Jeudi 7 février 2019, le parlement ukrainien a voté une loi inscrivant dans le préambule de la constitution ukrainienne que l’Ukraine a une identité européenne (dans le sens « identité non-russe », ce qui est du débilisme concernant une bonne partie du pays qui est profondément russe historiquement, culturellement, linguistiquement et ethniquement), qu’elle veut intégrer l’OTAN et l’Union Européenne, et que ce processus est irréversible.

Cette loi accorde aussi au président ukrainien le rôle de garant de la mise en œuvre de ce processus stratégique visant à obtenir une place de membre à part entière de l’UE et de l’OTAN.

Pour la ministre des Affaires étrangères de la République Populaire de Donetsk (RPD), Natalia Nikonorova, cette loi, non seulement contredit la déclaration sur « la Souveraineté d’État de l’Ukraine » (dont le paragraphe 9 stipule que l’Ukraine est un état neutre n’appartenant à aucun bloc militaire), mais c’est aussi une véritable humiliation publique pour le peuple ukrainien.

Car comme elle le rappelle, l’Ukraine n’est toujours pas reconnue comme pays candidat à l’adhésion (ni pour l’UE ni pour l’OTAN), pour des raisons tout à fait justifiées.

Car l’Ukraine ne répond pas à bon nombre de critères qui lui permettraient d’entrer dans ces deux alliances/unions. Pour commencer le conflit territorial avec la Russie concernant la Crimée, et le conflit dans le Donbass sont des freins rédhibitoires à toute adhésion de l’Ukraine à ces deux institutions.

On ne peut entrer dans l’UE ou l’OTAN, sans avoir des frontières clairement définies et le contrôle des territoires que l’on revendique comme se trouvant à l’intérieur de ces frontières. Donc tant que l’Ukraine ne renonce pas à la Crimée et au Donbass et ne cesse pas les hostilités dans l’Est du pays, Kiev peut oublier toute adhésion à l’OTAN (comme la Géorgie à cause du conflit territorial concernant l’Ossétie du Sud et l’Abkhazie).

Car ni l’UE, ni l’OTAN ne voudront intégrer en leur sein un pays, dont la présence dans leur union/alliance les entraînerait par solidarité obligatoire vers une guerre ouverte contre la Russie. Forts en gueule mais pas suicidaires les pays de l’UE et de l’OTAN.

Certains pays n’ont pas oublié ce que leur a coûté une confrontation militaire avec la Russie, et d’autres se souviennent qu’elle dispose du plus grand nombre d’ogives nucléaires au monde.

En plus en matière d’économie, l’Ukraine est ultra corrompue, totalement ruinée, en état de faillite non-officialisée (un député ukrainien ayant déclaré récemment que Kiev ne pourra pas rembourser le FMI), et elle va perdre d’ici quelques mois le contrat de transit de gaz russe vers l’Europe, qui lui rapporte environ 3 milliards de dollars par an (soit 3 % de son PIB).

En clair, l’Ukraine est un trou noir à argent qui ne va faire que pomper les subventions européennes (obligeant les autres pays à donner encore plus d’argent pour la maintenir à flot, et donc à augmenter les impôts sur leur population), dont les habitants fuiront de plus en plus le pays (et une partie va et ira vers l’UE), et dont l’idéologie néo-nazie grandissante risque bien de se répandre via ses habitants émigrés dans les pays voisins, puis dans l’ensemble des pays de l’UE et de l’OTAN, en même temps que les armes qu’ils rachètent à des soldats corrompus.

Un cocktail littéralement explosif de corruption, d’extrême pauvreté, de néo-nazisme et de grandes quantités d’armes en circulation, qui se trouve actuellement aux portes de l’Union Européenne. Imaginez maintenant ce bourbier, cette Somalie-Ukraine, entrer dans l’UE et dans l’OTAN ! Vous la voyez venir la catastrophe ? Je vous rassure, les élites européennes et atlantistes aussi !

Voilà pourquoi l’UE et l’OTAN font des belles promesses à l’Ukraine, lui donnent de l’argent et des armes, mais n’iront pas jusqu’à l’intégration. Et c’est pour cela que cette loi est non seulement ridicule, mais aussi une véritable humiliation pour le peuple ukrainien.

Car comme l’a souligné Natalia Nikonorova, cela revient à inscrire dans la Constitution ukrainienne que Kiev continuera de mendier une adhésion qu’elle n’obtiendra jamais, qu’elle continuera d’aller frapper à une porte qui lui est fermée ! Cela enferme l’Ukraine dans un rôle de pays-mendiant, tant en ce qui concerne l’argent, qu’en ce qui concerne les alliances.

« La loi adoptée est extrêmement humiliante pour l’Ukraine toute entière et pour le peuple ukrainien. L’OTAN ne considère même pas la question d’une possible adhésion de l’Ukraine – par conséquent, au niveau de la loi la plus importante du pays [la constitution NDLR], il est inscrit le désir de continuer à « frapper à une porte fermée », » a déclaré la ministre.

En plus, comme l’a souligné Natalia Nikonorova, l’adoption de cette loi va diviser encore plus la société ukrainienne, puisque la majorité des habitants de l’est du pays sont catégoriquement contre une telle adhésion. C’est le cas des Républiques Populaires de Donetsk et de Lougansk (qui sont totalement contre toute adhésion à l’UE et à l’OTAN), que l’Ukraine est censée réintégrer si elle appliquait les accords de Minsk !

Or ce genre de paramètre entre en ligne de compte pour entrer dans l’OTAN. S’il y a un risque de division du peuple autour de la question de l’adhésion, celle-ci doit normalement être refusée par l’alliance pour éviter d’accueillir en son sein un pays qui va devenir instable (ce qui est logique).

Voilà à quoi mène la politique ukrainienne post-Maïdan : à l’humiliation publique de tout un peuple, à la transformation du pays en État-mendiant, pour satisfaire le porte-monnaie de quelques oligarques corrompus en surfant sur le désir de certains Ukrainiens de pouvoir vivre comme les Européens. Et ils ont osé appeler le Maïdan, la révolution de la dignité…

Christelle Néant

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