Justin Godart
Justin Godart | |
Justin Godart, député du Rhône et sous-secrétaire d'État au Service de la Santé, en 1917. |
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Fonctions | |
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Député 1906 - 1926 Sénateur 1926 - 1940 |
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Biographie | |
Date de naissance | |
Lieu de naissance | Lyon |
Date de décès | (à 85 ans) |
Lieu de décès | Paris |
Profession | Avocat |
Résidence | Rhône |
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Justin Godart, né le à Lyon et mort le à Paris, est un avocat et homme politique français, maire de Lyon, député et sénateur du Rhône. Il fait une carrière politique dans la mouvance radicale-socialiste. Il fonde en 1918 La Ligue contre le cancer, dont il assure la présidence jusqu'en 1956, ainsi que l’Union internationale contre le cancer (UICC).
Sommaire
Études[modifier | modifier le code]
Né dans le quartier des Brotteaux, issu d'un milieu modeste, il est scolarisé au lycée Ampère à Lyon. Il obtient un doctorat en droit en 1899 en soutenant une thèse sur L’ouvrier en soie, et devient avocat.
Carrière politique[modifier | modifier le code]
Militant au Parti radical-socialiste, il commence sa carrière politique en 1904 en même temps qu’Édouard Herriot lorsqu'il est élu adjoint au maire de Lyon dans la municipalité menée par Jean-Victor Augagneur.
Député de Lyon (1906-1926), puis sénateur du Rhône (1926-1940), il se consacre aux questions sociales : à la santé, à l'hygiène et aux « diminués physiques ». Il sera président de la Commission internationale d'enquête dans les Balkans (Serbie, Bulgarie, Grèce, Turquie, Albanie) organisée par la Dotation Carnegie pour la paix internationale en 1913.
En 1914, il occupe la vice-présidence de la Chambre des députés. Sous-secrétaire d'État de la Guerre, il est responsable du Service de santé militaire de 1915 à 1918 et le réorganise. En décembre 1916 il demande à Gustave Roussy d'organiser un centre neurologique (ce sera au fort de Salins) afin de remettre sur pied et de renvoyer le plus rapidement possible les traumatisés de guerre (« pithiatiques », « plicaturés » et paralysés) au front[1]. Le 14 mars 1918, à la fin de la guerre, il fonde la Ligue franco-anglo-américaine contre le cancer. Membre de la direction de la Ligue des droits de l'homme, il fonde aussi, en 1934, la Ligue internationale contre le cancer. En 1929, il crée l'hôpital Foch à Suresnes.
Il participe avec Léon Rey (archéologue français) à une campagne archéologique de premier ordre dès la fin de la première guerre mondiale en Albanie. Ces fouilles vont mettre à jour la grande cité d'Appolonia ; une découverte majeure dans l'histoire de l'archéologie moderne[réf. nécessaire].
Il est à l'origine d'une législation internationale et participe à l'Organisation internationale du travail et du Bureau international du travail. Il est ministre du Travail et de l'Hygiène en 1924-1925 et ministre de la Santé en 1932. Il fonde le 4 août 1924, l’Office national d’hygiène sociale, organisme public financé initialement par la fondation Rockefeller et destiné à lutter contre la tuberculose[2].
Devant la montée du nazisme, il défend la communauté juive, s'occupe de l'Œuvre de secours aux enfants, de l'accueil des immigrés, et plaide sans relâche pour la défense de leurs droits. En 1940, il fait partie des 80 parlementaires qui disent non au maréchal Pétain. Grand résistant, il est à la tête du Comité du Front National clandestin pour la libération de la Zone Sud, abrite des Juifs, et cache dans le jardin de sa maison de Pommiers (Rhône) l'argent servant aux actions de sauvetage des Juifs. Il diffuse un journal clandestin, Le Patriote Beaujolais.
Il est proche du rabbin David Feuerwerker, Grand-Rabbin de Lyon, à la Libération.
Maire de Lyon de la Libération jusqu'au retour d'Édouard Herriot (1944-1945), il est président de l'Entraide française (1945-1947), président de la Conférence internationale du travail (San Francisco, 1948) et s'occupe à nouveau des migrants. Il préside notamment le Comité d'aide et de défense des immigrés et diverses autres œuvres sociales :
- les Œuvres hospitalières françaises de l’ordre de Malte ;
- le Comité des Œuvres sociales de l'Armée du salut ;
- la Société nationale d'encouragement au bien ;
- la Société d'histoire de la Révolution de 1848 ;
- l'Entraide des femmes françaises ;
- la Fondation médicale franco-américaine du Mont Valérien[3] ;
- La Ligue française contre le cancer ;
- la Ligue internationale contre le cancer.
Justin Godart s'est impliqué pour la cause des Albanais, des Bulgares, des Arméniens, des Indochinois puis des Vietnamiens : il crée pour eux l'association « France-Vietnam » en 1946 pour aider Ho Chi Minh dans sa lutte pour l'indépendance.
Fonctions ministérielles[modifier | modifier le code]
- Sous-secrétaire d'État au service de santé militaire du 1er juillet au 29 octobre 1915 dans le gouvernement René Viviani (2)
- Sous-secrétaire d'État au service de santé militaire du 29 octobre 1915 au 12 décembre 1916 dans le gouvernement Aristide Briand (5)
- Sous-secrétaire d'État au Service de Santé militaire, du 14 décembre 1916 au 18 janvier 1920 dans les gouvernements Aristide Briand (6), Alexandre Ribot (5), Paul Painlevé (1), Georges Clemenceau (2)
- Ministre du Travail, de l'Hygiène, de l'Assistance et de la Prévoyance Sociale, du 14 juin 1924 au 17 avril 1925 dans le gouvernement Édouard Herriot (1)
- Ministre de la Santé Publique du 3 juin au 18 décembre 1932 dans le gouvernement Édouard Herriot (3)
Honneurs[modifier | modifier le code]
- En 1919 il reçoit la Army Distinguished Service Medal[4].
- En juin 2001, s'est tenu à Paris un colloque, organisé par l'Œuvre de secours aux enfants au Sénat : « Un homme dans son siècle ».
- En 2004, la médaille de Juste parmi les nations lui est remise à titre posthume.
- En 2006, est inaugurée, dans le 6e arrondissement de Paris, une place Justin-Godart, face au Louvre sur le Quai Malaquais. À Lyon, c'est une rue du plateau de la Croix-Rousse qui, depuis bien longtemps, porte son nom.
Décorations[modifier | modifier le code]
Intitulés des décorations françaises[modifier | modifier le code]
- Commandeur de la Légion d'honneur
- Croix de guerre 1914-1918 avec deux citations à l'ordre de l'armée
Intitulés des décorations étrangères[modifier | modifier le code]
- Ordre souverain de Malte : Bailli Grand-Croix magistral de l'Ordre souverain militaire hospitalier de Saint-Jean de Jérusalem, de Rhodes et de Malte
- États-Unis : Décoré de la Distinguished Service Cross
- Royaume-Uni : Chevalier Commandeur de l'Ordre de l'Empire britannique
- Belgique : Grand-Croix de l'Ordre de la Couronne et Grand Officier de l'Ordre de Léopold
- Pays-Bas : Chevalier Grand-Croix de l'Ordre d'Orange-Nassau
- Royaume de Bulgarie : Grand-Croix de l'Ordre de Saint-Alexandre
- Royaume de Serbie : Grand-Croix de l'Ordre royal de Saint-Sava
- Royaume d'Italie : Grand Officier de l'Ordre de la Couronne d'Italie
- Royaume du Monténégro : Grand-Croix de l'Ordre du prince Danilo Ier
- Albanie : Grand-Croix de l'Ordre de Skanderbeg
- Pologne : Grand-Croix de l'Ordre Polonia Restituta
Distinctions universitaires[modifier | modifier le code]
- Prix Montyon de l'Académie française (1936)
- Docteur honoris causa de l'Université de Columbia à New York
- Docteur honoris causa de l'Université Saint-Clément d'Ohrid de Sofia
Toponymie[modifier | modifier le code]
- Place Justin Godart, à Paris (6e arrondissement)
- Rue Justin Godart, à Lyon (4e arrondissement)
- Rue Justin Godart, à Villefranche-sur-Saône
- Rruga Justin Godart, à Durrës (Albanie)
- Rruga Justin Godard (sic), à Shkodër (Albanie)
- Rruga Justin Godard (sic), à Vlorë (Albanie)
Lyon et « lyonnaiseries »[modifier | modifier le code]
Justin Godart est un défenseur et un constructeur de l’identité lyonnaise. Son amour de Lyon s’exprime par son goût pour les « lyonnaiseries » historiques et ethnographiques. Il laisse en tant qu'historien lyonnais une bibliographie importante.
Le , sous le pseudonyme de Catherin Bugnard, il crée l'Académie des Pierres Plantées afin de défendre les traditions lyonnaises et le parler lyonnais. C'est également sous ce nom qu'il publie La Plaisante Sagesse lyonnaise, célèbre recueil de maximes et réflexions morales lyonnaises. Grand collectionneur de marionnettes, il fut également le président fondateur de l'association Les amis de Guignol, devenue par la suite Amis de Lyon et Guignol.
Publications[modifier | modifier le code]
- Travailleurs et métiers lyonnais, 1909
- Laurent Mourguet et Guignol, 1912
- La Plaisante Sagesse lyonnaise, maximes et réflexions morales recueillies par Catherin Bugnard, 1920
- La Révolution de 1830 à Lyon, 1930
- Le Jansénisme à Lyon, Librairie Félix Alcan, 1934
- Les Voraces à Lyon en 1848, 1948
Notes et références[modifier | modifier le code]
- Jean-Yves Le Naour, Les soldats de la honte, Éditions Perrin, 2011, page 211
- Jean-Bernard Wojciechowski, Hygiène mentale et hygiène sociale, Éditions L'Harmattan, 1998, p. 47
- Fondation maréchal Foch
- Home of heroes en anglais.
Sources[modifier | modifier le code]
- Sur Justin Godart, voir Annette Wieviorka (dir.), Justin Godart : un homme dans son siècle (1871-1956), 2e éd. CNRS, coll. « CNRS histoire. Bibliandre 27 », Paris, 2005, XIV-273 p.
- François Bilange, Justin Godart - La Plaisante Sagesse Lyonnaise, Éditions Lyonnaises d'art et d'histoire, 2006
- Justin Godart (1871-1956)
- Simon Epstein, Les Dreyfusards sous l'Occupation, Albin Michel, 2001
- Pierre Miquel, Les quatre-vingts, Fayard, 1995.
Liens externes[modifier | modifier le code]
- Naissance en novembre 1871
- Naissance dans le 6e arrondissement de Lyon
- Avocat français du XIXe siècle
- Avocat français du XXe siècle
- Juste parmi les nations français
- Ministre de la Troisième République
- Ministre français de la Santé
- Ministre français du Travail (ou des Affaires Sociales)
- Ancien député du département du Rhône (Troisième République)
- Sénateur de la Troisième République française
- Ancien sénateur du Rhône
- Maire de Lyon
- Personnalité de la Ligue française pour la défense des droits de l'homme et du citoyen
- Personnalité du Parti républicain, radical et radical-socialiste
- Résistant français
- Chevalier de l'ordre de Malte
- Décès en décembre 1956
- Décès à Paris
- Décès à 85 ans