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Accueil du site > L’espéranto > Foire aux questions > Vous avez dit « créée de toutes pièces » ?

8 février 2007

Vous avez dit « créée de toutes pièces » ?

Question : L’espéranto est, dit-on, une langue artificielle créée de toutes pièces. Comment une langue de bric et de broc pourrait-elle remplir le rôle de langue internationale ?

Réponse : Il faut tout d’abord souligner les connotations négatives du mot « artificiel » dans le langage de tous les jours et se demander s’il est bien raisonnable de les accepter aveuglément. Nous vivons dans un univers entièrement façonné par l’homme, un univers artificiel, où même les langues que nous croyons naturelles sont soumises à des modifications volontaires de la part de ceux qui les parlent. Les exemples abondent de langues ressuscitées (hébreu, gaélique) ou profondément remaniées (turc, sanskrit,...) pour répondre à un dessein politique, religieux ou culturel.

Sait-on que le dirigeant turc Atatürk, désireux au début du siècle d’ancrer son pays à l’occident, a ordonné une grande épuration de la langue turque, jusqu’alors saturée d’emprunts arabes et persans, au profit de mots nouveaux inventés suivant les règles de dérivation propres au turc, parfois ressuscités par comparaison avec d’autres langues de la même famille, voire même empruntés directement au français ?

Sait-on que la plupart des langues européennes qui ont une littérature écrite ancienne la doivent à un exercice de traduction de la Bible, exercice qui aboutissait généralement à la création d’une langue hybride, utilisant des mots de la langue vulgaire, mais avec un sens et une syntaxe totalement dictée par le texte original ? C’est ainsi que sont nés le gothique et le vieux-slave dans une traduction du grec et, plus près de notre époque, le finnois, dans une traduction du suédois.

De manière plus générale, le passage d’une langue d’une phase orale à une phase écrite, puis les avatars successifs de cette langue sous sa forme littéraire (réformes orthographiques, unification dialectale, codifications diverses...), tout ceci reflète une action réfléchie d’un individu ou d’un groupe sur la langue d’un peuple ou d’une nation, bref une modification artificielle d’un état antérieur. L’italien, l’allemand, le serbo-croate, pour ne citer qu’eux, sont des exemples de langues créées pour des nécessités politiques à partir d’une constellation de dialectes qu’ils n’ont d’ailleurs pas supplantés.

L’espéranto se place naturellement dans cette optique. Il s’agit d’une langue nouvelle basée sur un matériau linguistique préexistant. Zamenhof, le créateur de la langue, ne l’a pas inventée de toutes pièces, il l’a plutôt « découverte » en extrayant les similitudes entre les différentes langues qu’il connaissait.

Mais surtout il faut savoir que par la suite la langue s’est développée en dehors de son « découvreur » grâce aux apports des millions d’individus qui l’ont un jour parlée. Dès le début de son existence l’espéranto a été présenté comme un noyau minimal qui ne demandait qu’à être enrichi et les locuteurs de la langue ne se sont pas privés d’utiliser cette liberté. D’où le caractère erroné des affirmations qui présentent l’espéranto comme la création entière et totale d’un seul homme.

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