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Choronologie
de l’Affaire Dahesh
[ Dates
principales du 12 mai 1942 au 16 février 1943 ]
[ Conçue et rédigée par Georges H. Chakkour – Éditions Jeune Lévrier
]
Copyright © 2009 Georges H. Chakkour – Tous
droits réservés
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L’Affaire
Dahesh qui a conduit à la dénationalisation du Docteur Dahesh sous Béchara
el-Khoury se réduit finalement à trois causes principales.
1) La première cause est familiale : une
brouille entre deux familles du temps du Président Naccache, alors que le Liban
était toujours sous mandat français !
D’une
part, la famille el-Khoury.
De
l’autre, les Hadad.
Deux familles de la classe dirigeante :
L’une
voulant imposer sa loi et son credo, se croyant tout permis au nom des
« valeurs traditionnelles », en réalité soucieuse d’étouffer dans
l’œuf toute cause nuisible à la campagne électorale qui s’ouvrait… L’autre,
protestant qu’on était libre d’adorer Dieu comme il plaît à la libre conscience
de chacun, jugeant absurde de gêner sa conscience à cause de l’opinion dans une
question aussi essentielle !
L’une prétextant que le Daheshisme était une hérésie néfaste... L’autre,
qu’il faut laisser chacun à sa croyance !
L’une
obsédée par un but politique qui aurait pu être méritoire, et même immortaliser
son nom à l’avant-propos d’un État accédant à l’indépendance, mais criminel
parce que suscitant l’intolérance civile et religieuse, seules choses qu’aucun
État ne doit tolérer dans ses frontières. L’autre appelée par l’Histoire –
c’est-à-dire par la Tragédie – à immortaliser son nom dans les plus belles
pages de l’épopée daheshiste : la
naissance du Daheshisme au Liban !
2) La deuxième de ces trois causes est sociale, due
à la mentalité féodale du clan alors au pouvoir, fondé sur le morcellement
confessionnel.
Un
climat de désordre administratif suscité lors du partage de la région en petits
État indépendants, aussi artificiels qu’incohérents,
le dévergondage népotique d’un gouvernement pressé
d’exploiter les richesses d’un terrain tout juste arraché à l’Empire Ottoman,
l’état de guerre (la Deuxième Guerre
mondiale),
l’occupation du pays par les Forces
françaises et britanniques,
la Constitution abolie pour cause de guerre,
le « Pacte National » qui s’ourdissait sur le dos
du peuple au profit de cinq ou six flibustiers (et qui finira par usurper le
pouvoir au profit des Maronites),
l’instabilité publique
suscitée par l’agitation des nationalistes arabes insatisfaits...
Toutes
ces causes réunies, vont faciliter les irrégularités judiciares commises contre
le Docteur Dahesh, et habiller le désordre juridique d’un semblant de
légitimité (l’insécurité publique et le désordre social étant le meilleur
costume des âmes nocturnes).
3) La troisième cause – et non des moindres : le Clergé catholique paniqué par le progrès
phénoménale du Daheshisme au Liban.
Choronologie de l’Affaire Dahesh
Dates principales du 12 mai 1942 au 16 février 1943
(1er septembre 1939 – 2 septembre 1945) :
Deuxième
Guerre mondiale.
(12 mai 1942) :
Première
conférence de Youssef el-Hajj au Club des Emigrés. (Tout
juste à la fin de la conférence, surprenant les auditeurs, il aborde le sujet
de Dahesh et parle de ses miracles, dont beaucoup parmi les présents ont été,
comme lui, témoins de ces prodiges.)
Le poète Halim Dammous est introduit auprès du Docteur Dahesh (devient un de ses plus fidèles partisans). Béchara el-Khoury se fait son ennemi.
(1er juin 1942) :
À la suite
d’une plainte non officielle concoctée secrètement par Béchara el-Khoury, son ami de longue date, le Procureur général Dimitri el-Hayek donne au commissaire Fadel Azouri ordre d’ouverture d’une « enquête
préliminaire » ! L’enquête doit établir si le
Docteur Dahesh tombe sous le coup de la loi du 9 mai 1939, laquelle
interdit « la pratique lucrative du spiritisme et des sciences
occultes » sous peine d’amende et d’emprisonnement.
(3 - 6 juin 1942) :
Première enquête de Fadel Azouri : « Absolument aucune
infraction à la loi du 9 mai 1939 n’est à relever contre le Docteur
Dahesh. » (Extrait du dossier-Dahesh, Premier Rapport-Azouri)
(8 juin 1942) :
Fadel
Azouri termine et remet son rapport au Parquet.
Le Parquet prononce un « non-lieu ». Béchara
el-Khoury avale très mal sa déception.
(12 septembre 1942) :
La
famille Hadad, « prêchée par Halim Dammous », rend visite au Docteur
Dahesh (c’est la première rencontre de Georges et
de Marie Hadad avec le Réformateur libanais).
Dès
le premier jour les Hadad (les beaux-parents de
Béchara el-Khoury) embrassent la foi daheshiste et se considèrent parmi
ses fidèles partisans. Parmi les miracles que la famille Hadad a vus ce
jour-là, une prophétie les concernant inscrite dans les
Chroniques daheshistes de la main de Halim Dammous et réalisée à la lettre par
une suite de coïncidences extraordinaires. Il est alors confirmé à
Georges Hadad que « nos secrets les plus intimes » n’ont aucun
côté caché pour le Docteur Dahesh, « il peut savoir ce qu’une personne a
pensé, ce qu’elle a mangé, ce qu’elle a rêvé, et même ce qu’elle a elle-même
oublié, etc. » À sa demande, une des statuettes, enfermée chez eux dans
une vitrine du salon, miraculeusement apparaît entre les mains de Georges
Hadad.
(23 septembre 1942) :
Le
Haut clergé s’en mêle (par des écrits diffamatoires
dans la presse) dans le but de stopper l’expansion du courant daheshiste
dans le pays, devenu menaçant à son autorité. Par un article vif et calomnieux,
le journal jésuite El-Bachir ouvre sa première campagne de presse contre
le Réformateur et ses disciples. (Alors que les
articles se suivront sans répit, aucun « droit de réponse » n’est
accordé à l’autre partie.)
(24 septembre 1942) :
En
signe de protestation contre l’article injurieux d’El-Bachir, le docteur
Georges Khabsa (dermatologue libanais avec
passeport brésilien), remet au Père
Latour (doyen de l’Hôtel-Dieu et directeur du
dit journal) sa démission de l’hôpital. Le ton monte... le pilonnage
contre Dahesh se fait quotidien !
(Fin-septembre-mi-octobre 1942) :
Deux
organes de presse à tendance cléricale – le journal El-Hadis et la revue
humoristique El-Dabour – font écho aux articles diffamants du côté des
jésuites. Les Daheshistes portent plainte auprès du
bureau de la Censure.
(8 octobre 1942) :
À la
suite de ces attaques multipliées, le Parquet demande
l’ouverture d’une seconde « enquête de vérification », inquiet
à la suite des allégations « cette fois sérieuses » du journal
El-Bachir. Le « dossier-Dahesh » est renvoyé au commissaire Fadel
Azouri : « Urgent ! Allez plus à fond de la question… enquêtez
auprès de la presse ! » Pour la première fois le mot
« urgent » est encadré au rouge par le Procureur général de la ville
de Beyrouth.
(Du 14 au 28 octobre 1942) :
Le
domicile de Docteur Dahesh est mis sous surveillance par le service de
renseignement de la Police judiciaire. Tous les visiteurs sont questionnés.
(Le soir du 28 octobre 1942) :
La déposition des deux agents secrets est remise au commissaire Monsieur
Fadel Azouri :
« Aucune infraction d’aucune sorte n’est à
relever, ceux qui ont assisté aux ‘expériences spirituelles’ du Docteur
Dahesh affirment ne lui avoir jamais versé un sou pour ces expériences. […] Financièrement, c’est un homme très aisé. »
(Extrait du dossier-Dahesh, second Rapport-Azouri)
(29 octobre 1942) :
Fadel
Azouri signe et remet son second rapport au Procureur général Dimitri el-Hayek :
« En
ce qui concerne la campagne de presse contre le Docteur Dahesh, et plus
récemment dans El-Bachir, mon jugement est qu’elle est de caractère purement
religieux et sectaire ; car d’aucuns pensent que Dahesh se considère
prophète, ce que les Jésuites n’acceptent pas. » (Extrait
du dossier-Dahesh, second Rapport-Azouri)
(Le surlendemain 31 octobre 1942) :
Le
Procureur général renvoit au commissaire son dossier avec la note suivante (tracée à l’encre rouge au coin de la chemise) :
« Attendu
que deux organes de presse ont déjà fait écho au texte hostile du journal El-Bachir,
recueillir les déclarations de Monsieur
Robert Abella (rédacteur en chef du dit
journal) sur le Docteur Dahesh, ainsi que celles des rédacteurs en chef
d’El-Hadis et de la revue El-Dabour. Joindre ces trois
dépositions à votre dossier, et me les remettre le plus tôt possible. »
(9 novembre 1942) :
Sont
appelés à déposer, les trois rédacteurs en chef :
1-
de la revue El-Dabour,
Monsieur Zouleyla.
2-
du journal El-Bachir,
Monsieur Robert Abella.
3-
du journal El-Hadis,
Monsieur Saïd Freyha.
Dans
sa déclaration, Robert Abella dit que ses motifs d’hostilité contre Dahesh sont
« de nature purement intellectuelle » :
« ...
mes attaques sont dirigées contre ceux qui proclament et enseignent que le
Docteur Dahesh est un prophète, mais personnellement ne possède aucune
information de première main sur l’homme. »
Les
deux autres rédacteurs déclarent n’avoir aucune information de première source
sur « Dahesh Bey », ne le connaissant pas. Ils ont simplement fait
écho au journal El-Bachir pour « éveiller l’attention du Ministère
public, au cas où les allégations du journal El-Bachir seraient vraies ».
(Janvier-février 1943) :
A) Laure el-Khoury (épouse
de Béchara el-Khoury, née Chiha et sœur de Marie Hadad) tente ses efforts
auprès du Président de la République Libanaise, alors Monsieur Alfred Naccache.
B) Michel Chiha (frère
de Laure el-Khoury et de Marie Hadad) contacte le Bureau français de la
Sûreté générale, où il a des amis influents.
C) Les
bureaux du Ministère public sont bombardés de pétitions et de lettres anonymes
noires contre le Réformateur.
(13 février 1943) :
Le
Q.G. de la Sûreté Française expédie dès l’aube six de ses agents, avec ordre de
perquisitionner le domicile du Docteur Dahesh. Celui-ci est mené pour
instruction au Commissariat français, par mandat d’amener signé de la main du
chef de la Police française de l’occupation. Première tentative d’intimidations
contre le Réformateur libanais : « L’exil volontaire ou la prison
à Mié-Mié ». Dahesh refuse de plier devant les Occupants et menace de
dévoiler ce « procédé illicite et indigne du Gouvernement français devant
l’opinion ». Au responsable qui le questionne, il rétorque :
« Vous vous dites Français, je doute fort que vous le soyez, car la France
c’est le pays des droits de l’Homme ».
L’Affaire Dahesh commence !
(14 février 1943) :
A) Cri
de protestation des Daheshistes contre les agissements irréguliers de la Police
française à l’égard du Docteur Dahesh et menace d’agir en conséquence.
B) Béchara
el-Khoury reprend ses pressions auprès de Dimitri el-Hayek :
« –
Aide-moi à me débarrasser de lui...
–
Mais que veux-tu enfin, que je lui fabrique un crime ? »
(16 février 1943) :
Lettre de Marie Hadad à son frère Michel Chiha :
« Je
sais Michel, qu’en ce moment, vous faites tous vos efforts pour exiler le
Docteur Dahesh du Pays... ! »
(17 février 1943) :
A)
El-Hayek ordonne une autre fois encore, la « révision de la révision du
dossier-Dahesh » ! Toujours les Hadad : « Il m’est parvenu
une plainte des plus sérieuses que le Docteur Dahesh abuse la famille
Hadad. »
B) Le
Président Naccache charge el-Omary, chef
de la Police administrative, d’une enquête auprès du Docteur Dahesh.
(18 février 1943) :
Halim
Dammous se rend chez Assad el-Boustany,
chef de la Police judiciare ; puis chez le Procureur général Dimitri el-Hayek.
Dimitri
el-Hayek prie le Docteur Dahesh, à titre d’ami personnel (« pour votre bien et pour le bien de tout le
monde »), mais aussi à titre officiel, de s’éloigner quelque temps
du pays, ou du moins « d’arrêter ses activités sociales, jusqu’à ce que
les choses se tassent un peu ».
(19 février 1943) :
Georges
et Marie Hadad rédigent un démenti contre les allégations totalement absurdes
de leurs parents, et l’adressent à tous les membres du Gouvernement libanais.
L’affaire Dahesh devient nationale !
(21 février 1943) :
Les
Hadad sont reçus au Palais présidentiel par le chef de l’État, M. Alfred
Naccache, leur ami perssonel.
(25 février 1943) :
La
femme du Président Naccache rend leur visite aux Hadad et les prévient d’un
événement grave qui se trame contre Dahesh :
« Le
Gouvernment Libanais serait sur le point de signer un décret d’exil contre le
Docteur Dahesh... »
(26 février 1943) :
Lettre de Dahesh au Président de la République Libanaise*, M.
Alfred Naccache... dans laquelle le Réformateur libanais demande justice et
réclame l’ouverture publique de son procès. (* Nous
publierons prochainement cette lettre en son intégralité dans cette même
section)
Deux
familles... les Khoury et les Hadad !
L’une
proclamant la nécessité de respecter l’ordre public et les valeurs établis,
s’accrochant aux valeurs trompeuses du passé, manipulant l’opinion sous l’égide
du Clergé catholique intolérant...
L’autre
refusant de se laisser guider par de telles données rétrogades et désuètes,
prête à tout perdre pour défendre ses droits à la liberté de croyance et
d’expression, protestant avec raison que l’intolérance n’était d’aucune
religion, d’aucune église, que le fanatisme et l’abus
ne sont ni chrétiens ni humains.
L’une
criant aux faux miracles...
L’autre
répondant que ses détracteurs n’en savaient rien puisqu’ils ont manqué de
courage intellectuel devant l’évidence (« Vous
n’osez même pas vérifier en personne si notre témoignage est vrai ou
faux. »), que ni l’injustice ni l’oppression ne pourront triompher
de la vérité : « Votre double erreur d’ignorer l’évidence et de parler de
ce que vous ignorez vous rend fous et injustes... »
L’une
marquant au fer rouge toute doctrine qui s’écarte de l’Église catholique...
L’autre
répliquant qu’aucun être sensé et intelligent ne peut prétendre à
l’infaillibilité, que d’ailleurs ce n’est point en persécutant le fautif qu’on
le sauve de ses erreurs.
L’une
à leur tête ayant Laure el-Khoury...
L’autre,
Marie Hadad !
Deux
sœurs, deux femmes prêtes à tous les sacrifices personnels, Laure pour
atteindre ses objectifs, Marie pour réaliser son idéal, confiante en l’estime
du seul tribunal qui compte : le sien propre !
Deux
familles libanaises parentes... deux sœurs manipulées par
un frère machiavélique… Michel Chiha : Laure et Marie ! résumé de
toute l’histoire du Liban, son passé et son présent, son Orient et son
Occident, son libéralisme et son confessionnalisme, ses villes et ses
montagnes, son Christianisme et son Islam, le citoyen, le pouvoir et l’État...
tout le Liban passé, présent et futur, est entièrement résumé dans ce drame des
années quarante !
L’une
prête à tous les moyens en son pouvoir...
L’autre
acculée à la défense passive, de peur en rendant les coups de nuire à sa cause.
En d’autres termes évitant de tomber
dans le piège de la légitime défense…
L’une
vouant aux gémonies « son sang, sa chair et ses os », considérant hors
de Jésus et hors de la société tous ceux qui se sont émancipés de
l’Église...
L’autre
croyant fermement que toute foi est bonne quand elle
émane d’un cœur sincère. Que les religions se valent pourvu d’accorder ses
actes à son idéologie. Que la foi n’est pas dans ce qu’on dit mais dans ce
qu’on fait. Qu’en réalité les valeurs de chacun seront un jour son propre
juge...
Pour
appuyer cette opinion, nous devons remonter bien loin dans l’histoire du pays,
quand le Liban n’était encore qu’un petit canton autonome aux frontières
vagues où Maronites et Druzes, venus chercher refuge contre l’oppression,
se grouppèrent en colonies et, malheureusement, finirent par se déchirer faute
de tolérance civile et religieuse.
Quand
la roue du destin tourna en sa faveur, d’opprimé le Clergé maronite devint
l’oppresseur des minorités, oubliant que d’autres communautés avaient droit à
la même liberté de pensée, d’expression et d’action. La France mandataire
essaya de laïciser un tant soit peu le Gouvernement libanais sur les bases de
la démocratie occidentale, mais vite déposa les armes...
C’était
jouer avec le feu !
Il
aurait fallu recommencer la Révolution française, dans une région qu’elle est
venue apaiser.
« Les peuples chrétiens d’Orient sont semblables
à une rose au milieu des ronces… »
Un
Pape du début du siècle passé a dit cette gentillesse. En faisant cette
déclaration imagée il entendait les sujets ottomans arabes et musulmans. En
réalité c’est le Clergé chrétien lui-même qui en était les ronces, car il n’est
de pires ronces tant pour soi que pour les autres, que le racisme et le
fanatisme. Ne pouvant consolider sa politique occidentale au Moyen-Orient sans
la bonne volonté du Patriarcat maronite, la France dut compter avec l’esprit
oligarchique et tribal de la région : féodal ! N’est-ce pas étonnant que le
premier diplomate chargé de parler au nom des communautés du futur Liban (à la Conférence de la Paix), fut le Patriarche maronite Éliyas Hoayek,
lequel revendiqua l’indépendance au nom de toutes les populations des villes à
majorité sunnite et des campagnes chiites, celles des cantons druzes, grecs
orthodoxes et catholiques, sans distinction, dit-il, de rite, de race ou de
confession. N’est-ce pas preuve que son pouvoir politique était bien ancré au
cœur de l’État. Que d’émeutes la France aurait alors eu sur les bras, si ces
malheureux citoyens, devenus subitement frères et sœurs d’un même destin,
avaient soupconné le despotisme qui se tramait en toile de fond contre leurs
droits à l’autodétermination et la liberté des croyances.
Tout
indiquait, et bien dès le commencement, que le Pacte National qui allait
progressivement s’imposer, et devenir inamovible à partir de 1943, n’était
qu’une imposture oligarchique aux fruits empoisonnés. La preuve ! ce Pacte jamais ne fut inséré dans la Constitution pour être
ratifié par le Parlement.
Ni
l’habit fait le moine ni la religion le Président... Quoiqu’il en soit,
l’Affaire Dahesh confirme cette règle, le pays était (et
l’est toujours) non seulement gouverné par l’Église, mais par une Église
bien abusive.
Je
laisse la parole à Marie Hadad.
Testament historique de Marie Hadad
(Extrait)
« Il
[Le Clergé maronite] a cherché par tous les
moyens proscrits par la loi du pays à mettre obstacle au progrès de la vérité
daheshiste au Liban, redoutable à son autorité. Il a dans ce but calomnié nos
principes dans la presse et, du haut de la chaire dans ses églises, altéré nos
enseignements par des sermons trompeurs.
« Non
seulement il diffama nos valeurs et nous accusa de corrompre les esprits, il
encouragea les autorités civiles contre notre Maître dans le but de l’exiler
sans procès équitable alors que l’exil des citoyens, même dans un cas
absolument grave touchant la sécurité nationnale, est expressément proscrit par
la Loi !
« Le Clergé était bien placé pour savoir que les enquêtes
menées contre le Docteur Dahesh – où pas une seule fois ne lui fut indiqué un
seul chef d’accusation – avaient toutes abouti à un non-lieu ! Elles
ont surtout confirmé que « ses expériences spirituelles » ne
pouvaient avoir d’explication humaine possible, ni une source terrestre
accessible, quel que soit le degré de science acquis par l’homme. Selon les propres
conclusions de la police secrète, « elles tendent à la confirmation de la
foi en un monde invisible ». Autrement dit Dieu, le Christ et Ses
prophètes.
« Usant
de faux témoignages, il [le Clergé maronite]
a cherché à forcer sa volonté sur nos juges. N’était-ce la sainte Providence
qui protège le Docteur Dahesh, sa force de caractère dans l’adversité, nous
serions tous devenus une proie facile dès le commencement.
« Il
a violé tous nos droits, pillé sa liberté, et défiguré nos principes – se
drapant du nom de Jésus pour accomplir l’œuvre la plus cruelle depuis les
temps barbares de l’inquisition.
« Il
a tissé autour de nous une toile de cruautés dont on chercherait en vain un
exemple aussi effrayant dans les siècles sombres... En vérité, il a couronné
le front du Docteur Dahesh de la deuxième couronne d’épines, la seule que
jamais homme après Jésus méritât si glorieusement.
« Depuis que la persécution a essayé de nous
assujettir et nous étouffer sous son étau, sans répit nous nous sommes
adressés à la conscience impartiale des hauts responsables, réitérant nos
demandes au nom des droits de l’homme. Et pas une fois nous ne heurtâmes ou
blessâmes quelqu’un en parole ou en médisance, usant de patience et de
politesse envers tous, écrivant à chacun d’eux dans les termes les plus
respectueux, grand ou petit, ami ou ennemi, les prévenant de la responsabilité
d’une telle violation devant la loi. Nous sommes des hommes et des femmes que
jamais l’adversité ou la fortune n’ont vu injustes, tyrans ou discourtois. Mais
se taire plus longtemps serait une pure lâcheté de notre part... Juges ? magistrats ? députés ? ministres ? la presse ? Pas un ne bougea le doigt pour plaider
notre cause, hormis une poignée de braves qui firent de leur mieux, hélas
inutilement. Plaider notre
cause ? au contraire ! on
nous mit du vinaigre sur la blessure comme jamais barbare ne l’aurait
fait ! Ainsi aidèrent-ils la tyrannie à s’imposer et à consommer
l’injustice en attendant qu’un jour eux aussi, à leur tour, en soient la
victime.
« Malgré le fiel qui nous fut donné à boire, nous
n’avons jamais cessé de les considérer comme nos frères et nos sœurs.
Prenant à témoin la longue expérience des siècles, nous leur rappelions le
danger social derrière tout abus de pouvoir commis sur n’importe quel citoyen,
quelle que soit sa religion, quel que soit son Dieu, quel que soit le tort dont
il est accusé ; les exhortant à réfléchir, proposant l’ouverture de
notre procès devant l’opinion publique, jetant devant leur cœur la preuve
sublime de notre innocence, que l’enseignement du Docteur Dahesh était destiné
à être pour eux une mine d’amour et de progrès, non de conflit et de haine
(comme chacun doit l’être à chacun), que notre religion ne prêche que la
fraternité et le pardon, prenant Dieu à témoin que notre idéal n’était que
la liberté dans le respect de la loi, que nous avions droit nous aussi, comme
tout le monde, à la liberté de vivre, de penser, d’agir et de nous exprimer
chacun selon ses valeurs.
« Enfin
leur disions-nous :
« Vous cherchez en vain à nous vaincre, car il existe
un Dieu au Ciel qui n’oublie pas l’opprimé, que
l’injustice – même si elle échappe un temps au tribunal humain – ne pourra se
soustraire à la justice du Maître Suprême des Temps, que l’abus est un cheval
aveugle et sauvage qui finit par se jeter lui et son cavalier dans les
précipices du regret, que l’oppression
ne conduira le Liban qu’au désastre... ligne
d’arrivée du tyran et de la tyrannie ! »
*
Lire
>> Sélection littéraire des œuvres du Docteur Dahesh : « Dahesh par lui-même
Lire >> Sélection du même auteur dans « Mémoires
d'un Dinar » : Pilosophie de la guerre et défense de la Patrie
Lire
>> Le Daheshisme expliqué : Regard sur le Daheshisme à Vol d’Oiseau
Lire >> Lettre de Marie
Hadad aux Nations Unies à propos de l’Affaire Dahesh
Pour lire Le Liban dans la Bible
et l'Exode du pleuple juif vers la Terre de Canaan |
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