistes radicaux, le Maroc a dépêché son ministre des Affaires étrangères et de la Coopération Salaheddine Mezouar pour représenter le royaume. Le ministre marocain a été le seul à poser des conditions basées sur des considérations religieuses à sa participation à la marche multi-confessionnelle pour dénoncer les attentats. Le Maroc a été le seul pays représenté officiellement à ne pas participer à la marche de solidarité. De nombreux Marocains ont néanmoins représenté le royaume avec les drapeaux marocains[réf. nécessaire].

Démographie

Évolution de la démographie entre 1961 et 2003 (chiffres de la FAO, 2005). Populations données en milliers d’habitants.
Article détaillé : Démographie du Maroc.

Le Maroc compte environ 33,8 millions d'habitants. Le pays a connu tout au long du XXe siècle une forte croissance démographique qui a multiplié par 6 sa population depuis 1912. Durant la même période la proportion de citadins a augmenté constamment atteignant 55 % en 2005 : le pays compte aujourd'hui une trentaine de villes de plus de 100 000 habitants (alors qu'il n'en existait aucune un siècle auparavant) ; trois agglomérations comptent plus d'un million d'habitants : Casablanca, Rabat-Salé et Fès[117].

Le Maroc est un des premiers pays d'Afrique après la Tunisie et l'Algérie à avoir entamé sa transition démographique : l'indice de fécondité synthétique a chuté de 7,2 à 2,5 entre 1962 et 2004[117].

Évolution démographique
Année 1912 1936 1952 1960 1971 1982 1994 2004
Population totale 5 7 9,1 11,6 15,4 20,4 26,1 29,9
Population urbaine 0,4 1,4 2,4 3,4 5,4 8,7 13,4 16,5
Pourcentage 8 % 20 % 26 % 29 % 35 % 43 % 51 % 55 %
Source 2005[117]


Quelques statistiques sur la démographie du Maroc :

  • population : 32 309 239 habitants[118] :
    • population citadine : 19 463 634 soit 55,1 % de la population totale,
    • population rurale : 15 428 074 ruraux ;
  • densité : 47,51 hab./km² ;
  • espérance de vie moyenne : 71,22 ans (en 2007)[119]
  • espérance de vie des hommes : 70,88 ans (en 2007) ;
  • espérance de vie des femmes : 74,67 ans (en 2007) ;
  • taux de croissance de la population : 1,528 % (en 2007) ;
  • taux de natalité : 29,64 ‰ (en 2007)[120] ;
  • taux de mortalité : 3,54 ‰ (en 2007) ;
  • taux de mortalité infantile : 21,85 ‰ (en 2007) ;
  • taux de fécondité synthétique : 2,19 enfants/femme en (2012) ;
  • taux de migration : - 0,82 ‰ (en 2007).

Ainsi que d'autres statistiques à propos de l'appartenance ethnique de la population :

Ethnie

La population marocaine se compose principalement de Berbères (dont les Berbères arabisés des plaines littorales), d'Arabes (dont les Hassanya du Sahara), de Morisques originaires d'Al Andalus (qui ont préservé dans les médinas traditionnelles du Maroc une part importante de la civilisation andalouse) et de Noirs (Haratins du Sud et descendants d'esclaves subsahariens de l'Empire songhaï qui ont légué la culture gnaouia avec son important patrimoine mystique et musical). On retrouve aussi parfois des éléments d'origine ottomane dus à la proximité de l'ancienne Régence turque d'Algérie et qui sont historiquement établis dans certaines villes comme Tétouan et Rabat[121], et d'autres éléments d'ascendance européenne liés à la présence multiséculaire de renégats occidentaux convertis à l'islam (parmi les renégats les plus connus de l'histoire marocaine figurent l'Espagnol Jawdar Pacha, le Hollandais Murad Reis, l'Anglais Ahmed El Inglizi et la Corse Marthe Franceschini). Les différentes composantes de la population sont donc métissées à des degrés très divers.

Après la création de l’État d’Israël, l'essentiel de la minorité juive marocaine a quitté le pays. Aujourd’hui il reste environ 3 000 juifs au Maroc[122]. En outre certaines familles de Fès sont issues de juifs convertis à l'islam à l'époque almohade et sont désignées par le terme de beldyin[123]. Traditionnellement les juifs citadins résidaient dans des quartiers nommés mellahs et situés dans les villes principales à proximité des palais du sultan. La communauté employait le dialecte judéo-marocain, le judéo-espagnol du Maroc, l'arabe dialectal marocain ou l'une des différentes langues amazigh en fonction de son origine géographique et culturelle (séfarade andalouse ou autochtone berbère), la langue hébraïque étant alors exclusivement réservée à la liturgie religieuse et à l'étude des textes de la Torah et du Talmud.

La plupart des étrangers vivant au Maroc sont des Français et des Espagnols, auxquels s'ajoutent des Africains subsahariens, des Indiens (communauté anciennement établie depuis les années 1930[124]), des Chinois[125] et des Syriens réfugiés fuyant la guerre civile de leur pays. De plus en plus de retraités européens viennent vivre au Maroc, en particulier à Marrakech.

Religion

Articles détaillés : Religion au Maroc et Juifs du Maroc.

La religion la plus représentée est l’islam, qui regroupe 99.9 % des croyants. L'islam est la religion officielle, mais la coexistence avec les autres religions est effective (la pratique des autres religions révélées est d'ailleurs garantie par la constitution). La journée est rythmée par 5 appels à la prière. La vie religieuse suit le calendrier musulman. Il débute en 622, l'année où le prophète de l'islam Mahomet quitta La Mecque pour s'établir à Médine où il avait beaucoup plus d'adeptes. L'année hégirienne, année lunaire, se compose de 12 mois, mais est plus courte que l'année solaire. Le mois de Ramadan et les grandes fêtes religieuses varient par rapport au calendrier grégorien.

La vie civile est régie par le calendrier grégorien. À la différence d'autres pays musulmans, le week-end se compose du samedi et du dimanche. Le vendredi n'est pas férié mais administrations et services publics allongent leur pause-déjeuner pour permettre aux fidèles de se rendre à la prière[126]. Le judaïsme et le christianisme (ce dernier reste principalement représenté par les résidents européens et par un certain nombre de ressortissants subsahariens) suivent avec respectivement 0,1 % et 0,2 %[127]. Sur les 265 000 Juifs qui vivaient au Maroc il y 50 ans, 35 000 Juifs émigrèrent en Israël avant 1954, 33 000 Juifs après 1956 ; la majorité d'entre eux quittèrent le Maroc lors de la guerre du Kippour (1973), craignant que le Maroc ne rejoigne la guerre. Seulement 4000 Juifs vivent au Maroc à l'heure actuelle. En tout, les deux tiers des Juifs marocains se sont expatriés sur le territoire israélien[128].

Langues

Article détaillé : Langues au Maroc.

La langue officielle du Maroc est le berbère[3] et l'arabe classique qui se compose elle-même de plusieurs dialectes arabes parlés selon les régions comme les parlers-hilaliens dans les plaines occidentales. Le pays considère comme autres langues culturelles le français et l'espagnol (au Sahara occidental) et l'anglais.

Arabe

Littéraire

La langue enseignée dans les écoles publiques et employée à l'écrit, dans les discours formels et les media est l'arabe littéraire.

Elle n'est bien maîtrisée que par la population la plus éduquée.

Dialectal

Par un phénomène de diglossie, le dialecte arabe couramment parlé dans la rue et la vie quotidienne est la darija ou arabe marocain, langue maternelle des Marocains arabophones (environ 60 % de la population[129]) et pratiquée également par les berbérophones dans leur grande majorité (bien que beaucoup d'hommes et de femmes, surtout en milieu rural, ne parlent que le berbère). La darija diffère peu des autres dialectes du Maghreb mais est incompréhensible pour les locuteurs du Machrek, contrairement à l'arabe littéraire qui sert alors de lingua franca.

Le hassani, dialecte arabe utilisé dans le Sahara et les régions du sud (Guelmim, Assa, Tarfaya, Mhamid el Ghizlane), est citée elle aussi dans la Constitution, après l'arabe et l'amazighe[3].

Amazighe (berbère)

Environ 40 %[129] de la population parle l’amazighe[130] ou tamazight. La reconnaissance du tamazight est une revendication ancienne des mouvements berbères qui estiment les Berbères culturellement opprimés par la politique d'arabisation menée après l'indépendance. Le 17 octobre 2001 le roi Mohammed VI a créé l’Institut royal de la culture amazighe (IRCAM)[131], régi par le dahir royal no 1-01-299 et qui a pour vocation de donner avis « sur les mesures de nature à sauvegarder et à promouvoir la langue et la culture amazighes dans toutes ses formes et expressions ».

Le , la Constitution approuvée par référendum à plus de 98 %[4], fait de l'amazigh une langue officielle du Maroc, après l'arabe, et institue un Conseil national des langues et de la culture marocaine « chargé notamment de la protection et du développement des langues arabe et amazighe ». Cette mesure, considérée par une défaite par certains arabophones[132], ne satisfait pas pleinement les amazighophones qui notent que seul l'arabe, dans la Constitution, bénéficie de la protection et des efforts de développement de la part de l'État.

Étant une langue de tradition principalement orale, la langue berbère présente de nombreuses variantes régionales ou locales dans toute l’Afrique du Nord. Pour ce qui concerne le Maroc, les linguistes ont coutume de distinguer trois principaux parlers, le rifain au Nord, le tachelhit au Sud et le « tamazight du Maroc central » au centre du pays[133], en plus de dialectes parlés par un nombre plus restreint de locuteurs comme le chleuh de Figuig à l'est, le ghomari[134] au nord et le sanhadji des Srayr[134] dans le sud du Rif. Cependant cette classification reste très théorique, la transition entre ces différentes variantes étant progressive ; de plus, les mouvements de population et notamment l’émigration vers les villes modifie la répartition traditionnelle.

L’amazighe développé par l’IRCAM se veut une langue commune à toutes les régions du Royaume, empruntant un peu à tous les dialectes et réinventant l’alphabet tifinaghe, au risque de créer un sabir incompréhensible pour tous.

Français

Le français est la langue de l'économie, des études supérieures scientifiques et techniques, et la langue de travail de plusieurs ministères. Il est enseigné dans les écoles primaires, collèges et lycées, dans toutes les universités et dans les écoles supérieures.

L'enseignement dans les écoles publiques ayant été arabisé puis islamisé dans les années 1980, les familles issues de l'élite marocaine préfèrent scolariser leurs enfants dans le privé afin de leur donner une meilleure maîtrise du français et une meilleure ouverture sur le monde.

Selon une enquête publiée en 2010[135], le français est très largement maîtrisé au Maroc : 10 366 000 personnes sont considérées comme francophones (sachant le lire et l'écrire), soit 32 % de la population totale ou 39 % de la population âgée de 10 ans et plus. Ceci n'inclut pas les personnes sachant parler le français mais qui ne savent pas l'écrire ou le lire. Le français est bien plus parlé en ville qu'en milieu rural.

Plusieurs régions marocaines sont membre de l'Association internationale des régions francophones[136] et le Maroc fait partie de l'Assemblée parlementaire de la francophonie.

Autres langues

L'espagnol reste pratiqué dans le nord du pays et dans le Sahara, du fait de l'ancienne présence espagnole.

L’apprentissage de l’anglais est de plus en plus privilégié par les jeunes Marocains [réf. nécessaire], l’allemand et l’italien sont aussi très pratiqués dans le secteur touristique.

Éducation

L'école est obligatoire au Maroc pour les enfants de moins de quinze ans. Le taux d'analphabétisme de la population est passé de 43% en 2004 à 28 % en 2012 [137]. En 2014, 53% des marocaines sont analphabètes, un taux qui atteint les 71% en milieu rural [138].

Le système éducatif reste marqué par de très fortes inégalités. Le système éducatif public arabisé dans les année 80 est très régulièrement critiqué pour ses résultats et sa pédagogie. Les familles de la bourgeoisie et de la classe moyenne marocaines préférant envoyer leurs enfants dans écoles privés francophones.

Il existe au Maroc une quinzaine d’universités publiques comprenant 230 000 étudiants et plusieurs universités privées dont Al Akhawayn University à Ifrane et l’Université internationale de Rabat. Le Maroc compte aussi un grand nombre de grandes écoles telles que l'EMI, l'ISCAE...

Émigration

Article détaillé : diaspora marocaine.

Immigration

Il existe au Maroc une importante communauté algérienne issue notamment des vagues d'exil datant de la période coloniale (ces vagues concernent aussi la Tunisie). Le Maroc accueillait également en 2007 une communauté d'expatriés français de l'ordre de 120 644 individus[139]. Enfin, les divers protocoles d'accords culturels signés avec de nombreux pays africains et portant notamment sur l'octroi de bourses d'étude ont permis au Maroc d'accueillir en 2007 une communauté de 9 500 étudiants subsahariens (chiffre représentant 70 % de l'ensemble de la communauté estudiantine étrangère)[140]. Par ailleurs une communauté chinoise commence à se constituer à Casablanca, notamment au sein du quartier commerçant de Derb Omar[141]. Signe de relations anciennes avec l'Asie, le Maroc abritait déjà une communauté indienne historique établie depuis les années 1930[124].

Armée et police

Les différents corps d'autorité ayant un pouvoir de police sont la Direction générale de sûreté nationale (DGSN — police urbaine à statut civil), la gendarmerie royale (police rurale à statut militaire), les forces auxiliaires (garde nationale et territoriale — rurale, urbaine, aux frontières — à statut militaire), la DAG Direction des affaires générales (police préfectorale et provinciale, avec contrôle administratif et territorial par les moqqademns, chioukhs, caïds, préfets, walis), la Douane (police fiscale), la protection civile marocaine (sapeurs-pompiers de protection), la brigade des eaux et forêts (police des eaux et forêts).

Dans ces différents corps, seules la protection civile, la DAG, et la Brigade des eaux forêts ne sont pas armés. Certains corps sont régis comme paramilitaires (Gendarmerie royale, forces auxiliaires, protection civile).

La fonction d'autorité est attribuée à tous ces différents corps. La fonction de police est attribuée à la DGSN, la Gendarmerie royale, les F.A., et la D.A.G. Quant à la fonction militaire de défense, elle est attribuée aux F.A.R., aux F.A., et à la Gendarmerie.

Les armées marocaines se composent de :

  • Une armée régulière (FAR : Forces armées royales) professionnelle de 256 000 hommes dépendant de l'administration de la défense nationale (ADN)
  • Une garde nationale nommée Forces auxiliaires (FA) de 45 000 militaires (qui dépendent du ministère de l'intérieur)
  • Une réserve de 250 000 militaires réservistes.

Soit 301 000 militaires professionnels et 250 000 militaires réservistes, au total environ 550 000 soldats.

Selon ces chiffres, en nombre de soldats l'armée marocaine est la deuxième armée d'Afrique, derrière l'armée égyptienne, et la 21e armée au monde.[réf. souhaitée]

Forces armées royales

Article détaillé : Forces armées royales (Maroc).

Les Forces armées royales (FAR) sont un ensemble de 5 armées dépendant de l'administration de la défense nationale. Le roi du Maroc porte le titre de « chef suprême et chef d’état-major général des Forces armées royales ». Les Forces armées royales ont été créées le 14 mars 1956, à la fin du régime du Protectorat (la Marine royale a seulement été fondée en 1960). Elles ont combattu lors de la guerre des sables en 1963, puis sur le front du Golan en 1973 (voir Guerre du Kippour#Contribution d'autres pays), contribué à sauver le régime zaïrois en 1977 lors des guerres du Shaba, se sont illustrées lors des affrontements avec le Polisario pour le contrôle du Sahara occidental, elles surveillent le mur marocain et ont participé en 1991 à la guerre du golfe. Elles sont également intervenues en Somalie en 1993 et au Kosovo en 1999.

Le , les Forces armées royales ont défilé sur les Champs-Élysées représentées par la garde royale marocaine, ce qui était alors exceptionnel pour une armée non française, à l'invitation du président de la République française de l'époque (Jacques Chirac)[3].

Actuellement, elles participent aux missions de paix (MONUC, ONUCI, EUFOR, KFOR...) Elle est très bien entrainé et aussi considérée parmi l'une des meilleures armées africaines. De nombreux généraux mais aussi officiers et sous-officiers africains sont formés à l'école militaire de Rabat où l'ancien souverain Hassan II été formé.

Composition

Les FAR sont des armées régulières et comprennent 5 armées (325 000 soldats de métier)[réf. nécessaire] avec :

Les FAR disposent aussi d'une réserve de 250 000 militaires réservistes.

Les FAR correspondent ainsi à 256 000 militaires professionnels et 250 000 militaires réservistes, soit au total 514 000 soldats.[réf. nécessaire]

Garde royale
Drapeau de la garde royale marocaine
Article détaillé : Garde royale marocaine.

La Garde royale marocaine est un corps d'armée chargé de la sécurité du roi et des palais royaux. Il s'agit d'une force militaire d'élite assurant la sécurité du Roi et des installations royales (palais....).

Elle a aussi une fonction protocolaire. Elle est composée aujourd'hui de plus de 5000 hommes répartis en quatre bataillons d'infanterie et services, et deux Groupes d'escadrons à cheval.

La Garde Royale puise ses origines dans la prestigieuse garde noire qui fut créée en 1088 par l’Émir almoravide Youssef Ibn Tachfine pour assurer sa protection. Elle doit se nom de garde noire à l'origine de ses troupes, traditionnellement recrutées aux confins méridionaux des territoires du sultan, dans la région du fleuve Sénégal et sur l'ancien territoire de l'Empire songhaï du Mali, appelé alors Soudan marocain, ainsi qu'en Guinée.

Gendarmerie royale
Article détaillé : Gendarmerie royale marocaine.

À l'indépendance du Maroc, la gendarmerie royale marocaine fut créée par le décret-loi (Dahir) du 29 avril 1957 et prit la relève de la légion de gendarmerie française du Maroc. Elle se compose aujourd'hui de 23 000 hommes. Le décret-loi reprend très largement le décret organique français du 20 mai 1903 et prolonge ainsi l'organisation, les principes d'action et les missions de l'ex-légion dissoute. Depuis octobre 1999, la gendarmerie royale est membre de l'association des polices à statut militaire (FIEP).

La gendarmerie fait partie intégrante de l'A.D.N. (Administration de la Défense Nationale), notamment en sa qualité de Police Militaire Judiciaire. Il s'agit d'une armée dans l'armée, tant cette gendarmerie concentre des pouvoirs et moyens (financiers et militaires) très importants (Gendarmerie marine, gendarmerie de l'air, gendarmerie de terre, gendarmerie de police administrative, gendarmerie de police judiciaire, gendarmerie de police militaire judiciaire, gendarmerie mobile, gendarmerie d'intervention (GIGR), gendarmerie de sécurité royale, et la fameuse élite de gendarmerie qui constitue le corps de la Garde Royale). Ainsi l'on voit que la gendarmerie royale est l'élite des forces armées marocaines.

Elle est rattachée pour emploi au roi, chef suprême et chef de l'état-major général des forces armées royales et pour administration et gestion au secrétariat général pour l'administration de la défense nationale qui reçoit délégation du Premier ministre. Elle a assure d'ailleurs la sécurité du souverain.

Elle relève également :

  • du ministre de la justice pour l'exercice de la police judiciaire,
  • du ministre de l'intérieur pour l'exercice de la police administrative.

Les principes d'action sur le service de la gendarmerie royale marocaine sont contenus dans le Dahir du 14 La gendarmerie royale assure des missions de police judiciaire (à la campagne), administrative, militaire (en temps de paix ou en temps de guerre), de service d'ordre, de maintien d'ordre...

Forces auxiliaires marocaines

Les Forces auxiliaires marocaines (anciens Makhzens auxiliaires), sont des forces paramilitaires qui « concourent avec les autres forces de police » et que l'on retrouve auprès des différents corps d'autorité du Maroc. Les agents des FA sont nommés Mkhaznis. Ils apportent renforts et soutien auprès des Forces armées royales, de la gendarmerie, de la police, de la brigade des eaux et forêts, de la Douane, de la Direction des affaires générales (DAG), et participent à la sûreté des palais royaux et à la sécurité du roi. Ils sont ainsi partout et surnommés « les yeux et oreilles du système » — du Makhzen — du fait qu'ils sont présents dans n'importe quel site, territoire, service, lieu ou établissement public (sites touristiques, mairies, annexes d'arrondissements, hôpitaux, préfectures, casernes de pompiers, casernes des FAR, commissariats de police, villages ruraux, communes urbaines, centres-villes, souks, douars, quartiers, postes frontières, mur de défense au Sahara, etc.).

Elles ont un statut militaire, mais dépendent du ministère de l'intérieur marocain, et non pas de l'administration de la défense nationale (ADN). Cependant, même si elles dépendent théoriquement du ministère de l'intérieur, elles fonctionnent concrètement à part. Le service des FA fonctionne sous forme d'Inspection générale (IGFA, Inspection générale des forces auxiliaires) et séparée[Quoi ?] en deux zones (zone nord : de Tanger à bouznika ; et zone sud : de Bouznika à Lagouira). Les missions des F.A. vont de la surveillance aux interventions (incendies, émeutes, guerres...). Les F.A. disposent aussi d'un service autonome de renseignement.

Les forces auxiliaires se composent de 45 000 hommes et sont divisées en deux parties :

  • le Makhzen administratif (police de sécurité publique) postée devant ou à l'intérieur des bâtiments publics (mairies, ministères, administrations, gares, aéroports...), dans les souks, musées, et monuments touristiques,
  • le Makhzen mobile (police mobile d'intervention) composé d'unités d'intervention rapide, qui vivent en famille dans les casernes et qui se déplacent constamment en groupes.

Les F.A. sont l'une des 6 armes du Royaume du Maroc, à côté de la Gendarmerie, l'aviation, la marine, l'armée de terre, et la garde royale. Comme armement, les forces auxiliaires possèdent des MAS 36, des AK-47, des MAG et des véhicules blindés UR 416, Panhard AML 60. Les F.A. (agents du Makhzen) sont une véritable armée, qui fonctionne en temps de paix comme des policiers (Mkhaznis) au service des institutions de l'État (Makhzen).

Sûreté nationale

La Sûreté nationale est un corps d'autorité et de police nationale à statut civil, agissant dans les communes urbaines et dépendant du ministère de l'intérieur.

Avec près de 60 000 policiers, la sûreté nationale est divisée en plusieurs services :

  • La sécurité publique
  • Les renseignements Généraux (renseignement)
  • La police judiciaire
  • La police scientifique
  • La direction de sécurité royale

L'importance des services et attributions (surveillance, renseignements, contre espionnage, police judiciaire, sécurité royale) de la Sûreté nationale font d'elle un puissant corps d'autorité, à statut civil mais rival à la Gendarmerie royale.

Services de renseignements marocains

Sous la tutelle du ministère de l'intérieur

Sous la tutelle du ministère de la défense

Culture

Articles détaillés : Culture du Maroc et Langues au Maroc.

Même si la grande majorité de sa population est musulmane, le Maroc se veut un pays multiculturel de par son contact notamment avec les Phéniciens, les Romains, les Byzantins, les Vandales, les Arabes, les Français et les Espagnols[142],[143],[144]

L'état civil marocain n'autorise pas de nombreux prénoms que des parents marocains souhaitent donner à leurs enfants pour des raisons de « rupture avec l'identité marocaine »[145]. Alors que cette mesure concernait surtout les prénoms berbères, elle « est de plus en plus élargie aux appellations d’origine arabe, liés à l'islam ou parfois inspirés des célébrités de cinéma[145]. »

Artisanat

Article détaillé : Artisanat marocain.

La région est très réputée par ses tapis de campagne, ses paniers et ses différents autres objets de grande utilité. Le tissage de tapis modernes et la broderie sont très prospères surtout dans les complexes artisanaux. D'autres objets de grande utilité sont fabriqués par les artisans de la région, tels que les tajines, les jarres, etc.

Caftan marocain

Article détaillé : Caftan marocain.

Les caftans du Maroc sont originaires de l'Andalousie mauresque (Al Andalus) où les élites arabo-musulmanes de l'Empire omeyyade (dont Zyriab, le père de la musique arabo-andalouse) ont apporté à partir du IXe siècle des caftans empruntés aux Perses. Entre le IXe et le XVe siècle, les émirats arabo-andalous (composés de peuples d'origines variées) ont progressivement donné aux caftans leurs touches civilisationnelles. Rappelons que l'Andalousie mauresque s'est construite en opposition ou en concurrence vis-à-vis de l'Empire ommeyyade de Damas de même que l'Empire des Idrissides de Fez (branche Omeyyade du Maroc) vis-à-vis de l'Empire Abasside de Bagdad. Cette divergence va se traduire entre autres sur les tenues vestimentaires.

Fantasia

La célèbre fantasia marocaine
Article détaillé : Fantasia (Maghreb).

Au vu des diverses archives actuelles, il est clair que cette tradition est bien inscrite dans le patrimoine séculaire équestre marocain.

Au Maroc, pays fortement agricole et resté longtemps tribal (et cela même après l'indépendance en 1956 du pays), cette démonstration va perdurer en devenant une tradition tribale, rurale et religieuse : les tribus guerrières rurales l'associeront, avec la collaboration active de la population, aux Moussem (fête des semailles, de la moisson) et à la fête d'un saint de la tribu (ou reconnu par la tribu) et cela de façon annuelle et séculaire. La fête des saints a été instaurée au XVe siècle par les Mérinides[146]

Autres lectures

Médias

Le premier journal à apparaître au Maroc était un hebdomadaire anglophone appelé « Maghreb Al Aksa », en 1877. De telles publications n'étaient généralement pas disponibles dans les villes marocaines jusqu'en 1908.

Pendant le protectorat français, à partir de 1920, commença l'apparition des publications françaises comme L'Écho du Maroc et La Vigie marocaine. Elle fut suivie par le lancement d'un groupe de presse appelé Mas, qui publia Farmhouse ainsi que les quotidiens Le Petit Marocain et L'Écho du Maroc, bien que ces derniers continuèrent à s'adresser principalement aux étrangers.

Ensuite, les nationalistes marocains tels que Mohamed Hassan El Ouazzani commencèrent leur propres publications. En 1933, ce dernier fonda « L'Action du Peuple », un hebdomadaire francophone. Plus tard, Abdelkhalek Torrès et Mohamed Bennouna, à Tétouan, publièrent en arabe, respectivement deux publications : « Al Salam » et « Al-Hayat ». Ces journaux donnèrent aux nationalistes une plateforme pour exprimer leurs revendications indépendantistes vis-à-vis de la France et de l'Espagne. De plus en plus de journaux étrangers furent publiés au Maroc.

Plus tard, le Maroc édita un code de la presse le 15 novembre 1958[147].

Actuellement

Le gouvernement marocain dispose de nombreux moyens audiovisuels comme la radio et la télévision marocaine. L'agence de presse marocaine, Maghreb Arabe Presse et un quotidien en langue arabe Al-Anbaa sont des organes officiels du gouvernement. Des organes semi-officiels sont les suivants : le quotidien Assahra Al Maghribia, le quotidien de langue française Le Matin du Sahara et du Maghreb.

Les Marocains ont à leur disposition environ 2 000 publications locales ou étrangères.

Chaînes et radios

Articles détaillés : Audiovisuel au Maroc et Radio au Maroc.

Presse

Article détaillé : Presse au Maroc.

Gastronomie

Article détaillé : Cuisine marocaine.

La cuisine marocaine traditionnelle est extrêmement riche et variée, elle a une bonne place dans le classement international. Le couscous et le tajine,très connus sont considérés comme des plats traditionnels ordinaires dans cette région. Ils sont préparés à base de viande de mouton ou poisson et de légumes variés. Durant les fêtes, on mange d'autres plats typiquement marocains et plus raffinés : les pastillas (prononcé bastela), le tajine de viande au miel, aux pruneaux et amandes, le méchoui...

Danse

Le hadidou est une danse collective traditionnelle, typique des Berbères du Moyen Atlas. Un demi-cercle se forme : hommes et femmes se croisent et se tiennent la main. Au milieu, un ou plusieurs chefs de troupe mènent la danse au son du bendir, un grand tambourin.

Cette danse symbolise l'unité de la communauté et un moyen pour résoudre des conflits quelquefois meurtriers qui se déroulaient autrefois au sein des tribus, comme le rappellent les pacifiques joutes poétiques (abraz) mais aussi les sabres, fusils, bâtons, utilisés par les danseurs.

Musique

Article détaillé : Musique marocaine.
La chanteuse marocaine Oum, en concert à Rabat

La musique au Maroc est très diversifiée et se compose de quatre grands groupes ou familles de musique : la musique berbère (amazigh), la musique africaine, la musique internationale, la musique hassanie des régions du sud et la musique arabe.

Chaque groupe est lui-même constitué de sous-groupes. Ainsi la musique arabe au Maroc est-elle constituée de musique arabe moderne influencée par la musique arabe contemporaine du reste du monde arabe (Algérie, Égypte, Liban, Syrie, etc.), la musique arabe du terroir (populaire) propre à chaque région du Maroc, généralement chantée en arabe dialectal de chaque région, la musique « classique » arabo-andalouse, elle-même composée de sous-groupes de Fès, Rabat, Salé, Tétouan, Oujda (gharnati) et le berceau de la Musique Aarfa qui est la source de plusieurs musiques comme Reggada, Allaoui, nâari. Il y a aussi le Raï de la région d’Oujda trouvant sa source à proximité de la frontière algérienne (Oran, Tlemcen, Saïda).

La musique amazigh (berbère) est, elle aussi, divisée en sous-groupes, généralement suivant les diverses régions et parlés : amazigh, tachelhite, tarifite, etc. Cette musique est aussi divisée en « moderne » et « traditionnelle ». La musique afro-marocaine, connue sous le nom de Gnaoua est propre à la région de Marrakech, Essaouira ainsi que le sud du Maroc, les paroles sont soit en arabe, en amazigh ou en un mélange afro-arabe.

Enfin il existe une nouvelle génération de jeunes, qui crée une musique qui synthétise l’esprit marocain aux influences venues du monde entier (blues, rock, metal, reggae, rap marocain, etc.). Un des évènements les plus importants de cette scène « underground », est le festival du Boulevard des jeunes musiciens qui a lieu tous les ans à Casablanca et qui rallie la jeunesse marocaine dans un même événement culturel.

Cinéma

Article détaillé : Cinéma marocain.

Le cinéma marocain regroupe à la fois les films, téléfilms et les productions cinématographiques produites au Maroc. À l'opposé d'autres cinémas d'Europe ou du Maghreb, l'État marocain a longtemps laissé son cinéma trouver par lui-même les moyens nécessaires à sa survie et son épanouissement national et international, créant ainsi un déséquilibre entre cinéma commercial (souvent médiocre) et cinéma esthétisant à public essentiellement élitiste. Le Protectorat français du Maroc (1912-1956) avait établi une commission de censure ayant survécu à l'indépendance. Cet organisme de réglementation s’est occupé jusqu'aux années soixante-dix surtout de contrôler la distribution des films étrangers en raison d'une production nationale encore faible comparée à celle des pays francophones voisins[148]. De ce fait, le Maroc a laissé le champ libre à d'autres cinémas concurrents qui se sont affirmés aisément auprès du public marocain ; aujourd'hui il doit lui faire face avec plusieurs années de retard. Il en est de même pour d'autres secteurs artistiques tel que la musique par exemple.

Récemment, la politique culturelle du pays a changé (en particulier sous l'impulsion du Festival international du film de Marrakech) et le Maroc vient de se doter d'une toute neuve industrie du film (voir ci-après). À ce jour, le cinéma marocain progresse et les nombreuses perspectives d'évolution semblent prometteuses ; le cinéma marocain est de plus en plus sélectionné et/ou primé dans des festivals arabes, africains et occidentaux, ce qui encourage de plus en plus de jeunes à se lancer dans une carrière dans le 7e art (voir ci-après défis et atouts du cinéma marocain). Ce progrès sert également de référence au cinéma africain.

Les cas de censures religieuses malgré la constitution de 2011 sont de plus en plus nombreuses. Le film Exodus:_Gods_and_Kings de Ridley Scott a tout d'abord obtenu son via d'exploitation par le Centre Cinématographique Marocain, visa retiré quelques heures avant la projection pour raisons religieuses [28] avant d'être a nouveau autorisé après la censure de certaines scènes.

En mai 2015, alors qu'il était présenté devant un parterre de professionnels lors de la Quinzaine des Réalisateurs à Cannes, le film "Much Loved" de Nabil Ayouch a été sévèrement critiqué au Maroc au travers de 4 bandes annonces mises à disposition du Festival de Cannes. Le Film, qui traite la réalité de la prostitution (Féminine et Masculine) au Maroc, et en particulier à Marrakech, a déplu aux intégristes religieux et au gouvernement qui a décider pour raison politique et religieuse une censure totale avant même que la demande de visa d'exploitation ne soit déposée, prétextant avoir visionné le film (alors qu'il n'a pas encore été diffusé ailleurs qu'à cannes). Les motifs invoqués sont de montrer la pure réalité de la prostitution, contrairement à l'idéologie forcenée prônée par le gouvernement islamiste et les intégristes religieux qu'il n'y a ni prostitution ni homosexualité au Maroc, et surtout a Marrakech. Pour rappel, un précédant film de Nabil Ayouch, Les chevaux de Dieu, plusieurs fois primé, montre une scène de viol d'un garçonnet de 10 ans par un autre de 14 ans, situation qui a alors semblé normale aux institutions.

Littérature

Article détaillé : Liste d'écrivains marocains.

Sport

Article détaillé : Sport au Maroc.

Le Maroc s’illustre dans de nombreux sports au niveau continental et mondial et constitue la locomotive du développement du sport du continent africain et du monde arabe. À titre d’exemple, l’augmentation à cinq du nombre de pays africains à représenter l’Afrique au mondial du football grâce aux bonnes prestations que le Maroc a réalisées ces 3 dernières décennies dans le football et également dans d'autres compétitions internationales telles que l’athlétisme, la motomarine, le taekwondo, la boxe thaïe, la pétanque, etc. Voici quelques sportifs et équipes ayant marqué le sport marocain :

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Monuments et sites remarquables du Maroc

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Codes

Le Maroc a pour codes :

Notes et références

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    L’État œuvre à la protection et au développement de la langue arabe, ainsi qu’à la promotion de son utilisation.
    De même, l’amazighe constitue une langue officielle de l’État, en tant que patrimoine commun à tous les Marocains sans exception.
    ...
    L'État œuvre à la préservation du Hasani, en tant que partie intégrante de l'identité culturelle marocaine unie, ainsi qu'à la protection des parlers et des expressions culturelles pratiqués au Maroc »
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Voir aussi

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Articles connexes

Liens externes