L’application Strava, une menace pour la sécurité militaire

En septembre dernier, l’application de fitness Strava dévoilait via Strava Labs une carte mondiale comportant les données GPS de ses 27 millions d’utilisateurs. Cette carte, qui divulgue l’activité de ses « joggeurs », montre ainsi l’activité des différents pays ou continents. Plusieurs analystes se sont alors penchés sur le sujet et ont remarqué, fin janvier dernier, que l’application pouvait mettre au jour les positions de bases militaires dans le monde entier.

Qu’est-ce que l’application Strava ?

Strava est une application mobile utilisée par des millions d’utilisateurs dans le monde. Elle permet d’enregistrer leurs données GPS pendant leurs marches, leurs joggings ou encore leurs sorties à vélo. Cette application est utilisée par 27 millions de personnes dans le monde et la carte révélée en septembre 2017 comprenait, au total, pas moins de 27 milliards de kilomètres parcourus par les utilisateurs de l’application.

Pour l’utiliser, il suffit simplement de la télécharger sur son smartphone ou de s’y connecter via un bracelet fitbit ou autres bracelets de ce genre. Ces bracelets, justement, les soldats américains en sont très largement équipés ; l’armée américaine en avait effectivement distribué en nombre en 2013 afin de lutter contre l’obésité. Aujourd’hui, ce sont ces mêmes bracelets qui posent problème.

Révélation de l’emplacement de bases militaires

Fin janvier 2017, des observateurs et notamment un utilisateur de l’application remarquent que certaines zones, pourtant sans activité apparente, enregistrent quelques données GPS. En s’intéressant de plus près à ces activités inhabituelles dans ces différentes régions, cet Australien passionné des questions de sécurité internationale signale que l’application révèle l’emplacement de bases militaires dans le monde entier. En effet, de nombreux militaires présents en opération à l’étranger utilisent cette application pour courir au même titre qu’un utilisateur lambda.

Ainsi, cette carte mondiale permet de découvrir l’emplacement précis de certaines bases militaires connues en Irak, en Afghanistan… mais aussi de potentiels bases secrètes américaines comme celle d’Okinawa, au Japon, jugée sensible par certains experts. La France est elle aussi concernée par ces révélations puisque des données GPS ont été détectées sur une position française au Niger, dans la base de Madama. De plus, l’étude approfondie de ces données permet dans la plupart des cas de voir que les trajets de ces « joggeurs du dimanche » convergent vers un point central. Libre à chacun d’interpréter ces données comme il le souhait, mais tout laisse à penser que ces points centraux seraient les quartiers généraux ou encore les résidences des militaires.

La révélation de ces positions militaires met également en danger les emplacements de sites de missiles et notamment celle de Taïwan qui cherche à tout prix à cacher ses points de lancement, particulièrement vis-à-vis de la Chine. Certains militaires sont affectés essentiellement à la protection de ces sites de missiles. Et selon un expert, il suffirait simplement d’identifier un de ces militaires, utilisateur de l’application, pour clairement reconnaître les lieux de lancement de missiles.

Un danger pour les militaires

La divulgation de ces données GPS très précises constitue aussi un danger sécuritaire majeur pour les militaires engagés en opération. Outre le fait que l’application dévoile le parcours précis de chacun de ces joggeurs, les bracelets d’activité fitbit distribués aux soldats Américains dévoilent des détails non moins importants. Ainsi, ces traqueurs d’activité permettent bien évidemment de connaître le nombre de pas total dans une journée mais permettent aussi de savoir où ils ont marché, patrouillé… Les informations mises au jour par l’application sont autant de renseignements cruciaux qui permettent à leurs ennemis de savoir leurs fréquentations du site, leurs routines.

L’utilisation de l’application se manifeste par un point de lumière à l’endroit où la personne est présente. Les concentrations de lumière à l’intérieur des bases militaires permettent de savoir où les soldats se déplacent, vivent, mangent, dorment, etc…

Toutes ces informations sont aussi des renseignements utiles pour l’ennemi afin de planifier un attentat contre les soldats. Par exemple en Afghanistan, du fait du peu d’activité sur la carte Strava, on peut facilement remarquer que les seuls trajets sont les voies reliant les bases américaines entre elles, ainsi que leurs voies d’approvisionnement.

Les précisions de Strava

Face à l’ampleur du problème, Strava a tenu à rappeler que le partage des données de ses utilisateurs n’était pas de leur responsabilité. En effet, chaque utilisateur est libre de partager ou non ses trajets lorsqu’il court. Dans un communiqué, l’entreprise a précisé que « les activités étant marquées comme privées et celles comprises dans les zones de confidentialité définies par les utilisateurs sont exclues de la carte ». Nul doute que les autorités américaines porteront une attention toute particulière au sujet dans les prochains mois et que certains militaires devraient se faire sermonner.

Félix RAUTURIER


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