Facebook lance sa solution de réseau social interne, avec 5 ans de retard

La rumeur d’une version « entreprise » de Facebook courait dans la Silicon Valley depuis plusieurs mois. Finalement elle s’avère fondée, car le projet FB@Work vient d’être officiellement annoncé : Facebook Unveils Facebook At Work, Lets Businesses Create Their Own Social Networks. Sans surprise, cette solution se présente comme un réseau social interne qui reprend le look et les fonctionnalités de Facebook.

L'interface de Facebook at Work
L’interface de Facebook at Work

Disponible auprès d’un petit nombre d’entreprises pilotes, l’application mobile est déjà disponible dans l’app store d’Apple : Facebook at Work. La couverture fonctionnelle de la solution est plutôt restreinte : des profils, des messages privés, des publications affichées dans un news feed, des groupes et des évènements (réunions ?).

Les fonctionnalités de Facebook at Work
Les fonctionnalités de Facebook at Work

Ma première réaction face à cette solution a été : « C’est tout ? Tout ça pour ça ». Et effectivement il y a de quoi être déçu. Facebook s’est toujours targué de vouloir bâtir l’outil informatique du XXIe siècle, notamment avec le rachat d’Oculus Rift, et ils sortent un RSE avec des fonctionnalités déjà présentes sur la plateforme grand public depuis plusieurs années. Certes, ce Facebook at Work a l’air simple et intuitif, mais il souffre d’un retard évident en terme d’approche de la communication ou de la collaboration interne.

Vous avez sans doute entendu parlé de cette société US qui se vantait d’utiliser Facebook comme intranet, parce que ses employées ne voulaient pas utiliser les outils informatiques du siècle dernier. Soit, mais c’était en 2007. Nous sommes maintenant en 2015 et l’offre a considérablement progressé avec des solutions radicalement innovantes comme Slack (Encore un service qui ambitionne de remplacer l’email), Asana ou Trello (De l’intérêt de mettre les tâches aux coeur de la collaboration), et des solutions comme Yammer, Chatter, HipChat , Socialcast ou Producteev qui sont portées par des poids lourds du secteur (respectivement Microsoft, Salesforce, Atlassian, VMware et Jive). Face à une concurrence acharnée, ce Facebook at Work fait pale figure, à la limite du ridicule, d’autant plus si l’on prend en compte l’image d’anti-productivité que véhicule la plateforme (Avons-nous besoin d’un Facebook interne ?).

Je dois avouer mon incompréhension fasse à un tel manque d’inspiration, surtout quand on apprend que le chef de ce projet n’est autre que Lars Rasmussen, un des architectes de Google Wave (Facebook at Work: social network unveils ‘pilot’ for companies). Je ne sais pas trop ce quel type d’entreprise Facebook espère séduire avec son offre, surtout si on la compare à des initiatives beaucoup plus novatrices comme Verse d’IBM (Mobilisation générale pour faire évoluer les outils de communication et de travail) ou Svay de Microsoft (Microsoft’s Sway Changes Everything You Know About PowerPoint).

Ceci étant dit, Facebook est reconnu pour son agilité et sa faculté à faire rapidement évoluer ses produits. Deux qualités dont ils vont terriblement avoir besoin pour ne pas se ridiculiser, car de nombreuses zones d’ombre sont à éclaircir :

  • Quel sera le modèle économique de cette solution : gratuit avec de la publicité ou freemium ? Hébergé ou on-premise ?
  • Quelle est leur logique en matière de mobilité : une application unique ou une série d’application dédiée pour les groupes, les messages… ?
  • Comment comptent-ils résoudre le problème d’infobésité : en utilisant leur algorithme de filtrage ? Sera-t-il possible de sponsoriser une publication pour en augmenter sa visibilité ?
  • Comment vont-ils gérer l’authentification au sein de grandes entreprises ? Comment éviter les conflits ou problèmes qui peuvent survenir avec des profils grand public des salariés ?
  • Comment cette solution va-t-elle s’intégrer dans le SI d’une entreprise : avec des APIs ? Si oui, quelles sont les garanties de stabilité, sécurité… ?

Plus je me réfléchis à cette nouvelle offre, plus je me dis qu’il y a très clairement erreur de casting, certains collègues sont néanmoins moins critiques (Facebook Where? The Enterprise Reacts To Facebook At Work). Je reste persuadé que les choses sérieuses ne commenceront que quand LinkedIn se décidera enfin à sortir une offre de RSE ou de collaboration interne. D’ailleurs nous n’en sommes plus très loin : Upcoming LinkedIn Products Connect Co-Workers.

4 commentaires pour “Facebook lance sa solution de réseau social interne, avec 5 ans de retard”

  1. Posté par khalid a dit : le

    Lentement mais surement, il s’agit pas d’innover mais d’instituer une habitude ou ne pas briser, celle qui existe deja.

    Je crois que facebook vise, les entrepreneurs, les assoiations, les petits business a terme, toute ces personnes ou proffesions qui n’utilisent pas d’intranet.

    Les jeunes aussi, fraichement diplomés, qui montent leurs boites, qui ont grandi avec facebook,

    ils ne cherchent pas a faire basculer les grands comptes quand on sait la difficulté et le cout de la migration.

    Wave a eté trop precurseur et innovant, facebook, marche toujours autant comme un dealeur de drogue, ils offre le cadre, puis petit a petit va sortir des nouveautés et tout le monde sera content.

    c’est surement aussi une facon de capitaliser sur surement la plupart des gens qui ont compte facebook ouvert en permanence, la il sera ouvert, mais on ne sera pas gener puisque ce sera pour le boulot (aussi)

  2. Posté par Frédéric Cavazza a dit : le

    Certes, mais les PME ou entreprises « jeunes » qui n’ont pas d’héritage informatique à gérer peuvent justement adopter beaucoup plus facilement des solutions plus modernes dans leur approche de la collaboration (Asana, Slack, Trello…). De plus, en adoptant Facebook at Work, n’y a-t-il pas un risque que les salariés de la génération Y (ou X) se comportent comme ils le font sur Facebook (avec beaucoup de superficialité) ?

  3. Posté par khalid a dit : le

    Je pense aux autoentrepreneur, aux creatifs, mais aussi donc au travailleur nomade, a celui qui n’a pas ou plus besoin d’un toit sur sa tete et de fil pour travailler.

    Tout ceux la, utilise deja le mail, facebook pour travailler, c’est toujours genant, d’ailleurs personne ne le fait je pense de rajouter un client ou un employeur sur facebook, la ce sera possible puisque ciblé, ce sera même profitable, parce qu’un client peut vous rappeler, ne vous perd pas de vues et peux même voir votre curation ou vos derniers travaux/création.

    Finalement facebook continue ce qu’il fait de mieux, rapprocher des gens proche par les idées ou par la geographie alors paradoxalement que c’est un réseau mondial.

    Facebook doit donc agir lentement, fournir les outils les plus performant aux communautés qui existent deja, parce qu’elle n’a pas le pouvoir d’en creer.

    La ou le « vieux monde » du travail est trop rigide, vraiment trop même.

    Et puis moi meme, j’ai beau m’inscrire sur slack ou meme installer des solutions open source sur un serveur, les seuls outils qui me rapprochent de mes collaborateurs sont gmail, facebook ou doodle.

    Mais on parle la de collaboration, pour des outils plus précis on se tournera toujours vers d’autres solutions, si facebook fait de l’ombre a slack et d’autres, celles ci devraient pouvoir s’interfacer a des logiciels éprouvés d’erp ou autres, pour se donner plus de « concrétisation » et pour les grandes ou moyenne entreprises se trouver plus de flexibilité.

    Mais pour le grand public et comment evolue les metiers, sous-traitance, outsourcing…, facebook a une carte a jouer en restant simple mais incontournable.

  4. Posté par Frédéric Cavazza a dit : le

    Tu soulèves là un point très intéressant : un utilisateur aura-t-il la possibilité de posséder deux profils, ou deux facettes d’un même profil (pro / perso) ? À priori je ne pense pas, ou alors j’ai mal compris la description de FB @ Work, car il me semble que c’est une solution purement interne, qui ne communique pas avec l’extérieur (les messages publiés sur FB@W ne sont pas republiable sur son FB perso). Là où ça va se compliquer, c’est quand un même utilisateur va devoir gérer plusieurs comptes à la fois. J’ai par exemple trois comptes : un profil perso, un profil administrateur sur une page, et une page de personnalité à mon nom. Pourtant du point de vue de FB, ces 3 comptes sont isolés.

    Finalement, ce n’est pas une si mauvaise chose de démarrer cette solution avec une couverture fonctionnelle si pauvre, ça va leur permettre de se pencher sur les subtilités du secteur.