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samedi 10 octobre 2015

Fiche - Le conséquentialisme


De l’anglais « consequentialism », terme forgé dans cette langue par Elisabeth Anscombe (1919-1951 ; cf. http://www.theguardian.com/news/2001/jan/11/guardianobituaries.highereducation) dans son article intitulé « la philosophie morale moderne » (1958), il désigne une doctrine morale selon laquelle la valeur morale d’une action dépend non du devoir qu’elle réalise, ni de la vertu dont elle émanerait, mais uniquement des conséquences, bonnes ou mauvaises. Aussi le conséquentialisme au sens strict est l’autre nom de l’utilitarisme. Les conséquences que l’on peut prendre en compte sont celles qui favorisent le bonheur du plus grand nombre selon l’utilitarisme de Jeremy Bentham ou bien le bonheur de la meilleure qualité selon l’utilitarisme de John Stuart Mill. Le conséquentialisme argumente avec des cas limites où le respect du devoir ou les simples considérations sur les vertus présentent des difficultés. C’est ainsi que John Stuart Mill refuse l’obligation absolue du mensonge lorsqu’il s’agit de criminels ou lorsqu’elle irait à l’encontre du bonheur d’un malade (cf. L’utilitarisme, 1863).
Le problème du conséquentialisme est qu’il présuppose qu’on puisse absolument savoir ce qui va se produire, autrement dit que l’expérience prévisible est le critère de l’action. Il élimine alors non seulement tout légalisme – il sera juste de transgresser n’importe quelle loi même bien fondée au nom de conséquences jugées indésirables – mais également toute considération des intentions du sujet qui sont pourtant déterminantes dans l’examen même des conséquences.



mardi 6 octobre 2015

Fiche - Sérapis

Sérapis ou Sarapis est une divinité “syncrétique”, c’est-à-dire qui fusionne des croyances provenant de plusieurs religions. Il apparaît vraisemblablement avec Ptolémée 1er (368/366-283 av. J.-C.) compagnon et général d’Alexandre le grand (356-321 av. J.-C.), puis roi d’Égypte à partir de 305 av. J.-C. Les théologiens de Ptolémée transformèrent le dieu égyptien en Sérapis, lui donnant les attributs de plusieurs dieux égyptiens et grecs. Traits égyptiens, il est Apis mort, ou Osiris qui meurt et renaît. Il est un dieu de l’au-delà et de la production de céréales. Traits grecs, ceux d’Hadès, le dieu des morts. Comme Dionysos, il meurt et renaît. C’est un dieu guérisseur comme Asclépios. Pour cela, il envoie des songes aux hommes que les prêtres interprètent. Il reçoit la déesse égyptienne Isis pour épouse. Il est alors avec elle le couple de dieux protecteurs des souverains égyptiens.
Sérapis est généralement représenté assis sur un trône, avec à son côté Cerbère le chien des Enfers, ou debout, à demi-nu, le sceptre à la main. Il est coiffé du calathos (un instrument de mesure du blé) une corbeille décorée de rameaux d’olivier ou d’épis de blé le caractérise.
Un nouveau temple, le Sérapéion, fut érigé à Rhakotis, un quartier d’Alexandrie pour ce dieu. Ptolémée III (285/275-222 av. J.-C.) le fit construire. Il devint une extension de la grande bibliothèque d’Alexandrie.
Sérapis se transforma progressivement en un dieu masculin universel, maître du ciel, de la terre, de la mer, source de toute vie. Il prend certaines caractéristiques de Zeus, les cheveux bouclés et la barbe épaisse.
Le culte de Sérapis était très populaire. D’Alexandrie, son culte s’étendit à d’autres villes du monde grec tout autour de la Méditerranée. Puis il gagna Rome à l’époque impériale.


mardi 21 juillet 2015

Fondement - fiche

Analyse.

La notion de fondement (Du latin fundamentum de fundus “fond”, fundare “fonder”) paraît une métaphore. Elle désigne en architecture, ce sur quoi repose le bâtiment, ce sans quoi il ne serait pas possible.
L’idée de fondement, c’est donc l’idée de ce sans quoi quelque chose n’est pas possible, de ce sur quoi elle se tient. Chercher le fondement de la science, de la morale ou de la beauté, c’est donc chercher ce qui permet la science, soit la vérité, la morale, soit le choix du bien contre le mal, etc.
Par rapport à l’origine, le fondement s’en distingue en ce que l’origine désigne ce d’où vient quelque chose, souvent avec l’idée d’une antériorité chronologique, avec aussi et surtout avec l’idée de causalité. Mais l’origine ne dit rien de la légitimité. Le fondement peut d’ailleurs ne pas être l’origine. L’origine de la raison chez les Grecs est peut-être la cité et son exigence de persuader par la parole (logos). La cité n’est pas le fondement de la démonstration mathématique qu’illustrent Les Éléments d’Euclide (III° av. J.-C. av. J.-C.).
La notion de fondement est proche de celle de principe. Comme un principe, un fondement est premier ; comme lui il est au sens propre indémontrable, c’est-à-dire qu’on peut mettre en lumière qu’il est ce sur quoi repose autre chose, une théorie, une pratique, etc. ; comme un principe, un fondement doit être vrai.
Le fondement peut se distinguer du principe en ce qu’il légitime et n’explique pas seulement. Ainsi, le mal est peut-être le principe des actions humaines, il n’en est pas le fondement.
Ce qu’on estime injustifiable n’a donc pas de fondement ou plutôt possède un pseudo fondement.
Dans une perspective sceptique, la différence entre principe et fondement est nulle.
« Les problèmes mathématiques des soi-disant fondements sont aussi peu pour nous au fondement des mathématiques que le rocher peint supporte le château peint. » Wittgenstein, Remarques philosophiques.

Problèmes.

1. Comment établir un fondement dans la mesure où il ne suffit pas qu’il explique mais il doit également justifier une prétention ? Ne faut-il pas justifier la justification et ainsi de suite à l’infini ?
2. Est-il possible de vivre et de penser en se passant de tout fondement ?


jeudi 2 juillet 2015

Abstraction (Fiche)

Analyse.
1. Elle consiste en un premier sens à séparer dans ce qui est donné ce qui est lié pour le considérer à part. On peut le faire conceptuellement ou réellement. Le résultat est un abstrait qu’on oppose à un concret. L’abstrait n’existe alors que de façon mentale. Le concret est en ce sens un tout qui se suffit à lui-même.
2. L’abstraction consiste en un second sens à aller au-delà du donné.
a. En ce sens, l’abstraction est un procédé par lequel l’esprit humain s’égare. Considérant ses résultats en eux-mêmes, l’esprit les réalise. Ainsi, si je généralise des données sensibles en une notion, je puis penser qu’elle est universelle, voire qu’il y a de l’universel.
b. On peut tout au contraire concevoir qu’en sortant du donné empirique, l’abstraction permet à l’esprit de découvrir la vérité qui est ailleurs. Elle permet alors de ne pas s’enfermer dans un concret illusoire pour découvrir le concret véritable.
3. L’abstraction ne signifie pas nécessairement qu’on abstrait ce qu’on considère de façon séparée. Elle consiste à penser à part du donné empirique ce qui ne s’y réduit pas. Par exemple, si je fais abstraction de l’espace concret à trois dimensions, je puis penser un espace à n dimensions dont le premier n’est qu’un cas particulier.
Problèmes.
1. L’abstraction permet-elle et à quelles conditions de former des notions ou concepts qui ont une valeur objective ?
2. La pensée doit-elle refuser l’abstraction pour découvrir le réel ou bien doit-elle au contraire s’y livrer sciemment ?


jeudi 16 avril 2015

Le solipsisme (fiche)

Auguste Rodin (1840-1917), Le penseur, 1903, Bronze, H. 180 cm ; L. 98 cm ; P. 145 cm, Musée Rodin, Paris.


Solipsisme

Analyse.
Le terme « solipsisme » provient de deux termes latins, solus, seul et ipse, même, moi-même, soi-même auquel on a ajouté le suffixe -isme.
On trouve « solipiste » en français dans la traduction en 1721 par Pierre Restaut (1696-1764) d’un ouvrage vénitien qui se moque des jésuites, Monarchia solipsorum, de 1645 sous le titre : La monarchie des solipsistes (cf. Sébastien Charles, Berkeley au siècle des lumières. Immatérialisme et scepticisme au XVIII°, Vrin, 2003, Introduction, note 2 p.19).
Il apparaît en philosophie d’abord en allemand. On le trouve notamment chez Kant qui utilise « Solipsismus » comme synonyme d’égoïsme au sens moral, voire d’amour-propre (allemand Selbstsucht) (cf. Critique de la raison pratique, première partie Doctrine élémentaire de la raison pure pratique, Livre premier L’analytique de la raison pure pratique, chapitre 3 Des mobiles de la raison pure pratique, A 130, P.U.F., p.76). Il s’introduit en français en 1878.
Depuis, il désigne en philosophie la thèse selon laquelle le sujet n’a la certitude que de son existence. Il a au mieux une certitude seconde, voire simplement une certitude probable de l’existence des choses ou d’autrui entendu comme un autre sujet.
C’est d’abord le terme « égoïsme » qui a été utilisé pour désigner cette position. On peut l’attribuer à Kant, notamment dans l’Anthropologie d’un point de vue pragmatique (1798). Mais c’est surtout Schopenhauer qui la définit clairement, comme le montre le texte suivant : « [L]’égoïsme théorique, (…) considère tous les phénomènes, sauf son propre individu, comme des fantômes, tout de même que l’égoïsme pratique, qui, dans l’application, ne voit et ne traite comme une réalité que sa personne, et toutes les autres comme des fantômes. On ne pourra jamais réfuter l’égoïsme théorique par des preuves ; toutefois, il n’a jamais été employé en philosophie que comme sophisme sceptique, par jeu, non exposé comme conviction. On ne le rencontrerait, à ce titre, que, dans une maison d’aliénés ; et alors ce n’est pas par un raisonnement, c’est par une douche qu’il faut le réfuter ; c’est pourquoi nous n’en tiendrons aucun compte, à cet égard, et nous le considérerons comme le dernier retranchement du scepticisme, qui, par nature, aime la chicane. » Schopenhauer, Le monde comme volonté et comme représentation, § 19 Passage de mon corps aux autres objets ; absurdité de l’égoïsme théorique ; la volonté seule essence possible de tous les corps.
On a attribué au philosophe Fichte – ce que ne fait pas Schopenhauer – qui fait du moi unique le premier principe absolue de la philosophie et dont la doctrine est un idéalisme subjectif une position solipsiste. C’est le cas de Proudhon notamment dans De la Justice dans la Révolution et dans l’Église (1858).

« L’écueil du solipsisme » pour parler comme Sartre dans L’être et le néant (IIIème partie) vient de ce qu’il est assez difficile de penser qu’il existe autre chose qu’un seul sujet, celui que je suis, si la conscience du sujet est la condition de toute objectivité.
Le solipsisme n’a pas été soutenu en tant que tel par un philosophe important. Toutefois, s’il est l’idée que le seul sujet est la certitude première et que la réalité du monde ou celle d’autrui est douteuse, le solipsisme appartient fondamentalement à la philosophie du sujet. À ce titre, il est dans les temps modernes, un moment de toutes les philosophies du sujet.
Ainsi Descartes établit-il d’abord la seule certitude de l’ego cogito (Méditations métaphysiques, méditation seconde). C’est d’elle qu’il démontre l’existence de Dieu (méditation troisième), puis l’évidence comme critère de la vérité (méditation quatrième) et enfin la réalité du corps et de la matière (méditation sixième). Aussi n’est-il pas étonnant que le solipsisme ait été défendu avant que le mot existât. Dans une note sur les Principes de la connaissance humaine (1711) de Berkeley, on lit dans les Mémoires de Trévoux : « Un de nous connaît un malebranchiste qui va plus loin que M. Berkeley ; il lui a soutenu fort sérieusement, dans une longue dispute, qu’il est très probable qu’il soit le seul être créé qui existe, et que non seulement il n’y ait point de corps, mais qu’il n’y ait point d’autre esprit créé que lui ; c’est à ceux qui croient que nous ne voyons qu’un monde intelligible à prouver qu’on porte trop loin leurs principes. » (Note sur les Principes dans les Mémoires de Trévoux de mai 1713, art. LXXX, p.922 cité in Berkeley, Trois dialogues entre Hylas et Philonous, traduction par Geneviève Brykman et Roselyne Dégremont, GF Flammarion, 1998, p.255 ; cf. Geneviève Lewis, L’individualité selon Descartes, Vrin, 1950, note (61) p.109).
Ainsi Husserl lorsqu’il répète en le corrigeant Descartes remarque qu’une philosophie limitée au seul moi transcendantal, qui exclut donc toute considération objective sur le moi empirique ou animal, paraît condamnée au solipsisme, fût-il transcendantal (cf. Husserl, Méditations cartésiennes. Introduction à la phénoménologie, traduit de l’allemand par Mlle Gabrielle Peiffer et M. Emmanuel Levinas, Paris, Vrin, 1980, Deuxième méditation, § 13, p.25-26 ; cf. § 1, p.3). Le projet de Husserl dans la cinquième de ses Méditations cartésiennes est justement de ne pas s’en tenir au solipsisme transcendantal. Sa résolution du problème demeure ambiguë : « L’apparence du solipsisme est dissipée, bien qu’il reste vrai que tout ce qui existe pour moi ne peut puiser son sens existentiel qu’en moi, dans la sphère de ma conscience. » (ibid., p.128).


Problèmes.
Pour sortir du solipsisme, si on part du sujet, faut-il établir d’abord la réalité nécessaire du monde extérieur ou celle d’autrui et dans ce cas, autrui est-il un autre sujet ou bien est-ce le tout autre ?
Si le solipsisme appartient à la philosophie du sujet, ne faut-il pas abandonner cette dernière et revenir aux anciens, c’est-à-dire poser d’abord le monde et ensuite s’interroger sur ce qu’il est et sur ce qu’est le “sujet” ?