Kermesse du G7 : un non-évènement creux et sonore

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« Les journalistes ne croient pas les mensonges des hommes politiques, mais ils les répètent, c’est pire ! » Coluche

Du Vendredi 23 au lundi 26 août s’est tenu le G7. Sept pays qui se veulent la conscience du monde dans un rituel bien rodé depuis 1975, date à laquelle Giscard d’Estaing voulant punir les pays de l’OPEP décide après ce que les pays occidentaux appellent le choc pétrolier de faire front envers ces bédouins qui empêchent les pays industrialisés de continuer à prospérer avec un pétrole bradé à 2$/baril C’est à la même époque que, plus efficace, le docteur Kissinger secrétaire d’État américain décide de créer en novembre 1974 l’Agence Internationale de l’Énergie pour contrer l’OPEP. Ces rencontres du G7 sont contestées par des mouvements altermondialistes, qui remettent en cause la légitimité du G7, et l’accusent de vouloir « diriger le monde » en alliant des pays parmi les principales grandes puissances économiques afin d’augmenter chez chaque membre son influence sur les marchés mondiaux à des fins d’appropriation de richesses au mépris et détriment des autres pays, cela imposant selon eux une politique néolibérale.

Le premier sommet « G6 », sera rejoints en 1976 par le Canada. À partir de 1998 le G7 devient « G8 ». Il y eut ensuite la réunion avec les pays émergents, dont la Chine, le Brésil ou l’Afrique du Sud, c’est le « G20 ». En 2014, la Russie est suspendue du G8 pour avoir récupéré son territoire la Crimée. Seul Donald Trump s’est prononcé en faveur de la réintégration de la Russie, a-t-il assuré peu avant le G7 de Biarritz sauf que la Russie a annoncé en 2017 qu’elle n’était pas intéressée. Plusieurs géants économiques ne sont pas conviés à la table, la Chine et l’Inde, on les met dans la case G20. Quel est l’ordre du jour de ce G7 ? Lutter contre les inégalités ? Parler des changements climatiques ? Et des problèmes de l’heure à la fois économiques mais aussi stratégiques comme l’Accord nucléaire iranien.

La réalité du G7 : Les pays les plus endettés au monde

De l’extérieur on pense à tort que les pays du G7 sont riches et il ne viendrait à l’idée de personne que ces pays sont super-endettés « le Groupe des Sept », les « sept pays les plus industrialisés sont les plus endettés sauf que ces pays empruntent à des taux extrêmement bas et vivent de ce fait en maintenant un niveau de vie grâce à la dette. Ainsi en 1975, les membres du G7 « pesaient » l’équivalent de 62 % du PIB mondial, contre seulement 45 % en 2018. Quand on parle de pays riches, il faut relativiser. Ainsi, le Japon : pays synonyme de prospérité a un PIB par habitant de plus de 39 000 dollars en 2018, mais c’est aussi le pays le plus endetté au monde. Pour la France si la dette publique représentait près de 65 % du PIB en 2007, cette dernière s’élevait à 97 % du PIB en 2017 voire 100 % en 2019. Quant à la dette américaine elle est abyssale. De plus les pays du BRIC (Brésil, Russie, Inde et Chine) représentent : 32,6%, le G7 : 29,4 % et le reste du Monde : 38 %. Ainsi, la Chine représente aujourd’hui plus 19 % du PIB mondial, tandis que l’Inde culmine à 8 %. Avec la Russie et le Brésil, également économies montantes, les quatre pays dépassent désormais largement le poids du G7. Et pourtant ce sont ces 7 pays qui mènent la danse…

Ce qu’ont fait les opposants au Sommet 

Qui peut faire entendre un autre son de cloche ? Qu’un autre monde est possible ? Sans triches, boulimie ? Les opposants au sommet du G7 ont, quant à eux, déjà commencé à exprimer leur refus de cautionner les politiques menées par les leaders mondiaux et plus globalement réitérer leur refus de vivre dans l’ordre mondial actuel.

« Nous considérons que ce G7 est illégitime, tout simplement parce que ce sont sept pays riches qui pensent qu’ils peuvent décider de l’ordre du monde », a expliqué Aurélie Trouvé, la porte-parole du contre-sommet Alternative G7.

« Nous allons montrer que ces politiques-là sont au service des plus riches et des multinationales et que, face à ça, nous avons énormément d’alternatives qui dessinent un autre monde », a-t-elle encore fait valoir dans des propos rapportés par le média belge RTBF.

Aurélie Trouvé, la porte-parole du contre-sommet Alternative G7
La réalité des discussions au sein du G7 

On croit à tort qu’il y a une égalité dans les débats et que de la discussion jaillit la lumière ! En fait il n’en est rien ! Tous les rapports de force se passent dans les coulisses entre « sherpas » et dans ce cadre, il est connu que les États Unis ne discutent pas, ils décident, c’est aux autres d’interpréter les oukases et de faire semblant qu’ils sont issus d’un consensus. Mieux encore après le coup d’éclair du Sommet du G7 au Canada en 2018, Trump s’est permis de retirer sa signature du communiqué final alors qu’il était en avion, accusant Julien Trudeau le Premier Ministre canadien de menteur. Pour que cela n’arrive pas, tout a été fait par le Président Français à Biarritz pour ne pas contrarier le Président Trump qui a son idée sur ce que devrait être le Monde.

C’est en gros l’avis de l’analyste Jean-Eric Branaa qui parle d’un Nouvel Ordre Mondial, version américaine que les gouvernants européens de Droite ou de Gauche sont obligés d’accepter. Il écrit :

« Le monde est devenu extraordinairement complexe et divisé. Dans « Trumpland : portrait d’une Amérique divisée (2017) », j’écrivais que Donald Trump allait amener un nouvel ordre mondial. On voit que cet ordre mondial s’installe, pas uniquement via Donald Trump, mais c’est un des chefs de file de cette transformation. Le monde occidental se divise aujourd’hui entre progressistes et populistes. Il n’y a plus de clivage autour de la remise en cause du capitalisme. C’est sur des valeurs et certaines grandes questions globales que la division se fait. Certains problèmes, dans ce cadre, sont quasiment insolubles. Prenons l’exemple du climat qui est un enjeu de taille pour les progressistes. Du côté populiste, le problème économique est central : la défense de l’environnement revient pour ceux qui suivent Donald Trump à contraindre par la régulation les industriels et mène donc à une augmentation du nombre de chômeurs. Il n’y a donc pas de motifs à agir pour les populistes. Aucun des deux camps ne veut avancer et faire des compromis, parce que cela va à l’encontre de ce que veulent leurs électeurs »[1].

La doctrine Trump pour reformater le Monde  

« Une des grandes politiques de Donald Trump depuis son élection a consisté à se retirer de tous les dispositifs de solidarité à l’égard du reste de l’humanité, expliquant que les États-Unis n’avaient pas à supporter sur leurs épaules le poids des malheurs du monde. Durant sa campagne électorale, il a expliqué aux contribuables américains qu’ils étaient imposés pour réduire les inégalités dans leur propre pays. Il utilisait régulièrement l’exemple de ceux qui vivent dans la rue aux États-Unis (et c’est un problème majeur dans les grandes villes américaines) en expliquant que, tant que ce problème n’était pas résolu, il n’était pas question de s’occuper de ceux qui vivent dans la rue en Afrique, en Asie, ou dans d’autres régions du monde. Il a coupé les aides américaines dans ce sens. La solidarité mondiale, que les progressistes défendent, est bien entendu mise à mal par cette politique ». (1)

« Donald Trump a fait exploser les alliances, mais elles restent sous-jacentes. Pour le Président américain, les Alliés ne sont plus des alliés mais des partenaires, c’est-à-dire des partenaires commerciaux, et d’autres pays ont vocation à devenir des partenaires en ce sens-là. Le monde est donc, selon la doctrine de Donald Trump, un vaste supermarché dans lequel les Américains peuvent vendre leurs produits et essayer d’acheter le moins cher possible. Paix et prospérité : ce sont les deux axiomes que les Républicains ont en réalité toujours défendu, notamment au début du XXème siècle. Dans les temps de paix, il s’agit d’aller faire du commerce ». (1)

Le cas de la Chine est singulier car c’est le seul problème de Trump qui utilise toutes les méthodes pour affaiblir la Chine en vain :

« La Chine pose quelques problèmes à Donald Trump. Il y a une compétition entre les deux pays. Donald Trump n’a pas envie d’avoir la Chine dans les instances régulatrices. Cela a beaucoup gêné les Américains que la Chine intègre l’OMC par exemple. Donald Trump cherche à faire revenir la Russie dans les négociations parce que cela permet d’affaiblir la Chine, mais faire venir la Chine, c’est plus compliqué ». (1)

G7 : Le procès récurrent de la Chine     

Décidément la presse aux ordres n’a pas arrêter de faire du Chinabashing en diabolisant la Chine absente mais O combien présente en réalité Ainsi le site Atlantico sur la base d’une analyse partiale écrit :

« Vendredi 23 août 2019, la Chine a fait un coup d’éclat. Elle a créé la surprise en relançant l’escalade commerciale avec les États Unis (la Trade War) : une augmentation de 5 ou 10 points de pourcentage (selon les produits), des droits de douane qu’elle prélève sur divers produits exportés par les États Unis (montant global concerné : 75 Milliards de dollars). Le même jour, la Chine dépréciait à nouveau le yuan pour le ramener à seulement 7,09 yuan pour 1 dollar ».[2]

« Par ces mesures, la Chine se donne des moyens supplémentaires pour maintenir ou même renforcer son énorme excédent commercial annuel (500 Milliards de dollars) ; et par son annonce, elle a fait reculer de 2,5% en moyenne les indices boursiers américains, elle a accentué encore l’inversion de la courbe des taux américaine, elle a poussé le cours de l’or au-dessus du seuil de 1500 dollars… L’Administration américaine a répliqué le jour même. Avant même l’ouverture du G7, elle a porté de 25 à 30 % les droits de douane qui s’appliquent à une tranche de 250 Milliards de dollars d’importations chinoises et de 10 à 15 % ceux qui s’appliquent à une autre tranche de 300 Milliards de dollars. Si la croissance des pays qu’on appelle encore industrialisés s’est affaiblie entre 2002 et 2008 ». (2)

Pour l’auteur de cet article dont le parti pris sans mesure est flagrant, c’est la Chine qui est responsable des maux des pays industrialisés en clair de l’empire et de ses vassaux :

« Au total, les pays européens oublient simplement que s’ils se débattent depuis plus de dix ans avec le risque d’une récession grave et prolongée, c’est précisément parce que la Chine cherche et réussit assez largement à accaparer toute l’activité productive mondiale. Ils devraient comprendre que la Trade War qu’ils déplorent entre Pékin et Washington correspond en réalité à une nécessité majeure, celle de briser ce qu’il convient de désigner comme la stratégie mercantiliste de la Chine » (2).

L’auteur explique ensuite la stratégie diabolique de la Chine :

« Celle-ci, pour simplifier, se déploie en trois temps : Premier temps. Par ses excédents commerciaux renouvelés, la Chine désindustrialise la plupart des autres pays et leur inflige des déficits commerciaux renouvelés. Les gouvernements des pays les moins bien placés se trouvent les premiers atteints par ce qui est une déstabilisation économique. Deuxième temps. Pour éviter que le mécontentement de la population se traduise par l’irruption d’un mouvement populiste, les gouvernements concernés préfèrent cacher à leurs populations la dégradation de l’économie ; pour ce faire, ils maintiennent les apparences de la prospérité en recourant, de trimestre en trimestre, à un endettement toujours plus important sur le marché mondial des capitaux. Ce marché est dominé par la Chine qui, grâce à ses excédents commerciaux répétés, est de très loin le premier pays créancier. C’est donc principalement auprès de la Chine que les pays, devenus « en difficulté », s’adressent.

Troisième temps. Le degré d’endettement des pays en difficulté est devenu tellement élevé que leur principal créancier, la Chine, leur fait part de sa réticence à leur prêter davantage. Le pays en difficulté, en proie à un déficit commercial qui reste récurrent, n’a alors d’autre choix que de commencer à aliéner progressivement sa souveraineté à la Chine : pour limiter son endettement à l’égard de Pékin, il commence par lui vendre à bon compte ses entreprises quand il en a, puis aussi ses territoires agricoles, ses gisements miniers, ses sites touristiques, ses sites portuaires ou aéroportuaires… et quand tout cela ne suffit pas à l’appétit de l’État chinois créancier, le pays peut vendre encore à la Chine sa soumission diplomatique, Le pays considéré devient alors de facto un protectorat chinois. C’est selon un tel processus que la Chine s’est déjà subordonnée un nombre considérable de pays qui, antérieurement, étaient encore souverains. Elle s’inscrit dans une dynamique qui vise à ce que la Chine puisse se subordonner ou même s’acheter la planète entière ». (2)

Et alors pourrait-on dire ? La Chine est-elle responsable de l’incurie des pays industrialisés occidentaux ? Pourquoi ne pas développer cette agressivité contre l’empire qui décide unilatéralement des sanctions contre l’Europe (aciers, voitures, vins et fromages…). Il n’est pas interdit de penser que non content d’attirer le Royaume Uni post-Brexit en lui promettant un deal de rêve, Trump s’attaque à l’Europe en s’attaquant à l’Allemagne très vulnérable au vu de ses importants investissements aux États-Unis. Mathieu Mucherie explique dans ce sens comment le maillon faible allemand pourrait permettre aux États-Unis de gagner une guerre commerciale contre l’Europe[3].

Le G7 et l’Amazonie : Des larmes de crocodile 

Initialement non prévus les incendies en Amazonie ont donné lieu à une dangereuse polémique allant jusqu’à des insultes de part et d’autres entre la France et le Brésil. Voulant montrer qu’il est isolé au Brésil, des statistiques sont même données pour montrer l’impopularité à 43% qui est cependant supérieure à celle du Président Macron en France. On appelle même à la rescousse l’écrivain Paulo Coello qui dit s’excuser au nom du peuple brésilien pour les propos de son Président. Un simple tweet a suffi à Emmanuel Macron pour relancer la machine :

« Notre maison brûle. Littéralement. L’Amazonie, le poumon de notre planète qui produit 20 % de notre oxygène, est en feu. C’est une crise internationale ».

Le Président Bolsonaro s’est évidemment défendu, dénonçant l’instrumentalisation d’un problème interne au Brésil et aux autres pays amazoniens.

Août 2019 : Près de 14.000 incendies. 1 tonne de bois : c’est 2 tonnes de CO2 en moins séquestrée par la forêt (photosynthèse). La déforestation augmente. En juillet : 2255 km2 soit 225 millions d’arbres détruits et donc 450 millions de tonnes de CO2 non captées à ce rythme c’est environ 5 milliards de tonnes de CO2 en moins/an soit encore 15 % du rejet total de CO2.

« Qui a raison, qui a tort dans cette affaire ? Un article sorti le 21 Août sur le site Earth Observatory de la NASA, fait le point sur l’évolution des feux de forêt dans le monde. Il s’appuie pour cela sur les observations faites par les satellites équipés du spectroradiomètre imageur MODIS. Cet appareil permet, entre autre, d’observer la survenue des feux de forêt, qu’ils soient d’origine humaine ou naturelle. Les observations des feux par satellite ont commencé dans les années 80. Selon cet article, il apparaît clairement que le continent des feux n’est pas l’Amérique du Sud, mais l’Afrique. Durant une journée moyenne d’un mois d’août, le satellite observe 10.000 incendies sur toute la planète et 70% d’entre eux sont déclenchés en Afrique »[4].

Maigre résultat du G7 si ce n’est de constater un désaccord profond entre le Brésil pas invité et la France. Emmanuel Macron avait ajouté ce sujet au menu du G7, à la veille de l’ouverture du sommet. Ce lundi, le « Groupe des Sept » a promis une aide d’urgence de 20 millions de dollars pour envoyer des avions bombardiers d’eau lutter contre les feux de forêt. Le G7 est tombé d’accord sur un volet d’aide à moyen terme destiné à la reforestation, qui sera finalisée lors de l’Assemblée Générale de l’ONU fin septembre. Le Royaume-Uni avait de son côté annoncé une aide de 10 millions de livres pour aider à la reforestation. Dans le différend qui l’oppose au Président français qui a inscrit cette question de l’Amazonie au dernier moment de l’ordre du jour, Jair Bolsonaro a opposé une fin de non-recevoir à cette proposition, exigeant qu’Emmanuel Macron « retire ses insultes proférées contre sa personne » avant de discuter de quoi que ce soit. Peu de temps avant, Donald Trump lui a apporté son soutien sur Twitter :

« J’ai appris à bien connaître le Président dans nos relations avec le Brésil. Il travaille très dur sur les incendies de l’Amazonie et, à tous égards, il fait un excellent travail pour le peuple brésilien – pas facile. Lui et son pays ont le plein et entier soutien des États-Unis ! », a écrit le président américain, écornant l’image d’unité autour d’un sujet que son homologue français avait essayé de mettre en avant.

Dans le même ordre, à juste titre l’attitude de donneuse de leçons de la France est critiquée. Ainsi le Grand Conseil des Amérindiens dénonce l’hypocrisie de la France :

« Faites ce que je dis, mais pas ce que je fais ».

C’est en substance le reproche adressé au gouvernement français par le Grand Conseil Coutumier des Peuples Amérindien et Bushinengé, alors que des incendies ravagent la forêt amazonienne. L’instance qui représente et défend les intérêts des peuples autochtones a publié une tribune, pointant que :

« Le gouvernement français déplore la destruction de l’Amazonie brésilienne, mais parallèlement octroie des permis d’exploration aux multinationales minières en Amazonie française. Le feu n’est pas le seul danger qui menace et détruit la forêt, détaille le Grand Conseil. L’extractivisme a sa grande part de responsabilité ».

« En Guyane, ce sont plus de 360 000 hectares qui ont été cédés aux multinationales minières, indique Christophe Pierre, vice-président du Grand Conseil. On dénonce le fait de vouloir donner des leçons à l’international, alors que sur le territoire guyanais français, ce gouvernement fait des non-sens, des choses qui ne vont pas dans le sens de la préservation de la biodiversité et de l’Amazonie »[5].

Ce qu’il faut retenir du sommet du G7 à Biarritz 

Sur le fond pourtant, et derrière la mise en scène, le bilan du G7 est bien plus maigre qu’il n’y paraît. Lorsque l’on ne promet rien, la moindre petite avancée est un succès. Que retenir in fine des quelques lignes publiées par les dirigeants du G7 pour « souligner leur grande unité et l’esprit positif de leurs débats » ? D’abord une grande absente : la lutte contre les inégalités, pourtant présentée comme l’un des thèmes principaux du sommet. Concernant l’Ukraine, la Libye et Hong Kong, trois des cinq points figurant sur la déclaration commune des dirigeants du G7, rien de nouveau n’a été acté. Idem sur la question du commerce, première entrée du communiqué commun, sur laquelle les chefs d’État et de gouvernement ont déroulé les évidences – sans surprise, ils souhaitent « un commerce mondial ouvert et juste » et non pas fermé et injuste –, au moment même où la Chine, elle, se prépare au pire. Aucune nouveauté, non plus, sur l’engagement du G7 « à trouver un accord en 2020 pour simplifier les barrières réglementaires et moderniser la fiscalité internationale dans le cadre de l’OCDE ». Quant à la taxation du numérique, sujet qui ne concerne que la France et les États-Unis, mais sur lequel la communication gouvernementale ne cesse de se gargariser pour montrer l’utilité du sommet biarrot, il s’agit en réalité d’un vrai-faux succès »[6].

Le bilan du G7 sur les autres dossiers qui y ont été évoqués n’a guère davantage convaincu. Estimant qu’Emmanuel Macron « s’affirmait de plus en plus en tant que leader européen qui – tout en pouvant se tromper – s’efforçait d’utiliser le système multilatéral pour apaiser les tensions et défendre l’ordre libéral », le magazine britannique The Economist s’interroge toutefois :

« Le Président français en fait-il trop ? Sa stratégie avec Donald Trump a déjà échoué par le passé et son bilan en tant que médiateur est pour le moins modeste ».

Quant au journal américain Washington Post, il note que :

« Ce sommet entre le président Trump et les autres leaders s’achève sans progrès significatif sur les problèmes mondiaux les plus urgents ».

Ce G7 écrit Julien Da Sos est à hauts risques, mais il ne s’est pas passé grand-chose. Les questions structurantes ont été laissées à l’abandon. C’est comme si on s’était réuni pour rien. Cela restera l’événement majeur de ce G7 : la venue surprise du Ministre des Affaires Étrangères iranien, Mohammad Javad Zarif, à Biarritz. Il a rencontré Emmanuel Macron et Jean-Yves Le Drian. Mais pas Donald Trump. En fait le G7 est l’occasion de constats bilatéraux pour régler en quelques jours des problèmes en suspens. Le G7 aura aussi permis d’accélérer les négociations entre la France et les États-Unis au sujet de la taxe sur les géants du numérique. Le Président américain a déclaré lundi que les deux pays étaient « proches » d’un accord. Celui-ci consisterait en un compromis temporaire sur la guerre commerciale entre les États-Unis et la Chine, Donald Trump est en revanche resté inflexible face aux Européens, qui s’inquiètent des potentielles répercussions économiques d’une escalade des tensions. Mais le locataire de la Maison-Blanche a surpris son monde lundi, en annonçant que son pays allait reprendre « très prochainement » ses négociations commerciales avec la Chine »[7].

Il faut y ajouter, injonction de l’Empire oblige, la nécessité de réviser les règles du jeu de l’OMC maintenant que les règles actuelles n’arrangent pas les pays occidentaux. Ainsi on apprend que la réunion du G7 a permis de dégager un certain nombre de points de convergence sur des dossiers économiques comme « le changement en profondeur de l’OMC pour être plus efficace dans la protection de la propriété intellectuelle, de régler plus rapidement les différends et l’éradication des pratiques commerciales déloyales » dans une allusion à la Chine, tout en exprimant son attachement à « un commerce mondial ouvert et juste ».

le Ministre des Affaires Étrangères iranien, Mohammad Javad Zarif
Le bluff sur l’Iran

En termes de communication, L’arrivée « surprise » du Ministre iranien des Affaires Étrangères a ravi les journalistes faiseurs d’opinion qui ont salué ce « coup de théâtre », cette « diplomatie créative », ce « gros coup ». Présenté en effet, comme le coup du siècle, la diplomatie lumineuse, où même François Bayrou applaudit. Pourtant, le coup de bluff, comme dirait Jacques Chirac, a fait pschitt. De fait, l’Iran malgré un embargo inhumain a dit qu’elle était prête à discuter avec les Américains avec des conditions préalables, d’abord la levée des sanctions. Les vassaux européens ne pèsent rien dans ce bras de fer, lâchement ils se sont retirés de l’Iran et le mécanisme alambiqué pour contourner les sanctions américaines a été mis par terre par les Américains. On comprend dès lors cette déclaration qui ne mange pas de pain :

« Sur l’Iran, les dirigeants du G7 ont écrit noir sur blanc qu’ils partageaient deux objectifs – « faire en sorte que l’Iran ne puisse jamais se doter de l’arme nucléaire ; et favoriser la paix et la stabilité dans la région » – qu’ils partageaient déjà de longue date. Mais le nœud central, à savoir que les Européens sont incapables de contourner les sanctions américaines, n’a quant à lui pas été dénoué. Donald Trump s’est certes dit prêt à rencontrer le Président Rouhani, mais ce dernier a immédiatement répondu qu’il attendait que Washington fasse « le premier pas en levant les sanctions ». Retour à la case départ, donc ». (6)

Coût de la kermesse du G7 et dégât à l’environnement

36,4 millions d’euros c’est le coût de l’organisation par du G7. 13 200 policiers et gendarmes, épaulés par les forces militaires, ont été mobilisés, 5 000 personnes à Biarritz, dont près de 2 000 journalistes accrédités et 3 000 personnes liées aux délégations des pays et organisations invitées. Personne ne s’est amusé à calculer la pollution induite par ce sommet. Le sommet du G7 de 2018, qui s’est tenu à La Malbaie au Canada, a généré 6 708 tonnes de gaz à effet de serre (GES) avec les réunions préparatoires qui ont eu lieu en amont, le compte monte à plus de 8 600 tonnes de GES.

Coup de théâtre, le Président brésilien accepte finalement l’aide internationale à condition qu’il en ait le contrôle. Quand les ténors du G7 disent qu’ils vont compenser, quelles sont les compensations ? Pour certaines actions promises, « c’est de la preuve circonstancielle et anecdotique », la plus grande empreinte écologique est créée par le transport aérien et le dispositif sécuritaire. « Il y a un impact inévitable », il n’y a pas « de possibilités de rendre un sommet du G7 vert ».

Le transport aérien génère en effet, le plus de pollution. À titre d’exemple, une tonne de gaz à effet de serre représente un aller-retour Paris-New-York en avion, 190 allers-retours Paris-Bordeaux en train, 14 000 km avec une Twingo en ville, ou encore 1,8 tonne de papier produit. De même, comme le rappelle Consoglobe, pour émettre 1 tonne de gaz à effet de serre en 2010, il fallait environ deux semaines à un Américain, un peu plus d’un mois à un Européen et une année à un Indien »[8].

Il faut ajouter à cela que les recommandations des G7 sont de diminuer la quantité de CO2 dans le monde. C’est exactement l’inverse qui s’est produit. Environ 10 000 tonnes de CO2 en trois jours c’est le seul résultat tangible du Sommet de Biarritz qui nous dit on va compenser par la plantation d’arbres qui vont mettre cinq ans à être opérationnels s’ils sont à croissance rapide.

Conclusion

La réalité est tragique. Le G7 fut celui d’une communication réussie mais éphémère est qui n’apporte rien de nouveau sur le fond. Même le bluff sur l’Iran n’a pas fait long feu.  Il n’y a rien de nouveau sous le soleil, les pays industrialisés qui continuent à vouloir coloniser par la force et « les droits de l’homme » des pays ayant des ressources n’ont pas d’état d’âme. Il y a même encore et toujours cette condescendance à dicter la norme pour le reste du monde.

Dans cet ordre le Président brésilien Jair Bolsonaro critique l’ingérence d’Emmanuel Macron.

« Nous ne pouvons pas accepter, déclare-t-il, qu’un Président, Macron, lance des attaques déraisonnables et gratuites sur l’Amazonie, ni ne dissimule ses intentions derrière l’alliance du G7 pour sauver l’Amazonie, comme si nous étions une colonie ou autre no man’s land », a ainsi tweeté le chef d’État brésilien ce lundi 26 août ».

Il a été outré par l’attitude du Président français qui aurait dit que l’Amazonie « était une question ouverte » rappelant aux Algériens les atermoiements de de Gaulle quand il voulait imposé sa solution pour le Sahara, Mer intérieure avec des riverains.

Aucun de ces problèmes qui intéresse le monde n’a vu un début d’accord. Ce fut de fait la reconduction des communiqués des G7 précédents qui ont tous trait à la façon dont ces pays peuvent continuer à piller le monde et à ne pas se faire la guerre entre eux, s’agissant que le vainqueur est connu et que leur  adversaire : la Chine, n’est pas invitée. Rappelons enfin que 20 millions de dollars pour éteindre les incendies pour des pays dont le PIB frise 40 000 milliards de dollars est ridicule si on y ajoute que le Sommet du G7 a coûté 36 millions d’euros (40 millions de $), c’est se moquer du monde. Deux fois plus d’argent pour une kermesse inutile. Ainsi va le monde.

Professeur Chems Eddine Chitour

École Polytechnique Alger

[1] https://www.atlantico.fr/decryptage/3577956/g7-a-haut-risquedes-compromis-sont-ils-possibles-dans-le-monde-occidental-divise-de-donald-trumpjean-eric-branaa

[2] Antoine Brunet https://www.atlantico.fr/decryptage/3578064/g7-la-chine-a-t-elle-reussi-a-diviser-les-occidentauxantoine-brunet

[3] https://www.atlantico.fr/decryptage/3342261/pourquoi-le-maillon-faible-allemand-pourrait-permettre-aux-etats-unis-de-gagner-une-guerre-commerciale-contre-l-europe

[4] https://www.bvoltaire.fr/amazonie-notre-maison-brule-vraiment/?utm

[5] https://www.cnews.fr/monde/2019-08-26/amazonie-le-grand-conseil-des-amerindiens-denonce-lhypocrisie-de-la-france-872651?

[6] https://www.mediapart.fr/journal/international/270819/macron-apres-le-g7-de-biarritz-derriere-la-com-le-statu-quo?onglet=full

[7] Julien Da Sois – https://www.cnews.fr/monde/2019-08-26/ce-quil-faut-retenir-du-sommet-du-g7-biarritz-872690?elst_newsletter=20190826-18_872690

[8] https://www.sudouest.fr/2019/08/22/-6468595-4583.php

Author(s) and Contributor(s) :
Chems Eddine Chitour

Chems Eddine Chitour

Professeur à l'Ecole Polytechnique d'Alger

1 Commentaire

  1. Le gouvernement aurait débloqué 350 millions pour indemniser les commerçants de Biarritz, c’est donc 10 fois le coût de l’organisation. Il y a là une anomale à éclaircir. Les 36 millions pour l’organisation seraient-ils un chiffre faux? Quant à la pesée du gaz carbonique, c’est du même ordre que les évaluations du GIEC. Par ailleurs, la chasse au CO2 est une absurdité, il n’entre en rien dans l’effet de serre et constitue une infime partie de l’atmosphère.
    Mais on est d’accord sur une chose : le G-7, c’est du vent. Si encore ça faisait tourner les éoliennes… Le G-7 est une éolienne… improductive.

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