mercredi 4 avril 2012 - par Jean Lannes

La Marseillaise expliquée aux ignorants et aux hypocrites

Époque bien-pensante qui s’indigne à la moindre occasion, époque féminisée qui ne veut plus voir la réalité en face, époque amnésique qui ne sait plus d’où elle vient… De nos jours, la Marseillaise est attaquée de toutes parts, considérée par beaucoup comme un chant raciste et xénophobe, violent et haineux. Jusqu’où va-t-on descendre dans la stupidité et l’ignorance ?

Motifs d’inquisition

L’argument récurrent est usé jusqu’à la corde : la Marseillaise, l’hymne national de la République, serait un chant raciste, xénophobe, violent, et ne serait plus adapté à notre époque. Quand ce n’est pas des footballeurs, des supporters ou des rappeurs incultes qui dénigrent ce chant, ce sont les adeptes de l’idéologie de gauche, bien-pensante et antiraciste, qui s’y mettent.

Les exemples foisonnent. Qu’il s’agisse du footballeur Nicolas Anelka lorsqu’il déclare aux Inrocks qu’il aurait quitté l’Équipe de France si on l’avait forcé à chanter l’hymne national, du rappeur Booba, visiblement très au fait du contexte historique, qui estime que le « sang impur » évoqué dans les paroles est celui d’Algériens et d’Africains (sic !), ou encore du romancier Jean Teulé, beaucoup n’ont de cesse de partir à l’assaut d’un chant révolutionnaire vieux de deux siècles.

Interprétation et contextualisation

Tout d’abord, pour répondre à ces procureurs, le « sang impur » tant décrié est souvent mal interprété, voire de manière simpliste et irréfléchie. Par ignorance, par hypocrisie, ou par bêtise tout simplement, ces gardiens de la pensée unique ignorent tout du sens du refrain.

Aux armes, citoyens
Formez vos bataillons
Marchons, marchons !
Qu’un sang impur
Abreuve nos sillons !

Comme l’a très bien expliqué François Asselineau dans sa géniale conférence sur l’Histoire de France, le « sang impur » est en réalité celui du peuple français.

Tableau représentant la bataille de Valmy en 1792

En 1792, alors que l’Europe monarchiste coalisée – ainsi que les nobles français émigrés – est en guerre contre la France révolutionnaire, le peuple est appelé à défendre ses frontières. Dans sa garnison de Strasbourg, à la demande du maire Philippe-Frédéric de Dietrich, le capitaine Claude Joseph Rouget de Lisle écrit ce « chant de guerre pour l’armée du Rhin » pour exhorter les troupes. Repris en cœur par les fédérés marseillais montant sur Paris, il sera baptisé « Marseillaise » par la population.

Ici, le « sang impur » est une référence à celui du peuple, pauvre à la peau basanée, par opposition au « sang pur » – ou « sang bleu » – qui est celui de la noblesse. Ce sang du peuple martyr est voué à abreuver les « sillons » (tranchées creusées sur les champs de bataille) des armées révolutionnaires parties sur le front, et ainsi nourrir la terre de France. Pour confirmer cette interprétation, rien de plus simple. Le 4ème couplet est on ne peut plus clair :

Tout est soldat pour vous combattre,
S’ils tombent, nos jeunes héros,
La terre en produit de nouveaux,
Contre vous tout prêts à se battre !

C’est donc ici le sang de « nos jeunes héros » qui abreuve les sillons afin d’en faire germer de nouveaux irréductibles. En aucun cas il ne s’agit de sang étranger, et il n’est également nullement question de race ou d’ethnie. Ainsi, le « sang impur » est bien celui du peuple révolutionnaire. Les paroles parlent d’elles-mêmes.

Révélateur d’une époque sans repères

Enfin, pour ce qui est des procès en « violence » qui sont faits à propos de cet appel à la défense nationale, ils sont bel et bien révélateurs d’une époque. Une époque qui ne sait plus d’où elle vient ni où elle va. Certains oublient peut-être que l’Histoire est faite de violence, de guerre et de sang. Que s’ils en sont là aujourd’hui, c’est justement grâce à ce « sang impur » et à cette violence qui les fait tant bondir.

Oui, l’Histoire est cruelle. Aurait-on tendance à l’oublier ? Du haut de notre Occident pacifié, où la guerre économique a remplacé la guerre militaire, oublie-t-on que notre histoire repose sur un lit de cadavres ? Oublier les sacrifices passés en jouant les vierges effarouchées serait une insulte à leur mémoire, et à notre histoire.

Quoi qu’on pense de la Révolution française et de ses nombreux travers, quoi qu’on pense de la République et de ses vices, la Marseillaise est un magnifique chant patriotique qui se doit d’être respecté… et surtout compris.

Vu le niveau des programmes de l’Éducation Nationale et le matraquage idéologique de gauche, bien-pensant et antiraciste, il n’y a rien d’étonnant à ce que l’hymne national soit ainsi dénigré à l’heure actuelle. Comme le révélateur d’une époque qui ne sait plus d’où elle vient ni qui elle est.

Christopher Lings ( Le Bréviaire des Patriotes )


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