A votre droite, le club house n’est autre que l’historique moulin de Biltzheim qui sent bon le linge propre, le bois ciré et le plat mijoté. Face à vous et sur la gauche, les vieux bâtiments d’une ferme tiennent le coup malgré le poids des ans. Là, un puits, un mince cours d’eau, un lavoir, un petit pont… Avancez vers le trou n°1 et vous verrez en arrière plan panoramique, les collines vosgiennes et toute une palette de couleurs que ne renierait pas un Maître de la peinture réaliste.

Vous vous apprêtez à jouer le plus long parcours d’Alsace. Son designer est aussi le Directeur du club. Grand blond, décontracté, à l’écoute du client, David Abercrombie (rien à voir avec la marque de vêtements) est Irlandais et ça s’étend, même s’il s’exprime aussi bien en Français qu’en Allemand. C’est sa huitième création, son premier en Alsace, son petit chouchou, on dirait. Il venait de terminer son troisième golf en Allemagne quand il a aperçu  une annonce dans un journal. L’agriculteur qui avait construit le parcours initial et exploité le golf voulait s’arrêter. David est venu faire un tour. Il est tombé amoureux d’une Française, il est resté. Et c’est lui qui met l’ambiance. Qui organise des compétitions très sérieuses, et puis d’autres plus "fun" comme le combiné 18 trous- descente du grand ballon d’Alsace à ski, avec cumul des points le samedi (golf) et le dimanche (ski à une demi-heure en voiture) dans les deux épreuves. Le vainqueur est celui qui accumule le plus de points. Ici, les bières sont en self-service pour les membres. Il suffit de se servir et de penser à en remettre dans le frigidaire.

Ce qui fait son style, à ce monsieur Abercrombie, c’est l’amour des links, golfs des bords de mer, et tant pis si elle est loin, la mer. Ce qu’il déteste ? Les massifs de fleurs si beaux qu’on les croirait en plastic. Il aime ? « Ce que la nature veut bien nous donner ». Il déteste ? « Les golfs manucurés au ciseau de dentelière ». Il aime ? « Les moutons, des Merinos  (il les attend sous peu) qui vous font une herbe impeccable sur une terre sans pesticides. Ils mangent le gazon qu’on ne veut pas avoir dans le rough ». Il déteste ? « Le bruit des tondeuses à gazon et l’odeur du gaz-oil ».  Il aime : « Le vert, mais le jaune touffus, aussi ». Il déteste ? « Gâcher de l’eau pour arroser plus que de raison ». Il aime ? « La tradition, le retour aux golfs publics de son enfance, les comptes qui respectent les budgets les plus serrés, mais sans faire misérable. »

Simplement nature, ou naturellement simple. Ce qui n’est pas si simple justement : « Si vous laissez faire la nature, vous vous retrouverez dans une forêt ! ».

David Abercrombie ne ménage pas ses efforts pour modeler le golf à sa façon. Un links digne de ce nom a toujours son étang, alors, avec son équipe et des  membres de la partie, il fait déverser des tonnes d’argile, et on creuse. Un links sans dune ? Ca n’a pas de sens, alors il fait venir du sable d’outre-manche et façonne des monticules que les vents et la pluie balaieront. Il dit : « C’est facile de créer un golf difficile à jouer. N’importe quel idiot peut le faire. Le vrai pari, c’est faire un golf qui ne coûte pas cher d’entretien, qui soit un challenge pour les bons golfeurs, mais accessible aux débutants, et ce toute l’année. Ce jeu est tellement beau, on s’y amuse tellement, j’aimerais le mettre à la portée de tout le monde, en particulier aux enfants des écoles, comme en Irlande. » C’est gratuit pour les enfants, d’ailleurs. Ils peuvent utiliser le driving 3 trous d’entraînement situés de l’autre côté de la route, avec le practice.

L’hôte de ces lieux est 7 de handicap, mais ne joue guère car il est s’implique à fond dans Golf in Alsace. C’est à son tour d’être Président, et il sent qu’il y a vraiment un gros potentiel touristico-golfique pour une clientèle qui ne demande qu’à en profiter. « Nous avons une clientèle étrangère assez importante, notamment des industriels bâlois qui viennent régulièrement. Quant aux Allemands, il suffit qu’ils traversent la rivière et ils sont en vacances ! »  Parfois, des Séniors suisses déboulent à quarante, en car, avec chauffeur, de façon à pouvoir faire la route des vins avec leurs épouses, sans risquer de perdre leurs permis.  Il y a aussi cet habitué danois, qui débarque avec son mobile-home dans lequel se loge une micro-voiture, nécessaire pour ses petites balades entre deux parcours. La belle vie, non ?   

Quelques idées des tarifs. Green-fees 18 trous : 58 € en semaine, 68€, le week-end. La cotisation annuelle est de 1600€ (le club compte environ 600 licenciés). Possibilités de formules à la carte (voir sur le site de Golf In Alsace).

Alsace Golf Links
Moulin de Blitzheim
F-68250 Rouffach
Tel : + 33 (0)3 89 78 52 12
www.alsacegolflinks.com