Saint-Eustache (Antilles)

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Saint-Eustache
Sint-Eustatius (nl)
Héraldique
Héraldique
Drapeau de Saint-Eustache
Drapeau de Saint-Eustache
Administration
Pays Drapeau des Pays-Bas Pays-Bas
Gouverneur Gerald Berkel
Démographie
Gentilé Eustachois
Population 2 886 hab. (2010)
Densité 137 hab./km2
Géographie
Coordonnées 17° 29′ 21″ Nord, 62° 58′ 31″ Ouest
Superficie 2 100 ha = 21 km2
Divers
Langue néerlandais (officielle)
anglais (locale)
Monnaie Dollar américain
Fuseau horaire UTC-4
Indicatif téléphonique 599-5
Localisation

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Saint-Eustache

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Saint-Eustache

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Saint-Eustache

Saint-Eustache (en néerlandais Sint-Eustatius et en anglais Statia) est une île caribéenne, territoire néerlandais d'outre-mer, faisant partie des petites Antilles. Située entre Saba (nord-ouest), Saint-Christophe (sud-est), Saint-Martin (sud) et la Guadeloupe (nord-est), son chef-lieu est Oranjestad.

Saint-Eustache forme depuis le 10 octobre 2010 une des trois Communes néerlandaises à statut particulier (néerlandais : openbare lichamen), avec Bonaire et Saba, formant ensemble l'IBES (Iles Bonaire, Saint-Eustache et Saba - néerlandais : BES-eilanden) ou Pays-Bas caribéens (néerlandais : Caribisch Nederland), à la suite de la dissolution de l’ancien État autonome de la Fédération des Antilles néerlandaises dont elle faisait partie.

Histoire[modifier | modifier le code]

Une représentation de Saint-Eustache, vers le milieu du XVIIIe siècle.
La prise de Saint-Eustache par les Anglais en février 1781 (Gravure allemande, 1781)
La reprise de l'île par les Français du marquis de Bouillé en 1781.

Les premiers habitants de Saint-Eustache furent des Indiens caraïbes qui arrivèrent d'Amérique du Sud à la fin du VIIIe siècle. L'île fut aperçue par Christophe Colomb en 1493 et changea 22 fois de puissance coloniale au cours des 150 années qui suivirent. Saint-Eustache tire son nom du saint catholique du même nom.

Histoire coloniale[modifier | modifier le code]

Les Français tentèrent une première colonisation en 1629 lorsque le capitaine Giron y fit construire un fort au nom de Cahuzac, chef d'escadre envoyé par le Cardinal de Richelieu et la Compagnie de Saint-Cristophe. Le fort fut abandonné et les Néerlandais l'occupèrent quelques années plus tard.

En 1636, l'île fut colonisée par la kamer (chambre) de Zélande de la Compagnie néerlandaise des Indes occidentales.

En 1648, le missionnaire dominicain Jean-Baptiste Du Tertre y séjourne pendant six semaines, « en habits séculiers et inconnu », tandis que le gouverneur français de l'île de Saint-Christophe, Longvilliers de Poincy, ainsi que le gouverneur de Saint-Eustache, Abraham Adriensen, cherchent à établir leur autorité sur l'île de Saint-Martin. Le dominicain portait alors un jugement négatif sur Saint-Eustache, ses habitants et son séjour. L'île n'ayant aucune source d'eau douce, il se plaint entre autres, « d'avoir eu plus faim et soif que jamais auparavant dans sa vie[1] ».

En 1678 les îles de Saint-Eustache, une partie de l'île de Saint-Martin et Saba passèrent sous le contrôle direct de la Compagnie néerlandaise des Indes occidentales. Un gouverneur fut installé à Saint-Eustache et avait aussi pour responsabilité la gestion des trois îles.

Au XVIIIe siècle, la culture de la canne à sucre rendait Saint-Eustache importante et employait de nombreux esclaves amenés d'Afrique. L'île accueillit aussi l'une des premières communautés juives d'Amérique. La synagogue de Honen Dalim construite en 1739 est cependant maintenant en ruines. Saint-Eustache est alors connue sous le surnom de néerlandais : Gouden Rots (Rocher doré) grâce à son économie florissante qui n'était pas perturbée par les guerres européennes sévissant sur les autres îles des Antilles.

L'île était une plaque tournante du commerce d'armes et de munitions et elle permit aux Treize Colonies d'Amérique du Nord de s'approvisionner en armes au moment de leur indépendance. Cette amitié entre les États-Unis d'Amérique et Saint-Eustache eut pour conséquence « l'incident du drapeau » lorsque le gouverneur de l'île Johannes de Graeff (en) répondit favorablement à l'appel du USS Andrew Doria recherché par les britanniques et qu'il accueillit le . Ce fut la première reconnaissance de facto des États-Unis d'Amérique par une autre puissance. Les Britanniques n'ont pas pris cet épisode trop au sérieux bien qu'ils protestaient contre le commerce qui se déroulait entre Saint-Eustache et les États-Unis. En 1778, Lord Stortmond déclara au parlement britannique que si Saint-Eustache avait sombré dans la mer trois ans auparavant, le Royaume-Uni en aurait déjà fini avec George Washington. Le commerce entre l'île et le nouvel état fut la raison du déclenchement de la Quatrième Guerre anglo-néerlandaise qui fut désastreuse pour l'économie des Provinces-Unies.

Le , les Britanniques prennent Saint-Eustache. En effet, le gouverneur De Graeff n'avait pas encore été informé de la déclaration de guerre entre les deux nations et avait capitulé face aux forces britanniques de l'amiral Rodney. Dix mois plus tard, l'île est reconquise par les Français alliés des Néerlandais qui retrouvent ainsi la souveraineté sur Saint-Eustache en 1784.

Au plus fort de sa puissance, Saint-Eustache comptait 20 000 habitants mais cette population a lentement décru au profit de Curaçao et Saint-Martin lorsque l'esclavage y fut aboli en 1863.

Histoire contemporaine[modifier | modifier le code]

Le volcan Quill

En 1954, Saint-Eustache gagne le statut de territoire associé au sein des Antilles néerlandaises et se tourne vers le tourisme et l'écotourisme grâce à ses sites de plongée sous-marine, son héritage culturel, historique, son parc national et son parc marin.

En 2004, une commission des gouvernements des Antilles néerlandaises et des Pays-Bas fait état d'une nécessaire réforme quant au statut politique de l'État antillais associé au Royaume néerlandais. Le , les citoyens de Saint-Eustache eurent à se prononcer par référendum sur la nature préconisée de cette restructuration. La population de Saint-Martin s'était prononcée cinq ans plus tôt et avait opté pour le statut apparte qui prévalait déjà dans le cas d'Aruba depuis la fin des années 1980. Saba et Bonaire, quant à elles, s'étaient prononcées en 2004 et désiraient renouer directement avec les Pays-Bas. Derniers en liste, Saint-Eustache visa le statu quo et Curaçao le statut aparte. Aucune ne pencha vers l'indépendance totale.

Le 12 octobre 2006, un accord fut passé entre les Pays-Bas, Saba, Saint-Eustache et Bonaire afin qu'elles soient rattachées à l'État européen. Le 3 novembre suivant, un accord fut entériné entre les Pays-Bas, Sint-Maarten et Curaçao afin qu'elles jouissent d'une souveraineté étendue. Cet accord fut subséquemment rejeté par Curaçao puisque les Curaçaoans n'étaient pas convaincus que cette restructuration allait leur donner toute la latitude désirée. Le un nouvel accord fut ratifié entre l'ancienne métropole et les îles (sauf Curaçao) pour la dissolution de l'État des Antilles néerlandaises à compter du . Un accord intervint plus tard entre toutes les parties ce qui reporta la dissolution effective de cet État au 10 octobre 2010.

Depuis cette date, Sint-Maarten et Curaçao jouissent officiellement du statut d'État au sein du Royaume des Pays-Bas (comme Aruba). Les plus petites îles de Bonaire, Saint-Eustache et Saba (Pays-Bas caribéens) ont réincorporé l'État néerlandais en tant qu'entité publique à statut particulier (néerlandais : openbare lichamen).

Géographie[modifier | modifier le code]

Carte indiquant la position de Saint-Eustache et de ses circonvoisines

Saint-Eustache est une île d'origine volcanique relevée à ses deux extrémités par le Quill (le point culminant de l'île avec 602 mètres couronné à son sommet par le cratère de Quill) et par trois collines culminant entre 200 et 294 mètres qui encadrent une vallée centrale abritant la majorité de la population et des infrastructures (port, aéroport Franklin D. Roosevelt, etc).

La capitale de l'île est Oranjestad, nommée ainsi en l'honneur de la couronne néerlandaise (la maison d'Orange-Nassau).

Le climat est tropical, humide et soumis au passage des cyclones.

Saint-Eustache se situe à 17°30' de latitude Nord et 62°58' de longitude Ouest.

Population[modifier | modifier le code]

La population était de 2 886 habitants en 2010, et de 3 300 en 2007. Selon le recensement de 2001, 45 % des habitants étaient nés à Saint-Eustache et 78 % étaient de nationalité néerlandaise. Toujours selon le même recensement, 83 % des Eustachois utilisaient l'anglais comme langue principale à la maison, contre 8 % l'espagnol et 4 % le néerlandais. Le néerlandais et l'anglais sont cependant reconnus (dans cet ordre) comme langues officielles de l'île.

La majorité de la population est composée des descendants d'esclaves noirs africains.

Tourisme[modifier | modifier le code]

Le Fort Oranje construit au XVIIe siècle
  • Oranjestad, la capitale. Ses quais, d'où partaient les armes destinées aux insurgés pendant la guerre d'indépendance américaine, abritent de belles bâtisses du XVIIIe siècle.
  • Dominant la baie, le fort Oranje, construit en pierres volcaniques au XVIIe siècle, a été minutieusement restauré.
  • Autres témoins des fastes coloniaux hollandais : la Gouvernement Guest House et la Simon Doncker House, devenue musée historique de l'île. Sans oublier les ruines de la synagogue Honen Dalim (1739), souvenir d'une des premières communautés juives du Nouveau Monde.
  • Le fort de Windt dressé sur une falaise, à l'extrême sud, il appartenait au système de défense de l'île, avec plusieurs autres fortins.
  • Les jardins botaniques Miriam C. Schmidt avant d'entreprendre l'ascension du volcan The Quill.
  • Plongées autour de l'île : il existe de magnifiques vestiges d'une centaine de navires marchands datant des XVIIe et XVIIIe siècles. Avec la plus grande épave des Caraïbes, celle du poseur de câbles Charles L. Brown, coulé en 2003.

Annexes[modifier | modifier le code]

Articles connexes[modifier | modifier le code]

Liens externes[modifier | modifier le code]

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Notes et références[modifier | modifier le code]

  1. Jean-Baptiste Du Tertre, Histoire générale des îles Saint-Christophe, de la Guadeloupe, de la Martinique et autres de l'Amérique, Chez Jacques Langlois ... et Emmanuel Langlois ..., , p. 478