Chaman

Un chaman (homme ou femme) est un expert en religion ou en mysticisme qui occupe la position de guérisseur, prophète et dépositaire des traditions dans les sociétés autochtones traditionnelles (voir aussi Autochtones : religion).

Amulette de chaman (Tsimshians)
Amulette de chaman en os, oeuvre des Tsimshians, rivière Nass, en Colombie-Britannique (avec la permission du Provincial Museum of British Columbia).
Tente qui tremble
Un chaman chippewa se tient debout à proximité de la charpente de sa tente tremblante (avec la permission du Milwaukee Public Museum, négatif no 50113).

Un chaman (homme ou femme) est un expert en religion ou en mysticisme qui occupe la position de guérisseur, prophète et dépositaire des traditions dans les sociétés autochtones traditionnelles (voir aussi Autochtones : religion).

Rôle du chaman

Les chamans sont les plus célèbres des diverses figures religieuses dans les religions traditionnelles autochtones. Ils sont guérisseurs, prophètes, devins et dépositaires des mythes religieux. Ils sont également responsables de l’organisation des cérémonies culturelles et religieuses, par exemple la danse du soleil (une cérémonie de renouveau) et la cérémonie d’hiver des Kwakwaka’wakw, des Nuu-chah-nulth et d’autres communautés de la côte nord-ouest (voir aussi Autochtones : la côte nord-ouest).

Dans certaines sociétés, toutes ces fonctions reviennent à la même personne, alors que dans d’autres, les chamans se spécialisent. Plusieurs guérisseurs sont membres d’un ordre, par exemple le Midewiwin ou Great Medicine Society des Ojibwés, tandis que d’autres chamans appartenaient à des sociétés secrètes, notamment chez les Kwakwaka’wakw et les Siksikas. Les membres de ces sociétés n’étaient pas tous des chamans, mais participaient quand même aux cérémonies religieuses et aux rituels.

Pouvoirs spirituels et guérisseurs

On attribuait aux chamans plusieurs pouvoirs et on croyait que la plupart du temps ces pouvoirs étaient utilisés pour le bien de la communauté. Cependant, on croyait aussi que ces pouvoirs étaient utilisés parfois pour faire le mal. Les chamans prophètes et devins devaient prédire les résultats de la chasse, retrouver les objets perdus, et trouver la racine des querelles et du mécontentent qui affligent occasionnellement toute communauté. Les Siksikas (Pieds-Noirs), les Cris, les Ojibwés et d’autres sociétés avaient des devins qui prononçaient leurs prophéties (souvent en état de transe) lors des dramatiques cérémonies de la tente tremblante. Les chamans de ces sociétés étaient les gardiens de bourses sacrées qui contenaient des objets et des ingrédients dotés de pouvoirs mystérieux. Les chamans innus trouvaient la trace des animaux en faisant brûler une omoplate de caribou, et en lisant les craques et les fissures faites par le feu. On consultait souvent les chamans en temps de maladie ou de malheur dans la communauté. On savait que plusieurs maladies avaient des causes naturelles et pouvaient être guéries par des moyens purement matériels. Cependant, certaines maladies étaient généralement attribuées à des objets que des sorciers avaient introduits dans le corps du malade. Pour traiter ce genre d’afflictions, le chaman-guérisseur suivait les instructions de son esprit gardien. La plupart du temps, il aspirait l’objet ayant causé la maladie, le chassait en battant une aille d’oiseau ou l’attirait hors du corps avec des gestes théâtraux. Le malade pouvait aussi souffrir de « perte d’esprit ». Le chaman-guérisseur devait alors retrouver l’esprit égaré du patient, qu’il s’agisse de son âme, d’un esprit gardien ou des deux, et le replacer dans le corps du malade.

Interdiction des rituels chamaniques

En 1880, la Loi sur les Indiens est modifiée pour rendre illégal d’organiser ou de participer à certaines cérémonies de guérison traditionnelle, y compris la purification par la fumée, une cérémonie sacrée pendant laquelle sont brûlées diverses herbes médicinales. Certaines sociétés continuent cependant de pratiquer leurs traditions en secret, tandis que d’autres suivent l’interdiction dans l’espoir que le gouvernement les laisse en paix.

Au début des années 1950, le gouvernement met fin à l’interdiction des cérémonies de guérison traditionnelles. Les peuples autochtones décident alors de se réapproprier leurs traditions, et la médecine autochtone resurgit. Dès les années 1980, divers rituels et cérémonies de guérison chamaniques gagnent en popularité tant à l’extérieur qu’à l’intérieur des communautés autochtones. En 1983, un rapport spécial du ministère de la Santé nationale et du Bien-être social reconnait officiellement « la pertinence et l’utilité des approches traditionnelles ».

Chamanisme aujourd’hui

De nombreuses cérémonies chamaniques sont encore pratiquées, notamment la purification par la fumée, ainsi que les cercles du partage et les cercles de la guérison. La plupart des chamans modernes se considèrent comme des conseillers en guérison plutôt que de véritables guérisseurs. Les chamans offrent des techniques de soin pour ceux qui souffrent de douleurs émotionnelles, mentales et physiques. Parmi ces techniques, on compte l’invocation d’esprits-guides, l’extraction de l’énergie négative, la communion avec la nature et la purgation spirituelle. Comme leurs ancêtres, les chamans modernes exécutent aussi des cérémonies de rites de passage, notamment pour les naissances, les mariages et les décès.


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