Shimon Peres

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Shimon Peres
שמעון פרס
شمعون بيرس
Shimon Peres en 2007.
Shimon Peres en 2007.
Fonctions
9e président de l'État d'Israël

(7 ans et 9 jours)
Élection 13 juin 2007
Premier ministre Ehud Olmert
Benyamin Netanyahou
Prédécesseur Moshe Katsav
Dalia Itzik (intérim)
Successeur Reuven Rivlin
12e Premier ministre d'Israël

(7 mois et 14 jours)
Président Ezer Weizman
Gouvernement Peres II
Législature 13e
Coalition HaAvoda-Meretz-Yiud
Prédécesseur Yitzhak Rabin
Successeur Benyamin Netanyahou
9e Premier ministre d'Israël

(2 ans 1 mois et 7 jours)
Président Chaim Herzog
Gouvernement Peres I
Législature 11e
Coalition HaMa'arakh-Likoud-Shinouï-
Shass-Mafdal-Ometz-Yahad
Prédécesseur Yitzhak Shamir
Successeur Yitzhak Shamir
Premier ministre d'Israël
(intérim)

(1 mois et 30 jours)
Président Ephraim Katzir
Prédécesseur Yitzhak Rabin
Successeur Menahem Begin
Biographie
Nom de naissance Szymon Perski
Date de naissance (92 ans)
Lieu de naissance Wiśniew (Pologne, actuelle
Biélorussie)
Nationalité israélienne
Parti politique Kadima
Conjoint Sonya Gelman
Enfant(s) Himara Walden-Peres
Yoni Perers
Chemi Peres
Diplômé de The New School
Université de New York
Université Harvard

Signature

Shimon Peres
Présidents de l'État d'Israël
Prix Nobel de la Paix 1994

Shimon Peres (en hébreu : שמעון פרס, en arabe : شمعون بيرس), né Szymon Perski le [1],[2] à Wiśniew (en Pologne à l'époque, actuellement Višneva en Biélorussie), est un homme d'État israélien, président de l'État d'Israël de 2007 à 2014.

Ministre au sein de nombreux gouvernements, Shimon Peres assume les fonctions de Premier ministre en 1977 (à titre provisoire), de 1984 à 1986, puis de 1995 à 1996. Il est prix Nobel de la paix 1994, avec Yasser Arafat et Yitzhak Rabin. Chef du Parti travailliste durant de nombreuses années, il rejoint le parti centriste Kadima en 2005.

À l'issue d'une longue carrière politique, il est élu président de l'État d'Israël et prend ses fonctions le , devenant le premier chef de l'État israélien ayant été Premier ministre avant son élection. Il quitte la présidence à l'issue de son mandat, le , à l'âge de 90 ans.

Shimon Peres est, depuis la disparition de l'ancien Premier ministre Ariel Sharon, le dernier père fondateur de l'État d'Israël vivant à ce jour.

Biographie[modifier | modifier le code]

De la Pologne à Israël[modifier | modifier le code]

La famille de Szymon Perski émigre vers Tel Aviv en 1934, alors que ce dernier est âgé de 11 ans. Celui-ci suit des études à l'école de Geula de Tel Aviv, puis à l'école agricole de Ben-Shemen.

En 1947, Shimon Peres s'enrôle dans le Haganah, prédécesseur des forces israéliennes de défense, dont il devient un dirigeant.

Il est nommé, en 1953, directeur général du ministère de la Défense, quatre ans après sa rencontre avec le Premier ministre David Ben Gourion. À cette fonction, il s'implique particulièrement dans l'achat d'armes pour le jeune État d'Israël, ce qui contribue à en faire la 6e puissance atomique mondiale[3].

Il se rend en France en 1954 et fait la rencontre d'Abel Thomas, directeur général du ministère de l'Intérieur, qui lui présente Maurice Bourgès-Maunoury. Ensemble, ils mettent en place une coopération entre les services de renseignements dans la lutte contre l'ennemi commun égyptien, accusé par la France de soutenir les indépendantistes algériens. En 1956, Bourgès-Maunoury devient ministre de la Défense dans le gouvernement Guy Mollet. Une étroite coopération franco-israélienne s'amorce. Les efforts de Peres sont efficaces et il réussit à acquérir, auprès de la France, le premier réacteur nucléaire de Dimona et, auprès de l'avionneur français Marcel Dassault, le Mirage III, un avion de combat à réaction.

Vie familiale[modifier | modifier le code]

En 1945, Shimon Peres épouse Sonya Gelman, née en 1923 et morte en 2011 ; de cette union naissent trois enfants : une fille, Himara Walden-Peres, linguiste, et deux fils, Yoni et Chemi, président de Pitango, une importante société israélienne de capital risque.

Carrière politique[modifier | modifier le code]

Une longue ascension[modifier | modifier le code]

Shimon Peres (à gauche),
dans les années 1960.

En 1959, il est élu pour la première fois député à la Knesset (Parlement israélien), sur la liste Mapaï (composante du Parti travailliste). Il est constamment réélu depuis.

Shimon Peres est vice-ministre de la Défense de 1959 à 1965, au moment de son implication dans l'affaire Lavon avec Moshe Dayan. Avec celui-ci, il quitte le Mapai de David Ben Gourion pour former un nouveau parti, le Rafi, qui se réconcilie avec le Mapai en 1968.

En 1969, Peres est à nouveau nommé ministre et, en 1970, il devient ministre de l'Immigration, des Transports et des Communications. Après avoir été brièvement ministre de l'Information, il est nommé ministre de la Défense dans le gouvernement d'Yitzhak Rabin, de 1974 à 1977.

Premier ministre d'Israël[modifier | modifier le code]

Bien qu'il n'ait jamais mené son parti à une victoire aux élections, Shimon Peres a assumé, à trois reprises, la charge de Premier ministre.

Devenu chef du Parti travailliste, il occupe cette fonction par intérim, d'avril à juin 1977, à la suite de la démission d'Yitzhak Rabin. Mais la gauche perd les élections législatives, et Shimon Peres devient le chef de l'opposition jusqu'en 1984.

Il redevient Premier ministre en septembre 1984, à la tête d'un gouvernement de coalition avec le Likoud. Dans le cadre d'un accord avec Yitzhak Shamir, il cède comme prévu sa place à ce dernier, en octobre 1986. Il occupe alors la fonction de vice-Premier ministre, ministre des Affaires étrangères jusqu'en 1988. À ce poste, il tente en vain de trouver une solution à la question palestinienne, conjointement avec la Jordanie.

Ministre des Finances au sein d'un nouveau cabinet de coalition, Shimon Peres retourne dans l'opposition de 1990 à 1992. Cette même année, battu par Yitzhak Rabin à la direction du Parti travailliste, il est de nouveau nommé ministre des Affaires étrangères, et se bat en faveur de négociations sur l'avenir des territoires occupés, avec l'OLP de Yasser Arafat. En 1993, Shimon Peres est l'un des artisans des accords d'Oslo. Cela lui vaut, l'année suivante, de se voir décerner le prix Nobel de la paix, avec Yitzhak Rabin et Yasser Arafat.

Quelques minutes avant l'assassinat du Premier ministre Yitzhak Rabin, le , Shimon Peres se trouve aux côtés de ce dernier. Alors qu'Yigal Amir s'apprête à les abattre tous les deux, le Premier ministre retourne remercier les organisateurs de la manifestation en faveur du processus de paix israélo-palestinien, tandis que Peres, hésitant, décide finalement de partir[4]. Yigal Amir se résout à lui laisser la vie sauve, et conserve ses munitions pour Yitzhak Rabin.

À la suite de cette mort brutale, Peres redevient Premier ministre et réaffirme sa volonté de poursuivre le processus de paix. Il décide d'avancer de six mois le scrutin qui doit désigner le Premier ministre israélien au suffrage universel par les citoyens. Pendant la campagne électorale, pendant qu'il cumule le rôle de Premier ministre et celui de Ministre de la Défense, il lance l'opération militaire "Raisins de la colère" dans le sud du Liban. Le bombardement de Cana, où 106 civils qui s'étaient abrités auprès de la FINUL moururent sous les bombardements israéliens, met un terme à l'opération. L'image de Shimon Peres est fortement endommagée à l'étranger, mais l'impact national est également important[5]. Les semaines précédant l'élection, la cote de popularité de Shimon Peres s'effondre. Son adversaire Benyamin Netanyahou met alors l'accent sur le mauvais bilan des travaillistes en matière de sécurité. Le , le Premier ministre sortant est battu de justesse par le candidat du Likoud, qui recueille 50,5 % des voix. Pour beaucoup, cet échec signe le glas de sa carrière politique.

Traversée du désert[modifier | modifier le code]

Shimon Peres aux côtés de Yasser Arafat, en 2001.

Shimon Peres continue d'agir en tant qu'« ambassadeur » non officiel d'Israël, grâce au prestige et au respect dont il jouit dans l'opinion publique internationale et dans les cercles diplomatiques. Il s'efforce de contrecarrer l'activité de propagande des cercles internationaux pro-palestiniens[réf. nécessaire]. L'année de sa défaite, le président de la Confédération suisse, Jean-Pascal Delamuraz, lui décerne le « prix de la fondation » lors du forum de Crans-Montana. En 1997, il fonde le « Centre Peres pour la paix », et reste un défenseur résolu des accords d'Oslo et de l'autorité palestinienne, en dépit des deux Intifadas.

Nommé ministre de la Coopération régionale par Ehud Barak le , il subit un nouvel échec personnel lors de l'élection présidentielle de 2000, lorsqu'il est battu, à la surprise générale, par Moshe Katsav. Contre toute attente, il accepte la fonction de vice-Premier ministre, ministre des Affaires étrangères dans le gouvernement Ariel Sharon. Shimon Peres défend le droit pour Israël à une politique de sécurité, répond aux critiques internationales contre la « barrière de sécurité » élevée par l'État israélien. Il soutient la politique d'Ariel Sharon dans sa volonté d'utiliser les forces armées israéliennes pour contrecarrer la « guerre de la terreur », engendrée par les nombreux palestiniens transformés en bombes humaines, et pour déraciner l'infrastructure politique et militaire de la « résistance » palestinienne et de ses réseaux terroristes. Il qualifia toutefois l'assassinat, en juillet 2002, de Salah Shehadeh (Hamas), de « tragédie », en raison de l'importance des pertes civiles lors de ce bombardement. Il a très longtemps tardé à admettre l'idée d'un État palestinien souverain et ne reconnaît pas le fait de l'occupation israélienne, restant sur la position officielle (« territoires disputés »), ni l'idée d'un retrait de la totalité des territoires occupés.

Du Parti travailliste à Kadima[modifier | modifier le code]

En 2005, Shimon Peres est battu à l'élection interne du Parti travailliste, qui désigne Amir Peretz comme son nouveau dirigeant. Celui-ci précipite des élections législatives anticipées, en annonçant le départ des travaillistes du gouvernement Sharon.

Le , moins de 24 heures après l'hospitalisation du Premier ministre Ariel Sharon à la suite d'une hémorragie cérébrale, un des responsables de Kadima affirme sous certaines conditions que Shimon Peres devrait être nommé Premier ministre. Mais celui-ci annonce sur Aroutz 1, le 9 janvier, qu'il n'a pas l'intention de redevenir Premier ministre, même si cela lui était proposé. En revanche, il devient le numéro 2 (derrière Ehud Olmert) de Kadima, nouveau parti à vocation centriste créé par Sharon en vue des élections anticipées de mars 2006. Le , il démissionne de son poste de député pour lever les obstacles juridiques à la poursuite de sa carrière au sein de son nouveau parti[6].

Après la victoire de Kadima, il devient vice-Premier ministre du gouvernement de coalition qu'Ehud Olmert forme avec les travaillistes. Il a également le porte-feuille de ministre du Développement régional chargé de la Galilée et du désert du Néguev.

Président de l'État d'Israël[modifier | modifier le code]

Shimon Peres, à Davos, en 2007.

Candidat à l'élection présidentielle de 2007, il arrive en tête du premier tour à la Knesset le 13 juin en obtenant 58 voix contre 37 pour Reuven Rivlin, le candidat du Likoud et 21 à Colette Avital, présentée par le Parti travailliste. Aucun des trois candidats n'atteignant la majorité absolue de 61 voix requise pour être élu dès le premier tour, un second tour a lieu le même jour. Dès l'annonce des résultats, ses deux concurrents se retirent de la course, laissant la voie libre au vice-Premier ministre, déclaré élu président par 86 voix contre 23.

Le , Shimon Peres est investi président de l'État d'Israël après avoir prêté serment devant les membres de la Knesset pour un septennat. Il succède à Moshe Katsav, qui l'avait battu sept ans plus tôt, lors du précédent scrutin présidentiel. Le nouveau chef de l'État doit alors restaurer le prestige de la fonction du président de l'État d'Israël, mis en cause par des scandales de mœurs impliquant l'ex-président Katsav.

Le , Shimon Peres est le premier président de l'État d'Israël à prononcer un discours devant la Grande assemblée nationale de Turquie.

En novembre 2008, le président Peres reçoit, des mains de la reine Elizabeth II, les insignes de l'ordre de Saint-Michel et Saint-George lors d'une cérémonie organisée à Buckingham Palace, à Londres. Lors de la cérémonie, le chef de l'État israélien s'est dit « très ému de recevoir, en tant qu'émissaire d'Israël, un tel honneur ».

En janvier 2009, au World Economic Forum de Davos, en Suisse, Shimon Peres et le Premier ministre turc Recep Tayyip Erdoğan ont une violente discussion autour de l'intervention israélienne à Gaza. Le chef du gouvernement turc, énervé, déclare qu'il se « souvient très bien de ces enfants qui sont morts sur la plage ». Le président israélien réplique alors qu'il « faut savoir se mettre à la place des autres : que feriez-vous si des dizaines, des centaines de roquettes s'abattaient sur Istanbul ? ». Erdoğan décide alors de prendre ses affaires et de quitter le débat. Acclamé par ses partisans de l'AKP qui voient en lui un héros, l'opposition turque rappelle cependant que l'État d'Israël reste un allié et que le Premier ministre Erdoğan a manqué de respect à un prix Nobel de la Paix.

Le , Shimon Peres entame des consultations pour la formation d'un nouveau gouvernement. Dès lors, il se dit favorable à une grande coalition. Le 24 février, il ouvre la 18e Knesset. Le 20 mars, Peres rencontre au Beit HaNassi, la résidence présidentielle, le vainqueur désigné des élections législatives, Benyamin Netanyahou et le charge de former un gouvernement. Le 31 mars, Netanyahou est nommé Premier ministre et est investi le lendemain par la Knesset.

En février 2009, le pape Benoît XVI, en visite officielle en Israël est salué par le président Peres au Beit HaNassi.

Carrière politique[modifier | modifier le code]

Shimon Peres en compagnie du président Barack Obama, le .

Prix et distinctions[modifier | modifier le code]

Peres reçoit le Premier ministre des Pays-Bas Mark Rutte, en 2013.

Citations[modifier | modifier le code]

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  • « La paix consiste à mettre un terme à une histoire écrite à l'encre rouge pour en écrire une autre à l'encre verte[8]. »
  • « Si un problème n'a aucune solution, ce peut ne pas être un problème, mais un fait - sa finalité n'étant pas d'être résolu mais de passer l'épreuve du temps. »
  • « Vous pouvez tuer mille personnes ; vous pouvez abréger une vie ; mais vous ne pouvez pas tuer une idée » — après l'assassinat du Premier ministre Yitzhak Rabin.
  • « Avec les religieux vous pouvez à peine négocier. Ils pensent qu'ils ont la permission suprême de tuer des personnes et d'aller faire la guerre. »
  • « Les Arabes ont commencé à comprendre que la pauvreté ne crée pas la terreur, mais que la terreur crée la pauvreté. Ils sont les victimes de leurs propres erreurs. »
  • « La cour a ignoré le fait que le droit de vivre est un droit fondamental de l'homme. L'efficacité du tribunal est dans sa capacité réelle à faire reculer la terreur, et pas seulement contre ceux qui la combattent. » — au sujet des opposants juifs au mur de sécurité.
  • « Vous non plus n'avez pas le choix. Ce sera vous ou le Hezbollah. » — à l'attention du peuple libanais, le .
  • « La guerre en Irak serait une très bonne chose pour la reprise de l'économie mondiale » Le Monde daté du mardi 28 janvier 2003, page 4.

Notes et références[modifier | modifier le code]

  1. Sa fiche sur le site internet du Premier ministre d'Israël
  2. Il célèbre son anniversaire notamment en suivant le calendrier hébreu, à la date du 20 Av, qui correspondait au 2 août lors de sa naissance en 1923, qui correspond au 4 août en 2007, au 21 août en 2008 et au 10 août en 2009 : cf. Greer Fay Cashman, « Peres turns 84 today… and on Shabbat », The Jerusalem Post, 1er août 2007
  3. « Biographie de Shimon Peres » sur le site de TF1-LCI
  4. « Yitzhak Rabin, le “camp de la paix” frappé au cœur », Marianne, n°644, août 2009
  5. Shimon Pérès le guerrier, piégé par sa stratégie, Libération, 19 avril 1996.
  6. « Shimon Peres quitte la Knesset », Le Nouvel Observateur, 18 janvier 2006
  7. (en) Source Site officiel du Club of Budapest
  8. Shimon Peres, « Ecrire l’histoire à l’encre verte », Le Monde diplomatique,‎ (ISSN 0026-9395, lire en ligne)

Voir aussi[modifier | modifier le code]

Liens externes[modifier | modifier le code]

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