Au coeur du Science Park d'Amsterdam, l'opérateur américain Equinix à disposition de ses clients un centre de traitement de données (ou "data center") d'un nouveau genre [1]. Baptisée AM3 et ouverte en octobre 2012, cette gigantesque usine numérique de 17.000 m2 abrite 80.000 serveurs qui réceptionnent, traitent et stockent une partie des milliards de données informatiques qui transitent chaque seconde sur le Web. Equinix fournit des services d'hébergement flexibles permettant à toute entreprise de déployer ses infrastructures informatiques ; une activité en plein "boom" avec le développement du "cloud computing".
Présentation virtuelle du centre de traitement de données AM3 d'Amsterdam (en anglais) Crédits : equinixvideos
Or ces centres de données sont extrêmement gourmands en énergie : les besoins annuels d'AM3 sont estimés à la consommation électrique comprenant entre 20.000 et 50.000 habitants. A l'échelle mondiale, les experts estiment que les centres de données consomment 2% de l'énergie mondiale et entraînent de larges émissions de CO2 puisque dans de nombreux pays, l'énergie provient du charbon et/ou du nucléaire. Toutefois, les géants de l'internet recherchent l'efficacité énergétique pour des raisons de coût et non pour réduire leur impact environnemental. Avec l'augmentation des coûts de l'énergie, les serveurs les moins chers sont les moins énergivores.
L'électricité consommée sert évidemment à alimenter les serveurs mais aussi et surtout à refroidir les salles et les équipements pour éviter toute surchauffe qui pourrait engendrer des coupures, le pire cauchemar des responsables du centre. Dans ce contexte, réduire la consommation des systèmes de refroidissement est un enjeu crucial. Facebook a ainsi récemment inauguré son premier data center européen en Suède, près du cercle polaire arctique où l'air froid ambiant est exploité pour refroidir les serveurs [2]. Pour l'AM3, Equinix a développé un autre système : de l'eau fraîche d'aquifères est pompée à 180 mètres de profondeur puis filtrée avant d'être envoyée dans des échangeurs pour maintenir la température ambiante des locaux autour de 25°C. Une partie de l'eau chaude est mise gratuitement à la disposition de l'université d'Amsterdam qui la réutilise pour chauffer une partie de ses bâtiments. Le reste est stocké avant d'être renvoyé dans les aquifères une fois refroidi.
Cette stratégie est cependant pointée du doigt par certains experts qui estiment qu'il faudrait réduire la demande en serveurs plutôt que de vouloir uniquement abaisser leur consommation énergétique. Pour le moment et à l'image de ses concurrents, Equinix continue d'augmenter ses capacités de stockage et réfléchit déjà à l'ouverture d'un quatrième centre de traitement de données à Amsterdam.