Démographie de la Turquie

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Démographie de la Turquie
Évolution démographique de la Turquie
Évolution démographique de la Turquie
Dynamique
Population (2014) 77 695 904 hab.
Accroissement naturel 1,197 %
Indice de fécondité 2,17 enfants par
Taux de natalité 17,0 ‰
Taux de mortalité 6,1 ‰
Taux de mortalité infantile 23,07 ‰
Espérance de vie à la naissance 72,77 ans
Âge médian (2012)
Homme 28,5 ans
Femme 29,2 ans
Structure par âge (2011)
0-14 ans 26,6 %
15-64 ans 67,1 %
65 ans et plus 6,3 %
Rapport de masculinité (2011)
À la naissance 105 /100
Moins de 15 ans 105 /100
15-64 ans 102 /100
65 ans et plus 84 /100
Migration (2012)
Solde migratoire 0,5 ‰
Composition linguistique
Turc (officiel)  
Kurde  
Autres  
Composition ethnique (2008)
Turcs 70 à 75 %
Kurdes 18 %
Autres 7 à 12 %
Composition religieuse
Islam 96,1 %
Christianisme 0,6 %
Autres 3,3 %

Cet article contient des informations sur la démographie de la Turquie, incluant, entre autres, des statistiques démographiques sur les natalités, les mortalités, les migrations ainsi que sur les groupes culturels, ethniques et religieux.

Évolution de la population[modifier | modifier le code]

Évolution récente de la population[1] :

Année Population
(au 31 décembre)
Évolution
2007 70 586 256
2008 71 517 100 + 1,32 %
2009 72 561 312 + 1,46 %
2010 73 722 988 + 1,60 %
2011 74 724 269 + 1,36 %
2012 75 627 384 + 1,21 %
2013 76 667 864 + 1,38 %
2014 77 695 904 + 1,34 %

La croissance démographique turque est nettement supérieure à celle des autres pays européens (environ 1,3 % par an). En 2021, la Turquie devrait dépasser l'Allemagne et devenir le deuxième pays le plus peuplé d'Europe derrière la Russie.

Évolution des principaux indicateurs démographiques[modifier | modifier le code]

Projections des Nations unies[2]
Période Naissances annuelles Décès annuels Solde naturel annuel Taux de natalité (‰) Taux de mortalité (‰) Solde naturel (‰) Indice de fécondité Taux de mortalité infantile
1950 - 1955 1 108 000 431 000 677 000 48.4 18.8 29.6 6.30 167.4
1955 - 1960 1 237 000 485 000 752 000 46.9 18.4 28.5 6.15 163.9
1960 - 1965 1 328 000 529 000 799 000 44.3 17.6 26.7 6.05 160.5
1965 - 1970 1 355 000 562 000 792 000 40.3 16.7 23.6 5.70 156.9
1970 - 1975 1 451 000 564 000 887 000 38.7 15.0 23.7 5.30 141.3
1975 - 1980 1 523 000 545 000 977 000 36.4 13.0 23.4 4.72 119.4
1980 - 1985 1 579 000 505 000 1 074 000 33.8 10.8 23.0 4.15 96.7
1985 - 1990 1 433 000 457 000 976 000 27.7 8.8 18.9 3.28 78.0
1990 - 1995 1 419 000 432 000 987 000 25.1 7.7 17.4 2.90 63.0
1995 - 2000 1 382 000 399 000 983 000 22.6 6.5 16.1 2.57 45.5
2000 - 2005 1 296 000 373 000 923 000 19.7 5.7 14.0 2.23 31.4
2005 - 2010 1 316 000 384 000 932 000 18.7 5.5 13.2 2.15 24.0

Natalité[modifier | modifier le code]

Évolution des principaux indicateurs au cours des dix dernières années :

Année Naissances Taux de natalité
(pour 1000 habitants)
Indice de fécondité
(enfants par femme)
2004 1 222 484 18,1 2,11
2005 1 244 041 18,2 2,12
2006 1 255 432 18,1 2,12
2007 1 289 992 18,4 2,16
2008 1 295 511 18,2 2,15
2009 1 266 751 17,6 2,10
2010 1 259 877 17,2 2,08
2011 1 247 081 16,8 2,04
2012 1 290 387 17,2 2,11
2013 1 291 217 17,0 2,10
2014 1 337 504 17,3 2,17

Source : Turkish Statistical Institute (lien direct)

C'est dans la région de l'Anatolie du sud-est que la natalité est la plus élevée. En 2014, le taux de fécondité y atteint 3,60 enfants par femme et le taux de natalité est de 28,3 ‰, soit largement au-dessus de la moyenne nationale.

La baisse de fécondité entre 2001 et 2008 est notamment due à la baisse de près de 17 % du nombre des naissances dans le sud-est de la Turquie, à majorité kurde[3]. Cette baisse est à mettre en relation avec l'augmentation de l'offre, en termes de santé, proposée par le gouvernement turc (contraception…) et le début du planning familial, inexistant jusqu’alors, dans cette région.

Composition ethnique et religieuse[modifier | modifier le code]

Jusqu'en 1965, la langue, la religion et l'ethnie sont recensées avec précision et rendues publiques[4]. Ces données sont toujours recueillies mais sont désormais confidentielles[4]. Il est donc impossible de donner des chiffres précis en ce qui concerne ces trois sujets. D'autant plus qu'il s'agit de questions politiquement très sensibles et donc sujettes à manipulations dans un but de propagande de part et d'autre.

Histoire[modifier | modifier le code]

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La plupart des « Turcs d'origine turque » contemporains sont les descendants des populations qui vivaient sur place avant l'arrivée des populations turques en provenance d'Asie centrale, qui étaient au départ minoritaires en Anatolie, de la même façon que les Arabes au Maghreb. Comme au Maghreb, l'islamisation des populations s'est accompagnée de l'assimilation linguistique à la population politiquement et militairement dominante, la turcisation a donc accompagné l'islamisation, surtout en Anatolie occidentale et centrale, sauf en « Anatolie orientale » (Doĝu Anadolu), qui est d'ailleurs l'appellation officielle du Kurdistan turc et des régions peuplées d'Arméniens jusqu'au génocide de 1915-1916 et d'autres minorités non-turques, où vivraient encore quelques dizaines, voire centaines de milliers de musulmans arménophones (Hémichis, pourtant convertis depuis le XVIIe et le XIXe siècles) et hellénophones (Pontiques musulmans), ainsi que des crypto-chrétiens.

Au cours de leur histoire, l'Empire ottoman et la République de Turquie ont accueilli au total des millions, de

  • Juifs séfarades après 1492 lors de la Reconquista
  • réfugiés polonais et hongrois après chaque insurrection (il existe encore sur le bord du Bosphore une localité polonaise, Adampol, Polonezköy ou Polonez Köy), notamment celle de 1848[5]
  • Juifs achkénazes fuyant les pogroms d'Ukraine et de Russie
  • Juifs tant achkénazes que séfarades fuyant l'antisémitisme en Europe puis la Shoah (alors que les Alliés les refoulaient de leur territoire)
  • Russes d'églises ou sectes dissidentes pendant l'ère tsariste
  • révolutionnaires socialistes ou communistes, puis des trotskystes dans les années 1930-1940
  • réfugiés musulmans (Muhadjirs) en provenance de régions naguère dominées par des états musulmans et conquises par des états chrétiens : Tatars, Circassiens et Tchétchènes de l'Empire de Russie, partisans algérien d'Abdelkader, Mahdistes soudanais, Turkmènes, Kazakhs et autres peuples de langues apparentées au turc en Asie centrale, fuyant l'URSS, puis quelques milliers d'Afghan, et même des Kazakhs et des Ouïghours fuyant la Chine communiste. Il y a également plus d'un millions de musulmans des Balkans (Turcs, Bosniaques, Albanais, Pomaks, Grecs musulmans etc.) fuyant les nouveaux pouvoirs chrétiens en 1920[6], puis communistes, jusqu'à la fin des années 1980 en Yougoslavie et en Bulgarie par exemple.

Aujourd'hui un pourcentage non négligeable de la population turque descend de réfugiés venus des Balkans, du Caucase ou d'autres régions européennes. De même, une partie des immigrés originaires de Turquie en Europe occidentale sont eux-mêmes issus de ces migrations, tout comme leurs homologues grecs d'ailleurs, parmi lesquels de nombreux Micrasiates et Pontiques ou leurs descendants.

Aujourd'hui[modifier | modifier le code]

Les 12 à 17 millions de Kurdes constituent la plus forte minorité du pays[7],[8],[9], parlant le kurmandji ou le turc. La Turquie contemporaine compte également des minorités arabes (le long de la frontière syrienne), zazas, lazes, géorgiennes (géorgienne - Chveneburi (en) et adjare) et « réfugiées » (muhadjir : Turcs et autres musulmans en provenance tant des Balkans - Albanais, Bosniaques, Pomaks, etc. - que du Caucase - Tcherkesses, Tchétchènes etc. - , de l'Asie centrale ou de l'Afrique orientale).

Il reste par ailleurs quelques milliers de (descendants de) rescapés du génocide ottoman des minorités chrétiennes, Arméniens, Grecs micrasiates et pontiques, Assyriens (Syriaques orthodoxes ou catholiques - Süryani -, Chaldéens - Keldani et Nestoriens - Nasturi).

Aux côtés de ces minorités chrétiennes vivaient des populations de même origine mais converties à l'islam et qui ont échappé au génocide, massacres et autres déportations ottomans et turcs. Leur importance numérique actuelle est impossible à estimer objectivement, certaines sources parlent de plusieurs dizaines, voire centaines de milliers de Hémichis (musulmans de langue arménienne) et de Pontiques musulmans.

Parmi les intellectuels turcs des provinces de la Mer Noire, il y a eu ces dernières années un regain d'intérêt pour les origines non-turques et non-musulmanes, tant des familles que de villages et de régions entières où les générations qui ont vécu les génocides et massacres ethniques des quatre dernières décennies de l'Empire ottoman avaient préféré occulter ce passé. En témoigne par exemple le Dictionnaire encyclopédique de la Mer Noire, basé sur les recherches du journaliste Özhan Öztürk, mais aussi les œuvres d'Ömer Asan (musulman pontique) et de Selma Koçiva (Laze), et plus récemment (cinquième sur la liste des meilleures ventes en avril 2005) le livre Ma grand-mère de l’avocate Fethiye Çetin, relatant la vie de sa grand-mère née arménienne mais orpheline adoptée par une famille musulmane après le génocide.

Au XIXe et au XXe siècles, des rumeurs ont fréquemment circulé, reprises par certains voyageurs, au sujet de l'existence de centaines de milliers de crypto-chrétiens, surtout dans des régions rurales et dans les petites villes. Les Alévis en particulier ont été considérés par certains missionnaires protestants comme tels, et il y a eu des projets de "reconversion". Des rescapés du génocide des chrétiens ottomans, profitant de l'instauration d'une république laïque, se seraient fait passer pour des Alévis afin d'échapper aux exactions. Un fait plus tangible est la survivance de certaines traditions juives, à l'instar de celles des Marranes, principalement parmi les Dönme (Sabbatéens), les descendants des fidèles juifs de la secte de Sabbataï Tsevi, qui s'était proclamé messie et qui dut se convertir à l'islam pour éviter d'être exécuté (les sultans ottomans soutenaient l'orthodoxie contre les dissidences religieuses).

Situation des minorités religieuses[modifier | modifier le code]

Sur le plan religieux, la majorité de la population est (au moins nominalement) musulmane sunnite, mais la Turquie compte également de 15 à 20 millions d'alévis[7]. Ceux-ci sont généralement considérés comme des musulmans hétérodoxes mais un grand nombre d'entre eux ne s'estime pas musulman[10]. Ils sont majoritairement turcs mais aussi kurdes[10]. On dénombre aussi 500 000 à 1 500 000 chiites (souvent azéris), surtout dans la région d'Igdir, proche des frontières avec l'Arménie, l'Azerbaïdjan (Nakhitchevan) et l'Iran, et un nombre indéterminé (100 000 ?) d'Alaouites arabophones ou turcophones dans les régions de Hatay (ex-sandjak d'Alexandrette), Adana et Mersin (ex-Cilicie).

Les observateurs peuvent noter que:

  • Il existe une case « religion » (din) sur la carte d'identité (Nüfus Cuzdani) qu'on peut laisser vierge ou mettre : Müslüman (islam), Rum ortodoks (Église orthodoxe), Ermeni, Hristyan (christianisme), Süryani, Keldani, Nasturi, Musevi, Dönme. Jusqu'en 2006, il fallait indiquer dans la case une des religions précitées mais en 2006, l'État turc permet de laisser la case vierge[11]. En 2010, la Cour européenne des droits de l'homme demande à la Turquie de retirer cette case[11].
  • Contrairement à la quasi-totalité des autres pays à majorité musulmane, il est socialement et juridiquement possible de se dire athée (dinsiz, "sans religion") en Turquie, mais les écoles publiques comportent un cours de religion musulmane sunnite dans le cursus général et obligatoire sauf pour les élèves des trois minorités reconnues (Grecs orthodoxes, Arméniens apostoliques et Juifs). Un parent alévi n'a pas eu gain de cause en justice en contestant le caractère obligatoire de ces cours (voir International Religious Freedom Report 2005).
  • Il existe une fondation (waqf) religieuse étatique (Türk Diyanet Vakfi) qui forme des imams et des enseignants de religion dans des écoles professionnelles spécifiques (imam hatip) et en envoie certains dans ses succursales (dirigées par des fonctionnaires consulaires) à travers le monde, là où existent des communautés musulmanes turcophones. Cependant, il n'existe qu'une Diyanet pour les musulmans sunnites, même si certains Alévis ont récemment demandé la création d'une Diyanet alévie (voir e.a. Reuters 01/01/2005). Les demandes de permis de bâtir pour les temples alévis (cem) sont régulièrement refusés, celles pour des mosquées chiites sont acceptées, mais non financées par la Diyanet (voir International Religious Freedom Report 2005).
  • Seules trois minorités religieuses sont reconnues officiellement, conformément au Traité de Lausanne du 24 juillet 1923, et ont donc le droit de maintenir des écoles spécifiques: les Grecs orthodoxes (sous l'égide de l'Église orthodoxe de Constantinople), les Arméniens apostoliques (sous l'égide du Patriarcat arménien de Constantinople) et les Juifs.
  • Voir aussi Église orthodoxe turque, Sabbatéens.

Références[modifier | modifier le code]

  1. Turkish Statistical Institute - Population Statistics And Projections
  2. World Population Prospects: The 2010 Revision
  3. (tr) TUIK, « Turkey »,‎ (consulté le 24 octobre 2009)
  4. a et b Melvüt Bozdemir, La marche turque vers l'Europe, Karthala,‎ , 296 p. (ISBN 2845865872, lire en ligne), p. 48
  5. [1]
  6. Alexandre Adler: Rendez vous avec l'Islam, p.183
  7. a et b (en) CIA (2010)
  8. « Université Laval de Québec : « L'État turc et le problème kurde » »,‎ (consulté le 23 octobre 2008)
  9. Bernard Dorin (préf. Gérard Chaliand), Les Kurdes. Destin héroïque, destin tragique, Lignes de repère, 2005 (ISBN 2915752028) [lire en ligne (page consultée le 23 octobre 2008)].
  10. a et b Ali Kazancigil, La Turquie, Le Cavalier Bleu,‎ , 126 p. (ISBN 2846701954, lire en ligne), p. 50
  11. a et b Marc Molitor, « La Turquie devrait rayer la case "religion" des cartes d'identité », RTBF,‎ (consulté le 21 janvier 2011)

Liens externes[modifier | modifier le code]